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1 mai 2025
Développement
LA PLÉNIÈRE DE L'ASSEMBLÉE BLOQUÉE PAR LES OPPOSANTS
Les élus des groupes Yewwi askan wi, Taxaw Sénégal et autres ont dit non à un vote du texte sans débat proposé par le groupe Wallu. Le président Amadou Mame Diop a dû quitter la salle
Les députés de l’opposition ont décidé de bloquer, lundi soir, la séance plénière consacrée à l’examen de la proposition de loi portant report de l’élection présidentielle du 25 février.
Le président de l’Assemblée nationale Amadou Mame Diop a dû quitter la salle.
Les élus des groupes Yewwi askan wi, Taxaw Sénégal et autres ont dit non à un vote du texte sans débat proposé par le groupe Wallu.
Les députés ont entamé, lundi, vers 13h, l’examen d’une proposition de loi dont l’adoption marquera une étape décisive vers le report de l’élection présidentielle du 25 février, alors que le chef de l’Etat, Macky Sall a abrogé le décret convoquant le corps électoral, entrainant de fait une interruption du processus électoral.
La très controversée proposition de loi émane de parlementaires du Parti démocratique sénégalais (PDS), dont la candidature de son leader, Karim Wade, a été déclarée irrecevable par le Conseil constitutionnel pour cause de double nationalité.
Elle fait suite à une résolution adoptée par l’Assemblée nationale en vue de la création d’une commission d’enquête parlementaire visant à faire la lumière sur des accusations de supposées de corruption et de conflits d’intérêt visant certains membres du Conseil constitutionnel.
Ces accusations ont été portées par le Parti démocratique sénégalais, la formation politique de l’ancien président Me Abdoulaye Wade (2000-2012).
Les députés du groupe Liberté et démocratie ont bénéficié des voix des députés de la majorité présidentielle, Benno Bok Yaakar (BBY), pour faire passer cette résolution
FONK SA REEW DÉNONCE UN COUP D'ÉTAT
Le mouvement appelle à la mise en place rapide d'un vaste front patriotique, démocratique et républicain à travers tout le pays" pour faire échec à ce qu'il qualifie de "complot contre la République et la Démocratie, inédit dans l'histoire du Sénégal
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
A moins de 3 semaines du scrutin présidentiel prévu le 25 février 2024 au Sénégal, le climat politique est tendu. Le mouvement citoyen "Fonk Sa Reew" a en effet dénoncé une tentative de "coup d'État constitutionnel" ourdi par le président Macky Sall.
Dans une déclaration publiée le 4 février, Fonk Sa Reew affirme sans détour que "le report sine die, voire l’annulation de l’élection présidentielle du 25 février 2024 vise le renversement illégal de l’ordre constitutionnel au Sénégal". Le mouvement cite ajoute que "aucun président avant M. Macky Sall ne l’a fait. Ni le président de la République, ni l’Assemblée nationale n’a l’autorité constitutionnelle d’annuler ou même de reporter l’élection présidentielle."
Fonk Sa Reew dénonce une "crise institutionnelle totalement factice" servant "d’écran de fumée à un putsch constitutionnel contre l’État sénégalais et ses traditions républicaines et démocratiques". Le mouvement accuse le régime de Macky Sall d'emprunter "une trajectoire anti démocratique" après avoir "vainement tenté de saboter le processus électoral par la gestion nébuleuse du système de parrainage des candidats".
"Tous les mécanismes et subterfuges en train d’être mis en place méthodiquement ne visent que cela : exproprier la souveraineté du peuple sur le choix du prochain Président", alerte Fonk Sa Reew. Le mouvement fait notamment référence à "la collusion actuelle des députés libéraux (PDS et APR) pour voter une loi d’anéantissement des élections, sous prétexte d’enquête contre des juges du conseil constitutionnel".
Fonk Sa Reew lance un "appel à la mise en place rapide d'un vaste front patriotique, démocratique et républicain à travers tout le pays" pour faire échec à ce qu'il qualifie de "complot contre la République et la Démocratie, inédit dans l'histoire du Sénégal". Le mouvement exige le "strict respect du calendrier électoral" et affirme que "le 25 février 2024, le peuple sera dans les urnes, sinon dans la rue".
