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30 avril 2024
Éducation
ECOLE MORTE, CHEIKH OMAR HANN AVERTIT
La semaine dernière, le Cusems et le Saems ont annoncé des journées mortes à l’école pour protester contre le non-respect des accords signés en 2022, la fermeture des universités et les arrestations arbitraires.
La semaine dernière, le Cusems et le Saems ont annoncé des journées mortes à l’école pour protester contre le non-respect des accords signés en 2022, la fermeture des universités et les arrestations arbitraires.
Après cette annonce, le ministre de tutelle a réagi. « Le gouvernement se réserve le droit de revenir dans l’immédiat, sur ses engagements, qui ont déjà coûté 250 milliards de francs CFA au contribuable sénégalais, en cas de violation par la partie syndicale des termes de l’accord sans préalable », indique Cheikh Oumar Anne dans un communiqué publié dimanche par son département.
Le ministère qui assimile ces journées mortes à une grève dénonce le non-respect des délais de préavis avant d’aller en mouvement. En plus Cheikh Oumar Anne rejette les arguments, politiques à ses yeux, avancés par les syndicalistes initiateurs du mouvement.
Il invoque ainsi la loi 61-33 du 15 juin 1961 en son article 7 et alinéas 7 et 8 qui, selon lui, interdit toute cessation collective de travail, sans préavis. D’où le rappel des sanctions prévues en la matière, ‘’sans possibilité de bénéficier des garanties prévues par les articles 46 et 51 de la présente loi’’.
« Le Gouvernement reste déterminé à faire respecter les dispositions susvisées et à s’opposer à toutes les tentatives de déstabilisation de l’école pour des motifs inavoués… « , ajoute le communiqué.
MULTIPLE PHOTOS
LE SAES EXIGE LA REOUVERTURE DES UNIVERSITES
La coordination Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) de l’université Assane Seck de Ziguinchor (sud) a organisé, lundi, une marche pour exiger la réouverture sans délai de toutes les universités publiques du Sénégal
Ziguinchor, 6 (APS) – La coordination Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) de l’université Assane Seck de Ziguinchor (sud) a organisé, lundi, une marche pour exiger la réouverture sans délai de toutes les universités publiques du Sénégal, a constaté l’APS.
»Nous ne pouvons pas comprendre que jusqu’à présent certaines universités publiques du Sénégal soient fermées. Cela dépasse l’incompréhension. Nous demandons la réouverture sans délai de toutes les universités publiques », a déclaré le coordonnateur de la coordination SAES de l’université Assane Seck de Ziguinchor, Alexandre Coly.
Il a ajouté qu’après »plusieurs interpellations des autorités académiques et du gouvernement » pour la réouverture des universités, le SAES, »malgré sa bonne volonté d’oeuvrer à la pacification de l’espace universitaire », constate »avec regret le dilatoire orchestré sous prétexte que les œuvres sociales pourtant au service du pédagogique, ne seraient pas prêtes ».
»Nous réitérons de manière ferme que les universités publiques ne peuvent pas être animées à un agenda électorale », a t-il poursuivi.
Le syndicaliste a évoqué d’autres sujets notamment des accords ‘’non respectés’’ par le gouvernement depuis le mois de janvier sur la question des veuves et veufs du personnel d’enseignement et de recherche (PER).
Il a invité les autorités compétentes à « respecter la parole donnée » et à sécuriser les espaces des universités publiques du Sénégal.
Le SAES a décrété un mot d’ordre de grève de 48 heures, les lundi 6 et mardi 7 novembre avec cessation des activités pédagogiques.
Les autorités ont décidé de la fermeture des universités au mois de juin au lendemain des violentes manifestations qui ont éclaté après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse » dans l’affaire Adji Sarr.
CHEIKH OMAR HANNE MENACE LES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS
La journée morte du mardi prochain annoncée par l’alliance du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire authentique (Cusems/A) et le syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saems) a fâché le ministre
La journée morte du mardi prochain annoncée par l’alliance du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire authentique (Cusems/A) et le syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saems) a fâché le ministre de l’Éducation nationale. Convaincus que ces « appels déguisés à la grève sont contraires à la réglementation», Cheikh Oumar Hanne menace de s’opposer à «toutes les tentatives de déstabilisation de l’école pour des motifs inavoués».
