SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 mai 2025
Développement
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
MACKY SALL SE REND-IL COMPTE DE CE QU’IL A DÉCLENCHÉ ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Le président a réussi l’exploit de susciter la création d’une union sacrée de la société civile, des partis politiques et de tout l’écosystème des campagnes électorales. Sa place, c’est dans le prétoire pour haute trahison
Macky Sall semble s’être auto convaincu que sa “renonciation”au troisième mandat et son bilan soit disant “prestigieux” avaient établi sa crédibilité en tant que démocrate et en tant que président “travailleur”. Il pouvait donc à nouveau puiser dans la besace de ses magouilles sans risque majeur car “il mérite au moins une petite dérogation “. Ce que ses députés se sont empressés de lui accorder en violation flagrante de la Constitution. Tel à un mendiant ! C’est tout simplement pathétique.
Et bien non !
D’abord, il faut absolument l’aider, le pauvre, à s’extirper de son fantasme et à atterrir :
Renonciation ? Que non. On ne peut pas renoncer à ce qui ne vous appartient pas. Doit-on le féliciter pour avoir respecté la Constitution ? Doit-on féliciter un délinquant de ne pas vous avoir dépouillé ? Ou un violeur de ne pas avoir agressé sa voisine ? On l’a plutôt contraint à se soumettre à la loi sous peine d’endurer la vindicte populaire. Il a piteusement courbé l’échine en invoquant un fumeux “code d’honneur “.
Infrastructures ? Tous les dirigeants africains dans le cadre du NEPAD/UA
se sont engagés à doter le continent d’infrastructures. L’initiative a été financée par le système bancaire international en contrepartie de marchés accordés à des compagnies étrangères et de retro commissions, bien entendu. Tous les présidents africains ont construit. Ce qu’il faut évaluer et comparer, c’est le coût, la pertinence et la rentabilité. Lá on pourra parler de bilan ! Ça viendra.
Non on ne lui doit rien si ce n’est une fiche de paie. Et un procès !
Le tacle de Sonko
Son magistère aura été caractérisé par des magouilles indignes, une corruption généralisée et une violence sans fards habillés du manteau de l’impunité. Ses thuriféraires ont chanté son invincibilité (le grand stratège politique) et sa toute puissance (n’est-il pas au dessus des lois et des décisions de justice ?).
Son premier échec cuisant est venu du rejet populaire et ferme de sa candidature à ce troisième mandat qu’il convoitait avec tant de concupiscence depuis 2019. La panique quant à elle s’est installée (y compris dans son camp) quand la candidature de Diomaye Faye (alter ego de Sonko emprisonné) a été validée par le Conseil constitutionnel malgré le recours déposé par son Premier ministre/candidat.
D’où la fronde ignoble contre le Conseil et l’annulation de l’élection. Du jamais vu au pays de la “vitrine démocratique”. D’ailleurs, gardez-vous bien de pénétrer dans le magasin parce que beaucoup des produits sont soit avariés soit des fakes.
Le coup d’État
S’en vient donc cet auto coup d’État de la traîtrise, une manœuvre pour gagner du temps pour éliminer Diomaye Faye avec l’aide de Karim Wade dans le rôle de l’idiot utile. Et aussi pour pouvoir encaisser les premiers chèques des pétroliers.
Un coup d'État peut être considéré comme : « un acte d'autorité consistant dans une atteinte réfléchie, illégale et brusque, aux règles d'organisation, de fonctionnement ou de compétence des autorités constituées, atteinte dirigée, selon un plan préconçu et pour des raisons diverses, par une personne ou par un groupe de personnes réunis en un parti ou un corps ; dans le but soit de s'emparer du pouvoir, soit d'y défendre ou d'y renforcer sa position, soit d'entraîner une simple modification de l'orientation politique du pays » (1)
La différence avec nos parents maliens (burkinabè et nigériens) ce n’est pas que les auteurs du coup d’État étaient vêtus d’uniformes, mais qu’ils ont été massivement soutenus par le peuple alors que Macky Sall utilise le mensonge, la ruse et la violence répressive pour essayer d’imposer son coup de force
La riposte
Alors maintenant que va-t-il se passer puisque son incompétence continue de l’enfermer dans l’improvisation au détriment de l’anticipation ?
Voilà ce qui est en route (avis gratuit)
Une réaction internationale musclée .
Les États-Unis ont tout de suite donné le ton en exigeant l’annulation du décret et le maintien de l’élection. Suivi de son allié le plus proche et le plus puissant de l’Union européenne, l’Allemagne, puis l’Union européenne elle-même alors que d’habitude on attendait la France pour articuler la réponse. Celle-ci s’est finalement alignée et a lâché Macky Sall. La préoccupation majeure étant de stopper l’épidémie des coups d’États, la prolifération jihadiste et les flux migratoires, la France ayant perdu pied en Afrique. Paradoxalement, c’est Macky Sall lui-même qui a inlassablement crié au loup et martelé « terroristes, islamistes, chaos ». Voilà pourquoi j’ai toujours douté de son niveau d’intelligence.