LE RIS APPELLE AU RESPECT DU CALENDRIER RÉPUBLICAIN
Pour le Rassemblement Islamique du Sénégal, la décision du report de la présidentielle s'inscrit dans la dégradation du climat politique observée depuis l'arrivée au pouvoir du président Macky Sall en 2012
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
Le Rassemblement Islamique du Sénégal (RIS) a dénoncé le report de l'élection présidentielle prévue initialement le 25 février 2024, décidé par le président Macky Sall le 3 février dernier. Dans une déclaration publiée hier, le RIS a estimé que cette décision "prise en otage notre peuple et nos institutions" et prive les Sénégalais de leur "droit fondamental de choisir leur leader de manière libre, transparente et responsable".
Pour le RIS, cette décision s'inscrit dans la dégradation du climat politique observée depuis l'arrivée au pouvoir du président Macky Sall en 2012. Selon le porte-parole de l'organisation, "certains principes fondamentaux de notre République ont été compromis au profit d'une logique de conservation du pouvoir". Il a pointé du doigt "l'instrumentalisation des institutions de la République et la remise en cause des principes démocratiques", faisant référence aux tensions et violences survenues ces dernières années.
L'organisation a rappelé que "le Sénégal, avec sa riche tradition électorale et son héritage démocratique, a toujours été un exemple en Afrique et dans le monde", soulignant que c'est "grâce à la force de nos institutions et à la détermination de notre peuple" que le pays a su surmonter les défis du passé.
Le RIS s'est dit "inquiét[e] quant aux éventuelles conséquences de cette crise politique" et a "invité solennellement" le chef de l'Etat, en tant que "clé de voûte des Institutions", à "revenir sur sa décision et à respecter le calendrier républicain". Cet appel vise à "permettre aux sénégalais de choisir leur chef d'État dans le cadre d'un processus démocratique, transparent et équitable", selon les termes utilisés dans la déclaration.
LES ÉLÉPHANTS N'ONT PLUS PEUR DE RIEN
Grâce à sa force mentale décuplée par son parcours du combattant, la Côte d'Ivoire, virtuellement éliminée à chaque tour mais qualifiée à chaque fois de façon miraculeuse, croient en son étoile pour cette CAN 2023
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
Les éléphants de Côte d'Ivoire se sont virtuellement fait éliminer à chaque tour de la Coupe d'Afrique des Nations 2022 (CAN 2022) qui se déroule actuellement au Cameroun, mais parviennent à chaque fois à se qualifier de manière miraculeuse. C'est ce que révèle Seko Fofana, l'un des leaders de l'équipe ivoirienne, dans des déclarations à l'Agence France Presse (AFP). "On n'a peur de rien", assure déterminé le milieu de terrain de Lens, alors que les Ivoiriens affrontent la République démocratique du Congo mercredi soir à Abidjan pour une place en finale.
D'où vient ce mental de fer ? Selon Fofana, "ça part de la Guinée Équatoriale", en référence à la terrible défaite 4-0 subie lors du premier match de poule, où certains joueurs ont terminé en larmes. "On était au fond du trou", se souvient-il. Pourtant, les Éléphants ont su se relever de ce coup dur grâce à leur force mentale. "On a dû attendre des matches pour espérer une qualification, ce qui est arrivé, maintenant on n'a plus peur de rien", affirme le leader technique des Ivoiriens.
Un parcours miraculeux s'en est suivi. Avec seulement 3 points et une différence de but négative (-3) après leur déroute initiale, les éléphants se sont accrochés à leur rêve de qualification en suivant tous les matchs des autres groupes. Ils ont finalement été repêchés in extremis après les résultats inattendus du dernier match de poule qui les ont placé parmi les meilleurs troisièmes. "C'était très, très dur pour nous", se remémore Serge Aurier, un autre cadre de l'équipe, cité par l'AFP. "On était à l'hôtel, on rasait les murs limite pour aller manger, on a été repêchés, on a attendu la victoire du Maroc pour être là".
Ce parcours du combattant leur a donné des ailes. "Quand tu es ressuscité comme on l'a été, il n'y a plus rien qui te fait peur, on fonce, on y va", affirme Aurier. Cet état d'esprit leur a permis de renverser des situations compromises en 8e de finale face au Sénégal et en quart face au Mali, à dix contre onze. Même l'entraîneur malien Eric Chelle s'est incliné devant leur détermination : "Ils ont cette énergie, et aussi parce qu'il le faut dans le foot, ce petit brin de chance. Ils méritent cette demi-finale", a-t-il déclaré à l'AFP.
