Amadou Élimane Kane, auteur prolifique, éclectique et transgenre, publie un nouveau récit, aux éditions Lettres de Renaissances, intitulé Moi, Ali Yoro Diop La pleine lune initiatique, qui raconte l'histoire d'un combattant contre la colonisation pour rétablir la liberté et la justice. Pour mieux comprendre cette œuvre, nous avons rencontré l'écrivain-poète.
Après Un océan perlé d'espoir, Les fondements historiques du panafricanisme expliqués à la jeunesse et Enseigner apprendre à apprendre par la poésie, l'oralité et la citoyenneté, vous poursuivez votre travail de valorisation de la culture africaine en publiant un nouveau titre pour cette année 2016. Qu'est-ce que vous racontez dans votre nouveau livre ?
C'est une histoire qui m'a profondément marqué et dont j'entendais parler depuis longtemps dans mon environnement familial et culturel. Et je voulais en savoir plus sur l'histoire d'Ali Yoro Diop, un homme qui, au début du XXème siècle, a résisté à la présence française en réclamant la justice des droits humains. Comme ce sont des questions qui me mobilisent depuis longtemps, je me suis senti concerné et j'ai eu envie de relater cette histoire, au moyen d'une trame romanesque. Je précise que ce livre est le premier tome d'une trilogie qui s'inscrit dans une démarche de déconstruction, en vue d'un véritable paradigme intellectuel africain. L'histoire d'Ali Yoro Diop est basée sur des faits réels, issus d'archives écrites et orales dont je me suis servi pour bâtir l'intrigue. Je me suis vite rendu compte qu'Ali Yoro Diop n'était pas celui qu'on a voulu nous faire croire, un illuminé qui aurait perdu l'esprit. Il connaissait l'histoire africaine, ses origines et ses empires, et il s'est opposé à l'envahissement des colonisateurs, car il avait une conscience aigüe de la lutte contre l'injustice. Il a résisté tout simplement à la présence française, au péril de sa vie, car l'impérialisme occidental était en train de broyer notre dignité et notre histoire collective.
On voit en effet que votre œuvre contribue à parler de l'Afrique d'une autre manière. Comment décidez-vous d'écrire sur un sujet comme celui-ci ?
Si j'ai choisi d'exhumer le récit d'Ali Yoro Diop, c'est parce que je pense qu'il est grand temps de rétablir certaines vérités historiques et de déconstruire le schéma colonial, et notamment à travers nos récits. Partout sur le continent, il a existé des hommes pour dire non mais on les a enterrés et ils sont retombés dans l'anonymat le plus désolant. Ali Yoro Diop n'a même pas de sépulture au Fouta Toro. Cela prouve bien dans quel carcan on a voulu nous enfermer, pour ne pas honorer la mémoire de ceux qui voulaient sauver notre identité. Je veux juste rappeler que l'Afrique a connu plusieurs tragédies humaines et culturelles. Je ne le dis pas pour réactiver un processus de victimisation, nullement. Je le dis pour que l'on comprenne bien ce qui en résulte et comment aujourd'hui, et dans le futur, nous pouvons les dépasser. Il y a eu la traite, la déportation et l'esclavage qui ont décimé nos liens sociaux et nos forces humaines. Lors de la conférence de Berlin en 1884, les Occidentaux ont divisé notre continent d'un point de vue géographique, économique et social. Mais cela a été bien plus loin encore ; le partage absurde des terres africaines et l'anéantissement de leurs structures sociales, pour créer les frontières artificielles que nous connaissons encore, ont déséquilibré l'ensemble de nos modes de vie, de notre histoire, de notre mémoire et de notre patrimoine. La colonisation des territoires a aussi eu un impact énorme sur notre psychisme car cela a détruit nos espaces physiques et nos espaces mentaux. L'école coloniale nous a réduits à néant par une volonté toujours plus féroce à nous dominer.
Vous voulez dire que nos sociétés n'ont pas d'existence propre ?
Au contraire, elles ont une existence bien réelle et possède une identité profonde mais celles-ci ont été décimées mentalement, comme je l'ai dit précédemment. Car depuis 600 ans, qu'est-ce qu'on nous propose de raconter de l'histoire africaine ? Celle-ci débuterait à la fin du XIXème siècle grâce aux forces civilisatrices occidentales. Ce qui est bien entendu une tromperie, voire un massacre culturel et intellectuel. C'est pourquoi je pense qu'il faut en finir avec toute cette imagerie qui est malheureusement encore transmise, et qui consiste à dire que l'Afrique serait née de l'Occident. Encore en 2007, Nicolas Sarkozy, président de la France, avec force et nihilisme, affirme que l'Afrique n'est jamais entrée dans l'histoire ! C'est tout le contraire, notre histoire est profondément ancienne, elle constitue même le point de départ de l'humanité. Nous ne devons plus fonctionner par mimétisme occidental car c'est une erreur grave. Je n'ai rien contre ces pays mais nous devons impérativement faire l'état des lieux de notre patrimoine culturel pour rétablir tout ce que l'on nous a subtilisés. Pour cela, il s'agit d'écrire nos propres récits, avec à l'esprit notre narration collective.
Qu'est-ce que vous entendez par narration collective ?
Comme je l'ai dit, notre patrimoine a été nié. Il s'agit pour nous de réécrire notre propre espace culturel avec nos récits, nos mythes, nos croyances, nos langues. Nous devons reconstituer notre patrimoine historique, culturel et social dans ses vraies définitions et dans son identité remarquable. Je pense qu'il faut entériner la sauvegarde de notre monde, pour vivre la consécration de notre histoire qui ne peut plus être celle d'une autre culture, la culture occidentale. Il s'agit pour nous d'écrire nos propres récits, formant une narration collective qui permette la réhabilitation définitive de notre patrimoine et de nos empreintes culturelles et sociales. De reformer cette narration collective permettra non seulement de partager notre histoire commune mais aussi de redessiner les perspectives du futur, de nos besoins, de nos stratégies, en matière d'éducation, de droit, de politique unitaire et de citoyenneté. Nous aurons alors un tracé ayant du sens pour répondre à nos véritables besoins sociaux, éducationnels et humains.
