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27 avril 2025
Développement
HABIB SY QUITTE LE COMITÉ DE SUIVI DE FORCE COVID-19
Les dés semblent pipés en dépit de la volonté du Général François Ndiaye de réussir la mission qui lui est confiée. La majorité navigue à contrecourant de l'esprit d'ouverture et de consensus du président - LETTRE DE DÉMISSION ADRESSÉE AU FRN
SenePlus publie ci-dessous, la lettre datée du 8 mai 2020, adressée par Habib Sy, président du parti de l'Espoir et de la Modernité Naaka ru Réew Mi, au FNR, à propos de son départ du comité de suivi de Force Covid-19.
"Le FRN (Front de Résistance Nationale), faisant preuve d'un esprit de dépassement, et plaçant l'intérêt national au-dessus de toute autre considération, a répondu à l'appel du Président de la République, pour faire bloc avec lui, dans la « guerre» que notre pays mène contre le coronavirus.
Dans ce cadre, le FNR, m'a fait confiance, en me désignant pour le représenter au « Comité de suivi de la mise en oeuvre des opérations du FORECE COVID-19 », en dépit de la première déclaration du Président de la République, selon laquelle, un comité de pilotage serait mis en place.
Le FRN, a considéré que la polémique ne sied point en de pareilles circonstances.
Aussi, a-t-il accepté de maintenir son engagement auprès du Chef de l'Etat.
Contre toute attente, à la réunion du comité de suivi du jeudi 7mai 2020, animé d'un fort esprit constructif, j'ai relevé un certain nombre de propos, insinuant que l'opposition est à la base des fuites des travaux du Comité, dans la presse.
Je me suis offusqué de ces propos, que j'ai fermement condamnés et fait une mise au point séance tenante.
Des insinuations de cette nature, en plus des informations relatives à d'éventuelles indemnités, ont manifestement installé un climat de suspicion, qui ne favorise plus la
sérénité et la confiance pour la suite des activités du comité.
Il s'y ajoute qu'examinant les règles de fonctionnement du comité, la majorité, particulièrement, celle présidentielle veut imposer le vote à défaut d'un consensus.
Or, il est de notoriété que, dans de pareilles circonstances, mention doit tout simplement être faite des désaccords dans le rapport, compte tenu du déséquilibre
notoire des représentations.
En tant tout état de cause, les dés semblent pipés, en dépit de la volonté du président, le General François Ndiaye, de réussir la mission qui lui est confiée.
A travers ses prises de position, la majorité navigue à contrecourant de l'esprit d'ouverture, et de consensus du Chef de l'Etat.
En considération ces motifs, et d'autres non évoqués j'ai décidé de me retirer du « Comité de suivi des opérations du FORCE COVID-19. »
Je vous serais reconnaissant d'en informer les leaders du FRN, que je remercie de leur confiance, et leur demander d'en prendre acte.
Je vous prie de croire, monsieur le Coordonnateur, à l'assurance de ma parfaite et sincère considération."
LES SOLDATS AFRICAINS OUBLIÉS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Des centaines de milliers de soldats africains ont été entrainés, malgré eux, dans un conflit qui n'était pas le leur. Au péril de leur vie, ils se sont battus pour la France, la Belgique ou la Grande-Bretagne
DW Afrique |
Antonio Cascais, Konstanze Fischer |
Publication 08/05/2020
75 ans après la fin de la guerre en Europe, il est rare de trouver encore des vétérans africains en mesure de raconter leurs expériences. Il y a cinq ans, notre correspondant en République démocratique du Congo, ancienne colonie belge, avait rencontré le vétéran Albert Kunyuku. Il avait alors 93 ans.
Poignant, son témoignage permet de démentir ce qu'on entend encore parfois aujourd'hui dans les médias européens et qui consiste à dire que les soldats africains s'étaient engagés ″volontairement″ aux côtés des troupes métropolitaines.
"A l‘époque, lorsqu'ils sont venus nous chercher, je travaillais dans une fabrique de textile. Tous les jeunes ont été recrutés. Aucun de nous n‘avait plus de 30 ans."
Un tournant mental
Personne ne prend la peine d'expliquer à ces jeunes pourquoi exactement ils allaient risquer leur vie. Mais, une chose est sûre, qu'ils aient été au front ou qu'ils aient été fait prisonniers, le fait d'être en contact direct avec les réalités européennes et les soldats européens va profondément les marquer.
Karl Rössel, journaliste allemand, a longtemps étudié le sujet : "Le fait que pour la première fois, ils ont vu les Européens, qu'ils croyaient supérieurs dans la boue, la saleté, la douleur et la mort, ça leur a montré qu´il n´y avait pas de différences entre les hommes. Par la suite, cela a conduit un certain nombre d´entre eux à soutenir les mouvements indépendantistes de leur pays. Tout ça, c´est donc une conséquence de la guerre."
Reconnaissance financière minime
L'historien Raffael Scheck qui travaille aux Etats-Unis nuance toutefois : tous les vétérans ne se sont pas engagés par la suite dans les mouvements indépendantistes, ces derniers se montrant parfois sceptiques quant à leur loyauté.
Il précise aussi que les vétérans des colonies françaises pouvaient prétendre à une retraite, néanmoins très faible et très inférieure à celles des Européens.
A Kinshasa, Albert Kunyuku disait en 2015 au micro de la Deutsche Welle ne percevoir que 5.000 francs congolais par mois de la part de la Belgique. L'équivalent de cinq euros. De quoi être amer lorsque l'on a participé à la victoire contre le fascisme.
par Achille Mbembe
LES CONDITIONS MORALES DE LA LUTTE CONTRE L'ANTISÉMITISME
Le projet d’annihilation des Juifs en plein coeur de l’Europe moderne constitua une implacable rupture dans la conscience de l’humanité dans son ensemble. Nier ce fait essentiel dessert toutes les luttes pour la justice et l’égalité dans le monde
Si je vous ecris, c’est d’abord pour vous rassurer. Je suis a Johannesburg. Je me porte bien, et je suis en sécurité. Les premiers qui sont venus a mon secours et qui m’ont prêté leurs voix, ce sont des savants, intellectuels, chercheurs, écrivains, artistes et diplomates israéliens, juifs, allemands et palestiniens. Certains d'entre eux, je ne les connaissais que de nom.
