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27 avril 2025
Développement
OUSMANE TANOR DIENG A LAISSÉ ’’DES MARQUES D’ESTIME INDÉLÉBILES ET PRÉCIEUSES’
Le Secrétaire général du PS était ’’un haut fonctionnaire et avait une culture d’Etat peu connue’’, a rappelé le chef de l’Etat Macky Sall qui lui rendait hommage ce dimanche
L’ancien Secrétaire général du Parti Socialiste, Ousmane Tonor Dieng (1947-2019), a laissé ’’des marques d’estime indélébiles et précieuses’’, a estimé, dimanche, le chef de l’Etat.
’’Ousmane Tanor Dieng est toujours là parce qu’il a laissé sur son chemin de vie et dans nos mémoires des marques d’estime indélébiles et précieuses’’, a soutenu, dimanche, Macky Sall.
Il s’exprimait à l’occasion d’une cérémonie d’hommage à feu Ousmane Tanor Dieng organisée à la Maison du Parti socialiste (PS) en présence de nombreux resonsables de la majorité et de l’opposition.
Le Secrétaire général du PS était ’’un haut fonctionnaire et avait une culture d’Etat peu connue’’, a rappelé le chef de l’Etat, soulignant qu’il avait le ’’respect’’ et la ’’considération’’ des anciens chefs de l’Etat.
’’Je veux aussi parler de ce témoignage du président Abdoulaye Wade. Bien que n’étant pas du même bord qu’Ousmane Tanor Dieng, il avait pourtant beaucoup de respect et de considération pour lui’’, a relevé Macky Sall, prenant à temoin le président de Rewmi (opposition), Idrissa Seck, présent à cette cérémonie d’hommage.
Pour le président de la République, M. Dieng a été ’’un exemple de constance et de cohérence’’.
’’Il a été un capitaine lucide et ferme qui a su tenir le gouvernail de la barque au milieu des vagues qui secouaient le parti socialiste. Ousmane Tanor Dieng était très discret sur ses hauts faits d’arme, mais ses actes parlaient pour lui plus que tous les discours’’, a souligné Macky Sall.
Selon lui, l’œuvre de Ousmane Tanor Dieng, aura fait ’’le récit éloquent’’ de ce qu’il entreprenait ’’d’essentiel et d’utile’’ pour le Sénégal, le PS et la Coalition Benno Bokk Yakaar (BBY).
’’Il était un homme de devoir et de principe qui tenait à l’éthique à la retenue et à la réserve’’, a-t-il témoigné.
Macky Sall, parlant de son compagnonnage avec le défunt SG du PS a confié que ce dernier ne lui a ’’jamais manifesté de qu’elle que manière qu’il soit un signe d’impatience, même lorsqu’il resta longtemps sans occuper une fonction’’.
Pour lui, Ousmane Tanor Dieng a ainsi donné ’’une leçon de déontologie administrative et politique qui raisonne au-dessus du vacarme si fréquent de nos jours.
Il a salué la mémoire d’un ’’aîné précieux’’ qui fut aussi ’’un conseiller avisé, efficace et honnête’’ même s’ils pouvaient ’’souvent’’ avoir des divergences sur des sujets donnés.
Cette cérémonie d’hommage a été aussi une occasion pour le chef de l’Etat de lancer un message à l’opposition.
’’Je voudrais dire qu’au-delà de nos trajectoires différentes, nous avons tous comme seule et grande référence ce pays qu’est le Sénégal’’, a-t-il déclaré.
DES SERVICES ÉVALUÉS À PRÈS DE 1000 MILLIARDS DE FRANCS CFA
Les services de restauration, d’hébergement ou autres à founir au personnel évoluant dans les insdustries extractives au Sénégal, dans les années à venir, sont évaluées à près de 1000 milliards de francs CFA
Fatick, 23 fév (APS) - Les services de restauration, d’hébergement ou autres à founir au personnel évoluant dans les insdustries extractives au Sénégal, dans les années à venir, sont évaluées à près de 1000 milliards de francs CFA, a indiqué, la présidente du Comité national d’Initiative pour la transparence dans les industries extractives du Sénégal (CN-ITIE), le Pr Awa Marie Coll Seck.
’’Nous avons évalué les services de restauration, d’hébergement, d’hotellerie ou autres à fournir dans quelques années au personnel évoluant dans les industries extractives à 999 milliards de francs CFA’’, a dit Mme Seck.
Elle s’exprimait vendredi lors d’un atelier régional de partage du rapport de conciliation de l’l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), portant sur les données fiscales de 2018.
’’Ce qui veut dire qu’ il y a de l’argent que les populations, les entreprises nationales ou internationales peuvent capter en offrant différents services’’, a-t-elle ajouté, en présence des autorités
administratives de la région et des acteurs de la société civile.
’’C’est pour cela, a-t-elle préconisé, nous devons bien travailler pour nous assurer de cette manne financière. Nous devons encore faire plus d’efforts pour nous conformer aux appels d’offres et cahiers de charge’’.
Elle a indiqué que sur des marchés de plus de 20 milliards de francs CFA attribués par appels d’offres en 2018 par le secteur extratif, un milliard est revenu aux entreprises nationales.
’’C’est dire donc qu’il y a encore un travail de mise à niveau à faire pour permettre à nos entreprises de compétir à l’échelle mondiale et bénéficier de ces marchés’’, a t-elle ajouté.
Dans cette perspective, elle a souligné, que la loi sur le contenu local, ’’présente beaucoup d’espoir’’ pour les entreprises’’ puisqu’ aujourd’hui le Sénégal a légiféré en faveur d’ une préférence nationale.
Elle a rappelé que le contenu local est la contribution qu’un projet pétrolier, gazier, ou minier apporte à l’économie locale, régionale, ou nationale en plus des revenus versés au gouvernement.
’’Ces contributions peuvent prendre la forme d’emplois, d’achat de biens et de services de formation et de projets sociaux’’, a-t-elle précisé.
La présidente du CN-ITIE a souligné qu’en ce qui concerne la région de Fatick, ’’il y aura du pétrole au niveau du bloc de Sangomar d’ici quelques années’’.
