LE CAMEROUN DES TRIBUS
Des stéréotypes se sont incrustés dans la conscience de tous au terme de 36 ans de gouvernement par l’inertie et l’abandon - En droite ligne de la logique coloniale, la lobotomisation des esprits se poursuit - Pendant combien de temps encore ?

Le Cameroun est gouverné par le plus vieux de tous les satrapes africains.
Agrippé au pouvoir comme une sangsue depuis 36 ans, l’autocrate bat de multiples records. C’est le cas du plus grand nombre d’années passées en villégiature dans un hôtel suisse, entouré par un bataillon de parasites, le tout, évidemment, aux dépens du trésor de son pays.
Sous ses mandats successifs, évidemment engrangés à coup de farces électorales successives, son pays se place, comme le Zaïre sous Mobutu, tout en haut du sommet des pays les plus corrompus au monde.
À ce triste chapelet, il convient d’ajouter le tribalisme, désormais la principale réligion civile, bien avant le football, la bière et, pour l’élite kleptocrate, le champagne importé de France.
Cet après-midi, je lisais une note publiée en 1939 dans le Journal de la société des africanistes, tome 9, fascicule 2.
Elle est intitulée ‘Carte schématique des populations du Cameroun’. Ses auteurs sont J. Deboudaud et P.H. Chombart de Lauwe.
‘Au Cameroun, tous les problèmes raciaux semblent réunis’, entonnent, d’emblée, les deux auteurs. Dans leur esprit, la race veut dire à peu près la même chose que la tribu ou encore ce qu’ils appellent, de façon dédaigneuse, “les peuplades” indigènes.
Tout, dans ce pays, pousse à la division, précisent-ils: les conditions géographiques, les langues, les religions, et évidemment toutes sortes d’atavismes caractéristiques de la vie nègre.
La principale différence, ajoutent-ils, est celle qui sépare le Nord (et ses populations soudanaises ou arabes) du Sud peuplé de Bantous.
D’ailleurs le Nord lui-même est fait d’une ‘mosaïque de populations” - Arabes Choa, Mousgoum, Bana, Kotoko, Toupouri, Moundang, Laka et évidemment Foulbé. Ces derniers sont présentés comme des envahisseurs auxquels sont soumis les Habe (paiens).
Les seules populations véritablement autochtones sont les Négrilles (Pygmées). Tous les autres groupes sont arrivées à la suite de trois vagues successives de migrations.
C’est le cas des Bantous.
D’après nos auteurs, les Bantous sont répartis en trois groupes.
Et d’abord les Douala, c’est-à-dire les Duala proprement dits, les Bassa (l’élément le plus nombreux du groupe Douala), et les Bakota (qui incluent les Goumba et les Mabea).
Viennent ensuite les Mandjia (les Baya et les Yanghere), puis les Fang (les Yaoundé, Manguissa, Bane, les Boulou).
Les Bantous sont différents des Soudanais. Ces derniers incluent trois peuplades: les Mboum (les Tikar et les Bamoun), les Bamiléké et les Babouté.
Des Bamiléké en particulier, voici ce que disent nos auteurs: “Ce sont des dolichocéphales de taille légèrement au-dessus de la moyenne, aux épaules hautes et pleines, musculature ordinaire, visage presque rond, front bombé, pommettes larges mais peu saillantes, prognathisme moyen, lèvres grosses" etc... etc...
Voilà la sorte de stéréotypes qui se sont incrustés dans la conscience de tous au terme de 36 ans de gouvernement par l’inertie et l’abandon, imbécilités que recyclent désormais des entrepreneurs politiques crapuleux.
Quelques charlatans et pseudo-intellectuels sans vergogne s’y sont également mis, qui regurgitent des poncifs coloniaux sans le savoir, et appellent à la guerre civile.
En droite ligne de la logique coloniale, la lobotomisation des esprits se poursuit. Jusqu’où ? Et pendant combien de temps encore ?