Vous savez combien nos voix sont fragiles, tant elles comptent si peu dans les rapports de force qui determinent le cours de notre monde. Vous savez par ailleurs combien il est facile de nous faire taire, même lorsque nous avons des choses à dire. S'ils ont choisi de prendre publiquement la parole, c'est en très grande partie parce qu'une très grave injustice etait en train d'etre commise en plein jour, et ils n'auraient guère supporte de rester silencieux.
Je vous écris aussi pour réaffirmer une double conviction que beaucoup d'entre nous partagent.
La lutte contre l’antisémitisme et le néo-nazisme releve de l’urgence absolue. De par sa singularite, le projet d’annihilation des Juifs en plein coeur de l’Europe moderne constitua une implacable rupture dans la conscience non seulement européenne, mais dans celle de l’humanité dans son ensemble. Nier ce fait essentiel dessert toutes les luttes pour la justice et l’égalité dans le monde, et pas seulement la lutte “contre la haine des Juifs”.
En retour, le combat sans concession contre l’antisemitisme ne saurait, ni sur le plan philosophique, ni sur le plan éthique, servir de prétexte pour alimenter les racismes contre d’autres peuples de la terre, pour les réduire au silence, étouffer leur plainte, ou disqualifier les rêves d’égalité, de justice et de liberté qu’ils portent.
Que se passe-t-il ?
J’ai reçu d’innombrables messages de personnes qui, alarmees, s’inquiètent à mon sujet, au sujet de mon bien-être et au sujet de ma sécurité, et à juste titre. Ils ont en effet appris que depuis plusieurs semaines, je fais l’objet d’attaques totalement infondées, aussi loufoques que vicieuses, de la part de milieux de droite et d’extreme-droite en Allemagne.
A l’origine de cette campagne de diffamation se trouve un politicien local de la Rhénanie Nord-Westphalie. Il s’appelle Lorenz DEUTSCH. Il ne me connait pas et je ne le connais pas. Il est officiellement membre du FPD. Certains d'entre vous me demandent s’il entretient quelque lien que ce soit avec les milieux neo-nazis et ultra-nationalistes. Je n'en sais rien.
Tout ce que je sais, c’est qu’il ne voulait pas que je prononce la grande conférence d’ouverture du Festival de la Ruhrtriennale de cette année. Le Festival a été annulé pour cause de Covid-19.
Notre politicien ne pouvait pas dire qu’il ne voulait pas d’un Nègre au Festival. Il ne pouvait pas dire qu’il s’opposait à moi parce que je soutiens des thèses anticoloniales. Ou que j’ai pris position pour la restitution des objets d’art africains. Ou que je m’oppose au traitement que l’Europe fait subir aux migrants et aux demandeurs d’asile.
Alors il a trouvé mieux. Lui est venue a l’esprit une idée diabolique. Un Negre antisemite, ca pouvait faire d’une pierre deux coups !
Comment expliquer autrement cette vaste campagne de diffamation aux relents racistes ?
Il a pretendu que j’étais un membre du BDS (un mouvement d’origine palestinienne qui prône le boycott d’Israel comme moyen de faire échec à l’occupation). Absolument faux. En fait, je n’appartiens à rien, à aucune église, à aucun parti politique, à aucune organisation. Je ne suis même pas membre du syndicat des enseignants de mon université.
Mais pour DEUTSCH, l’idée qu’un Nègre puisse réfléchir tout seul et prendre des positions morales tout seul est insupportable. Un Nègre est un objet que l’on manipule. Le Parlement allemand ayant décreté que le BDS était un mouvement antisemite, Lorenz DEUTSCH s’est dit qu’il suffisait que lui, dans sa toute-puissance, m’affilie de façon imaginaire au BDS pour que je sois effectivement antisémite.
Il est ensuite allé fouiller dans l’un de mes derniers livres, ‘POLITIQUES DE L’INIMITIE’, puis dans une préface écrite pour un ouvrage publié il y a une dizaine d’années par des chercheurs africanistes (intitule THE POLITICS OF ANALOGY). Il a retenu deux passages sur lesquels il s’appuie pour affirmer que: (1) je compare l’Holocauste et l’Apartheid (et relativise, ce faisant, l’Holocauste); (2) je compare l’Etat d’Israel à l’Etat d’Apartheid (et donc je nie le droit d’Israël a l’existence).
Totalement faux. A-t-il seulement pris la peine de lire ? Je défends exactement la position inverse. Par exemple, dans la préface, je réaffirme en toutes lettres “le droit d’Israel à l’existence”.
Dans POLITIQUES DE L’INIMITIE, au détour d’une reflexion sur l’état de notre monde, je m’arrête sur les politiques de séparation sous leurs différentes manifestations dans plusieurs regions du globe. Sur la base d’études ethnographiques faites par les chercheurs israéliens eux-memes (auxquels je renvoie libéralement), j’évoque la situation dans le West Bank et a Gaza. En réalité, je me contente de résumer ce que tout le monde sait, à commencer par les Israéliens eux-mêmes. Mais non, aux yeux de DEUTSCH, tout cela ne vaut rien. Ce qui compte, c’est son préjugé.
Pour vous dire a quel point Lorenz DEUTSCH est de mauvaise foi : en vérité, je ne crois meme pas qu’une comparaison entre la politique israelienne dans les Territoires occupes et la politique d’Apartheid soit fructueuse. Je l’écris noir sur blanc dans la préface en question. Il ne s’agit pas seulement de deux trajectoires singulières. Chacune a, pour ainsi dire, son historicité propre.
Il me reproche enfin d’avoir soutenu une pétition d’universitaires sud-africains exigeant la fin des échanges entre l’université de Johannesburg et l’université Ben Gourion en Israel, ce qui, selon lui, démontrerait mon hostilité à l’égard de l’Etat d’Israel.
Oui, j’ai signé la pétition parce que l’université Ben Gourion était accusée d’avoir des liens avec les Forces de défense israéliennes et l’industrie de l’armement, facilitant ce faisant et structurellement l’occupation en Palestine.
Pour le reste, Dieu soit loue, DEUTSCH qui prétend etre un libéral n'est pas au pouvoir en Afrique du sud. Avec lui, les Nègres n'auraient jamais eu le droit de signer des pétitions !
