Le Musée d’art africain Théodore Monod de Dakar abrite, en 2021, la grande exposition intitulée «l’Afrique célèbre Zulu Mbaye ».
Initialement prévu en décembre 2020, reporté à cause de la covid 19, cette initiative panafricaine sera un fort moment de communion de l’esprit et d’expressions plastiques croisées. Cette activité artistique de haute portée est soutenue par l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI). Des commissaires d’exposition, des critiques d’art, des artistes et autres professionnels des arts visuels se sont engagés dans cet événement culturel pour honorer Zulu Mbaye, magnifier son talent et saluer ses initiatives artistiques au Sénégal, au Maroc et dans d’autres pays d’Afrique, d’Europe et à travers le monde.
Ainsi, plus d’une vingtaine d’artistes du continent prennent part à la célébration africaine de Zulu. Des artistes et des œuvres en provenance du Maroc, du Sénégal, du Mali, du Togo, du Bénin, du Ghana, du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Kenya, de l’Afrique du Sud, d’Ethiopie entre autres pays, sont attendus à Dakar.
Exposition, workshops, panels, visites guidées rythment le programme de la célébration des 50 ans de pratique artistique de Zulu. « L’art, levier de rapprochement des peuples » est le thème de la conférence au cours de laquelle vont échanger des intellectuels, sociologues, acteurs de la culture. « C’est un immense bonheur d’être honoré par ses pairs et des amis de pays frères. Je remercie le Maroc, donc l’agence marocaine de coopération internationale, sa Majesté le roi Mohamed VI pour le soutien aux arts et à la culture en Afrique et aussi l’ensemble des mécènes et artistes qui sont engagés dans ce projet humain », confie Zulu Mbaye.
Le plasticien sénégalais a marqué la scène artistique marocaine. En octobre-novembre 2017, l’artiste a été la cheville ouvrière de l’exposition thématique autour du dialogue sud-sud et la marche verte chère au roi Mohamed 6. Un an plus tard (2018), So Art Gallery accueille à Casablanca, les œuvres de Zulu pour un contrat de trois ans d’exposition au Maroc. « Zulu, comme le baobab séculaire a traversé les ans pour incarner l’icône de l’art sénégalais. Il a grandi sous l’aile protectrice du grand Maître Pierre Lods, le créateur de l’Ecole de Dakar et qui en avait fait son élève préféré » rappelle le littéraire Baytir Ka.
Mouhamadou Mbaye à l’état civil, Zulu, le natif de Thiès en 1954, s’est très tôt distingué en 1970 chez Pierre Lods à la Médina avec une pratique continue de l’art. «Ses toiles sont l’expression d’une maîtrise de son art tout en provoquant un renouveau permanent qui étonne notre regard. Utilisant une palette riche de couleurs, les formes qu’il trace constituent des symboles géométriques qui renvoient à nos origines négro-africaines », écrit le critique.
Le talentueux artiste plasticien sénégalais, Zulu Mbaye, renouvelle toujours ses démarches et son approche dans la création. La vie l’inspire, son regard incisif, sa pertinente réflexion et ses outils fécondent des œuvres majeures. A Popenguine, chez son ami cinéaste Moussa Sène Absa, Il devient productif. L’environnement l’inspire, l’imaginaire africain l’oriente. Ses toiles voyagent en Afrique, en Europe, en Asie, en Amérique, dans les Caraïbes et trônent dans des musées, des galeries, des institutions prestigieuses et enrichissent des collections privées. Cependant, Zulu comme tout bon mbayène ne se nourrit pas seulement de créations, mais aussi de niébés succulents. 50 ans de praxis artistique sans répit. Gac Ngalama Zulu.
JAMRA LANCE UNE SÉRIE DE PLAINTES CONTRE LES SÉRIES TV KARMA, INFIDÈLES...
L’Ong Jamra et l’Observatoire de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses, Mban Gacce, entre autres plaignants, préparent quatre plaintes qui seront adressées au Conseil de régulation de l’audiovisuel
L’Ong Jamra et l’Observatoire de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses, Mban Gacce, entre autres plaignants, préparent quatre plaintes qui seront adressées au Conseil de régulation de l’audiovisuel (CNRA) et au procureur de la République.
L’une des plaintes concerne la série "Infidèles" (Evenprod) qui poursuit, selon le plaignant, "toujours son mépris royal des mises en demeure de l’organe de régulation, en dépit de deux (2) dénonciations, relativement à la fâcheuse tendance de ce producteur à ne promouvoir que des obscénités. Comme s’il cherchait volontairement à choquer au maximum l’auditoire, pourvu que ces dérives attirent certains annonceurs et boostent ses rentrées financières. Au mépris de la sensibilité des téléspectateurs."
En effet, "après s’être illustrées dans la promotion de l’adultère et d’un symbole, le LGBT, sur fond de pornographie verbale, les actrices de cette série perverse continuent de fouler au pied nos valeurs sociétales en s’inscrivant dans un nouveau registre : celui de s’insulter de mère ! Ce qui avait d’ailleurs valu à la téléréalité intitulée "Kawtéf’’ (SenTv) d’être sanctionnée, en 2015, par le CNRA (sous le magistère du défunt président Babacar Touré), par l’arrêt pure et simple de sa diffusion sur le petit écran", motivent Mame Mactar Gueye et Compagnie, dans leur communiqué.