’’Il y a donc de grandes perspectives et nous voulons que les populations se préparent déjà en investissant dans des activités privées pour bénéficier des retombées financières du secteur extractif’’, a lancé l’ancien ministre de la Santé et de l’Action sociale.
L’adjoint au gouverneur de Fatick chargé du développement, Abdou Diop, a de son côté, indiqué que le projet pétrolier Sangomar (Fatick) concentre des réserves de pétrole estimées à plus de 630 millions de barils.
’’La décision finale d’investissements a été entérinée en janvier 2020 marquant ainsi le début d’un projet en plusieurs phases qui devrait générer des revenus pour les décennies à venir et la première production de pétrole est attendue en 2023’’, a ajouté M. Diop.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LA JUMENT EN DÉTRESSE
EXCLUSIF SENEPLUS - La maltraitance animale qui se déroule sous nos yeux à Dakar est parfois cruelle - Le cheval qui tombe sous le joug d’un cocher ne soulève pas les cœurs - Cela en dit long sur notre éducation à l’altruisme - NOTES DE TERRAIN
La jument se secoue de toutes ses forces pour se redresser. En tombant, les pièces du harnachement se sont enroulées autour de son avant-main. Elle se fait mal, à chaque fois qu’elle essaie de se démener. Le cocher est perdu. Il doit prendre une décision mais ne sait pas quoi faire. Il est hésitant, comme s’il était en face d’un problème complexe. Il tente d’abord de défaire l’attelage, mais n’y arrive pas. Il cherche alors à enlever le poids du chariot, des chaises principalement. Des personnes, assises en face, dans un commerce de vieux meubles, lui conseillent de détacher les lanières. Un homme lui tend un couteau. Il le saisit et enfin détache les brancards. La jument se lève, la bouche mousseuse. Elle porte une robe baie. Son propriétaire la caresse. Elle est blessée à plusieurs endroits du corps. Mais déjà, elle est prête à reprendre sa dure besogne.
La scène s’est passée juste devant moi. Comme d’autres passants, j’ai observé le calvaire de l’animal, et j’ai assisté impuissant aux manœuvres pour le délivrer. Cinq minutes de souffrance. Nous étions tous soulagés quand la jument s’est remise sur ses jambes. Ses complaintes étaient imperceptibles, tant elle paraissait calme et oublieuse du supplice qu’elle venait d’endurer. Cependant nous pouvions percevoir les blessures de son âme et partager son martyre. Par ce sentiment logé au plus profond de notre conscience, qui lie l’homme à l’homme, et l’homme à l'animal. On pouvait même voir, dans les gestes et le visage triste du bourreau, beaucoup de peine. Son attitude traduisait une grande contrariété. Comme un coupable pris en flagrant délit, qui a honte et qui tient un argument moral infaillible pour justifier son forfait : l’état de nécessité.
La charrette du cocher est son instrument de survie. Il est contraint de travailler pour subvenir à ses besoins. Il n’y a ni mal ni bien dans ce qu’il fait. Il subit juste sa nature humaine ambivalente, qui le pousse, pour joindre les deux bouts, à faire trimer son cheval dans des conditions exécrables, et qui en même temps le rend triste lorsqu’il perçoit pleinement le sort misérable de son animal de trait. La leçon de l’obligation et du devoir précède celle de la compassion. En voyant sa mine penaude, j’ai pensé que le cocher a peut-être fait, sur le feu de l’action, un rapide examen de conscience, et que les regards angoissants des spectateurs de cette violence inouïe ont blessé sa pudeur.
La brutalité du cocher, qui fait endurer mille souffrances à son cheval, n’est pas totalement condamnable. Ce n’est pas la violence pour la violence. Une violence pure, délibérée. Même si nous ne pouvons aucunement y voir un acte tolérable. La maltraitance animale qui se déroule, sous nos yeux, à Dakar, est parfois cruelle. Elle concerne surtout les chevaux, qui subissent des brutalités physiques et mentales ininterrompues. Ces situations sont devenues presque anodines. Nous les rencontrons tous les jours. A la longue, nous sommes désensibilisés, et finissons par ne plus nous en émouvoir. D'ailleurs, comment pourrait-on témoigner de la compassion à des animaux dans un pays où une grande partie des hommes vivent déjà dans des conditions difficiles ?
Il serait ridicule d'essayer de faire comprendre au cocher que l’animal aussi à des droits naturels. Qu’il n’a pas le droit de le traiter ainsi. Que ce qu’il fait, c’est de la torture. Qu’il y a une fraternité à exercer entre les hommes et les animaux. Pourquoi ? Parce qu’il ne contrevient pas à l’éthique sociale. Non seulement, ce n’est pas interdit de faire travailler les chevaux mais on ne nous a pas appris à développer de l’empathie pour les animaux. A cultiver, à leur égard, un élan d’équanimité. Pourtant, il y a une unité spirituelle entre tous les êtres vivants. C’est cette interdépendance qu’a voulu montrer Tierno Bokar, le sage de Bandiagara, lorsqu’il rappela à ses élèves, lors d’une leçon, rapportée par Amadou Hampâté Bâ, dans Vie et enseignement de Tierno Bokar, le devoir de porter secours à un oiseau tombé de son nid. “Eh bien, mes amis, en vérité, celui qui apprendrait par cœur toutes les théologies de toutes les confessions, s'il n'a pas de charité dans son cœur, ses connaissances ne seront qu'un bagage sans valeur”, leur avait-il dit.
Certaines émotions et sentiments humains sont plus faciles à nourrir que d’autres. Comment s’élever en conscience, et conserver de la bienveillance pour les êtres vivants lorsque la société ne nous enseigne pas à le faire ? Il y avait dans le regard du cocher, un peu de honte mêlée à l’abattement. Il était, sous les yeux de plusieurs personnes, acteur principal d’une scène de cruauté. Et il reconnaissait, par son expression dépitée, la souffrance de l’animal. Mais il n’y avait aucun pardon à formuler. Car, en l’espèce, la faute n’était pas blâmable. Elle n’avait aucune valeur normative, au sens de la morale. Le cocher a sans doute repris son travail quotidien. Pour nous, témoins de la scène, l’enjeu n’était pas dramatique. Certains ont hué sourdement cette violence imposée à l'animal, et sont repartis à leurs affaires. Sans plus.