Sous l’impulsion des États-Unis, on va en arriver à une mise sous surveillance par les organisations internationales des Droits de l’homme (pays prioritaire selon le jargon consacré), un classement “pays à risque”pour les investisseurs et une activation préventive de la justice internationale. Voilà un chef d’État qui déroule son coup de force alors que viennent d’être déployés des centaines d’observateurs internationaux, d’Europe et d’ailleurs ainsi que la presse internationale à la recherche d’un nouveau flashpoint. Quel timing !
La diaspora revigorée comme jamais et rejoint par les patriotes africains et militants français va le harceler au point où ses hôtes vont s’y reprendre à deux fois avant de l’inviter : Qui veut s’afficher avec un putschiste ?
Au pays, la mobilisation populaire va dérouler et sera ininterrompue. Macky Sall a réussi l’exploit de susciter la création d’une union sacrée de la société civile, des partis politiques et de tout l’écosystème des campagnes électorales (les candidats et leurs militants, familles, amis, équipes, parrains, électeurs en plus de leurs cagnottes de campagne).
La CEDEAO et l’Union Africaine vont suivre, lentement mais sûrement, secrètement ravis de “moucher” ce Sénégal arrogant qui se targue d’”exception démocratique”. Des les premières victimes de sa répression, les sanctions vont tomber, à commencer par l’immobilisation de son jouet préféré, l’avion présidentiel, qui sera cloué au sol du fait des interdictions de voyages suivi du gel de ses avoirs.
Immanquablement, il va faire face à des démissions dans son gouvernement, des lâchages dans sa coalition (transhumance oblige) et à une riposte et révolte des juges.
Risque de coup militaire ? Pour ma part, je n’y crois pas sauf si les victimes des violences policières s’accumulent et que le chaos s’installe. Entre-temps, il y aura certainement des conversations dures et franches entre les colonels et le chef de l’État.
Impasse
Comment va-t-il s’en sortir ? Ah oui ! Dialogue ! Tel un disque rayé.
Sauf que lui, il n’écoute pas. Tel un forcené, il fonce droit dans le mur. Or nul ne peut convaincre un forcené d’agir contre sa vraie nature. Peine perdue. Donc dialogue c’est niet ! Que tous les “dialogueurs”soient indexés.
Nous, nous savons quoi faire. Macky Sall a rompu le contrat qui le liait au peuple. Son renversement est donc légitime et inéluctable. C’est tout.
Sa place, c’est dans le prétoire pour haute trahison. Bien piètre fin de règne d’un incompétent au pouvoir. Il ne mérite pas autre chose.
Bon débarras.
(1) Brichet, Olivier. Auteur du texte, « Étude du coup d'État en fait et en droit : thèse pour le doctorat / présentée... par Olivier Brichet... ; Université de Paris, Faculté de droit [archive] », sur Gallica, 1935 (consulté le 31 octobre 2018).
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
SALE TEMPS POUR MACKY
EXCLUSIF SENEPLUS - Le report de l'exploitation pétrogazière pourrait aussi être une raison du report de l’élection. Pendant que Karim se prélasse dans son Qatar, Macky construirait son « Qatar » au Sénégal afin d’y régner
Samedi 3 février 2024, avec 2 heures de retard sans aucune excuse, le président Macky Sall s’est adressé à la Nation dans un message télévisé. Quand je l’ai vu, dans sa façon de se tenir sur le pupitre dans le petit écran, je me suis dit qu’il portait la mine sombre qu’il arborait quand il était venu nous annoncer la requalification des 5 ans promis en 7 ans.
La scène était d’une tristesse infinie et presque insoutenable. Voilà la lourde signature qu’il portait sur ses épaules affaissées dans cette allocution aux Sénégalais. En 3 minutes à peine, on a senti le regard - je ne regarde que les yeux – fuir, s’engloutir puis disparaitre. Ce fut ensuite la voix, qui avait quelque chose de pas assurée et qui, tout en se dérobant, éructa sans la nommer une annulation de décret de convocation de la date de vote au 25 février 2024.
Nous fûmes effondrés.
Et voilà comment le Parti Démocratique Sénégalais, un parti qui représente 7% des inscrits aux dernières élections, c’est-à-dire pas grand-chose, arrive à faire repousser la date électorale du pays, car leurs petits intérêts rencontrent les gros intérêts du président Sall. Voilà où on en est !
La question que tout le monde se pose est comment en est-on arrivé là ? Pourquoi diantre le président Sall a-t-il choisi d’annuler l’élection présidentielle à la veille du lancement de la campagne ?
Plusieurs réponses simples répondent à cette question.
La première réponse est que le président n’a jamais, en son for intérieur, voulu quitter le pouvoir, malgré la renonciation faite un certain 3 juillet 2023. Secrètement, il tenait à son troisième mandat et ceux qui le connaissent, ne sont guère surpris qu’il ait trouvé un moyen détourné de le prolonger. La vraie question en filigrane est : cette annulation de dernière minute, ferait-elle partie et précéderait-elle un scénario longtemps écrit à l’avance et minutieusement préparé ? Avec lui, tout est possible. Rien ne garantit qu’au 15 décembre, il ne sorte une autre entourloupe de son cabas pour repousser derechef l’échéance de l’élection. Ceux qui diront que ce n’est pas possible, resteront gros-jean comme devant, tout comme ceux qui s’étaient dit qu’il ne reporterait pas l’élection ce 3 février 2024. Même ceux qui ne le connaissent pas, mais qui l’écoutent attentivement, auront noté qu’il ne résiste pas, à chaque fois qu’il en a l’occasion, de rappeler son droit à se représenter selon la Constitution : « Bien que j’en ai le droit », ânonne-t-il régulièrement, après avoir dit « je ne me représenterai pas ». Cet art de conjuguer les contraires et d’endormir la méfiance des gens.
