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26 avril 2025
Culture
par Ibrahima Thioye
VIDEO
AMY COLLÉ DIENG A VENGÉ LES SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Combien de fois Youssou Ndour a-t-il mis des Sénégalais en transe ou déclenché des frissons chez nous tous ? Lors du Grand Bal du 31 décembre 2020, c’est Amy Collé, sa « fille », qui nous venge en l’« emmenant chez Ardo »
Ce texte fait suite au visionnage de la vidéo YouTube du duo Youssou Ndour-Amy Collé Dieng extraite du Grand Bal du 31 décembre 2020.
Youssou a laissé une bonne place à Amy Collé (à partir de 5 min 23). Le résultat est un chef-d’œuvre de mbalax. En l’examinant de près, on y découvre des réactions émotionnelles ou instinctives insoupçonnées et croustillantes.
Mbaye Dieye Faye, l’homme jovial, nous montre qu’il est très sensible. Il avait les larmes dans la voix en évoquant les décès récents de Balla Gaye et de Doudou Seck. Youssou Ndour, majestueux dans la première partie, a tremblé de tout son corps au moment où Amy Collé lui faisait des éloges (à partir de 7 min 34, sur 1 seconde). C’est comme s’il avait reçu une décharge électrique. À partir de 8 min 00 et sur une période de 45 secondes pendant laquelle Amy Collé le compare au meilleur des étalons d’une course de chevaux, on dirait un homme en transe qui ne sait plus où il met les pieds.
Combien de fois Youssou a-t-il mis des Sénégalais en transe ou déclenché des frissons chez nous tous ? Cette fois-ci, c’est Amy Collé, sa « fille », qui nous venge en l’« emmenant chez Ardo ». Assane Thiam et Jimmy sont les rares qui sont au courant du « traitement » infligé à leur boss par Amy Collé. Je crois qu’il le leur a avoué par autodérision ; Youssou ne peut pas manquer d’humour avec ses musiciens dont certains sont devenus des « potes » de plus 40 ans de vie commune.
Mbaye Dieye Faye
Mbaye Dieye Faye est un as de l’animation. Il a étalé toute sa classe. Il sait créer la bonne ambiance. Il a accueilli Amy avec des compliments et l’a soutenue durant toute la chanson avec des « ndeysane » et des « lahilaha ihlala ». Il sait recadrer en y mettant la manière. Il demande gentiment à Amy de se dresser face à la caméra, car le monde entier est en train de la regarder.
On note chez Mbaye Dieye une grosse sensibilité ; à un moment, l’émotion lui a étranglé la voix. C’est quand il a évoqué le nom d’Ibou Ndiaye Niokhobaye en rendant hommage aux deux disparus (Balla Gaye et Doudou Seck). Il s’est ressaisi très vite en tendant la perche à Youssou Ndour. Quand il dit « ndeysane » ou « lahilaha ihlala », je crois qu’il exprime sincèrement un sentiment d’admiration.
Youssou Ndour
Youssou Ndour, l’artiste planétaire, mêle art et efficacité. C’est un artiste leader. Il a une très belle voix et il sait puiser dans le répertoire musical traditionnel wolof, qui est très riche. Dans ce titre, on retrouve des classiques : « Socé Demba Majiguène, Thieyacine Demba ak Mar », « Bismilahi ñoo ngi door ree », « Gawlo Jamm nga yendo, jamm nga fanane ».
Très rigoureux, dès l’entame de la prestation d’Amy, il lui indique du doigt de se mettre face à la caméra. On voit également que c’est d’une main de maître qu’il supervise le travail collectif. Il donne des directives précises, suivies par les membres de l’orchestre.
Je crois qu’il a été touché par les éloges d’Amy Collé. Celle-ci a commencé en rappelant son identité et les liens historiques qui les lient. À 7 min 28 précises, elle entonne dans une envolée sublime : « Majiguèèèène Ndouuuur, Ndeye Soxnay sa yaye » ; Youssou met sa main gauche sur son nez, comme par pudeur ou kersa. Lorsqu’elle ajoute « Elimanay sa Baye », il tremble de tout son corps pendant une seconde, entre 7 min 34 et 7 min 35. C’est peut-être cela qu’Elhadji Mansour Mbaye appelle « yaram bouy daw ». Pour masquer cela, il se met à danser. À partir de 8 min 00, Amy Collé est toujours dans sa lancée élogieuse, entrecoupée d’un vrai solo des trois percussionnistes, en comparant Youssou Ndour au meilleur des étalons. Sur une période de 45 secondes à partir de 8 min 00, on dirait un homme en transe qui ne sait plus où il met les pieds. Il ne danse pas, il ne marche pas, il titube.
À 9 min 00, Youssou s’entretient avec Assane Thiam et Jimmy Mbaye. Sans pouvoir l’attester avec certitude, je crois qu’il leur a dit que la petite l’a vraiment touché (qu’elle l’a emmené chez Ardo). Ces derniers commencent à rigoler, mais vers 9 min 07, au moment où Amy entonne « Ndeye Soxna Mboupay sa yaye », Assane et Jimmy se tordent de rire, comme pour dire : « Mais elle va le tuer… ».
Le cas échéant, ce monsieur serait d’une grande maturité, car accepter sa vulnérabilité et en rire avec les autres est simplement un signe de sagesse. À partir de 9 min 23, on note une reprise en main de la situation par Youssou Ndour. Cela également est une marque d’élévation : je tombe, mais je me relève vite. L’homme dont Néneh Cherry disait qu’en l’écoutant, elle avait la chair de poule, est aussi vulnérable que nous tous.
À partir de 10 min 08, Amy étale une autre dimension de son art. Elle y reprend « Ndeye Soxna Mboup moy sa yaye kou la ci way nga contane ». Jimmy Mbaye acquiesce comme pour dire : « Tu ne sais même pas combien tu as raison ». Elle y évoque également son amour du Prophète. Là, Youssou est au comble du bonheur (voir la position à 10 min 39). Et toujours dans la même lancée, et de façon très affectueuse, elle entonne : « Yaye sama Baye, so mané wayal ma waye ».
Mais vers 11 minutes, il s’est passé quelque chose qui mérite l’attention. Amy entonne « Art bi dafa yatou lol… » ; Youssou devait assurer les chœurs, mais rien ne sort du micro. Est-ce une étreinte émotionnelle ? Est-ce un problème du micro ? Est-ce le souhait de la star planétaire de laisser le maximum de place à Amy Collé ? Je penche plus pour un problème technique, car le micro s’active subitement quelques minutes plus tard. Jimmy Mbaye, comprenant la difficulté sur les chœurs, s’adresse aux choristes pour leur demander d’élever la voix.
Amy Collé Dieng
Amy Collé Dieng est une muse poussée par son côté émotionnel visiblement très développé, sa sensibilité et un lyrisme exceptionnel. Sa voix est magnifique, puissante, touchante et on sent qu’elle est complètement connectée à son cœur. Elle est une fan inconditionnelle de Youssou et dans ce duo (ou trio), en s’appuyant sur cette chanson, « Léteuma », elle fait l’éloge de son idole. Le résultat est époustouflant et très émouvant. Elle est incontestablement la star sur ce son et c’est certainement ainsi que Youssou l’a voulu.
Elle est accueillie comme une reine par Youssou et Mbaye Dieye Faye. Elle est authentique, naturelle et son corps est en accord parfait avec la musique du début à la fin. Quand elle lance son « Majiguèèèène… », tout son corps accompagne l’expression vocale. Idem quand elle lui indique son attachement au Prophète. Ne dit-elle pas que le vrai amour est éternel, sinon ce n’est pas de l’amour ? Tout cela dégage une beauté exquise.
Il lui est très difficile de respecter cette consigne de se mettre face à la caméra, car elle se soucie plus du moment agréable qu’elle est en train de passer devant son idole. Mais aussi, on est plus à l’aise en face d’une personne à qui on adresse des éloges. La réplique qu’elle apporte à Mbaye Dieye Faye, qui lui demande de se mettre en face de la caméra, est simplement belle, touchante, et subtile : « Wayé Diakarlo ak mome damay nekh ».