L’ALIBI DE YOUTUBE
Jamra et ses 48 co-plaignants ont également signalé, dans leur double saisine adressée au CNRA et au procureur de la République, "la scène érotique qui fait polémique, entre Amy Léa et Abdoul Magib, dans l’épisode 29 de la série "Karma". Une séquence plusieurs fois capturée par les internautes et fortement décriée dans les réseaux sociaux. Si bien que face au tollé provoqué par cette scène très osée, et se rendant compte de sa bourde, le producteur "Marodi" s’est empressé de supprimer cet épisode 29 des réseaux sociaux, avant de le republier à nouveau, quelques minutes plus tard, mais sans la séquence érotique qui fait polémique. L’on se rappelle que c’est ce raisonnement simpliste (diffusion sur Youtube) que EvenProd avait brandi lorsque nous dénoncions la scandaleuse séquence de la série INFIDÈLES, où une fille, pour prouver à son petit ami qu’elle était en période de menstrues, n’avait rien trouvé de mieux que de sortir de son slip un coton hygiénique imbibé de sang, qu’elle a brandi sans vergogne."
"Si les cultures hindoue et japonaise sont aujourd’hui si respectées et admirées de par le monde, c’est bien parce que les producteurs audiovisuels de ces pays, imbus de patriotisme culturel, prennent soin de n’exporter que leurs valeurs sociales les plus positives, par le biais de leurs savoir-faire artistiques et cinématographiques", renchérissent les plaignants.
PROMOTION DE DÉVIANCES SEXUELLES SUR UNE CHAINE POUR ENFANTS
Revenant à la charge, ils signalent qu’une autre plainte sera adressée au procureur de la République, "concernant la scandaleuse production "Néégou sey’’ sur SkyTv qui, sans doute dopée par l’impunité dont semblent se prévaloir ces deux producteurs ci-dessus nommés, vient de déclencher à son tour une avalanche d’indignations dans l’opinion, avec une séquence truffée d’obscénités, tant langagières que physiques. Et dont les extraits-vidéos, que beaucoup d’internautes nous ont fait parvenir se passent de commentaire".
Les 48 plaignants, alertant sur les productions Pro-LGBT, étayées de captures d’écran, dénoncent également la promotion des déviances sexuelles, à travers des bandes dessinées pour enfants, vulgarisées notamment par le dessin animé intitulé « Bienvenue chez les Louds », qui passe en boucle sur « Nickolédéon », sur le bouquet Canal +.
Ils n’excluent pas d’organiser, dès la fin des nouvelles restrictions sanitaires, une marche nationale de protestation contre ces "dérives" audiovisuelles.
LES JCC PROPOSENT UNE RELECTURE CONTEMPORAINE DE DEUX CLASSIQUES DE SEMBÈNE OUSMANE
Les réalisateurs tunisiens Habib Mestiri et Heifel Ben Youssef proposent une relecture de deux classiques du réalisateur sénégalais dont "Le mandat’
unis, 21 déc (APS) - Les réalisateurs tunisiens Habib Mestiri et Heifel Ben Youssef proposent une relecture de deux classiques du réalisateur sénégalais Sembène Ousmane dont "Le mandat’’, une manière de rendre hommage à ‘’l’aîné des anciens’’, à l’occasion de l’édition 2020 des Journées cinématographiques de Carthage (JCC, 16-23 décembre).
‘’Le Mandat’’ et ‘’Noire 2’’, une référence à ‘’La Noire de...’’, un film de Sembène (1966), font partie des six ‘’remakes coup de cœur’’ de la 31e édition des JCC.
Les auteurs de ces deux courts métrages inspirés des classiques du défunt cinéaste sénégalais comptent ainsi saluer l’engament et l’humanisme de Sembène Ousmane, connu avant sa mort en 2007 pour ses partis pris militants sur les questions politiques et sociales.
Dans ‘’Le Mandat’’, Heifel Ben Youssef met en scène Dalel, une jeune femme qui a reçu un appel de son mari émigré clandestin en Italie l’informant d’un mandat à envoyer par la poste.
Cette promesse réveille chez la mariée l’envie d’une vie de riche, un espoir amplifiée par son entourage, les autres femmes du quartier, qui, elles aussi, espèrent recevoir leur part du ‘’gâteau’’.
Le film peint de cette manière un quotidien de femmes superflues, artificielles et qui ne dépendent que d’un mari absent, inexistant.
Le réalisateur, sans trahir l’essence du film de Sembène, ‘’une satire politico-sociale qui peint une certaine administration au lendemain des indépendances’’ de plusieurs pays d’Afrique, évoque plutôt le quotidien actuel de la classe populaire tunisienne ou de beaucoup de pays africains, l’argent envoyé par les émigrés servant en général à entretenir les familles restées au pays.
‘’‘Le Mandat’ n’est qu’une inspiration d’une petite situation du ‘Mandat Bi’ (1968) d’Ousmane Sembène, dans laquelle j’ai pu me projeter’’, explique le réalisateur tunisien dans un entretien accordé lundi à l’APS.