La deuxième réponse réside dans ce qui l’a irrité au plus haut point : la présence inattendue de Bassirou Diomaye Faye et compagnie dans la liste définitive publiée par le Conseil constitutionnel (CC). Comment avaient-ils pu passer à travers les mailles d’un piège savamment orchestré ? Il avait pensé avoir réglé le cas du Pastef en empêchant Sonko, par tous les moyens, y compris les plus illicites, de se présenter et voilà que ses services poreux « laissent passer » ses lieutenants. Il sait mieux que quiconque et ses sondages sont venus l’étayer, que le cheval de l’APR désigné par ses soins et escorté d’une escouade de lièvres se ferait déborder par n’importe quel canasson de Pastef. Il lui fallait donc créer un faux départ et changer les acteurs. Les Sénégalais ne doivent pas pouvoir choisir un membre ou un sympathisant de Pastef. Telle est la conception de la démocratie de Macky Sall.
La troisième raison est un corolaire de la raison précédente. La faiblesse du candidat qu’il a choisi ou qu’on lui a imposé. Amadou Ba n’arrive pas à décoller dans l’opinion publique. Le président ne fait pas confiance au candidat qu’il a pourtant fait investir en grand show. C’est d’ailleurs cela qui fait dire, qu’on lui aurait tordu le bras dans d’autres sphères. Il n’a eu dès lors de cesse de l’affaiblir davantage, en lui opposant des membres de son propre camp, en le marquant à la culotte, ne lui laissant aucune marge d’exister en tant que soi. Amadou Ba, affable, sans aspérité aucune, sans base politique réelle est tel que les aime Macky. Un homme à sa main, qui élu ferait ce qu’il voudrait. « AB est le candidat de MS », devrait être le slogan de campagne !
Son poulain encalminé dans les bas sondages, il lui fallait trouver un moyen de changer de voilier, trouver d’autres vents favorables pour humer le grand large.
La quatrième raison est celle dont on parle le moins peut-être parce que le lien est moins évident. Elle pourrait être économique pour ne pas dire « affairiste ». La sortie des premiers barils de pétrole n’arrêtant pas d’être repoussée, cela embêterait le président Sall de rater ce rendez-vous. Une grosse nébuleuse continue d’entourer la signature de ces contrats pétroliers. Nombre de ses desseins pourraient être contrariés si cette phase cruciale de l’exploitation pétrolière et gazière tombait sous le magistère de quelqu’un d’autre. Il lui faut impérativement assurer cette couverture de la phase de démarrage. Ce report d’exploitation pourrait aussi être une raison du report de 10 mois de la date de l’élection présidentielle. Le rêve d’être un émir d’un État gazier reste toujours vivace. Pendant que Karim se prélasse dans son Qatar, Macky construirait son « Qatar » au Sénégal afin d’y régner.
Évidemment, ces raisons sont des hypothèses toutes plausibles. Lui seul connait la principale raison ayant conduit à sa malheureuse décision. Elle est à trouver parmi les 4 exposés plus haut ou plus probablement une combinaison de ces quatre raisons. Pour mieux cerner la bonne réponse, il faudrait pouvoir répondre à une autre question :
À quoi croit le président Sall ? À rien serait la réponse triviale qu’on serait tenté de donner au vu des décisions chaotiques de son magistère. Après réflexion, on opterait pour : difficile à dire. Une grosse énigme l’entoure.
Souvent décrit comme froid, hermétique, taiseux et parfois même pleutre, il surprend toujours dans son comportement. Avec lui, c’est souvent l’inattendu. Aucun obstacle intérieur que les communs appellent conscience ne l’arrête. Son bon vouloir guide la plupart de ses décisions.
Le 25 janvier dernier, après avoir reçu le « comité des spoliés » du Conseil constitutionnel, il évoquait dans une note de compte-rendu émanant du palais, son incapacité à changer le cours des choses l’eut-il voulu, car cela révélait du CC dont les décisions, martelait-il à juste titre, sont hors de sa portée et susceptibles d’aucun recours.
Jadis, il invoqua le même CC pour justifier son incapacité à faire 5 ans comme promis et il fit ses 7 ans comme l’imposait la constitution.
Voilà Macky, légaliste !
Le voilà aujourd’hui qui remet en cause les décisions du Conseil constitutionnel, en évoquant une pseudocrise institutionnelle qu’il fabrique de toute pièce entre le CC et l'Assemblée nationale (AN) pour justifier son forfait de report de l’élection présidentielle à date échue. Cette fois, il passe par l’AN pour « proroger » son mandat, ignorant royalement le CC.
Voilà Macky, pourfendeur de la Constitution.