On aurait dû trouver une autre caméra qui serait fixée sur Youssou et dont l’image serait derrière les autres caméras. Amy aurait été beaucoup plus à l’aise. Les téléspectateurs sénégalais seront indulgents, car ils comprendront certainement la position d’Amy. On aurait dû également lui procurer le type de micro que porte Mbaye Dieye. Amy est très expressive et elle a besoin de tout son corps pour chanter. Voyez sa position à 9 min 54, les deux mains sont soulevées ; on dirait qu’elle est au sommet du bonheur.
Très contente à la fin, elle l’a exprimé ainsi : « Kou contanoul contanna nax mangi fi ci Youssou Marie Sene ». Je crois que c’est la note la plus touchante de ce duo. Youssou montre son admiration en soulevant la main gauche. Il l’avait fait quand Amy Collé entonnait son : « Eéééééhhhh, Eééééééh deglou lene ma… ». Il m’est très difficile d’interpréter la réaction de Youssou lorsqu’Amy Collé lançait son « Fassou narou gor ». Il a soulevé les deux mains comme pour s’adresser à l’orchestre, histoire de mettre en valeur la voix d’Amy. Mais est-ce simplement cela ? Mbaye Dieye Faye montre son admiration en disant « ndeysane » ; Youssou l’exprime en soulevant la main.
Commentaires/Enseignements
Nous avons assisté à une séance épique entre deux ndananes qui se vouent une admiration réciproque. Sur YouTube, les auteurs des commentaires apprécient cette prestation et magnifient la voix sublime d’Amy Collé. Youssou est une super star reconnue, un géant de la musique mondiale, l’homme des trois générations. C’est pourquoi les esprits se sont focalisés surtout sur Amy et nombreux sont ceux qui demandent à Youssou d’aider cette fille qui est une valeur sûre de la chanson sénégalaise.
Je crois que ce serait une bonne idée de recruter Amy Collé au sein du Super Étoile, en lui offrant un cadre où elle pourra s’exprimer et étaler tout son art, avec des engagements de production régulière (en duo ou en solo) et la possibilité de monter son orchestre personnel d’ici quelques années. Elle pourra compléter sa formation d’artiste sous l’aile protectrice de son mentor et gagner en maturité et en capacité de leadership. Ce serait un excellent cadeau que Youssou ferait au peuple sénégalais, voire au monde entier.
Pourquoi Youssou est-il l’homme des trois générations ? C’est qu’il fait de belles synthèses de sonorités entre ce qu’il y a de mieux dans notre répertoire musical traditionnel et la musique moderne. Le talent artistique ne suffit pas. Youssou est un leader éclairé. Il a cet art de mettre en place des écosystèmes générateurs de valeur. N’ayant plus rien à prouver, il lui revient maintenant de léguer progressivement son patrimoine musical aux plus jeunes, au grand bonheur des mélomanes du monde entier.
J’ai visionné la vidéo à plusieurs reprises sans avoir la certitude sur tous mes propos. Nous sommes des humains, sujets à l’erreur, mais nous sommes également des humains, sujets à la transe et à l’extase depuis la nuit des temps. Et quand notre sensibilité est touchée, chacun l’exprime à sa façon. Les uns pleurent de joie, d’autres ne tiennent plus sur leurs jambes, il y a également ceux qui se dépouillent de tout ce qu’ils ont (argent, bijoux, etc.).
Youssou avait l’habitude de se placer du côté de « l’arroseur ». Cette fois-ci, c’est lui qui est « arrosé » par une fan inconditionnelle qui, peut-être, n’a même pas conscience de ce qui s’est passé. Elle pense qu’elle est la plus heureuse. C’est certainement le cas au niveau de la durée. Amy était toute rayonnante du début à la fin. Mais Majiguène Ndour a atteint des pics de joie dans cette vidéo. Ayant accumulé près de 45 ans d’expérience, il a plus d’une corde à son arc. Je parie que ce titre l’a énormément marqué ce 31 décembre 2020.
JE PENSAIS VRAIMENT MOURIR
Covid, l’actrice Halima Gadji connue sous le nom de Marième Dial, testée positive...
Elle a partagé le mauvaise nouvelle sur son compte Instagram. Halima Gadji connue sous le nom de Marième Dial, a été testée positive à la Covid 19."Hello tout le monde, j’ai chopé le Covid 19 et jusqu’à présent, je suis encore malade. Cette maladie est vraiment sérieuse, je me sentais tellement mal que j’avais du mal à respirer et à me déplace", lâche-elle sur sa story. Dans la deuxième partie de son post, l’actrice sensibilise les Sénégalais: "Faites très attention svp. Ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai pu réellement me sentir bien loin de ma famille. Je pensais vraiment mourir. Faites-vous dépister pour plus d’assurance."
PAYS DE LA DANSE DU VENTRE, EN EGYPTE, LES ETRANGERES DOMINENT LA SCENE
Des passionnées viennent du monde entier, en particulier d’Europe de l’Est et d’Amérique latine, pour pratiquer cet art millénaire en Egypte, considérée comme son lieu de naissance.
Aux alentours de minuit, la danseuse du ventre russe Anastasia Biserova virevolte énergiquement sous les regards captivés des invités d’un mariage au Caire. Vêtue d’un costume vert vif bordé de sequins, elle ondule ses hanches et son étole rose pâle aux rythmes de tambour derbouka, de violon et de synthétiseur d’un petit orchestre, selon une vidéo qu’elle a postée sur les réseaux sociaux. A l’instar de nombreuses danseuses étrangères, celle qui vit en Egypte depuis quatre ans est parvenue à s’y faire un nom. «Aucun pays au monde n’apprécie la danse du ventre comme l’Egypte», confie-t-elle à l’Afp. «Il y a une tendance croissante à inviter des danseuses (…) étrangères aux mariages, dans les discothèques ou à d’autres événements.»
Des passionnées viennent du monde entier, en particulier d’Europe de l’Est et d’Amérique latine, pour pratiquer cet art millénaire en Egypte, considérée comme son lieu de naissance. Elles dominent désormais la scène dans ce pays conservateur. Les danseuses égyptiennes sont de plus en plus rares, en raison de la mauvaise réputation de cette pratique jugée immorale et de la répression croissante menée tous azimuts par les autorités. Et les restrictions dues à la pandémie de coronavirus, notamment l’interdiction des grands rassemblements et la fermeture des discothèques, ont asséné un coup supplémentaire. De nombreuses danseuses ont néanmoins maintenu le lien avec leur public en publiant sur les réseaux sociaux des vidéos de performances filmées pendant le confinement.
Ambivalence
Devenue une vedette des réseaux sociaux ces derniers mois, la Brésilienne Lurdiana a mis du temps à se faire à l’ambivalence des Egyptiens envers son métier. Son art est apprécié, mais elle n’est souvent pas considérée «comme une professionnelle», relève la trentenaire. «Ils croient que je n’ai pas eu une bonne éducation et que je ne fais que montrer mon corps pour de l’argent». La danse du ventre avait pourtant gagné ses lettres de noblesse au début du 20e siècle. Les scènes de danse constituaient un passage obligé pour le cinéma égyptien, immortalisant en noir et blanc des danseuses et actrices légendaires telles Tahia Carioca, Samia Gamal ou Nagwa Fouad. Dina Talaat, l’une des plus grandes danseuses égyptiennes encore en vie âgée aujourd’hui de 55 ans, estimait en 2017 que le «regard de la société» était responsable de la déshérence de cette tradition. Pour Chaza Yéhia, auteure d’un livre sur l’histoire de la danse du ventre, cette discipline n’a jamais été considérée que comme un divertissement que les femmes respectables ne pratiquent pas. Une perception «renforcée par la culture populaire et par les films qui ont représenté les danseuses du ventre comme des séductrices, des prostituées ou des briseuses de ménage», relève l’historienne. Toujours plus conservatrice, l’Egypte ne constitue plus l’éden d’autrefois pour ces danseuses. Accusées par les autorités de porter «atteinte à la pudeur» ou d’«inciter à la débauche», plusieurs danseuses, chanteuses de pop et influenceuses ont été arrêtées et poursuivies en justice ces dernières années pour avoir publié des vidéos de danse sur les réseaux sociaux.
