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21 mai 2024
Éducation
5 ETUDIANTS EN PRISON, LES LYCEENS ENTRENT DANS LA DANSE
Les sept étudiants arrêtés, mercredi, à Matam ont été présentés au procureur, hier. Les deux étudiants de l’Isep ont été libérés tandis que les cinq de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ont été placés sous mandat de dépôt.
Bés Bi le Jour |
Amadou Oumar DIALLO |
Publication 28/10/2023
Les sept étudiants arrêtés, mercredi, à Matam ont été présentés au procureur, hier. Les deux étudiants de l’Isep ont été libérés tandis que les cinq de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ont été placés sous mandat de dépôt.
Et la tension n’a pas baissé puisque ce vendredi, ce sont les élèves du lycée El Hadj Yéro Bass de Ourossogui qui ont délogé les élèves des autres établissements de la commune. Le préscolaire, le moyen-secondaire et l’élémentaire ont aussi fermé leurs portes. D’après les manifestants, les gendarmes ont procédé à l’arrestation de deux de leurs camarades et des nouveaux bacheliers. École après école, les lycéens n’ont pas hésité à faire sortir les apprenants.
La gendarmerie a dispersé la foule avec des grenades lacrymogènes qui, d’après des professeurs du Cem 1 de Ourossogui, ont fini par affecter quelques élèves qui étaient à l’intérieur. Dans les écoles, c’est la panique totale et les chefs d’établissement ont donné l’ordre au personnel d’interrompre les cours.
L’UCAD SE CHERCHE
Après quatre mois de suspension des cours en mode présentiel, les étudiants sont plongés dans une inquiétude totale sur leur avenir et demandent aux autorités de réagir, afin que les enseignements puissent reprendre dans un bref délai
Alors que certaines universités régionales du pays sont ouvertes depuis quelques temps, celle de la capitale sénégalaise communément appelée Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar n’a pas encore repris les cours. Ce qui suscite le soulèvement des étudiants et certains syndicats de l’éducation, notamment la Coordination du Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (Saes). Ces derniers accusent les autorités de vouloir hypothéquer l’ouverture de l’année universitaire à l’UCAD et d’être les victimes expiatoires de stratégies politiques latentes en année électorale.
L ’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) est fermée depuis le mois de juin dernier, à la suite de violentes manifestations nées de la condamnation à 2 ans de prison ferme du principal opposant de Macky Sall, en l’occurrence Ousmane Sonko du parti dissout Pastef-Les Patriotes. Après quatre (4) mois de suspension des cours en mode présentiel, les étudiants sont plongés dans une inquiétude totale sur leur avenir et demandent aux autorités de réagir, afin que les enseignements puissent reprendre dans un bref délai. Mais ce cri de détresse donne l’impression d’être tombé dans l’oreille d’un sourd.
Pour cause, l’ouverture de l’année universitaire initialement prévue pour novembre prochain semble hypothéquée. En effet, alors qu’une réunion du Conseil académique doit avoir à nouveau lieu à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar à la fin de ce mois d’octobre 2023 pour décider quel sera le calendrier de la reprise des cours en présentiel, la direction de la cité universitaire a décidé de repousser la réouverture du campus où logent une grande partie des 85 000 étudiants, à début janvier 2024. La principale raison officielle invoquée par Maguette Sène, le directeur du Coud, est la nécessité de faire des travaux de rénovation et des aménagements sécuritaires, après la fermeture de l’ université suite à des manifestations consécutives à la condamnation du principal opposant Ousmane Sonko, début juin, et le saccage de l’université par des manifestants en furie. A en croire ainsi Maguette Sène, Directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), «le Conseil d’administration avait fermé, le1er juin, le campus. Aujourd’hui, il a encore décidé de repousser l’ouverture afin de mettre des mesures plus adaptées pour que les casses ne se reproduisent plus.
Mon équipe et moi travaillons pour mettre en place un système de sécurité car il nous faut revoir l’habitation, mais aussi l’accès au campus». Le Directeur du COUD de faire comprendre que la demande est loin d’être réalisée parce que « Le Conseil d’académie, en fermant le campus au mois de juin, avait proposé comme alternative des cours en ligne. Nous pensions qu’on pourrait le poursuivre en attendant de finir les travaux ». Et tout admettant que les études en ligne, palliatifs trouvés à la fermeture des amphithéâtres, avaient des limites, il a fait savoir que « Nous sommes obligés de suivre et de sécuriser le campus».
La proposition qui ne fait pas l’unanimité a soulevé moult tensions, notamment chez les étudiants et les membres du Saes (Syndicat autonome des enseignants du Supérieur), décidés à obtenir la réouverture des amphithéâtres le plus tôt possible. Les nerfs sont encore plus tendus chez les étudiants qui ne demandent que l’ouverture de l’année académique à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD)au moment où certains de leurs camarades des autres universités sont démarré les cours.