Sur quelle base peut-on alors considérer le patrimoine africain ?
La culture nègre est un héritage de l'Egypte pharaonique. Et nous le savons grâce notamment aux travaux de Cheikh Anta Diop et de Théophile Obenga. Par exemple, et contrairement aux idées reçues, les traces écrites les plus anciennes se trouvent en Egypte pharaonique. Les chercheurs datent à -4000 les premiers pictogrammes connus de la Vallée. Si l'on compare cela aux textes les plus anciens en Occident, ceux-là apparaissent seulement en -1400, ce qui confère un écart très important entre le système pharaonique et le milieu indo-européen. Ainsi la question de l'antériorité de l'écriture pharaonique semble résolue. C'est donc intéressant de faire émerger les traces de la littérature, sous ses différentes formes au sein de la culture pharaonique et de sa préexistence au cœur de l'histoire de l'humanité. Cette influence originelle a contribué à la création du mythe occidental qui serait à l'origine de l'écriture. Or, si l'on s'attarde sur les écrits de l'Egypte pharaonique, on constate que les aspects religieux, philosophiques ou romanesques sont bien présents. Ce qui renforce l'hypothèse que l'Egypte pharaonique possédait les clés de la création littéraire.
A travers ce que vous dites, on reconnait aussi vos déclarations et vos écrits autour de la renaissance africaine. Pouvez-vous nous rappeler ce que cela recouvre ?
La renaissance africaine est une démarche qui propose un ensemble de valeurs en rupture avec les représentations afro-pessimistes. Cette démarche de rupture doit s'accompagner d'une unité africaine avec pour levier plusieurs articulations qui permettent d'œuvrer pour la renaissance : une unité culturelle avec la réappropriation du patrimoine historique ainsi que l'exercice des langues nationales ; mais aussi une unité économique et monétaire avec une réelle exploitation des richesses naturelles du continent et enfin une unité politique d'où doit émerger une véritable démocratie, la défense des droits humains fondamentaux et la lutte contre les corruptions. Mais cela doit s'accompagner d'une réelle prise de conscience, selon laquelle chaque africain doit recouvrer une image juste de soi avec l'estime et la confiance nécessaires à la réhabilitation de ses valeurs humaines, sociales, culturelles et artistiques. C'est pourquoi je crois aussi à la constitution des Etats-Unis d'Afrique car seule l'émergence d'un Etat fédéral est viable. Encore aujourd'hui, on est dans des stratégies d'évitement et l'Africain est son propre fossoyeur, un ennemi pour lui-même, en continuant de fonctionner sur des concepts iniques qui n'ont aucun sens. Les Occidentaux nous parlent de développement tout en continuant de tirer les ficelles financières et politiques. On ne va jamais se développer de cette manière, c'est un leurre. Certains hommes s'auto-proclament penseurs du futur alors qu'ils ne sont que dans l'aliénation d'un académisme qui nous tire vers le bas et qui ne correspond pas à nos enjeux.
Qu'est-ce que vous proposez pour remédier à cet immobilisme et engager le changement ?
Je propose que la pensée soit partagée et que la réflexion soit ouverte sur nos paradigmes culturels et sociétaux. Souvent, les défenseurs du patrimoine africain, nous n'avons pas suffisamment la parole. Nous sommes interdits d'antenne, on torpille notre travail, avec ce sentiment encore trop présent de ne pas exister. N'oublions pas que Cheikh Anta Diop est mort avec le titre "d'assistant", sans reconnaissance et combattu jusqu'au bout. Son livre Nations nègres et cultures a été refusé partout et ceux qui ont reçu des titres n'ont rien produit. Trop souvent, on nous refuse l'antenne médiatique et l'expression dans l'espace public. On est confronté à des comportements d'évitement. En somme, nous ne devons rien attendre des hommes fantoches mais nous battre pour une reconnaissance légitime. Vous savez, en France, j'ai fait tout un travail de recherche en pédagogie autour de la poésie et de l'oralité. Il y a vingt-cinq ans, j'étais marginalisé, voire ridiculisé. Mais désormais, on reconnait mon travail au sein de l'institution de l'éducation nationale car on a compris que ce travail des fondamentaux de la langue, de la culture et de l'identité contribue à l'émergence des savoirs et des apprentissages. Au Sénégal, on ne parle pas de cette avancée et on nous évite. Mais nul n'est prophète chez soi !
C'est pour cela que vous avez créé en 2012, l'Institut culturel panafricain et de recherche qui se situe à Yenne ? Racontez-nous comment vous avez imaginé ce lieu de culture ?
Oui, je voulais un espace de liberté où il soit possible de défendre notre idéal panafricain tout en demeurant dans l'ouverture culturelle, pédagogique et artistique. Et que nous soyons nos propres créateurs d'une structure qui parle de nous, de notre histoire, de nos arts, de notre diversité culturelle, sans enfermement. Nous avons aussi fondé une maison d'édition pour exister par nous-mêmes, sans qu'on nous oblige à penser sur le modèle occidental. Très souvent, la littérature africaine qui est publiée est tournée vers le commercial, ou le divertissement. Mais nous avons aussi une littérature qui engage notre propre récit et qui doit exister comme source de résistance. N'attendons rien de l'Occident ou des hommes à sa solde. Continuons à porter nos valeurs, nos cultures, nos arts, nos langues pour porter un regard sur nous et sur l'humanité, restons debout pour contrecarrer le refus de nous donner la parole. Cette parole, nous devons la prendre sans peur et sans honte.
Pour citer vos propres mots, vous parlez de "décolonisation intellectuelle". Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, la décolonisation n'est pas seulement géographique ou politique. Elle doit s'accompagner d'une libération culturelle, philosophique et linguistique. Car on sait qu'une civilisation doit être maîtresse de son histoire, de ses valeurs, de sa conception sociale pour pouvoir assurer son devenir et son rapport au monde. Je pense que, nous Africains, nous devons mener ce processus de décolonisation mentale jusqu'au bout. Car nos sociétés sont encore trop conceptualisées autour des modèles des puissances occidentales qui ont, dans un souci de domination permanente, bouleversé tous nos schémas culturels, historiques, philosophiques, spirituels pour nous laisser exsangues et en rupture avec notre héritage ancestral. La pensée, la spiritualité et la résonance culturelle de l'Afrique doivent reprendre leurs droits pour pouvoir contenir une influence occidentale encore trop paralysante pour notre épanouissement.
