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2 mai 2025
Développement
PAR Ibra Pouye
CRÉPUSCULE D’UN TYRAN
Quand il veut quelque chose, il l’obtient de gré ou de force. Il se fout des règles de bienséance de la société. Il tue enfants et vieux. Il viole la Constitution. La police et la gendarmerie sont à ses pieds
Il se susurre dans les lambris dorés du palais de Roume que le tyran veut prolonger son règne. Il se dit qu’il a déjà commencé à déménager valises et cartons dans ce doux royaume chérifien où il a ses habitudes. Il se dit qu’il est un talibé cheikh et qu’il aimerait aller souvent prier à Fès, ville calme et où vivre fait revivre.
Avec cet homme, le peindre nécessite des précautions. Avec cet homme, parler de lui nécessite des pincettes. Parce que simplement il est un cas clinique. Un cas rare dans sa spécialité. Il est clivant et il désarçonne. Il a cet art de dévisser son auditoire. Un art de réveiller un mort parce que le mensonge est son fonds de commerce.
En plein chaos, il s’est permis de se faire interviewer par une chaîne de télévision étrangère. Etrange tout de même. Ceci est du théâtre et qu’il sait bien jouer d’abord. Le tyran n’est pas un cabotin. Le tyran n’est pas un guignol. Il sait jouer de la tragi-comédie. Il maîtrise son personnage et le personnage est lui-même. Il l’épouse et le joue pleinement devant le peuple sonné tel un rat de campagne.
En effet, pour lui, le pouvoir est ce qu’il incarne. Depuis qu’il a mis son gros derrière sur le trône, tout sujet du royaume doit manger dans sa main. Il use et use encore, se moquant des qu’en-dira-t-on. Il se moque du peuple. « Plutôt crever que de donner mon pouvoir aux civils », dit-il en substance. Ceci serait sa dernière chanson qu’il nous sert. Il est dans la menace permanente. Il déteste la paix et la paix le hait. Il se nourrit de conflits permanents et le peuple le lui rend assez bien.
Etrange personnage de théâtre. Il aime l’enfer et ses Cerbères. Il déteste le paradis. Mais il aimerait s’y retrouver seul avec sa famille qu’il chérit le plus au monde. Et surtout sa douce moitié. Femme dévouée et mère de ses trois gros moutards.
Etrange crépuscule d’un tyran à l’aune de ses forfaits et de ses forfaitures immaculés du sang des martyrs de la révolution. Quand il veut quelque chose, il l’obtient de gré ou de force. Il se fout des règles de bienséance de la société. Il tue enfants et vieux. Il viole la Constitution. La police et la gendarmerie sont à ses pieds dodus.
Son jeu favori au crépuscule de son règne, servir aux forces de défense et de sécurité (Fds) le peuple comme de la chair à canon. « Tirez sur ces gens agaçants, il ne vous arrivera que nenni ».
Pour lui, le verbe mentir fait et refait ce monde où nous vivons. Et il en fait un usage très excessif. En effet, il nous a toujours menti. Un sacerdoce. L’art de tromper son peuple ayant bon dos et qui plie sans jamais rompre. Il est un artiste dans son monde mais a une peur bleue de terminer sa vie en prison. Il n’a pas encore fini avec nous.
Il essaiera davantage de nous mener dans l’inconnu. Un plongeon dans le vide, poings et pieds liés. Il est un artiste des mauvaises surprises. Parce que pour lui, purement et simplement, il est la Constitution, l’assurance-vie de nos vies dans un pays qui se réveille comme un malentendu. En tous les cas, l’issue de cette bataille à mort ne dépend que du peuple.
Les jours qui viennent et où le droit sera dit par le Conseil constitutionnel, seront très décisifs. Le tyran a pour compagnon d’infortune le temps mais faisons-le lui comprendre autrement et avec subterfuges. Du fond de sa bulle, faisons cet adage le nôtre ; à force de bassines d’eau de lessive, le rat finira toujours par sortir de son trou. Notre prière à lui, vu sa jeunesse et une santé chancelante, il peut encore endurer d’une belle souffrance les rigueurs carcérales. De Charybde en Scylla, tel est le destin de l’homme qui se voyait empereur à vie dans ce Sénégal-là.
