LES COULISSES DE L'ENQUÊTE DE CE MERCREDI 23 DÉCEMBRE

LE MONDE
Commentant les écrits du journal Le Monde sur l'affaire Lamine Diack, Abdou Latif Coulibaly a accusé la publication d'être manipulée par un cabinet français. Le secrétaire général du gouvernement a même cité le nom de Serge Michel, rédacteur en chef du Monde Afrique, qu'il accuse d'avoir manipulé l'édition internet du journal. Sur le site Canalfrance.info, Michel a tenu à rappeler quelques principes à Coulibaly. C'est le site Canalfrance.info qui est allé interroger Serge Michel sur l'erreur commise par Le Monde sur l'affaire Lamine Diack soutenant notamment qu'il aurait pris de l'argent russe pour financer la campagne du Président Macky Sall en 2012. Le rédacteur en chef du Monde Afrique indique d'abord que "l'erreur commise dans le résumé de l'enquête sur les déclarations de Lamine Diack est de la part du Monde une erreur de taille, une erreur collective". Selon lui, "cela rend modeste, mais ne devrait pas donner lieu à d'autres rumeurs, d'autres accusations".
LE MONDE (SUITE)
Serge Michel fait allusion aux allégations du secrétaire général du gouvernement. Abdou Latif Coulibaly a dit dans un journal de la place que les accusations de corruption impliquant Macky Sall et Moustapha Niasse sont le fait d'un cabinet français. Il a même accusé Serge Michel d'avoir manipulé l'édition électronique du journal. "Le Monde est un journal – et un site – 100% indépendant, qui n'agit pas sur pression de cabinets ou d'officines, comme j'ai pu le lire dans une interview de M. Abdou Latif Coulibaly", a réagi Serge Michel. Qui poursuit : "J'ai connu M. Abdou Latif Coulibaly lorsque j'étais correspondant en Afrique de l'Ouest pour Le Monde et lui conserve tout mon estime." "Cependant, poursuit le rédacteur en chef du Monde Afrique, j'ignore pourquoi il sort mon nom de son chapeau, assorti d'accusations absurdes." Et de se défendre : "Je ne suis pas à l'origine de cette erreur, en revanche, j'ai participé à la corriger quand nous en avons pris conscience hélas tardivement."
CHEMINS DE FER
"Je ne vois pas un privé national qui peut mobiliser 574 milliards de francs Cfa. Il faut donner à chacun ce qu'il peut faire." C'est ainsi que le ministre des Transports terrestres et du Désenclavement a justifié l'octroi aux Chinois du marché de réhabilitation de la ligne ferroviaire Dakar-Kidira. Mansour Élimane Kane a signé ce mardi le contrat qui lie l'État du Sénégal à l'entreprise China railway construction corporation international. Un gré à gré que beaucoup trouvent injustifié quand on sait l'intérêt qu'un tel marché peut susciter au niveau national comme international. Seulement, insiste le ministre Mansour Élimane Kane, "il ne faut pas s'attendre à ce qu'on donne des cadeaux au privé national". D'autant qu'il ajoute : "Le besoin est criard. Les premiers rails ont été posés en 1885. Ceux qu'on veut réhabiliter ont été inaugurés en 1923 et n'ont jamais été dépoussiérés." Désormais entre les mains des Chinois, la phase des travaux de réhabilitation du chemin de fer Dakar-Kidira va durer quatre ans. Et elle devrait générer quelque 20 mille emplois. Mieux, le gouvernement soutient avoir introduit dans le contrat qui le lie aux Chinois l'option de confier à China railway construction corporation international la construction du tronçon Tambacounda-Kédougou pour l'exploitation des mines de fer de la Falémé.
CONDOLÉANCES
Le Président Macky Sall prend l'avion ce mercredi matin à destination de la Mauritanie. Ce n'est pas une visite d'État, mais pour présenter ses condoléances au Président Mohamed Ould Abdel Aziz dont le fils Ahmedou Ould Abdel Aziz, est mort ce mardi 22 décembre 2015, dans un accident de voiture survenu près de Tintane, dans la wilaya du Hodh Gharbi. Son décès a été annoncé après son arrivée au dispensaire de Tintane, capitale de la Moughataa. Ahmedou Ould Abdel Aziz supervisait les activités de la Fondation Rahmaa qu'il dirigeait, au niveau de certaines régions de l'intérieur du pays. Le journaliste Cheikh Oumar du journal L'Authentique, qui l'accompagnait, est également décédé dans cet accident. Le Président Sall rentre à Dakar en début d'après-midi...
RÉPLIQUE
Les cadres progressistes n'ont pas mis du temps à réagir face aux accusations de corruption portées contre Moustapha Niasse ainsi qu'aux déclarations de Lamine Diack rapportées par le journal Le Monde. Ainsi, dans un communiqué parvenu à EnQuête ce mardi, L'ANCP dit noter avec un grand étonnement une coïncidence troublante entre deux faits : "D'une part les révélations du journal Le Monde concernant l'affaire supposée du financement de l'opposition au régime de l'ex-président Wade par M. Lamine Diack, grâce à des fonds qu'il aurait reçus des autorités sportives de la Russie, en contrepartie de son silence sur les pratiques de dopage constatées chez certains athlètes russes devant prendre part aux mondiaux d'athlétisme ; et d'autre part, les informations publiées dans les éditions du vendredi 18 décembre 2015, Mediapart (en France) . Et selon les camarades de Niasse, "outre le fait que le modus operandi est le même, c'est-à-dire, s'abriter derrière la liberté d'expression pour s'arroger le droit de nuire impunément, voire de déconstruire une image, les commanditaires ont voulu, à travers ce forfait, décrédibiliser deux institutions importantes de notre pays, mais en vain". Aussi pour l'Alliance nationale des cadres progressistes, "ces faits constituent un jalon de plus dans l'escalade à laquelle les lobbies mafieux veulent conduire notre pays, en cherchant à tout prix à distraire l'opinion qu'elle oriente sur de fausses pistes, allant même jusqu'au faux en écriture dans un organe de presse étranger, pour tenter de jeter l'opprobre sur les deux piliers de notre État, tout cela sans que personne ne s'en émeuve".