Cette répression n’a pas épargné les danseuses étrangères.
En 2018, la Russe Ekaterina Andreeva – alias Gohara – a été brièvement détenue pour avoir porté une tenue jugée trop affriolante. Parées de costumes étincelants mettant leurs formes en valeur, les danseuses sont souvent critiquées pour leur allure jugée vulgaire. A l’origine, un délassement pratiqué entre femmes, la danse du ventre s’est particulièrement développée au 21e siècle, explique Mme Yéhia. «Les danseuses étaient alors appelées ‘’awalem’’, soit les instruites», en allusion à leur «connaissance poussée en danse et en chanson». Mais awalem et raqassat (danseuses en arabe) ont aujourd’hui une résonance scabreuse. Les scènes de danse «ont titillé l’imagination de l’Occident» pendant l’époque coloniale et les «écrivains et peintres occidentaux ont illustré leurs propres fantasmes (…), puis cherché à ce qu’ils deviennent réalité», explique-t-elle. A la même période, les costumes ont été modifiés pour répondre au goût du public européen et des mouvements d’autres danses ont été incorporés. Et récemment, le style musical s’est aussi transformé. La musique arabe traditionnelle s’efface progressivement face au «mahraganat» ou électro-chaâbi.
Cette musique populaire mélangeant rythmes orientaux rapides et refrains auto-tunés (effets de voix robotiques) est considérée comme obscène par les autorités et a été interdite en février par le Syndicat égyptien des musiciens, sans grand effet. La profession de danseuse orientale porte les stigmates de tous ces changements. Surtout les danseuses égyptiennes, jugées plus sévèrement que les artistes étrangères qui continuent de tenter leur chance au Caire. «L’Egypte est tout simplement le pays de la danse du ventre. Les étrangères doivent venir ici pour comprendre pleinement et pour pratiquer», affirme l’Ukrainienne Alla Kouchnir.
«BAAMUM NAFI» DANS LA COURSE
Après Félicité de Alain Gomis en 2017 et Atlantique de Mati Diop en 2019, c’est au tour de Baamum Nafi, le long métrage de Mamadou Dia, de représenter le Sénégal à ce prestigieux rendez-vous du cinéma mondial
Le film «Bamuum Nafi» de Mamadou Dia représentera le Sénégal à la course aux Oscars. Film totalement réalisé avec des financements sénégalais, le long métrage de Mamadou Dia suit les pas de «Félicité» de Alain Gomis et «Atlantique» de Mati Diop.
Le Sénégal sera bien présent dans la course aux Oscars de cette année. Après Félicité de Alain Gomis en 2017 et Atlantique de Mati Diop en 2019, c’est au tour de Baamum Nafi, le long métrage de Mamadou Dia, de représenter le Sénégal à ce prestigieux rendez-vous du cinéma mondial. L’annonce a été faite par le Hollywood Reporter qui indique dans un article que «le Sénégal a choisi le film Nafi’s father pour le représenter à la catégorie Meilleur long métrage international aux Oscars». «C’est un honneur de pouvoir représenter le Sénégal aux Oscars. Comme le disait l’ex directeur de la Cinématographie Hughes Diaz, c’est bon que notre pays puisse se présenter chaque année avec une nouvelle production. C’est donc un grand plaisir de représenter le Sénégal cette année et de suivre les pas de Félicité et Atlantique», s’est réjoui le réalisateur sénégalais au téléphone.
Il faut dire que si Bamuum Nafi est le 3e film sénégalais à concourir aux Oscars, l’on peut dire qu’il s’agit du premier film 100% sénégalais à atteindre ce niveau puisque aussi bien Félicité que Atlantique ont été des coproductions dans lesquelles le Sénégal a eu une participation financière minime. «C’est un film 100% sénégalais puisque mon associé et producteur Maba Ba, à travers notre compagnie Joydidi, nous avons entièrement produit ce film. Nous l’avons fait nous-mêmes, pas parce que nous ne voulions pas de coproducteur, mais nous n’en avons pas eu. Et Joydidi a fait le choix de produire seul parce que c’est un sujet sensible et c’est aussi un film qu’on pensait être prêt à faire par nous-mêmes et nous l’avons fait», explique Mamadou Dia. Autre fierté pour le réalisateur, le fait d’avoir travaillée avec une équipe technique sénégalaise. Pourtant, se réjouit son réalisateur, les acteurs du film sont des amateurs pour la plupart. «C’était toute la population de Matam qui était les acteurs et la plupart n’avaient jamais joué dans un film, à part les deux personnages principaux interprétés par Alassane Sy et Seïkou Lô qui sont des professionnels. C’est un projet qui a été fait avec beaucoup d’amour et très peu d’argent. Donc nous sommes très contents et fiers de ça», indique M. Dia. «Tokara veut épouser sa cousine, la belle Nafi, ce qui met leurs pères en conflit. Le plus jeune frère est un religieux de haut rang, l’autre un candidat à la mairie de la petite ville du nord-est du Sénégal où se déroule le film. Au début, leur lutte fraternelle semble porter uniquement sur le bonheur de leurs enfants, mais peu à peu, ces derniers deviennent les pions d’une dispute amère sur la tradition, le progrès et la vraie nature de l’islam. Leurs liens familiaux peuvent-ils les aider à surmonter ces différences idéologiques ?» Ainsi ce résume ce film qui a remporté deux distinctions au Festival de Locarno.
Le défi d’être short-listé
Pour le moment, Bamuum Nafi est dans la première liste des films sélectionnés. Et les prochaines étapes seront de faire le maximum de communication autour du film. «Avoir les gens autour du film, être sûr que le film est suivi par les membres votants de l’Académie des oscars», informe Mamadou Dia qui entend se tourner vers la direction de la Cinématographie pour bénéficier des expériences acquises avec Félicité et Atlantique. Une façon de relever à coût sûr le premier défi, à savoir être sur la short-liste. Une étape que les films sénégalais n’ont pas encore pu dépasser jusque-là. Même si le film n’a pas de distributeur aux Etats-Unis, Mamadou Dia conserve son optimisme. «Au Etats-Unis, on s’est surtout basé sur la distribution par les festivals. On a fait le Festival d’Atlanta où on a gagné le Prix du jury. On a fait le New directors new film qui se passe au Museum of modern art du Lincoln center à New York. Mais beaucoup des films qui sont sélectionnés n’ont pas de distributeurs aux Usa.»
CETTE PANDÉMIE DONNE À RÉFLÉCHIR SUR LA PATHÉTIQUE FRAGILITÉ DE LA VIE
Du contexte sanitaire à la création littéraire nationale, en passant par l’émigration des jeunes, Ken Bugul, auteure du célèbre roman « Le baobab fou », répond sans détours dans cet entretien
Réinventer un monde réajusté et renforcer nos capacités de survie et de vie dans un environnement plus proche de la nature et de l’humain. Voilà, la recette de Ken Bugul face aux questions aactuelles. Elle pense que l’homme a toujours la capacité à surmonter les épreuves de la vie, à moins qu’il ne l’exploite par fatalité ou défaitisme. Du contexte sanitaire à la création littéraire nationale, en passant par l’émigration des jeunes, l’auteure du célèbre roman « Le baobab fou », âgée aujourd’hui de 73 ans, nous répond sans détours dans cet entretien.
En tant qu’écrivain, comment vivez-vous cette période de la pandémie Covid-19 ?