C’est ainsi que dans la foulée d’une réunion du Conseil académique de l’Ucad, dirigée par le Recteur Aly Mbaye et arrêtant la fin de ce mois d’octobre pour statuer sur la date de reprise des cours, les étudiants par l’entremise de leurs Amicales, ont cherché à organiser une conférence de presse pour se prononcer sur leur situation. Malheureusement, la police a dispersé à coup de de grenades lacrymogènes, la conférence de presse des étudiants qui devraient se tenir à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, le lundi 23 octobre dernier, précisément à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG). Selon les forces de l’ordre, la rencontre n’avait pas été autorisée, alors que les étudiants soutenaient le contraire. Ces derniers vont finalement tenir leur conférence de presse au lycée Maurice de Lafosse.
La principale décision du jour a été de lancer un appel aux autres étudiants du Sénégal pour bloquer les cours partout dans le pays. « Etudiants, luttez pour vous. Le mot d’ordre, c’est de paralyser le système éducatif, préscolaire, collège et lycée. Que personne ne fasse cours tant que l’UCAD n’est pas ouverte. La police a reçu l’ordre pour qu’on ne tienne pas la conférence. Alors, on est prêts à tout. S’il faut faire un front pour défendre notre avenir, nous sommes prêts». D’ailleurs, le mardi 24 octobre dernier, les étudiants ont même délogé leurs apprenants du lycée Maurice de Lafosse. Et dans la dynamique, ils n’ont pas manqué de dénigrer la non-ouverture de l’université, une décision qui serait purement politique à leurs yeux. L’année électorale et la forte tension politico-sociale seraient pour eux aux entournures de cette décision de maintenir clos les amphithéâtres de la première université publique du Sénégal.
LES ENSEIGNANTS, EN GUERRE CONTRE LA FERMETURE PROLONGEE
Dans la même lancée, le SAES campus Dakar a tapé sur la table en exigeant des autorités la fin de la fermeture de l’UCAD qui, selon eux, augure de lendemains incertains. Dans un communiqué publié avant-hier, jeudi 26 octobre, « la Coordination constate, avec regret, une volonté manifeste des autorités de vouloir retarder la reprise des enseignements en présentiel, remettant ainsi en cause les résolutions fermes des instances syndicales relatives à une reprise immédiate des enseignements. Cet état de fait, qui inquiète la communauté universitaire dans toutes ses composantes, appelle à une mobilisation pour combattre avec vigueur toute intention ou tentative de détourner de cet objectif commun qu'est la reprise en présentiel des enseignements à l’UCAD ». Et de poursuivre : « Au demeurant, la coordination interpelle l'autorité et la met face à ses responsabilités quant aux prochaines perturbations qui découleraient du dilatoire orchestré en vue d'orienter la décision des instances académiques et de saborder la reprise voulue ». Pour finir, la Coordination du SAES a invité ses militants « à rester mobilisés et à se tenir prêts pour l'exécution de plan d'actions d'envergure pour le sauvetage de notre université ». Reste maintenant à savoir quelle sera la décision du Recteur Mbaye et du Conseil académique de l’Ucad à qui revient le dernier mot de l’ouverture ou non de l’université de Dakar !
L’UCAD TIENT DES ASSISES POUR SE REFONDER
Les différentes composantes de la communauté universitaire se penchent depuis deux jours sur la situation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), fermée depuis juin dernier à la suite des violences qui ont suivi le verdict du procès de SONKO
Les différentes composantes de la communauté universitaire se penchent depuis deux jours sur la situation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), fermée depuis juin dernier à la suite des violences qui ont suivi le verdict du procès de l’opposant Ousmane Sonko. La sécurité et l’introduction de modules transversaux figurent parmi les points qui seront débattus lors de ces assisses de l’Ucad. La réouverture des campus social et pédagogique de cette université n’est pas inscrite à l’ordre du jour malgré les exigences des étudiants qui menacent de paralyser le système éducatif national dans son ensemble s’ils n’obtiennent pas satisfaction sur cette revendication.
Depuis quatre mois, c’est-à-dire les manifestations du 01er juin dernier, les portes de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar sont fermées. Au cours de ces manifestations, des édifices et des véhicules avaient été saccagés et incendiés. Les dégâts avaient été énormes. Selon les autorités académiques, les conditions actuelles à l’université de Dakar ne permettent toujours pas une reprise des cours malgré les exigences des étudiants qui sont déjà en mouvement et qui menacent de paralyser tout le système éducatif national si cette université et son campus social ne sont pas rouverts. Or, les autorités n’entendent pas céder à la pression des étudiants qui ont annoncé la couleur en délogeant des écoles à Dakar, Diourbel, Kaolack...
Selon le recteur de l’Ucad, Pr Amadou Aly Mbaye, «la réouverture de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar n’est pas à l’ordre du jour contrairement à ce qui a été annoncée». Les assises de l’université de Dakar se tiennent depuis deux jours mais, a-t-il assuré, «la réouverture n’est pas à l’ordre du jour».