Ben Youssef affirme qu’il lui a paru nécessaire de mettre la lumière sur cette catégorie de femmes qui subissent une violence symbolique, une dépendance économique influencée par les médias, suivant laquelle l’épouse dépend entièrement de son mari, même pour prendre soin d’elle, aller chez le coiffeur, se maquiller, etc.
Heifel Ben Youssef met en exergue de façon subtile cette violence psychologique causée par l’absence d’un mari surlignée dans le film. Une situation qui n’est pas propre à la seule Tunisie.
‘’Ousmane Sembène est un réalisateur engagé, que nous respectons énormément, et ça a été un honneur pour moi de réinterpréter son œuvre plus de cinquante ans plus tard’’, ajoute-t-il.
‘’Noire 2’’, l’un des deux courts métrages en question, constitue une relecture libre et moderne autour de la couleur noire, avec un intitulé visant à intéresser les cinéphiles 2.0.
Le réalisateur Habib Mestiri monte sur cette base une chorégraphie pour réinterroger le film autour du masque et de la lettre, le tout se traduisant par un spectacle comportant des moments de silence et réservant une large part au visuel.
Mestiri part de ses souvenirs personnels liés à une rencontre avec Sembène, à Rome, en 1999, pour interpréter l’esthétique du noir, la liberté du corps, de l’expression.
Le réalisateur, qui considère Sembène Ousmane comme son ‘’maître’’, se dit admiratif de ce dernier, de ‘’ses choix artistiques et idéologiques, de son militantisme’’, toutes choses qui font de lui ‘’un cinéaste à part’’.
Le film porté par une actrice noire, un fait rare pour une production cinématographique tunisienne, est axé sur une lettre et un plat de spaghettis noirs, par lesquels il démarre.
Le court métrage de 16 minutes de Habib Mestiri s’ouvre sur des extraits du film original ‘’La Noire de...’’, lequel, datant de 1966, a été récompensé du premier Tanit d’or aux JCC.
‘’‘La Noire 2’ revisite l’œuvre de Sembène Ousmane pour lui rendre hommage, l’honorer pour son engagement, cette clairvoyance, mais cette générosité et cet humanisme qui nous manquent dans le cinéma actuel’’, fait valoir Habib Mestiri.
‘’Le cinéma est devenu aujourd’hui trop mercantile, il y a un désengagement vers l’humanisme, la culture’’, déplore celui dont le vœu est de montrer ce film au Sénégal.
Outre ces deux films inspirés de classiques de Sembène, quatre autres courts métrages tunisiens font partie des ‘’remakes coup de cœur JCC 1966-2019’’ du festival, dont ‘’Le septième’’ d’Alaeddin Abou Taleb et ‘’Le temps qui passe’’ de Sonia Chamkhri. Il y a aussi ‘’The Barber House’’ de Tarak Khalladi et ‘’Sur les traces de Saïda’’ de Fawzi Chelbi.
Ces films sont une initiative des Journées cinématographiques de Carthage et ont été produits par le Centre national du cinéma et de l’image (CNCI) de la Tunisie.
Le CNCI avait lancé un appel d’offres pour soumettre des projets, en exigeant que les candidats travaillent sur un des films qui avaient marqué les JCC de 1966 à 2019.
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LE NUMÉRIQUE, VECTEUR D'OPPORTUNITÉS
Le conseiller en communication digitale de la présidence, Ousmane Thiongane, entend montrer à travers son livre "Les promesses du numérique" présenté le week-end dernier, comment le numérique peut permettre d'accélérer le développement
Le conseiller en communication digitale de la présidence, Ousmane Thiongane a présenté son livre "Les promesses du numérique" samedi 19 décembre dernier. A en croire l'auteur, ce nouvel ouvrage se veut un bréviaire sur les nombreuses opportunités qu'offrent le secteur du web à la fois pour le public, le privé ou à l'échelle d'une nation.
UN ANCIEN DE MEDINA BAYE CLASSE DEUXIEME
Mouhamed Moustapha Niang, originaire de la cité religieuse de Médina Baye (Kaolack), est arrivé deuxième à l’édition 2020 du Concours international de récital du Saint Coran de l’Université Al-Azhar du Caire, en Egypte, a appris l’APS.
Mouhamed Moustapha Niang, originaire de la cité religieuse de Médina Baye (Kaolack), est arrivé deuxième à l’édition 2020 du Concours international de récital du Saint Coran de l’Université Al-Azhar du Caire, en Egypte, a appris l’APS.
Mouhamed Moustapha Niang, étudiant à l’Université Al-Azhar, a appris et mémorisé le Coran à Médina Baye (Kaolack), indique un communiqué parvenu à l’APS. Il avait été le vainqueur du Prix International Cheikh Ibrahim Niass pour le Récital du Saint Coran en 2013 et en 2015 dans la cité religieuse de Baye Niass, rappelle la même source.