En somme, grâce à leur force mentale décuplée par leur parcours du combattant, les Éléphants de Côte d'Ivoire, virtuellement éliminés à chaque tour mais qualifiés à chaque fois de façon miraculeuse, croient en leur étoile et n'ont plus peur de rien dans leur quête du sacre final.
par Fatoumata Hane et Jean Alain Goudiaby
NE RATONS PAS NOTRE RENDEZ-VOUS AVEC L’HISTOIRE !
Une fausse crise institutionnelle ne saurait justifier l’annulation des élections présidentielles du 25 février 2024. Une telle décision vient exacerber une vraie crise sociétale que l’on peine à désamorcer depuis 2021
Fatoumata Hane et Jean Alain Goudiaby |
Publication 05/02/2024
C’est avec stupeur et indignation que nous vivons le jour le plus sombre de l’histoire politique et nationale du Sénégal. Ce jour décrit, s’il en était encore besoin, le rapport distancié et conflictuel que le pouvoir entretient avec le peuple ces dernières années. Si dans une démocratie, le pouvoir appartient au Peuple, le Président de la République sortant, en abrogeant le décret 2023-2283 du 29 novembre 2023, portant convocation du corps électoral et l’Assemblée Nationale, à travers la proposition de loi prolongeant le mandat de ce même Président de 6 mois, viennent de rompre le pacte républicain et le contrat de confiance qui fondent la légitimité du pouvoir. Cette situation plonge les citoyens dans des inquiétudes et incertitudes.
Une fausse crise institutionnelle ne saurait justifier l’annulation des élections présidentielles du 25 février 2024. Une telle décision vient exacerber une vraie crise sociétale que l’on peine à désamorcer depuis 2021. Ce qui se joue au Sénégal actuellement n’est ni une affaire de juristes, ni une affaire de partis politiques ! Au-delà de l’illégalité et des manœuvres politiques visant l’annulation de l’élection présidentielle et la prolongation du mandat du Président de la République qui constituent une menace pour la cohésion sociale et le vivre ensemble, cette situation fragilise davantage la place du citoyen dans son rapport aux institutions et à la Nation.
Le citoyen a été spolié de son droit élémentaire à choisir, au moment approprié, celui ou celle à qui il confiera la gestion des affaires publiques et qui devra, dans la plus grande des lucidités, décider avec lui et pour lui. Cette tentative de confiscation du pouvoir finira d’installer la royauté où le souverain aurait droit de vie et de mort sur ses sujets. Or, le citoyen n’est pas un sujet !
Ce manque de respect et de considération du citoyen est flagrante : les universités, lieu de savoir et de construction collective de la citoyenneté, sont fermées, toutes les voix discordantes sont matées, le prix des denrées de première nécessité flambe, les dépenses de prestiges interrogent la pertinence et l’opportunité des actions posées, quand la débandade des jeunes est constatée. On en viendrait même à supposer que le départ massif de jeunes dans des embarcations de fortune serait orchestré pour qu’il n’y ait personne pour porter la voix et travailler à une restauration de la démocratie.
La restriction des données mobiles limite sérieusement le doit à l’information, la possibilité de communiquer (indépendamment de la possibilité de s’organiser pour des manifestations), de travailler et d’exercer librement une activité économique. Cette restriction, une fois de plus, représente un manque à gagner important et une entrave aux libertés individuelles et collectives.
Les grandes douleurs sont silencieuses. Ce murmure est pour nous l’occasion de rappeler l’essentiel et l’obligation que nous avons de préserver l’unité et la cohésion sociale. Cette décision d’annulation et de proposition de loi inique sonne comme une claque en pleine figure. Par conséquent, que les citoyens reprennent leur place et leur rôle au nom de la liberté et de la justice sociale et pour notre République, le Sénégal.
Le mandat du président de la République n’appartient ni au Président, ni à l’Assemblée Nationale, mais au peuple souverain !
Vive le peuple sénégalais, vive le Sénégal
Fatoumata Hane est socio-anthropologue, Université Assane Seck de Ziguinchor
Jean Alain Goudiaby est sociologue, Université Assane Seck de Ziguinchor
LA RUE SOUS TENSION
Devant l'Assemblée nationale transformée en véritable "citadelle" par la présence policière, des manifestants ont tenté de se rassembler mais ont été dispersés à l'aide de grenades lacrymogènes. "Macky Sall dictateur", ont scandé certains protestataires
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
Les députés ont entamé lundi l'examen d'un texte visant à reporter la présidentielle du 25 février, une décision annoncée samedi par le président Macky Sall et qui suscite la colère de l'opposition et d'une partie de la population.