Comment ?
Je pense que la question linguistique est très certainement l'axe par lequel nous pouvons recouvrer notre mode de pensée. Nos éducations, nos travaux d'écriture, de recherche, d'oralisation sont dominés par les langues étrangères. Ce qui nous place dans ce que l'on peut nommer "l'esclavage linguistique". On sait combien une langue est médiatrice d'une culture, synonyme d'une vision philosophique et combien le mental intervient dans l'exercice d'une langue. C'est pourquoi nous devons valoriser nos langues africaines, nous devons travailler pour qu'elles soient de nouveau un mode de transmission, au sein de l'école notamment, pour refaçonner nos empreintes culturelles qui demeurent profondément attachées à la conception spirituelle de la cosmogonie africaine. Ainsi, nous avons tout un travail de reconnaissance à faire pour pouvoir affirmer notre totale liberté culturelle en utilisant nos langues originelles au cœur des sociétés. Nous devons créer nos propres outils linguistiques pour lire, dire, écrire dans nos langues nationales. Officialisons une langue commune qui soit africaine pour l'avenir de notre patrimoine historique. Cette libération linguistique permettra de conduire une véritable renaissance culturelle et identitaire africaine qui sera la réponse à une volonté unitaire et panafricaine.
Libreville, 12 oct 2016 (AFP) - Le représentant des Nations unies en Afrique centrale est candidat à la présidence de la commission de l'Union africaine (UA) de même que le ministre des Affaires étrangères du président tchadien Idriss Deby Itno, président en exercice de l'UA, rapporte mercredi la presse gabonaise.
Le représentant du secrétaire général des Nations unies en Afrique centrale, basé à Libreville, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, va être remplacé par l'ancien Premier ministre de Guinée Conakry François Lousény Fall, affirme mercredi le quotidien gabonais l'Union.
"Abdoulaye Bathily compte se consacrer totalement à sa candidature au poste de président de la Commission de l'Union africaine (UA)", ajoute l'Union.
Acteur majeur dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel, le président tchadien Deby avance pour sa part la candidature de son ministre des Affaires Moussa Faki Mahamat, en poste depuis près de dix ans.
"Je crois à l'Afrique, je crois en la nécessité de l'Union africaine. Les défis que nous connaissons sont les défis communs, et je pense que mettre mon expérience au service du continent est un devoir", a commenté le ministre qui a notamment géré les dossiers du Darfour, de l'intervention au Mali et de la lutte contre le groupe jihadiste nigérian Boko Haram, actif dans la région du lac Tchad.
Réunis en sommet en juillet à Kigali, les chefs d'Etat africains avaient reporté à janvier 2017 l'élection d'un successeur à l'actuelle présidente, la sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma.
Aucun des trois candidats en lice, Agapito Mba Mokuy (Guinée équatoriale), Pelonomi Venson-Moitoi (Botswana) et Speciosa Wandira-Kazibwe (Ouganda), n'avaient obtenu la majorité des deux tiers nécessaire, de nombreux Etats jugeant qu'ils "manquaient d'envergure". st/ms
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CRÉATION DU COS-PETROGAZ
Décret portant création et fixant les règles de fonctionnement du Comité d'orientation stratégique du pétrole et du Gaz
Dakar, 13 oct (APS) - Le président de la République, Macky Sall a pris le décret portant création et fixant les règles de fonctionnement du Comité d'orientation stratégique du pétrole et du Gaz (COS-PETROGAZ), dans la dynamique de gestion saine et durable des ressources naturelles, a-t-on appris de source officielle.
Selon le communiqué de la présidence, le COS-PETROGAZ est chargé d'assister le président de la République et le gouvernement dans "la définition, la supervision, l'évaluation et le contrôle de la mise en œuvre de la politique de l'État en matière de développement de projets pétroliers et gaziers".
Présidé par le chef de l'État, le COS-PETROGAZ est composé du Premier ministre, du ministre en charge de l'Energie, du ministre de l'Industrie et des Mines, de représentants d'institutions de la République ainsi que d'autres structures intervenant dans le secteur de l'énergie.
"En dehors de ces acteurs, le président de la République peut inviter aux travaux du COS-PETROGAZ toute personne ou compétence utile à la réalisation de ses missions", ajoute le texte qui rappelle que la création de cette structure auprès du président de la République intervient dans le contexte de découverte d'importantes réserves gazières et pétrolières sur notre territoire maritime.
Le COS-PETROGAZ vient renforcer le dispositif global de transparence dans la gestion des ressources naturelles après l'adhésion de notre pays à l'Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) et la constitutionnalisation du droit des populations sur les ressources naturelles, précise la même source.
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QUAND FRANK TIMIS SORT DU BOIS POUR AFFICHER SON MÉPRIS DES SÉNÉGALAIS
Le FDS/MWS avait demandé solennellement les excuses à la nation du Président Macky Sall et la remise en question des procédures ayant conduit à la spoliation des ressources naturelles du peuple. Faute de quoi... - L'INTÉGRALITÉ DU COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous l'intégralité du document de base de la conférence de presse du Front pour la Défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal daté le 12 Octobre 2016 :
Le FDS/MWS avait demandé solennellement les excuses à la nation du Président Macky Sall et la remise en question des procédures ayant conduit à la spoliation des ressources naturelles du peuple. Faute de quoi, le FDS/MWS engagerait une série d’actions de défense des intérêts du Sénégal, en particulier une plainte contre X, contre Aliou Sall, Wong Joon Kwang, Frank Timis, Kosmos Energy.
A la place d’une réponse du Président de la République, c’est le sieur Frank Timis qui sort du bois pour prendre sa défense dans deux interviews publiés dans les journaux, le Témoin du vendredi 7 au dimanche 9 octobre 2016, N° 537 et l’As du vendredi 7 octobre 2016, N° 3300. Ainsi , Frank Timis met en exécution les menaces du Premier Ministre Dionne.