Le ministre de l’Education nationale ne compte pas rester les bras croisés face aux éventuelles perturbations des enseignements. Dans un communiqué parvenu à «L’As», Cheikh Oumar Hanne regrette «des appels à une journée école morte» de la part d’organisations syndicales signataires du protocole d’accord du 26 février 2022, par lequel elles réaffirment, comme toutes les parties prenantes, leur engagement en faveur des priorités du département, notamment à promouvoir un climat social apaisé dans l’espace scolaire. Il estime, en effet, que ces appels déguisés à la grève sont contraires à la réglementation. «Si le droit de grève est reconnu aux travailleurs par la Constitution, il s’exerce dans le cadre des lois qui le régissent», prévient-il. Pour lui, il ne peut en aucun cas ni porter atteinte à la liberté de travail, ni mettre l’entreprise en péril. «La loi portant statut général des fonctionnaires, modifié, stipule : les fonctionnaires soumis à un statut ne leur interdisant pas le droit de grève ne peuvent cesser collectivement le travail qu’après l’expiration du délai d’un mois suivant la notification, à l’autorité administrative compétente, par la ou les organisations syndicales représentatives, d’un préavis écrit énonçant les motifs et la durée de la grève envisagée. Celle-ci ne peut intervenir ou se poursuivre lorsque l’ordre de grève est rapporté par la ou les organisations qui ont notifié le préavis», précise Cheikh Oumar Hanne. Il précise que ceux qui cessent le travail en violation des dispositions de l’alinéa précédent peuvent immédiatement subir toutes sanctions disciplinaires. «Il en est de même si la cessation du travail, même intervenant à l’expiration du délai d’un mois prévu au sixième alinéa du présent article, est fondée sur des motifs politiques et non pas sur des motifs professionnels», ajoute le communiqué.
«LE GOUVERNEMENT SE RÉSERVE LE DROIT DE REVENIR DANS L’IMMÉDIAT SUR SES ENGAGEMENTS QUI ONT DÉJA COUTÉ 250 MILLIARDS DE FRANCS CFA»
Par conséquent, il prévient que le gouvernement reste déterminé à faire respecter les dispositions susvisées et à s’opposer à toutes les tentatives de déstabilisation de l’école pour des motifs inavoués. «Les fortes mesures prises dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord du 26 février 2022 démontrent, s’il en était besoin, l’intérêt que le gouvernement accorde à l’école en général, à la revalorisation de la fonction enseignante en particulier», ajoute-t-il. Le ministre de l’Éducation nationale appelle aussi à plus de responsabilité de la part de tous les enseignants et à leur sens de la mesure et du dialogue pour un espace scolaire apaisé, pour la construction d’une école de la réussite, d’une école équitable pour tous et pour toutes. «Dans tous les cas, le département, qui a toujours maintenu un dialogue permanent avec les organisations syndicales, prendra, en toute responsabilité et toute rigueur, les dispositions idoines pour assurer le déroulement correct de l’année scolaire», dit-il. M. Hanne rappelle que le gouvernement se réserve le droit de revenir dans l’immédiat sur ses engagements qui ont déjà coûté 250 milliards de francs CFA au contribuable sénégalais, en cas de violation par la partie syndicale des termes de l’accord sans préalable.
ECOLE MORTE AU SENEGAL MARDI
Le Cadre unitaire des syndicats du moyen secondaire (CUSEMS) et le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (SAEMSS) ont décrété la journée du mardi 7 octobre »Ecole morte » sur toute l’étendue du territoire
Dakar, 5 nov (APS) – Le Cadre unitaire des syndicats du moyen secondaire (CUSEMS) et le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (SAEMSS) ont décrété la journée du mardi 7 octobre »Ecole morte » sur toute l’étendue du territoire, a appris l’APS.
Cette journée »Ecole morte » s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre d’un plan d’actions pour »le respect de tous les accords’’ signés avec le gouvernement, ‘’l’arrêt systématique des restrictions des libertés » et »la libération de tous les enseignants et élèves victimes de détention arbitraire’’, indique l’alliance CUSEMS-SAMES.
LE PROVISEUR CEDE A LA PRESSION DES PARENTS D’ELEVES
Le proviseur, qui avait fixé les inscriptions académiques à 10 000 FCFA s’est conformé à l’arrêté qui a revu le montant à 5000 FCFA.
Bés Bi le Jour |
Oulimata FALL |
Publication 04/11/2023
C’est un long bras de fer entre les populations de Tivaouane et l’administration du lycée depuis la rentrée scolaire de l’année qui vient de connaître un dénouement heureux. Le proviseur, qui avait fixé les inscriptions académiques à 10 000 FCFA s’est conformé à l’arrêté qui a revu le montant à 5000 FCFA.
Par un arrêté interministériel, les frais d’inscription sont gratuits dans tous les établissements publics préscolaires et élémentaires et fixés à 3000 FCFA dans les établissements publics moyens et secondaires. Pour les écoles, ils peuvent être portés à 5000 FCFA au maximum sur décision du Conseil de gestion de l’établissement. À Tivaouane, précisément au lycée Ababacar Sy, cet arrêté interministériel n’a pas du tout été respecté lors du démarrage des inscriptions de l’année 2023 2024. Quelques jours après les parents d’élèves se sont réunis pour exiger le proviseur dudit établissement d’appliquer la règle. Ils sont venus différents quartiers de la cité religieuse pour exiger l’arrêt des inscriptions à 10 000 FCFA. Pour El Hadj Mansour Mané, parent d’élève, ceci n’est pas une affaire à prendre à la légère. Le jeune père de famille souligne que tous les établissements scolaires de Tivaouane ont respecté cette décision sauf lui. «Le proviseur du lycée s’est toujours mal comporté avec les populations. Il avait fait pareil l’année dernière concernant les blouses scolaires. L’argent est encaissé sans suite. Il dit même que c’est lui qui a amené les tables-bancs au lycée. C’est archi-faux ! C’est l’œuvre d’une association de la ville», a-t-il dit. M. Mané a informé avoir saisi le préfet par une correspondance, même s’il est pessimiste par rapport à sa requête. Mais aussi une autre lettre adressée à l’inspection d’académie et une plainte annoncée contre le proviseur pour «escroquerie».