Instrumentalisation de l'antisémitisme
Les choses ont pris une tournure dangereuse lorsque, armé de son tissu de mensonges, Lorenz DEUTSCH est alle voir Felix KLEIN, le Commissaire du gouvernement fédéral pour la lutte contre l’antisémitisme et le lui a fait endosser. De manière fort imprudente, ce dernier s’est alors fendu de déclarations dans les medias. Depuis lors, il ne se passe plus un seul jour sans que soit publié un article à mon sujet, que ce soit dans la presse regionale ou nationale.
L’affaire a pris une tournure internationale. Des savants, chercheurs, artistes et écrivains juifs et israéliens de très grande renommée ont signé une lettre ouverte. Elle est adressée aussi bien à la Chanceliere Angela Merkel qu’au Ministre allemand de l’intérieur. Elle fustige ces fausses accusations, exige le licenciement de Felix KLEIN, et s’insurge contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme à des fins idéologiques et de censure, ou dans le but d’étouffer toute critique de la politique israélienne dans les Territoires Occupés.
Des universitaires allemands ont, de leur coté, publié une Lettre de Solidarite qui condamne les accusations mensongères et défend la liberté académique.
La semaine prochaine, une petition internationale signée par plus de 300 universitaires de nationalités diverses sera adressée aux autorités allemandes. Elle condamnera une fois de plus l’instrumentalisation de l’antisémitisme à des fins qui n’ont rien à voir ni avec la protection des Juifs, ni avec la lutte veritable contre les racismes.
Si le cas MBEMBE est en passe de devenir emblématique, et s’il continue de susciter autant de passions en Allemagne, c’est parce qu’il touche au coeur meme de l’identité de ce pays.
L’Allemagne s’est reconstruite au lendemain de l’Holocauste contre l’antisémitisme. On pourrait aller jusqu’a affirmer que lutter contre l’antisémitisme fait partie de l’une des raisons d’être de l’Etat allemand.
Mais il devrait être clair, aussi bien pour l’Allemagne que pour toutes les autres nations de la Terre, que si nous voulons veritablement éliminer l’antisémitisme, il est de notre intérêt à tous de ne pas l’instrumentaliser dans le but de réduire au silence (ou de faire la chasse aux sorcières contre) ceux qui ne sont pas comme nous.
Pour terminer, je dois vous dire une chose.
Parce qu'il s'est exprimé au titre de ses fonctions fédérales, et donc au nom de l'Etat allemand, Felix KLEIN me doit des excuses publiques, et jusqu'a mon dernier souffle, je ne cesserai point de les lui demander.
Je ne suis pas le seul à avoir subi ce lynchage. Beaucoup d'autres intellectuels, souvent originaires ou descendant de pays du Sud, ont été soumis au meme supplice recemment. Ayons une pensee pour eux.
Il s'agit de : Kamila SHAMSIE, Walid RAAD, Nirit SOMMERFELD et Stephanie CARP.
Pour ceux qui sont préoccupés par la montée de l'antisemitisme dans le monde, mais qui sont en même temps opposés a toute instrumentalisation de cette cause, mon cas est sans doute le cas de trop. C'est peut-etre la raison pour laquelle tant de figures parmi les plus qualifiées dans nos disciplines ont pris ma defense, à commencer par des universitaires israéliens et juifs (puisque ce sont eux-mêmes qui tiennent à decliner ainsi leur identité !).
En attendant, je vous remercie tous et toutes.
Texte recueilli de la page Facebook de l'auteur
L'OMS A-T-ELLE VRAIMENT RECONNU L’EFFICACITÉ DE L'ARTEMISIA CONTRE LE COVID-19 ?
L’Organisation mondiale de la santé a bien consacré un récent communiqué aux pharmacopées traditionnelles en Afrique. Mais elle appelle à la prudence, et surtout à la réalisation d’essais cliniques pour en démontrer, ou non, leur efficacité
La plante est promue avec force par les autorités de Madagascar comme un remède potentiel au nouveau coronavirus. Mais aucune autorité scientifique n'a pour l'heure prouvé sa réelle efficacité contre le virus.
Bonjour,
Vous nous interrogez sur l’efficacité potentielle de l’artemisia et de ses produits dérivés pour traiter le nouveau coronavirus. En ligne, il est facile de trouver des publications qui font l’éloge de cette plante de la famille des armoises. «Victoire malgache contre le Covid-19 : l’OMS reconnaît désormais l’artemisia annua comme remède contre le coronavirus», titre ainsi le site Océan Guinée. Dont l’article commence ainsi : «C’est une autre victoire pour [le président malgache] Andry Rajoelina et aussi pour l’Afrique tout entière pour la confirmation du remède malgache contre le Covid-Organics. Dans un communiqué annoncé par l’Organisation mondiale de la santé, cette organisation accueille désormais les remèdes thérapies dans le cadre de la recherche de traitements potentiels de la maladie Covid-19.» Cet article a été partagé près de 4 000 fois sur Facebook, et on en trouve des reproductions ailleurs sur le réseau social.
Distribué massivement à Madagascar
Il est vrai que le président de Madagascar, Andry Rajoelina, n’a de cesse de promouvoir l’artemisia, en assurant de son efficacité contre la pandémie, vous raconte Libé dans un article sur le sujet. Plus particulièrement, c’est le Covid-Organics, une préparation dont la composition n’a pas été rendue publique, qui est distribué massivement dans le pays, en bouteille, en bidon ou sous la forme de tisane. Pourtant il n’existe pas de preuve scientifique de l’efficacité cette plante, abondante à Madagascar, contre le Covid-19.
D’ailleurs, l’OMS n’écrit pas ce que lui fait dire le site Océan Guinée. L’Organisation mondiale de la santé a bien consacré un récent communiqué aux pharmacopées traditionnelles en Afrique. Mais elle appelle à la prudence, et surtout à la réalisation d’essais cliniques pour en démontrer, ou non, leur efficacité : «L’OMS reconnaît que la médecine traditionnelle, complémentaire et alternative recèle de nombreux bienfaits. L’Afrique a d’ailleurs une longue histoire de médecine traditionnelle et de tradipraticiens de santé qui jouent un rôle important dans les soins aux populations. Des plantes médicinales telles que l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles de la Covid-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables. Les Africains méritent d’utiliser des médicaments testés selon les normes qui s’appliquent aux médicaments fabriqués pour les populations du reste du monde. Même lorsque des traitements sont issus de la pratique traditionnelle et de la nature, il est primordial d’établir leur efficacité et leur innocuité grâce à des essais cliniques rigoureux.»