L’interlocuteur de FDS/MWS est et reste bien le Président Macky Sall. Mais l’interview commanditée de Frank Timis contient bien quelques informations utiles sur cette affaire.
SUR LA FORME
Si ce qui est rapporté dans les journaux est vrai, le Sieur F. Timis a montré son peu de respect pour les Sénégalais en usant d’un langage indigne de la République. En effet, parlant de députés de la Nation, d’anciens ministres et de Premiers ministres, il dit : « s’ils ont des c.., ils auront un adversaire à leur taille » (le Témoin page 6) » ; Il poursuit en racontant sa rencontre avec le ministre en charge de l’énergie et sa délégation : «Nous avons fait connaissance et je les ai invités dans le restaurant le plus huppé de Londres. Ensuite, je leur ai demandé de venir à mon bureau le lendemain..( le Témoin page 6) ».
Poursuivant avec un autre ministre chargé de l’énergie, il dit « il m’a b… plusieurs fois » ( le Témoin page 7). S’agissant de Aliou Sall, « c’est juste un facteur avec son vélo, chargé de distribuer le courrier, (le Témoin page 7) ». Dans cette même page, il dit : « c’est moi le boss, c’est moi qui décide même si je n’ai que 30% des parts ».
Dans l’As, page 7, évoquant sa rencontre avec le ministre chargé de l’énergie en 2009, c’est « un homme très intelligent » et « j’ai rencontré la délégation sénégalaise à Londres, personne ne la prenait au sérieux. Or, moi je l’ai invitée chez moi. La première fois que je les ai rencontrés, je les ai adorés. Je leur ai offert un diner parce que je respecte les Africains. Ils sont venus dans mon bureau, le ministre de l’énergie de l’époque, .., qui faisait la promotion de son pays a tellement insisté que j’ai finalement accepté,( l’As page 7) ». Voilà les propos d’un soi-disant investisseur étranger ayant pignon sur rue en Afrique. Ce serait comique si ce n’était pas tragique !
ENTRE CONTRE-VÉRITÉS ET IMPRÉCISIONS
1. « J’ai commencé à faire du business au Sénégal en 2010-2011…Nous avons alors signé un MOU (Memorandum of understanding) avec Petrosen ». Ensuite « La seule confusion autour de cette affaire est relative à l’appellation Tim. Mais je n’ai rien à y voir ».
Le MOU signé le 8 décembre 2011 lie Petrosen et Petrotim Limited. Il a été signé par Wong Joon Kwang (Représentant de Petrotim Limited), Ibrahima Mbodj (Représentant de Petrosen) et contre signé par le Ministre en charge de l’énergie. C’est donc bien la société Petrotim Limited qui a signé, à moins que Frank Timis ne produise un MOU différent de celui que nous connaissons.
2. Le Président Macky Sall, à son arrivée au pouvoir a refusé de signer le décret pendant quatre mois. (le Témoin page 7). En vérité, le Président Macky Sall n’a pas mis quatre mois pour signer les décrets portant approbation des contrats de recherche et de partage sur les blocs de Cayar et St Louis Profond puisqu’il a signé les décrets le 19 juin 2012. Quatre mois, cela coïnciderait plutôt avec la création de Petrosia Limited le 11 juillet 2012 aux Îles Cayman.
3. Pour F. Timis, « Petro tim Sénégal , c’est une boîte aux lettres,… une société anonyme unipersonnelle et a un seul actionnaire, c’est Petro tim limited une personne morale »,( le Témoin page 7). Il oublie de dire que Aliou Sall avait reçu un mandat le 23 mai 2012 pour créer Petro tim Sénégal. Il nous faut la liste des actionnaires de Petrotim Limited ainsi que de Petro asia crée le 11 juillet 2012 aux Îles Cayman.
4. « Ma famille tient des actions dans Petroasia, une entreprise basée à Hong Kong. Petrotim était donc une filiale de Petroasia. La seule confusion autour de cette affaire est relative à l’appellation Tim. Mais je n’ai rien à y voir (l’As page 7).
Quelle contradiction ! sa famille est bien dans Petroasia, maison mère de Petrotim, d’après ses propres dires. Il est donc concerné par Petrotim Limited. En tout état de cause, au final, nos avocats devront exiger les éléments probants attestant de l’actionnariat de Petroasia Resources Limited créée le 6 mars 2012, de Petroasia Limited créée le 11 juillet 2012, de PetroTim Limited créée le 19 janvier 2012, de Petrotim Sénégal SAU du 4 juillet 2012, toutes ces sociétés emboîtées en « poupées russes ».
5. « Eddie Wong a décidé de quitter le Sénégal.. J’ai proposé de racheter la société. A l’époque, je lui avais prêté 3,4 millions de dollars (un milliard sept cent millions de FCFA) pour couvrir ses frais au Sénégal. En échange de l’annulation de cette dette et d’une cession d’un peu moins de 10% des parts de Timis, il m’a cédé Petrotim (le Témoin page 7). « Lorsque Eddy a voulu se retirer, j’ai demandé à ma famille de prendre le relai… J’ai alors de man propre chef, repris la licence d’exploration. C’était en juillet 2014 »… « J’ai alors de mon propre chef repris la licence d’exploration et les engagements de 275 millions US$ d’investissement des mains de PetroTim ».. Je rappelle qu’on a repris la licence de Petroasia à dix millions de dollars, 2,5 millions en cash et l’équivalent 8% d’actions dans Timis Corporation (l’As page 7). F. Timis reconnaît avoir acheté Petroasia. En effet, même s’il fait référence à sa famille, on peut penser que c’est lui qui a acheté. On ne sait pas non plus s’il s’agit de Petroasia Resources limited créée le 6 mars 2012 à Hong Kong dont Petro-Tim Limited est une filiale à 100% (dont la référence est mentionnée dans le décret de 19 juin 2012) ou de Petroasia Limited créée le 11 juillet 2012. Sans doute s’agit-il de la maison-mère, les juges devront clarifier ce point. Par ailleurs, Frank Timis présente la chronologie des faits comme si au départ Petroasia est le signataire avec l’Etat du Sénégal, lui n’étant intervenu qu’en juillet 2014 contre l’avis de sa famille et de son staff. Or, l’Etat du Sénégal n’a été lié qu’à la société Petrotim Limited, et jamais à Petroasia de son ami Eddy Wong. Et c’est bien ce qu’il reconnaît lui même. Faire la transaction avec Petrotim Limited, ne signifie pas la faire avec Petroasia la maison- mère. En tout état de cause, F. Timis nous informe que Petro tim Limited n’a pas dépensé plus de 3,4 millions de dollars pour les travaux d’exploration sur les blocs de Cayar et St-Louis.