Jadis, il fut renvoyé de l’AN pour avoir convoqué Karim Wade pour s’y expliquer, aujourd’hui, il convoque l’éviction de Karim Wade pour repousser l’élection présidentielle.
Voilà Macky, joueur, conspirateur et adepte de politique politicienne.
Avec cette énième volte-face, la sympathie qu’il avait regagnée en partie avec son annonce d’abdication au troisième mandat, en prend un sévère coup. Décidément, la porte de l’Histoire est trop grande pour ce petit homme. Les nombreuses VAR le montrent dans des situations peu à son avantage, le propos d’aujourd’hui contredisant ceux d’hier. On a toujours à peser ses paroles et veiller à ce qu’elles soient belles car elles restent.
En annulant cette élection, il croit surement partir pour l’empire, mais dans ces circonstances le gibet n’est jamais loin et c’est ce qui le guette lui et ses acolytes. Comme le disait V. Hugo, à la rue Saint-Florentin à Paris, il y avait un palais et un égout. Dans ce palais vivait Talleyrand, tout-puissant et brillant esprit qu’il fut, à sa mort son cerveau finit dans le caniveau.
Dr Tidiane Sow est coach en communication politique.
VIDEO
TENTATIVE DE MANIFESTATION RÉPRIMÉE À MBACKÉ
Alors que le report de l'élection présidentielle crispe les esprits, des jeunes ont tenté de manifester leur mécontentement en barricadant les routes. Mais leurs velléités de rassemblement ont été rapidement réprimées par les forces de l'ordre
La police a dispersé, vendredi dans l’après-midi, une tentative de rassemblement contre le report annoncé de l’élection présidentielle du 25 février.
Ces actions ont démarré vers 16 heure 30 minutes aux abords de la station Elton et Tableau Thiabi, dans le quartier de Darou Salam.
Les manifestants ont tenté de bloquer l’axe Touba-Mbacké en brûlant des pneus et en barrant la route à l’aide de poubelles et d’objets lourds.
La foule composée d’adolescents a été dispersée par la police qui était déjà en alerte en quadrillant les axes stratégiques de la ville.
VIDEO
LA CONTESTATION S'INTENSIFIE CONTRE LE REPORT DE L'ÉLECTION
La journée de mobilisation massive initiée par l'opposition et la société civile a donné lieu à des affrontements à Dakar. Des centaines d'étudiants et de professeurs ont débrayé dans plusieurs établissements scolaires de la ville
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 09/02/2024
La journée de mobilisation massive initiée par l'opposition et la société civile a donné lieu à des affrontements dans la capitale Dakar, révélant l'ampleur de la contestation contre la décision du président Macky Sall de reporter les élections de 10 mois.
Dès le matin, des centaines d'étudiants et de professeurs ont débrayé dans plusieurs établissements scolaires de la ville, à l'appel de collectifs citoyens et d'organisations syndicales. "C'est un problème général qui dépasse l'éducation", a estimé Assane Sène, enseignant d'histoire-géographie au lycée Blaise Diagne, haut lieu de mobilisation, cité par l'AFP. "Si le gouvernement ne revient pas sur sa décision, nous serons obligés de mener d'autres actions plus musclées", a-t-il prévenu.
Dans l'après-midi, plusieurs milliers de personnes ont tenté de se rassembler sur l'esplanade de la place de la Nation, épicentre historique des manifestations au Sénégal. Mais les forces de l'ordre ont fermement répondu à cette manifestation interdite en tirant massivement du gaz lacrymogène, selon des journalistes de l'AFP sur place. "La situation est déplorable, on est venu prier et on s’est fait gazer, ce qui est intolérable. Les Sénégalais doivent s’indigner et plus seulement sur les réseaux sociaux", a déclaré Thierno Alassane Sall, candidat à la présidentielle, alors que des affrontements avaient éclaté entre manifestants jetant des pierres et policiers répliquant avec des grenades assourdissantes.
Dans les mosquées également, des imams se sont fermement opposés au report du scrutin. "Même le président peut faire des erreurs et dans ce cas c'est à nous de lui dire la vérité", a affirmé l'imam Ahmed Dame Ndiaye dans son prêche, sous les applaudissements des fidèles. "Personne n'a le droit de regarder le pays être détruit", a-t-il ajouté, rencontrant un écho certain au sein de la population. Après cette mobilisation inédite depuis la décision du chef de l'État, l'opposition, qui crie au "coup d'État constitutionnel", semble avoir gagné la bataille de la rue face au régime.
Dans la soirée, un collectif d'opposants a déposé un recours devant la Cour suprême pour tenter de faire valoir la légalité du précédent calendrier électoral. La journée de contestation a révélé la profondeur du sentiment d'injustice au sein de la société sénégalaise, soulevant des inquiétudes quant à la stabilité future du pays, pourtant réputé pour être un îlot de démocratie en Afrique de l'Ouest.
par Fary Ndao
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL DOIT DIRE LE DROIT
EXCLUSIF SENEPLUS - Honorables magistrats, votre responsabilité est historique. Le peuple vous célébrera ou continuera de se déverser dans la rue pour défendre sa Constitution et réaffirmer sa souveraineté
Il est dans l’histoire d’un peuple des moments où la Justice, en tant qu’idée mais aussi sous l’incarnation de ses institutions, peut épargner à une nation bien des convulsions. Nous sommes dans un de ces moments. Le samedi 3 février 2024, à la veille de l’ouverture de la campagne d’une élection présidentielle dont la date est encadrée par la Constitution, le président de la République, Macky Sall, a sonné le peuple sénégalais en annonçant abroger le décret qui convoquait le corps électoral, prélude à un report de l’élection. Avec comme principal argument, fallacieux au demeurant, l’existence d’une crise institutionnelle dont le point de départ est la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire remettant en cause votre intégrité, il a non seulement créé une grave crise politique mais a également foulé aux pieds votre présomption d’innocence ainsi que le caractère définitif conféré à vos décisions par la Constitution.