Soutenant que cet établissement d’enseignement supérieur a été confisqué, il estime qu’il faut faire en sorte aujourd’hui qu’elle puisse retrouver sa vocation première, c’est-à-dire être un lieu d’enseignement bien sécurisé. «Ces assises ont été convoquées par le recteur après avis du conseil académique autour d’un certain nombre de points. Le premier est relatif à la nécessité d’une plus grande imbrication dans la formation. L’Ucad ne peut pas rester à la marge des évolutions pédagogiques que tout le monde connait. Nous sommes une grande université, aussi reconnue partout à travers le monde comme étant une très grande université. Nous ne devons pas dormir sur nos lauriers. Nous devons faire comme toutes les grandes universités, et entrer de plain-pied dans la modernité. Il faut aussi réfléchir sur les questions de sécurité. Je crois que ce qui se passe à l’Ucad, dans beaucoup de domaines et surtout dans le domaine social, dépasse l’entendement. Une fois, le New York Times a fait un reportage sur le campus social de l’Ucad. Tous les acteurs et tous les diplômés de l’Ucad ont été embarrassés. Cela avait révélé à la face du monde quelque chose qui nous fait honte et nous devons faire face à la réalité. On ne peut plus avoir une institution où les étudiants sont à 10 dans une chambre. Ce n’est pas possible. Il faut qu’on réfléchisse à tout ça. Les conditions de sécurité, les résidents de l’Ucad qui ne sont pas des étudiants, les trafics de toutes sortes autour du Coud et qui sont un champ fertile à ce qui nous est arrivé la fois passée… il faut qu’on réfléchisse à tout ça», a insisté le Pr Amadou Aly Mbaye.
Persistant et signant, le recteur indique que «tous les membres du Conseil académique sont là. Ce n’est pas statutaire, c’est de nature à prendre des décisions. L’université n’a jamais été fermée. Nous sommes passés du dispositif présentiel à celui distanciel. Il faut l’introduction des modules transversaux et la sécurité. Il s’agit de les soumettre aux différents acteurs. Il ne s’agit pas de prendre des décisions sur les activités étant donné que l’université n’a jamais été fermée ».
Pour sa part, le directeur du Coud (Centre des œuvres universitaires de Dakar), M. Maguette Sène, pense que la réouverture du campus social pourrait se faire en janvier. Mais si et seulement si le climat social est apaisé, si la situation le permet et si les travaux sont bouclés. «Il n’est pas question aujourd’hui de réouverture du campus. Il est plutôt question de la mise en œuvre d’un ensemble de mesures qui ont été arrêtées soit par le conseil académique de l’université soit par le conseil d’administration du Coud. Des mesures qui vont dans le sens de préparer la réouverture. Il ne s’agit pas d’ouvrir pour ouvrir mais ouvrir à quelles conditions ! Si on doit ouvrir dans les mêmes conditions qu’on avait fermé le 01er juin, cela veut dire qu’on n’a même pas besoin de rouvrir parce qu’on va fermer à nouveau. Mais ouvrir en prenant la responsabilité de prendre les mesures de sécurité qui s’imposent, faire de telle sorte que, lorsqu’on va rouvrir, qu’il y ait le climat social qu’il faut pour les études. C’est ce qui est le plus important. Parce qu’il ne s’agit pas de faire dans le cosmétique, il est plutôt question de faire des choses viables. L’université a été profondément atteinte, des choses inadmissibles ont été faites dans l’espace universitaire. Il est de notre responsabilité d’y aller avec froideur et de dire qu’on va ouvrir parce que l’université n’a pas été faite pour fermer. Mais pour ouvrir, il y a des mesures à prendre. La sécurité va être renforcée. Le contrôle aux accès doit être règlementé. Les questions d’hébergement doivent être assainies. En tout cas, l’environnement social et pédagogique doit être amélioré de sorte que, lorsque les cours reprendront, on soit sûr que l’espace sera apaisé et qu’on ne va pas ouvrir pour fermer à nouveau».
M. Sène précise que le délai de deux mois annoncé a été très mal interprété. «A l’occasion du conseil d’administration, les gens m’ont demandé si l’ensemble de ces mesures je pense les mettre en œuvre. Je leur ai dit que je suis spécialiste en passation des marchés. Que les procédures normales de passation des marchés pourraient nous prendre six mois. Mais, avec la sensibilité de la question et l’urgence de la réouverture, avec les services compétents du ministère des Finances, notamment la Dcmp, on pourrait avoir des procédures d’urgence. Un raccourci qui devrait nous permettre de pouvoir tout boucler dans un délai minimum ou maximum de deux mois» a confié en conclusion le directeur du Coud, M. Maguette Sène.
ENSEIGNEMENT EN LIGNE, LE CAS UVS DU SENEGAL CITE EN EXEMPLE
Des pays africains veulent s’inspire du modèle sénégalais d’enseignement à distance, a confié le recteur de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex-Université virtuelle du Sénégal, UVS).
Dakar, 26 oct (APS) – Des pays africains veulent s’inspire du modèle sénégalais d’enseignement à distance, a confié le recteur de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex-Université virtuelle du Sénégal, UVS).
»La plupart des pays africains sont en train de s’inspirer du modèle sénégalais de l’université virtuelle’’, a déclaré le professeur Mousso Lo qui était l’invité de la rédaction de l’Agence de presse sénégalaise (APS).