6. On notera néanmoins la différence des modes de rachat présentés dans les deux journaux. C’est à se demander si F. Timis est bien au courant de cette affaire et s’il ne parle pas sous la dictée de quelqu’un d’autre. Il annonce au passage que lui aurait détenu 10% d’actions dans Pétroasia qui appartiendrait à M. Wong ( Petroasia avait demandé les blocs St louis et Cayar Profond. Nous étions en compétition avec Tullow Oil mais nous avons gagné. Je suis juste actionnaire à hauteur de 10% de Pétroasia (le Témoin page 7). Or, cette société a été créée le 6 mars 2012.
7. Par ailleurs, il est établi que Timis Corporation a racheté les licences à Petrotim Limited et non à Petroasia. Ensuite, les montants annoncés sont ridicules et ne peuvent passer que si, comme le fait Frank Timis, l’assurance de la présence de réserves importantes de gaz dans les 2 permis n’existe qu’après cession à Kosmos Energy Senegal en juillet 2014. Or, cette assurance existe avec les découvertes voisines en Mauritanie qui confirment l’important potentiel des gisements. Néanmoins, par cet aveu, Frank Timis offre un moyen de calculer la base fiscale pour la taxation de cette opération qui ne saurait être exonérée, car n’entrant pas dans le champ des activités d’exploration.
8. Notons au passage une grave omission du Premier Ministre M. Dionne dans sa déclaration du 21 septembre 2016. Le Premier ministre, affirmant tout savoir du pétrole et du gaz du Sénégal, avait voulu être précis et exhaustif dans sa déclaration. Cette affirmation de Frank Timis permet aujourd’hui de relever qu’il a volontairement omis de citer la première phase du « Farm out » ayant bien donné lieu à une contrepartie financière, partiellement en cash. Il est particulièrement regrettable qu’un tel oubli puisse apparaître comme une volonté manifeste de justifier une dissimulation fiscale.
9. Il dit dans le Témoin à la page 7, qu’au Sénégal, l’Etat prend 48% des bénéfices et 25% de taxes, soit 73%. Dans l’As, page 7, il dit : « le Gouvernement a alors signé, mais a augmenté de 10% les actions sur le partage des bénéfices. Petroasia et Petrosen étaient tombés d’accord sur un partage de 48% contre 52. Le nouveau Président a dit non et proposé que le Sénégal prenne 58% des bénéfices. » D’abord, Petrosen a signé avec Petrotim Limited le 17 janvier 2012 qui sera créée deux jours plus tard et non avec Petrosia, en notre connaissance. Première erreur. Deuxième erreur, le contrat avec Petrosen n’a pas changé depuis cette date. Ainsi, on apprend que le Président Macky Sall serait alors directement intervenu dans les négociations pour demander 10% d’actions en plus. Au niveau de quelle société ? de Petroasia qui sera créée le 11 juillet 2012 ? En tout cas, Petrosen a toujours eu 10%. De quoi parle t- on ? Ce n’est pas clair.
10. Sur les engagements de dépenses, il dit dans le journal le Témoin page 7 : « avec nos partenaires nous avons mis 400 millions de dollars (200 milliards CFA) d’investissements, dont 120 millions de dollars (60 milliards de FCFA) apportés par ma famille. » Or, jusqu’ ici, le Gouvernement a soutenu avec Kosmos Energy que c’est cette société qui a financé les puits et la sismique 3D ayant conduit à la découverte du gaz pour 250 millions de dollars.
11. « J’ai dépensé 100 millions de dollars dans l’exploration au Sénégal ( l’As page 7)» Ceci est curieux, en effet, Frank Timis dit n’être intervenu qu’après Petroasia par le biais de Timis corporation en juillet 2014 avant de céder 60% à Kosmos. Or il n’a porté que 46 jours les engagements de financement et de garantie (communiqué officiel du MEFP). Les engagements de financement sont cités en montant : 275 millions US$ repris de Petroasia, et cédés à l’identique à Kosmos qui les a portés à 450 millions US$. Donc, à quel moment et au profit de qui, Frank Timis aurait-il pu dépenser 100 millions US$ ? Il devra devant les juges donner le détail de ces dépenses selon leur nature avec à l’appui de ses dires indiquer une traçabilité probante des fonds décaissés.
12. « A Kosmos donc je cède 60% des actions, mais je n’ai pas reçu un franc d’eux. Kosmos augmente l’engagement de financement qui passe de 275 à 450 millions de dollars ( l’As page 7) » A supposer que cette transaction de cession d’actions, d’actifs et d’engagements n’ait pas donné lieu à un versement de cash, Frank Timis ne doit pas ignorer que l’absence de cash n’exclut pas une valorisation des 60% cédés. Par son aveu, Frank Timis offre donc un moyen de calculer la base fiscale pour la taxation de cette opération.
13. « Je n’ai pas payé de taxe au Sénégal, on est en phase d’exploration. A ce stade il n’y a pas de taxe à payer. C’est la loi qui le dit »« J’ai pris la licence à environ dix millions, mais ce n’est pas une transaction locale. Les deux sociétés sont enregistrées à l’étranger, elles ne peuvent pas payer des taxes au Sénégal l’As page 7)». Pourtant, le rapport Petroasia 2013 affiche que Petrotim Sénégal est attributaire des deux permis. Petrotim Sénégal est une société de droit sénégalais, donc l’opération aurait du être taxée. On relèvera que l’Etat du Sénégal a couvert et cautionné le recours à des sociétés offshore qui avaient pour objectif (avoué par Frank Timis) de détourner la loi fiscale aux dépens du budget et des intérêts du Sénégal. Néanmoins, même si on admet une transaction entre 2 sociétés étrangères, la reprise de licence et des actifs et engagements est une opération taxable au Sénégal puisque les passifs et actifs sont localisés au Sénégal. En outre, cette transaction n ‘est pas exonérée car n’entrant pas dans le champ du périmètre défini par la loi dès lors qu’elle ne concerne pas des opérations d’exploration.