La pandémie a affecté tout le monde, écrivain ou non, dans son quotidien. Au début, j’étais un peu déstabilisée par rapport à mes activités programmées, planifiées, mais je me suis réorganisée assez rapidement pour une question de survie. Il fallait continuer à occuper la vie. J’avais un manuscrit à corriger, un nouveau livre sur lequel je travaillais et d’autres activités connexes, des retards de lecture d’ouvrages surtout de la nouvelle génération, et une réécoute des musiques urbaines. Cette pandémie m’a donné l’occasion de réfléchir sur la vie en général dans sa fragilité et sa précarité et de me repencher sur la mienne en particulier dans son optimisme linéaire naïf.
Pensez-vous que les Sénégalais s’en tirent mieux, par rapport à d’autres pays ?
Je ne sais pas ce qui se passe dans le monde en dehors des informations diffusées par les médias. Mais d’après ces mêmes médias, le Sénégal s’en sort assez bien depuis le début. Cependant avec la recrudescence connue ces temps-ci, il faut redoubler d’efforts à tous les niveaux. C’est une question de discipline individuelle pour le salut de tous. Il y a des gens qui ne croient pas à la pandémie, d’autres qui négligent les gestes barrières, d’autres qui s’en remettent à Dieu, en oubliant que Dieu Aime la discipline pour soi-même, pour et envers les autres. Les autorités doivent aussi penser aux circuits socio-culturels traditionnels pour informer et sensibiliser sur la pandémie, mais doivent en profiter pour renforcer les structures sanitaires existantes en les équipant surtout dans les régions et en milieu rural. Dans le Saloum où je suis née, nous avons des structures sanitaires qui ne sont que des bâtiments mais ne sont pas équipés en matériel et en personnel adéquats.
Cette situation, sanitaire, sociale et économique vous-a-t-elle inspiré un thème pour un livre ou non ?
Cette situation ne m’a pas encore inspiré un livre, car nous n’en sommes pas encore sortis. Il faut du recul pour mieux appréhender une situation. Des livres sont sortis à ce sujet, mais sur des spécificités liées à la pandémie, mais pas sur la pandémie elle-même, car elle sévit encore et le virus s’amuse à muter. Des conséquences psychologiques, sociales, économiques, cliniques, sont relevées et relatées, mais ne pas encore traités d’une manière exhaustive dans la littérature. Il y aura beaucoup de publications bientôt, que la pandémie perdure ou qu’elle disparaisse, ce que je souhaite et prie pour. Les réflexions auxquelles la pandémie me pousse au quotidien par rapport à ce que j’observe en moi et dans mon environnement, contribueront certainement à l’écriture d’un livre qui l’utilisera comme toile de fond, mais abordera des questionnements essentiels sur la vie, son sens, son essence, sa finalité et l’homme face à des forces incontrôlables et à sa capacité ou son incapacité à les surmonter, comme depuis les origines de l’humanité. Espérons que l’intelligence et l’utilisation de ses potentialités insoupçonnées mais énormes, pourront aider l’être humain à réinventer un monde réajusté, rééquilibré et renforceront ses capacités de survie et de vie dans un environnement plus proche de la nature et de l’humain.
Justement où en-êtes-vous dans la création littéraire ?
Je viens de terminer la correction d’un manuscrit. Actuellement je travaille sur un projet pour une chorégraphie et j’ai ressorti un manuscrit sur lequel je travaillais. J’ai aussi une pièce de théâtre que je dois dépoussiérer et la travailler. Je suis en permanence en train de travailler ou de penser à un projet. Avoir des projets, projette dans le temps, dans l’imaginaire, dans la créativité et amenuise les petits soucis encombrants et non inspirants du quotidien.
Ces derniers mois, l’on a noté des jeunes sénégalais périr dans l’océan à bord d’embarcations de fortune pour rallier l’Europe. Que pensez-vous de ce phénomène ?
Ce phénomène est récurrent et n’est pas prêt de s’arrêter. Il fait le buzz de temps à autre quand il y a beaucoup de morts en peu de temps. Tous les jours, des hommes, des femmes, des enfants sont en train de mourir ou de vivre dans des conditions inhumaines quelque part sur leur parcours vers l’ailleurs. Il ne s’agit plus d’un ciblage de l’Occident pensé comme un eldorado, mais c’est partir et partir n’importe où. Devoir partir, est le nœud de la problématique du phénomène. C’est sur cela que nous devons réfléchir et nous avons tous les éléments. Pourquoi vouloir partir? C’est légitime de vouloir partir. L’homme est fait pour bouger. L’homme doit bouger. Mais devoir partir et partir n’importe où, comme un suicide, il y a un problème.
Nous devons y réfléchir et y trouver les solutions qui existent. Il faut revoir le système pervers qui s’empare de notre société en la hiérarchisant, en la catégorisant, en les classifiant, à travers des valeurs matérialistes égoïstes et cupides imposées comme nouvelles échelles de valeurs. Où est la connaissance? Où est le savoir? Où est la culture? Où est le respect de la différence? Où est la justice? Où est le sens de la famille? Où est la solidarité séculaire? Où sont nos garde-fous socio-culturels traditionnels qui contribuaient à stabiliser, réguler, et à inculquer des valeurs intrinsèques et endogènes?
Le manuscrit que je viens de terminer en parle mais insiste dans le questionnement sur le motif plutôt que sur les faits en situant toutes les responsabilités.
Vous avez vécu en Europe. Pensez-vous que ces jeunes vont réellement trouver le mieux-être en Occident, l’eldorado ?
Ecoutez, je ne crois pas que l’Europe soit systématiquement visée actuellement. Sa proximité est une raison pour la choisir comme destination dans le «n’importe où». L’Europe est à quatorze ou quinze kilomètres du continent Africain. Du sud de l’Espagne, on peut voir les lumières des villes d’Afrique du Nord, la nuit, en temps clair. J’ai fait avec le grand écrivain congolais Henri Lopez, une rencontre avec des étudiants à Tarifa en Espagne et des étudiants marocains y avaient assisté en faisant une traversée de quatorze kilomètres. C’est une question de proximité. Ceux qui partent visent un espace Schengen tout proche qui leur permettra de se diriger vers d’autres pays. Nous ne parlons pas des autres itinéraires à travers la partie orientale du continent, le désert du Sinaï, vers la Turquie, etc. Il y a aussi les itinéraires plus compliqués à travers l’Amérique latine. Les migrants y rencontrent les mêmes souffrances et la mort. Il faut revoir le film de Moussa Sène Absa, Yole. Ceux qui partent ont connaissance et conscience des difficultés sur le parcours avec ces milliers de morts, hommes, femmes, enfants, des problèmes économiques dans beaucoup de pays d’Europe et d’ailleurs. Il y a aussi la montée du nationalisme, de l’extrême droite, des politiques d’immigration dures, les assassinats par des racistes, par la mafia, le mépris dont les migrants sont victimes en permanence. Les candidats à l’émigration sont au courant de tout cela, mais ils veulent quand même partir. C’est ce «devoir partir» qu’il faut analyser, comprendre et chercher et trouver des solutions. Malheureusement d’un côté comme de l’autre, il y a une méprise et un manque de vision. Les uns donnent des milliards pour freiner l’émigration clandestine, d’autres s’en fichent et n’utilisent pas judicieusement ces fonds alloués à cet effet où les utilisent à d’autres fins. Et pour les uns, les immigrés clandestins ou non contribuent d’une part à l’emploi au noir par des sociétés sans scrupules, et pour les autres ils servent de régulateurs socio-économiques et masquent les insuffisances dans la vision d’une prise en charge responsable des problèmes de chômage et de mal être des gens surtout des jeunes gens harcelés par la société, depuis la cellule familiale.
Vous êtes souvent invitée à des rencontres et salons de livres à travers le monde. Quels échos y avez-vous de la littérature sénégalaise ?