LES JURISTES DÉNONCENT LE REPORT DE L’ÉLECTION
Selon l'AJS, cette décision "constitue un précédent dangereux pour l'état de droit et la bonne gouvernance". Elle "met à mal la Charte fondamentale de même que les lois et règlements du Sénégal"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 10/02/2024
L'Association des Juristes Sénégalaises (AJS) a publié un communiqué le 10 février 2024 dénonçant fermement le report de l'élection présidentielle initialement prévue le 25 février au mois de décembre 2024.
Selon l'AJS, cette décision "constitue un précédent dangereux pour l'état de droit et la bonne gouvernance". Elle "met à mal la Charte fondamentale de même que les lois et règlements du Sénégal". Cette décision "empêche les populations d'exercer leur citoyenneté en choisissant souverainement, et conformément à l'agenda républicain, la personne qui doit conduire les destinées du pays", a déploré l'association dans son communiqué.
L'AJS a également condamné "la répression, non pas légitime et encadrée, mais violente et aveugle exercée sur les populations dans leur liberté d'expression et leur droit à manifester ainsi qu'à l'égard des journalistes, notamment des femmes, dans l'exercice de leur métier". Pour l'association, cette décision est "à l'origine du climat délétère et de violence qui règne sur le pays depuis son annonce".
"Forte de 50 ans de défense des droits humains, en particulier ceux des femmes et des enfants, l'AJS condamne vivement cette violence et réaffirme son attachement indéfectible pour la préservation de la dignité humaine", a déclaré l'organisation dans son communiqué.
Devant "la gravité de l'heure, qui marque un tournant majeur et critique dans la vie de notre pays", l'AJS a appelé "les autorités et institutions compétentes à veiller au respect de la constitution dans sa lettre et son esprit, ainsi que du calendrier électoral, pour des élections inclusives, transparentes, régulières et crédibles". Elle a également invité "les acteurs de la vie politique à sauvegarder les valeurs traditionnelles d'éthique, de démocratie et de dialogue".
MACKY SALL JUSTIFIE LE REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE
Alors que la rue gronde, le président campe sur ses positions, invitant à un dialogue inclusif avant le scrutin : "Je ne cherche rien d'autre qu'à laisser le pays en paix. Je suis prêt à passer le relais"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 10/02/2024
Alors que des manifestations violentes ont éclaté dans tout le pays vendredi, le président sénégalais Macky Sall s'est défendu, dans une interview exclusive accordée à l'Associated Press, d'avoir reporté les élections présidentielles prévues initialement le 25 février.
Depuis l'annonce de ce report par décret, de vives critiques accusent le chef de l'État de créer une crise constitutionnelle et de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà des deux mandats autorisés qui s'achèvent le 2 avril prochain. Interrogé dans le palais présidentiel de Dakar, Macky Sall a balayé ces allégations. "Je ne cherche absolument rien d'autre qu'à laisser un pays en paix et en stabilité. Je suis totalement prêt à passer le relais", a-t-il déclaré.
À l'extérieur, la tension était montée d'un cran alors que des centaines de manifestants sillonnaient les rues de la capitale, brûlant des pneus et affrontant les forces de l'ordre qui faisaient usage de gaz lacrymogène. Au moins un étudiant a perdu la vie à Saint-Louis, dans le nord du pays, selon le procureur de la République. "Notre avenir est en jeu, il faut se battre", a lancé Mohamed Sène, un protestataire rencontré par l'Associated Press.
Selon le président, le report du scrutin jusqu'au 15 décembre est nécessaire pour apaiser les tensions nées de la disqualification de candidats par le Conseil constitutionnel et du conflit entre l'exécutif et le judiciaire au sujet des listes électorales. "Je ne veux pas laisser un pays qui va immédiatement sombrer dans de grandes difficultés", a-t-il martelé, appelant à un "dialogue inclusif" avant toute élection.
Cependant, cette décision viole certains articles de la Constitution, d'après le Centre africain pour les études stratégiques. Plus d'une douzaine de candidats ont d'ailleurs saisi la Cour suprême pour contester le décret. Le Conseil constitutionnel devrait se prononcer dans la semaine, mais Macky Sall est resté évasif sur la conduite à tenir en cas de rejet. "C'est trop tôt pour envisager cette éventualité... Lorsque la décision sera prise, je pourrai dire ce que je ferai", a-t-il esquivé.