L’implication de Aliou Sall dans cette affaire confirmée
1. « En 2011, je l’ai rencontré (Eddy Wong) en tant que responsable de Petroleum Africa, je l’ai rencontré alors qu’il était en négociation à Dakar. Il m’a demandé de l’aider et je lui ai dit que c’était impossible parce que Karim Wade ne m’aime pas. Je lui ai suggéré Aliou Sall (l’As page 7)» F Timis avoue que Aliou Sall, fonctionnaire de son état, est entré dans le dossier pétrole du Sénégal pour aider une société étrangère à négocier des contrats pétroliers avec notre pays.
2. « Pourquoi veut on que Aliou Sall se retire puisqu’il est en train de faire du bon boulot l’As page 7».
Il confirme qu’Aliou Sall est encore aujourd’hui dans le dossier du pétrole au service de Frank Timis. Oubli gravissime : ce fait a été omis par le Premier ministre Dionne lors de sa déclaration « vérité » faite aux Sénégalais le 21 septembre 2016 sur le sujet du pétrole et du gaz sénégalais.
3. « Aliou Sall est un employé. Il avait un contrat avec Petroasia. Il devient employé de Timis corporation. Aliou Sall a un salaire qu’il reçoit mensuellement comme tout travailleur ». Ceci est faux : des documents notariés prouvent qu’il est actionnaire unique de Petrotim Sénégal SAU, Les propos de F. Timis visent à faire croire que lorsque Aliou Sall reçoit des rémunérations, c’est en sa qualité d’employé.
En Conclusion, il est établi :
Aliou Sall, rémunéré par l’Etat du Sénégal a usé de ses fonctions pour se faire employer par une société privée étrangère, et aider cette dernière à négocier l’acquisition des permis en hydrocarbures.
Aliou Sall est rémunéré par Timis corporation. Ses revenus doivent être déclarés au fisc sénégalais. Quels sont les montants annuels perçus au titre de cette rémunération ? Ont-ils fait l’objet d’une déclaration et imposition conformément à la législation sénégalaise ?
Aliou Sall reste aujourd’hui un employé de Timis Corporation, signataire de conventions avec l’Etat du Sénégal, tout en étant le frère du Président de la République. Cette société a notamment réussi à obtenir la renonciation par l’Etat du Sénégal à ses droits de préemption, ce qui a causé un grave préjudice à l’Etat et à la nation sénégalaise.
Frank Timis et Aliou Sall doivent préciser la nature exacte du « bon boulot » qu’il est en train de faire.
LES MENACES DE FRANK TIMIS
« Moi je vais porter plainte contre les leaders de l’opposition à Londres »..« Je porterai plainte conte les 21 personnes au Sénégal lundi prochain (ndlr : le 10 octobre 2016) l’As page 7 « Le peuple appréciera que Frank Timis, une personne, en relation d'affaires avec le frère du Président de la République et le Gouvernement, se fixe comme dessein (sans doute illusoire et naïf) de détruire la démocratie sénégalaise, en saignant financièrement l'opposition par des convocations toutes les semaines à Londres. La collusion est manifeste.
Il offre par contre l’occasion rêvée de nous faire entrer dans l’affrontement juridique que nous projetions, et de ramener au grand jour les éléments cachés du scandale. Malgré de nombreuses contrevérités, Frank Timis donne dans cette ITW des informations intéressantes qui aideront à la rédaction des plaintes envisagées par le FDS/MWS.
Nous devrons appeler juges, policiers, et toutes personnes impliquées dans le procès à réclamer des éléments précis leur permettant de dire le droit : par exemple la composition du capital des sociétés, les mandants des représentants des sociétés offshore, leur expérience en matière de prospection en hydrocarbures, les dates précises de leur création, leurs rapports d’activité annuels, leurs états financiers, leur maintien ou non en activité, etc. Nous en appelons à leur haut degré de conscience citoyenne et de leur sens supérieur des intérêts de la nation sénégalaise.
CONCLUSION
F. Timis ne maîtrise pas ce dossier. Il y a trop de contre-vérités dans ce qu’il dit. C’est manifestement un paravent ! Les questions posées par le FDS/MWS restent sans réponse. Nous attendons la réponse du Président Macky Sall sur les deux questions à savoir que fait sa famille dans ce dossier et pourquoi n’a t-il pas défendu au mieux les intérêts de la Nation.
Il met en avant son arrogance et sa prétendue richesse pour impressionner les Sénégalais. Nos compatriotes doivent apprendre à faire la différence entre les investisseurs et entrepreneurs et les chasseurs de rentes.
La plainte qu’il brandit ne doit pas nous distraire dans l’exécution de notre plan d’actions.
Nous ne pouvons pas considérer l’interview d’un soi-disant homme d’affaires se présentant comme le boss de cette affaire comme étant la réponse du Président Macky Sall.
Nous devons engager notre action judiciaire telle qu’annoncée. Sur la base des faits évoqués ci-dessus, les avocats pourront rédiger nos plaintes en toute connaissance de cause.
Il est clair désormais que Timis Corporation aurait dépensé moins de 3,4 millions de dollars pour se retrouver avec 135 milliards de m3 de gaz naturel, soit au moins 600 milliards de FCFA et cela est incontestable. Et ce, parce que le Sénégal, le 3 juillet 2014, a renoncé à son droit de préemption au profit de la nébuleuse de Timis Corporation et parce que sans doute Aliou Sall, le frère du Président de la République est lié à cette affaire. En poursuivant notre action judicaire, toutes les parties prenantes sortiront du bois.