Devant l'Assemblée nationale transformée en véritable "citadelle" par la présence policière, des manifestants ont tenté de se rassembler mais ont été dispersés à l'aide de grenades lacrymogènes, selon des informations rapportées par l'AFP. "Macky Sall dictateur", ont scandé certains protestataires qui jouaient au "chat et à la souris" avec les forces de l'ordre.
"L'essentiel pour moi est de dire non à cet agenda politique, ce coup de force pour essayer de rester au pouvoir", a déclaré à l'AFP l'un des manifestants, Malick Diouf. Le Sénégal, d'habitude épargné par les turbulences politiques en Afrique de l'Ouest, est en proie à de fortes tensions depuis l'annonce surprise samedi du chef de l'Etat.
Cette décision controversée a suscité "un tollé" parmi les opposants et dans la société civile. Elle a donné lieu à des interpellations, dont celle de la candidate Anta Babacar Ngom et de l'ex-Première ministre Aminata Touré. Les députés ont entamé l'examen d'un rapport proposant de reporter le scrutin de 6 mois à un an. L'adoption requiert une majorité des trois cinquièmes.
Partenaires internationaux inquiets, la Cedeao, l'UA, les USA et l'UE ont appelé au dialogue. La crise fait craindre de nouveaux troubles comme en 2021 et 2023. L'opposition dénonce une "dérive autoritaire" et soupçonne le président de vouloir étendre son mandat, malgré son engagement à ne pas se représenter. La situation demeure incertaine dans ce pays réputé pour sa stabilité.
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
MACKY SALL, ADADA
Monsieur le président de la République, avec vous, notre Nation a eu à subir deux déficits à sa tête : liés à la compétence et à la personnalité. : l’Histoire ne vous célèbrera pas comme un Homme d’État du Sénégal
Monsieur le président de la République du Sénégal, vous êtes un échec.
Cela me fait mal de devoir vous le dire. On m’a appris à ne souhaiter du mal à personne, surtout pas à quelqu’un se trouvant à la tête d’une Nation entière. Nation que vous avez aujourd’hui malmenée, déchiquetée et entraînée dans les abysses de vos turpitudes.
Je vous ai souhaité de réussir de tout mon cœur, même si je ne vous ai jamais fait confiance. En 2012, vous aviez hérité d’un Sénégal déjà en ruines : les caisses de l’État ressemblaient plus à un toŋ- toŋ et les tricheries constitutionnelles de Maître Abdoulaye Wade avaient placé notre Pays sur une mauvaise pente.
Au moins six Sénégalais ont sacrifié leurs vies pour arrêter les manœuvres de votre prédécesseur et vous confier la destinée de notre Nation. Aujourd’hui, vous laissez beaucoup plus de morts derrière vous : au moins 45 personnes tuées, de mars 2021 à ce jour. Non seulement vous n’avez pas eu honte d’imiter votre prédécesseur dans ses errements, mais à sa différence, vous n’avez pas la lucidité ou le cœur pour vous arrêter. Mettre un terme à nos souffrances. Arrêter de rabaisser notre République, de nous ridiculiser.
Jusqu’à trois ans après votre élection, je m’étais imposé de vous donner le bénéfice du doute. Conscient que diriger est un devoir lourd quand on s’y met correctement, j’avais jugé nécessaire de vous observer avant de formuler une quelconque appréciation de votre action à la tête de notre État.
Les années passées ou la pratique du pouvoir n’ont pas inversé la tendance. Elles ne vous ont pas assagi. Ni élevé à la hauteur de votre rang institutionnel. Jusqu’au bout, vous vous révélez incapable d’être le président du Sénégal. D’être notre concitoyen, notre Nawle.
Monsieur le président de la République du Sénégal, avec vous, notre Nation a eu à subir deux déficits à sa tête : liés à la compétence et à la personnalité.
J’ai toujours eu peur de vous écouter, car une gaffe nous tombe toujours dessus. Passons, votre « relation particulière » avec la France qui donnait, selon vous, « au régiment des Tirailleurs sénégalais des desserts pendant que d’autres Africains n’en avaient pas ». Passons, votre atalaku ou bàkku devant Jeune Afrique, en août 2014, quand vous disiez fièrement : « Vous seriez surpris par le nombre de dossiers auxquels je n’ai pas donné suite ». Passons, votre invitation aux Burkinabè, aux prises avec la dictature de Blaise Compaoré, à laisser ce dernier en place, car il « contribue grandement à la stabilité de la sous-région ».
