LES STRATÉGIES AVANCÉES DU MINISTÈRE DE LA SANTE POUR ÉVITER UNE PHASE CRITIQUE DU COVID
Au Sénégal, c’est une catastrophe qui s’annonce même si les autorités sanitaires se veulent rassurantes

Les cas de covid-19 explosent dans notre pays depuis sept semaines avec une augmentation de plus de 400 % depuis mai et 100% ces derniers jours. Ce, aussi bien à Dakar et dans les régions où le nombre croît de jour en jour. 58% des patients sont des sujets jeunes et adultes dont l’âge tourne entre 15 et 45 ans, parmi lesquels des jeunes de moins de 35 ans qui tombent gravement malades. Une situation d’alerte et de veille qui a amené le ministère de la Santé à procéder à une commande de 35 centrales d’oxygène pour une meilleure prise en charge des graves. Le ministre de la Santé annonce aussi une rencontre pédagogique avec la population pour pouvoir freiner cette évolution préoccupante de la maladie.
Depuis près de trois mois, l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), qui a toujours prédit le pire pour Afrique, tire la sonnette d’alarme. La situation dans la région africaine est devenue plus que préoccupante. Au Sénégal, c’est une catastrophe qui s’annonce même si les autorités sanitaires se veulent rassurantes. On retourne à une nouvelle case départ. En deux jours, 710 personnes ont été infectées par les virus de la maladie de Covid-19. Et quatre variants circulent actuellement dans le pays dont le redoutable Delta en provenance d’Inde. Au total, il y a eu 356 personnes infectées le mardi 6 juillet et 354 le jour suivant, c’est-à-dire mercredi 7 juillet. Selon le nouveau directeur du Centre des opérations et des Urgences sanitaires (Cous), Dr Alioune Badara Ly, la nouvelle explosion des cas a démarré depuis sept semaines. « Dans la semaine du 10 mai 2021, les cas étaient en baisse, mais les sept semaines qui ont suivi ont montré une augmentation de 400 %. Depuis lors, et de façon régulière, les cas ne cessent d’augmenter. Par rapport aux deux dernières semaines, les contaminations ont augmenté de plus de 100 %. Une augmentation très importante de cas positifs au niveau national avec une montée plus dense à Dakar. Selon le successeur de Dr Abdoulaye Bousso, la première vague, qui a duré sept mois, n’était pas aussi importante que l’actuelle en nombre de cas cumulés. En revanche, la deuxième vague, qui n’a duré que quatre mois, était plus « chaude » en termes de transmission. C’est pourquoi, avec cette nouvelle augmentation de cas dénommée une troisième vague de contamination, les autorités sanitaires entendent faire en sorte qu’elle soit « éphémère et moins intense si on réfléchit en niveau de transmission ». Selon Dr Ly, pour y arriver, il faudra une riposte plus hardie avec un respect strict des mesures barrières. « C’est impératif, dit-il. On doit avoir toujours le masque bien ajusté couvrant la bouche et le nez, respecter la distanciation physique, et l’hygiène des mains ». Donc, la base, c’est le respect des mesures barrières.
« Face-à-face pédagogique avec la population »
Face à cette nouvelle situation, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, estime qu’il est temps de rentrer dans un face-à-face pédagogique avec la population. Il s’agira d’abord, selon lui, de renouer avec les points Covid sur l’évolution de la maladie à travers les supports médiatiques audiovisuels mais d’une manière hebdomadaire. Il estime que si la tendance journalière actuelle, avec des chiffres de contamination jamais égalés continue, la riposte pourrait durer dans le temps. « Quand on a eu 356 cas, puis 354 autres cas le jour suivant, il est temps de rentrer dans un face-à face pédagogique avec la population. D’ailleurs on va renouer avec les points Covid qui se feront cette fois-ci par semaine », a-t-il annoncé. Plus préoccupant, 58 % des patients sont des sujets jeunes et adultes dont l’âge tourne entre 15 et 45 ans. Des jeunes qui, dans certains cas, présentent des cas graves contrairement aux deux premières vagues. L’autre remarque faite par le nouveau directeur du Cous, c’est que, depuis le 17 mai, le Sénégal se trouve dans une nouvelle phase où les cas positifs ne sont pas si importants. En outre, les cas graves et les décès décalent avec les nouvelles contaminations. D’après ses dires, « le système est confortable. Il n’y a pas de pression. Mais le défi du gouvernement, c’est de ne pas arriver à une phase critique ». Surtout que le nouveau variant indien en circulation dans le pays est « 60 fois plus rapide que la souche originelle. En matière de gravité et de sévérité, les cas graves occupent 60 % des lits à Dakar, dans les régions c’est moins de 20 % », a fait savoir la directrice des Etablissements de santé, Dr Fatou Mbaye Sylla qui attire l’attention sur le fait que ce sont aujourd’hui des jeunes de « moins de 35 ans qui tombent malades de Covid avec des cas graves et des décès »
Des stratégies avancées pour une meilleure riposte
« C’est une guerre et on a une armée. On est en situation d’alerte et de veille. On a eu du matériel et des stratégies adaptées selon la survenue de chaque nouvelle contamination. Depuis quelque semaines, on a remarqué une augmentation des cas. On va remobiliser les troupes. Pour le moment, presque tous les sites de prise en charge fonctionnent. Dans les centres de prise en charge, on a réinstallé les lits dans presque toutes les régions. A Dakar aussi. Celui de Le Dantec est ouvert, et Diamniadio, au besoin, on va procéder à son ouverture ». Toujours sur cette prise en charge médicale des cas, le directeur de la maladie, Dr Babacar Guèye, a surtout axé son intervention sur la Pecadom ou la prise en charge à domicile qui se fait sur deux phases. « D’abord voir si le patient n’a pas une maladie chronique, et ensuite si l’environnement ou si le patient ne présente pas des signes de gravité. Si la situation est favorable, on le prend en charge à domicile. Il y a des équipes de prise en charge suivie dans les domiciles. Aujourd’hui, ce sont 1617 malades qui sont sous traitement dont 1400 pris en charge dans les maisons. On invite les populations à accepter d’être admis dans les centres de traitement de l’épidémie quand ils présentent des signes de gravité ». Selon Dr Guèye, les autorités sanitaires ont fait des efforts par rapport à cette Pecadom. Mais aussi par rapport à la prise en charge des cas graves. Par rapport à la prise en charge au niveau de l’hôpital, notamment les cas graves, il y a de l’oxygène disponible. Mais Dr Guèye précise que le Sénégal n’est pas un pays isolé. Que le monde entier fait face à une pandémie. Et comme avec les vaccins, il peut y avoir tension avec l’oxygène. « Pour la deuxième vague, le défi c’était la prise en charge des cas graves. On a mis 221 lits oxygénés. Avec cette troisième vague, on a commandé des centrales d’oxygène pour une meilleure prise en charge des cas graves. Dans les prochains jours, on va recevoir 35 centrales avec 40 mètres par heure en termes d’oxygène », a informé Dr Sylla. Pour ce qui est des tests, le directeur de la maladie rappelle que, « au Sénégal, on fait des tests Pcr qui, une fois réalisés, sont remis aux districts sanitaires qui se chargent de la coordination ». Parlant des urgences de l’heure, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, veut que tout le Sénégal comprenne que « c’est une lutte longue et une lutte d’ensemble. Quel que soit le temps qu’elle pendra, il faut respecter les mesures barrières ». D’ailleurs, il annonce l’organisation de plateaux pédagogiques à la télé pour une meilleure sensibilisation de la communauté. A la télé seulement ?