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce qui avait souvent impressionné Dembo, c’est que personne ne pouvait résister à un taximan décidé à vous imposer sa conversation. Il en savait quelque chose pour avoir maintes fois essayé, en vain, de les ignorer
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 08/05/2020
Il était presque deux heures de l’après-midi. Dembo Diatta avait consacré une bonne partie de la matinée à faire mettre en boîte de nombreux ouvrages sur le théâtre achetés dans la librairie où il se rendait régulièrement lors de ses brefs et fréquents séjours à Paris. C’était le moment de rentrer à son petit hôtel de la rue Mélusine, dans le onzième, et il hésitait : prendre le bus 84 ou appeler un taxi ? Il lui restait un peu d’argent mais en plus d’avoir donné rendez-vous en début de soirée à Chris et Muriel Carpentier, un couple d’amis, Dembo commençait à se sentir fatigué. Il faut dire aussi qu’il venait de tomber dans un café du voisinage sur un copain de fac perdu de vue depuis bientôt deux décennies. À l’université de Dakar, Mambaye Cissé s’était fait, très jeune, une réputation de mathématicien de génie et on lui prédisait une carrière scientifique hors normes avec, à la clé, un théorème à son nom ou quelque chose du genre. Mais le malheur avait dû s’abattre sur lui sans crier gare car il n’était visiblement plus bien dans sa tête. Mal rasé, le visage et le cou balafrés, il ne lui restait presque plus une seule dent ; ses mains tremblaient sans arrêt et son haleine puait l’alcool. Montrant à Dembo Diatta des bancs de poisson sur son Ipad, il avait déclaré :
Ce que tu vois ici, c’est la fameuse danse d’amour des mérous marbrés.
Dembo avait froncé les sourcils et Mambaye s’était alors mis en devoir de lui expliquer les images en les faisant défiler une à une :
Tu sais, Dembo, ça c’est le plus grand mystère biologique de tous les temps. Chaque année, exactement à la même date, ces mérous convergent par centaines de milliers vers l’Archipel des Tuamotu, sur l’atoll des Fakarava et là, ils attendent la nuit de la pleine lune pour copuler en masse. En masse, mon frère ! Et ils ne copulent que pendant cette nuit-là !
Puis Mambaye avait conclu son propos sur un rêveur et triomphal : « C’est fort, hein, l’instinct ! »
Après avoir été saoulé pendant deux heures de paroles sans queue ni tête, Dembo Diatta n’avait d’autre envie que de reprendre ses esprits. Au final, donc, pas question de trimballer ses caisses de bouquins dans les transports publics, bus ou métro, sous les yeux narquois ou irrités des Parisiens.
Debout sur le trottoir, il composa le numéro d’une compagnie de taxis.
Avec un peu de chance, il tomberait sur un « bon taximan ». Dans l’esprit de Dembo, cela voulait dire un de ces conducteurs pleins de gaieté et de faconde, prompts à faire croire à chaque client qu’il était un vieux pote à qui on ne cache rien. Ah ça oui, il aimait cette convivialité, surgie de nulle part, entre un éphémère compagnon de voyage et lui-même. Il se souvint de s’être un jour extirpé à contrecœur de son siège au moment de se séparer d’un taximan qui lui avait littéralement mis le crâne sens dessus-dessous. Agrippé à son volant, le jeune homme crachait son venin philosophique à tout va mais en des termes si crus et bien sentis que Dembo Diatta, dramaturge connu – à défaut d’être follement talentueux, soit dit sans méchanceté - caressa l’idée d’un sketch comique qu’il intitulerait Taximan, tu es vraiment grave ! Son petit joyau théâtral serait, pensait-il, une épique traversée de la ville, à la fois joyeuse et vaguement désespérée, ponctuée de charges verbales meurtrières contre, en vrac, la racaille politicienne de son pays, le numéro 10 de l’équipe nationale de foot, expert, celui-là, dans l’art de rater les penaltys de la dernière chance et, bien entendu, les juges hautement farfelus de la Cour Pénale Internationale.
Ce qui avait souvent impressionné Dembo, c’est que personne ne pouvait résister à un taximan décidé à vous imposer sa conversation. Ces gens étaient décidément trop forts, ce n’était juste pas possible de leur tenir tête. Il en savait quelque chose pour avoir maintes fois essayé, en vain, de les ignorer. Selon un scenario quasi immuable, il faisait au début de courtes et sèches réponses à toutes les questions du chauffeur mais finissait vite par rendre les armes, s’excitant même parfois plus que de raison.
Grand voyageur devant l’Eternel et fin observateur des confuses mégalopoles modernes, Dembo Diatta avait d’ailleurs remarqué que l’on ne pouvait non plus rien faire quand, rongé par on ne sait quelle rage intime, l’œil mauvais, le bonhomme choisissait de vous ignorer, vous faisant bien sentir que, calé au fond de son taxi, vous n’étiez qu’un vulgaire paquet qu’il lui fallait bien transporter pour faire bouillir la marmite. Dembo Diatta avait plusieurs fois tenté de briser la glace, à vrai dire moins par intérêt que pour confirmer ses audacieuses hypothèses de recherche sur les mœurs des taximen dans les villes surpeuplées et au bord de la crise de nerfs. Ca n’avait jamais marché. L’autre restait de marbre avec l’air de grogner dans sa barbe cause toujours mon gars, tu m’intéresses, qu’est-ce que tu t’imagines donc, qu’avec ma putain de vie je vais en plus faire le mariole pour tous les enfoirés qui entrent dans cette bagnole ?
Et ce jour-là, 7 janvier 2015, Dembo Diatta n’avait guère eu plus de chance.
Mais ce n’était pas un jour comme les autres.
En milieu de matinée, deux jeunes gens, les frères Chérif et Saïd Kouachi, avaient fait irruption avec leurs kalachnikov dans les locaux de Charlie Hebdo et exécuté l’un après l’autre une dizaine de journalistes. Dembo Diatta était sans doute une des rares personnes à Paris et peut-être même dans le monde à n’avoir pas encore appris la nouvelle.
Une drôle de journée, en vérité. Il s’en souvient jusque dans les moindres détails.
