UN DIALOGUE ET DES QUESTIONS
Alors que le président Faye mise sur le dialogue comme "fondement indispensable" de la cohésion nationale, les tensions avec l'opposition et la controverse autour de la loi d'amnistie compromettent les chances d'un consensus

Le dialogue national, annoncé par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour le 28 mai prochain, soulève des interrogations. L’une d’entre elles est de savoir quelles sont les acteurs politiques qui y répondront et les préoccupations qu’ils souhaitent voir cette rencontre prendre en compte.
Qui pour dialoguer avec le régime actuel ? C’est la question parmi tant d’autres qui intervient après l’annonce de l’organisation du dialogue national le 28 mai prochain par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye dans son discours à la Nation à la vieille de la Fête de l’indépendance. Toujours à couteaux tirés avec le régime sortant qui lui reproche son manque d’élégance à son égard, le pouvoir en place tiendra-t-il cette rencontre en tenant compte des préoccupations de l’Apr ? L’ancien parti au pouvoir continue de ruer dans les brancards contre le rapport de la Cour des comptes faisant état de chiffres falsifiés sous l’ancien régime relatifs à la gestion des finances publiques de 2019 au 31 mars 2024. Les partisans du président Macky Sall ont même saisi d’une correspondance le Fonds monétaire international (Fmi) dans l’attente d’une rencontre avec l’institution financière pour démonter, preuves à l’appui, selon eux, les arguments des tenants du pouvoir.
Quid de la grande alliance de l’opposition, le Fdr. Ce regroupement de partis conteste les nombreuses violations des libertés et les nombreux emprisonnements d’hommes politiques et chroniqueurs. Un de ses initiateurs, Khalifa Sall, garde ses distances vis-à-vis du régime actuel. Un coup de froid dans les rapports avec le parti Pastef consécutif à l’appel au dialogue lancé par le président Macky Sall auquel avait répondu l’ancien maire de Dakar. Ce qui a conduit à la dislocation de Yewwi askan wi où l’ancien maire de Dakar s’était ligué avec les tenants du pouvoir actuel, farouches opposants d’alors du président Macky Sall, pour se dresser contre l’ancien régime. L’une des préoccupations majeures de Khalifa Sall est d’être édifié sur la suite à donner à sa plainte déposée à la Section des recherches suite à l’attaque du siège de Taxawu Senegaal qu’il dirige. Ledit siège avait été vandalisé et incendié lors des élections Législatives anticipées de novembre dernier sur fond de tension entre le parti au pouvoir et l’opposition. Quatre (4) mois après, aucune interpellation. D’ailleurs, le leader de Taxawu avait relancé sa plainte en mars dernier en soutenant que «malgré l’existence de preuves, l’enquête reste au point mort».
Si le dialogue c’est pour obtenir des consensus forts, il sera très difficile au pouvoir d’arriver à en trouver avec cette opposition. Surtout suite au vote de la loi interprétative de la loi d’amnistie par l’Assemblée nationale, et qui continue de faire l’objet de rejet de la part de l’opposition qui réclame son abrogation comme avait promis le régime en place une fois au pouvoir. Si elle arrive à survivre après la promesse faite par l’opposition parlementaire, à travers le groupe parlementaire «Takku Wallu», de l’attaquer devant le Conseil constitutionnel, il y a déjà une opinion qui se demande si ce dialogue national ne va pas être un moyen de légitimer cette loi interprétative dans l’attente de sa promulgation par décret par le chef de l’Etat ? En tout cas, ce dernier considère le dialogue comme son «unique boussole».
«Convaincu que la solidité d’une Nation se mesure aussi par sa capacité à dialoguer, j’accorde une importance particulière au dialogue social et à la concertation permanente avec toutes les composantes de notre société. C’est pourquoi j’ai récemment instruit le Premier ministre, Monsieur Ousmane Sonko, d’organiser la grande concertation nationale avec les partenaires sociaux. Avec les autorités religieuses et coutumières, la Société civile, le secteur privé et l’ensemble des forces vives de la Nation, nous poursuivrons sans relâche cette démarche participative et inclusive. Ainsi, nous matérialisons notre engagement à garantir une cohésion nationale toujours renforcée, fondement indispensable du Sénégal juste, solidaire et prospère auquel nous aspirons tous», a fait savoir BDF lors de son adresse à la Nation. Reste à savoir comment va-t-il s’y prendre pour convaincre tous les partis politiques à y souscrire.