PROPAGATION FULGURANTE DE LA COVID-19
Des chercheurs de l’Ifan et de l’Esp traquent le virus dans les eaux usées

Des chercheurs du laboratoire de traitement des eaux usées de l’IFAN, et ceux du département de génie chimique et biologie appliquée de l’Ecole Supérieure Polytechnique (ESP) viennent de lancer un programme de surveillance du virus de la COVID-19 dans les eaux usées de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Ce programme viendra en appoint aux tests cliniques afin de contribuer à la prévention de la circulation du virus.
Prélever chaque semaine des échantillons d’eaux usées au niveau des facultés et écoles et réaliser des tests de présence du virus. Telle est la solution proposée par le consortium constitué de chercheurs du laboratoire de traitement des eaux usées de l’IFAN, et ceux du département de Génie Chimique et Biologie Appliquée de l’ESP, en partenariat avec d’autres institutions, pour chercher la présence éventuelle du SARS/CoV 2 dans les eaux usées.
Lancé au mois de juillet dernier, ce programme va permettre de surveiller le virus de la COVID-19 dans les eaux usées de l’UCAD. Ainsi, des échantillons d’eaux usées seront prélevés au niveau des facultés et écoles à partir desquels seront réalisés des tests de présence du virus. Initié par des chercheurs de l’UVS, l’ESP et l’IFAN, et soutenu par le recteur de l’UCAD à travers la Direction de Recherche et d’information (DRI), le programme de surveillance environnemental de la COVID-19 est un outil complémentaire aux tests cliniques qui va contribuer à la prévention de la circulation du virus.
En effet, ces chercheurs pensent que le virus de la COVID-19 peut être excrété par les personnes contaminées bien avant l’apparition des signes cliniques. «Il peut même être rejeté par les cas asymptomatiques. Le virus va se retrouver dans les toilettes et finir dans les eaux usées», renseignent les chercheurs. Dès lors, ils estiment que le suivi de la présence du virus dans ces eaux usées permettra de détecter sa circulation dans une population donnée avant que les gens ne soient malades, et constitue un système d’alerte précoce. « C’est ce qu’on appelle l’épidémiologie basée sur la surveillance des déchets ou Waste Based Epidemiology en anglais», renseignent-ils. Selon les chercheurs, plusieurs études ont montré que le pic de virus dans les eaux usées précédait d’une à deux semaines le pic des malades dans les hôpitaux.
Par conséquent, ils estiment que le programme surveillance environnemental de la COVID-19 « est un bon moyen d’anticipation et d’ajustement des moyens de la riposte». D’autant que l’épidémiologie basée sur la surveillance des déchets constitue une méthode complémentaire au test clinique, pouvant fournir une approche efficace pour prédire la propagation potentielle de l’infection. Avec la quantification de l’ARN du virus dans les eaux usées, poursuivent les spécialistes, des modèles mathématiques permettent d’estimer le nombre de personnes infectées dans une zone donnée et de déterminer la prévalence de la maladie. En outre, la surveillance des eaux usées et de la présence de COVID-19 peut aider à comprendre l’ampleur de l’infection et à prendre des mesures de précaution, comme des tests de masse ou un confinement temporaire pour isoler la communauté.
A noter que plusieurs études ont démontré que l’analyse des eaux usées est un outil fiable pour détecter et suivre la présence du SARSCoV-2 au sein d’une population donnée et ce, avant toute apparition de symptômes chez les personnes infectées. En réalité, dans le cadre de l’accompagnement global dans la maîtrise du risque COVID-19, et en complément des solutions déjà proposées ou mises en place, beaucoup de pays comme la France ont déjà lancé ce programme de détection pour les eaux usées.
A terme, cela permettra d’alerter rapidement sur la présence du SARS-CoV-2 sur un site donné, même si les personnes sont asymptomatiques, avant que le virus ne se propage trop largement. C’est donc un atout supplémentaire dans le contrôle de l’évolution de l’épidémie.