«Une incompréhension qui pouvait être évitée»
Le proviseur du lycée Ababacar Sy de Tivaouane s’est défendu lors d’une assemblée générale organisée par les parents d’élèves le mercredi 1er novembre dernier. «C’est une situation déplorable qu’on aurait pu éviter», a-t-il déclaré au sortir de cette rencontre. En effet, l’accusé Mame Makhett Gueye souligne que c’est une «incompréhension» entre l’administration scolaire et les parents d’élèves et que l’État n’a pas assez communiqué sur cet arrêté. Il reconnaît effectivement que le gouvernement a la responsabilité régalienne de l’éducation et de la formation des populations et il lui revient de prendre des décisions allant dans ce sens. «L’Etat a le droit de prononcer la gratuité de l’enseignement à tous les niveaux, mais il fallait s’assumer et dire à tout le monde qu’il est prêt à supporter l’incidence financière», a-t-il dit. Le proviseur a, par conséquent, décidé de surseoir à sa décision et dit partager les préoccupations des populations en se conformant à l’arrêté interministériel ramenant à 5000 francs les frais d’inscription. Cependant, M. Gueye ne donne aucune garantie quant à la bonne gestion de l’établissement. Il appelle les parents à plus de cohésion avec l’administration scolaire pour la bonne réussite des élèves.
LE SAEMSS ET LE CUSEMS DECRETENT CE 7 NOVEMBRE «ECOLE MORTE»
Les syndicats d’enseignants déterrent la hache de guerre.
Près d’un mois après la rentrée scolaire, l’école renoue avec les perturbations. Le Saemss et le Cusems ont annoncé un plan d’actions pour exiger du gouvernement le respect de ses engagements mais aussi la libération des enseignants «arbitrairement» détenus dans les prisons. Face à la presse hier, vendredi 3 novembre, les deux syndicats d’enseignants ont fait savoir qu’ils vont décréter le 7 novembre 2023 «journée école morte» sur l’étendue du territoire national.
Les syndicats d’enseignants déterrent la hache de guerre. En conférence de presse hier, vendredi 3 novembre, le Syndicat autonome des enseignants du moyen-secondaire (Saemss) et le Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen et secondaire (Cusems), réunis autour d’une alliance, ont annoncé une «journée école morte» le 7 novembre prochain sur l’étendue du territoire national. A ce plan d’actions, s’ajoutent une lettre d’informations qu’ils vont adresser au Premier ministre mais aussi le dépôt d’un préavis conjoint de grève entre les deux structures syndicales. Elles exigent du gouvernement le respect des accords signés.
«L’alliance du moyen-secondaire entre le Saemss et le Cusems exige du gouvernement du Sénégal l’apurement du passif des protocoles signés à travers le parachèvement de la dématérialisation des actes et des procédures, la révision du statut des décisionnaires, le démarrage de toutes les formations à la Fastef, le relèvement des quotas pour le paiement des rappels dus aux enseignants, le doublement du budget des établissements solaires, le paiement sans délai des indemnités de suggestion aux chefs d’établissements», a fait savoir le secrétaire général national du Saemss, El Hadj Malick Youm. Parmi les revendications des deux syndicats d’enseignants, il y a encore «le strict respect du principe de la gestion démocratique surtout pour ce qui concerne le cas des enseignants qui ont bénéficié d’un retour de stage qui ont été ventilés en violation flagrante des dispositions du principe de la gestion démocratique».
En effet, le Saemss et le Cusems exigent également «l’arrêt systématique des restrictions des libertés et la libération des enseignants arbitrairement détenus». «L’alliance interpelle les autorités sur ces questions et appelle tous les enseignants à la mobilisation pour une école de qualité et pour exiger l’arrêt des politiques d’austérité dans le secteur de l’éducation et de la formation qui demeure le meilleur investissement à faire pour une nation», a déclaré El Hadj Malick Youm. Selon les syndicats d’enseignants, ce plan d’actions est un «avertissement» pour les autorités.
par Alioune Gueye, Modou Dione et Hamat Seck
L'UCAD FUSILLÉE ET SOUILLÉE PAR LA POLITIQUE
Le gouvernement cherche à sacrifier des dizaines de milliers d'ambassadeurs de familles pour des règlements de comptes politiques. L'enseignement supérieur est sérieux pour être traité avec autant de légèreté
Alioune Gueye, Modou Dione et Hamat Seck |
Publication 31/10/2023
L'université Cheikh Anta Diop (UCAD) agonise ; « la réouverture ne doit plus être différée ; le temps passe et chaque jour perdu rend hypothétique le quantum horaire pour la validation des enseignements et des évaluations semestrielles ». Professeur Lat Soukabé Mbow.
