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27 avril 2025
Développement
"DES PRÉSIDENTS FONT 3, 4, 5 MANDATS, MAIS QUAND C'EST LE CAS DE LA GUINÉE, ÇA DEVIENT UN SCANDALE"
Une réplique digne du parlement du rire. 81 ans et premier magistrat de Guinée depuis 2010, c’est pourtant avec le plus grand sérieux que Condé répond aux interrogations sur son projet de nouvelle constitution
Une réplique digne du parlement du rire. 81 ans et premier magistrat de Guinée depuis 2010, c’est pourtant avec le plus grand sérieux que le Pr Alpha Condé répond aux interrogations sur son projet de nouvelle constitution. Il dit être fondamentalement contre les adeptes « d’une démocratie à géométrie variable » qui ne comprennent pas la nécessité d’un référendum constitutionnel dans le pays.
Le président n’a rien perdu de sa verve : « Ils soutiennent des présidents qui ont 3, 4, 5 mandats, […] beaucoup de pays ont changé de constitution et c’est passé comme une lettre à la poste, mais quand il s’agit de la Guinée… » dénonce-t-il, affirmant qu’il faut défendre un principe de façon générale, et non en fonction de certains intérêts.
La situation est relativement tendue depuis que le gouvernement a annoncé en septembre 2019 la tenue prochaine d’un référendum pouvant mener à une modification de la constitution. Alpha Condé refuse toute ingérence étrangère dans ce dossier : « Moi, je n’ai pas été élu par la France, ni par quelqu’un d’autre, j’ai été élu par les Guinéens ».
QUAND DES LYCÉENS DE DAKAR SE PRIVENT DE TOILETTES
Face à la vétusté ou au manque d’hygiène des lieux, certains élèves se privent de faire leurs besoins malgré eux. Et pourtant, selon un médecin urologue, une personne adulte doit vider sa vessie toutes les quatre heures…
A l’école certains élèves préfèrent ne pas se rendre aux toilettes parfois durant une journée entière. Face à la vétusté ou au manque d’hygiène des lieux, certains élèves se privent de faire leurs besoins malgré eux. Et pourtant, selon un médecin urologue, une personne adulte doit vider sa vessie toutes les quatre heures…
Au lycée Blaise Diagne la pause de 10h rend bruyante la cour. Les groupes d’élèves se déchaînent et des foules irréfléchies se forment à des millimètres près. Les discussions et les railleries mêlées aux éclats de rire déchirent l’atmosphère. Certains élèves s’éloignent des débats préférant se ruer vers les toilettes pour soulager leur vessie avant la fin de la courte pause de 15 minutes.
Au fond de la cour, derrière les bâtisses de la grande école, les toilettes exercent un attrait particulier de par sa présentation.
« Toilettes Hommes Interdit aux Femmes », a-t-on inscrit en caractère capitale sur le mur avec une flèche marquant la différence entre les W.C des garçons et des filles.
Au seuil des toilettes, la forte odeur émanant des cabines pique les yeux. Rester dans ces lieux est un défi. Ainsi, les élèves y entrent et sortent presque en courant.
A côté, une dizaine de cabines servent de lieu de soulagement pour les filles. Les toilettes sont presque vides, les portes grandement ouvertes attendant des assaillantes. Elles n’attirent pas autant de monde car la pause a tiré à sa fin.
A plusieurs mètres des lieux, deux jeunes filles en classe de Première profitent de l’absence du professeur pour manger à plein gosier leur petit déjeuner.
«J’utilise les toilettes de l’école certes mais lorsque j’ai mes menstrues je n’y pense même pas », explique Nafi D. entre deux bouchées de pain. «Je préfère attendre d’arriver chez moi», poursuit-elle sous l’approbation de son amie Fatou N.
«Je ne suis pas à l’aise dans les toilettes honnêtement», lâche cette dernière en grimaçant légèrement. L’hygiène des toilettes est mise en cause par les deux filles.
« C’est pire lorsque parfois il n’y a qu’une cabine opérationnelle. On est obligé de faire le rang pour y aller et là je préfère rentrer chez moi », appuie Aïssatou qui ne compte pas aller dans les maisons aux alentours.
La journée continue favorise la rétention urinaire
Dans la plupart des écoles, les heures de cours sont enchaînées avec des pauses d’une quinzaine de minutes entre les cours.
« Depuis deux ans je suis dans cette école, je n’ai jamais mis les pieds aux toilettes », jure Abdou Lahad G. En plus du manque d’hygiène évoqué par le jeune homme, il ne souhaiterait pas interrompre ses cours pour aller aux toilettes. Pour ne pas fréquenter les cabines scolaires, le jeune homme «limite» ce qu’il mange la journée.
« Nous avons cours de 8h à 16h avec des pauses de quinze minutes. Nous ne pouvons pas aller manger, boire et faire nos besoins dans cet intervalle et même parfois le prof grignote sur la pause», confie Mouhamed S., un jeune élève de première en ajustant ses lunettes.
Sa stratégie c’est d’aller au petit coin juste après le début des cours. Selon lui, à cette heure, vers 8h 15, les toilettes sont encore propres car elles viennent d’être nettoyées sinon le reste de la journée, il garde ses besoins jusque chez lui.
A quelques kilomètres du lycée Blaise, se trouve le lycée Mixte Maurice Delafosse. De l’avis de Marième D., «si je dois terminer tôt ou si je suis en devoir ou en cours je préfère ne pas aller aux toilettes et attendre d’arriver chez moi », lance-t-elle en fermant le dernier bouton de sa chemise.
La rétention urinaire est un fait très récurrent dans les établissements. Le souci de rater quelques minutes du cours, l’hygiène des toilettes sont autant de facteurs qui retiennent certains élèves d’aller se soulager.
DR ISSA LABOU, UROLOGUE A L’HOGIP
La rétention urinaire conduit à des infections
Ne pas soulager intentionnellement sa vessie mène à des complications du système urinaire surtout sur le long terme.
De l’avis du spécialiste exerçant à l’Hôpital Général Idrissa Pouye de Grand Yoff, Issa Labou, de plus en plus de femmes présentent des infections urinaires. C’est signe que la rétention urinaire est un problème récurrent chez les femmes bien qu’elles ne soient pas les seules concernées.
La cause, dans beaucoup de lieux, les toilettes ne sont pas adaptées aux femmes. Sachant qu’une personne adulte doit vider sa vessie toutes les quatre heures.
Les infections urinaires constituent la conséquence directe, mais bien plus grave : «garder ses urines favorise la pullulation des microbes dans la vessie et crée des infections à répétition. Ça peut se propager sur les reins », explique l’urologue.
Toujours selon lui, « il y a une autre complication : la distension vésicale ». Il s’agit de la diminution de la force musculaire de la vessie qui intervient lors de la poussée de l’urine. La distension vésicale, à son tour, fait que les urines restent dans la vessie. Tout ne sera pas évacué. «Des calculs urinaires aussi peuvent se retrouver dans la vessie », ajoute-t-il.
Le spécialiste ne manque pas de souligner que l’impact est le même aussi bien pour les filles que les garçons.
par Jean-Baptiste Placca
SAVOIR VIVRE EN COMMUNAUTÉ...