Nous sommes en permanence confrontés à des situations où l’éthique se heurte à des considérations pratiques, les cruautés légitimées. Notre rapport aux animaux est aussi lié à notre conception de la vie, à notre sensibilité en tant que groupe humain. Toutes les tyrannies ne se valent pas. Mais elles se constituent dans le même moule social. Le cheval qui tombe sous le joug d’un cocher ne soulève pas les cœurs, ici au Sénégal. C’est une situation fréquente. Normale. Mais elle en dit long sur notre éducation à l’altruisme et notre clémence. Quand nous sommes impuissants, insensibles devant des expériences quotidiennes de violence, c’est que nous ne parvenons pas encore à sublimer notre humanité et à relever notre état de conscience. Au final, ce sont toutes ces petites actions, fondamentalement violentes, dirigées vers les faibles, qu’ils soient humains ou animaux, qui absorbent tout le potentiel émancipateur de la société sénégalaise.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, EMMANUEL DESFOURNEAUX
LA CREI SOUS INFLUENCE POLITIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - L'absence de recours était une faille manifeste - Je n’ai jamais dit que ceux qui ont été poursuivis étaient innocents - Il faut rendre immortelles les actions de prévarication - ENTRETIEN AVEC ABDOUL MBAYE
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 23/02/2020
Cette interview d’Abdoul Mbaye portant sur la CREI, toujours en pleine actualité, revêt une importance majeure pour trois raisons :
- D’une part, Abdoul Mbaye était Premier Ministre au moment où la traque des biens mal acquis a été lancée.
- D’autre part, Abdoul Mbaye est issu d’une famille dont le père, feu le juge Kéba Mbaye, marqua de son empreinte la justice sénégalaise avec son exigence d’éthique. Ce dernier rappelait souvent l’importance de plus d’éthique et de plus de développement dans l’action politique. Ce n’est pas la politique politicienne qui développe un pays, ajoutait-il.
- Enfin, tandis que des agents publics, hauts-fonctionnaires et ministres se font épingler par les rapports de l’OFNAC, de l’IGE et de la Cour des comptes, l’avis d’Abdoul Mbaye, pour ma part, est essentiel sur les stratégies de lutte contre la corruption. Les questions ont été posées sans concession et les réponses, par conséquent, me semble-t-il, ont été directes.
Cette interview se présente en deux parties : l’une qui se penche sur la période d’Abdoul Mbaye en sa qualité de Premier ministre ; l’autre qui s’intéresse à la pensée d’Abdoul Mbaye indifféremment de sa fonction de Premier ministre. La distinction entre ces deux périodes, entre le Premier ministre qu’il fût et l’opposant qu’il est devenu, permettra au lectorat d’apprécier la constance ou pas de l’ancien Premier ministre sur la CREI.
Cette interview inédite est suivie de mon édito : « La mise en débat de la CREI ». Depuis quelques années, j’ai un regard critique sur cette juridiction d’exception. Je l’ai dénommée « Léviathan judiciaire ». La confrontation des idées, tout particulièrement en démocratie, dans le respect du contexte sénégalais et des personnes, ne pourra qu’enrichir le débat sur la lutte contre la corruption. D’autant plus que les éléments de convergence sont loin d’être négligeables entre les défenseurs et les accusateurs de la CREI.
Interview : Première partie : Abdoul Mbaye, Premier ministre :
Quel rôle avez-vous joué dans la réactivation de la CREI ? Comment les tâches étaient-elles réparties entre Aminata Touré (à qui la paternité de la lutte contre l’enrichissement illicite est attribuée) et vous ?
Abdoul Mbaye : Selon moi, la CREI devait être un recours ultime, et à ce titre ne devait pas disparaître. Pour moi l’objectif principal était de récupérer le maximum de l’argent volé selon la démarche suivante :
• Enquêtes approfondies conduites sous l’égide d’un « board » constitué sous ma présidence avec présence des ministres concernés, de représentants de la société civile et d’experts (avocats spécialisés, président de l’ordre des experts comptables) aussi les chefs de tous les corps de contrôle de l’Etat.
• Appel à un cabinet international spécialisé dans la recherche d’informations financières (Kroll international consulté avait fait des propositions acceptées).
• Négociation avec le concerné sur la base des informations disponibles lui prouvant qu’il se trouve « à découvert ».
• En cas de refus de rendre le maximum des valeurs identifiées comme volées, recours à la douane (on oublie souvent les sanctions prévues par la réglementation des changes avec des amendes pouvant aller jusqu’à 5 fois les montants sortis ou détenus à l’étranger sans autorisation) et à l’administration fiscale avant la CREI. Cette démarche avait fait l’objet d’échanges avec des experts de la Banque mondiale conviés. Ils avaient confirmé qu’elle répondait davantage au souci d’efficacité consistant à récupérer des sommes importantes qui auraient été détournées. Cette démarche a finalement été rejetée, toute responsabilité dans le recouvrement des biens mal acquis m’a également été niée. Cela préparait le traitement politique de la question. C’est ce qui explique ma décision de totale non-implication dans ces dossiers.
N’avez-vous jamais eu de doutes sur le caractère politique de la traque des biens mal acquis ?
La CREI n’a finalement répondu qu’à une logique politique. Voir ci-dessus. La seule fois où j’ai soutenu le Ministre de la justice, c’est lorsque l’opposition en crainte « globale » a choisi de me viser comme bouc émissaire avec cette motion de censure portant sur les soi-disant milliards de Habré. Le Gouvernement est un organe collégial. Par principe, ce soutien était nécessaire dans une démarche où, contre la nouvelle opposition, il me fallait prouver que les voleurs c’étaient eux. Nous étions d’ailleurs au début de la liste et des actions de poursuite, et je ne pouvais imaginer que celles engagées seraient à ce point sélectives.
N’avez-vous jamais vu les imperfections de la CREI telles que l’absence de recours ?
