LE 25 MAI 1963, L'OUA VOIT LE JOUR
Le 25 mai 1963, les dirigeants du continent portent l’Organisation de l’unité africaine (OUA) sur les fonts baptismaux. Envoyé spécial de JA, Béchir Ben Yahmed livre alors son analyse sur cet organisme panafricain auquel succèdera l’Union africaine (UA) e

À l’aéroport d’Addis-Abeba, dimanche 26 mai à 7 heures du matin, je regardais les chefs d’État faire leurs adieux à Haïlé Sélassié. Cinq heures auparavant seulement, ayant signé la charte africaine, ils regagnaient leur hôtel sous les acclamations.
Je me demandais, en voyant les portes des avions se fermer sur les chefs d’État, les Boeing, les Caravelle, les DC6 et les Iliouchine, décoller un à un et s’engager dans des directions différentes, ce que pensaient ces hommes qui venaient de vivre ensemble des moments importants et de prendre des engagements précis. Je me demandais aussi, l’émotion dissipée, ce qui resterait de cette grande réunion.
Maturité et jeunesse
Pour avoir vécu la conférence parmi les chefs d’État et leurs collaborateurs, je crois pouvoir dire ceci.
1. Chefs d’État, délégués, journalistes sont venus à la conférence dans l’ensemble assez sceptiques, appréhendant l’affrontement de tempéraments trop divers, le choc entre conceptions opposées de l’indépendance nationale, de l’unité africaine ou des rapports de l’Afrique avec l’étranger. Nous sommes tous repartis optimistes. Le niveau des hommes, et donc de la discussion, le désir visiblement sincère qu’ont montré les uns et les autres de s’entendre et de progresser ensemble ou, à tout le moins parallèlement, ont convaincu les plus sceptiques : l’idée de l’unité africaine a sa résonance, la solidarité africaine est une réalité, le progrès en Afrique est une sérieuse possibilité.
Les différences entre Africains blancs et Africains noirs, entre anglophones et francophones existent, mais elles ont tendance à s’estomper devant le passé colonial commun, le présent semblable et un avenir nécessairement interdépendant.