Ce qui est préoccupant, ici, c’est que ce Nigeria peu respectueux des règles communes est censé être la locomotive, pour l’Eco, la monnaie commune ouest-africaine - Vouloir soumettre les plus faibles n’est pas le leadership que recherche l’Afrique
Il arrive des moments où les puissants d’un temps, pour se relever, doivent s’appuyer sur les petits pays. L’oublier, c’est perdre tout sens de l’Histoire.
Depuis six mois, le Nigeria a fermé ses frontières avec ses voisins, dont deux, le Bénin et le Niger, sont membres, comme lui, de la Cedeao. Une communauté dont la marque de fabrique était, jusque-là, la libre circulation des personnes et des biens. En dépit de tous les efforts diplomatiques et des pressions amicales, rien n’y fait. Le Nigeria campe sur sa fermeté. Comment expliquer cela ?
Il arrive, lorsque la situation économique des pays est difficile, que certains dirigeants tentent de trouver des causes lointaines. Lorsqu’il a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1983, quelques Nigérians s’en souviennent sans doute, le général Buhari avait proscrit la plupart des mouvements de capitaux vers l’extérieur, et il avait interdit la sortie du territoire à de nombreuses personnalités et même à quelques catégories socio-professionnelles spécifiques. Dans un Nigeria désormais démocratique, de telles méthodes seraient évidemment moins aisées, sinon impossibles. Alors, pourquoi pas les voisins ? Ils ont bon dos ! Non pas qu’ils soient irréprochables. Mais, cette contrebande profite probablement autant, sinon davantage à des intérêts privés à l’intérieur du Nigeria qu’aux sous-traitants, dans les pays voisins.
Vous le savez sans doute : le chef de l’Etat burkinabè était, hier vendredi, à Abuja, mandaté par ses pairs, pour tenter de sensibiliser le président Buhari sur tout le tort que sa décision unilatérale cause à l’image de la Cedeao. Mais lorsque l’on lit et relit le message que le président Roch Marc Christian Kaboré a posté sur les réseaux sociaux à l’issue de cette visite, on devine qu’il s’est, au minimum, heurté à un mur.
Un mur ?
Oui. Parce que, quels que soient les interlocuteurs, le président Buhari aligne toujours les mêmes conditions, qu’il pose, pour rouvrir les frontières. « Je salue, dit le président du Faso, le leadership de mon homologue et frère, et l’assure de ma détermination à œuvrer avec lui à l’effectivité de la libre circulation dans l’espace Cedeao ». Quel diplomate ! Thomas Sankara aurait été à la place du président Kaboré, que, probablement, il aurait formulé la chose de la sorte : « Nous avons une communauté qui a réussi, plus que toute autre sur ce continent, dans le domaine de la libre circulation des personnes et des biens. Vous, avec vos mesures unilatérales, vous voulez détruire tout cela. Nous ne vous laisserons pas faire ! »
Pourquoi Sankara parlerait-il ainsi ?
Parce que le comportement des Nigérians est, au minimum, agaçant. Si vous ne voulez pas que certains produits entrent sur votre territoire, il vous appartient de déployer vos services de douanes et de police aux frontières, pour refouler ou saisir tout ce qui est illégal. Il suffit, parfois, de saisir quelques quantités 'importantes' de marchandises, pour que les contrebandiers, effrayés et déstabilisés par le manque à gagner, renoncent, peu à peu à leur forfait. La preuve n’a pas été faite que ce sont les Etats voisins qui organisent la contrebande en direction du Nigeria. Et les commanditaires, à coup sûr, ne sont pas tous au Bénin, au Niger, au Tchad ou au Cameroun. Au Nigeria, certains des bénéficiaires de ces contrebandes font peut-être même partie de ces nombreux milliardaires en dollars qui peuplent ce pays, et s’inventent des épopées, pour impressionner une jeunesse qui ne rêve qu’à devenir riche.
Ce qui est préoccupant, ici, c’est que ce Nigeria peu respectueux des règles communes est censé être la locomotive, pour l’Eco, la monnaie commune ouest-africaine.
En quoi est-ce préoccupant ?
Comme dit le chansonnier, ce n’est pas dans les livres que l’on apprend à vivre en communauté ! Il est évident qu’aucun peuple ouest-africain ne peut avoir envie de partager la même monnaie avec un leader cyclothymique, capable de s’affranchir, quand cela lui prend, des règles communes. Cette monnaie ouest-africaine est incontestablement le prochain, le plus important défi à relever par la Cedeao. Et, pour que ceci se fasse dans la sérénité, il faudra nécessairement, à la tête du Nigeria, un grand président, panafricaniste, qui comprenne qu’il vaut parfois mieux perdre un peu dans l’immédiat, pour gagner davantage, dans le futur.
Dans une union, une communauté économique et politique, les plus grands, les plus forts, ne sont pas autorisés à faire ce qu’ils veulent, et surtout pas à humilier et à écraser les petits.
Vouloir soumettre les plus faibles n’est pas le leadership que recherche l’Afrique. Le fort se distingue par son altruisme, par l’intérêt qu’il porte aux autres, bref, par cette envergure faite de générosité, que l’on appelle le panafricanisme.
Et sur ce continent, aucun pays n’est pauvre pour toujours, et aucun n’est riche à jamais.
LA PETITE PHRASE DE MACRON QUI AGACE À YAOUNDÉ
« Je vais appeler la semaine prochaine le président Biya et on mettra un maximum de pression pour que cette situation cesse » - Jamais Biya, au pouvoir depuis 1984, n’a fait l’objet d’une ton aussi direct de la part d’un président Français
« Je vais appeler la semaine prochaine le président Biya et on mettra un maximum de pression pour que cette situation cesse » Cette petite phrase de Emmanuel Macron, prononcée samedi 22 février 2020 au Salon de l’Agriculture, en réponse à la question d’un activiste de la Brigade anti-sardinards (Bas) sur la situation en zone anglophone, a irrité à Yaoundé. Jamais Paul Biya, au pouvoir depuis 1984, n’a fait l’objet d’une ton aussi direct de la part d’un président Français.
Faut-il conclure qu’avec la tuerie de Ngarbuh dans le Nord-ouest du Cameroun, l’Elysée se soit résolu à exercer des pressions supplémentaires sur le président Biya, à la tête d’un pays central dans l’échiquier du dispositif français en Afrique? Loin du langage convenu d’un François Hollande, l’actuel président, semble par moment s’affranchir d’une langue de bois bassinée sous forme d’éléments de langage par les services de Franck Paris, un Jeune monsieur Afrique nettement gêné sur le terrain par les réseaux plus classiques de Jean-Yves le Drian.
« Je ne veux pas qu’on se voit à Lyon tant que j’ai un kamto pas libéré », a-t-il révelé sur la libération du principal opposant à Paul Biya libéré en octobre 2019 après 10 mois de prison. Des propos qui ne manqueront pas de susciter l’indignation des souverainistes africains et camerounais qui font feu de tout bois avec le concept de la non ingérence. Emmanuel Macron en est en tout cas conscient : «La France a un rôle compliqué en Afrique, quand la France dit : ‘tel dirigeant n’a pas été démocratiquement élu’, les Africains nous disent ‘de quoi vous mêlez-vous?’… Moi, je mets la pression sur chacun; je travaille avec l’Union africaine pour mettre la pression« , a ajouté Emmanuel Macron, en faisant valoir que « ce n’est pas la France qui peut faire la démocratie au Cameroun, ce sont les Camerounais« .
Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants. Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.
Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3 000 morts et 700 000 déplacés.
LE RISQUE DU SURENDETTEMENT
Le Fonds Monétaire international recommande de freiner les dépenses publiques et d'accélérer le recouvrement des recettes. Un franc CFA sur dix prévu dans le budget n’est pas arrivé dans les caisses de l’Etat
Le Sénégal s’endette plus rapidement que prévu, estime un rapport du Fonds monétaire international, rédigé en décembre et publié ce mois-ci en français. La dette publique représente près de 64% du Produit intérieur brut, un seuil inquiétant d’après le FMI. Qui a fait passer le Sénégal dans une nouvelle case, celui des pays au risque de surendettement « modéré » et non plus « faible ».
Les graphiques du FMI ne font pas de cadeau à l’Etat du Sénégal. La dette publique totale a presque doublé depuis 2012, au début du premier mandat du président Macky Sall. Un peu plus de 30% du PIB pour atteindre la barre des 60% en 2019 d’après les projections du FMI.
L’institution note plusieurs dépenses importantes liées au Plan Sénégal Emergent, qui vise à construire de nombreuses infrastructures. Ces investissements sont responsables de l’endettement. Responsables aussi ces achats d’avions flambants neufs pour la compagnie Air Sénégal à partir de 2018, tout comme la volonté de subventionner l’électricité. Les déficits de l’opérateur national, la Senelec représentent chaque année près d’1% du PIB.
Le Fonds Monétaire international recommande de freiner les dépenses publiques et d'accélérer le recouvrement des recettes. Un franc CFA sur dix prévu dans le budget n’est pas arrivé dans les caisses de l’Etat. Le président Macky Sall a pris des mesures ces dernières semaines, en augmentant le prix de l’électricité. Ou, plus symbolique ce mercredi, en gelant l’acquisition de véhicules par les administrations.
MULTIPLE PHOTOS
"ILS M'ONT EMBALLÉ COMME UN COLIS"
Dans une série de vidéos publiées à la mi-février, un homme est emballé dans du film plastique à bord d’un avion de la compagnie aérienne Turkish Airlines. Ce camerounais dénonce un traitement violent et humiliant
Observateurs de France 24 |
Publication 21/02/2020
Dans une série de vidéos publiées à la mi-février, un homme est emballé dans du film plastique à bord d’un avion de la compagnie aérienne Turkish Airlines. Ces images ont largement circulé au Cameroun, pays d’origine de ce passager, et ont suscité une vague d’indignation. La rédaction des Observateurs de France 24 a pu recueillir le témoignage de cet homme qui dénonce un traitement violent et humiliant de la part de cette entreprise et des autorités turques.
Notre rédaction a pu identifier une série de quatre vidéos montrant un incident à bord du vol numéro TK667 reliant Istanbul et Yaoundé la nuit du 27 au 28 janvier 2020.
Cette vidéo montre le moment où les trois hommes qui entourent le passager commencent à lui retirer le film plastique qui entoure son torse. Ces images ont également été filmées par sa compagne.
En observant attentivement la série de vidéos, on voit clairement que l’homme est menotté à l’aide de sangles en plastique noir au niveau des poignets et de menottes aux chevilles. Par-dessus, ses vêtements ont été rajoutées plusieurs couches de film plastique, consolidées avec du large scotch transparent.
Un des trois hommes qui entoure le passager porte un rouleau de ce type de scotch à la main. On aperçoit également un masque chirurgical qui pend aux oreilles du passager et qu’il portait probablement avant de manifester sa colère à bord.
"On m’a dit que mon visa était un faux et on m’a arrêté"
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu retrouver cet homme. Emmanuel Fosso Someon Chedjou, 47 ans, est marchand de chaussures à Douala au Cameroun. Il a fourni plusieurs documents à notre rédaction permettant de prouver qu’il a bien effectué ce voyage et qu’il a été expulsé de l’aéroport d’Istanbul. Notre rédaction a également pu discuter avec six passagers qui étaient à ses côtés dans le centre de détention de l’aéroport. Tous ont livré un témoignage concordant avec le sien.
"Je voulais me rendre à Dubaï avec ma compagne pour acheter un stock de chaussures et j’ai fait appel à une agence de voyage pour tout préparer. C’était ma première fois et j’ai compris trop tard que je m’étais fait arnaquer.
Le vol pour Dubaï passait par Istanbul avec une escale de 8 eures, c’était le 21 janvier."
"Quand nous sommes arrivés ma compagne est restée dans la zone de transit et j’ai voulu sortir de l’aéroport faire une course, vu que notre temps d’attente était très long. Arrivé au contrôle des passeports, on m’a dit que mon visa de transit était un faux et on m’a arrêté. On m’a emmené dans une sorte de centre de détention et j’ai retrouvé là-bas ma compagne qui avait été arrêtée entre temps."
"On m’a confisqué mon téléphone et on m’a demandé de signer des papiers que je ne pouvais pas lire puisqu’ils étaient en turc. J’ai aussi demandé à parler à un avocat et les officiers qui étaient là ont refusé.
Je ne savais pas exactement qui étaient ces officiers, si c’étaient des policiers, des gendarmes ou des agents de sécurité. Ils ne portaient pas d’uniformes.
Deux jours plus tard, ils ont voulu me déporter une première fois, le 23 janvier. J’ai protesté en disant que je voulais poursuivre mon voyage vers Dubaï et les officiers m’ont frappé. Un fois arrivé sur la passerelle de l’avion, j’ai protesté à nouveau et crié. À ce moment-là, l’équipage et le pilote de Turkish Airlines sont sortis et ont refusé de me prendre à bord. Ils ont demandé à ce que je sois pris en charge par le HCR."
Mais il n’en a rien été.
"Ils ont pris les rouleaux de film plastique utilisés pour emballer les valises"
"J’ai continué de subir des tabassages et des menaces pour que je rentre dans mon pays. Le 28 janvier vers 13 h ils sont venus me chercher pour me rapatrier sur un vol vers Yaoundé, au Cameroun. J’ai protesté à nouveau et cette fois ils m’ont mis dans une pièce spéciale.
Il y avait une dizaine d’officiers et ils s’y sont mis à plusieurs pour me maîtriser. Ils ont d’abord mis des sangles en plastique à mes pieds et à mes poignets, puis de véritables menottes en métal. Ensuite ils ont rempli ma bouche de mouchoirs et l’ont fermée avec du scotch.
Enfin, ils ont pris deux grands rouleaux de film plastique, ceux qui sont utilisés dans les aéroports pour emballer les valises. Ils m’en ont mis des couches et des couches du cou jusqu’aux pieds, si bien que c’était absolument impossible de bouger. À ce moment-là, j’ai vraiment commencé à avoir du mal à respirer.
Trois d’entre eux m’ont mis dans un fauteuil roulant et m’ont emmené dans un avion qui partait pour Yaoundé. À l’intérieur ils m’ont porté comme un colis jusqu’à mon siège.