L’absence de recours était une réalité. Bien entendu que cette faille était manifeste. D’où une démarche proposée au Chef de l’Etat visant à éviter la CREI comme je viens de vous le souligner. Mais cependant le refus d’être associé à une démarche politisée de lutte contre les biens mal acquis suffisait sans que je ne me mette à contester l’existence même de la CREI. Cela n’aurait pas eu de sens politique et même éthique. Je n ‘ai en effet jamais partagé l’idée selon laquelle : à défaut de les poursuivre tous, ne poursuivons personne. Je n’ai jamais dit que ceux qui ont été poursuivis étaient innocents. Je dis plutôt que la vraie justice doit être impartiale en sus de sévir contre des présumés coupables dument identifiés. Toute notre justice est d’ailleurs concernée.
Avez-vous eu une pensée pour Karim Wade lorsqu’il fut arrêté ? Notamment en pensant aux paroles de Me Abdoulaye Wade lors de la cérémonie d’hommage à votre père où le Président avait déclaré à votre endroit que vous étiez son enfant.
Je dis aussi que A. Wade est mon père, et cela est sincère en moi. Mais j’ajoute toujours : « même si nous n’avons pas la même conception de la gouvernance de la chose publique ». Pour le reste, ceux qui me connaissent savent que même si mon frère de sang avait agi comme certains, s’enrichissant au détriment du peuple, j’aurais demandé des poursuites contre lui. Où pensez-vous que l’attitude d’un gouvernant chargé d’appliquer la justice devrait d’abord être guidé par le lien familial ? La seule ligne de défense que j’ai trouvée à ce jour en faveur de ceux choisis pour être poursuivis avec l’objectif de les faire entrer au sein de la majorité ou tuer leur influence politique : la justice inégale est injustice. Cela dit, au-delà de cette concession, les criminels en col blanc doivent tous être poursuivis. J’ai d’ailleurs soutenu le candidat Macky Sall en partie à cause de cette partie de son programme. Je n’ai pas fait un choix de famille.
Deuxième partie : Abdoul Mbaye au-delà de la primature
Quelle est l’influence de votre père dans votre position de maintenir la CREI ? Pensez-vous que la CREI n’est-elle pas une sorte de consécration indirecte de son concept de droit au développement ? Comment aurait réagi votre père sur la réactivation de la CREI ? Sa position n’aurait-elle pas été mitigée ? A la fois une nécessité pour l’éthique politique mais des questionnements autour du respect des droits de l’homme (il ne récusait par l’universalisme des droits de l’homme) qui, malgré leurs générations, sont indivisibles et interdépendants (Art.6 2 de la Déclaration sur le droit au développement des Nations unies du 4/12/1986).
Il n’est un mystère pour personne que mon père était contre la CREI. Parce qu’il était contre le principe des juridictions d’exception. Je pense qu’il pressentait également son usage à des fins politiques. Cependant, il n’a jamais été pour le vol des ressources publiques. Cela le révulsait au plus haut point (voir sa leçon inaugurale à l’UCAD sur l’Ethique au Sénégal). Je suis personnellement pour le maintien-réaménagement (ajout du recours) de la CREI (plutôt cela que rien comme le souhaitent certains). Une autre solution pourrait être la désignation dans le dispositif « normal » de procureurs spécialisés dans la lutte contre la corruption, comme ailleurs des procureurs sont spécialisés dans la lutte anti-terroriste.
Pouvez-vous préciser en quoi le renversement de la charge de la preuve ne porte pas atteinte à la présomption d’innocence (La France ne consacre pas l’infraction d’enrichissement illicite au regard de son incompatibilité avec la présomption d’innocence et pourtant des ministres et autres sont épinglés) ?
Que fait-on lorsque l’on prend quelqu’un avec une valise pleine d’argent dont il déclare être propriétaire et dont il est incapable de prouver l’origine ? Où est la preuve à rechercher ? S’agit-il du constat d’un argent mal acquis (et donc déjà une preuve) sauf précision de sa source, ou faut-il la preuve de sa source précise par le poursuivant ? Savez-vous qu’une valise contenant des produits de contrebande au-dessus de votre tête dans un train, même si elle ne vous appartient pas, vous fait coupable de contrebande ? Le grand tort que fait la corruption au développement de l’Afrique, les milliers de morts par la faim, les morts évitables par un minimum de soins de santé, etc. appellent de toutes façons des mesures particulières pour lutter contre. Une comptabilité mal établie, non équilibrée, conduisant à des pertes pour l’actionnaire et un enrichissement du comptable aboutit à de l’abus de biens sociaux. La logique de la CREI est une logique de « comptabilité individualisée ». Elle ne me dérange pas. N’oublions pas non plus que la décision finale en matière de justice est également affaire d’intime conviction de jurés ou de juges. Dans le cas d’enrichissement illicite, vous semblez retenir avec cette fiction d’inversion de charge de la preuve que le silence du prévenu le protégerait, car il adopterait l’attitude suivante : « il y a certes différence entre mes revenus et mon patrimoine mais je me tais et à vous de prouver que la différence est de l’argent mal acquis ». A quoi servirait alors tous les dispositifs de déclaration de patrimoine à travers le monde ?
Ne pensez-vous pas que l’affaire de Karim Wade a discrédité à tout jamais la CREI ? Et qu’il faudrait penser à d’autres pistes pour poursuivre le même objectif tout en tirant les leçons de dysfonctionnement de cette juridiction d’exception ?
Que faites-vous des autres manipulations de la justice ? Faut-il à chaque fois supprimer la cour concernée ou réformer et se battre pour corriger des imperfections. Moins d’ailleurs pour ne pas punir des innocents, c’est plutôt un combat pour que personne ne puisse passer au travers des mailles du filet.
Tous les cas de corruption cités par l’OFNAC, la Cour des comptes et l’IGE, ne peuvent-ils pas recevoir un autre traitement judiciaire en dehors de la CREI ? C’est-à-dire l’intervention de juridictions répressives ordinaires.
Mais c’est bien le cas ! Plusieurs des dossiers sont chez le Procureur de la République qui refuse de poursuivre parce qu’il s’agit de responsables politiques de la majorité. Le problème n’est pas dans la juridiction traitante. Il est dans le traitement politique des dossiers.