»C’est le cas de la Cote d’Ivoire, du Burkina qui est même allé plus loin que la Cote d’Ivoire qui a entamé la construction des Espaces numériques ouverts ENO. Il y a le Gabon, le Mali, le Niger qui n’a pas encore démarré, et le Congo’’, a-t-il ajouté.
L’Université numérique Cheikh Hamidou Kane a un rôle »de leader à jouer » dans ce réseau, selon M. Lô, estimant aussi que »c’est une occasion pour partager des expériences ».
Selon lui, »il y a des choses qu’on arrive à faire peut-être mieux ici qu’en Côte d’Ivoire, Mali ou vice versa ou l’inverse ».
‘’Il s’agit de voir ce qui se fait de mieux quelque part de le copier pour que les autres puissent s’en inspirer. On est dans cette dynamique-là’’, a-t-il renchéri.
»'(…). Nous avons déjà une convention signée avec l’université virtuelle de la Cote d’Ivoire, une convention avec celle du Burkina. Nous sommes en train de travailler vers un réseau beaucoup plus large d’une université virtuelle francophone pour pouvoir partager des expériences’’, a dit Pr Moussa Lo.
MAGUETTE SENE LISTE LES CONDITIONS
Invité de l’émission «Kenu askan wi» sur iTv, le Directeur du Coud a listé les conditions sécuritaires pour une réouverture des campus.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) n’est pas encore prête pour accueillir les étudiants et les professeurs qui réclament la reprise des cours.
Invité de l’émission «Kenu askan wi» sur iTv, le Directeur du Coud a listé les conditions sécuritaires pour une réouverture des campus.
«On ne peut pas quand même retourner au niveau du campus social en faisant fi de ces évènements (Ndlr : les violences liées à l’affaire Sonko en juin dernier). Il faut de nouvelles cartes du Coud qui sont basées sur les inscriptions en cours qui permettent d’assainir et de s’assurer que ceux qui entrent dans ce campus sont réellement des étudiants. Ces cartes permettront d’accéder aux restaurants. Et pour certains petits pavillons, on va expérimenter ces cartes qui permettront même d’ouvrir les chambres des étudiants», a expliqué Maguette Sène. Avant de noter que les travaux sont en cours d’exécution. «C’est à partir du 1er septembre que nous avons démarré les travaux de reconstruction. Et aujourd’hui, on est à hauteur de 70%», a-t-il précisé
LES CHOSES SEMBLENT ÊTRE PRÊTES, MAIS NE LE SONT PAS
La réouverture des campus de l’Ucad est renvoyée aux calendes grecques. Mais, toute la communauté, selon le médiateur à l’Ucad, souhaite que le temple du savoir reprenne ses services.
La réouverture des campus de l’Ucad est renvoyée aux calendes grecques. Mais, toute la communauté, selon le médiateur à l’Ucad, souhaite que le temple du savoir reprenne ses services. « C’est vrai que nous n’avons pas de pouvoir coercitif sur le directeur du Coud, encore moins la possibilité de dire immédiatement de rouvrir le campus social. Mais, c’est le vœu de toute la communauté universitaire que les choses reviennent à la normale », a dit le professeur Ndiassé Diop.
Le Médiateur était l’invité de Iradio. Revenant sur la situation qui prévaut à l’Ucad, l’enseignant-chercheur, qui appelle les étudiants au calme, estime que même si les étudiants réclament la clé, l’université n’est pas prête à ouvrir un campus et fermer l’autre. « La situation qui nous est faite aujourd’hui est qu’au niveau du campus pédagogique, les choses semblent être prêtes, mais ne le sont pas. Même si le recteur n’a jamais cessé de se battre pour que la réouverture soit faite au mois d’octobre », a dit Pr Diop.
1079 ENSEIGNANTS SONT PARTIS A LA RETRAITE CETTE ANNEE»
Mbaye Sarr, Secrétaire général national du Syndicat autonome pour le développement de l’éducation et de la formation (Sadef), revient ici sur les maux dont souffre l’école publique, notamment le déficit d’enseignants.
Recueillis par Amadou MBODJI |
Publication 25/10/2023
Mbaye Sarr, Secrétaire général national du Syndicat autonome pour le développement de l’éducation et de la formation (Sadef), revient ici sur les maux dont souffre l’école publique, notamment le déficit d’enseignants. Il réclame la réforme des enseignements avec l’introduction de l’enseignement professionnel au niveau de l’école publique. Le syndicaliste s’exprimait samedi en marge du Conseil syndical national que le Sadef organisait et dont le thème est : «L’école publique sénégalaise à la croisée des chemins. Quelles perspectives pour relever le défi de l’accès à l’échelle sociale ?»
Parlez-nous du Conseil syndical national que vous avez organisé ce samedi et qui est axé sur l’école publique ?