Alors que des nervis servaient aux côtés des forces de l’ordre, vous avez lancé un appel à vos maires d’organiser des milices « d’autodéfense », le 1er juillet 2023 : « Bu leen nangu ay nit ñëwseen gox di ko yàq. Loolu yëfu ñàkk faayda la. » Le 17 novembre dernier, en plein conseil présidentiel à Fatick, vous nous avez montré vos carences sur la décentralisation (sur laquelle vous avez pourtant passée des années) et sur la codification des langues nationales en lettres latines (ignorant que des décrets sur le sujet existent depuis 1968, 1975). Dans les crises au niveau de la Cédéao, vous avez foncé tête baissée dans l’asphyxie de pays frères, sans aucun sens historique ou diplomatique.
Bien que graves, ces limites paraissent banales quand on évalue votre personnalité en tant que chef de l’État, garant d’une Nation.
Je suis loin d’être le seul Sénégalais à se demander ce qui vous lie à notre pays, Monsieur Sall. J’ai le sentiment que vous nous détestez, méprisez. Votre mine serrée n’engage que vous, mais votre disponibilité à plus vous adresser aux médias occidentaux qu’à vos compatriotes, les menaces à tout bout de champ en interne, les silences infinis quand la Nation a besoin d’entendre son chef, sont inexcusables.
En mars 2021, pendant que le pays était à feu et à sang, personne ne savait où vous vous trouviez. Aviez-vous fui comme des rumeurs l’ont laissé entendre ? Aux Historiens de nous éclairer un jour. Tout compte fait, vous êtes resté sans nouvelles cinq jours durant. Après l’insurrection de juin 2023, vous vous enfoncez à nouveau dans le mutisme, durant 1 mois 2 jours, pour ensuite lamentablement vous justifier : « Devant l’insoutenable, l’innommable, la prise de parole n’est pas toujours facile ».
Vous, le volontariste qui, en 2015, s’est rendu jusqu’à Paris pour pleurer les 12 morts de Charlie Hebdo, n’aviez pas eu un mot, même pas un vulgaire tweet, en novembre 2020, quand 480 de vos Jeunes mouraient en mer en tentant d’émigrer. Selon l’OIM, durant la seule année 2023, ils ont été plus de 10 000 Compatriotes à avoir atteint l’Espagne, avec 93 morts décomptées par le journaliste Ayoba Faye, entre octobre et début novembre. À la place, nous avons droit à la basse besogne de vos ministres tentant de mettre en doute des informations crédibles, ou de faire croire que les embarcations « proviennent du Sénégal, mais sont remplies d’étrangers ».
Mais, justement, qu’auriez-vous dit, vous, Macky Sall, à ces jeunes ?
Leur auriez-vous appris comment être milliardaires comme vos acolytes et vous dans la fonction publique, sans activités commerciales ou industrielles ? Interrogé sur vos 1,3 milliards de patrimoine déclaré en 2012 (sous-évalué selon plusieurs sources parlant de 8 milliards), on comprend vite que l’intégrité et le sens de l’effort dans vos discours sont vides : « En ce qui me concerne, j’ai bénéficié de privilèges liés à ma fonction de Premier ministre ou de président de l'Assemblée nationale, ce qui est tout à fait normal » (revue Foreign Affairs, 2013).
Et si vous étiez si doué à faire fructifier les richesses par le travail, vous ne vous seriez pas rendu jusqu’à Saint-Pétersbourg en juillet 2023 pour quémander du blé pour notre Nation. Le taux de chômage dans notre Pays ne serait pas passé à 19,5% fin 2023 (contre 10,2% en 2012). Le nombre de pauvres n’aurait pas augmenté de 200 048 personnes entre 2011 et 2018 et notre dette publique ne vaudrait pas 13 331,9 milliards en juin 2023 (contre 3 041 milliards en 2012).