Messieurs les membres du Conseil constitutionnel,
Honorables magistrats,
Les accusations du candidat parjure dont vous avez rejeté la candidature en disant le droit, lui qui devait selon les dispositions du Code civil français en son article 23-4, effectuer une demande de perte de nationalité et attendre la publication d’un décret pour que ladite demande soit effective et ainsi être exclusivement de nationalité sénégalaise, n’honorent pas la classe politique et fragilisent davantage l’image d’une justice qui a souvent été décriée, à tort et à raison, dans notre pays.
L’allocution du 3 février 2024 a été suivi du vote au forceps d’une loi de révision constitutionnelle portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de notre Constitution afin d’acter le report de la présidentielle et ainsi de prolonger, de facto, le mandat du président de la République. Ceci, comme vous le savez, en tant que spécialistes académiques et praticiens de la Constitution, est contraire aux dispositions de l’alinéa 7 de l’article 103 de la Constitution que vous me permettrez de reproduire in extenso :
« La forme républicaine de l’Etat, le mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du président de la République ne peuvent faire l’objet de révision ».
En proposant l’allongement de fait de la durée du mandat du président du 2 avril au 15 décembre 2024, la loi de révision constitutionnelle votée par les députés BBY et Wallu constitue une violation de l’article 103 de notre charte fondamentale en son alinéa 7 mais aussi un coup d’Etat constitutionnel. Ni plus ni moins.
Messieurs les membres du Conseil constitutionnel,
Honorables magistrats,
Le sort de cette loi scélérate attaquée depuis ce 8 février 2024 par le recours d’au moins 1/10e des députés de l’opposition comme le leur permet l’article 74 de notre Constitution est désormais entre vos mains. À travers vos avis et décision N° 3/C/2005 du 18 janvier 2006 et N° 1/C/2016 du 12 février 2016, vous avez rappelé votre compétence pour juger les lois constitutionnelles sous certaines conditions aujourd’hui réunies et que « le mandat en cours au moment de l’entrée en vigueur de la loi de révision, par essence intangible, est hors de portée de la loi nouvelle ».
Ainsi, le respect de la Constitution, l’intangibilité de la durée du mandat en cours du président de la République, l’impossibilité au nom du jeu politique d’introduire dans notre Constitution des dispositions transitoires, le souci de cohérence juridique par rapport à vos avis et décisions antérieurs vous placent dans une position historique pour vous déclarer compétent et censurer cette loi de révision constitutionnelle. Cela permettrait d’affirmer, une bonne fois pour toutes, l’indépendance de l’Institution judiciaire vis-à-vis du pouvoir siamois exécutif et législatif, habitué aux stratégies les plus retorses pour se maintenir au pouvoir mais aussi vis-à-vis de tous ceux et celles qui s’accommodent des décisions de justice uniquement lorsqu’elles vont dans leur sens. Des juges kenyans ont fait reprendre tout un scrutin présidentiel sur la base d’un recours introduit par l’opposition, le président xénophobe américain Donald Trump a vu certaines de ses décisions rejetées par des juges américains. Vous avez l’opportunité de dire à nouveau le Droit et de défendre votre honneur souillé par un candidat parjure qui dispose du soutien de la majorité politique d’un président auteur d’un coup d'État constitutionnel et irrespectueux de la séparation des pouvoirs. Cette coalition d’intérêts particuliers permise par les alliances politiques contre-nature d’aujourd’hui et d’hier, souhaite nous priver, nous Sénégalais, d’un des droits que bien de nos frères et sœurs africains nous envient jusqu’ici : celui de pouvoir choisir librement notre président selon les règles intangibles définies par notre charte fondamentale.
Votre responsabilité est historique. Le peuple, qui vous écoute avec tout le respect qui vous est dû, vous célébrera ou continuera de se déverser dans la rue pour défendre sa Constitution et réaffirmer sa souveraineté.
par Amadou Tidiane Wone
À QUI PROFITERAIT LE DÉSORDRE ?
Assumer la responsabilité historique de faire le deuil d’une démocratie grâce à laquelle Macky Sall est parvenu au pouvoir, frise l’inconscience du temps qui passe, la vanité des illusions de puissance…
« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »
Montesquieu.
« Nous étions au bord de l’abime ? Eh bien nous venons de faire un gros pas en avant ». Tel est, hélas, le sentiment le mieux partagé au Sénégal depuis l’annonce inattendue, donc surprenante, de l’annulation d’une élection présidentielle, le jour même prévu pour le démarrage de la campagne électorale… Surréaliste !