Un îlot de mots qui décrit les problèmes qui assaillent l'espace universitaire de Dakar. Partant de ce postulat, notre pseudo-intellectualité nous a poussés à adopter une démarche d'une certaine scientificité. Car comme le voudrait l'adage, « l'intellectuel est un athlète de la pensée » ; cet athlète a l'obligation de se prononcer à travers les mots sur les maux qui secouent sa communauté, sur tous les plans, surtout quand ceux-ci impactent négativement sur la bonne marche de son pays.
Depuis les événements de juin 2023, qui ont occasionné la fermeture des universités sénégalaises, l'UCAD n'est pas épargnée. Malgré ce marasme éducatif, des séries de rencontres et de conseils d'administration ont eu lieu afin de sortir de cette situation inquiétante et aux lendemains incertains. Cela s'est manifesté par la décision du Conseil académique de l'UCAD réuni le vendredi 6 octobre 2023 sous la présidence du recteur, professeur Ahmadou Aly Mbaye. Après examen et analyse de la situation et conformément au calendrier établi lors de la séance du 12 juin 2023, le Conseil académique a pris entre autres la décision d'une reprise des enseignements en présentiel dans les meilleurs délais. Une décision salutaire et responsable au vu du chevauchement des années universitaires. Deux semaines plus tard, le Conseil d'Administration du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) s'est réuni sous la houlette de l'autorité rectorale avec une volonté manifeste de différer l'ouverture de l'université de deux mois pour des raisons qui jouissent d'une légèreté sans égale. Dès lors, il est plus que nécessaire de se poser la question de savoir : qu'est-ce qui a changé entre temps pour que ces décisions changent ?
« États de la situation de l'UCAD… »
Pour les autorités, ces décisions, contestées par les étudiants et les chargés d'enseignement, sont motivées par des raisons sécuritaires. Bref, les enseignants et les enseignés sont prêts pour la reprise, mais le personnel en charge du social n'est pas dans les dispositions d'ouvrir le campus pour les raisons précitées.
Pour certains, la décision de la suspension relèverait d'un manque de volonté politique et d'une tactique politicienne. Pour rappel, lors des violences de juin dernier, selon les témoignages de certains représentants d'étudiants et de travailleurs des campus, des personnes externes ayant envahi le temple du savoir avaient, de concert avec des étudiants, brûlé des équipements et infrastructures dédiés aux enseignements.
Après ces évènements déplorables, il y a sans doute la crainte d'une résurgence et d'une recrudescence des troubles au niveau des campus ; de sorte que chacun puisse comprendre que la reprise doit être soumise à des conditions. Toutefois, les mesures dilatoires prises par le Conseil d'Administration du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) pourraient aggraver le chevauchement des années académiques ou créer les conditions d'une année invalide. Il est utile de rappeler dans ce contexte que la manière de l'application actuelle du système globalisé du LMD ne permet plus de prendre des libertés sur les normes universelles d'acquisition et de transfert des crédits. Cette situation absconse est le fruit de l'immixtion de la politique dans le milieu universitaire. C'est pourquoi nous allons, dans les lignes qui suivront, interroger l'importance de l'UCAD sur le plan politique en raison de sa position stratégique et de l'importance de sa population pour comprendre l'utilité de la thèse selon laquelle le refus de l'ouverture immédiate est une décision politique.
« Le positionnement stratégique inavoué de l'UCAD et ses prouesses… »
Pour connaître le problème de l'UCAD, il est important de se référer à son positionnement politique, social, économique et scientifique. En effet, étant une des premières universités de l'Afrique de l'Ouest, l'UCAD surgit en plein centre-ville de Dakar. Ainsi, vu son positionnement stratégique tant sur le plan de sa localisation que sur celui des productions scientifiques, la fermeture de l'université de Cheikh Anta peut être considérée comme un échec des politiques déployées par les autorités. En effet, le blocage de l'avenue Cheikh Anta Diop a un impact très considérable sur l'opinion nationale et internationale et peut impacter négativement sur l'économie nationale : l'UCAD est centrale et constitue un boulevard pour paralyser la ville de Dakar.
Tout bien considéré, plongeons-nous sur les chiffres de la recherche de cette institution. L'UCAD est composée de 44 établissements, 44 unités de recherche, 1482 chercheurs, 10 domaines et 7 écoles doctorales (UCAD.sn). Ces chiffres montrent le statut de cet établissement qui, selon le récent classement des universités, se positionne à la première place en Afrique francophone et 21e dans tout le continent. De ce fait, fermer cette université pour des raisons purement politiques est un manque de volonté et un non-respect des droits des apprenants. Ces derniers sont estimés à 85 000 (année universitaire 2020-2021) et produisent une bonne partie de la recherche et de l'animation scientifique de l'université. Cela nous permet de dire, entre autres, que la non-ouverture de l'UCAD jouit d'un problème à caractère social, économique, politique et scientifique.
Au-delà de ces considérations, la production scientifique de l'université doit être un facteur pour la non-fermeture du campus social. D'autant plus, les résultats du CAMES ont donné un pourcentage de 98,5 % d'admis dans les rangs du personnel enseignant de l'UCAD. C'est pour dire que la posture scientifique de l'université doit être prise en considération dans les instances de prise de décisions. Cette non-ouverture peut être assimilée à une sorte de « violence douce » (Pr Souleymane Gomis) vis-à-vis des étudiants, du personnel enseignant et du PATS qui ne font que subir les conséquences de décisions à coloration politique.