Auriez-vous rassuré ces jeunes, Monsieur Sall, comme vous l’exige votre statut de protecteur de la Nation ? La misère socio-économique n’est pas le seul élément aux trousses de nos Compatriotes. Les Sénégalais vous fuient, Monsieur Sall. Sous votre présidence, en plus des morts, pas moins de 1 000 citoyens ont été jetés en prison. Maîtres coraniques, journalistes, caricaturistes, membres de la société civile, chercheurs, opposants politiques, jeunes mariés, femmes enceintes, mères avec bébés à allaiter, tout le monde aura vécu ou vu ce Sénégal de la terreur.
Ce Sénégal où l’État fait extrader ses propres citoyens depuis l’étranger, sous des motifs tendancieux, afin de les jeter en prison. Ce Sénégal où des citoyens sont cueillis depuis l’aéroport ou réveillés brutalement la nuit pour aller croupir en détention provisoire. Dans ce Sénégal où, sociologiquement la prison est une humiliation pour toute la famille de l’arrêté, le président de la Cour suprême, Monsieur Ciré Aly Ba, n’a même pas eu honte de vouloir nuancer le fait qu’il y ait 6 000 personnes en détention provisoire dans une population carcérale de 15 000 compatriotes.
Finalement, Monsieur Sall, je vous le concède : peut-être aviez-vous eu raison de vous taire. Car, après tout, que vaut votre parole ?
Après avoir dit et répété sous tous les toits que vos deux mandats s’arrêtaient constitutionnellement en 2024, vous n’avez renoncé au troisième mandat que sous la contrainte. Au point où vous n’avez pas laissé émerger un éventuel successeur dans votre parti. Même pour un simple manager, c’est là la preuve d’un manque de vision impardonnable. Au point où vous devez liquider Ousmane Sonko, votre principal opposant, promouvoir une bureaucratie déviante (avec une DGE qui tient tête aux décisions de justice), et pour combler le tout : reporter les élections présidentielles, une première dans notre Nation. À douze heures du début officiel de la campagne électorale. Pour gagner du temps, peureux d’aller aux urnes.
Et en vous dédisant une nouvelle fois. Ici, vos mots, en 2012 : « Le président de la République ne peut pas prolonger son mandat. C’est impossible. Et cette question avait été posée en 2006, je vous le rappelle, parce qu’il y avait des gens qui agitaient aussi la possibilité pour le chef de l’État de reporter un peu les élections et d’engager un dialogue politique avec l’opposition pour organiser les élections en 2009. Mais, nous avions dit que ce n’est pas possible. Il ne faut pas augmenter d’une journée son mandat. Sinon, le pays serait dans le chaos puisque les gens ne le reconnaîtraient plus. Il n’y aurait plus d’autorité dans le pays. À partir du moment où le président n’est plus reconnu, chacun fera ce qu’il veut. Et ça, c’est dangereux pour le pays. Donc ça, c’est une fiction. »
Mais qu’y a-t-il de choquant dans tout cela, Monsieur Sall ? N’est-ce pas qu’il faut de l’élégance, une haute estime de sa personne et de sa fonction, pour s’interdire l’arbitraire ? Ou, au pire des cas, avoir de bons compagnons de route qui vous tirent vers le haut ?
La façon dont vous avez traité Ousmane Sonko vous a rendu petit à jamais. Même Senghor, envers Mamadou Dia, n’a pas été aussi cruel que vous. Même Diouf, envers Wade, n’est pas allé aussi loin que vous. C’est agaçant, en effet, d’avoir un opposant, quelqu’un qui vous apporte de la contradiction pendant que vous dirigez. Mais c’est là où la grandeur d’esprit fait la différence : savoir partager l’espace politique avec l’autre, pour le bien-être de la Nation, sans chercher à l’écraser, l’humilier, l’anéantir.
Enfermer votre opposant avec toute sa famille dans sa maison, durant 57 jours, sans aucune décision de justice. L’engloutir sous des dossiers judiciaires, aussi graves et grossiers les uns que les autres : diffamation, viols répétés, menaces de mort, appel à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’État, complot contre l’autorité de l’État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste… vol de téléphone portable. Priver sa ville de maire et mettre en embargo toute la Casamance pendant 1 mois 17 jours, sur fond de ciblages ethniques dans un Sénégal où même les nominations ont commencé à être lues sous ce prisme nauséabond digne de l’époque coloniale.
Je suis désolé de vous l’annoncer, Monsieur Sall : l’Histoire ne vous célèbrera pas comme un Homme d’État du Sénégal.