"C’est grâce à ces distinctions qu’il avait obtenu, avec d’autres lauréats, le soutien pour se rendre à l’université Al-Azhar du Caire et au Maroc afin de poursuivre leurs formations aux sciences islamiques", rapporte le communiqué. Il souligne que le Prix International Cheikh Ibrahim Niass qui oeuvre pour l’accompagnement et la promotion de l’apprentissage, la mémorisation et la bonne lecture du Saint Coran en est à sa septième édition.
LE SENEGAL A ETE AUX AVANT-GARDES DES LUTTES FEMINISTES OUEST-AFRICAINES
Entretien avec Ndèye Fatou Kane, auteure de «Vous avez dit féministe ?»
Après une carrière dans le transport et la logistique internationale, Ndèye Fatou Kane a su opérer une reconversion réussie vers des recherches en études sur le genre à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess Paris). Aujourd’hui, elle est l’une des figures du mouvement féministe sénégalais et son essai «Vous avez dit féministe ?» lui a permis de remettre cette question au centre des débats. Mais de plus en plus, ses recherches se tournent vers l’étude des masculinités qui consiste à prendre les hommes comme objets d’étude dans des domaines tels que la sexualité, le pouvoir, les médias.
Vous êtes l’auteure de Vous avez dit féministe ? Pouvez-vous donner une définition du mot féminisme et quelle théorie féministe défendez-vous dans votre ouvrage ?
Vous avez dit féministe ? est un court essai que j’ai publié en 2018. Ayant longuement séjourné au Sénégal entre 2016 et 2018, après une absence prolongée, j’ai avec plaisir retrouvé le pays qui m’a vu naître et grandir. Mais ce retour a aussi été l’occasion de regarder avec des yeux nouveaux cette société sénégalaise, mais surtout de m’interroger sur la place des femmes et le renouveau du féminisme.
Historiquement, le Sénégal est connu comme étant le pays qui a été aux avant-gardes des luttes féministes ouest africaines. Donc il ne me semblait pas normal de ne plus entendre parler – sinon très rarement – de celles qui avaient mené ces luttes. Dans le souci – très modestement – de remettre le féminisme sénégalais au centre des débats, l’idée d’écrire Vous avez dit féministe ? est née.
Après avoir beaucoup lu sur le sujet, je me suis dit que faire une analyse intertextuelle avec les écrits de Mariama Ba, Chimamanda Adichie, Simone De Beauvoir et Awa Thiam, relire ces textes de référence à l’aune de mon engagement féministe, m’a permis de poser les bases de celui-ci. Si je devais définir le féminisme, je dirais que c’est une idéologie politique, traversant le temps et l’espace et vouée à améliorer les conditions de vie, de traitement et de libertés accordées aux femmes. C’est la raison pour laquelle on distingue plusieurs courants féministes tels que le féminisme décolonial, l’afro-féminisme, le féminisme musulman, le féminisme matérialiste et les féminismes africains.
Selon que l’on soit Africaine, Européenne ou Asiatique, y a-t-il une compréhension différente du concept ? Peut-on parler d’un féminisme africain ou pourquoi pas sénégalais ?
Selon le pays et/ou la zone géographique où l’on réside, le concept de féminisme peut connaître des mutations, même si en toile de fond demeure la lutte contre l’oppression que constitue le patriarcat. Bien sûr qu’on peut parler de féminisme en Afrique. On peut subdiviser l’activisme féminisme africain en trois temps : l’époque coloniale, postcoloniale et celle de la décennie 1980-1990. Cette période, avec la décennie des Femmes africaines des Nations unies, a permis l’éclosion de mouvements féministes un peu partout en Afrique. La Conférence mondiale des femmes de Mexico en 1975 marque ainsi le point de départ de l’éveil féministe des Africaines. Et au Sénégal Yeewu yewi, créé en 1984 par Marie-Angélique Savané, peut constituer le début de cette ère féministe structurée. Donc, oui le féminisme est bien présent en Afrique et au Sénégal.
Il y a eu à un moment une sorte de polémique sur le fait qu’une femme africaine ne devait pas se réclamer féministe au même titre que celles occidentales qui n’auraient pas les mêmes visions, car les Occidentales défendent le droit à l’avortement, la liberté sexuelle etc. Qu’avez-vous envie de dire sur cela ?
Tous ces débats qui ont souvent lieu sur les réseaux sociaux, plateformes de revendication s’il en est, me font doucement rire. Parler de la femme africaine est en soi désuet. Il n’existe pas une femme africaine, c’est une caricature qu’imposent souvent les hommes pour freiner les velléités d’égalité féminines. Tout comme je n’aime pas parler d’un féminisme africain, car il y a autant de féminismes que de femmes dans ce beau continent qu’est l’Afrique, parler d’une femme africaine qui ne devrait pas être féministe relève d’une méconnaissance de notre histoire. Les femmes en Afrique, et au Sénégal particulièrement, n’ont pas attendu l’Occident pour vouloir s’émanciper.
Aujourd’hui, être féministe au Sénégal sous-entend que l’on est vieille fille, frustrée ou même libertine. Pourquoi le terme est-il diabolisé, selon vous ?