Nous avons décidé de tenir un Conseil syndical national comme nous avons l’habitude de faire en de pareilles circonstances. C’est une instance de bilan, mais également une instance où des perspectives seront dégagées. Après l’année scolaire 2022-2023, il va falloir que nous fassions le bilan. Et ensuite dégager des perspectives pour cette année scolaire 2023-2024. Et au courant du conseil, nous avons débattu autour du thème : «L’école publique sénégalaise à la croisée des chemins. Quelles perspectives pour relever le défi de l’accès à l’échelle sociale ?» Parce qu’aujourd’hui l’accès à l’échelle sociale reste et demeure un défi majeur.
En quoi l’accès à l’échelle sociale reste un défi en parlant de l’école publique ?
Nous sommes dans une école qui est à la croisée des chemins. Elle ne produit pas les résultats escomptés dans la mesure où le système d’enseignement, qui est appliqué depuis toujours, ne permet pas au jeune de trouver un emploi conséquent lui permettant d’accéder à l’échelle sociale. Et c’est vrai qu’on me dira quelque part qu’il y a des diplômés. L’école, c’est vrai, a connu des diplômés, beaucoup de diplômés d’ailleurs, mais ces diplômés n’arrivent pas à trouver une insertion dans le milieu du travail parce dépourvus de qualification professionnelle. Et certains même conduisent des Jakarta avec leur Master 2 en bandoulière. D’autres également trouvent le chemin d’arpenter la mer pour aller se suicider au grand dam de leur famille, de la société et de l’Etat en tant que tel. Et nous en tant que responsables de syndicat, acteurs du système, nous ne pouvons pas voir cette situation continuer, et c’est pourquoi nous avons posé le débat pour que le défi soit relevé.
En quoi faisant ?
Pour permettre aux jeunes d’accéder à l’échelle sociale, nous pensons qu’il urge pour l’Etat du Sénégal d’enclencher des stratégies de transformation appropriées. L’école publique doit être transformée, le modèle d’enseignement que nous avons actuellement doit subir une transformation. Il va falloir mettre le modèle de formation professionnelle parce qu’avec ce modèle, on peut trouver un métier, avoir un emploi, et par conséquent, être utile à la société et régler ses problèmes. Etre diplômé, et en fin de compte rien du tout, ne me paraît pas opportun parce que pour moi la finalité du développement humain, c’est de permettre à la personne d’accéder à l’échelle sociale. Alors si une personne étudie, obtient des diplômes et ne parvient pas à intégrer l’échelle sociale, cela pose problème. Et donc tout le temps qu’il a pu faire à l’école jusqu’au doctorat ne sert absolument à rien pour moi. Il faut très tôt mettre un modèle qui permet aux jeunes sénégalais, au bout d’un certain temps, d’avoir des prérequis disponibles, d’avoir un métier et d’être insérés dans le circuit économique, et comme ça, ils pourraient eux-mêmes s’auto-développer et développer le Sénégal. C’est ce modèle-là que nous préconisons, et voilà pourquoi nous demandons à ce que le système soit transformé. Que l’on quitte carrément le modèle d’enseignement général pour aller directement vers le modèle de formation professionnelle, afin de renverser le paradigme et faire que ces élèves-là soient mieux outillés. Voilà le conseil que nous avons préconisé.
Il y a beaucoup de préalables avant d’arriver à ce que vous préconisez…
Maintenant, tout ceci ne pourra être fait que quand l’Etat du Sénégal mettra les moyens qu’il faut pour asseoir cette politique éducative, mais également garantir la stabilité des enseignements-apprentissages. C’est une condition sine qua non pour la stabilité du système, et on ne peut pas voir des enseignants décisionnaires croupir encore dans des situations, les chargés de cours qui peinent encore à aller à la Fastef. Il s’y ajoute le goulot qui étrangle le système : le manque de tables-bancs, des effectifs pléthoriques, les abris provisoires. Ça également, ce sont les goulots qui étranglent le développement du système, et il faudrait que toutes ces questions soient sérieusement prises en compte par l’Etat ; sans quoi nous n’écartons pas de déposer un préavis et d’aller en action. Parce que notre objectif, c’est de faire en sorte que l’école publique se développe, qu’elle soit accueillante, qu’elle soit une école de qualité, une école de la réussite. C’est ça notre vocation.
L’école publique est notre outil de travail, on ne peut pas regarder cet outil péricliter. Il faut sauvegarder l’outil, le protéger, permettre à l’outil d’être là pour nous permettre d’exister. C’est ce travail que nous sommes en train de faire.
Comment expliquez-vous le déficit d’enseignants dont le Sénégal souffre actuellement ?
Vous savez, il y a un déficit criard qui est là. Ce déficit émane de deux raisons : il y a d’abord les régions périphériques, notamment Matam, Kédougou, Tamba, Sédhiou, Kolda, Ziguinchor, qui, chaque année, sont dégarnies parce que les enseignants qui y sont cherchent à se rapprocher de Dakar, de Thiès et Kaolack pour d’autres objectifs qu’ils ont par rapport à leur développement personnel. Et en quittant ces milieux, ils laissent un vide là-bas, et il n’y a pas un recrutement conséquent pour le combler. Ça, c’est un fait qui est là. Il y a, également avec le développement de l’école, des villages où l’école doit exister avec la création de collèges, d’écoles élémentaires, de nouveaux lycées ; cela nécessite encore de nouveaux enseignants. Comme il n’y a pas un recrutement conséquent, le déficit se creuse.