« Les propos révélateurs d'un Recteur qui tergiverse… »
À l'occasion de la cérémonie d'ouverture des Assises de l'Université Cheikh Anta Diop, tenue ce jeudi, le Pr Ahmadou Aly Mbaye (Recteur UCAD) précise « dans ces assises, contrairement à ce qui a été annoncé, il ne sera pas question de la réouverture de l'Université, pour la bonne et simple raison que la réouverture ou non de l'université est un sujet qui est ressorti au conseil académique ». Forts de ce constat, les représentants des étudiants ont emprunté la stratégie du bâton pour redorer le blason de leurs pairs après des séries de sorties médiatiques et/ou de communiqués officiels. Cette situation, due principalement à des raisons politiques visibles et lisibles, est en train de mettre l'Université sénégalaise à terre. Comme toujours, « l'université devient un haut lieu d'exécution de décisions politiques au lieu d'être un espace de conflit d'idées et de débat de haut niveau. »
Nul besoin d'avoir des compétences visuelles ou une résonance sur la rotondité de la terre pour savoir que le phénomène de l'enseignement supérieur à distance ne tourne pas rond chez la majeure partie de nos universités ».
Même si les raisons restent toujours les mêmes, dont les actes de saccage et d'incendie, le gouvernement sénégalais cherche plutôt à sacrifier des dizaines de milliers d'ambassadeurs de familles (les étudiants) pour des règlements de comptes politiques.
« Quand la politique foule aux pieds l'UCAD… »
Dès lors, en situation de crise et d'incertitudes, comme en ce moment, surgit inévitablement un conflit entre deux temporalités : celle du politique, qui doit prendre des décisions dans l'urgence, et celle de la recherche, qui peut certes accélérer ses protocoles, mais en aucun cas s'affranchir de toute méthodologie, sous peine de briser la branche sur laquelle elle s'est laborieusement hissée. L'université Cheikh Anta Diop de Dakar est fusillée par la politique et le sang ressorti de ses veines s'est déversé en son sein. En outre, chaque directeur du COUD (UCAD) vient avec son « bétail politique » à travers un recrutement excessif, immodéré et à la longue qui manque de sérieux. Les directeurs du COUD qui se sont succédé (Abdoulaye Diouf Sarr, Cheikh Oumar Hanne, Abdoulaye Sow, Maguette Sene), sous une période aussi courte, ne peuvent pas mettre en pieds des politiques ou stratégies sérieuses pour garantir un « bien-être » des étudiants dans les campus sociaux. Cela dénote d'un manque de sérieux et de volonté de nos dirigeants vis-à-vis de l'université sénégalaise.
À cela s'ajoute, le décret d'un mot d'ordre de grève de 48 h du bureau national du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (SAES), les lundi 6 et mardi 7 novembre 2023 avec cessation des activités pédagogiques et une demande d'arrêt immédiat des cours dispensés en ligne dans toutes les universités publiques. À cet effet, nous saluons sa posture avant-gardiste à la suite des décisions dépourvues d'ambitions des autorités de l'UCAD. Mu par une volonté de solutionner cette crise, le SAES dit rejeter énergiquement l'alibi de la rénovation des infrastructures sociales sur lequel « les autorités qui n'ont pas voulu se préparer à la reprise programmée des cours en présentiel s'agrippent pour annihiler les nombreux efforts consentis par les enseignants-chercheurs ». Une situation qui risque de faire naître les germes de la terreur, de l'intolérance, de la division et de la scission dans nos espaces universitaires. De toute évidence, les pouvoirs publics prétendent mettre en place des systèmes de garantie de la qualité de l'enseignement dans le seul et unique but de fournir aux étudiants un enseignement digne. Baratins ! Ces systèmes sont en fait un moyen pour les responsables gouvernementaux d'asseoir leur tutelle avec une mainmise de l'université selon leurs désirs et aspirations politiques : la politique à l'université est omniprésente et impuissante.
« Le rôle des acteurs pour un retour dans les amphis… »
Le syndicat autonome de l'enseignement supérieur (SAES) a un rôle important à jouer pour le retour des étudiants dans les salles de classes. Dans notre article dénommé « Quand la politique fusille à balles réelles nos universités : quel avenir pour les étudiants ? », nous avons eu à libeller de manière claire et limpide un message pour les autorités universitaires et gouvernementales : « Pour nos gouvernants, l'université ne doit pas être un prolongement de décisions politiques et des cadres d'exécution des visions des politiques. » L'histoire nous a montré qu'aucun pays ne s'est développé sans avoir mis en place au préalable un système d'enseignement performant, innovant et stable, ce qui est loin d'être le cas au Sénégal ». Cet état de fait hante d'année en année l'université sénégalaise. Toutefois, les amicales d'étudiants doivent, au mieux, éviter de s'aventurer dans des questions à coloration politique pour ainsi garantir une certaine froideur et une impartialité dans leur prise de décisions et de positions. Le représentant d'étudiant ne doit en aucun cas jumeler la politique et les intérêts matériels et moraux de leurs pairs. Mieux, les acteurs universitaires peuvent faire de la politique, mais ils ne doivent en aucun cas politiser l'université.