Depuis des années et, de plus en plus précisément ces derniers mois, la crise politique majeure que nous traversons était prévisible, voire attendue par les plus lucides d’entre nous. Les signes avant-coureurs d’une fuite en avant des tenants du pouvoir se manifestaient de partout. Des indices évidents de nervosité, face au calme olympien des sénégalais malgré toutes sortes de provocations, étaient visibles. De guerre lasse, il ne restait plus qu’à abattre, brutalement, les dernières cartes et à dire l’indicible. Car, assumer la responsabilité historique de faire le deuil d’une démocratie grâce à laquelle le Président sortant, Macky Sall, est parvenu au Pouvoir, frise l’inconscience du temps qui passe, la vanité des illusions de puissance…
Alors ne feignons surtout pas la surprise !
Disons-le sans ambages : un coup d’état, constitutionnel ou institutionnel selon, vient d’être opéré dans notre pays sous le couvert d’un juridisme tropical indigent. Il n’y a pas à se lancer dans des contorsions verbales, prétendument savantes, pour qualifier un fait qui nous fait mourir de honte : Un président à qui il ne reste, constitutionnellement, moralement et véridiquement, que quelques jours pour organiser des élections présidentielles et remettre le pouvoir au peuple, vient d’abattre une dernière carte, de désespoir ( ?), pour se maintenir en fonction au-delà du délai légal imparti. C’est le seul effet, la seule conséquence de tout ce raffut actuel. Il n’y a pas un autre enjeu qu’individuel, personnel et clanique, même si la manœuvre assassine est enrobée dans un narratif cousu de fil blanc.
En vérité, le Sénégal vient de toucher le fond de la détresse morale qui, depuis des années, se manifeste à tous les niveaux de la société. La transhumance politique en était un des symptômes les plus purulents. Les retournements de vestes inattendus, les discours convenus et intéressés des laudateurs impénitents, nous ont donné plusieurs fois, le tournis et établi que la « politique », au sens sénégalais du terme, était sous l’emprise d’entrepreneurs sans foi ni loi. Et que l’imagerie populaire a bien raison de n’en retenir que la dimension fallacieuse et les raccourcis amoraux de l’enrichissement rapide, donc bien des fois illicite !
Retour en 2012. Le président Macky Sall accède au pouvoir en prenant pied sur les décombres du PDS son parti d’origine, par l’achèvement, sans états d’âme, de son président fondateur Abdoulaye Wade. Celui qui lui aura tout donné. Plusieurs lignes de son CV portent l’empreinte de celui dont il fut l’un des plus proches collaborateurs. Il est celui qui aura bénéficié le plus, en termes de postes occupés, des deux mandats du président Wade à la tête du Sénégal ! Indubitablement !
On aurait dû prendre, déjà, la pleine mesure de l’homme et de sa nature profonde. Car, au-delà de toute attente, le président Macky Sall s’était acharné, à l’entame de son mandat, sur la famille politique à laquelle il doit toute son ascension sociale et politique. Au point de faire condamner pour 5 ans de prison, le fils unique de son mentor, par un tribunal d’exception ressuscité pour l’occasion et retombé dans l’oubli depuis… Au bout de trois ans de détention, et par on ne sait encore quel tour de passe-passe, Karim Wade sera élargi et exilé, ou plus exactement déporté, au Qatar… Une séquence qui devra livrer tous ses secrets, car incompréhensible pour le commun des mortels parmi lesquels je me compte.
Ceci dit, juste pour marquer mon étonnement, que dis-je ma stupéfaction, face au rôle que joue, dans la séquence actuelle de notre Histoire, le groupe parlementaire PDS. Allié de la majorité dite présidentielle, au détriment de l’opposition parlementaire, à qui il doit la dynamique victorieuse qui, pour la première fois de l’histoire de notre parlement, faisait jeu égal avec une majorité étriquée, obtenue au forceps. Le PDS rame à contre-courant de l’Histoire ! Il faut en effet être de bien mauvaise foi pour ne pas reconnaitre le rôle de locomotive joué par Ousmane Sonko et le Pastef dans l’ascension de l’opposition à l’Assemblée Nationale du Sénégal. Contribuer à une tentative de mise à mort de la dynamique du Pastef et de ses sympathisants, mais aussi s’associer à une tentative ultime de « réduction de l’opposition à sa plus simple expression » est incompréhensible ! Au regard des douze années de sacrifices subis. Une « sénégalaiserie » de plus…
Disons-le clairement : les motifs pour lesquels le PDS contribue, activement à mettre la démocratie sénégalaise en berne, ne tiennent pas la route. A tout le moins ils ne tiennent pas compte des intérêts supérieurs de la Nation sénégalaise. Ils mettent en avant, exclusivement, la candidature de Karim Wade, absent du territoire national depuis des années, au détriment de candidats maintenus dans les liens de la détention au Sénégal et de tous les candidats ayant satisfait à toutes les conditions d’éligibilité ! Si la politique se réduit à l’art de comploter, il va falloir restaurer l’Honneur de la politique dans ce pays ! Au demeurant, ce qui est véritablement en jeu, c’est l’Avenir du Sénégal ! Le devenir de 18 millions de citoyens qui veulent vivre en paix et dans le bien-être. Dans les moments cruciaux que traverse le pays, aucun repli sur soi ne doit être toléré. Aucun égoïsme partisan étriqué ne doit empiéter sur l’impérieuse nécessité de sauver notre Nation de la montée des périls. Toutes les forces vives de la nation doivent converger vers la construction d’une digue pour protéger notre pays des risques de basculement tragique vers l’inconnu.
