JOURNALISTES ET POLITIQUES, UN DANGEREUX MÉLANGE DES GENRES
Proches du pouvoir aussi bien que de l’opposition, une dizaine de journalistes se sont portés candidats pour les élections du 23 janvier prochain. Au risque de brouiller les lignes...

Près d’une dizaine d’entre eux se sont portés candidats aux élections locales du mois de janvier selon le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored). Une situation assez inédite qui, le 2 novembre, a contraint Babacar Diagne, le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), à rappeler à « tous les journalistes, animateurs, chroniqueurs qui sont candidats au poste de maire, président de conseil départemental ou conseiller municipal [qu’ils devront] laisser tomber leur profession de journaliste et être des politiciens purs durant toute la campagne ».
Directement visé, Ahmed Aidara, candidat de Yewwi Askan Wi (opposition) à la mairie de Guédiawaye et animateur-vedette de la Sen TV et de Zik FM, deux médias appartenant au groupe de presse D-Média de Bougane Gueye Dany, lui-même président de la coalition Gueum Sa Bopp. Ahmed Aidara rêve de ravir la mairie de Guédiawaye à Aliou Sall, le propre frère du président Macky Sall.
Visé aussi Racine Talla, directeur de Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) et membre du bureau exécutif de l’Alliance pour la République (APR), le parti au pouvoir. Racine Talla est le maire sortant de la commune de Wakhinane Nimzatt dans le département de Guédiawaye. Quant à Thierno Amadou Sy, l’ancien présentateur du journal télévisé de 20h, il est candidat à la mairie de Nabadji Civol, dans la région de Matam (Nord) sur une liste concurrente à celle de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY).
Prolongement d’une passion
Son engagement à lui n’est pas nouveau. En 2018, il avait rallié le parti présidentiel, déclenchant une vive polémique sur les réseaux sociaux qui l’avait contraint à se mettre en retrait des plateaux de télévision. « Je considère mon engagement en politique comme un prolongement de ma passion pour les questions de développement quand j’étais journaliste, se justifie-t-il. À travers les émissions Leeral ou Deggo que j’animais entre 2009 et 2018, je m’intéressais déjà aux collectivités, aux difficultés des communautés ou aux violences faites aux femmes. Je me suis dit pourquoi ne pas m’engager et faire autrement ce que je faisais déjà en tant que journaliste. »
À Nabadji Civol, il sera notamment opposé à Abdoulaye Sally Sall, qui a été adoubé par BBY et qui brigue sa propre succession. « J’ai toujours désavoué la gestion de ce maire qui n’est pas un homme de défis et ne prend aucune initiative, poursuit Thierno Amadou Sy. Nous, nous voulons repositionner la commune pour qu’elle soit reconnue à sa juste valeur et nous allons y arriver. » Lui a surfé sur sa popularité médiatique en lançant son mouvement « Haa Yesso » en septembre 2018.