Le mauvais procès que l’on fait aux féministes au Sénégal doit cesser. C’est le plus souvent le fait des hommes qui, voyant qu’ils ne peuvent plus contrôler les femmes, leur apposent l’étiquette de vieille fille aigrie, frustrée, qui ne trouvera pas de mari. Et quand on voit comment le mariage est sacralisé dans notre pays, ça marche à tous les coups. Mais depuis peu, je vois émerger des féministes qui s’investissent dans des combats tout à fait légitimes et se font entendre. Des causes nobles telles que le droit à l’avortement médicalisé, l’absence de violeurs de la sphère médiatique, la dénonciation du harcèlement dans les transports sont défendues par ces jeunes femmes et c’est à saluer.
Les femmes de Yeewu yewi ont tracé un chemin dans la lutte pour l’émancipation de la femme. Mais y a-t-il eu par la suite une relève, une jeune génération engagée dans ce combat ?
Il est vrai qu’il y a eu un creux après la décennie 1980-1990. Si je prends l’exemple de Yeewu yewi, c’est un mouvement qui a été très percutant durant cette période, avec une ligne de conduite très politique, notamment avec son journal Fippu. En faisant preuve de réflexivité et se voyant comme actrices de changement, les femmes de cette période ont marqué d’une encre indélébile l’activisme féministe de notre pays. Concomitamment à cet engagement féministe, il y a aussi le volet recherche qu’il ne faut pas occulter avec l’Association des femmes africaines pour la recherche et le développement (Afard), créée en 1977 et regroupant des femmes africaines chercheuses ayant le genre en partage et comme objectif de mettre au cœur de leurs prérogatives du genre comme objet de recherche, accolée au développement. Même si l’Afard est devenue un peu aphone de nos jours, sa création marque un tournant décisif. Dans cette théorie du genre, je peux citer Fatou Sow qui est incontournable, car ayant produit la majeure partie de la théorie du genre non pas seulement sénégalaise, mais africaine au sens large. Aujourd’hui quand on parle du legs du féminisme sénégalais, d’aucuns parleront du manque de solidarité intergénérationnelle, de l’embourgeoisement des féministes de la première heure, de la religion qui a gagné du terrain… J’y ajouterai le manque de production qui fait que notre féminisme se meurt. L’activisme féministe peut revêtir plusieurs formes : l’écriture de livres, la recherche sur le genre (autant féminin que masculin), ce qui permettra à nos théories de se renouveler. Sinon ça devient statique et on tourne en rond.
Peut-on être musulmane et féministe ?
Oh que oui ! Cette question me fait penser à l’ouvrage Féminismes islamiques de Zahra Ali, une sociologue travaillant sur les questions de genre et de science en relation avec l’islam. Dans ce livre, publié en 2012, elle a convoqué une pluralité de chercheuses, le plus souvent d’Afrique du Nord, qui requestionnent les textes religieux et donc islamiques, sous le prisme du féminisme. Ce livre très pertinent répond à tous ceux qui disent que le féminisme et la religion musulmane sont incompatibles. Cela est souvent dû à une méconnaissance de l’interprétation des textes islamiques. Si ceux-ci sont faits par des hommes envers les femmes, il est clair qu’ils n’ont aucun intérêt à ce que celles-ci s’émancipent ; d’où la question de la recherche et de la lecture que les femmes doivent privilégier.
Au Sénégal, on aime répéter que l’islam a accordé une place importante à la femme, mais l’affaire Aïda Diallo a montré qu’il y avait des limites strictes à ce qui était permis aux femmes…
Cette affaire a clairement montré la misogynie qui fait office dans le domaine religieux. Quand bien même cette femme, en l’occurrence Aïda Diallo, fait partie d’un mouvement religieux très controversé, elle pratiquait des cérémonies cultuelles du vivant de son guide religieux et mari, et personne n’y trouvait à redire. L’absence de ce guide a fait qu’elle est très critiquée. J’admire son courage, car dans la pratique de l’islam qui est la nôtre au Sénégal, accolée à la culture, les femmes sont dans une rhétorique de devoirs, mais aucunement de droits.
Votre premier roman est sorti il y a déjà quelques années. Un autre est en projet ?
Mon premier roman, Le malheur de vivre, publié en 2014, a marqué mon entrée dans la sphère littéraire. Depuis, beaucoup d’encre a coulé. Même si j’ai débuté par la fiction, je ne veux pas être cantonnée à ce seul et unique genre. En 2016, j’ai participé à un ouvrage collectif à visée panafricaniste, avec la musique rumba en partage, intitulé Franklin l’insoumis. En 2018 sort Vous avez dit féministe ? et en mars 2020, il y a quelques mois, je participe à l’écriture de «Féminismes dans le monde, 23 récits d’une révolution planétaire, panorama des mobilisations pour les droits des femmes dans le monde, avec des récits par pays. J’ai donc écrit le chapitre traitant du Sénégal. Mon projet d’écriture arrive très bientôt, mais autant attendre qu’il soit publié. Nous ne manquerons pas d’en reparler.