Ce report fait planer un risque de "déclin démocratique" en Afrique de l'Ouest, préviennent des experts, alors que les libertés se sont réduites au Sénégal ces dernières années, avec plus de 1 000 arrestations d'opposants. La principale figure d'opposition, Ousmane Sonko, se trouve même derrière les barreaux.
Interrogé sur ce point, Macky Sall a appelé la communauté internationale à faire preuve de "retenue et de compréhension" pendant cette période difficile. Il mise à présent sur le lancement d'un "dialogue national" pour apaiser les tensions et rétablir un climat propice aux élections. Mais pour Alioune Tine, fondateur du think tank Afrikajom Center, "le Sénégal risque de sombrer dans la violence si le gouvernement ne libère pas les opposants immédiatement et ne respecte pas le calendrier électoral".
LA JUSTICIABILITÉ INCONTESTABLE DE LA LOI CONSTITUTIONNELLE N° 04/2024 DEVANT LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Il appartient exclusivement au Conseil constitutionnel de décider de l’opportunité du report de l’élection présidentielle. Plus que jamais, il doit restaurer l’autorité attachée à ses décisions pour sauver la démocratie sénégalaise
L ’Assemblée nationale du Sénégal en sa séance du 5 février 2024 a adopté, dans une atmosphère très conflictuelle, la loi constitutionnelle n° 04/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution. Ce vote fait suite à l’abrogation par le Président de la République du décret n° 2023- 2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral. Ces deux actes remettent en cause les fondements de notre République et la longue tradition démocratique sénégalaise. Ils violent de surcroît la Charte fondamentale qui dénie au président de la République et à l’Assemblée nationale toute prérogative pour interrompre le processus électoral déjà enclenché. Seul le Conseil constitutionnel, dans des circonstances d’ailleurs limitativement précisées par les articles 29 et 34 de la Constitution, détient ce pouvoir.
La loi constitutionnelle sus-évoquée, en raison de l’effet d’allongement incident de la durée du dernier mandat du Président sortant par l’artifice d’un report du scrutin électoral, encourt assurément la censure dans la mesure où elle viole les dispositions intangibles de la Charte fondamentale qui restent hors de portée de toute modification. Elle prend donc ses distances avec la nature des réformes constitutionnelles traditionnellement promues par le pouvoir constituant originaire ou dérivé. À d’autres époques, d’autres mœurs !
Lorsque la nomenclature des clauses d’éternité s’élargit comme il a été donné d’en constater la teneur à la suite de la réforme constitutionnelle de 2016, elle restreint fatalement le domaine classique d’invocabilité de la jurisprudence sur l’injusticiabilité des lois constitutionnelles devant le Conseil constitutionnel brandie comme une antienne par les censeurs autoproclamés de la doctrine constitutionnelle. Actant comme susmentionné la prorogation illicite du terme du mandat en cours du Président sortant avec la reprogrammation de la prochaine élection présidentielle au 15 décembre 2024, la loi constitutionnelle viole la clause d’intangibilité en rapport avec la durée du mandat.
Or, le même Conseil constitutionnel avait fini de convaincre les plus sceptiques qu’il ne se déroberait pas de sa mission de contrôle de la constitutionnalité des lois fussent-elles constitutionnelles si les circonstances de la cause l’exigeaient. Le considérant 3 de la décision n° 3/C/2005 du 18 janvier 2006 rendue par le Conseil constitutionnel règle clairement et définitivement la question de la justiciabilité de certaines catégories de lois constitutionnelles :
«Considérant que le pouvoir constituant est souverain ; que sous réserve, d’une part, des limitations qui résultent des articles 39, 40 et 52 du texte constitutionnel touchant aux périodes au cours desquelles une révision de la Constitution ne peut être engagée ou poursuivie et, d’autre part, du respect des prescriptions de l’alinéa 7 de l’article 103 en vertu desquelles la forme républicaine de l’État ne peut faire l’objet d’une révision, il peut abroger, modifier ou compléter des dispositions de valeur constitutionnelle dans la forme qu’il estime appropriée et introduire explicitement ou implicitement dans le texte de la Constitution des dispositions nouvelles qui, dans le cas qu’elles visent, dérogent à des règles ou principes de valeur constitutionnelle, que cette dérogation soit transitoire ou définitive ». Ce rappel ne pouvait être plus explicite en ce sens que la seconde réserve développée par le Conseil constitutionnel concerne précisément la situation actuelle du report de l’élection qui a pour effet de prolonger la durée du mandat du président et qui, par conséquent, touche à une matière non révisable prévue à l’alinéa 7 de l’article 103.
