CES SOURCES DU DYSFONCTIONNEMENT ERECTILE
La hausse de la prévalence est associée aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, la fatigue, le stress. Ce trouble érectile est au cœur de la fragilisation des couples au Sénégal.

Le nombre de personnes affectées par le dysfonctionnement érectile est en augmentation. La hausse de la prévalence est associée aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, la fatigue, le stress. Ce trouble érectile est au cœur de la fragilisation des couples au Sénégal.
TROUBLES ERECTILES : Un sujet tabou qui fragilise les couples
L’impuissance sexuelle est encore enveloppée d’un voile de pudeur dans la société sénégalaise. Cette affection fait voler en éclat des couples qui avaient pourtant scellé un pacte pour le meilleur et le pire. Dans cette enquête, des hommes et des femmes, des médecins et des tradipraticiens l’analysent sous différents angles.
Les troubles érectiles constituent un sujet sensible. Pourtant ils sont de plus en plus exposés sur les murs des grandes artères de Dakar. Les guérisseurs revendiquent le pouvoir de restaurer la virilité de l’homme au bonheur du couple. Ils laissent même leur numéro de téléphone sur les affiches. D’autres passent des spots publicitaires dans des radios. Certains sont invités sur les plateaux de télévision pour parler de ce problème. Mais, qu’estce que le dysfonctionnement érectile ? « C’est une incapacité permanente ou répétitive à accomplir un devoir conjugal ou acte sexuel », nous confie un médecin. La perte de la virilité est un drame au sein de la cellule familiale. L’homme n’assume pas une des fonctions de la stabilité de l’union. « L’érection est perçue comme la puissance de l’homme et l’impuissance sexuelle symbolise l’échec », explique Serge Seck, un de nos interlocuteurs. En cette fin de matinée, sur l’avenue Jean Jaurès, le vieux Saër esquive la question avec un sourire. « L’homme qui ne connaît pas de troubles érectiles est souvent plus heureux », a tranché le sage. Les plus jeunes nourrissent moins de complexe pour en parler. Certaines personnes interrogées, comme Tapha, admettent qu’elles ont eu à être confrontées à cette triste réalité. Au-devant de son taxi, libéré par cette réponse, Alpha Cissé, la cinquantaine, avoue lui aussi avoir été victime d’un trouble érectile. Ce moment a été bouleversant, car ce chauffeur venait juste de prendre une deuxième femme. Des soupçons de pratiques mystiques avaient été agités jusqu’à sa guérison. La dame Mantoulaye pense, elle, que « l’homme a besoin de satisfaire sexuellement sa partenaire, car l’important pour lui est avant tout d'être rassuré avant même d'être stimulé (par sa femme) ». Maïmoun Kâ, mariée depuis une vingtaine d’années, ajoute : « des couples se sont brisés à cause de ce problème. L’homme souffre dans son for intérieur parce qu’il a honte ». Comme elle, des femmes interrogées souhaitent que les troubles érectiles soient abordés pour lever des équivoques et, par ricochet, prévenir des malentendus. « Les causes profondes de certains problèmes au sein des ménages ont des rapports avec une insatisfaction sexuelle », affirme Augustin, cadre dans une banque de la place.
La dysfonction érectile touche 20 % des hommes de plus 50 ans
Le nombre de personnes affectées par le dysfonctionnement érectile n’est pas négligeable. « La dysfonction érectile touche environ 20 % des hommes âgés de 50 ans à 59 ans, une proportion augmentant avec l'âge et la survenue de maladies liées à la vieillesse. Il n'en demeure pas moins qu'un homme en bonne santé peut demeurer actif sexuellement toute sa vie », informe l’urologue Mouhammed Jalloh, officiant à l’hôpital général de Grand Yoff. Il dissocie toutefois l’éjaculation précoce du trouble érectile.
AUGMENTATION DES CAS Des liens avec des maladies métaboliques
L’augmentation des cas de troubles érectiles a des rapports avec la hausse des maladies métaboliques comme l’hypertension artérielle et le diabète. C’est l’avis du Dr Ismaël Touré.