L’identification du patrimoine ne pose-t-il pas problème dans le cadre de la CREI ? A l’exemple de Karim Wade – pour établir l’enrichissement, peut-on attribuer toutes sortes de biens sans preuves tangibles ? N’est-ce pas là le danger de la CREI et du renversement de la preuve appliquée semble-t-il aussi à l’identification de la richesse supposée ?
La possibilité d’un recours permet d’éviter ce genre de choses. Mais là encore, en Cour d’appel, un jugement récent me condamne en précisant que je reconnais avoir acquis une villa à Fann Résidence. Cela est complètement faux. Parmi 6 autres mensonges, l’objectif est, dans le cadre d’une procédure de divorce, de me condamner au pénal pour me priver de mes droits civiques et me rendre non-électeur et non éligible. La réponse n’est certainement pas dans la suppression des Cours d’appel !!
Après avoir déclaré « l’origine de l’argent du politicien est très rarement licite », avez-vous pris les mêmes précautions concernant Habré ?
Oui. En interrogeant directement mon collègue du groupe BIAO à Niamey. Je connais de manière très précise l’origine de cet argent (250 millions FCFA dans la banque que je dirigeais).
Quelles actions envisagez-vous dans le cadre de votre parti pour sensibiliser et éduquer sur l’éthique le Sénégalais dès lors que vous constatez une « débauche de comportements et d’attitudes » les concernant ?
Par le discours politique faisant le lien entre ces attitudes et leur souffrance.
Comment jugez-vous les propos de Cissé Lô qui plaide pour la suppression de la CREI au motif que tous les sénégalais devraient rendre compte devant cette juridiction ?
Il existe un projet de suppression de la CREI visant à empêcher que des suspects puissent être sanctionnés un jour. Tel est le projet : supprimer l’arme dissuasive que constitue la CREI, ne pas avoir de comptes à rendre, et ainsi poursuivre leur action de rapine au détriment des Sénégalais.
Comment renforcer le journalisme d’investigation au Sénégal dans le cadre de la lutte contre l’enrichissement illicite ?
Voilà un beau projet auquel j’appelais récemment lors de la dédicace du livre de Pape Alé Niang consacré à un dossier de l’OFNAC demeuré sans suite. A défaut de pouvoir être jugé (par la CREI ou d’autres juridictions), il faut rendre immortelles les actions de prévarication. Sur le long terme le peuple et l’histoire doivent juger ce type de criminels. Les livres sur les héros sont foison ; il en faut aussi sur les criminels. Qu’au moins cette sanction existe à défaut de celle administrative et pénale ! Elle pourrait être utile parce que dissuasive. Aider les journalistes d’investigation ? Il faudrait que cela vienne de non politiques pour des raisons évidentes d’impartialité. La publication régulière des rapports de corps de contrôle indépendants reste toutefois les meilleurs ouvrages à rendre publics. Mais d’abord aux gouvernants et à la justice de jouer leurs rôles. Notre problème en Afrique est celui du mal fonctionnement de nos institutions.
LES NOUVEAUX ENGAGEMENTS D'OUMAR PÈNE
Le lead-vocal du Super Diamono abordera les problématiques du changement climatique et du terrorisme dans un album qui sera ’’incessamment’’ sur le marché
Le lead-vocal du Super Diamono, Oumar Pène, abordera les problématiques du changement climatique et du terrorisme dans un album qui sera ’’incessamment’’ sur le marché.
’’Je vous annonce incessamment la sortie de mon nouvel que j’ai baptisé Climat. Il s’agit d’un album de dix titres dans lequel j’interpelle nos dirigeants à se pencher sur le problème climatique qui est une réalité mondiale, mais aussi de manière réfléchie, sur la menace terroriste (...)’’, a-t-il déclaré.
Le chanteur du Super Diamono s’exprimait, samedi, à l’occasion de la cérémonie de dédicaces du livre intitulé ‘’Oumar Père, l’histoire d’une épopée musicale’’, écrit en son honneur par l’ancien président de l’Amicale des Fans du super Diamono (AFSUD), Alassane Bèye, frère cadet du président de l’association des écrivains du Sénégal, Allioune Badara, Bèye.
Dans cet ouvrage publié aux Editions Maguilen, l’auteur retrace le parcours et les évènements historiques qui ont marqué la vie de l’artiste Oumar Pène qu’il a rencontré pour la première fois, ’’de manière fortuite’’, dans les années 80, lors d’un concert.
’’C’était en 1982, au stade Demba Diop. J’ai été surtout impressionné par la prestation du groupe dakarois du super Diamono que je découvrais pour la première fois. Et je retiens ceci, une musique puissante alliant le reggae et le jazz et un chanteur impressionnament divin qui s’appelle Oumar Pène’’, a fait savoir Alassane Bèye.
Ce livre célèbre, a-t-il indiqué, ‘’une véritable légende, un homme, un artiste chanteur, un auteur, un compositeur aux textes engagés, une référence, une source intarissable qui s’engage dans les luttes sociales, auprès des couches les plus défavorisés’’.
Selon lui, Oumar Pène, ’’cet orfèvre de la musique sénégalaise qui s’est tracé une voie royale dans un milieu parsemé d’embuches, a su s’imposer par des innovations musicales, fruits de plusieurs années de recherches, mais surtout par des thématiques captivantes qui en ont fait la voix des sans voix’’.
’’Je voudrais d’abord rendre grâce à Dieu de m’avoir gratifié encore, pour la deuxième fois, en me plaçant au centre d’une œuvre littéraire, après celle du professeur de philosophie, Babacar Mbaye Diop +Oumar Pène, un destin en musique+’’, a pour sa part sa part confié Oumar Oumar Pène.
’’Cette œuvre de grande portée’’, a-t-il dit, lui a permis de voir ‘’la franchise et la générosité de l’auteur, un témoignage sincère d’une page considérable’’ de sa vie professionnelle faite en ‘’grosso modo, d’une résistance d’une valeur sous pression’’.