FEU VERT DES PARLEMENTAIRES FRANÇAIS À DES RESTITUTIONS CULTURELLES AU SÉNÉGAL ET AU BÉNIN
Le transfert au Bénin porte sur 26 pièces du "Trésor de Béhanzin" provenant du pillage du palais d'Abomey en 1892. Le Sénégal doit récupérer la pleine propriété d'un sabre et son fourreau attribués à El Hadj Omar Tall
Le Parlement a donné jeudi son feu vert à la restitution de statuettes pillées à l'époque coloniale au Bénin et d'un sabre à forte valeur historique au Sénégal.
Ces restitutions ont été approuvées par un vote définitif de l'Assemblée nationale (48 voix pour, aucune contre et deux abstentions), qui les entérine au nom du Parlement, le Sénat ayant refusé son accord.
Le transfert au Bénin porte sur 26 pièces du "Trésor de Béhanzin" provenant du pillage du palais d'Abomey en 1892.Elles sont aujourd'hui au musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris.
Le Sénégal doit récupérer la pleine propriété d'un sabre et son fourreau attribués à El Hadj Omar Tall, grande figure militaire et religieuse ouest-africaine du XIXe siècle.
Détenu par le Musée de l'Armée à Paris, ce sabre est exposé à Dakar dans le cadre d'un prêt de longue durée.
Ces restitutions répondent à une volonté de refonder les relations culturelles avec l'Afrique exprimée par le président Emmanuel Macron en novembre 2017 à Ouagadougou.
Elles dérogent ponctuellement au caractère inaliénable des collections des musées nationaux français.
«MON AMBITION POUR LA PRESSE CULTURELLE…»
Fraîchement élu à la tête de L’APCS, notre confrère Elhadji Ndate Diop a bien voulu dérouler sa feuille de route. Dans cet entretien, il lève un coin du voile sur ses ambitions.
Fraîchement élu à la tête de L’APCS, notre confrère Elhadji Ndate Diop a bien voulu dérouler sa feuille de route. Dans cet entretien, il lève un coin du voile sur ses ambitions.
Pouvez- vous nous livrer les grandes lignes de votre feuille de route?
Ce sera la continuité dans l’action. La voie est déjà tracée par notre prédécesseur et son équipe. La présidente sortante, Oumy Regina, a débroussaillé le chemin. Il ne nous reste qu’à mettre en action, tout en essayant d’apporter une nouvelle contribution en termes d’orientation et d’ingéniosité pour valoriser davantage la culture. C’est uniquement dans cette voie que nous pourrons réussir notre mission. Et là, j’avoue que les défis sont énormes et urgents. Ainsi, notre feuille de route va tourner autour de la formation pour outiller les jeunes journalistes qui s’intéressent aux questions culturelles. Nous voulons aussi, avec cette nouvelle équipe que je dirige, étendre les tentacules de l’Apcs dans toutes les régions du Sénégal notamment dans les zones les plus reculées. Il s’agira pour nous de travailler afin d’amener les journalistes des régions à s’intéresser davantage à la chose culturelle. Nous allons aussi, avec la crédibilité et la notoriété dont bénéficie l’association, faire d’elle, au-delà de ses objectifs pour ses membres que sont les journalistes, un organe de conseil, d’orientation, d’accompagnement et de critique pour les acteurs culturels, la tutelle à savoir le ministère de la Culture et de la Communication et ses démembrements. Sur ce, je précise que nous ne pouvons pas aller sans ces derniers. Ils sont nos partenaires privilégiés particulièrement les artistes. En des termes simples, ils sont pour nous journalistes culturels, notre matière première. En somme, nous voulons faire de l’Association de la Presse Culturelle un outil indispensable dans toutes les politiques ou initiatives culturelles dans ce pays. On constate que l’Apcs est discrète au niveau de l’organisation d’événements… Discrète, c’est relatif. L’Apcs bouge et fait bouger les lignes en matière culturelle. Nous sommes certes des culturels, mais nous travaillons sans faire de bruit. En plus, pour organiser des évènements, il faut en avoir les moyens. Il y a un proverbe chinois qui dit : « Quand on a des moyens, on organise ». Mais on dispose de peu de moyens. Chaque année, nous marquons et célébrons à notre manière les événements culturels marquants. Nous n’avons pas besoin de publicité pour exister.
Les autres structures sont aussi très proches et souvent soutenues par la tutelle pourquoi pas votre association?
L’Association de la Presse Culturelle du Sénégal n’a aucun problème avec son ministère de tutelle. Nous avons de bons rapports. Avec notre crédibilité et notre respectabilité, le ministère nous associe à tout ce qu’il fait et vice et versa. Le soutien, il est aussi souvent de mise de façon spontanée surtout quand on organise. Il peut être financier, matériel ou logistique par exemple. C’est juste ça et je pense que ça doit être ainsi, car l’Apcs se veut autonome. Nous sommes ouverts à tout le monde. Nous travaillons avec tous ceux qui sont épris de culture. Mais nous voulons toujours garder notre liberté de ton. La proximité est là, nous la gérons avec une certaine distance critique. La culture est souvent le parent pauvre au niveau des rédactions.
Pensez-vous pouvoir faire bouger les choses à votre niveau?