« L'entrée par effraction du système LMD dans nos universités… »
L'introduction du système LMD dans l'enseignement supérieur sénégalais regorge de beaucoup de limites et de défaillances qui n'ont pas été bien gérées par les autorités universitaires. L'université est un sanctuaire sérieux qui mérite plus de considération et les décisions qui y sortent méritent beaucoup plus de froideur et de sérieux. Malheureusement, le système LMD qui se situe sur toutes les lèvres, n'est pas celui qui s'applique dans les universités sénégalaises.
Le LMD favorise la flexibilité et la mobilité des étudiants, l'adaptation aux besoins du marché du travail, l'amélioration de la qualité de l'Enseignement supérieur, la facilitation de la coopération internationale, la capitalisation des UEs, le transfert de crédits, la « semestrialisation » intégrale pour ne citer que ces éléments phares constituant son soubassement. Actuellement, les étudiants de l'UCAD sont confinés au silence afin que les autorités puissent dérouler sur tapis blanc leur politique de positionnement et de gain politique. Nos « intellectuels » ne comprennent toujours pas que « le choix d'un système d'éducation a plus d'importance pour un peuple que celui de son gouvernement » pour ainsi reprendre Gustave Le Bon dans Psychologie de l'éducation.
À toutes fins utiles, le système LMD doit être appliqué de manière rigoureuse dans les universités sénégalaises en se basant sur nos réalités socio-éducatives. Comme le disait Ousmane Diagne, « la plus mauvaise des lois est celle qui est « ineffective », inefficace, inappliquée et inapplicable ». Le système LMD doit s'appliquer dans son entièreté afin de se départir de ce système actuel qui est hybride et inqualifiable. En plus, beaucoup de séminaires, de conférences, de rencontres ont vu le jour depuis sa mise en place, mais malheureusement tous ces pourparlers sont traduits en lettre morte.
Nos gouvernements gagneraient à arrêter leur ingérence dans les affaires universitaires et à cesser toute pratique visant, de manière directe ou indirecte, à plomber l'université par des actes aux finalités politiques. En réalité, cette ingérence est un moyen de lutte anti-institutionnel ou contre-institutionnel utilisé par le gouvernement à des desseins inavoués mais visibles. Nos universités continuent de s'adonner à des stratégies qui ne font que plonger l'enseignement supérieur dans l'agonie. L'enseignement supérieur est sérieux pour être traité avec autant de légèreté. Le Sénégal doit bâtir un système d'enseignement supérieur ressourcé localement et répondant aux attentes de la population sénégalaise. L'UCAD mérite plus de respect et de considération dans le traitement des affaires qui lui sont afférentes.
Dans nos prochaines publications, nous vous servirons notre pensée sur la crise politique qui secoue le Sénégal.
Que le salut du peuple soit la loi suprême.
Vive le Sénégal
Alioune Gueye est chercheur en Mathématiques et Applications
Laboratoire d’Algèbre, Cryptographies, Codes et Applications (LACCA)/ UGB
«ON NE PEUT PAS AVOIR UN CAMPUS SOCIAL STABLE AVEC LA POLITIQUE»
Invité du Jury du dimanche, Dr Khadim Bamba Diagne regrette la situation que vit Ousmane Sonko qui risque de ne pas participer à la Présidentielle. Dr Khadim Bamba Diagne plaide pour la reprise des cours, mais en présentiel et à distance
Bés Bi le Jour |
Cheikh Moussa SARR & Pape Doudou Diallo |
Publication 30/10/2023
Dr Khadim Bamba Diagne plaide pour la reprise des cours, mais en présentiel et à distance. L’économiste, enseignant-chercheur estime que le Fmi commence à ne plus avoir confiance au Sénégal avec son rythme d’endettement et ses subventions. L’invité du Jury du dimanche a par ailleurs regretté la situation que vit Ousmane Sonko qui risque de ne pas participer à la Présidentielle. Et, selon lui, ça pourrait être une sorte de référendum pour ou contre le régime.