A peine installé dans le taxi, une Volvo grisâtre et aux formes arrondies, il entend la radio de bord revenir, sans doute pour la centième fois, sur l’attentat du 10, rue Nicolas-Appert. De leur voix saccadée, les journalistes multiplient les interrogations pour tenir l’auditoire en haleine : qui a bien pu faire le coup ? Al-Qaida dans la Péninsule Arabique ou L’Etat islamique ? Est-il vrai que Wolinski et Cabu sont parmi les victimes ? Malgré sa stupéfaction, Dembo note mentalement que la mort de ces deux célèbres dessinateurs serait pour tout le pays comme une circonstance aggravante, un deuil dans le deuil, en quelque sorte. Wolinski. Cabu. Leurs noms reviennent tout le temps et, même s’il sait bien que cette histoire n’est tout de même pas la sienne, Dembo Diatta comprend et partage l’angoisse ambiante. Certes, n’ayant jamais vécu en France, il n’avait jamais eu non plus un numéro de Charlie Hebdo entre les mains. Il avait cependant souvent croisé les caricatures de Cabu et de Wolinski dans d’autres journaux et il les avait toujours trouvées à la fois féroces et d’une mystérieuse tendresse à l’égard de ceux qu’ils croquaient. Dembo Diatta n’avait pas envie d’apprendre qu’ils avaient été froidement abattus. C’aurait été comme autant de coups de feu sur les petits sourires amusés et les hochements de tête admiratifs qu’ils avaient réussi à lui arracher de loin en loin au fil des ans.
Il en était là de ses nostalgiques cogitations quand un reporter appela le studio pour faire le point des événements. Tout semblait aller très vite et Dembo Diatta crut percevoir une indéfinissable jouissance, une intense jubilation même, chez tous ces journalistes qui se succédaient à l’antenne. D’avoir pensé cela lui fit toutefois éprouver un peu de honte. Loin de lui toute intention de juger qui que ce soit. « Mais tout de même, se dit-il, ces catastrophes collectives, les gens qui ont eu la chance d’y survivre sont rarement aussi malheureux qu’ils essaient de le faire croire. »
Dembo Diatta avait beau essayer de garder une distance secrètement ironique avec tout ce tohu-bohu, cela restait malgré tout une journée spéciale. Et puis voilà, le hasard l’avait placé au cœur de cette histoire.
Retrouvez la suite de cette fiction inédite de notre éditorialiste, Boubacar Boris Diop, sur SenePlus, vendredi prochain.
par Siré Sy
MACKY ÉCOUTE
Depuis mars 2020, avec le Covid-19, le président semble se rebiffer des griffes de ses partisans et militants, pour sortir de cet isolement dans lequel ces cercles l’ont confiné
La gestion du Covid-19 a montré une toute nouvelle posture du président de la République en termes de management de la Très Haute Performance, dans son versant Communication. Le président est en mode Écoute. De 2012 à 2019, le président Macky Sall était sûr, très sûr même de sa science (le PSE) au point que le président n’était poreux à aucun souffle contraire dans le sens du vent de son PSE. Le président n'aurait-il pas été un tout petit peu abusé par ses militants et partisans qui avaient fini de mettre dans son esprit, que tous ceux qui émettent un avis contraire dans le sens des aiguilles de la montre PSE, étaient des opposants encagoulés, sinon des aigris voire même des populistes en mal de visibilité ?
Résultat des courses, de 2012 à 2019, le président a gouverné seul. Il a pris seul les décisions, et s’est retrouvé seul dans certaines tempêtes. Le président en serait tellement divertit par ses cercles au point qu’il aurait oublié que le partisan (qui a acheté la carte du parti) est dans la propagande, le militant (la mouvance présidentielle) est dans l’information alors que les sympathisants sont dans le libre-propos et dans l'analyse dynamique. Les sympathisants, ce sont toutes ces sénégalaises et sénégalais qui ne sont pas partisans d’aucun parti politique ni militant d’aucune coalition politique, mais qui restent profondément préoccupés par le progrès du Sénégal. A chaque fois que ces sympathisants-là, ont eu à lever la voix, les partisans et les militants leur rétorquent de venir acheter la carte du parti et de rejoindre les rangs pour avoir une certaine légitimité pour prendre la parole. Sinon, de se taire parce qu'il ou qu’elle serait alors un opposant déguisé ou encagoulé.
Sept ans après et à l’épreuve du terrain, le président Macky Sall, a enfin réalisé que ses propres militants et partisans, lui ont mis à dos, des sénégalaises et des sénégalais, qui ne sont pas certes partisans de l’APR ni d’aucun parti politique d’ailleurs encore moins militant d’une coalition politique, mais qui étaient disposé.e.s à nourrir sa perspective, le PSE, en explicitant dans la pédagogie et dans le langage qui sied, des heureuses initiatives prises et des belles actions menées.
Depuis mars 2020, avec le Covid-19, le président semble se rebiffer des griffes de ses partisans et militants, pour sortir de cet isolement dans lequel ces cercles l’ont confiné. A la différence de Zarathoustra, le président n'impose plus sa volonté de puissance, mail il propose comme il était de coutume dans le royaume de Saraba où chacun ‘’zon politikon’’ avait son rôle a joué. Le président prend le temps de l'écoute attentive et participative, à l’écoute de soi pour mieux comprendre les autres. L’écoute, comme le gouvernement de Soi et des Autres.
Depuis quelque temps, le président Macky Sall, a pris de la hauteur et a pris de l'élévation pour se mettre au-dessus de la mêlée. En recevant et en écoutant la classe politique, la société civile et toutes les forces vives de la Nation, et en étant dans le management agile, dans la gouvernance concertée et en mode écoute, le président a pu mesurer de lui-même, tout le gain d’avoir une oreille attentive, une oreille en mode écoute, à tous les sons de cloches. Même ceux qui font désordre. Au plus fort des plaines du Ndoumbélane, là où il ne passe aucun bruit, là où le plus grand événement, est l’envol d’un coq de bruyère, le président écoute et est à l’écoute. Pour parler comme le philosophe danois Søren Kierkegaard.
ACHILLE MBEMBE ACCUSÉ D’ANTISÉMITISME
Le Commissaire du gouvernement allemand pour la lutte contre l’antisémitisme reproche à l’essayiste camerounais d’avoir comparé la politique de colonisation israélienne à l’apartheid en Afrique du Sud
L’intellectuel camerounais de renommée mondiale Achille Mbembe est au centre d’une violente polémique.