Oui ! Comme vous le constatez, malheureusement, la culture est traitée en parent pauvre dans les rédactions. Et cela est une question qui ne date pas d’aujourd’hui. Ce qui est vraiment malheureux. C’est vrai que ça va être difficile de changer les habitudes. Raison pour laquelle nous comptons, dès les prochaines semaines, effectuer des visites dans les rédactions pour une prise de contact avec les responsables. Il s’agira de leur rappeler l’importance de la culture dans les médias. Cela afin qu’ils accordent plus de places aux actualités culturelles. Occasion aussi de discuter avec les confrères autour des enjeux et opportunités culturels afin de susciter en eux l’intérêt de parler de la culture.
Comment comptez-vous rendre plus dynamique et plus attirante l’association?
D’abord, c’est veiller à ce que sa crédibilité déjà acquise ne souffre d’aucune ambiguïté. Que l’association soit présente partout où l’objectif ou l’intérêt est la valorisation et la promotion de la culture au Sénégal, en Afrique et dans le monde. Participer à l’animation et à la vulgarisation de toutes les initiatives culturelles sous-secteur par sous-secteur. Le dynamisme et l’attrait passeront aussi par notre capacité à susciter, auprès des journalistes, plus d’engouement à adhérer à l’Apcs et à traiter des questions liées à la culture. Bref, continuer à être des passionnés de la culture, des militants et des soldats.
N’êtes-vous pas effrayé par la lourdeur de la tâche et le nombre de défis?
Lors de mon élection, j’ai dit à la presse et devant les membres du nouveau bureau, que c’est une lourde responsabilité qui nous attend. Et c’était comme vous venez de le dire en référence à la lourdeur de la mission et des nombreux défis qui nous attendent. Nous ne devons pas faire moins que l’équipe sortante. Et pour réussir ce pari, il faudrait qu’on ménage tôt notre monture. Oumy Regina et son équipe ont beaucoup fait. C’est avec elle que l’Apcs a eu sa reconnaissance juridique avec son récépissé en poche. Ce, sans compter les énormes actions menées tout au long de leur mandat. Si on y pense, c’est parfois pesant et effrayant. C’est pourquoi j’appelle les uns et les autres à faire montre d’engagement et de détermination car la mission est exaltante. Elle est loin d’être facile.
Comptez- vous rencontrer le ministre de la culture et de la communication ?
Naturellement nous allons le rencontrer. Il est notre ministre de tutelle et notre partenaire numéro un. Ne pas le rencontrer serait un crime de lèse-majesté. Le président de la République est le protecteur des Arts et des Lettres et le ministère de la Culture est en quelque sorte son bras armé dans ce domaine. C’est lui qui est chargé de traduire en action sa politique culturelle. Donc, il serait inconcevable que le nouveau bureau de l’Apcs n’associe pas le ministre à ses activités pour une prise de contact officiel et lui exposer notre feuille de route.
Quelles seront vos priorités durant votre mandat?
Massifier l’association, l’ouvrir davantage et travailler pour une visibilité plus accrue. Nous préparons notre première réunion de bureau et ce sera certainement l’occasion de définir nos priorités.
MOUSSA DIAW REVISITE SON HISTOIRE
Enseignant-chercheur en science politique, spécialiste des Relations internationales, à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, le professeur Moussa Diaw revisite son histoire dans un ouvrage intitulé : « Itinéraire et Réflexions d’un enfant du Walo
Enseignant-chercheur en science politique, spécialiste des Relations internationales, à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, le professeur Moussa Diaw revisite son histoire dans un ouvrage intitulé : « Itinéraire et Réflexions d’un enfant du Walo » et publié aux Editions l’Harmattan Sénégal, 2020.
Cet ouvrage de 222 pages, composé de 18 Chapitres est préfacé par le professeur Amadou Kah de la même université. Dans ce texte, Monsieur Diaw analyste politique, connu par les médias et sollicité pour donner des interprétations et prédictions relativement aux discours et actions des « praticiens du politique », présente et partage son itinéraire riche d’expériences mais surtout de combat pour la réussite quand on vient d’un environnement familial modeste de la région du Walo.
Dans les premiers chapitres de l’ouvrage (1-13), l’auteur revient sur ce paysage du wolo, un vivier agricole et culturel dans lequel il a baigné pour se renforcer en termes de valeurs culturelles, d’éthique et comportement qui lui ont permis de faire face à l’adversité aussi bien en poursuivant ses études dans le pays qu’à l’étranger, notamment en France. La capacité de résilience s’est adossée, de manière permanente, à ce potentiel culturel et identitaire pour ne pas dire « habitus » intériorisé dans le cadre familial afin de ne pas succomber à certain comportements déviants découverts dans les sociétés où certaines libertés sont sans limites.
Ainsi, par le courage et la force de la détermination, il parvient à réussir, avec beaucoup de modestie, tous ses diplômes jusqu’au doctorat en science politique de la Faculté de droit et de science politique de l’Université de Rennes 1, en France. Le même engouement l’anime dans la recherche d’emploi en surmontant les nombreuses difficultés structurelles et conjoncturelles aboutissant à la réalisation d’une vocation universitaire offerte par l’UGB. Cela dit, les Chapitres (14-18) qui suivent laissent place au décryptage des conflits et de la conflictualité en Afrique en insistant sur les origines, la nature interétatique, leur gestion et leur complexité, au regard des logiques endogènes et transnationales dans un monde soumis aux contraintes du système international. Sur ce point, l’auteur met l’accent sur le rôle des organisations régionales, continentales impliquées dans la recherche de paix durable sur un continent confronté à de nombreuses crises variées.