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"DIRTY DIESEL"
L'exportation du carburant en Afrique, un traffic qui sent le souffre
Dans un rapport intitulé "Dirty Diesel", Public Eye accuse des entreprises suisses de profiter de la faiblesse des normes africaines pour y vendre des carburants de très mauvaise qualité et "réaliser des profits au détriment de la santé de la population africaine".
Regardez ce reportage pertinent sur la qualité de ce carburant commercialisé en Afrique.
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"IL NE FAUT PAS EMBRASER LE SÉNÉGAL"
Sidiki Kaba, Garde des Sceaux, ministre de la Justice sur la polémique autour du pétrole
Dakar, 11 oct (APS) - Le niveau de la faim dans les pays en développement "a diminué de 29 pour cent depuis 2000", sans que la communauté internationale soit "sur la bonne voie" pour mettre un terme à ce phénomène à l’horizon 2030, indique l’édition 2016 de l’Indice mondial de la faim (GHI, en anglais), dont un résumé a été transmis mardi à l’APS.
"Le niveau de la faim dans les pays en développement, tel que mesuré par l’Indice mondial de la faim a diminué de 29 pour cent depuis 2000", mais la communauté internationale ne semble pas être "sur la bonne voie" pour vaincre ce phénomène, souligne la dernière étude de cet outil statistique mis à jour chaque année par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), basé à Washington (Etats-Unis).
"Vingt pays, dont le Rwanda, le Cambodge et le Myanmar, ont réduit leurs scores GHI de plus de 50 pour cent chacun depuis 2000. Et pour la deuxième année consécutive, aucun pays en développement pour lesquels des données étaient disponibles n’était dans la catégorie « extrêmement alarmante »", indique cette étude.
Malgré tout, la communauté internationale ne semble pas être "sur la bonne voie pour mettre fin à la faim", conformément aux Objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations unies à l’horizon 2030, selon les auteurs de ce rapport.
"Autrement dit, les pays doivent accélérer le rythme auquel ils réduisent la faim ou nous ne parviendrons pas à atteindre le deuxième objectif de développement durable" des Nations unies en 2030, à savoir l’élimination de la faim, a commenté le directeur général de l’IFPRI Shenggen Fan.
"Mettre fin à la faim mondiale est certainement possible, mais il revient à nous tous qui avons fixé les priorités, de veiller à ce que les gouvernements, le secteur privé et la société civile consacrent le temps et les ressources nécessaires pour atteindre cet objectif important", a ajouté M. Fan, dans des propos rapportés par ce document.
Un obstacle "pour atteindre la faim zéro est le manque de données complètes pour calculer les scores de l’indice pour les 13 pays. 10 de ces pays ont des indicateurs tels que le retard de croissance, le gaspillage et la mortalité infantile qui soulèvent des préoccupations importantes pour avoir des niveaux de faim élevés, dont le Soudan, le Sud-Soudan, la Somalie et la République arabe syrienne", note le rapport.
"Le conflit armé est une des principales causes de la faim et de la dénutrition dans beaucoup de ces pays", a déclaré Bärbel Dieckmann, président de Welthungerhilfe, une ONG allemande de coopération au développement et d’aide d’urgence.
L’objectif d’éradication de la faim "ne sera possible que si l’on augmente de manière significative les engagements politiques à la résolution des conflits et à la prévention", ajoute M. Dieckmann, également cité dans cette étude.
"À l’échelle régionale, l’Afrique au Sud du Sahara a le niveau de la faim le plus élevé, suivie de près par l’Asie du Sud", signale le rapport, précisant des pays la République centrafricaine, le Tchad et la Zambie font partie du top 10 des pays enregistrant "les plus hauts niveaux de la faim", avec Haïti, Madagascar, le Yémen, la Sierra Leone, l’Afghanistan, le Timor-Leste et le Niger.
Le GHI, l’Indice mondial de la faim, est calculé par l’IFPRI à partir de trois critères que sont la sous-alimentation (part de la population ayant un apport calorique insuffisant), la sous-alimentation infantile (proportion d’enfants de moins de 5 ans ayant un poids insuffisant) et la mortalité infantile (taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans). La notation va de 0 à 100.
En dessous de 5, le niveau de faim est considéré comme bas, de 5 à 10 : modéré ; de 10 à 20 : grave ; de 20 à 30 : alarmant ; et au-dessus de 30 : extrêmement alarmant.
Les statistiques utilisées par l’IFPRI sont celles fournies aux agences internationales par les gouvernements de 122 pays et révisées par ces dernières.
LA PLAINTE DE TIMIS ET L’ÉTUDE DU TIMBUKTU INSTITUTE EN EXERGUE
Dakar, 11 oct (APS) - La plainte de l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis contre des personnalités sénégalaises et l’étude du Timbuktu Institue sur la prévalance de l’islamisme radical au Sénégal sont les principaux sujets traités par la livraison de mardi des quotidiens.
"L’avocat de Timis Corporation, Me El Hadj Diouf, a porté plainte contre 11 personnes qui, pense-t-il, ont trainé dans la boue le PDG, Frank Timis et son employé Aliou Sall. Cette liste pourrait atteindre 21 personnes", écrit Le Soleil.
"Timis tient son onze de départ", relève Le Témoin quotidien, qui s’inspire de l’actualité du football pour évoquer la plainte de l’homme d’affaires australo-roumain contre ces 11 personnalités sénégalaises, "parmi lesquelles les principales figures de l’opposition".
"Frank Timis et son avocat poursuivent ces personnes pour diffamation, diffusion de fausses nouvelles et association de malfaiteurs", en lien avec des allégations sur le rôle présumé d’Aliou Sall, maire de Guédiawaye et frère du président Macky Sall, dans l’installation et les opérations de Pétro Tim au Sénégal.
Aliou Sall serait selon ses détracteurs au centre d’une "nébuleuse" en rapport avec les derniers développements de la filière du pétrole et du gaz au Sénégal, où des gisements importants découverts ces deux dernières années.