Le départ de beaucoup d’enseignants à la retraite a fait plus que creuser ce déficit ?
Si vous ajoutez 1079 enseignants qui sont partis à la retraite cette année et il y a plus de mille enseignants aussi appelés à d’autres fonctions dans l’Administration, sans compter les trois cents (300) enseignants décédés, ça aussi, c’est un gap qui est là, qu’il va falloir combler, plus le gap naturel. Voilà ce qui explique le déficit.
S’il y a des enseignants qui abandonnent la craie pour aller en Europe, d’autres passent par l’émigration irrégulière pour concrétiser leur rêve ?
Hier (vendredi) seulement, il y a un enseignant qui m’a appelé, il dit qu’il est en France, il préfère rester là-bas parce que ce qu’il gagne, il ne peut pas le gagner au Sénégal. Il y a des enseignants qui tentent l’émigration et qui abandonnent. Je n’ai pas encore le nombre. Véritablement, c’est un problème.
Parmi ces enseignants, on a appris qu’il y a certains qui préfèrent rejoindre l’Espagne pour travailler dans les plantations ?
Bien sûr ! Ils sont partis en Espagne dans les plantations, c’est dégradant en tant qu’intellectuel. Mais c’est par rapport au poids social, à la situation économique et sociale du pays. Les conditions de vie sont dures et maintenant ils ne cherchent qu’à aller ailleurs pour trouver un léger mieux.
MATAM, UNE RENTREE SCOLAIRE MOUVEMENTEE
Enseignants agressés et insultés par leurs élèves, mutation…20 jours seulement après l’ouverture des classes, les collèges et lycées de la région de Matam ont été paralysés par un débrayage ce lundi à 9 heures et le mardi 10 pour une grève totale
Bés Bi le Jour |
Demba NIANG |
Publication 25/10/2023
C’est un début d’année scolaire mouvementé dans la région de Matam. Un enseignant muté, d’autres agressés par leurs propres élèves qui n’ont pas digéré leur exclusion… les plaintes et complaintes se multiplient. Et les syndicalistes ont averti avec deux jours de grève.
20 jours seulement après l’ouverture des classes, les collèges et lycées de la région de Matam ont été paralysés par un débrayage ce lundi à 9 heures et le mardi 10 pour une grève totale. Un mot d’ordre de grève décrété par l’intersyndicale Cusem/Saemss. Les deux syndicats n’ont pas digéré la mutation de l’enseignant El Hadji Dièye en service à Younouféré, dans le département de Ranérou, pour «nécessité de service» au collège de Thilogne. L’autre problème est que l’inspecteur d’académie, Mbaye Babou, après avoir réglé le problème des élèves exclus du lycée, croyait profiter du redéploiement d’enseignants pour parer au déficit dans les collèges et lycées de la région. Les enseignants du Moyen secondaire qui ont passé moins d’un mois à l’école rencontrent plusieurs problèmes.
Dans la nuit du jeudi dernier, partis acheter le dîner, des enseignants du lycée d’Agnam Civol ont été agressés par des élèves exclus. Les professeurs s’en sont sortis avec des blessures. Le lendemain les cours ont été suspendus au lycée et les enseignants ont déposé une plainte contre leurs agresseurs qu’ils avaient identifiés. Comme le malheur des enseignants de Agnam ne vient pas seul, le surveillant général du collège d’Agnam reçoit des injures publiques de la part d’un élève de 6ème qui venait de redoubler la classe pour la deuxième fois. L’élève qui n’a pas nié les faits est en garde à vue à la brigade de gendarmerie des Agnam depuis samedi et ses parents avaient pris d’assaut la maison du surveillant général. Écœurés par tous ses cas d’indiscipline, les enseignants du Moyen-secondaire ne comptent pas lâcher l’affaire jusqu’au retour de leur collègue à son poste à Younouféré et le jugement des agresseurs et insulteurs de leurs collègues des Agnam.
«LE CURRICULA ET LA FORMATION DES ENSEIGNANTS DOIVENT ETRE REVISES»
Pape Boubacar Kama, secrétaire général national de la Coordination nationale des enseignants engagés pour un meilleur système (Coneems), revient sur la prise en charge de l’éducation nationale
L’année académique 2023-2024 a ouvert ses portes. Dans plusieurs localités du pays, les enseignants peinent à mettre en œuvre le programme du fait de plusieurs paramètres. Dans cet entretien avec Pape Boubacar Kama, secrétaire général national de la Coordination nationale des enseignants engagés pour un meilleur système (Coneems), revient sur la prise en charge de l’éducation nationale. Selon lui, le curricula, tout comme la formation des enseignants, doit être révisé afin de rehausser le niveau de l’enseignant dans le public, tout en demandant l’équité pour tous les élèves en matière de documentation. Entretien…..
Quels sont l’objectif principal de votre syndicat ?