Sa participation à l’événement culturel de la Ruhrtriennale – prévu en Allemagne cet été et annulé depuis pour cause de coronavirus – a été contestée par Lorenz Deutsch, le porte-parole de la politique culturelle du groupe parlementaire FDP (Parti libéral-démocrate) au Parlement de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et ensuite par le Commissaire du gouvernement fédéral pour la lutte contre l’antisémitisme, Felix Klein.
Selon le député Lorenz Deutsch, l’essayiste Achille Mbembe, professeur d’histoire et de science politique à l’Université de Witwatersrand, à Johannesburg (Afrique du Sud), et professeur invité au département d’études romanes de la Duke University, aux États-Unis, a fait preuve d’antisémitisme en écrivant dans son ouvrage Politiques de l’intimité, paru en 2016, que la politique de colonisation d’Israël « rappel[ait] à certains égards » le système de l’apartheid en Afrique du Sud.
L’historien et philosophe né au Cameroun en 1957 est connu en Allemagne : il a été honoré à plusieurs reprises comme un éminent penseur du postcolonialisme.
En 2015, il a reçu le prix Geschwister-Scholl pour sa Critique de la raison noire et, en 2018, la ville de Ludwigshafen l’a honoré comme « l’un des penseurs les plus importants du continent africain » en lui décernant le prix Ernst Bloch. Cette même année, la Fondation Gerda Henkel lui a octroyé une distinction pour ses « réalisations de recherche exceptionnelles ».
« Campagne de diffamation »
Cela n’a toutefois pas dissuadé le Commissaire du gouvernement fédéral pour la lutte contre l’antisémitisme d’appuyer les attaques du député Lorenz Deutsch, qualifiant le parallèle entre la colonisation israélienne et l’apartheid comme faisant partie d’« un schéma antisémite bien connu », tout en affirmant que Mbembe « remet[tait] aussi en question le droit d’Israël à exister ».
Réagissant sur les colonnes du magazine Jeune Afrique, l’intellectuel camerounais s’offusque : « En découvrant ces attaques, j’ai cru que j’allais vomir, littéralement. Puis j’ai pensé qu’il s’agissait d’un canular. »
« Aujourd’hui, [Mbembe] ne décolère pas face à ce qu’il qualifie de ‘’campagne de diffamation’’. Il affirme même que, la polémique prenant de l’ampleur, il a été la cible de menaces et d’insultes à caractère raciste », écrit Jeune Afrique.
« Klein s’exprime à partir d’une position d’autorité, mais sur la base d’une ignorance totale des débats académiques », déclare encore l’auteur du très remarqué essai De la postcolonie au magazine panafricain.
« Tout ce que j’ai écrit ou dit repose sur un seul fondement, à savoir l’espoir dans le développement d’une communauté véritablement universelle, dont personne n’est exclu », écrit le philosophe dans une réponse détaillée parue dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit le 23 avril.
Il précise que pour lui, l’antisémitisme est « un crime terrible ». Mbembe affirme aussi qu’il ne banalisera jamais l’Holocauste ni assimilera le meurtre de masse de juifs à l’apartheid en Afrique du Sud.
Le 1er mai, plusieurs artistes et chercheurs, notamment des spécialistes des études sur l’antisémitisme et l’Holocauste, y compris israéliens, ont appelé le ministre allemand de l’Intérieur, Horst Seehofer, à démettre Felix Klein de son poste de Commissaire du gouvernement fédéral pour la lutte contre l’antisémitisme.
« Tenter de présenter le professeur Mbembe comme un antisémite est sans fondement, inapproprié, offensant et nuisible », écrivent les signataires de cet appel.
« Nous voulons être très clairs : une telle étude n’est pas une banalisation de l’Holocauste et certainement pas de l’antisémitisme. Elle est légitime, essentielle et en fait courante dans les études sur l’Holocauste et le génocide. »
Les signataires précisent que quelque 600 éminents spécialistes de l’Holocauste ont récemment affirmé que l’interdiction des analogies du débat sur l’Holocauste était « une position radicale très éloignée du courant dominant sur l’Holocauste et le génocide », avertissant que cela contribuait à rendre « l’apprentissage du passé presque impossible » .
Une fixation allemande : la campagne anti-BDS
Les auteurs de l’appel mettent également en garde contre les conséquences négatives de telles allégations injustifiées d’antisémitisme, lesquelles créent de plus en plus selon eux « un climat de peur en Allemagne, dissuadant les intellectuels, les journalistes et le grand public d’exercer leur liberté d’expression sur des questions controversées qui devraient être débattues publiquement ».
« À cette heure même, un discours libre et critique sur Israël est plus que jamais nécessaire », insistent-ils.
La tribune rappelle notamment qu’alors que le monde combat désespérément le coronavirus, le gouvernement israélien se dirige vers l’annexion de parties vitales de la Cisjordanie occupée, « officialisant une situation de deux peuples avec des droits inégaux à l’intérieur d’un même territoire ».
EXCLUSIF SENEPLUS - Une histoire de famille ? Mansour Faye et Aliou Sall aux premières loges - Les enjeux de transparence des marchés publics - Avec les éditorialistes de SenePlus, René Lake et Paap Seen
Aide alimentaire Covid-19 de l'État du Sénégal : point d'étape. Le gouvernement sénégalais a décidé, pour soutenir les foyers, en particulier ceux nécessiteux ou qui vivent de revenus liés à un emploi informel, de leur fournir des vivres alimentaires en cette période de restriction de mobilité et d'activité professionnelle réduite. Après un léger retard, la distribution des vivres a commencé par Yène et Guinaw Rails. Il s'agit de 100 kg de riz, 10 litres d'huile, 10 kg de sucre et du savon.
La distribution est gérée par Mansour Faye, ministre en charge du Développement communautaire et non moins beau-frère du président Macky Sall. Le comité de suivi de la Force Covid-19 a aussi été mis en place avec le Général Francois Ndiaye à sa tête.
Aliou Sall, maire de Guediawaye et aussi frère du président, est membre de cette Force Covid-19, qui a récolté des milliards d'aide de personnes physiques et entreprises du secteur privé. Quelques polémiques ont entouré les marchés de gré à gré liés à l'aide alimentaire Covid-19.