Le Sénégal figure en bonne place dans la littérature. Les noms d’auteurs sont connus, mais pas leurs ouvrages surtout pour les auteurs vivant et se faisant éditer au pays. Il y a un problème au niveau de la chaîne du livre par le manque de promotion, par une implication efficiente des autorités en charge du secteur, de l’auteur jusqu’au lecteur. Les auteurs ont des difficultés pour faire éditer leurs ouvrages, les éditeurs ont des difficultés pour éditer un livre qui nécessite des moyens, des correcteurs quand un livre est retenu pour publication, les techniques relatives à la fabrication d’un bel ouvrage, de bonnes imprimeries qui ont du bon matériel, la distribution, les libraires et un public de lecteurs qui fait défaut. Avant les programmes d’ajustement structurel qui ont été meurtriers avec la culture, surtout avec le livre, le secteur était subventionné. Mais bien que notre autorité de tutelle fasse de son mieux, il reste beaucoup à faire pour booster l’édition. Les mesures imposées par les Programmes d’ajustements structurels (Pas) n’ont pas été réactualisées et réajustés depuis quarante ans, à moins que nous soyons encore sous leur joug. Quand un livre n’est pas distribué, il n’est pas accessible.
C’est le problème pour les autres au Sénégal. Il y a des talents, mais la plupart sont brisés. C’est dommage. En dehors des auteurs qui vivent en Occident, concernant le Sénégal, on cite toujours l’ancienne génération. Alors qu’il y a de talents en herbe dont il faut faire la promotion en les soutenant par des lieux de résidence d’écriture et de création, des bourses et des aides à la création, par des rencontres avec d’autres auteurs, en soutenant la chaîne de fabrication et de diffusion du Livre. Les médias aussi y ont un rôle important à jouer. Il faut que le Cesti incorpore dans son curriculum une spécialisation en art et en culture. La Direction du Livre du Sénégal doit avoir plus de moyens pour faire avancer la littérature d’une manière efficiente et efficace. La littérature ce n’est pas dans la quantité, mais il faut de bons livres de qualité, bien édités, bien distribués. Pour aspirer à devenir un bon écrivain, il faut avoir beaucoup lu et continuer à lire. Il faut être cultivé pour écrire. Le reste c’est avoir le sens de la créativité en lâchant son imaginaire. La littérature ce n’est pas des histoires à raconter c’est l’art de les raconter. Il faut que les jeunes auteurs lisent, qu’ils se cultivent et travaillent un peu plus leurs manuscrits pour sortir des ouvrages de haute facture qui contribueront à peupler nos imaginaires et ceux du monde. Les éditeurs aussi doivent être plus exigeants sur les ouvrages qu’ils publient. Rendons grâces, car depuis quelques temps, de jeunes auteurs sont en train de relever les défis. Il fut les encourager et les soutenir. Le développement ne peut se faire sans le savoir, la connaissance et la culture dont la lecture inspirante et non des ouvrages de faits divers dont on se lasse très vite pour s’orienter vers des séries télévisées et autres novelas dont le niveau intellectuel n’est pas relevé et nous plonge dans des imaginaires aliénants.
Il nous faut rattraper le retard. Le Sénégal était connu comme un pays de grands écrivains et auteurs dramaturges, de grands poètes. Parmi eux, C. H. Kane, Malick Fall, Sembène Ousmane, Mariama Bâ, Aminata Sow Fall, Cheikh Ndao, B.B. Diop, C. Anta. Diop, A. Sadji, Ousmane Socé Diop, L. Senghor, Ibrahima Sall, Abdou Anta Kâ, A. Lamine Sall etc. Les nouvelles générations comme Fatou Diome, Khady Hane, Mariama Ndoye, Sokhna Benga, Felwine Sarr, et tant d’autres dont beaucoup de femmes qui essaient de porter haut le flambeau pour un renouveau de la littérature. Il faut des moyens et de la reconnaissance pour sortir la littérature du folklore et de la médiocrité.
A parcourant vos œuvres littéraires, le lecteur en apprend sur notre société, les rapports femmes-hommes, les traditions, etc. Cette société que vous évoquiez dans vos livres, a-t-elle changé de nos jours ?
La société n’a pas changé. C’est le système social qui a muté brutalement. Nous sommes dans la confusion totale. Nous avons besoin de nous ressaisir, de nous repenser, de nous réinventer. Nous sommes tous responsables. Il faut une vision et une approche endogènes dans tous les secteurs avec une ouverture au monde devenu un village planétaire. Il faut refonder notre système éducatif en recensant ses forces et ses faiblesses qui sont nombreuses. Le niveau baisse de plus en plus. Ce qui manque à notre système éducatif c’est la dimension de la culture qui laisse à désirer. Il y a des étudiants à l’université qui sont incapables de tenir un discours cohérent et fluide. C’est le cerveau qui est incohérent dans sa non maîtrise de ses langues maternelles qui se sont abâtardies, et cela affecte la maîtrise des langues étrangères dans lesquelles ils sont éduqués. Quand on ne maîtrise pas sa langue maternelle, il est difficile de maîtriser une autre langue. C’est cette confusion perturbante qui est en partie, la cause de notre acculturation et jette le flou dans notre quête d’identification et d’identité. Nous en perdons tout un héritage intellectuel, spirituel, un sens du discernement, une cosmogonie. Il faut que nous sortions rapidement de cette zone de confusion pour redevenir l’homme intégral auquel nous aspirons avec nostalgie pour certains, en développant toutes nos potentialités et sortir de la traîne de la dépendance mentale.
Au-delà de la littérature, quelles activités vous occupent maintenant à votre âge?
Je n’ai pas d’âge. Chaque matin, je suis un être tout neuf, prêt à vivre. Je peux parler du temps qui passe en blanchissant mes cheveux, en ridant ma peau, mais il n’affecte pas la vie qui se présente à moi à chaque instant. La vie n’a pas d’âge. Elle est l’instant. Aujourd’hui plus que jamais, je me sens naître chaque jour et je prends la vie à bras le corps et m’occupe à remplir chaque instant dans des actes et des actions utiles, qui ont du sens pour moi et pour ceux qui m’entourent dans mon quartier et partout. Je trouve la vie si excitante et je ne voudrais pas qu’une question de nombre d’années m’empêche de vivre chacun de ses instants. Je lis, j’échange avec les gens que je rencontre partout et n’importe où, je saisis tout bruit, tout son, tout vent. Je contemple la vie qui m’émeut. Je suis émue par la vie et par la création. Et j’aime les gens parce qu’eux aussi m’émeuvent, me touchent et me rapprochent de plus en plus de Dieu, donc de moi-même. Je rends grâce à cette Energie qui est la vie.
J’aime visiter les lieux de culte, faire le marché et la cuisine. Je mange essentiellement ce que je prépare moi-même. Dans mon prochain ouvrage, il y a une partie consacrée à la relation entre faire la cuisine et écrire un livre. C’est pareil. C’est de la création.
LE VOYAGE INTELLECTUEL DE FELWINE SARR
Il nous invite, dans "La saveur des derniers mètres", à partager ses voyages à travers le monde, mais aussi au cheminement d'un homme qui veut repenser notre manière d'habiter le monde et redéfinir la relation entre l'Afrique et les autres continents
L'économiste sénégalais Felwine Sarr est l’un des intellectuels importants du continent Africain. Ecrivain et professeur d'économie, il est également musicien. Deux de ses livres ont notamment fait date : Afrotopia (2016) et Habiter le monde (2017). Avec Achille Mbembé, il est le fondateur des Ateliers de la pensée de Dakar. Chaque année, des intellectuels et artistes s'y rencontrent lors d'un festival des idées transdisciplinaire pour “repenser les devenirs africains” à travers des concepts adaptés aux réalités contemporaines.
"La littérature, les arts, la production d’imaginaires et de sens demeurent de formidables boussoles pour l’humanité. Nous sommes dans une crise de l’imaginaire, nous n’arrivons pas à déboucher les horizons. (Felwine Sarr)
L’utopie nous dit qu’on peut féconder le réel, faire en sorte qu’il y ait un surcroit de réel. (...) Le premier travail est d'imaginer qu' "il est possible de..." (...) Il faut reprendre le chantier qui consiste à dire qu’il existe des horizons souhaitables, qu’il faut les penser, les imaginer, et travailler pour les faire advenir. (Felwine Sarr)
Felwine Sarr a été, avec l’historienne de l’art Bénédicte Savoy, chargé de rédiger un rapport sur la restitution des œuvres d’art africaines spoliées lors de la colonisation, remis à Emmanuel Macron en novembre 2018.