Pour une bonne reprise des cours, des Assises ont été organisée à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad). A l’issue de cette rencontre, un certain nombre de résolutions ont été prises pour pacifier et sécuriser l’espace universitaire, pour mettre fin à l’insalubrité, aux trafics de tous ordres, à la circulation des armes blanches, aux bagarres entre étudiants, entre autres. Invité du Jury du dimanche, Dr Khadim Bamba Diagne invite les étudiants à faire la différence entre le Coud et l’université. «L’année passée, on a fait cours même si l’université avait fermé ses portes. On faisait les cours à distance. Maintenant, je suis professeur à l’université mais j’ai été également ancien président du mouvement des étudiants pendant tout mon cursus. Les saccages du 1er juin ont eu des impacts sur le campus pédagogique et sur le campus social. Les travailleurs du Coud ont été psychologiquement perturbés par ces événements mais je pense que l’université doit être résiliente», a dit l’enseignant chercheur à l’Ucad. Mais l’économiste a surtout déploré le fait que la politique ait arrêté les cours. «Ça m’a fait très mal parce que l’université, c’est le temple du savoir. Il y’a au moins 100 000 esprits compétents et on ne peut pas comprendre que des étudiants saccagent un lieu aussi sacré. Quand j’ai entendu que ces gens qui ont saccagé l’université avaient mis des cagoules, on ne peut pas dédouaner les étudiants. Parce qu’ils savaient qu’il y’avait des caméras de surveillance. Si on ne règle pas le problème exogène qui est la politique, on ne peut pas avoir un campus social stable. Quand on veut mettre la pression à l’Etat, on met la pression sur le Coud. Mais l’université, c’est autre chose», a-t-il préconisé.
«Le malheur est qu’on n’a pas évalué les phases du Pse»
Une équipe du Fonds monétaire international (Fmi), dirigée par M. Edward Gemayel, a effectué une mission au Sénégal du 31 août au 7 septembre 2023, pour faire le point sur les récents développements économiques, mettre à jour les prévisions de croissance et de budget, et discuter du projet de budget 2024. Dr Khadim Bamba Diagne rappelle que le Fmi joue le rôle d’un gendarme, c’est à dire contrôler les déséquilibres financiers. «Le Sénégal a décidé d’avoir une économie d’endettement. Maintenant une fois que vous dépassez le plafond des 70% du taux d’endettement, vous ne respectez plus les critères de convergence de la zone qui disent que les pays doivent avoir un taux d’endettement intérieur à 70%. Nous, on est à 75% et le Fonds commence à perdre confiance à l’économie sénégalaise. Et si le marché perd confiance le taux d’intérêt va prendre l’ascenseur», a-t-il soutenu. Avant de poursuivre : «A chaque fois que vous voyez le Fmi, c’est parce que cette économie a besoin d’aide. Parce que le Fmi est également un médecin. Il vous consulte et vous donne une ordonnance. Et si vous êtes d’accord il vous aide financièrement. Donc, le Sénégal est mal en point sur le plan économique et a demandé l’aide du Fmi qui est venu avec des mécanismes pour permettre au Sénégal d’assurer un financement d’ici au moins un an ou deux ans avec 1,5 milliard de dollars presque 1200 milliards. On va recevoir 169 milliards à la fin de l’année.». Mais, souligne-t-il, «le Fonds a dit oui au Sénégal à condition que les subventions qui étaient de 700 milliards en 2022 et qui sont de 500 milliards aujourd’hui soient ramenées l’année prochaine à 250 milliards. C’est à dire il faut arrêter les subventions, il faut de la bonne gouvernance, entre autres, critères que le Fmi a mis en place que le Sénégal va accepter. Donc, c’est aux consommateurs de supporter cette subvention et les prix vont encore devenir plus chers», regrette l’invité du Jdd. Pour expliquer cet état de fait, il a indiqué que «le malheur c’est qu’on n’a pas évalué les phases du Pse alors que les 25.000 milliards qu’on a dépensé sur la première et deuxième phase n’ont pas perturbé la structure économique. « Il faut que nos hommes politiques comprennent que manager une économie, c’est régler la qualité de vie des citoyens».
«On a perdu beaucoup d’argent avec Air Sénégal et le Ter»
Alors que Macky Sall va quitter le pouvoir en 2024, Dr Khadim Bamba Diagne estime que son bilan est très compliqué. «J’aime bien quand il y’a des investissements sur les routes et les voies ferrées parce qu’au Sénégal, produire dans la vallée et l’amener à Dakar est plus cher qu’acheter le produit en Chine et l’acheminer à Dakar. Ça veut dire que les moyens de transport sont très chers. Le problème avec le Président Macky Sall, c’est qu’on a perdu beaucoup d’argent avec Air Sénégal et le Ter. Il y’a eu tellement d’investissements lourds. On a besoin de ces investissements mais gérer un pays, c’est mettre de l’ordre dans ces priorités», a-t-il dit. Or, soulogne-til, la première priorité pour les Sénégalais c’est l’emploi. «Nous avons 300 000 jeunes qui arrivent chaque année dans le marché de l’emploi. Maintenant, s’il n’y a pas d’entreprise, ni de stratégies de production de richesses pour ces jeunes-là, ça va être très compliqué. Gérer le pays c’est réduire les inégalités. Il faut réfléchir sur des mécanismes qui vont sortir le pays de l’extrême pauvreté», a-t-il préconisé.