Deux éditorialistes de SenePlus autour du présentateur Ousseynou Nar Gueye de Tract.sn : à Washington, René Lake et à Dakar, Paap Seen.
MULTIPLE PHOTOS
QUI SE CACHE DERRIÈRE CES TRÈS POPULAIRES PAGES DE FAUSSES CITATIONS SUR LE COVID-19 ?
Poutine, le président de Madagascar ou encore Didier Raoult... de nombreuses citations de personnalités publiques ont circulé ces dernières semaines sur les réseaux sociaux. Elle sont toutes inventées par un réseau de jeunes Congolais pour faire du buzz..
Les Observateurs de France 24 |
Alexandre Capron |
Publication 07/05/2020
Depuis le début de la pandémie de coronavirus Covid-19, une trentaine de citations publiées sur des pages Facebook congolaises attribuées à des personnalités publiques comme l’infectiologue français Didier Raoult, le président français Emmanuel Macron ou le président malgache Andry Rajoelina recueillent un franc succès sur Facebook, mais s’avèrent toutes inventées. La rédaction des Observateurs de France 24 a mené l’enquête et retrouvé les administrateurs de ces pages : des Congolais d’une vingtaine d’années qui disent créer ces publications "pour le buzz".
Depuis le mois de mars, des publications partagées des milliers de fois essaiment sur les fils Facebook de nombreux internautes, principalement africains ou de la diaspora africaine, et sont régulièrement signalés par des utilisateurs des réseaux sociaux à la rédaction des Observateurs de France 24.
Ces publications ont toujours le même format : une ou deux photos de la personne et du sujet en question, avec une citation souvent choc en lien avec la pandémie de Covid-19 : l’une des premières repérées par notre rédaction avait été attribuée en mars dernier à l’épidémiologiste français Didier Raoult, qui aurait prétendument appelé "les Africains à ne pas prendre le vaccin de Bill Gates contre le coronavirus". Cette citation s’était avérée totalement inventée.
Depuis, de très nombreuses ont suivi : l’ouverture d’une enquête de Donald Trump sur Bill Gates concernant un vaccin que le milliardaire prétendait élaborer ; une rencontre entre Emmanuel Macron et le président malgache Andry Rajoelina pour discuter du breuvage Covid-Organics élaboré à partir de la plante Artemisia annua et promu par Madagascar comme solution contre le Covid-19 ; ou encore une prétendue déclaration du directeur de l’OMS attestant de l’efficacité de ce même médicament malgache. Aucune de ces affirmations n’est vraie.
Au moins cinq pages gérées par des internautes en République démocratique du Congo
Les publications que nous avons identifié sont initialement apparues sur au moins cinq pages Facebook, toutes calquées sur le même format : "V É R I T É", "Grass’d-Vérité. ", "Grass’d-Vérité 2.", "Browns-Liberté.", et "B R O W N S". Cette dernière page a été supprimée de Facebook, mais les quatre autres sont toujours actives et comptent entre 36 000 et 150 000 abonnés chacune. Elles sont chacune administrées par les trois mêmes personnes basées en République démocratique du Congo et ont été créées entre juillet 2019 et janvier 2020.
Les photos illustrant les propos de cette page sont par ailleurs toujours hors contexte : la prétendue rencontre d’Emmanuel Macron avec le président malgache Andry Rajoelinia est illustrée par une photo datant de mars 2019 et prise lors du One Planet Summit au Kenya, plus d’un an avant le début de l’épidémie de Covid-19.
"Notre page peut gagner jusqu’à 5000 abonnés par jour"
En analysant ces cinq pages et les informations laissées par leurs administrateurs, comme leur compte Instagram, la rédaction des Observateurs a pu en identifier au moins deux et rentrer en contact avec l’un d’entre eux.
Il s'agit d'un étudiant à l'université de Kinshasa, âgé de 20 ans, dont nous avons décidé de ne pas dévoiler l'identité. Il a créé ces groupes avec deux de ses amis pour "publier des informations réalisables ou pas (sic)" selon ses mots. Il explique : "On invente des informations pour se faire des abonnés, comme par exemple sur la visite d’Emmanuel Macron à Madagascar. Mais notre objectif c’est de publier des informations pour qu’elles se réalisent. Par exemple celle d’une année blanche en RDC pour l’éducation : c’est une information probable au moment où on la publie [cette publication a par la suite été démentie par le ministre de l’Education selon cet article de l’AFP Factuel, NDLR]."
Notre stratégie, c’est de partager ces publications dans plusieurs groupes comme RDC News 24h/24 [qui compte 504 000 membres, NDLR] ou Radio Okapi [forum d’expression libre de 300 000 membres, NDLR]. Nous donnons aux internautes une information nouvelle, qu’ils n’ont pas encore lue ailleurs, et c’est pour cela qu’elle est beaucoup partagée. Grâce à cela, notre page peut gagner jusqu’à 5000 abonnés par jour. En un mois, nous en avons eu plus de 60 000 sur "V É R I T É" par exemple.
Le jeune homme assume donc pleinement le caractère inventé des publications et concède ne pas indiquer à ses lecteurs que les publications sont fausses "pour des raisons stratégiques "et "pour ne pas être déconsidéré [par le public]". Sur sa page Facebook personnelle, on découvre une personne qui ne croit pas en la réalité de la pandémie de Covid-19 en RDC et milite notamment pour une "année blanche" pour les étudiants en République démocratique du Congo. Des opinions personnelles qu'il a ensuite transformé en "information" via les pages qu'il administre.
Des jeunes Congolais issus de la même école qui se copient
Face au Covid-19 et au confinement, parfois très dur, décidé par nombre de gouvernements, les femmes sont les premières touchées. La ministre conseillère chargée du Genre Euphrasie Kouassi Yao vante l’ingéniosité des Ivoiriennes
Sputnik France |
Christine H. Gueye |
Publication 07/05/2020
Face au Covid-19 et au confinement, parfois très dur, décidé par nombre de gouvernements africains, les femmes sont les premières touchées. Au micro de Sputnik France, la ministre conseillère chargée du Genre Euphrasie Kouassi Yao vante l’ingéniosité des Ivoiriennes et leur solidarité pour se protéger tout en continuant à gagner leur subsistance.