Encore plus étrange, la manière expéditive par laquelle le Conseil Constitutionnel a été installé au cœur d’une polémique, suite à des allégations jusqu’ici non fondées ! Aucune preuve, aucune procédure : Que des allégations que n’importe qui peut proférer sans suite… Combien de propos peu amènes sont déversés au quotidien sur des personnalités et des Institutions sans suite ? Dans un contexte de surchauffe électorale, bloquer le pays sous le prétexte de l’honneur entaché de deux juges, et mettre conséquemment tout un pays en danger, mérite réflexion, retenue et discernement !
Ne jouons pas avec le feu !
En un mot comme en mille, le Sénégal n’appartient pas aux politiciens. Leurs jeux et leurs joutes ne valent pas la mise en péril de siècles de construction d’un sentiment national fort. Un sentiment fortement agressé par des esprits chagrins qui, jonglant avec des mots destructeurs, donnent des coups de canifs, méthodiquement, à notre légendaire Teranga… Qui n’a pas vu dans les réseaux sociaux, sous la plume de courageux anonymes, le venin ethniciste ou régionaliste, distillé en doses sournoises, pour poser les détonateurs d’une déflagration sociale irréversible ?
Face à ces sujets cruciaux, les ambitions personnelles des uns ou des autres devraient passer au second plan.
L’urgence est à la réparation de notre pays si abîmé ! Et que personne ne vienne convoquer des infrastructures que les supporters rentrés de la Côte d’ivoire voisine regardent avec beaucoup de détachement tant les réalisations, de ce point de vue, dans le même temps (12 ans) sont exponentiellement incomparables au pays des éléphants !
Revenons sur terre ! Il nous reste tant de choses à accomplir pour frapper aux portes de l’émergence !
En attendant, et pour commencer, il nous faut organiser une élection présidentielle. Un défi collectif à relever. Une élection qui doit être ouverte, inclusive, transparente et régulière. Ce défi doit être relevé par une administration républicaine, consciente d’incarner les missions régaliennes de l’État. Avec une haute conscience des missions de service public, dans la perspective de servir et non de se servir.
Vider les prisons de tous les détenus politiques serait un pas nécessaire pour amorcer le dialogue et aussi la réconciliation.
Prendre conscience que la politique ce n’est pas un jeu de massacre mais juste la capacité de produire des idées, de les mettre en pratique pour réaliser le mieux-être des populations sans discrimination ni parti pris.
Enfin, méditons et méritons le troisième couplet de notre hymne national, et que beaucoup de nos compatriotes ignorent :
« Sénégal, nous faisons nôtre ton grand dessein :
Rassembler les poussins à l’abri des milans
Pour en faire, de l’est à l’ouest, du nord au sud,
Dressé, un même peuple, un peuple sans couture
Mais un peuple tourné vers tous les vents du monde. »
Ce faisant, demandons-nous constamment : à qui profiterait le désordre ?
Il est impératif, monsieur le président de la République, que vous preniez des mesures urgentes pour garantir le respect de la liberté de la presse. Le petit écran ne s’éteint jamais
Monsieur le président Macky Sall, le petit écran ne s’éteint jamais. La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute société démocratique. Cependant, au Sénégal, cette liberté est actuellement compromise suite au retrait de la licence de Walf TV par le ministre de la Communication, monsieur Moussa Bocar Thiam, et l'interruption de sa diffusion le 4 février 2024. Cette décision draconienne prive les citoyens d'une source d'information cruciale et met en péril le pluralisme médiatique dans notre pays.
Le retrait de la licence de Walf TV intervient après des menaces et des pressions exercées sur la direction de la chaîne. Le Directeur Général, monsieur Cheikh Niasse, a été contraint d'interrompre la diffusion d’une édition spéciale, et la licence de la chaîne a été révoquée. Cette action autoritaire est non seulement préoccupante pour la liberté d'expression, mais elle est également contre-productive. En effet, bien que la chaîne ait été coupée, le Groupe Walf continue d'émettre via ses plateformes digitales. Seul le personnel travaillant pour le groupe se retrouve désormais au chômage, ce qui aggrave la situation sociale de notre pays.
En cette période de crise politique grave, il est impératif, monsieur le président de la République, que vous preniez des mesures urgentes pour garantir le respect de la liberté de la presse et que le signal de Walfadjri soit rétabli.
Le Sénégal est une République, ses citoyens aimables et respectueux mais il faut respecter leur liberté. Au nom de ce principe, je vous demande monsieur le président de la République, de respecter nos droits. En premier lieu, le droit de Walf d’émettre, dans notre République ou personne n’est au-dessus de l’autre.
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group-Africa 7.
