PRIVEE DE PAROLE, L’OPPOSITION PERTURBE LA SEANCE
PASSAGE MOUVEMENTE DU GOUVERNEMENT A L’ASSEMBLEE NATIONALE

La guerre des groupes parlementaires s’est invitée de nouveau, hier, à l’Assemblée nationale, à l’occasion des échanges entre le gouvernement et la représentation nationale sur les questions d’actualité. Privé de parole, le groupe d’Aïda Mbodji a perturbé la séance, avant de boycotter purement et simplement.
La tension était vive, hier, à l’Assemblée nationale, lors du passage du gouvernement devant la représentation nationale, pour aborder les questions d’actualité. L’opposition qui s’est vue écarter des débats a bruyamment manifesté pour crier à l’injustice.
Dès l’entame de son propos, le président de l’Assemblée nationale a, d’abord, informé que, conformément au code de conduite qui régit l’organisation de ce type de séances plénières, 14 questions seront posées par les députés désignés par leurs collègues, 10 au titre du groupe parlementaire «Benno bokk yakaar» (Bby), 3 au titre du groupe parlementaire des Libéraux et des démocrates, et 1 au titre des non-inscrits.
A peine Moustapha Niasse a-t-il terminé son propos, que le groupe d’Aïda Mbodji, composé de Maguette Mbodji, Khady Diédhiou, Mamadou Lamine Thiam, Me El hadji Diouf, Thierno Bocoum, Mamadou Diop «Decroix», et Woré Sarr (qui avaient déjà pris place dans l’Hémicycle avec des brassards rouges autour du coup), s’est levé pour s’opposer à cette décision.
Aïda Mbodji d’interpeller Moustapha Niasse : «M. le président !». Avant même qu’elle ne termine sa parole, ce dernier de lui rétorquer : «Je suis désolé, vous n’aurez pas la parole».
Et Me El hadji Diouf de lancer au leader de l’Afp : «Elle a droit à la parole, parce que vous avez violé le règlement intérieur. Nous parlerons. Nous appartenons à cette Assemblée, et nous comptons jouer notre rôle. Vous avez violé la loi, et c’est l’Assemblée nationale que vous avez violé. Les Sénégalais nous ont élus dignement, on n’acceptera pas cette dictature».
Aïda Mbodji : «Le Premier ministre n’a pas besoin d’écouter les questions»
Mais, leur coup de gueule ne servira à rien, dans la mesure où, cela a laissé de marbre le président de l’Assemblée nationale.
Sur ces entrefaites, Moustapha Niasse donne la parole aux députés retenus. Mais, ces derniers auront du mal à se faire entendre, du fait des perturbations d’Aïda Mbodji et compagnie.
«Vous avez choisi votre groupe. Ce groupe de l’opposition ne fait pas 10 députés, contrairement à la loi. Le Premier ministre n’a pas besoin d’écouter les questions, parce qu’elles ont été déjà posées», a vociféré la présidente du Conseil départemental de Bambey.
Et Thierno Bocoum de renchérir : «Il n’y a pas de dialogue dans cette Assemblée, l’opposition n’est pas représentée. Nous demandons que la démocratie soit restaurée à l’Assemblée nationale. Nous avons des questions M. le président. Nous avons notre mot à dire».
Irrité par cette situation, Moustapha Niasse dira : «L’article 54 du règlement intérieur me permet de vous faire expulser immédiatement, mais je ne le ferai pas».
Et au moment où le ministre de l’Energie, Aly Ngouille Ndiaye, intervenait sur la question relative à la baisse du carburant, Mamadou Diop «Decroix» lui lancera à la figure : «L’essence coûte moins cher à Bamako qu’à Dakar. C’est du vol».
Sira Ndiaye : «Vous n’avez rien à dire»
Me El hadji Diouf de revenir à la charge : «Quelle Assemblée nationale ? C’est une Assemblée partisane et non nationale. Non à la dictature. Non à la course parlementaire. Macky Sall ne mérite pas ça. Pourquoi vous nous avez écartés ? Pourquoi nous ne pouvons pas intervenir ? Nous ne sommes pas au pays de Sékou Touré. A bas la fuite en avant».
Volant au secours du président de la Coalition «Benno siggil senegaal», Sira Ndiaye de lancer aux insurgés : «Vous n’avez rien à dire».
Abdou Mbow de lui emboîter le pas : «Taisez-vous». Finalement, les députés perturbateurs ont quitté la salle.
Niasse : «Les comportements de psychopathes zélés ne pourront perturber les travaux de l’Assemblée»
Prenant la parole, le député socialiste Cheikh Seck a magnifié «la sagesse» de Moustapha Niasse, en soulignant que si c’était lui, il allait les battre.
«Ils l’ont fait en commission, et le jeune que je suis, je les ai tabassés, et durant tout le reste des travaux, on a eu la paix. Notre Assemblée nationale n’as pas de problème. Ce groupe, composé de 3 Pds, de ‘Rewmi’ en agonie, et d’And-Jëf, en trahison, ne sont rien. On vous remercie de votre sagesse».
Et Moustapha Niasse de marteler : «L’article 54 du règlement intérieur me permet de les expulser, mais je ne l’ai pas fait. Ils ont fini par quitter l’Hémicycle. Je préfère ce résultat pacifique, volontaire, ou résigné de leur part, plutôt que l’usage de la force pour les mettre dehors. Ni les vociférations, ni les imprécations, ni les comportements de psychopathes zélés, ne pourront jamais perturber les travaux de l’Assemblée nationale. Lorsqu’on a le choix de la justice et l’esprit des lois, il n’y a pas à s’inquiéter. Laissons les gens s’exciter eux-mêmes».
Mahammad Dionne : «Je pense que votre gouvernement mérite un peu de respect»
Fustigeant le comportement du groupe d’Aïda Mbodji, le Premier ministre a appelé les députés à avoir du respect pour leur gouvernement.
«Nous formulons une prière pour que la paix, la concorde, puissent régir la vie politique, la vie sociale, de notre nation. Nous sommes heureux de revenir dans votre Assemblée pour reprendre le dialogue avec la représentation nationale. Ce dialogue est jusqu'à présent régi par votre règlement intérieur, lois organiques, mais aussi par échange de courrier entre le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre», a dit M Dionne.
Avant de conclure : «Je pense que votre gouvernement mérite un peu de respect. Ce dialogue souhaité par le président de la République va être systématisé et clarifié à travers la réforme institutionnelle, la réforme constitutionnelle, qu’il propose au peuple sénégalais, pour renforcer davantage le rôle de l’Assemblée nationale dans le contrôle des politiques publiques».