«C’est vrai qu’il faut manger, mais pour le faire, il faut d’abord être en vie. C’est pour cela que nous appliquons strictement les mesures barrières avec une relative facilité pour la distanciation car elle coûte zéro franc. Cet élément nous a permis de convaincre plus facilement les femmes dans la mesure où elles savent qu’elles n’ont rien à dépenser pour préserver leur vie et se battre pour l’entretenir. Et les résultats sont là, tangibles!», a expliqué fin avril l’invitée Afrique de Sputnik France, la ministre ivoirienne conseillère du Genre Euphrasie Kouassi Yao, confinée dans sa résidence de Cocody Riviera à Abidjan depuis le 17 mars.
Partout dans les grandes villes africaines, le même dilemme se pose. Faut-il laisser les habitants mourir de faim ou de maladie? Car enfermer les gens dans les bidonvilles sans eau, sans électricité et, bien souvent, sans recours médical ne peut être que la dernière option. Au Kenya ou en Afrique du Sud, qui reste le pays le plus touché par la pandémie à ce jour sur le continent avec 7.220 cas confirmés, des émeutes de la faim ont déjà eu lieu. Elles ont dû être réprimées sous les coups de bâton et à grand renfort de gaz lacrymogènes.
Pour les femmes africaines, ce dilemme est encore plus grave puisque le confinement est bien souvent synonyme de violences conjugales accrues. Alors que faire? Comment les mobiliser et les aider à lutter contre cette catastrophe sanitaire? Tout en évitant qu’elle ne se transforme en une catastrophe économique, puisqu’il leur est interdit de se déplacer, de commercer ou de vaquer à des activités génératrices de revenus pour nourrir leurs enfants.
Pour Euphrasie Kouassi Yao, la réponse est claire. Il ne s’agit pas de se lamenter mais de réagir en unissant ses forces. Le 24 avril dernier, cette militante de longue date pour l’autonomisation des femmes a lancé le projet BASE, dont l’acronyme signifie «Banque d’amour et de solidarité efficace». Une initiative qu’elle pilote avec la chaire Unesco «Eau, femmes et pouvoir de décisions» –dont elle est la titulaire– et l’Organisation de femmes du compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (Cocofci) –qu’elle coordonne depuis neuf ans.
Une contribution de 1.000 francs CFA (1,50 euro) est demandée à chaque adhérent de BASE qui a obtenu le soutien des hommes pour la fabrication industrielle de masques. Une fois fabriqués, ceux-ci seront distribués gratuitement aux personnes les plus vulnérables, notamment aux diabétiques avec de l’insuline. Cette distribution s’accompagnera de transferts monétaires pour les plus nécessiteux grâce à des cartes prépayées éditées par les opérateurs téléphoniques.
«Face au Covid-19, il faut faire preuve de solidarité. Pas d’entraide sociale mais bien de solidarité, car c’est ce qui va nous apporter des solutions à long terme en Afrique. Ici, en Côte d’Ivoire, nous avons du coton, du fil et du caoutchouc à profusion. Qu’est-ce qui nous empêche de les transformer en masques au lieu d’en importer? En combinant nos ressources, sur le plan humain, et grâce aux contributions de nos membres et de ceux qui nous soutiennent, nous allons commencer en créant une usine pour fabriquer des masques», a déclaré Euphrasie Kouassi Yao au micro de Sputnik France.
Selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine, la Côte d'Ivoire avait enregistré, au 5 mai, un décès supplémentaire et 32 nouveaux cas de maladie à coronavirus, portant à 1.464 le nombre de cas confirmés et à 18 celui de décès.
Ce qui la met très loin, pour l’instant, derrière l’Égypte, deuxième pays le plus touché avec 6.813 cas recensés, suivie par le Maroc, l’Algérie, le Nigeria et le Ghana.
Grâce à quelques «mesures ingénieuses» –comme coudre ses propres masques ou faire soi-même son gel ou son savon pour se laver les mains–, la ministre conseillère du Genre se dit convaincue qu’il n’y a aucun obstacle que les quelque 15.000 femmes cadres, productrices et agricultrices, membres du Cocofci, ne puissent surmonter. Et ce, malgré le confinement et la recrudescence des violences conjugales et domestiques qu’il peut engendrer.
«Cette maladie est venue nous rappeler que l’être humain est au centre de toutes choses. On peut avoir des ressources financières ou être un homme politique bien placé et mourir du Covid-19. Amour, solidarité et audace, jamais les valeurs qui fondent notre action au compendium n’ont été aussi utiles. Les mesures ingénieuses pour les femmes ivoiriennes, c’est de faire au mieux avec ce que nous avons», a-t-elle ajouté.
Reste les violences domestiques qui défraient régulièrement la chronique en ces temps de confinement. Certes, la Côte d’Ivoire n’est pas le seul pays en Afrique à être confronté à ce phénomène, mais il semble s’aggraver.
Juguler les violences domestiques
Selon les associations de défense des droits des femmes présentes dans la capitale ivoirienne, –coupée du reste du pays depuis le début du confinement–, le contexte actuel, notamment les mesures édictées dans le cadre de la riposte sanitaire, contribuerait à amplifier les violences conjugales.
«Avec le ralentissement économique et le couvre-feu [de 21 heures à 5 heures du matin], Abidjan est chaque soir le théâtre de drames qui se déroulent à huis clos», selon Irad Gbazalé, la présidente de l’ONG Femmes en action.
Le manque de structures d’accueil pour ces femmes n’aide pas, même s’il existe déjà à Abidjan un Centre de prévention et d'assistance aux victimes des violences sexuelles (Pavios) qui recueille des femmes victimes de violences domestiques. Que pourraient faire les autorités ivoiriennes pour y remédier ?
«Ce genre de centre doit être mieux équipé et réorganisé, comme en France, pour répondre aux besoins. Même s’il n’y a que 10% des femmes qui sont violentées en Côte d’Ivoire, il faut que l’on s’organise pour les accueillir au cas où ce phénomène s’amplifierait. Nous travaillons également à un numéro vert qu’elles pourront appeler en toute confiance», répond Euphrasie Kouassi Yao.
Elle insiste, toutefois, sur le fait que le ministère ivoirien de la Femme préfère quant à lui travailler de façon globale dans le cadre d’un programme de lutte contre les violences faites au genre. «Un peu comme la Côte d’Ivoire l’avait fait pour la santé de la reproduction», rappelle-t-elle.