Du guléet. Déedéet. Bindkat bi tëbul rekk bind Bàmmeelu Kocc Barma. Nde, ginnaaw Doomi Golo, bii mooy ñaareelu téereb nettali bu werekaan bi, Bubakar Bóris Jóob, génne ci làmmiñu wolof. Te sax, li ko jiitu, Bóris jot na fee yatt xalimaam gu set gi te neex, tekkil nu téereb Aimé Césaire (Une saison au Congo) bi ci kàllaamay Kocc, tudde ko Nawetu deret.
Moom, nag, tur wu yéeme la tànn, daldi koy duppe ñaareelu téereb nettali bi këru móolukaay EJO génne : Bàmmeelu Kocc Barma.Tur woowu de, day naxe. Ndaxte, du jaar-jaari walla jaloorey boroom xam-xam bu siiw boobu di Kocc Barma Faal la ciy nettali. Déedéet ! Nettali bi nu Bóris di baaxe, walla boog xew-xew yim nuy saabal, muŋleen jukkee ci jéyya ji fi amoon, daanaka 20i at ci ginnaaw : suuxu Gaalug « Joolaa » gi daan lëkkale Ndakaarook Sigicoor. Ndeysaan, ba tey, askan waa ngiy jooy 2000iy doom-aadama yi ci labe woon.
Rongooñ yooyoo tooyal xolu bindkat bi ; mu boole ciy yosam, def leen daa. Ci daa ju tiis jooju te lëndëm la capp xalimaam gi. Ngir biral metit ak njàqare yi 1883i way-labu Gaalu Joolaa gi doon yëg, keroog ba ñuy lab. Dafa di, bu sañoon, bakkan bu ci ne, dina biral sag dund. Maanaam, « 1883 toqi deret. Ak benn. Bunu fàtte benn toqu deret boobu. Bunu ci fàtte benn, sax. »
Waaye, kim ci tànn doy na misaal ñeel way-lab yépp. Li ko waral mooy ne, kooku, dub como. Mukk ! Soxna Kinne Gaajo mi Bubakar Bóris di nettaliy jaar-jaaram ci téere bi, ab taalifkat bu mag la woon, siiwoon lool. Gis ngeen, soxna soosu, turam wër na àddina ndax rafetaayu xalimaam ak solos mbindam. Aka xareñoon ! Ndeysaan, bu dul woon tolof-tolof yim daan jànkoonteel, kenn waxatu ko tey. Bare na ñuñ fiy kañ ak a tagg te Soxna Kinne Gaajo xoolu leen sax. Waaye, ay nattoo ko gaaraloon ba mu àggoon ci di jaay boppam guddi gu nekk ci benn goxu Ndakaaru – Caaroy. Laaj bi bindkat biy laaj ci téere bi, « Taalifkat walla lagara ? », loolu lay wund. Ndege, Soxna si, ñaar yépp la boole woon.
Moom sax, Kinne Gaajo ci boppam, jéggi woon na loolu lépp. Ci dëgg-dëgg, moom daa bokkoon ci nit ñu kéemaane yooyu nga xam ne, bokkuñu ak nit ñi doxalin. Foo ko fekkaan, ciy feemi boppam la daan deme, di ci doxe, di ci waxe. Feemi boppam kese, nag ! Maanaam, nit ku moomoon boppam la ; dara tënku ko woon te tënkuwul woon lu dul ci li ko safoon. Bu yeboo ñu ne, Kinne Gaajo, amul woon tiitukaay. Moo tax bindkat bi ne, « Kinne Gaajo masul a def leneen lu dul jéem a xàll aw yoon. Yoonu boppam. » Looloo tax ay dëkkaaleem ak i xamaaleem jàppe woon ko ni ku ràkkaaju, ku yenuy dàllam, maanaam ab dof.
Jaar-jaar bu doy waar boobu la xaritu-ndawam, doomu-ndeyam ji Njéeme Pay, di nettali, gannaaw ba mu réeree (ak i taalifam yu bare) ci géej gi. Mu mel ni ku nuy fàttali mennum Dawid Jóob mi fi woon : « Mu mel ni kon Dawid Jóob ak Kinne Gaajoo bokk àtte foofu. »
Njéeme Pay, taskatu-xibaar la woon. Mi ngi ame woon lijaasam ci lekkool bu mag boobu ñu duppe Cesti. Ku xareñoon lool ci liggéeyam la. Cib rajo biñ moomaloon seen bopp, moom ak i àndandoom, la daan liggéeye. Rajo ba, Péncoo FM la tuddoon. Ndegam moo dencoon kayiti xaritam yi, Njéeme Pay dafa jàpp ne, sas la ci moom : « …sas nañ Njéeme ». Loolu moo ko tax a yéene biral taalifam yu am maanaa yi mu fi bàyyi, ba noppi « … xamal askan wi kan moo doon Kinne Gaajo… » ndaxte, « Àddina ba àddina daj, amul ku sañ ni moo ma gën a xam Kinne Gaajo. » Lim ko dugge mooy fexe ba àddina sépp xam kan moo doon, dëgg-dëgg, Kinne Gaajo. Njéeme daal, tawax na temm fas yéene noo nettali Kinne Gaajo. Konte, Njéeme Pay, sàmmonte na ak kóllëre gi doxoon ci digganteem ak ndem-si-Yàlla ji, xaritam.
Fi Njéemey daanele nettaleem bi la ko keneen di aw, jël kàddu gi, jokk nettali bi. Loolu, nag, ci feemi bindkat bi la bokk. Ndege, aw-awley nettalikat ci téereb nettali, du lu bees ci mbindiinu Bóris. Njëkk na koo def ci Doomi Golo. Ndaxte, xew-xew yi daan am ca Ñarelaa, góor gi Ngiraan Fay mi doon xaar bésam a nu leen jëkk a jottali laata muy faatu. Gannaaw gi, Aali Këbóoy mi ñépp jàppe woon dof (nees jàppe Kinne Gaajo itam), moo mujje àggale li nu Ngiraan doon nettali.
Nettalikat biy aw Njéeme Pay ci Bàmmeelu Kocc Barma, jigéen la ni moom. Te, ndeyu-mbill gi ci boppam, Kinne Gaajo, ca barsàq ja mu nekk, mooy wéyal nettali bi… Moom la sax de. Baatam beey bëtt suuf si ko sàng ca bàmmeel ba mu roñu, di jib ba ci téere bi. Noonu, mu daldi dekki, di nu xamal ay jaar-jaaram ak i yëg-yëgam. Jàngkat bi, nag, mënul lu dul topp bindkat bi cib « dóor-dàqe » bu dul jeex. Mel ney àndandoo yuy dem ba yàgg, réeroo ; ku ci nekk di wër keneen ki. Ndaxte, yuq gi lal Bàmmeelu Kocc Barma yépp, ci diggante ñaari way-jëmmal yooyu – Kinne ak Njéeme- la ràbboo. Waaye, yemu fa de. Déedéet ! Dangeen a desee xam Bóris rekk. Waaye aka cee aay ! Moo taxit, defatina mëninam. Day wër-wërloo ak yow, naan la « … naxee-mbaay… ». Noonu la lay def, di la wommat, yow miy jàng téereem. Ruq-ruqaan bu nekk mu dugal la fa ; dëkkoo-dëkk mu wërloo la. Tey. Démb. Ëllëg… jamono yépp lay boole ràbb, fu ne mu yóbbu la fa. Moom daal, tëralinu mbindiinam a deme noonu, xoromu lool nag !