C’est un peu tiré les problèmes innombrables dans l’éducation. Au moment où on faisait la réforme en 2012 pour relever le niveau de recrutement des enseignants au niveau de l’élémentaire et le rehausser au niveau du Bac, il y avait un problème concernant ces enseignants qui ne pouvaient pas intégrer la fonction publique. Il n’y avait pas un décret d’accompagnement pouvant permettre aux enseignants recrutés d’intégrer la fonction publique. Deux voire trois ans après, ces derniers ne savaient pas à quel saint se vouer. Nous avons mis en place une structure qu’on appelait collectif des élèves maitres et ensuite, nous l’avons muté en syndicat parce qu’il devait y avoir un décret accompagnant cette réforme qui vise maintenant à non plus recruter des volontaires de l’éducation mais des élèves maitres faisant neuf mois de formation au niveau des centres régionaux de formation de l’éducation.
Cette préoccupation est-elle prise en charge ?
Cette préoccupation a été prise en charge parce que le décret a été signé. Aujourd’hui, tous les enseignants sortant de ces Centres régionaux de Formation des personnels de l’éducation (CRFPE) peuvent actuellement intégrer la fonction publique. Le décret a été signé mais les problèmes demeurent toujours. Hormis le recrutement qui a été relevé au niveau du Bac, nous constatons que ces enseignants n’ont pas assez de formation. Il s’y ajoute un autre examen qui les attend dans les salles de classes et qui pouvait être fait au niveau des centres pour un peu rallonger la formation à deux années pour pouvoir prendre en charge cet examen. Cette démarche aura permis à l’enseignant qui sort de cette formation d’avoir son Cap au lieu d’attendre cinq voire six ans après la formation initiale.
Des enseignants continuent de réclamer des formations ?
Il y a les cinq mille enseignants qui ont été recrutés pour combler le gap et qui n’ont pas reçu de formation. Ils sont injectés directement dans les salles de classes alors qu’ils avaient besoin de formation pour au moins tenir des classes. Il s’y ajoute aussi d’autres enseignants qui sont pris au niveau de l’élémentaire et qui aujourd’hui évoluent dans le moyen secondaire. Appelés des chargés de cours, ils ont eux aussi besoin de formation pour la poursuite de leur carrière. Ces enseignants-là combinés, réclament ce qu’on appelle la formation. Il y a certains d’entre eux parmi les cinq mille enseignants qui ont reçu une formation mais jusqu’à présent, ne parviennent pas à régulariser leur situation, d’autres attendent toujours une formation au niveau de la Fastef pour pouvoir avoir un plan de carrière bien ficelé.
Quelles solutions pour dépasser ces problèmes de formation ?
Ce qui peut régler cette problématique des enseignants après être sortis des CRFPE, c’est de rallonger de deux ans cette formation au niveau de ce dit centre. A cet effet, l’enseignant sort avec son Cap pratique et en ce moment, il pourra poursuivre sa carrière au niveau de la fonction publique. Nous n’aurons plus à passer par un examen inspecté par un inspecteur de l’éducation nationale dans les salles de classe du moment que ces derniers sont en manque dans toutes les académies et dans toutes les Ief. C’est une manière de permettre aussi à ces lenteurs administratives de disparaitre complètement du système parce que l‘enseignant n’aura plus à attendre un inspecteur pendant six sept et dix ans pour l’inspecter au Cap ensuite attendre un examen, un arrêté puis un acte qui dépendra du ministère de l’Education.
Qu’en est-il des enseignants décisionnaires ?
Cette problématique peut être analysée sous plusieurs angles. Il y a un manque notoire d’aménagement au niveau de l’Etat, on n’a pas fini avec ce problème qui ne dépend pas de l’enseignant proprement dit. Beaucoup d’enseignants décisionnaires n’ont rien fait pour mériter le sort qui leur est accordé. La raison fait que les lenteurs administratives ont créé beaucoup de décisionnaires à cause de l’âge requis pour entrer dans la fonction publique. Ils avaient l’âge d’entrer dans la fonction publique mais à force de subir les lenteurs administratives des examens, des passages entre autres, l’enseignant fini par être âgé et il ne peut plus entrer dans la fonction publique et on finit par le reclasser comme décisionnaire. Ce qui est tout à fait une injustice. Maintenant, pour en finir avec ce problème, l’Etat avait conclu avec les syndicats de passer à la vitesse supérieure avec un décret qui permettrait à ces derniers de pouvoir au moins réguler leur situation. Mais, il y a un manque notoire d’engagement à la réalisation de cet engagement entre le gouvernement et les syndicats.
Le problème des décisionnaires est-elle sur la table des négociations ?
Le problème des décisionnaires a été évoqué lors des dernières négociations et avait trouvé une issue heureuse. A chaque fois qu’on signe un protocole d’accord, le gouvernement tarde à le matérialiser. Il ne signe que des protocoles d’accord ou la matérialisation reste à désirer parce que ce sont juste quelques points qui sont pris en charge. C’est un problème lancinant qu’il faut dépasser aujourd’hui.
La rémunération des enseignants fait que beaucoup de personnes veulent enseigner ?