Au-delà de l’entorse portée à l’intangibilité de la durée du mandat, la nouvelle rédaction de l’article 31 de la Constitution postulée par la loi constitutionnelle remet en cause le caractère impersonnel et général attaché à une norme constitutionnelle. Une disposition constitutionnelle doit être neutre et permanente. Là encore, les initiateurs de la réforme constitutionnelle semblent avoir manqué de clairvoyance dans la mesure où le Conseil constitutionnel, dans sa décision 1/C/2016 du 12 février 2016, avait fait montre d’une certaine maîtrise de la légistique formelle pour éviter aux normes constitutionnelles quelques improvisions lors de leur rédaction : « Considérant(20) en outre qu’il est inséré dans ledit article 27, un alinéa 2 qui, pour régler une question de droit transitoire, prévoit que la nouvelle disposition sur la durée du mandat du Président de la République s’applique au mandat en cours ; Considérant (21) que la règle énoncée à l’alinéa 2, destinée à fixer une situation dont les effets sont limités dans le temps et par essence temporaire, va cesser, une fois son objet atteint, de faire partie de l’ordonnancement juridique ; Considérant (22) qu’en tant que telle, elle est incompatible avec le caractère permanent attaché à l’article 27 que le pouvoir constituant entend rendre intangible en le rangeant dans la catégorie des dispositions non susceptibles de révision ; Considérant (23) que cet alinéa au caractère personnel très marqué est inconciliable avec le caractère général des règles par lesquelles la Constitution organise les Institutions de la République et protège les droits fondamentaux ainsi que les libertés individuelles des citoyens ; Considérant (24), en effet, que les règles constitutionnelles adoptées dans les formes requises s’imposent à tous et, particulièrement, aux pouvoirs publics, lesquels ne peuvent en paralyser l’application par des dispositions qui, en raison de leur caractère individuel, méconnaissent, par cela seul, la Constitution (…) ».
La justiciabilité de la loi n° 04/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution devant le Conseil constitutionnel ne souffre ainsi d’aucune contestation.
Il ne fait dès lors aucun doute que l’espoir d’une sortie de crise repose sur le Conseil constitutionnel dont les prérogatives ont été usurpées par les pouvoirs politiques. En réalité, il appartient exclusivement au Conseil constitutionnel de décider de l’opportunité du report de l’élection présidentielle en vertu des articles 29 et 34 de la Constitution.
Plus que jamais, le Conseil constitutionnel doit restaurer l’autorité attachée à ses décisions par l’article 92 de la Constitution et être au rendez-vous de l’histoire pour sauver la démocratie sénégalaise, préserver la stabilité et la paix.
- Abdel-El Kader Boye, Professeur titulaire de classe exceptionnelle, Ancien Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, Ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
- Serigne Diop, Professeur titulaire de classe exceptionnelle, Agrégé de droit public et de science politique, Ancien ministre de la justice, Ancien Médiateur de la République, Ancien Chef de Département de Droit public de l’UCAD.
- Babacar Gueye, Professeur titulaire de classe exceptionnelle, Agrégé de droit public et de science politique, Ancien Chef de Département de Droit public de l’UCAD.
- Alioune Sall, Professeur titulaire de classe exceptionnelle, Agrégé de droit public et de science politique, Membre de la Commission du Droit International de l’ONU, Ancien juge de la CJCEDEAO, Ancien Chef de Département de Droit public de l’UCAD.