Way-jëmmal yiy jëf ak a jëflante ci téerey bindkat bi, mëneesul a xam fum leen di loqatee. Dafa di, ñoom, dañuy méngoo ak jëmm yees leen di melal ba ñu faf mel niy nit dëggantaan. Sàllaaw ! Te, ku la ci gën a am maanaa, nga ne kii. Jëlal taskatu xibaar bu xereñe bi te gëm liggéeyam, « Te surnalist bi, liggéeyam du dara lu dul taataan i xibaar, siiwal leen. », doy na firnde. Walla nga xool kiy mbubboo surnaalist, di mbuxum ak a jaayu ngir lu mu def ci poosam ba mu dëll. Mooy ku njublaŋ kooku, te mu fexe ba yoxosu, dugg ci biir surnaalist yi, fexeeti ba bokk ci seen i njaatige yi gën a am doole ; kooku noonu rekk demoon bay noggatu politiseŋ yu ñàkk-jom yi, « Te kilifa gu fi am alal mbaa bayre mu luqati say mbóot, ni la soo ma joxulee nàngami milyoŋ ma def sama liggéey ». Waaw, kii nga xam ne nag, taal fitna rekk a ko soxal, « Nun surnalist yi nag, na ma Yàlla baal waaye liggéey bu doy waar lanuy def : su musiba dalee ci kow askan wi, lu mu gën a réy, gën a metti, nu gën a raatukaan. » Waaye, geestul it liggéeykatu bànk bu maandu bi, walla waxambaane wu lafañ wii moroomam yiy tooñ,« Am na ñu ma doon kókkali, naan booy bii bumu nu sonal, lafañ doŋŋla. » Nanga xool yit politiseŋ yu ñàkk faayda yi. Nóoxóor yi nga xam ne, seen biir doŋŋ a leen jiital, tax ba bindkat bi (mën a tooñ ba dee !), boole leen ñoom ñépp, waa Nguur geek Kuje gi, di leen ñaawal,« Yëf yi powum mag doŋŋ la : kenn du taxawal pàrti ngir defar sa réew walla jëmale ko kanam. »
Mu am it jeneen jëmm ju am solo ci nettali bi, moo di ndeyu Kinne Gaajo, jigéenu kaw gi, di néew-ji-doole ju ñàkk lépp ba mu des jikko ju rafet ak jom, « Moonte Yaa Ngóone, lim ma won moo doon ne ngor, tabe ak njub, fépp fu suuf si ŋàyyeeku goqiy doomi-aadama, soo demee fekk leen fa. »… Xanaa du noo ko gisandoo ? Ndax deesul a fekk way-jëmmal yu ni mel ci mboolem-nawle mi ? Konte, mel na ni, Bubakar Bóris Jóob du cib maaliforo lay tabaxe ay way-jëmmalam,
Ñi mu nuy indil ñépp, dañuy mat li mu leen soxlaa ba jëmmal leen. Ni tëgg biy naxanteek wurus wi, walla tabaxkatu ndaa biy mooñ banam, « Noo mënti def, fàww nga gajafal ban bi, di ko mocc, di naxanteek moom, daanaka, ba mu miin sa nuggaayu loxo, nooy nepp, ni nemm, lu la neex nga def ko ci. Soo nee : ‘Amoon na fi’, mbooloo mi ni tekk di la déglu, bala ngay sañ ni : ‘Fa la léeb doxe tàbbi géej, bakkan bu ko njëkk a fóon tàbbi Àjjana !’ dinga wax lu set. Wax lu set mooy rekk : teqale, tasaare, ràbb, ràññee bu baax kañ la fen di jur dëgg ak kañ la dëgg di yées fen. Mooy : jëmbët fulla ci sa liggéey – bind liggéey la war a doon – te lu mu metti metti nga muñ ko. » Liggéeyu bindkat bi daal, duy caaxaan walla lu yomb !
Bóris bëggul lu yomb, utul lu yomb. Moo tax, way-jëmmal yi muy tabax làmboo maanaa jees leen xame. Li koy gënatee màndargaal mooy ñaar ñi gën a yées jikko ci Bàmmeelu Kocc Barma : surnalist bii di Lamin Jàllo ak politiseŋ bii di Ngañ Demba. Ndaxte, ñoom ñaar ñooñu kat, li ñuy bon a bon yépp ci jikko, ñoo ciy tamit, ñi ci ëpp xorom, neex deret ba, ñàkk leen a bëgg day jafe. Ndax Bóris jëlul ay nit dëggantaan, ñu xam leen am déet, dugal leen ci téereem bi ?
Bokk na ci màndargay téere bi, ñenn ci way-jëmmal yi bokk ci way-labi gaalug « Joolaa bi ». Fës nañ ci téereb nettali bi lool, sax. Nde, bindkat bi dina dem ba am ñu mu ciy tudd seen i tur dëgg, ànd ceek kersaak yëg-yëg gu réy, ndax li mu leen xamoon, moom ci boppam, ci bi ñuy dund.
Xawma kan, waaye kilifay nguur gi, ñoom, Bóris moyuleen ci téereem bi. Waaye, moo yey xalab leen. Ndax, kat, ñooñu, defuñu lu dul féex, ñàkk yitte, ñàkk aajo, doyadi ba nga ni lii lu mu doon ! Rax-ci-dolli, ñoom ñooñu, ñooy ndeyi-mbill gi, ñoom ñi sàggan ba musiba bu ni mel dal ci kow askan wi. Ak seen yambaraay ! Ak seen cuunewaay ! Ñu waroon a walluji way-lab yi, génne leen ci seen njàqare ji, waaye ñu nooyal ba ñooñu mujjee dee. Bu nu waxantee dëgg rekk, ñoom politiseŋ yi, ci yeneen i itte lañ nekkoon. Ki koy firndeel mooy Seneraal bi làngi woon ca coroom ba, jamono ji jéyya jiy am. Te, boobu, kenn ñemewu ko woon a gëtënsi, fa mu doon gundaandaat, di ko yëgal balaa ba amoon ca géej ga.
Waaye, du njiit yi kese ñoo sikk. Askan wi tamit, kenn demul ñu des. Nde, mooy la waa ji waxoon rekk, askan wu nekk, njiit ya mu yeyoo lay am. Réew moo dem, na askan wa mel, noon lay njiitam mel ndax ca askan wa lañ soqeekoo. Bu ko defee, cuune, yaafus ak càggan yi kilifa yi àndal ba tax jéyyab Joola bi dikkal nu, dees na leen fekk ci askan wi. Loolu la nettalikat bi xam ; ndax ku mën a seetlu la ndeke. Moo tax, deñul ciy sulli mbóoti askan wu déggadi wii, tigi, « … xoolal ma kalandoo yi, njaga-njaay yeek kaar-rapit yi, fu leen neex taxaw, ku ci alkaati laaj say kayit nga tàllal ko kayitu téeméer gu tilim mu lem denc, ni la soo ñibbee ngoon nuyul ma Jekk-Tànk ! »
Doxalin bu ni mel, nag, warul a bett kenn. Ndaxte, dara yàqul Senegaal lu dul yëfi maa-tey ak maslaa bu ëpp. Nde, Senegaal mooy réew moo xam ne « … lu neex waay mu def te dara du la ci fekk ! ». Bi Joolaa bi suuxee ak léegi ba Njéeme Pay di nu ko nettali, am na daanaka 20i at. Waaye, la woon, fa woon, na woon. Jikko yi soppeekuwuñ. Moom, kay, ndax yéesul sax lees di laaj. « Lu fi xewati sama ginnaaw ? Pólitig rekk. Ndékkee pólitig, añe pólitig, reere pólitig. Kon, ci gàttal : dara lu bees xewu fi. Masàmba randu, Mademba riigu. Waaye Mademba, dañ koy wax nag te dee, masutoon a xalaat ne bés dina ñëw mu ne faax ci jal bi. Fit wi rëcc, mook soxnaam ñuy giroo cere ji, di ko caxat-caxatee, ku ci gën a fëqle sa moroom nga ne kii la ! ». Jikko de, dinañuy wax ne laago la ! Te, laago du wér. Am déet ?
