VIDEOLA SOUVERAINETÉ SOUS CONTRAINTE
"Construire un récit de la patience" : voilà le défi que doit relever le nouveau pouvoir sénégalais selon Kako Nubukpo. L'économiste souligne les similitudes entre la situation du Sénégal et celle des régimes de l'AES face à l'étau de la dette

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l'économiste Kako Nubukpo s'est penché sur la situation particulière du Sénégal face aux enjeux de souveraineté économique et politique. Contrairement aux pays de l'Alliance des États du Sahel (AES), le Sénégal a connu une transition démocratique qui constitue "un actif politique" pour le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.
Cependant, Nubukpo souligne que cet avantage politique est considérablement réduit par le poids de la dette sénégalaise. "Paradoxalement, alors qu'on n'est pas du tout parti du même point, on se retrouve dans la même situation d'urgence" que les États sahéliens, explique-t-il. Face aux fortes attentes de la jeunesse en matière d'emploi, d'éducation et de santé, le nouveau pouvoir sénégalais dispose de marges de manœuvre budgétaires et monétaires limitées.
L'expert recommande au gouvernement sénégalais de "construire un récit de la patience" tout en négociant activement avec les partenaires internationaux pour obtenir des réductions de dette et des financements nouveaux. Il insiste sur l'importance d'articuler politique budgétaire et monétaire afin d'éviter une austérité budgétaire contre-productive.
Une différence majeure distingue toutefois l'approche sénégalaise de celle des États de l'AES : si le Sénégal cherche à réviser certains contrats jugés "léonins", il ne remet pas en cause "son insertion dans l'ordre géopolitique international", contrairement aux pays sahéliens qui diversifient leurs partenariats vers la Russie, la Chine et d'autres puissances émergentes du "Sud global".