La prévalence des dysfonctionnements érectiles gagne du terrain. L’augmentation des cas a un lien avec la hausse des sujets atteints de maladies métaboliques comme l’hypertension artérielle, le diabète, entre autres. C’est l’analyse livrée par le Dr Ismaël Touré qui officie à la polyclinique communautaire Guentaba, sise à la Cité Fadia. « Ces dysfonctionnements peuvent être perçus comme les conséquences des maladies métaboliques. C’est un mal qui ne tue pas, mais qui impacte négativement la qualité de vie de l’individu atteint », renseigne le praticien. Il fait également savoir que les personnes âgées de plus de 40 ans sont les plus touchées. En plus des maladies métaboliques, le médecin indexe les « causes psychologiques pouvant mener à la perte de confiance en soi ». Les patients, rapporte le médecin, ont du mal à parler de leur maladie. Pour lui, les médias qui accordent des temps d’antenne aux guérisseurs n’aident pas les gens à prendre en charge ce problème. Du côté de la femme, le Dr Touré soutient que d’autres infections peuvent l’amener à être insensible aux rapports sexuels. « Chez la femme, on note, des fois, des dyspareunies, des troubles ressentis lors des rapports sexuels. Ce sont des douleurs qui les touchent. Durant les rapports, elles ne ressentent que de la souffrance. Cela peut-être dû à des infections urogénitales non traitées », dit-il. Selon lui, l’ablation partielle ou entière d’un organe général de la femme peut être un autre facteur de risque.
TRAITEMENT Les tradipraticiens très sollicités
La quarantaine, taille moyenne, Waly Barry (nom d’emprunt), est un tradipraticien à ses heures perdues. Très connu aux Parcelles assainies, il est le confident des hommes affectés par l’impuissance sexuelle. Les anecdotes qu’il rapporte peuvent remplir le cahier d’un écolier. Parmi cellesci, il se rappelle de l’histoire d’un homme qui devient impuissant lorsqu’il est avec sa deuxième femme. « Un homme qui venait d’épouser une seconde femme, sur recommandation, est venu me voir. Il m’a expliqué qu’il tombe en panne lorsqu’il passe la nuit chez sa seconde épouse », raconte M. Barry. Selon lui, après lui avoir administré un traitement accompagné de prières, le malade a retrouvé sa forme. Pour le tradipraticien, en cas de dysfonctionnement érectile, l’homme doit « revoir son alimentation ». « Il doit boire des tisanes, car certains médicaments traditionnels aident beaucoup les hommes en renforçant leurs capacités sexuelles », avancetil. Au Marché Gueule Tapée des Parcelles assainies, l’herboriste Sène a lui aussi de fidèles clients qui viennent prendre leur dose de médicaments.
PRISE EN CHARGE MEDICALE La prescription des spécialistes
Les dysfonctionnements érectiles sont pris en charge sur le plan médical. Le médecin peut prescrire des médicaments inducteurs d’érection comme le Viagra, Levitra. Ces produits contribuent à la restauration de la confiance. « On invite parfois la femme à la psychothérapie ou à la thérapie sexuelle ; ce qui n’est pas médicamenteux. Car chez les femmes, on peut penser que les difficultés d'érection masculine sont liées à une baisse de désir. C’est dans le couple que tout se passe, ce n’est pas l’individu pris isolément. Mais, on a des médicaments efficaces », rappelle l’urologue Mouhammed Jalloh. Pour lui, il faut choisir le bon moment pour administrer les médicaments. En plus des comprimés inducteurs, la médecine moderne autorise le recours à des injections intracaverneuses dans la verge pour provoquer l’érection. « Ceux qui présentent ces troubles doivent prendre ces injections. Quand on dépasse le stade des injections, nous avons des pompes vacuum. Leur rôle est de créer un appel de sang et cela provoque une érection fonctionnelle durant 30 minutes », détaille Dr Jalloh. Il ajoute que « la dernière étape, ce sont les prothèses péniennes, c’estàdire on insère chirurgicalement dans la verge un appareil gonflable. Il est muni d’un bouton qui crée l’érection lorsqu’il est actionné ».