Nun nag, njort nanu bu baax ne, ci gis-gisu Bóris, tóoxidóoni bu « Joolaa » bii, amul lu ko gën a ñàng : « Bi Senegaal dee Senegaal ba tey, dara masu fee xew lu ëpp solo suuxu Joolaa bi ». Monte, ñakkul ne, xew-xew yooyu yépp, lenn rekk lay wund : dàq ganaar, waxaale sa soxla. Maanaam, dafa mel ni bindkat bi day sukkandikoo suuxu Joola bi ngir xamal nu leneen : ngir tey gëstu bi muy gëstu ñeel aadaak cosaanu askanam. Uséynu Béey
(Ñaareelu pàcc bi feek i fan)
UNE ENVELOPPE, MILLE EQUATIONS
S’il est vrai que tout soutien est la bienvenue en cette période de disette, force est de reconnaître que le flou reste entier sur le profil des bénéficiaires de l'aide de l'Etat aux acteurs culturels
Une cagnotte de 2,5 milliards de francs CFA pour soutenir les acteurs culturels sérieusement impactés par la fermeture des lieux de spectacle en raison de la riposte contre la Covid. S’il est vrai que tout soutien est la bienvenue en cette période de disette, force est de reconnaître que le flou reste entier sur le profil des bénéficiaires. Acteurs et tutelle se renvoient la patate chaude de la répartition.
2,5 milliards de francs CFA. C’est le montant que le chef de l’état a décidé d’allouer aux acteurs culturels. Un soutien octroyé au lendemain des manifestations des acteurs qui protestaient contre l’interdiction des rassemblements. «Le chef de l’Etat m’a demandé mercredi de mettre à votre disposition une enveloppe de 2,5 milliards de francs CFA en guise d’aide. Il ne s’agit pas encore une fois d’un remboursement. Je vous rappelle que la santé des Sénégalais reste la priorité des priorités», déclarait le ministre de la Culture et de la Communication à l’issue d’une rencontre avec les acteurs.
FLOU AUTOUR DES AYANTS DROIT
2,5 milliards de francs cfa. A première vue, le montant peut sembler important. Mais qui doit en bénéficier ? Qui est acteur culturel ? Le ministre lui semble préférer laisser aux acteurs y répondre. «Je recommande aux acteurs culturels de réfléchir à une clé de répartition du fonds d’aide qui leur est destiné», a-til lancé aux acteurs. Et de leur côté, l’heure est à la prudence. Dans un communiqué, la Coalition des acteurs culturels (Cam), comme pour dégager ses responsabilités, estimait que «la meilleure solution c’est de ne pas donner l’argent aux associations. La Cam et ses alliés demandent au ministre de la Culture et de la communication que la gestion et la distribution de cette subvention restent sous la responsabilité directe du ministère de la Culture». Aujourd’hui le flou est entier. On parle de 5000 danseurs, même si le chiffre peut sembler abusé, il en dit beaucoup sur le manque d’organisation de ce secteur. Pour rappel, lors de la première vague, l’état avait mis 3 milliards pour soutenir les acteurs.
A l’époque, le mode de répartition suscitait des interrogations. Par exemple, 100 millions de FCFA ont été alloués aux communicateurs traditionnels. Journaliste culturelle et critique de cinéma. Oumy Régina Sambou est convaincue qu’il n’y a pas une seule clé de répartition qui vaille. Selon elle, cette enveloppe devrait plutôt servir à la structuration du secteur de la culture. «C’est le seul moyen de la rentabiliser. Personnellement, je ne vois aucune grille de répartition pertinente», estime-t-elle.
FOU MALADE «POURQUOI NOUS AVONS LAISSE LA PATATE CHAUDE AU MINISTERE»
Pour Malal Talla alias Fou Malade, par ailleurs membre de la Sodav, l’enveloppe de 2,5 milliards de francs cfa ne règle pas le problème. En effet, selon le rappeur, depuis que la fermeture des lieux de spectacle a été annoncée, beaucoup qui se réclament acteurs culturels s’agitent alors que depuis belles lurettes, ils n’ont produit aucun spectacle. «C’est pourquoi nous, de la coalition des acteurs de la musique avons dit au ministère de lui-même s’occuper du dispatching. Nous sommes contre cette manière de procéder. Le moyen utilisé n’est pas le bon. On y voit des acteurs culturels qui ne sont pas actifs. Il y a qui n’ont pas de spectacle depuis des années. Est-ce qu’ils ont le droit de réclamer autant que Dip, Viviane, Waly... qui sont tout le temps en activité», s’interroge-t-il. Selon Malal, s’il y a désordre, c’est en partie parce qu’on ne sait pas qui est acteur culturel et qui ne l’est pas. «Celui qui fait le Bongo peut se lever et demander sa part, personne n’y pourra rien. C’est pourquoi le statut de l’artiste va permettre de régler une bonne partie du problème», espère-t-il.
LA COALITION DES ACTEURS DE LA MUSIQUE RECLAME PLUTOT UN AUDIT DES FONDS PASSES
C’est à croire que l’affaire est loin d’être réglée. En effet, la Coalition des Acteurs de la musique (CAM) et Alliés qui regroupe une quarantaine d’organisations et structures de la culture qui se sont réunis ce dimanche pour définir la conduite à tenir a plutôt Mis de l’huile sur le feu. Dans un communiqué, elle révèle qu’après avoir mené plusieurs démarches, pour une issue heureuse, elle a été finalement écartée. « Le mercredi 23 décembre 2020, la CAM et ses Alliés tenaient un sit-in à la place de la Nation pour dénoncer l’injustice faite aux acteurs du spectacle vivant.
Ensuite le 24 décembre 2020, le ministre de la Culture invite la CAM et ses Alliés pour leur annoncer une aide de 2,5 milliards accordée par M. Le Président de la République. Deux jours plus tard, une délégation de la CAM est reçue par le Directeur de Cabinet du chef de l’Etat en compagnie du conseiller culturel à la présidence pour travailler ensemble sur une sortie de crise engendrée par la pandémie», dit le communiqué. Mais, poursuit le document, le 31 décembre 2020, les membres du comité de pilotage et les représentants des sous-secteurs de la culture sont invités pêle-mêle à la Maison de la Presse pour une réunion de partage et d’informations sur l’aide octroyée aux acteurs culturels. Une réunion à laquelle la Coalition et ses Alliés ont été zappés. « Est-ce parce que nous avions clairement déclaré dès le 24 décembre que nous n’entendions pas que l’argent soit distribué aux responsables d’organisations professionnelles mais plutôt que l’aide arrive à qui de droit ?», s’interrogent les acteurs.
Ainsi, pour la Cam, il faut un audit de la gestion des premiers fonds de 3 milliards octroyés en juin dernier, la mise à l’écart des organisations reconnues coupables de malversations, la gestion par le ministère de la culture du fonds de 2.5 milliards par le biais d’une banque ou tout autre organisme assermenté, la mise en place d’un comité paritaire de veille et de contrôle «dans lequel nous demandons notre droit de siège en tant que Coalition regroupant des organisations de tous les secteurs pour suivre la bonne distribution des fonds destinés à parts égales à chaque acteur culturel».
LA CHRONIQUE DE PAAP SEEN
NOTES DE TERRAIN (1)
EXCLUSIF SENEPLUS - Notes de terrain s'arrête pour un moment - Retrouvez toutes les chroniques de notre éditorialiste Paap Seen - Merci aux lecteurs et aux lectrices
Il y a un an, presque jour pour jour, « Notes de terrain » devenait un rendez-vous hebdomadaire sur SenePlus. Chaque dimanche, je parlais de mes rencontres. Je disais mes expériences. Je faisais des commentaires sur des sujets divers. J’ai décidé de prendre une pause. Retrouvez, ci-dessous, toutes les chroniques. Merci aux lecteurs et aux lectrices.