Et la mégalomanie avec laquelle votre femme et vous donnez vos noms à nos rues ou infrastructures publiques n’y changera rien. Votre action vous condamne à l’oubli. Et l’oubli est plus impitoyable que vous. Vous avez fait le choix de la médiocrité pour nous diriger : vous entourer de femmes et hommes disposés à vous soutenir dans le mensonge, en appelant ouvertement « à tuer ceux qu’il faudra tuer » ou à « brûler vif » votre opposant, « même s’il faut tuer 90% des Sénégalais ». Un député de votre mouvance résumera bien cet état d’esprit : « Pour conserver le pouvoir après 2024, nous du pouvoir, nous marcherons sur vos cadavres. »
À la prochaine génération, vous avez enseigné comment être adulte n’est pas un gage absolu de savoir, de dignité et de droiture, dans un Sénégal, une Afrique, où l’âge est pourtant vénéré. Que de silences de trop, mal placés. Que de deals, de compromissions, sous les lambris dorés d’un dialogue national interminable, insincère, toujours réactivé quand il faut nous faire avaler l’inadmissible. Que de trahisons, de transhumances, de rationalisations d’injustices flagrantes sur fond de « neutralité » ou d’une gérontocratie à deux balles : prompte à conspuer « l’impatience, l’impulsivité ou la violence des Jeunes », mais indifférente, bouche cousue, quand l’arbitraire se déhanche sous leurs yeux. Les manifestations systématiquement interdites. L’usage abusif de la force par nos forces de l’ordre devenu banal. Le principal parti d’opposition dissout dans notre pays. Les autres partis interdits de circuler ou d’accéder à leurs propres locaux.
J’ai davantage compris qu’il ne faut attendre personne pour se lever et se battre pour la Justice. J’ai malheureusement appris que pour de banals titres de « ministres », « députés », « directeurs », pour des joues plus ballonnées, des bijoux ou des voitures climatisées, certains sont encore capables de mentir, trahir et jeter en pâture notre pays.
Pour moi qui ai toujours été hanté par la question de savoir comment, dans les faits, nos sociétés se sont retrouvées assujetties, dans l’esclavage ou la colonisation, les mécanismes à l’œuvre au Sénégal ces derniers mois et années, m’ont édifié. Dans la douleur, dans l’amertume, mais jamais dans l’impuissance.
Monsieur Sall, votre dessein ne s’accomplira pas. Nous ne nous agenouillerons jamais devant vous. Le Sénégal regagnera sa souveraineté, pleine et entière. Et cela, aucun d’entre vous n’y pourra quelque chose.
"Il faut que les Sénégalais évitent la technique du contournement", rappelle Mgr Benjamin Ndiaye lors d'un discours à Joal-Fadiouth. Pour l'homme archevêque de Dakar, le respect des institutions est indispensable à la cohésion nationale
L’archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye a rappelé dimanche à Joal-Fadiouth, une commune du département de Mbour (Ouest), l’importance que les institutions de la République soient »respectées et respectables dans leurs missions ».
“Il est important que nous cherchions à vivre la cohésion nationale. Il faut que les institutions soient respectables et respectées dans leurs missions pour que nous puissions avancer ensemble et cela suppose que nous tous nous jouions le jeu du sentiment national“, a dit le chef de l’église catholique sénégalaise.
L’archevêque de Dakar présidait la fête marquant les 175 ans de l’érection juridique de la Paroisse de Joal.
”Quand il y a règlement, c’est pour qu’il soit suivi. Ce n’est pas pour qu’on passe à droite ou à gauche. Si on respecte le règlement, on peut avancer“, a-t-il dit.
L’homme de l’église, invite les sénégalais au respect des lois et des règlements pour vivre en paix.
”J’aime bien rappeler aux Sénégalais que quand nous nous saluons, nous nous souhaitons constamment la paix, mais cette paix-là, elle est à bâtir et ça passe par la vérité dans la parole et dans les gestes“, a souligné M. Ndiaye.
”Il faut que les sénégalais évitent la technique du contournement“, a-t-il ajouté.
L’archevêque qui dit partager la situation actuelle avec les concitoyens, a ajouté : ”ce qui m’importe le plus c’est que le Sénégal vive selon sa constitution. C’est l’essentiel“.
”Tout ce que l’on peut dire et que l’on peut faire, que cela corresponde à la constitution que nous avons adoptée comme citoyens de ce pays“, a-t-il conclu.