Aucun individu n'a le droit de se substituer à la volonté souveraine de la population qui s’exprime par les urnes. Appel au strict respect de la Constitution qui fixe la fin du mandat du président et son départ de la tête du pays au 2 avril 2024
Nous, membres de l'initiative citoyenne Demain Sénégal, tenons à exprimer notre profonde consternation face aux récents développements politiques qui ébranlent les fondements démocratiques de notre nation.
L’annulation de l'élection présidentielle du 25 février 2024, annoncée par le président de la République du Sénégal au cours de son discours du 3 février 2024, constitue indiscutablement une violation de notre Constitution.
Cette décision, qui est une première regrettable dans l’histoire politique de notre pays, bafoue la volonté du peuple sénégalais et son droit souverain à des élections libres et équitables, ainsi que la stabilité démocratique que notre pays a chèrement acquise au fil des années.
Elle va à l'encontre des principes démocratiques, de l'État de droit, et viole les engagements internationaux ainsi que les normes constitutionnelles de notre nation.
La démocratie sénégalaise se fonde sur le pluralisme politique, la séparation des pouvoirs, et le respect des échéances électorales. Aucun individu, aucun parti politique, aucune institution n'a le droit de se substituer à la volonté souveraine de la population qui s’exprime par les urnes.
En tant que citoyennes et citoyens engagés pour l'avenir du Sénégal, nous renouvelons notre appel à la vigilance et à l'action contre cette subversion de nos institutions démocratiques.
Nous exhortons le gouvernement et appelons les partis politiques, l’Assemblée nationale, la société civile et tout le peuple sénégalais à s’accorder sur les éléments ci-dessous :
le maintien du processus électoral et le rétablissement dans les meilleurs délais d’un calendrier électoral conforme à notre loi fondamentale
la garantie d’un scrutin transparent, équitable et libre
le strict respect de la Constitution qui fixe la fin du mandat du président Macky Sall et son départ de la tête du pays au 2 avril 2024
Le Sénégal a toujours été une démocratie reconnue en Afrique et dans le monde, il est donc impératif de protéger ce précieux acquis. Il est également de notre responsabilité collective de préserver notre héritage démocratique pour les générations présentes et futures.
Nous demeurons irréductiblement attachés à la démocratie et à l'État de droit.
GUEYE Thierno Seydou Juriste – Consultant en droit international
GUEYE Mansour Consultant
GUIRO Tidiane Professeur titulaire des universités
GUISSE Youssoupha Mbargane Chercheur
JOUGA Annie Architecte
KANDJI Biram Ingénieur Génie Mécanique, Dakar
LAURENT Chantal Architecte retraitée, Rome
LY Mouhamed Abdallah Sociolinguiste
LY SOW Saphie Journaliste
MBENGUE SEYE Anne-Marie Spécialiste en financement de la santé
MBODJ Aziz Directeur informatique, Dakar
MBODJ Mamadou Professeur en médecine
MBODJI Mamadou Psychologue
NDAO Nafissatou Administrateur de sociétés
NDIAYE Ndeye Astou Maîtresse de conférences titulaire FSJP/UCAD
NDIAYE Demba Journaliste
NDIAYE Seydina M. Enseignant chercheur, UNCHK
NDIAYE SY Maty Coach en développement, Dakar
NDOYE Mamadou Ancien ministre de l'Éducation Nationale
NDOYE Ousmane Consultant en développement de projets, Dakar
NIANE Baïdy Consultant
SANE Pierre Ancien SG Amnesty International
SEEN Paap Journaliste, Dakar
SENE Amadou Lamine Interprète de Conférences
SENGHOR Eugénie Chargée de mission, audit
SOW Tidiane Associate Director Lead Consulting, coach
SEYE Chérif Ingénieur, Dakar
SY Mouhamadou Moustapha Étudiant, Crans Montana, Suisse
SY Seydi Aboubacar Informaticien, Chef d'entreprise, Dakar
TALL Jean Charles Architecte
TALL Birane Étudiant
TALL Ndèye Dieumb Étudiante
TALL Papa Saliou Ingénieur civil
TALL Yacine Chef d’entreprise
THIAM Mamadou Lamine Ingénieur télécom, Guinée
TOURE Madjiguéne Comptable
WANE Mamadou Mao Sociologue
LA RÉVOLTE GRONDE CONTRE LE REPORT DU VOTE
Dans la capitale et ailleurs sur le territoire, des jeunes sont descendus dans la rue pour dénoncer la décision du président Macky Sall, jugée anticonstitutionnelle, de repousser le vote présidentiel du 25 février
Des heurts ont éclaté, vendredi, à l’issue de la grande prière à Dakar et dans d’autres localités du pays après que les forces de l’ordre ont dispersé de nombreux jeunes qui tentaient de manifester contre le report annoncé de l’élection présidentielle du 25 février.