"La bataille judiciaire sur l’affaire Pétro Tim a été enclenchée (…)" avec le dépôt de cette plainte, avec divers personnalités citées comme témoin, à savoir Abdoulaye Wade, Karim Wade, Pierre Goudiaby Atépa, Samuel Sarr, Me Souleymane Ndéné Ndiaye, entre autres, rapporte le journal Le Quotidien.
"Le procureur saisi pour sortir Sall du Timis", rapporte L’Observateur, selon lequel l’avocat sénégalais de Frank Timis a choisi de recourir à la voie de la citation directe "pour une enquête plus exhaustive", pour les besoins de laquelle "ceux qui sont visés peuvent même être arrêtés".
Les menaces de plainte de Frank Timis n’étaient donc "pas une menace en l’air", indique le quotidien Enquête, bien que Walf quotidien estime que toute cette affaire "sent l’auto-victimisation". "Silence, on tourne", comme au cinéma, juge la Tribune, encore plus impitoyable dans son commentaire du jour, portant sur cette affaire.
L’avocat de Frank Timis, Me El hadj Diouf, "a encore l’occasion de s’offrir en spectacle et d’impressionner son client qui a certainement suivi les recommandations de ses amis sénégalais qui lui ont +vendu+ les talents de la +robe noire+", écrit le commentateur.
"On aurait applaudi à tout rompre si cette décision de ce sombre homme d’affaires n’était mue que par une volonté de faire jaillir la lumière sur une nébuleuse qui intéresse tellement les Sénégalais", avance le billettiste du quotidien La Tribune.
Il ajoute : "Mais la tournure actuelle des choses montre nettement qu’il s’agit d’une simple comédie qui n’apportera rien de nouveau au débat sur le pétrole. Sauf extraordinaire, on ne verra pas ce beau monde au tribunal de Dakar à plus forte raison en Angleterre. Nous ne sommes vraiment pas au bout de nos multiples interrogations".
L’avocat de Frank Timis, "embourbé dans ses tous de passe-passe hydrocarburés entre pros du pétrole, annonce la couleur. Fort en gueule, le tonitruant avocat n’a pas fait dans la dentelle (…). En fait, lui, sa botte secrète, c’est de faire le procès avant le procès, gagner la bataille médiatique avant d’entamer celle judiciaire plus feutrée et plus technique", renchérit un autre billettiste, celui du quotidien Le Populaire.
"Donc à l’opinion friande de sensationnel, de scandale, il distille graduellement ses coups de gueule bourrés de formules choc. Pour dire que les ténors de l’opposition ont un sacré client. Et à cette bataille de procès d’intention, Me El hadj Diouf perd rarement", conclut le commentateur.
D’autres journaux se font l’écho d’une enquête sur l’islam radical au Sénégal, à l’initiative de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux au Sénégal, dénommé Timbuktu Institute, qui révèle "la prévalence et la latence du radicalisme islamique au Sénégal", indique par exemple Sud Quotidien.
"Sur les 4.000 jeunes interrogés, ajoute Sud Quotidien, près de 10% se disent prêts à rejoindre l’islam radical", selon les résultats de cette enquête menée aux Parcelles assainies, à Pikine et à Guédiawaye, dans la grande banlieue dakaroise.
Les personnes interrogés pour les besoins de cette étude "ont indexé la défaillance de l’Etat par rapport au règlement de la pauvreté et du chômage qui sont les germes" du radicalisme, signale le même journal.
"Des femmes prêtes à aller faire le jihad", note de son côté Le Quotidien. "La banlieue se radicalise", affiche ce quotidien, avant d’ajouter que des solutions doivent être trouvées au chômage, à la précarité et à la pauvreté, pour mieux lutter contre la radicalisation des jeunes dans la banlieue dakarioise.
Le journal indique que le rapport du Timbuktu Institute recommande par ailleurs la mise en place d’un système éducatif inclusif, pour annihiler "les facteurs de radicalisation chez les jeunes de la grande banlieue dakaroise".
L’Afrique démocratique est en marche. Les élections régulières, plus ou moins libres et transparentes sont une certitude, des alternances se succèdent dans la sérénité dans bien des pays du continent.
Ce tableau rassurant, s’il est vraisemblable en Afrique l’Ouest, en Afrique Australe, en Afrique orientale et voire en Afrique boréale, c’est beaucoup moins le cas en Afrique Centrale.
Dans cette région, en effet, la règle semble être une certaine usure du pouvoir, avec la plupart des présidents venus aux affaires après des coups d’Etat militaires ou institutionnels.
Dans cet entretien, le journaliste franco-béninois Francis Kpatindé, chargé de cours à Sciences Po Paris, nous livre son analyse sur la santé démocratique de cette région, qui peine à suivre la marche du vent démocratique qui a soufflé le continent depuis les années 90.
Afrique centrale l’enfant malade de la démocratie africaine.
Regardez
L’ANGOISSE LIÉE AU CHÔMAGE, FACTEUR DE RADICALISATION DES JEUNES
Dakar, 10 oct (APS) - L’angoisse existentielle liée au chômage favorise la radicalisation des jeunes, a estimé le docteur Bacary Samb, directeur de Timbuctu Institut.
Cet institut de recherche présentait lundi un rapport sur les facteurs de radicalisation des jeunes de la banlieue de Dakar lors d’une rencontre organisée à la Maison de la presse.
‘’Les jeunes sont confrontés à une angoisse existentielle liée au chômage, ce qui facilite la radicalisation", a relevé le doccteur Bakary Samb, lors de la présentation du document.
Selon lui, ‘’la jeunesse a complètement désavoué la classe politique. L’Etat doit prendre des mesures urgentes si on ne veut pas aboutir à des conséquences désastreuses’’.
Pour lui, ‘’l’Etat doit collaborer avec les leaders religieux pour juguler ce phénomène de radicalisation’’. Il a mis en garde contre une non prise en compte de la "lancinante question des arabophones’’.
Pour sa part, le Professeur Geneviève Duchenne estime que les résultats de l’enquête ont révélé des cas inquiétants. ‘’ L’enquête a révélé 25 cas enclins au radicalisme dont deux prêts à aller combattre’’, observe la chargée de l’enquête. ‘’Malheureusement, ces deux cas sont des filles’’, a-t-elle précisé.