Il y a des avancées considérables qu’il ne faut pas nier. Sachant ce qu’était et ce qu’il est maintenant, beaucoup de personnes sont prêt à engager l’enseignement. Mais, je pense que la plupart l’engage par conviction. Mais la rémunération au niveau de l’élémentaire et du préscolaire reste à désirer ? Il y a un travail à faire surtout pour les enseignants de l’élémentaire et du préscolaire. Ils ont le plus gros travail de cette formation des enfants mais ils bénéficient peu du traitement salarial et même du programme.
Comment jugez-vous la qualité de l’enseignement au Sénégal ?
Je dirais de prime abord que l’éducation nationale est mal prise en charge. Elle n’est pas une priorité pour cette politique gouvernementale. On ne peut pas faire une priorité quelque chose et la reléguer toujours au second plan. C’est vrai que nous entendons tout le temps parler de l’injection de milliards dans l’éducation mais nous peinons à voir les résultats. Au moment où je vous parle, nous sommes en plein rentrée scolaire mais toutes les écoles n’ont pas repris le chemin. Il y a certaines qui sont sous les eaux, d’autres qui ne sont pas fonctionnelles. Donc je pense que la prise en charge de l‘éducation nationale reste à désirer.
La performance de l’école publique semble en déclin ?
Cela mérite beaucoup de réflexion. Il va de soi de ses programmes qui sont aujourd’hui révisés. Avec la réforme de Serigne Mbaye Thiam, du recrutement d’enseignant par le niveau du Bac, nous avions constaté une évolution par rapport au niveau des élèves mais de plus en plus aussi nous assistons à une réintégration d’enseignants dont les cinq mille recrutés dans la fonction publique dont d’autres ont eu la chance de passer par les écoles privées et ont eu un diplôme qui leur permet aujourd’hui de tenir une classe. Par contre, ils sont nombreux ceux qui ne l’ont jamais et n’ont pas bénéficié de formation. Tous ces paramètres participent à une baisse du niveau. Autre chose aussi, nous avons toujours des effectifs pléthoriques dans les salles de classes surtout dans le public. Vous imaginez, nous avons un manque de huit mille enseignants. Dans les localités les plus reculées où il y a un manque d’enseignants, il y a deux salles de classes qui sont combinées pour être multigrade ou double flux avec un même enseignant. Tous ces paramètres pris en compte, on ne peut pas avoir un niveau qui est comparable au privé. Dans le public, dans les coins les plus reculés, vous ne trouverez même pas de document qui peut aider l’élève à progresser alors que le privé, c’est une exigence.
Quelle lecture en termes des résultats dans les concours ?
En termes de résultats, quand on regarde une école privée qui a dix élèves au Cm2, on dit cent pour cent comparé aux deux-cent élèves qui sont dans le public, on dit 50%. On a l‘impression que beaucoup d’élèves ont réussi dans le privé alors que plus d’élèves ont réussi dans le public.
Quid du curricula ?
C’est un programme qui est mis à la disposition des enseignements mais qui a beaucoup de choses à corriger par rapport au contenu, à la méthode mais aussi à la situation actuelle de l’éducation. Si le curriculum n’est pas accompagné de tout ce qui est nécessaire en termes de documentation, de livres, je pense que d’aucuns des élèves n’auront pas cette possibilité de pouvoir apprendre correctement en fonction de ce que le curriculum demande et de ce fait, il n’y aura pas équité car dans le curricula, il est prévu l’équité. Il est tant que le curricula soit revu pour mieux s’adapter et mieux programmer la politique éducative qui doit fonder le citoyen modèle dont le Sénégal a besoin.
Oubi tey jang tey toujours à l’épreuve ?
Ce sera très difficile de le faire parce que comme je l’ai dit tantôt, le gouvernement injecte certes des milliards mais on tarde vraiment à avoir les résultats à visu pour ces cas-là. Quand vous dites oubi tey jang tey, ça doit être possible dans le territoire national, on doit pouvoir faire Oubi à Dakar alors qu’à Matam, Ziguinchor, on ne peut pas le faire. Cela ne participe pas à l’équité, soit l’école était faite de paille que la saison des pluies a emportée. Oubi tey, pour que ça puisse se matérialiser, il faut de l’accompagnement tant du plan de la construction et de l’élimination des abris provisoires mais aussi de l’accompagnement pour que des écoles qui sont impraticables durant l’hivernage puissent au moins reprendre. Avec les travaux champêtres, l’école est fonctionnelle mais les enfants ne répondent pas.
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LE RÉCIT DE L'HISTOIRE DE L'AFRIQUE EST ENCORE INVISIBILISÉ
L'historien sénégalais Mamadou Diouf, enseignant à l'université Columbia de New York, vient de publier L'Afrique dans le temps du monde. Un essai dans lequel il montre l'étendue du regard africain et afro-américain sur l'histoire africaine - ENTRETIEN
L'historien sénégalais Mamadou Diouf, qui enseigne à la prestigieuse université Columbia de New York, vient de publier L'Afrique dans le temps du monde. Un essai dans lequel il montre l'étendue du regard africain et afro-américain sur l'histoire africaine. Entretien.