Quand les passagers étaient tous installés et qu’il restait environ 15 minutes avant le décollage, j’ai réussi à cracher les mouchoirs qui étaient coincés dans ma bouche et j’ai pu crier à l’aide.
Les passagers ont tout de suite réagi quand ils m’ont vu et ont protesté pour qu’on me libère de tout ce plastique. Ma compagne était dans l’avion elle m’a vu ainsi et a pris deux vidéos pour garder des preuves.
Mes habits s’étaient déchirés quand je me battais avec les policiers et j’ai demandé à récupérer mon bagage à main pour me changer. Dans la poche de mon jean déchiré, que j’avais laissé sur mon siège, il y avait 2 400 euros en liquide que j’avais pris pour commercer à Dubaï. Quand l’officier m’a rendu le pantalon, les poches étaient vides. Il m’a dit : "tu as déjà de la chance, on va te tuer".
"Ils m’ont laissé dans un hall pendant deux jours sans rien à manger"
"Après tout ça, une hôtesse de Turkish Airlines m’a accompagné à l’extérieur de l’avion dans lequel était restée ma compagne, qui s’est donc envolée pour Yaoundé. Elle m’a demandé pourquoi j’étais sous escorte et je lui ai dit qu’il était inacceptable de traiter les gens de cette manière, que j’étais malade et que j’avais besoin de soins. Elle m’a laissé dans un hall de l’aéroport, devant un bureau de Turkish Airlines, sans rien. J’étais obligé de mendier pour manger.
Au bout de deux jours, un homme qui se présentait comme le chef du personnel de Turkish Airlines m’a dit : "on ne peut pas te soigner et tu ne peux pas rester en Turquie, tu restes ici sans te laver, tu vas choisir un pays où on va te déposer et tu vas partir". Ensuite, des officiers sont venus me chercher pour me ramener au centre de détention.
Une nuit, un des policiers qui m’avait emballé dans du plastique m’a dit en m’apportant un café qu’ils allaient m’emmener à Abuja, au Nigeria. Je lui ai répondu que ce n’est pas mon pays et que c’est très loin de chez moi. Il m’a dit que c’est à côté [800 kilomètres séparent Abuja de Douala, NDLR].
À ce moment-là j’étais vraiment épuisé, je n’en pouvais plus et j’ai fini par céder. J’ai pris la carte d’embarquement pour ce vol et ils m’ont mis de simples menottes pour m’emmener dans l’avion. Une fois que j’étais assis ils les ont enlevées et sont sortis de l’appareil."
"Je suis arrivé à Abuja dans la nuit du 30 au 31 janvier et une dame rencontrée dans l’avion m’a aidé à organiser mon voyage en voiture jusque chez moi. Je suis arrivé à la maison le 4 février [soit deux semaines après son arrivée en Turquie, NDLR].
Entre l’agence de voyage qui m’a arnaqué et ce qu’il s’est passé à Istanbul, j’ai perdu environ 7 millions de francs CFA, soit 10 590 euros [des chiffres que notre rédaction n’a pas pu vérifier de façon indépendante, NDLR]. Avec cet échec, j’ai donc perdu non seulement mon capital mais j’ai aussi perdu toute crédibilité dans ma communauté. Plus personne ne veut commercer avec moi. Je veux dénoncer la compagnie Turkish Airlines et ces officiers qui m’ont humilié. Je veux aujourd’hui me faire dédommager et, si c’est possible, je porterai plainte."
"Ils prenaient les téléphones des Noirs mais pas ceux des Blancs"
Emmanuel Chedjou dénonce par ailleurs un traitement discriminatoire dans le centre de détention où sont mis en attente tous les passagers n’ayant pu passer les frontières de l’aéroport. Selon lui, les personnes noires sont systématiquement privées de leurs téléphones portables et sont détenues dans une pièce séparée.
Un avis partagé par un autre passager resté détenu pendant 6 jours à la même période que lui, Johnny Mabaya, un Congolais de 20 ans.
"Moi, contrairement à Emmanuel, je ne parle pas l’anglais. Il y avait donc un gros problème de communication et ça générait beaucoup de tensions. On nous servait de la nourriture quasi immangeable et on nous frappait régulièrement. Tous les téléphones des Noirs étaient confisqués, mais pas ceux des Blancs. On était aussi tous détenus dans une pièce séparée.
Le jour où ils ont emballé Emmanuel dans du plastique on a entendu beaucoup de cris, et tout d’un coup, ça s’est arrêté. On a compris qu’ils avaient réussi à lui fermer la bouche. Quelques jours plus tard c’était mon tour, j’ai essayé de protester moi aussi, mais j’ai vite cédé par peur qu’ils me fassent la même chose."
Deux femmes, l’une Congolaise et l’autre Camerounaise, nous ont confirmé que les ressortissants africains étaient traités différemment. Un passager ukrainien détenu brièvement au même endroit nous a confirmé qu’il avait pu garder son téléphone portable dans le centre de détention.
Que se passe-t-il à l’aéroport d’Istanbul ?
Très peu d’associations de défense des réfugiés et d’avocats spécialistes de ce domaine ont accès au centre de détention de l’aéroport d’Istanbul. D’après nos recherches, plusieurs avocats de l’ONG "Refugee Rights Turkey" ont pu le visiter, mais l’organisation a décliné notre demande d’interview.
L’autorité administrative de l’aéroport est responsable de cet endroit, comme le précise la loi sur les obligations des transporteurs aériens du 7 novembre 2015. Cependant, les responsabilités sont partagées : la compagnie aérienne s’assure du retour au pays le plus rapide possible du passager non admissible sur le sol turc et l’entreprise gestionnaire de l’aéroport veille à ce que le temps d’attente soit passé dans un endroit dédié et dans des conditions dignes et sécurisées.
Aucun texte de loi turc ne précise quelles unités de police ou de sécurités privées sont chargées d’escorter les passagers à bord des avions, ni de quels moyens ils disposent légalement pour les contrôler s’ils refusent d’obtempérer. Selon un ancien cadre de l’aviation civile turque, les compagnies aériennes font appel à des services de sécurité privée pour ce type de cas. Une affirmation que nous n’avons pas été en mesure de vérifier.
Selon Piril Erçoban, coordinatrice de l’association turque de défense des réfugiés Mütleci-der, les images de l’expulsion d’Emmanuel Chedjou sont "révoltantes".
"Peu importe le statut de la personne, cette pratique est inacceptable. Ça ne peut être légal. Les autorités doivent prendre des mesures administratives et légales contre les personnes responsables et ne plus tolérer ce type de pratiques dans les zones frontalières ou de transit".
Notre rédaction a contacté le département de combat contre l’immigration illégale du ministère de l’Intérieur turc, pour obtenir des explications sur cet incident ainsi que la compagnie Turkish Airlines. Les deux organisations n’ont pas répondu à nos questions. Nous publierons leurs réponses quand elles nous parviendront.