’’Il est difficile de parler de soi, raison pour laquelle Alassane Bèye m’a honoré, encore une fois, en retraçant des pans saillants de ma vie composée globalement de valeurs que je véhicule toujours et qui m’ont inspiré des œuvres musicales source d’utilité’’, a ainsi soutenu Oumar Pène.
L’invité d’honneur d’Oumar Pène à cette cérémonie, son ami d’enfance, Maître René Cheikh Louis Lopy, a loué ’’un homme exceptionnel humble, intègre, serviable et fidèle en amitié, un autodidacte de la musique qui aurait pu embrasser une carrière internationale de football pour avoir été l’une des pièces maitresses de l’équipe du Jaraf, dans laquelle il a eu à évoluer aux années 70’’.
Le préfacier de cet ouvrage, l’ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye a quant à lui plaidé pour qu’un ’’hommage solennel’’ soit rendus, de son vivant, à ’’ce monument’’ de de la musique sénégalaise qui a bercé sa vie estudiantine.
« LE BALLET DIPLOMATIQUE AU SÉNÉGAL N’A PAS PROFITÉ AU SECTEUR PRIVÉ »
L’émission Lr du Temps de ce dimanche sur Iradio (90.3) s'est penché sur les récents visites de chefs de gouvernement étrangers au Sénégal et leur lot de contrats signés
Nombreux sont ceux qui voient le récent ballet diplomatique au Sénégal comme un avantage. Cela du fait des contrats signés et qui seront bénéfiques pour le Sénégal dans le futur. L’Informaticien, Expert en économie numérique, Amadou Guèye pense le contraire.
Invité d’Alassane Samba Diop, ce dimanche sur Iradio (90.3), à l’émission Lr Du Temps, Guèye déplore le fait que le secteur privé national n’a pas été impliqué à ces rendez-vous alors qu’ils ont fait l’objet de dizaines de contrats signés. « Ce sont des compagnies qui sont venues faire face aux structures publiques et signées des contrats. C’est une situation grave. Parce qu’il y a éviction du secteur privé national. La bonne pratique voudrait que quand un président vient en visite de travail avec son secteur, vous emmenez vous aussi votre secteur privé pour mettre les deux groupes ensemble », a-t-il fait savoir.
Poursuivant, il révèle que : « les contrats signés avec les entreprises étrangères ne sont pas des investissements directs étrangers. C’est de l’endettement ». En plus, regrette l’expert, la plupart de ces contrats signés, comme l’autoroute Thiès- Saint Louis, que les Américains ont décrochée, il n’y a pas d’appel d’offres.
Amadou Guèye partage son sentiment avec son co débatteur, Alassane Seck. Selon le Secrétaire Exécutif de la Ligue Sénégalaise des droits humains, la dette due au secteur privé par l’Etat a fini par les étouffer. « On a ouvert beaucoup de chantiers avec le sentiment de bien faire. C’est ça qui a bloqué les entreprises nationales avec la dette intérieure qui ne cesse de grimper. C’est paradoxale que l’on nous dise que la CDE qui vient de terminer la grande mosquée Massalikoul Jinan est dans des difficultés », pense Seck.
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OBJECTION AVEC NGOUDA MBOUP
Arrêté Ousmane Ngom, statut spécial pour Dakar, cumul de poste de président et celui de chef de parti... L'enseignant chercheur à l'Ucad se prononce sur tous ces sujets qui cristallisent le débat au dialogue national
Ngouda Mboup, enseignant chercheur à l'Ucad, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
LE MAL DES LOIS SANS LENDEMAIN
Face aux lobbies religieux, économiques et sociaux, l’Etat, à des fins politiques, voire politiciennes et pour des motifs financiers, renonce à l’application de certaines lois dont les effets positifs ne souffrent pourtant d’aucune contestation possible
En principe, nul n’est censé ignorer la loi. En réalité, tout le monde l’ignore. Même le gouvernement qui, quand il s’agit d’élaborer des textes, de ratifier des traités, fait office d’un grand champion en Afrique et même dans le monde. Mais quand il s’agit de les mettre en œuvre, le Sénégal se retrouve à la queue du classement.
Dans la jungle, c’est la loi du plus fort. Dans les sociétés civilisées, c’est plutôt le règne de la règle de droit. Laquelle régit les rapports entre les individus, mais aussi entre l’Etat et ces derniers. Au Sénégal, des lois sont votées à tort et à travers. Mais souvent, elles sont rangées au placard. Face au veto des lobbies religieux, économiques et sociaux, l’Etat, à des fins politiques, voire politiciennes et pour des motifs financiers, renonce à l’application de certaines lois dont les effets positifs ne peuvent souffrir d’aucune contestation sérieuse.
Le ras-le-bol des enseignants du supérieur
Ce n’est pas le chargé de revendications du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) qui dira le contraire. Il s’appelle David Célestin Faye. Il est presque au bord de l’effondrement, quand il parle des menaces permanentes de grève dont fait état son organisation. La voix étreinte, il déclare : ‘’Je vous assure hein… Ne croyez pas que nous allons en grève de gaieté de cœur. Bien au contraire !’’ Très dépité et amer, il explique que le dernier préavis du Saes n’a pour finalité, ni plus ni moins, que de demander au gouvernement de respecter, d’appliquer les lois qu’il s’est volontairement dotées. Parmi ces dernières, il y a le décret 2016-1805 abrogeant et remplaçant celui de 2013 relatif à l’orientation et à l’inscription des bacheliers dans les universités publiques et les établissements publics d’enseignement supérieur.
Lequel était motivé par les nouvelles dispositions contenues dans la loi 2015-26 du 28 décembre 2015. Aujourd’hui encore, ni l’un ni l’autre ne sont effectifs. Ce qui eut le mérite de placer les syndicalistes du Saes dans tous les gonds. Ces derniers, qui ne tolèrent pas du tout que l’Etat s’assoie sur ses propres lois, promettent d’être sans état d’âme, car il est hors de question de laisser les pouvoirs publics continuer de violer la législation. ‘’Nous prenons l’opinion publique à témoin. Nous avons tout fait pour amener l’Etat à la raison. Nous discutons depuis 2017, mais l’Etat continue de trainer. Or, c’est lui qui a fait sa proposition, qui l’a fait voter à l’Assemblée nationale par sa majorité, qui a fait prendre le décret. Pourquoi, depuis 2016, on refuse de passer à l’ultime étape qui consiste en son application effective ? Encore une fois, nous ne tirons aucun profit financier de cette loi, mais il y va de la qualité du service de l’enseignement supérieur qui nous intéresse au plus haut point’’, a dénoncé Célestin avec vigueur, le week-end dernier.