«Il ne faut pas qu’on fasse de Sonko un Sénégalais à part»
Le 24 février prochain, les sénégalais connaîtront le successeur de Macky Sall. Et pour Dr Khadim Bamba Diagne, économiste et enseignant chercheur à l’UCAD, cette élection doit être inclusive. «Pour la première fois j’ai vu des candidats qui prennent au sérieux le poste de président de la République avec des programmes extrêmement intéressants. Ce que je voulais, c’est vraiment qu’on a règle le problème de l’inclusivité des candidats pour ouvrir le débat. Je vois pour cette élection des profils qui peuvent vraiment se rivaliser pour permettre aux sénégalais de choisir», a-t-il dit, magnifiant au passage l’initiative du Groupe E-Media d’inviter tous les jeudis soir un candidat déclaré pour parler de son programme. Sur le cas de Ousmane Sonko, l’auteur de «Comment votent les Sénégalais ? Analyse du comportement de l’électeur de 1960 au 20 mars 2016», paru à L’Harmattan en 2017, estime que si ce problème continue les électeurs risquent de voter pour ou contre le pouvoir. «Alors que si tout le monde participe, l’électeur va choisir le meilleur candidat, le meilleur profil. Il ne faut pas qu’on fasse de Ousmane Sonko un Sénégalais à part. C’est au Conseil constitutionnel de décider qui seront les candidats», a-t-il rappelé.
LE SAES PASSE A LA VITESSE SUPERIEURE
Les autorités universitaires vont devoir faire avec deux fronts. Les enseignants membres du Saes ont décidé d’engager le bras de fer pour, comme les étudiants, une reprise des cours.
Bés Bi le Jour |
Hamath KANE |
Publication 30/10/2023
Les autorités universitaires vont devoir faire avec deux fronts. Les enseignants membres du Saes ont décidé d’engager le bras de fer pour, comme les étudiants, une reprise des cours. Ils annoncent déjà 48 heures de grève les 6 et 7 novembre prochains avec cessation des activités pédagogiques dans toutes les universités publiques.
Alors que les autorités universitaires n’en ont pas fini avec le courroux des étudiants qui réclament la reprise des cours à l’Ucad et d’autres universités, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), qui avait déjà prévenu, a haussé le ton ce samedi. Dans un communiqué, il annonce une grève de 48 heures, les lundi 6 et mardi 7 novembre 2023 avec cessation des activités pédagogiques (cours, soutenances, délibérations y compris pour les formations payantes), et l’arrêt de toute participation à des activités administratives et réunions. Les enseignants demandent en outre aux militants «l’arrêt immédiat des cours dispensés en ligne dans toutes les universités publiques construites sur le modèle de l’enseignement présentiel et fermées pour des motifs politiques, de regagner les universités et de signer les pétitions pour la convocation des assemblées de facultés pour exiger la réouverture sans délai et la sécurisation des universités». Les syndicalistes dénoncent la décision de fermeture des universités publiques «justifiée par le climat sociopolitique depuis le mois de juin 2023».
«UNE FERMETURE AU GRE DU SOCIAL ET DU CALENDRIER ELECTORAL»
David Célestin Faye, secrétaire général national du Saes, et ses camarades rappellent qu’un planning avait été retenu pour la reprise des enseignements en octobre. Or, regrettent-ils, ces décisions prises par les Conseils académiques, n’ont pas été respectées. Ils accusent les autorités de s’inscrire dans un «dilatoire orchestré sous prétexte que les œuvres sociales pourtant au service du pédagogique, ne seraient pas prêtes». Mieux, le Saes «rejette énergiquement le fallacieux alibi de la rénovation des infrastructures sociales sur lequel les autorités qui n’ont pas voulu se préparer à la reprise programmée des cours en présentiel s’agrippent pour annihiler les nombreux efforts consentis par les enseignants-chercheurs pour le retour à une année académique normale fragilisée par les fermetures quasi spontanées au gré du social tant évoqué et du calendrier électoral».
LE RECUL DU FRANÇAIS AU PROFIT DU WOLOF
Alors que le pays fut un haut lieu de la francophonie, l'expansion irrésistible du wolof redessine progressivement la carte linguistique du Sénégal
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/10/2023
Selon une information rapportée par RFI, le wolof, langue nationale la plus parlée au Sénégal, gagne du terrain face au français, langue officielle pourtant inscrite dans la Constitution.
Effectivement, Sud FM, la première radio privée créée en 1994, a été précurseur en diffusant ses journaux d'information également en wolof, constatant que c'était plus compréhensible pour les auditeurs. "À l’époque, il y avait une seule radio d’État, la RTS, il fallait démocratiser l’accès à l’information et faire participer les populations au débat public. Et cela passait par l’introduction du wolof”, explique à RFI, Baye Oumar Gueye, directeur général de Sud FM.
La radio alterne désormais les éditions en français et en wolof, constatant "que l’audience monte dès que nous sommes dans le journal en wolof". Car si le français est la langue officielle, beaucoup de Sénégalais, surtout en dehors des villes, ne le maitrisent pas, à l'inverse du wolof parlé par tous.
Ce recul du français s'observe également en politique, dans l'enseignement ou sur les réseaux sociaux. "Dans le paysage linguistique actuel, le français a perdu en vitesse", analyse Adjaratou Oumar Fall, chercheuse à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Selon elle, le wolof, langue "de mouvement" propre au commerce, est beaucoup plus accessible que le français pour les Sénégalais.
Ainsi, au Sénégal, pays dont Leopold Sedar Senghor avait fait le symbole de la francophonie, le wolof gagne du terrain et s'impose progressivement comme la langue prédominante.