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
CORONAVIRUS, UNE ÉPIDÉMIE AU TEMPS DE LA LUTTE POUR L’HÉGÉMONIE MONDIALE
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est un enjeu dans l'affrontement entre la Chine et les autres puissances mondiales - Les autres Etats ne sont que quantités négligeables dans cet affrontement
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 21/02/2020
Le sociologue britannique Philip Strong qui a observé le développement et la propagation du VIH Sida et a étudié les grandes épidémies qui ont frappé l’Europe depuis le moyen-âge faisait remarquer il y a quelques années « l’apparition d’une nouvelle épidémie mortelle généralement suivie rapidement d’un accès de peur, de panique, de suspicion et de stigmatisation ».
Les réactions suscitées par l’apparition du coronavirus, en Chine et à travers le monde, peur, panique, suspicion et stigmatisation, confortent en tous point l’observation de Philp Strong.
Voyez la panique qui s’est emparée du mondé entier le 30 janvier dernier quand l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a qualifié l’épidémie de coronavirus d’«urgence internationale ».
Plus d’une vingtaine de pays, des Etats-Unis à la Russie, au Bangladesh, à la Thaïlande, à l’Algérie ont immédiatement entrepris d’évacuer leurs ressortissants.
Pratiquement toutes les compagnies aériennes internationales à la suite de British Airways et de Lufthansa ont arrêté toutes leurs liaisons aériennes avec la Chine.
Les pays frontaliers de la Chine que sont la Russie, le Kazakhstan et la Mongolie ont fermé leurs frontières. Même Hong Kong qui est une province chinoise (quoi que jouissant d’une certaine autonomie) a été contrainte par une partie de son opinion publique à faire de même.
En même temps, la Chine et les Chinois sont l’objet de toutes sortes de suspicions et de stigmatisations. Le quotidien français Le Monde fait état du témoignage d’un responsable de l’Association des Chinois de France qui rapporte qu’un de ses compatriotes « s’est fait sortir d’un train bondé par deux individus » et qu’un « père de famille a suggéré à son enfant de s’éloigner d’une personne d’origine asiatique ». Le Monde ajoute que ce responsable de l’Association des Chinois de France « fait même état d’agressions sur des personnes asiatiques ».
Les réactions des pays et des individus face au coronavirus s’expliquent d’abord par le fait qu’il s’agit d’une maladie contagieuse et mortelle dont on ne connait pas l’origine et pour lequel il n’y a encore ni de vaccin, ni de traitement.
Le bilan de l’épidémie établi par l’OMS au 15 Février courant fait état de 50 580 malades dont 526 enregistrés dans 25 pays différents et de 1 52 4 morts dont 2 en dehors de la Chine.
Il s’agit là assurément d’une situation grave, épidémique. Déjà, au moment ou nous écrivons ces lignes, le bilan établi par l’OMS pour le 15 Février est dépassé : on parle aujourd’hui 16 Février de pus de 60 000 malades et de plus de 1700 décès.
L’organisation Mondiale de la Santé tentait alors de contenir les réactions à travers le monde en déclarant par la voix de son Directeur Général qu’il n’y avait pas lieu « de limiter les voyages et les échanges avec la Chine … ».
Mais l’épidémie est devenue un enjeu dans la lutte pour l’hégémonie mondiale qui oppose la Chine aux Etats-Unis et aux puissances mondiales.
La Chine a cru devoir faire voir au monde entier les mesures inimaginables partout ailleurs de confinement à résidence de millions de personnes et de contrôle strict des mouvements de population à travers tout le pays. Ceci pour démontrer que le Parti Communiste Chinois avait appris de sa gestion maladroite de l’épidémie du SARS de 2002/2003 et qu’il était désormais capable à faire face à toutes les situations.
Il s’agissait aussi de montrer au monde le haut niveau de discipline du peuple chinois, sa capacité à se mobiliser autour de ses objectifs et sa maitrise des dernières techniques et technologies modernes.
La Chine voulait ainsi montrer au monde qu’elle était à la hauteur de son rôle de superpuissance mondiale et qu’elle était capable d’en assumer toutes les responsabilités.
L’information sur la construction de ces deux hôpitaux ultra modernes en moins de 10 jours participe de cette volonté de démonstration de puissance et d’efficacité.
Les Etats-Unis et les pays occidentaux ont tenté quant à eux de prendre le contrepied de cette stratégie de communication de la Chine.
Leurs médias se sont évertués plutôt à donner l’impression que l’épidémie était hors du contrôle des autorités chinoises, que celles-ci avaient tenté encore une fois de cacher la réalité de l’épidémie au monde contre l’avis de leurs propres spécialistes et qu’elles avaient maintenant recours à leurs habituelles méthodes répressives pour faire taire leur population.
Tout ceci a abouti bien à exacerber la peur à travers le monde.
D’autant que dans le même temps, plusieurs pays ont ordonné le rapatriement en masse hors de Chine de leurs nationaux, contrairement aux consignes de l’OMS, les vols en provenance et en direction de la Chine suspendus et les échanges commerciaux drastiquement limités.
Les Etats-Unis ont même déclaré sans ambages, ainsi que leur ministre du commerce Wilbur Ross l’a confié à Fox Business News, accueillir le coronavirus comme une opportunité d’équilibrer leur balance commerciale avec la Chine en attirant des entreprises à se relocaliser dans leur pays et à y créer des emplois.
Aussi, selon les autorités chinoises, les Etats-Unis ont cherché délibérément à « semer la peur et la panique » dans le monde, à en croire les mots de M. Hua Chunying, le porte-parole du ministère chinois des Affaires Etrangères lors de sa conférence de presse du 3 Février dernier.
C’est dire que le coronavirus donne bien lieu à un épisode de la lutte pour l’hégémonie mondiale.
Les autres Etats ne sont que quantités négligeables dans cet affrontement : il convient à chacun de s’en accommoder au mieux de ses intérêts bien compris.
L’intérêt des pays africains et notamment du Sénégal aurait été d’abord de se conformer aux recommandations de l’OMS, de se fier au dispositif sanitaire mis en place en Chine et de ne pas céder à la panique en rapatriant précipitamment ses ressortissants.
L’intérêt national aurait commandé ensuite à se préparer activement à faire face à la prochaine épidémie du type coronavirus dont l’OMS nous dit qu’elle pourrait éclater à n’importe quel moment et à n’importe quel point du globe.
Pour une fois, les autorités de ce pays n’ont pas suivi aveuglément la direction indiquée par la France et les pays occidentaux et ont même résisté à l’opinion publique terrorisée.
Il convient de leur en savoir gré.
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
Entre des infrastructures rares, une fédération sans grands moyens, des jeunes qui évoluent dans des conditions dantesques, le constat est alarmant. Alors que Dakar abrite les Jeux olympiques de la jeunesse en 2022
L’athlétisme sénégalais est en déliquescence. Entre des infrastructures rares, des édifices existants en état de délabrement avancé, une fédération sans grands moyens, un problème de vulgarisation de la discipline, des jeunes qui évoluent dans des conditions dantesques, le constat est alarmant. Alors que les Jeux olympiques de la jeunesse prévus en 2022 arrivent bientôt, aucun plan général n’est déroulé, pour le moment, afin de relever le défi de la participation à ces joutes olympiques en terre sénégalaise.
Iba Mar Diop, une infrastructure en lambeaux
La piste est défoncée. Sa couleur, d’origine rouge, a un aspect terne. Son revêtement est craquelé de toute part. Les lignes de démarcation des couloirs ont quasi disparu, sauf au niveau des virages. Nous sommes au stade Iba Mar Diop.