LE SÉNÉGAL S'ÉLOIGNE DE SA TRADITION DÉMOCRATIQUE SELON LE MONDE
Le journal français pointe une volonté de manipulation électorale, un mépris des institutions et un risque d'embrasement. Pour la publication, Macky Sall joue un jeu dangereux qui menace la stabilité du "phare de la démocratie" en Afrique de l'Ouest
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
Dans un éditorial publié le 5 février 2024, le quotidien Le Monde s'alarme du "jeu dangereux" mené par le président sénégalais Macky Sall. En effet, ce dernier a annoncé samedi "de façon surprise" le report sine die de l'élection présidentielle prévue le 25 février, rompant avec "la longue histoire démocratique" du pays.
Selon le journal, "depuis son indépendance en 1960, l'armée n'a jamais menacé le pouvoir" au Sénégal et "une véritable liberté d'expression y nourrit un débat politique dynamique". Ainsi, "depuis 1963, les scrutins présidentiels ont toujours eu lieu à la date prévue".
Or, note Le Monde, Macky Sall "s'était déjà signalé par un comportement alarmant" lorsqu'il avait laissé planer le doute sur sa volonté de briguer un troisième mandat, ce qui est interdit par la Constitution. Finalement, il y avait renoncé en juillet dernier après des "émeutes réprimées dans le sang" en juin.
Pour le journal, "tout se passe comme si le président voulait favoriser la candidature, rejetée par le Conseil constitutionnel, de Karim Wade". En prenant "prétexte de la mise en cause à l'Assemblée nationale, par des élus proches de M. Wade, de l’intégrité des juges constitutionnels", Macky Sall "risque en réalité de mettre le feu aux poudres" alors que le pays a "les nerfs à vif".
Le Monde s'inquiète du "signal" donné et de l'atteinte portée à "la séparation des pouvoirs". Car "que le phare de la démocratie dans la région donne pareil signal ne peut qu’inquiéter sur la pérennité du « modèle sénégalais »".
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POUR ABDOU LATIF COULIBALY, MACKY SALL A ARRÊTÉ L'HISTOIRE
Pointant du doigt l'inconstitutionnalité du report électoral, l'ancien secrétaire général du gouvernement dévoile les dessous politiciens de la manœuvre et pointe la responsabilité directe du président dans cette crise démocratique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
Abdou Latif Coulibaly, ancien secrétaire général du gouvernement, a accordé une interview à RFI ce lundi 5 février 2024 pour expliquer les raisons de sa démission, survenue deux jours plus tôt. Selon M. Coulibaly, le report sine die du scrutin initialement prévu le 25 février dernier constitue une "entorse" et une "dérive" inacceptable.
Interrogé sur les motifs de son départ du gouvernement, le haut fonctionnaire a indiqué vouloir "retrouver [sa] liberté d'expression" et ne plus se sentir tenu par "la solidarité du gouvernement" face à une décision avec laquelle il est en profond désaccord. Pour M. Coulibaly, ni le président Macky Sall, ni l'Assemblée nationale n'avaient le pouvoir de reporter l'élection, arguant que la réforme constitutionnelle de 2016 était censée garantir l'intangibilité du calendrier électoral.
À ce sujet, il a relevé une contradiction majeure dans la position actuelle du chef de l'État, qui affirmait lui-même en 2012 qu'un président ne pouvait "augmenter d'une journée son mandat". Selon l'ex-secrétaire général, "aujourd'hui, [Macky Sall] décide de renoncer à tout ça. Il arrête l'histoire", se déjugant par rapport aux engagements passés.
Abdou Latif Coulibaly a par ailleurs estimé probable l'existence d'"un accord sur les démarches" avec le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Karim Wade, principal bénéficiaire du report.
Pour l'ancien ministre, la décision de Macky Sall "n'est pas un avantage pour lui et en rien du tout" sur le plan politique. Elle dénoterait selon lui une tendance chez les dirigeants, "quand on est dans l’exercice du pouvoir, [à croire] que tout est possible". Plus grave encore, M. Coulibaly a affirmé avoir "alerté le président sur les risques" d'un tel report, sans être écouté.
En fin d'interview, l'opposant a déploré l’absence de préparatifs logistiques et administratifs sur le terrain en vue du scrutin, contrairement à ce qui a toujours été fait dans le cadre du processus pré-électoral. Une situation qui révèle, pour Abdou Latif Coulibaly, une volonté délibérée de reporter les élections de la part du pouvoir.