PASTEF S’ACCAPARE DU BUREAU DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
L’opposition qui a proposé pour le seul poste qui lui revenait dans ce bureau de l’Assemblée nationale Mouhamadou Ngom dit Farba Ngom a vu ce choix refusé par la majorité qui a demandé plutôt une femme pour respecter la loi sur la parité

La nouvelle Assemblée nationale marquant la15e législature a été installée hier, lundi 2 décembre. Lors de cette première session marquée par les premières tensions entre la majorité Pastef et l’opposition Takku-Wallu, le Pastef a profité du boycott de l’opposition pour s’accaparer de tous les postes du nouveau Bureau de l’Assemblée présidé par l’ancien ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye.
Les députés nouvellement élus se sont installés hier, lundi 2 décembre dans leur fonction lors de la première session de l’Assemblée nationale. Présidée par Alla Kane en sa qualité de doyen d’âge de cette 15e législature qui était assisté par Anne Marie Yacine Tine et Awa Sy, les deux plus jeunes parlementaires comme secrétaires de séance, cette session a été marquée par l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale et les autres membres du bureau. Proposé par la majorité parlementaire Pastef, l’ancien ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, plus connu sous le nom de El Malick a obtenu 134 voix sur les 163 votants devenant ainsi le 13e président de l’Assemblée nationale du Sénégal. Lors de ce scrutin, 22 députés ont voté contre et 07, se sont abstenus.
A la suite de son élection, le président Malick Ndiaye a présidé conformément aux dispositions du règlement intérieur de cette deuxième institution de la République à l’élection des autres membres du bureau de l’Assemblée nationale. Une élection boycottée par les députés de l’opposition à la suite d’une divergence avec leurs collègues de la majorité sur le choix du huitième Vice-président.
En effet, l’opposition qui a proposé pour le seul poste qui lui revenait dans ce bureau de l’Assemblée nationale Mouhamadou Ngom dit Farba Ngom a vu ce choix refusé par la majorité qui a demandé plutôt une femme pour respecter la loi sur la parité en tenant compte de sa liste des sept premiers Vice-présidents alternant homme et femme.
Farba Ngom, la pomme de discorde
A peine installé dans ses fonctions de 13e président de l’Assemblée nationale, l’ancien ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye a fait face à son blocage. En effet, après lecture des huit parlementaires proposés aux postes de vice-présidents dont sept issus du groupe de la majorité Pastef et le huitième par Takku-Wallu, le nouveau président a fait part d’une « carence » liée selon lui par la décision de l’unique groupe parlementaire de l’opposition de proposer un homme à la place d’une femme pour satisfaire aux exigences de la loi sur la parité. Sur ce, il a invité la présidente du groupe Takku-Wallu, Aissata Tall Sall à venir rectifier cette proposition en donnant le nom d’une femme. Une demande catégoriquement rejetée par cette dernière. « Le Vice-président que nous avons, nous le tenons de la loi et du règlement intérieur. C'est le suffrage des Sénégalais qui nous donne droit en fonction de la plus forte moyenne, comme vous l'avez rappelé, qui donne droit à notre groupe parlementaire ce poste, puisque nous sommes 17 députés constitués, c'est le 10e de l'Assemblée nationale », a-telle martelé
Invité à prendre la parole également son collègue président du groupe parlementaire de la majorité, Ayib Daffé s’interrogeant sur les raisons de l’obstination de leurs camarades de l’opposition à bloquer les travaux de l’Assemblée nationale depuis le matin a brandi la menace de proposer une femme si les choses ne bougent pas. En effet, selon lui, l'article 14 dit très clairement que les postes de Vice-président et des Questeurs sont attribués dans l'ordre fixé à l'article 13 qui donne bien la liste du premier au 7e vice-président en donnant la priorité au groupe ayant obtenu le plus de sièges. «Nous sommes le groupe ayant obtenu le plus de sièges. Nous avons 130 députés et vous en avez 17. Nous avons la majorité et c'est la volonté du peuple sénégalais. Il faut respecter la volonté du peuple sénégalais », a-t-il lancer à l’endroit de ses collègues de l’opposition. Et de renchérir, « nous ne comprenons pas pourquoi monsieur Mouhamadou Ngom doit bloquer l'Assemblée nationale. Que veut faire Mouhamadou Ngom dans ce bureau de l’Assemblée nationale qu’il n’a pas fait pendant toutes ces législatures où il a été député ? » s’interroge-t-il avant de lancer à l’endroit de sa collègue présidente du groupe parlementaire de l’opposition. « Est-ce qu'il n'y a pas de dames aussi valables que vous, madame la présidente du groupe parlementaire pour siéger dans ce bureau au nom du groupe Takku -Wallu ? Pourquoi vous stigmatisez les femmes ? » Revenant à la charge, l’ancien ministre de la Justice est restée ferme sur sa position poussant ainsi le président de l’Assemblée nationale a demandé au groupe de la majorité à proposer une candidate à la place de Farba Ngom. En réaction à cette décision, les 17 députés du groupe de l’opposition ont décidé de boycotter le reste des travaux en quittant tout simplement la salle de plénière. Résultats, le groupe de la majorité Pastef s’est accaparé de tous les postes des huit Vice-présidents, des six Secrétaires élus et des deux Questeurs. Ce qui donne lieu à un bureau de l’Assemblée nationale 100% Pastef, une première au Sénégal depuis 2007.