Aux premières heures de la matinée, ce n’est pas l’affluence des grands jours aux entrainements. L’antre accueille des étudiants de l’Institut national supérieur de l'éducation populaire et du sport (Inseps), reconnaissables à leurs tenues d’entrainement estampillées du nom de l’école. Ils occupent une partie avec des exercices physiques variés ; tantôt des sprints, tantôt des abdominaux dans une bonne ambiance. Vis-à-vis d’eux, vers le virage sud, de petits groupes composés de footballeurs, majoritairement, sont aux ordres d’un préparateur physique. Ils font des exercices intenses. Du côté des tribunes, des sportifs grimpent et dévalent les gradins. Parmi eux, un trio d’athlètes affiliés à l’Association sportive des forces armées (Asfa) dont Amadou Tidiane Diallo, spécialiste du 400 et du 200 m plat, qui se prononce sur les difficultés qui, à ses yeux, plombent l’athlétisme sénégalais. ‘’Des pistes aux normes standards sont notre principal souci’’.
Il ajoute : ‘’La mise à disposition d’un matériel de qualité et un meilleur investissement sur les athlètes permettraient, à coup sûr, d’avoir de meilleurs résultats.’’ Habillé en ensemble blouson rouge-noir, assis sur l’un des bancs du stade, Ousmane Ka ne s’entraine pas aujourd’hui. L’avis du coureur de fond (5 000 et 10 000 m) est implacable : ‘’Les entrainements demandent des conditionnalités : une bonne nourriture, un esprit exempt de soucis, un certain investissement financier sur l’athlète. Toutes conditions très loin de celles vécues par les athlètes sénégalais.’’
Celui qui a débuté la course de fond en 2015 prend exemple sur lui. ‘’C’est la passion qui explique ma participation aux courses et à l’exercice de l’athlétisme. On ne gagne rien avec cette activité, sinon le prestige des trophées et des médailles. Les courses, hormis celle d’Eiffage bisannuelle ou les mises sont assez conséquentes, n’offrent comme prix que des bons d’achat, des sacs de riz, des caisses de sucre et des cartons d’huile. Donc, parallèlement, je suis livreur pour pouvoir subvenir à mes besoins. Beaucoup d’athlètes aux énormes potentiels ont abandonné, à cause du manque du minimum requis comme les équipements et chaussures de course’’.
Khady Mbaw, étudiante à l’Inseps et licenciée au club Ucad sporting club, s’est intéressée au lancer de poids, la discipline qu’elle pratique, à cause de sa formation en éducation sportive. Elle a aussi un avis tranché sur le désintérêt pour l’athlétisme. Malgré son entrée récente dans ce sport, elle note ‘’des difficultés de prise en charge, un problème de disponibilité de tenues de sport et d’équipements, et une réelle difficulté de vulgarisation de la discipline’’.
Ce problème de vulgarisation est attesté par le nombre de licenciés, dans les 19 clubs de Dakar, et ceux inscrits en individuel, qui se chiffre à 568 (saison 2018-2019) pour l’ensemble des catégories allant de la pupille à l’antichambre des seniors qui est les U20 ; 248 pour l’ensemble de la région de Thiès qui compte 10 clubs. Les seniors recensent 571 adhérents pour 181 femmes dans la capitale sénégalaise.
Stade Léopold Sédar Senghor, le jardin délabré des athlètes dakarois
Malick Fall, coach au Jaaraf et à l’Etoile athlétique club (EAC), sert la même rengaine que les athlètes interrogés. ‘’A Iba Mar, à chaque fin de compétition, les jeunes se répandent en complaintes, parce que la piste est sèche et très dure. C’est faute d’avoir mieux qu’on y court’’. Et de poursuivre : ‘’Léopold Sédar Senghor a une qualité meilleure, à cause de l’arrosage de la pelouse qui arrive jusqu’au tartan. Il n’empêche qu’elle est très loin d’être aux normes. Le tartan n’est pas dans les conditions d’enregistrer une performance internationale.’’
Cet état de fait se ressent dans les résultats, médiocres dans les compétitions internationales. D’autres conséquences viennent s’adjoindre aux problèmes infrastructurels, constate amèrement Malick Fall : ‘’Il y a un problème de coaching. Beaucoup d’entraineurs formés dans le domaine virent souvent au football. De plus, on ne motive pas les jeunes athlètes. Louis François Mendy, récemment, est allé aux championnats du monde sans être reçu par le ministère. Des soucis sont notés, également, avec les athlètes basés à l’étranger qui ne participent pas aux compétitions internationales. La raison ? Ils disent qu’ils ne vont pas se faire rembourser leurs frais de voyage.’’
Au stade Léopold Sédar Senghor (ex stade de l’Amitié sino-sénégalaise) sur le tartan, des serviettes sont disposées à même le sol, sur lesquelles les athlètes ont posé leurs effets vestimentaires et leurs sacs. Certains se dévêtent, quand d’autres sont déjà aux étirements. Il y en a qui effectuent quelques tours de piste. 8 h 30 à l’horloge. Coach Adama Badji donne déjà de la voix, porté en écho par l’immensité du stade dont les tribunes sont vides de tout public. Le silence, qui domine, n’est perturbé que par le bruissement des vautours s’abreuvant à la pelouse et de celui du système d’arrosage automatique du stade.
Les athlètes, filles comme garçons dans leur short moulant, leur débardeur et parfois même torse nu, enchainent les tours de piste à un rythme assez élevé, comme Mor Thioune qui en a fait 8. Les sprinteurs, en groupes, s’exercent à de grandes foulées, des talons aux fesses et des élévations de genoux synchronisés et alternés, suivis par des courses, sous l’œil attentif du coach Badji qui est rejoint par l’instructrice Adama Gning. Dès son arrivée, elle encourage les athlètes et se fait entendre d’eux, quand ils trainent les pieds.
Les entrainements sont très durs et physiquement harassants. Certains athlètes, pris de crampes, crient leur douleur pour exorciser leur mal, d’autres se déchaussent pour marcher sur la piste. D’autres encore souffrent d’un autre mal. Saly Diémé, coureuse du 800 m, vient de finir ses séries. Elle s’adosse au matelas de réception des sauts, haletante. Elle n’entend pas les consignes de son coach pour faciliter sa récupération. Complètement essorée, elle tousse fort et est prise de vomissements.
‘’Ces athlètes que vous voyez s’entrainer paient eux-mêmes leur transport et leur visite médicale. Tout récemment, on avait un jeune qui avait une fracture que le club a pris en charge sur la base de cotisations’’, se désole Malick Fall, la mine dépitée. ‘’Les entrainements, les sportifs les observent de septembre, de l’hivernal jusqu’au mois de juillet, pour les compétitions nationales. Ils n’ont qu’un mois et demi de vacances. La passion parle pour la majorité des athlètes présents. Celle-ci explique qu’ils souffrent de ces conditions, mais continuent à persévérer, sans un regard du public, sans soutien notable’’.