La plupart sont liées à des pratiques politiques et des dérives autoritaires des dirigeants, motivés par une gestion patrimoniales des ressources publiques et une mal gouvernance traduisant la défense d’intérêts particuliers fondés sur la conservation du pouvoir. Cela accentue les rivalités et les stratégies machiavéliques dans l’espace politique africain de manière générale.
La mondialisation au menu
L’auteur évoque aussi la mondialisation et ses effets sur les pays à faibles ressources et peu préparés à instaurer des processus d’intégration économique et monétaire afin de participer à cette dynamique mondiale, à sa régulation même si elle demeure aujourd’hui problématique, eu égard à l’impact de la pandémie du coronavirus. Les relations sino-africaines son scrutées sous le prisme de leurs particularités et de ce nouveau partenariat ouvrant des perspectives à l’insertion de l’Afrique dans les nouvelles relations internationales. Enfin, le politiste traite des crises universitaires qui ont perturbé considérablement « l’université d’excellence » dans une optique de rationalisation de la gouvernance universitaire et de la pacification des campus sociaux.
par Birane Diop
A FATOUMATA DIAWARA
Continue à faire entendre la voix des sans grades, des inconnus, des oubliés, des femmes victimes de violences. Mais surtout, continue d’être la porte-parole d’un continent en constante mutation à l’ère de la mondialisation
Née en Côte d’ivoire de parents maliens, Fatoumata Diawara est une femme plurielle qui a les pieds bien ancrés sur le sol africain. Compositrice, comédienne, chanteuse, Fatoumata Diawara est l’une des voix les plus importantes de l’Afrique contemporaine. Une mission difficile. Mais l’enfant de Bamako l’endosse avec beaucoup d’agilité. Elle sait qu’elle fut lichée aux berges du Djoliba. Le grand fleuve Niger. Je ne peux pas parler de l’artiste aux multiples facettes qui se nourrit de rencontres et des métissages de cultures, car ouverte aux étreintes du monde. Sans être touchée par sa voix mélodieuse qui charrie calme, tendresse, beauté et humanisme. J’ai connu tardivement Fatoumata. C’était un soir d’Août 2018. Je circulais dans les rues de YouTube. Comme deux amoureux qui se rencontrent grâce à l’appel du cœur. Je suis tombé sur l’album FENFO. Un hasard ! Non. C’était écrit. J’ai nettoyé mes oreilles avec « Djonya, Nterini, Fenfo, Takamba, Mama, Kokoro, etc. ». Le morceau « Djonya » est d’une puissance rare. C’est une chanson militante qui affirme les droits de la femme, lutte contre l’excision et les mariages forcés, évoque l’eldorado qui fait rêver plein de jeunes maliens in fine africains. Ce soir estival, j’ai découvert un album sans frontières. Une musique vibrante et chaleureuse.
Dans Nterini, Fatoumata chante celles qui attendent. Ces femmes qui vivent avec beaucoup de dignité le départ de leurs mecs. Ces gens sont partis pour chercher vie et devenir ailleurs, le tout en espérant de construire des lendemains meilleurs pour leurs proches.
En effet, chaque note de FENFO est une larme de joie, une fragmentation de lumière où l’âme rejoint la beauté, au-delà des rives du grand fleuve. Cette soirée que Fatoumata m’a accueillie dans ses bras câlins, j’ai eu la certitude que le Mali est une terre d’accueil, d’hospitalité, de culture, de partage et de paix.
Depuis, en écoutant Fatoumata Diawara, je me laisse emporter par un courant de légèreté sans aucun effort. Il y’a comme un repos de l’âme dont les souffles me parviennent de la Grande mosquée de Mopti et de la bibliothèque de Tombouctou. Sa voix puissante me prend aux tripes. Fatoumata me transporte à mille lieues de ma piètre condition humaine.
En fait, la musique de Fatoumata est une ode à la vie, à l’espoir d’un avenir meilleur. Chaque mot qu’elle sort agît sur mon corps flegme. Faut le dire, Fatoumata est une déesse, une grâce. J’ai aimé le Mali avant de connaître l’artiste car nous avons une histoire commune. Nous partageons la même devise : Un Peuple, Un But, Une Foi. Nous sommes allés à l’indépendance le même jour. Le Mali est le frère jumeau du Sénégal. C’est magistralement magnifique !
Mais c’est Fatoumata qui m’a fait aimer d’un amour pur et sincère, le Mali. Ce pays, ce peuple, ses femmes et ses hommes, sa riche culture, son humanité débordante.
Fatoumata continue d’éclairer la masse des incultes. Car vous êtes une pépite lumineuse dans un monde obscur. Continue à faire entendre la voix des sans grades, des inconnus, des oubliés, des femmes victimes de violences. Mais surtout, continue d’être la porte-parole d’un continent en constante mutation à l’ère de la mondialisation. Que les ancêtres veillent sur vous.