Ces appels à manifester ont été lancés depuis deux jours à travers les réseaux sociaux.
Les manifestants ont brûlé des pneus et bloqué plusieurs artères de la capitale. Les forces de police ont riposté par des jets de grenades lacrymogènes.
Une journaliste du site d’information seneweb a été arrêtée puis relâchée et conduite à l’hôpital militaire de Ouakam.
‘’La journaliste de Seneweb, Absa Hane, a été arrêtée brutalement par des forces de l’ordre à Colobane, alors qu’elle assurait la couverture médiatique de la manifestation de l’opposition et d’organisations de la société civile contre le report de l’élection’’, rapporte le site d’information.
L’ONG RSF ‘’s’indigne du ciblage d’au moins 5 journalistes par les policiers lors des manifestations à #Dakar ce jour. @absa_hane de @seneweb a été brutalement interpellée et est à l’hôpital après un malaise’’. ‘’Mor Amar du journal EnQuête a, lui, été frappé à la mâchoire’’, ajoute t-elle.
Le Sénégal est en proie à une crise politique née de l’annonce, samedi dernier, par le président Macky Sall, de l’abrogation du décret convoquant le corps électoral le 25 février.
L’Assemblée nationale a adopté lundi dernier une proposition de loi portant sur un report au 15 décembre prochain de l’élection présidentielle.
Macky Sall, élu et réélu en 2012 et en 2019, a réaffirmé sa volonté de ne pas se présenter à cette élection, une promesse qu’il avait faite en juillet dernier.
Pour reporter l’élection, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux.
Une commission d’enquête parlementaire a été constituée à la demande de l’ex-parti au pouvoir, le PDS, dont le dossier de candidature a été rejeté par le Conseil constitutionnel en raison de la double nationalité de son candidat, l’ancien ministre Karim Wade.
Ce parti a demandé et a obtenu la création d’une commission d’enquête parlementaire après l’invalidation de la candidature de M. Wade.
Le report de la présidentielle a suscité une vague de réactions d’organisations et de partenaires internationaux du pays.
Les Etats-Unis d’Amérique ont réitéré, vendredi, leur soutien à l’organisation d’une élection libre, équitable et dans les meilleurs délais au Sénégal.
Dans un communiqué de leur ambassade à Dakar relayé sur le réseau social X, les Etats-Unis assurent soutenir la déclaration de la CEDEAO appelant le Sénégal à rétablir le calendrier électoral conformément à sa Constitution.
Le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a, par la voix d’un porte-parole, déclaré suivre de près l’évolution de la situation politique au Sénégal après le report annoncé de l’élection présidentielle qui devait se tenir le 25 février.
”Le Secrétaire général de l’ONU suit de près et est préoccupé par l’évolution de la situation au Sénégal, où l’élection présidentielle prévue le 25 février a été reportée en décembre”, a notamment indiqué vendredi à New-York Stéphane Dujarric, un porte-parole d’Antonio Guterres.
L’Union européenne (UE) a, de nouveau, exhorté le même jour les autorités sénégalaises à organiser l’élection présidentielle, en conformité avec la Constitution du Sénégal.
‘’L’UE lance un appel aux autorités à prendre les mesures nécessaires afin d’organiser l’élection présidentielle le plus rapidement possible, en conformité avec la Constitution du Sénégal et le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance’’, a notamment déclaré son haut représentant, Josep Borell.
La diplomatie européenne a, dans le même temps exprimé ses préoccupations à la suite de la décision des autorités sénégalaises de reporter le scrutin présidentiel prévu le 25 février, ”ce qui prolongerait de facto le mandat du Président’’, a estimé Josep Borell qui signale que cette mesure risque d’entacher la longue tradition démocratique au Sénégal et pourrait ainsi ouvrir une période de grande incertitude pour le pays.