Outre le recrutement des recteurs par appel à candidatures, ces textes prévoient que l’orientation des étudiants doit se faire en collaboration avec les services pédagogiques des universités et selon les places disponibles.
Les ravages du péril plastique
Pendant que les enseignants bandent les muscles pour réclamer l’effectivité des lois régissant le secteur de l’éducation, d’autres secteurs pleurent les lois qui leur avaient, pourtant, donné tant d’espoir. Dans le domaine de l’environnement, ils étaient nombreux à applaudir des deux mains l’adoption de la loi 2015-09 du 21 avril 2015, relative à l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution, de l’utilisation de sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastiques.
Si, aux premiers jours de son entrée en vigueur, le 4 janvier 2016, il était devenu difficile de trouver de petits sachets, aujourd’hui, les sachets pullulent comme des champignons, partout à travers le territoire national.
Dans un article du célèbre journal américain ‘’The Gardian’’ intitulé ‘’Where does your plastic go ?’’, repris par Greenpeace, en juillet dernier, il était révélé que le Sénégal était une des destinations privilégiées des déchets plastiques américains. ‘’Le Sénégal aurait, à lui seul, importé mille tonnes de déchets plastiques par mois, au cours des trois premiers mois de cette année. Une décision qui, selon la même source, fait suite à l’interdiction d’entrée des déchets plastiques en provenance des Etats-Unis, par la Chine’’, dénonçait l’ONG, non sans regretter que cela allait à l’encontre de la volonté affichée par le gouvernement sénégalais.
En outre, si ces dernières années, les échanges entre la Turquie et le Sénégal ont évolué de manière exponentielle, les gouvernements le doivent aussi au plastique qui figure parmi les produits les plus importés avec le fer, les barres en acier, entre autres. Parallèlement aux importations qui augmentent d’année en année, il y a aussi l’industrie nationale qui continue sa production, malgré les vociférations du gouvernement. Dans la même période, l’Etat, qui peine à appliquer sa législation a minima, tente de faire croire qu’il va passer à une vitesse supérieure, en interdisant tout bonnement tous les sachets plastiques, de même que les gobelets, les assiettes à usage unique et des couverts.
Le gouvernement, par le biais de son ministre Abdou Karim Sall, jure d’être ferme sur son application, à partir du 4 avril prochain.
Tabac, la loi impossible à appliquer
Pour leur part, les combattants du tabac risquent, également, de pousser des cheveux blancs, avant d’entrevoir un début d’application de la loi n°2014-14 du 28 mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac. Il a fallu trois longues années, après moult plaidoyers auprès d’organismes internationaux et nationaux, notamment les religieux, pour en voir les décrets d’application. Dans ses dispositions, cette loi interdisait, notamment, la vente du produit à 200 m des écoles, universités, centres de formation, structures sanitaires, entre autres. Aussi, prévoyait-elle une autorisation préalable quant à la fabrication et la commercialisation du tabac. Entrée en vigueur le 26 août 2017, la loi n’est toujours pas effective.
Ainsi, le processus d’encadrement de l’usage du tabac, impulsé depuis 2005 avec la ratification, par le Sénégal, de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte anti-tabac, n’a toujours pas produit les résultats escomptés. Cette semaine encore, la Ligue sénégalaise contre le tabac a rué dans les brancards pour rappeler au gouvernement la nécessité d’appliquer cette loi dans toute sa rigueur.
Le mirage des locataires
C’était en 2014. Le gouvernement venait de faire adopter, à grand renfort médiatique, la loi 2014-03 du 22 janvier 2014 portant sur la baisse des prix du loyer. Ce qui était présenté comme une urgence sociale, est plutôt devenu un cauchemar national. Au lieu de faire baisser le loyer, le texte a, dans certains cas, contribué à son renchérissement. Les bailleurs ont profité des failles de la nouvelle législation pour sortir leurs clients et relouer leurs immeubles à des coûts encore plus élevés.
Dans son exposé des motifs, le gouvernement expliquait : ‘’La situation difficile pour les ménages, induite par la cherté des loyers, fait qu’il devient nécessaire, afin de préserver l’ordre public, de procéder à une diminution des taux des loyers en termes de pourcentage. Ceci permettra aux Sénégalais, pour qui la méthode d’évaluation basée sur la surface corrigée est difficile à mettre en œuvre, de pouvoir profiter des baisses induites par la modification des textes régissant la matière.’’
Aujourd’hui, plus que jamais, les locataires du Sénégal souffrent énormément à cause du prix exorbitant de l’immobilier.
Déclaration de patrimoine, cette chimère
Feu Mouhamadou Mbodj ne doit pas être content de son ‘’allié’’, le président de la République Macky Sall. Le Forum civil, son organisation qui avait beaucoup œuvré pour la mise en place de l’Ofnac via la loi 2012-30 du 28 décembre 2012, de la loi sur la déclaration de patrimoine via la loi 2014-17 du 2 avril 2014 et ses décrets d’application, continue encore de se battre pour demander l’effectivité de ces dispositions.
Aux termes de cette législation en vigueur sur la déclaration de patrimoine, tout ordonnateur de recettes et de dépenses, et tout comptable public dont le niveau d’opérations porte sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard de francs CFA, doit être assujetti à cette obligation. Depuis son entrée en vigueur, cette loi est confrontée à beaucoup d’obstacles. Tout comme la loi sur l’Ofnac qui ne fait plus rêver, à cause d’une gestion discréditée de ladite institution. Même le respect de la loi par le président de la République a soulevé des vagues, au lendemain de sa réélection à la magistrature suprême.
