L'OPPOSITION FAIT FAUX BOND
Rassemblement permanent à la place Soweto

Le rassemblement permanent à la Place Soweto décrété vendredi dernier par le Cadre de concertation de l'opposition à partir d'hier, n'a pas finalement eu lieu. Le Parti démocratique sénégalais et ses alliés n'ont vu personne d'autres sur les lieux que les forces de l'ordre qui ont quadrillé toute la zone durant tout le temps qu'ont duré les travaux en commissions à l'Assemblée nationale.
Un bataillon de policiers sur chaque artère menant à la place Soweto ; une zone quadrillée, des issues obstruées et des éléments de la Brigade d'intervention mobile jalonnés le long des ruelles. C'est le décor qui a prévalu toute la journée d'hier à la place Soweto qui n'a pas du tout grouillé de monde. L'appel au rassemblement permanent décrété vendredi dernier par le Cadre de concertation de l'opposition n'a pas produit les effets escomptés.
Ainsi, le Parti démocratique sénégalais et ses alliés n'ont pas été à la hauteur de leurs ambitions. Ils ont donc échoué dans leur tentative de créer les conditions d'un Mouvement du 23 juin bis pour contraindre le bureau de l'Assemblée nationale à reconnaître le groupe parlementaire dirigé par Aïda Mbodji.
A aucun moment de la journée, il n'y a eu un attroupement quelconque de militants de l'opposition. Outre les passants qui vaquaient à leurs occupations, seules les forces de l'ordre ont orné le décor durant toute la journée d'hier devant les grilles de l'Assemblée nationale où les députés procédaient aux travaux en commissions pour l'élaboration du budget 2015-2016.
Pourtant, vendredi dernier, c'est en grande pompe que l'opposition a annoncé ce rassemblement qu'elle veut permanente devant les grilles de l'Assemblée nationale. Au cours d'un meeting tenu dans l'enceinte même de la permanence Oumar Lamine Badji, les discours des différentes responsables ont surtout été marqués par des effets d'annonce.
"L'opposition unie a décidé de combattre le régime de Macky Sall'', avait déclaré le Coordonnateur du Parti démocratique sénégalais Oumar Sarr. Qui ajoutait ainsi que "l'objectif du Pds et de ses alliés, c'est d'assiéger la place Soweto à partir de lundi 2 novembre 2015 (NDLR : hier).
Car, selon lui, "il n'y a que la mobilisation permanente de tous les militants qui peut faire reculer le président Macky Sall dans son entreprise de museler l'opposition''. "Désormais, ce sera face à face. Nous nous battrons pour la reconnaissance de notre groupe parlementaire dirigé par Aïda Mbodji et pour la libération de nos détenus politiques. Nous allons maintenir cette unité de l'opposition et nous allons gagner ensemble'', avait soutenu le maire de Dagana devant un parterre de militants.
Embauchant la même trompette, le député de Rewmi, Thierno Bocoum, avait lui manifesté toute la détermination du Cadre de concertation de l'opposition de bloquer toutes les commissions de l'Assemblée nationale tant qu'il n'y aurait pas de légalité. "On va bloquer toutes les commissions lundi'', avait promis le chargé de communication du parti Rewmi. Des discours qui sont jusqu'ici restés à l'état d'annonce car sur le terrain hier, aucun acte n'a été posé dans ce sens.
Moustapha Diakhaté, président du groupe BBY
"Le travail parlementaire a été fait malgré les tentatives de sabotage"
"Les Commissions des Lois, du Développement, de la Défense et l'inter-commission du Développement et de l'Urbanisme de l'Assemblée Nationale ont adopté, ce lundi 2 novembre 2015, les budgets des ministères de la justice, des Forces Armées, de l'Environnement et du Tourisme pour l'année 2016''. Selon un communiqué du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby) signé par son président, Moustapha Diakhaté, les multiples tentatives de sabotage de l'opposition n'y ont rien fait, le travail parlementaire s'est déroulé correctement. A en croire Moustapha Diakhaté, "comme par le passé et en dépit des tentatives ridicules et désespérées d'une poignée d'indignes élus de la République, la majorité Bby a octroyé des moyens financiers conséquents à ces ministères dont les actions sont primordiales pour les Sénégalais : la justice, la Sécurité, l'Environnement et le Tourisme''.
Me El Hadji Diouf, député non inscrit
"C'est le bordel total, on va continuer à perturber, à saboter…"
"Il y a eu des blocages pendant plus de deux tours d'horloge. De 9h à 11h, les travaux étaient bloqués. Il y avait des chahuts, des insultes, des bousculades, des bravades et des gens qui tapaient sur la table. Il y a eu des députés de l'opposition qui ont été agressés par ceux de la majorité. Ce sont Oumar Sarr, Thierno Bocoum et Aïda Mbodji, sans parler de Woré Sarr qui a piqué une crise. Du côté du pouvoir, ce sont les femmes qui étaient au devant. Il s'agit d'Awa Niang, deuxième questeur de l'Assemblée, de Sira Ndiaye et de Fatou Diouf de Fatick. Elles ont été aidées par d'autres députés activistes qui sont Seydina Fall dit Boughazeli et Abdourahmane Diouf. C'est après que Woré Sarr a piqué une crise qu'on a arrêté le blocage pour sortir car sa vie était en danger. Profitant de l'absence des députés de l'opposition, la commission des lois a bâclé ses travaux pour ne pas faire l'objet de sabotages. Elle en a ainsi profité pour examiner le budget du ministère de la justice, au moment ou nous étions avec le ministre de l'Environnement Abdoulaye Bibi Baldé. Moi, je fais partie de ceux qui se sont opposés à la tenue des travaux de commissions car elles sont illégales. Elles n'ont pas été ratifiées par la plénière donc elles n'ont aucune existence légale. On ne sait pas qui est membre de telle ou telle commission. Ils ont envoyé des listes à la presse. Et tout cela, c'est de la magouille, de la forfaiture et de la fuite en avant de la part de Moustapha Niasse et de son équipe. Pour le moment, il n'y a ni bureau ni groupe parlementaire. On travaille dans le bordel total. On va continuer à perturber, à saboter, jusqu'à ce qu'on revienne aux normes et qu'on reprenne le vote. On ne reconnaît pas les commissions, donc on doit tout reprendre, ensuite consacrer le groupe parlementaire du Pds dirigé par Aïda Mbodji."