Bruxelles note que ce report a déjà eu des impacts sur la stabilité et la cohésion sociale du pays.
Des organisations se réclamant de la société civile ont officiellement lancé jeudi à Dakar une initiative dénommée ‘’Aar Sunu election’’ (protéger notre élection) avec l’objectif de faire rétablir le calendrier électoral.
Il s’agit d’une plateforme regroupant des mouvements citoyens, organisations socio-professionnelles, personnalités se réclamant de la société civile.
BRUXELLES RÉCLAME LE RESPECT DU PROCESSUS DÉMOCRATIQUE
Pour l'Union Européenne, le report du scrutin "risque d'entacher la longue tradition démocratique au Sénégal et pourrait ainsi ouvrir une période de grande incertitude pour le pays". Les autorités se doivent de garantir les libertés fondamentales
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 09/02/2024
L'Union européenne (UE) a exprimé ses préoccupations concernant la décision des autorités sénégalaises de reporter l'élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2019. Dans une déclaration faite ce vendredi 9 février 2024 par le haut représentant de l'UE, celle-ci a souligné les relations étroites et la confiance établie de longue date entre l'UE et le Sénégal, basées notamment sur "la longue et solide tradition démocratique du Sénégal et des valeurs partagées, telles que l'aspiration au dialogue et au consensus politique".
Or, pour l'UE, le report du scrutin "risque d'entacher la longue tradition démocratique au Sénégal et pourrait ainsi ouvrir une période de grande incertitude pour le pays". Ce report "a déjà eu des impacts sur la stabilité et la cohésion sociale du pays", a ajouté le communiqué.
L'UE a donc appelé les autorités sénégalaises à "respecter les aspirations légitimes des citoyens et de toutes les forces vives de la nation à préserver la démocratie", soulignant que "les libertés fondamentales, et notamment celles de manifester pacifiquement et de s'exprimer publiquement, sont des principes fondamentaux de l'État de droit que les autorités sénégalaises se doivent de garantir".
Le haut représentant a également lancé "un appel aux autorités à prendre les mesures nécessaires afin d'organiser l'élection présidentielle le plus rapidement possible, en conformité avec la Constitution du Sénégal et le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance". Pour l'UE, il est "crucial pour la crédibilité et l'inclusivité de l'élection que toutes les parties puissent effectivement prendre part aux décisions touchant aux caractéristiques essentielles du processus électoral, dans un esprit de dialogue constructif et de transparence".
par Abdou Sène
TROP, C'EST TROP MACKY
Notre pays ne sera une dictature ni éclairée, ni lugubre, ni tyrannique. Les Sénégalais ne l'accepterons pas, malgré l'« excellent travail » de dispersion des rassemblements fait par la gendarmerie nationale
Le communiqué du Conseil des ministre du 7 février 2024 publié sur le site du gouvernement du Sénégal dit ceci : « A l'entame de sa communication, le Président de la République est revenu sur le vote par l'Assemblée nationale, de la proposition de loi fixant la nouvelle date du scrutin présidentiel au 15 décembre 2024 en réaffirmant sa décision de ne pas prendre part à l'élection. »
Ruse 1 : monsieur le président, cette pommade ne passe pas. Vous nous l'avez administré lors de votre discours à la Nation du samedi 3 février 2024, et vous nous la ramenez encore dans ce communiqué. Votre décret 2024-106 du 3 février 2024 viole la Constitution du Sénégal, et sachez que le fait de nous promettre de ne pas commettre un deuxième viol en vous présentant à l’election présidentielle de 2024, ne vous absout pas de ce péché républicain.
Le communiqué, donc Macky, poursuit en versant de l'eau sur le feu qui couve à cause du différend qui existe entre lui et son Premier ministre sur la question du report de l’élection : « Le chef de l'État a notamment renouvelé sa confiance au Premier ministre Amadou Ba et à l'ensemble des ministres, et demandé au gouvernement de prendre toutes les dispositions requises, pour l'organisation dans les meilleures conditions du scrutin présidentiel à la nouvelle date fixée. »
Ruse 2 : En très bon combattant, Macky Sall, afin de ne pas se disperser et mieux concentrer toute son énergie sur la réduction de l'opposition radicale, adopte la stratégie qui consiste à éteindre d'abord le foyer de tension qui couvait dans son camp, alimenté par les récentes sorties de certains proches d’Amadou Ba, et par les différentes humiliations que Macky lui a fait subir devant les caméras ces dernières semaines. Amadou, fais gaffe !