AMADOU BA SE DIT SEREIN
Le Premier ministre déplore de devoir affronter des "adversaires" au sein de sa formation politique. Il se dit néanmoins en faveur du report de la présidentielle si cela permet de garantir la transparence du vote et la paix dans le pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 09/02/2024
Le Premier ministre sénégalais Amadou Ba vit des moments tourmentés à l'approche de l'élection présidentielle, pour laquelle il est le candidat de la majorité au pouvoir. "Difficile de vivre expérience plus pénible quand on est Premier ministre et candidat de la majorité à une élection présidentielle", souligne d'emblée Jeune Afrique dans son entretien exclusif avec le principal intéressé.
En effet, alors que le scrutin était initialement prévu fin février, Amadou Ba s'est retrouvé sous le feu des critiques. "Dauphin désigné du président sortant Macky Sall, il a vu une partie de son camp voter l’ouverture d’une enquête parlementaire contre lui et deux juges du Conseil constitutionnel", rapporte l'hebdomadaire panafricain. Pire, ces attaques ont "déjà abouti au report du scrutin et ouvert une grave crise politique".
Interrogé par Jeune Afrique, le candidat de la mouvance présidentielle se dit "serein" face aux "accusations de corruption portées par Karim Wade", qu'il juge "tout à fait infondées". S'il "comprend que chacun puisse avoir l’ambition de servir le pays à un tel niveau", Amadou Ba déplore avoir des "adversaires" au sein même de son propre parti, l'APR.
Concernant le report de l'élection, il se dit "partisan de tout ce qui concourt à la transparence du processus électoral et à la paix". S'il "tire un intérêt évident à l’intégrité des mécanismes qui encadrent le scrutin", Amadou Ba appelle surtout au "dialogue", pierre angulaire selon lui du "système démocratique".
Malgré ce climat tendu, le Premier ministre candidat assure que sa "stratégie est simple: continuer à opérer comme je le fais depuis le début, pour gagner". Car Amadou Ba en est convaincu: avec la "Benno bokk yaakaar", la coalition au pouvoir, "nous sommes une redoutable machine électorale".
Source: entretien exclusif accordé par Amadou Ba à Jeune Afrique.
VIDEO
LE SÉNÉGAL SUR LA CORDE RAIDE
L'enjeu pour Macky Sall est moins de prolonger son mandat que de garder la main sur l'issue de l'élection. Décryptage de la situation de crise en cours depuis le report du scrutin présidentiel sur VOA avec René Lake, Samba Dialimpa Badji et Mamadou Thior
L'enjeu pour Macky Sall est moins de prolonger son mandat que de garder la main sur l'issue de l'élection. Décryptage de la situation de crise en cours depuis le report du scrutin présidentiel sur VOA avec René Lake, Samba Dialimpa Badji et Mamadou Thior. Ils sont invités de l'émission hebdomaire Washington Forum.
LE SUDES/ESR CRIE À L'ARBITRAIRE
Selon le syndicat des enseignants, la "pseudo crise institutionnelle actuelle" qui a mené à la suspension du processus électoral par le Parlement et l'Exécutif "est un acte extrêmement grave qui installe le Sénégal dans l'incertitude institutionnelle"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 08/02/2024
Le Syndicat Unitaire et Démocratique des Enseignants du Sénégal (SUDES/ESR) a publié une déclaration le 8 février 2024 pour s'alarmer de la situation politique actuelle dans le pays. Dans ce texte dont nous avons obtenu une copie, l'organisation syndicale "n'est pas dans sa coutume d'admonester l'exécutif et le législatif" mais juge que "certains moments de la vie d'une nation requièrent que toute organisation, toute personne se détermine clairement".
En effet, selon le SUDES/ESR, la "pseudo crise institutionnelle actuelle" qui a mené à la suspension du processus électoral par le Parlement et l'Exécutif "est un acte extrêmement grave qui installe le Sénégal dans l'incertitude institutionnelle". Le syndicat y voit une décision prise "à l'initiative de groupes politiques coalisés" et qui "expose le pays à tous les dangers".
De plus, le SUDES/ESR déplore que ce report électoral se soit fait "en prenant prétexte d'accusations extrêmement graves portées, sans mesure ni retenue, contre des membres du Conseil constitutionnel", ce qui pour l'organisation "fait voler en éclats les derniers vestiges de l'État de droit au Sénégal".
Face à cette situation qu'il juge inacceptable, le syndicat "demande au chef de l'État et au Président du Parlement qu'ils cessent d'interférer sur le processus électoral sénégalais et s'assurent que chacune des parties prenantes du processus puisse faire correctement son travail" et qu'ils "annulent tous les actes illégaux qui ont été pris".
Le SUDES/ESR affirme par ailleurs que le président Macky Sall, jusqu'au 2 avril 2024, "est le garant de l'intégrité des Institutions qu'il a juré de servir et de préserver". Il l'enjoint "solennellement" à assurer "que le processus menant au libre choix par le peuple sénégalais de son successeur arrive à son terme avant la fin de son mandat".
Le syndicat conclut en disant qu'il s'associera "à toutes les actions nécessaires au rétablissement de la démocratie sénégalaise" et en tendant "la main à tous les syndicats et à toutes les organisations de la société civile pour la mise en place d'un plan d'action efficace".