Macky Sall a-t-il fait sa déclaration de patrimoine ? L’on ne saurait le dire, puisque cette dernière n’a pas été, cette fois, rendue publique, comme en 2012 et conformément aux prescriptions légales.
Pourquoi autant d’insuffisances ?
Entre l’enclume des bailleurs et partenaires internationaux, et le marteau de certains lobbies socioreligieux, l’argent des industriels grands commerçants, l’Etat semble dans un dilemme permanent. Epinglé dans presque tous les rapports de Human Rights Watch et de l’ONUDC, le Sénégal peine à sortir les enfants de la maltraitance. Pourtant, des lois existent depuis les années 2000, pour lutter contre l’exploitation de ces couches vulnérables de la société.
Un autre projet portant sur le statut des ‘’daara’’ dort dans les tiroirs du chef de l’Etat, depuis 2013. Mais ce dernier semble un peu frileux, face au bouclier que constituent les religieux, hostiles à tout bouleversement dans ledit secteur. En attendant que l’Etat prenne son courage à deux mains, les enfants, dans certains ‘’daara’’, continuent de mourir.
Par ailleurs, pour ce qui est des manquements, notamment l’application de la loi sur le tabac, les sachets plastiques, entre autres, l’Etat va devoir non seulement faire face aux lobbies économiques, mais aussi et surtout renoncer aux mannes financières non négligeables qu’il tire de ces produits…
Ainsi donc, la violation de la loi s’avère la seule ‘’loi’’ qui ne souffre d’aucune violation.
par Charles Faye
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ARRÊTONS LES FRAIS !
Près de 500 milliards de francs CFA, dépensés en 19 ans, dans des bolides et autres V8, sans compter les notes d’entretien et réparation, et la facture salée du carburant, tous payés par le contribuable - Et ça se dit ministres, hommes d’Etats, patriotes
Je ne sais plus où est-ce que j’ai lu que la patriotisme est la source du sacrifice, et que par cette seule raison, il ne compte sur aucune reconnaissance quand il fait son devoir, mais je sais que bon nombre de nos ministres, directeurs d’agences et d’autres structures publiques et parapubliques ne sont que des zigotos. De la peccadille. Du menu fretin social.
Je ne me gênerai pas pour dire les choses et sans gant. De manière triviale, afin de descendre dans le ghetto de leur vulgaire résurgence, nourrie à l’envie, par le pauvre contribuable qui, n’a que ses yeux, pour pleurer leur misère philosophique, la faillite de leur engagement, leur manque de patriotisme.
Près de 500 milliards de francs CFA, dépensés en 19 ans, dans des bolides et autres V8, sans compter les notes d’entretien et réparation, et la facture salée du carburant, tous payés par le contribuable, à qui je me garderai de coller une étiquette renvoyant à trois lettres, que nous entendons pourtant tous, tant il tambourine dans nos têtes, Et ça ce dit ministres, hommes d’Etats, patriotes !
Merci le Macky d’avoir arrêté les frais, mazouté la magouille, mis la main dans le cambouis et envoyé tout ce bazar chez les mécanos pour la pose d’un disque frein. Les huiles ne sont pas toujours ce qu’on croit ! Loin s’en faut !
Et ce sont ces mêmes vérités, cassantes certes, mais absolument nécessaires pour qui veut avancer, qui doivent être mises en avant dans nos eaux territoriales.
On ne peut parler de souveraineté nationale quand on est incapable d’assurer le minimum de surveillance, sur terre, dans les airs et en mer.
Comment pourrait-on protéger les pêcheurs sénégalais et en particulier ceux de Guet-Ndar, si la zone de pêche nationale est vampirisée par la pêche industrielle en haute mer, parce que dépourvue d’infrastructures et moyens logistiques nécessaires.
Bien sûr que face à de telles insuffisances et confronté à l’érosion côtière, à la brèche de Saint-Louis, à la thèse de la pauvreté paralysante convoquée par le dispositif central et sécuritaire, l’Etat ne peut que consommer la furie de ses administrés et constater les morts par balle dans les eaux mauritaniennes.
Fort heureusement, les dernières retrouvailles sénégalo-mauresques à Nouakchott, ont donné les fruits de la maturité. Du moins, je l’espère, parce que toute autre vision centriste ne serait que perte de temps, et par conséquent, inappropriée dans ce monde qui change et ne pardonne aucune erreur stratégique.
C’est dire ce que le Sénégal et son peuple attendent de leur élite. Au regard de ce qu’il y a à faire pour se rapprocher de l’exemple rwandais, que je me refuserai de prendre en exemple, ce sont des pas de géants qu’il nous faut faire.
Mais pour le moment, je me contenterai de ce coup de pied du Macky. J’adore ! Encore quelques uns et le pays émergera !
Joummah Moubarrak et bon week-end à tous !
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LA LENTE LUTTE CONTRE LE PLASTIQUE
Plus de 200.000 tonnes de déchets plastiques sont produites au Sénégal chaque année. Où vont les bouteilles, tasses de café ou encore les sachets d'eau souvent jetés dans la rue ?
Plus de 200.000 tonnes de déchets plastiques sont produites au Sénégal chaque année. Où vont nos bouteilles, tasses de café ou encore les sachets d'eau souvent jetés dans la rue ? Un grand reportage signé par les Reporters Moussa Ngom Assane Fall et Demba Dieng revient sur l'impact de ces rejets plastiques.
Vous pourrez suivre leur immersion en milieu pastoral à Dahra Djolof. L'ingestion de plastique y est un phénomène très répandu qui affecte le bétail et occasionne des pertes non négligeables pour le secteur. Ce n'est pas la seule nuisance due au plastique. Ses conséquences dramatiques sur l'environnement mobilisent de plus en plus l'opinion publique sénégalaise.
Pour ne pas être en reste par rapport à cette lutte mondiale, l'Etat du Sénégal vient d'adopter une nouveau texte avec un champ d'interdiction du plastique encore plus large. La loi entrera en vigueur le 20 avril 2020. Selon les autorités, toutes les mesures ont été prises pour que la nouvelle législation ne connaisse pas le même sort de la précédente loi de 2015 qui a connu un grand échec.