Quand la 15e législature renoue avec les mauvaises pratiques de non-respect de l’heure
Convoquée à 10 heures du matin, cette session marquant le début de la 15e législature a également renoué avec les mauvaises pratiques observées dans les travaux des précédentes législatures. Il s’agit du non-respect de l’heure indiquée dans les convocations. En effet, la session a accusé un retard d’environ sept heures de temps. Une situation qui a contraint un grand nombre du public venu assister à cette ouverture de l'Assemblée nationale, a quitté les tribunes
Installé dans ses fonctions de président de séance pour présider l’ouverture de cette plénière et l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale pour les 5 prochaines années, le doyen d'âge, Alla Kane n’a pas manqué d’ailleurs de présenter ses excuses à ses collègues et au public sans toutefois donner les raisons de ce retard. « Nous nous excusons du retard, nous vous demandons pardon. L'attente a été longue. Beaucoup de personnes sont là depuis 10 heures. À la population du Sénégal, nous demandons pardon. »
Guy marius exige la lettre de démission Malick Ndiaye
Le député Guy Marius Sagna qui s’était déjà fait remarquer dans la précédente législature par ses positions pour le respect des principes s’est encore illustré hier, lundi 2 décembre lors de la plénière d’installation de la 15e législature. En effet, peu après le démarrage de la séance, le député élu du département d’Oussouye (région de Ziguinchor) nonobstant sa qualité d’appartenance à l’actuelle majoritaire parlementaire a exigé la lettre de démission du gouvernement du ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye proposé par leur parti, Pastef. Devant le pupitre, Guy Marius Sagna a justifié sa position par une logique de cohérence au combat de principe qu’il avait mené avec ses camarades de l’ancien groupe parlementaire Yewwi askan wi contre les anciens ministres du régime du président Macky Sall. «Il y a quelque chose que vous avez oublié. Il faut nous fournir la lettre de démission de monsieur El Malick Ndiaye du gouvernement. Si cette lettre n’est pas disponible, il y aura un problème, car son poste de ministre est incompatible avec celui de député», a-t-il lancé à l‘endroit du président de séance, Alla Kane en rappelant leur opposant le 12 septembre 2022 à la participation des ministres du gouvernement du président Macky Sall élus députés de participer aux travaux de l’Assemblée. Reprenant la parole, Alla Kane a invité Ayib Daffé, président du groupe parlementaire de la majorité à prendre la parole pour apporter des éclairages sur cette question. « Malick Ndiaye nous a remis la copie de sa démission du gouvernement. Il m’a effectivement remis sa lettre ce matin. Guy Marius Sagna a bien fait de rappeler l’article 109, mais Malick Ndiaye a bien démissionné de son poste de ministre de la République », a informé Ayib Daffé.
Prenant la parole à son tours, Abdou Mbow qui a remplacé l’ancien président de la République, Macky Sall démissionnaire, a demandé la suspension du processus d’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale jusqu’à ce que le gouvernement prenne acte de cette démission. « Le règlement intérieur n’autorise pas une autre personne à part le président de l’Assemblée nationale à faire lecture de la démission d’un membre du gouvernement » a-t-il indiqué. Mais, reprenant la parole, le président de séance soulignant que la « bonne démarche est celle que nous avons eu en donnant la parole au président du groupe parlementaire Pastef pour apporter la réponse » a demandé la poursuite des travaux après avoir lui-même procéder à la relecture de la lettre de démission du ministre El Malick Ndiaye du gouvernement. « Nous sommes dans le cadre de l’élection du président de l’Assemblée nationale, nous ne sommes pas encore arrivés aux débats. Nous allons donc continuer le processus ».