Mor Thioune, qui court sous la bannière de l’AS Douanes, note, quant à lui, une assez bonne prise en charge de son club douanier, mais souligne le retard dans la délivrance des médicaments. Le spécialiste du 400 m plat et du 400 m haies, en pleine récupération aux abords de l’entrée des vestiaires réservés à l’équipe nationale de football, parle de sa situation personnelle. ‘’Je ne bénéficie, comme athlète, que de frais de transport de 10 000 F pour le mois. Pour tout le reste, on se débrouille seul avec nos familles qui nous assurent la nourriture. On s’entraine dur, après on mange du riz ; ce n’est pas la nourriture adéquate. Cela se ressent dans nos résultats. On est souvent pris de découragement et d’envie d’abandon’’.
Le stade Léopold Sédar Senghor et Iba Mar Diop, bientôt fermés
‘’Pour le cas du stade Léopold Sédar Senghor, comme c’est un stade international qui accueille les compétitions de la sélection nationale de football, quand il y a match, l’enceinte nous est fermée, une semaine durant. Sortir un athlète de dimension internationale de ces groupes est dès lors très difficile’’, renchérit le doyen Badji, avant de se prononcer sur le quantum horaire d’entrainement nécessaire de 25 heures, alors que les athlètes parviennent difficilement à boucler 15 heures de pratique. Il déplore la politique de deux poids, deux mesures notée entre les disciplines sportives qui fait que, lorsqu’il y a ‘’navétane’’, le stade est interdit à tous les autres sports, excepté le football.
Alors que Léopold Sédar Senghor est l’infrastructure d’entrainement de la majorité des athlètes. C’est là où chaque club à sa parcelle de regroupement, tacitement reconnue. Le Jaaraf par ici, la Douane par là-bas, l’EAC sur la gauche de l’entrée du vestiaire, le Saltigué… Et pour ne rien arranger, ‘’le stade Léopold Sédar Senghor où nous nous entrainons, va être fermé. Iba Mar Diop, également, doit aussi subir une réfection. Or, à Dakar, il n’y a que ces deux stades qui ont des pistes. On est en préparation des prochains Jeux olympiques de la jeunesse. La majorité des athlètes résident à Dakar. Si ces stades ferment, ils ne peuvent pas se déplacer à Mbour pour faire des entrainements’’.
Des performances insignifiantes
Par conséquent, des bilans faméliques sont notés, en effet, aux dernières compétitions africaines. Une médaille d’argent en 2014, à Marrakech, au marteau avec Amy Sène ; 2 médailles, deux ans plus tard à Durban, dont l’une en or, toujours pour l’une des rares satisfactions sénégalaises.
En 2018, à Asaba, au Nigeria, le bilan était vierge au tableau des médailles. Enfin, en 2019, aux Jeux africains, dernière compétition africaine organisée au Maroc, l’athlétisme sénégalais a glané une médaille de bronze au 110 m haies, acquise par l’espoir sénégalais de la discipline, Louis François Mendy.
En ce qui concerne l’histoire de l’athlétisme sénégalais, le bilan n’est guère plus élogieux, avec une unique médaille olympique et une seule aux Mondiaux qui ont érigé au rang d’icônes l’ancien athlète et actuel président du Centre africain de développement de l’athlétisme (AACD) Amadou Dia Ba et Amy Mbacké Thiam.
POLITIQUE DE DETECTION DES JEUNES ET JEUX OLYMPIQUES DE LA JEUNESSE
Droit dans le mur
L’athlétisme est en régression. Elle est le résultat de l’inertie de l’Etat. La détection se fait dans les écoles, à travers la Semaine de la jeunesse et l’Uassu. Mais il n’y a pas de suivi. De ce fait, aboutir à une performance mondiale à même de permettre d’obtenir une médaille, semble être un rêve inatteignable. Les jeunes passionnés de la discipline s’entrainent sur des terrains vagues, à l’image des jeunes du Saltigué qui répètent leurs gammes au terrain des HLM de Rufisque, sous les ordres de ‘’Monsieur Diallo’’, comme l’appellent les jeunes.
‘’Kolda a fait, à titre d’exemple, une bonne détection. Mais il faut les accompagner avec un financement. Alors que, comme à Dakar, les moyens sont inexistants. Et dans le cadre des entrainements réalisés par les jeunes, compris souvent entre 30 minutes et 2 heures, et entre les cours, c’est tout sauf du sport de haut niveau’’, note le technicien national et DTN de l’EAC, Adama Badji.
Il déplore et regrette l’inapplication des politiques par le ministère. ‘’La fédération a défini un plan stratégique soumis au ministère. Mais il n’y a pas de financement. L’Etat devait accompagner ce programme ; ce qu’il n’a pas fait (voir ailleurs avec l’ITW avec le DTN). Or, à l’heure actuelle, ils veulent des résultats’’.
Abordant la question des Jeux olympiques de la jeunesse prévus en 2022 dont le compte à rebours a été récemment lancé, il souligne que sur le plan international, une compétition comme les Jeux se préparent sur 8 ans minimum. Le programme comprend la détection, le suivi, le perfectionnement, la préparation à la performance. ‘’L’EA club a commencé la détection, il y a longtemps, assure-t-il, mais sans grands moyens investis. Il aurait fallu promettre des sanctions positives pécuniaires pour les plus méritants, qui sonneraient comme une promesse de se faire rembourser les investissements réalisés. En l’état, rien n’est garanti, rien n’est fixé. Ce qui ne favorise pas les investissements pour des clubs qui fonctionnent sur moyens propres’’.
Le constat qui se dégage sur l’athlétisme sénégalais est l’abandon de cette discipline par les autorités étatiques. La discipline, qui maintient difficilement la tête hors de l’eau, appelle à la rescousse. Des états généraux de l’athlétisme sont l’idée énoncée par les amoureux de ce sport, pour définir un plan de développement précis. Ils demandent un investissement à la hauteur des ambitions et du Sénégal.
AUDIO
MÉKHÉ, LA VILLE QUI RÉSISTE À LA CHINE
Le maire et les artisans de la localité sont entrés en résistance pour mettre en valeur leur savoir-faire en matière de cordonnerie, face à la concurrence des chaussures bon marché venues de l'empire du Milieu
Au Sénégal, la localité de Mekhé dans la province du Cayor, à environ 120 kilomètres au nord de Dakar, mise sur l’artisanat de qualité pour se développer. Sa principale activité, depuis des générations, est la cordonnerie. Mais il faut faire face à la concurrence, notamment des chaussures bon marché fabriquées en Chine. Le maire et les artisans sont entrés en résistance pour mettre en valeur ce savoir-faire.
LEÇON SÉNÉGALAISE
Pourquoi Macky Salll a invité des citoyens, dont des vendeuses de légumes, à voyager avec lui lors de sa récente tournée à l’étranger ? Explications dans cet article initialement publié par le célèbre quotidien arabophone de Londres Al Sharq Al Awsat
Ce n'est pas tous les jours que cela arrive, en Afrique notamment : un maire d'une petite commune rurale, de simples vendeuses de légumes dans les quartiers populaires de Dakar et un professeur de Philosophie adepte d'Emmanuel Kant ont été choisis par le président du Sénégal, Macky Sall, pour l'accompagner lors de sa récente tournée à l'étranger oùil a visité plusieurs pays.
Par ce geste rare, l'idée toute simple que le chef de l'Etat sénégalais veut expliquer est que l'avion présidentiel est un outil de travail, entretenu grâce à l'effort financier du contribuable sénégalais.
Et puisque tel est le cas, les citoyens ordinaires n'ont-ils pas le droit de profiter de ce qu'ils payent ? Grâce à deux voyages à l'étranger avec le président Macky Sall dans son avion, les vendeuses de légumes ont pu découvrir les produits et les marchés asiatiques.
Au cours de cette expérience unique qui pourrait changer à jamais leur vie, ces femmes sénégalaises ordinaires ont pu importer, dans l'avion présidentiel, de nouvelles marchandises et acquérir de nouvelles expériences dans le commerce.
Le maire de la commune rurale, située à la frontière sénégalo-mauritanienne, qui a été impressionné par la mégapole d'Abu Dhabi, a pu découvrir des prototypes de gestion de grandes villes modernes.
Des modèles dont il a beaucoup appris, lui, le maire d'une petite commune rurale dont la population est à majorité composée d'agriculteurs et d'éleveurs, pour mettre en œuvre de nouvelles idées qui pourraient améliorer le quotidien de ses administrés.
Quant au philosophe, qui a grandi dans le sillage de la famille du premier président du pays, le grammairien et poète Léopold Sédar Senghor, il a pu achever son nouveau livre, après avoir assisté à un colloque sur le dialogue des civilisations.
Un colloque organisé par le Forum de la paix, dans un hôtel qui surplombe la bordure d'un fleuve, situé au centre d'une tempête qui secoue le monde aujourd'hui, sous forme de guerres pour l'hégémonie économique et politique.
Cette tempête cache une lutte entre des civilisations qui ont rompu toute forme de dialogue. Elle a inspiré le philosophe venu à bord de l'avion présidentiel pour parachever les dernières feuilles de son livre.
Macky Sall ne croit pas au populisme dans l'exercice de la politique ou du pouvoir. Pendant les huit ans qu'il est à la tête de son pays, il s'est refusé d'emprunter la voie de son prédécesseur Abdoulaye Wade, la voie « khadafienne », du nom de l'ancien leader libyen Mouammar Kadhafi, aujourd'hui disparu.
Macky Sall est aux antipodes de son prédécesseur. Il privilégie le calme, la patience et l'examen des moindres détails de toute action avant la prise de décision qu'il juge adéquate. Un comportement qui lui a permis d'éviter à son pays d'entrer dans des conflits inutiles.
Le chef de l'Etat sénégalais a pu se tailler un modèle unique dans l'histoire de son pays dans l'exercice du pouvoir, malgré la grande estime qu'il voue aux trois anciens présidents qui l'ont précédé. Des témoignages d'égards qui apparaissent toujours dans ses propos et ses discours.
Il s'appuie dans ses prises de décisions sur le patrimoine et les traditions sénégalaises du pouvoir, en y ajoutant une touche de jouvence personnelle tournée vers l'avenir. Il voit, à travers les jeunes dirigeants des pays du Golfe arabique, un modèle de leadership où l'intérêt du peuple est au-dessus de toute considération, prenant pour exemple Mohamed Ibn Zayed qui a su transformer son pays en un modèle de développement unique en son genre et Mohamed Ben Salmane qui a transformé l'Arabie Saoudite.
Macky Sall, qui préside depuis huit ans l'initiative mondiale pour le développement de l'Afrique, œuvre pour une transformation radicale du continent à travers la création de partenariats multiples et diversifiés qui profiteraient des expériences diverses, en commençant de là où les autres se sont arrêtés.
Il est l'un des nouveaux dirigeants africains qui appellent à dépasser l'époque où le continent tendait la main pour recevoir des aides vers une nouvelle étape : celle d'un partenariat gagnant-gagnant pour tous.
Macky Sall rejette fortement ce concept qui dit que «l'Afrique est l'avenir », lui préférant celui qui fait de l'Afrique « le présent ». Le monde entier est désormais présent sur ce continent, plein de richesses et de projets.
Un continent encore en construction et qui affiche le taux le plus élevé au monde en termes de croissance économique. Un continent qui, malgré les affres des guerres dans certaines de ses régions, est capable de connaître une renaissance économique importante dans beaucoup de régions.
Macky Sall défend âprement ses rêves pour une renaissance africaine globale, sans perdre de vue que la réalisation d'un tel rêve n'est pas facile. Il est indispensable pour cela, estime le chef de l'Etat sénégalais, que se consolide la bonne gouvernance dans la gestion des affaires des pays du continent.
Lui qui avait dit, dans un discours à l'adresse des Sénégalais qu'il poursuivra sans relâche la politique de la bonne gouvernance, rejetant les pressions politiques par rapport à ses décisions relatives à la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion.
Le président Macky Sall estime que la bonne et efficace administration de la chose publique en Afrique est le meilleur moyen qui permet une meilleure gestion des ressources et un plus grand financement pour la renaissance attendue.
Cependant, le plus important pour lui est que les pays africains soient des partenaires sérieux sur le plan international. Un partenaire qui représente, avec honnêteté et dévouement, les peuples du continent et qui traduit fidèlement le rêve de la jeunesse majoritaire en Afrique.
En plus de la bonne gouvernance et l'établissement de partenariats solides, Macky Sall a, à l'esprit, les crises sécuritaires qui secouent le continent pour lesquelles, celui-ci a la possibilité de leur trouver des solutions.
Pour parvenir à cette renaissance africaine, le président Macky Sall estime qu'il faut inéluctablement trouver des solutions africaines aux problèmes du continent, un impératif selon lui. Il est convaincu que des solutions extra-africaines à ces problèmes vont ouvrir la porte aux interventions étrangères, ce qui ne veut pas dire le rejet des partenariats, car l'Afrique cherche des partenaires sérieux dans les domaines du développement, de la sécurité et de la politique. Mais elle refuse la présence sur son sol d'acteurs qui rejettent le principe du partenariat gagnant-gagnant.
Les pays du Golfe arabique, et particulièrement l'Arabie Saoudite et les Emirats Arables Unis constituent, selon le président sénégalais, des partenaires stratégiques pour son pays et de véritables acteurs capables de contribuer, pour une grande part, à cette renaissance africaine espérée.
Macky Sall porte une grande estime aux idées dont sont porteurs Mohamed Ibn Zayed et Mohamed Ibn Salmane et qui se recoupent avec la même vision qui est celle de ce fils du «Sine », ce Sénégal profond, berceau de la civilisation du pays.
Le président sénégalais croit fermement qu'observer les expériences d'autres pays et d'autres régimes, dont les dirigeants ont réussi d'importantes réalisations sur la voie du développement et de la prospérité, fera gagner au continent africain davantage de temps et d'efforts pour réussir la bataille du développement et du progrès.
C'est du reste pour cela que le président Macky Sall a voulu faire de l'avion présidentiel autre chose qu'un moyen de voyage pour lui tout seul, mais plus que cela. En invitant trois modèles différents de citoyens sénégalais ordinaires au cours de sa récente tournée à l'étranger, le chef de l'Etat sénégalais a voulu faire de son avion un moyen pour véhiculer les expériences dans le domaine du développement économique entre les peuples et l'échange d'idées entre les différentes cultures.