Le problème interne mis en veilleuse, le communiqué, donc Macky, se penche sur les contradictions externes en ces termes : « le président de la République a particulièrement réitéré sa détermination à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs politiques et les forces vives de la Nation, en vue de renforcer, d'une part, notre démocratie à travers un processus électoral transparent, libre et inclusif et, d'autre part, la crédibilité de nos institutions.
Dans ce contexte, le chef de l'Etat, a décidé d'engager les voies et moyens de mettre en œuvre un processus pragmatique d'apaisement et de réconciliation pour préserver la paix et consolider la stabilité de la nation. »
Ruse 3 : Macky se présente encore une fois en homme de paix, ouvert au dialogue. Très bonne approche pour qui veut dresser l'opinion nationale et internationale contre tous ceux qui rejettent les arrangements et réclament le respect de la Constitution et la tenue des élections le 25 février.
Opinions faites gaffe !
Pour emporter la confiance des Sénégalais par l'expression de gages de bonne foi, le communiqué, donc Macky, nous fait miroiter la libération des détenus politiques comme suit : « Dans cette dynamique, le président de la République, garant de l'unité nationale et du fonctionnement régulier des institutions, a demandé au gouvernement, notamment au Garde des Sceaux, ministre de la Justice de prendre les dispositions nécessaires pour matérialiser sa volonté de pacifier l'espace public dans la perspective du dialogue national et de l'organisation de la prochaine élection présidentielle. »
Ruse 4 : Ayant toujours les yeux ouverts sur son adversaire comme tout bon sportif de combat, Macky sait que l'emprisonnement d'un nombre jamais égalé de citoyens pour des raisons politiques contribue beaucoup à son impopularité au sein de la population et de l'opinion internationale.
Annoncer donc, en termes voilés, la libération des prisonniers politiques pourrait contribuer à baisser la tension. Prisonniers politiques faites gaffe !
Le journal L'Observateur du 8 février 2024 annonce que, lors du même Conseil des ministres, le président de la République aurez avancé l'argutie qu'un chef de famille ne lâche pas ses enfants en pleine crise pour expliquer le report.
Ruse 5 : Macky nous aime tellement que, même si les Sénégalais souhaitent majoritairement qu'il rende le pouvoir, il ne nous lâchera pas pour nous éviter de mettre notre vie en péril. Monsieur le président, au cas où vous auriez tenu les propos que vous attribue le journal l'Observateur, je voudrais vous signaler que c'est une grossière erreur de vous comparer à un chef de famille, pour justifier votre entêtement à rester à la tête du Sénégal au-delà de la durée légale. Laissez-moi vous rappeler que vous n'êtes le père que de vos propres enfants, et que vous n'êtes le père ni des institutions, ni des citoyens sénégalais. Ceci est une lecture erronée du contrat qui vous lie au peuple sénégalais. Nous vivons dans une société organisée qui, à tour de rôle, confie la coordination de ses activités à un de ses membres, appelé président de la République. Ce dernier peut et doit régulièrement changer de corps, d'esprit et d'âme. Préparez-vous donc à céder la place.
Monsieur le président, même si je nourrissais le rêve du contraire, je fais partie de ceux qui avaient prédit que vous alliez annoncer le report de l’élection et chercher à dresser l'opinion publique contre l'opposition radicale en vous positionnant comme le chantre de la paix et du dialogue. Je ne me sens aucun mérite pour avoir vu venir car vous avez fourni assez de données sur votre personnalité entre 2011 et aujourd'hui pour que, même un profane en analyse politique comme moi puisse prédire avec justesse vos actions futures.
Vous êtes un combattant hors pair, et tout adversaire qui ne vous reconnaît pas cette qualité risque de mordre souvent la poussière devant vous. Cependant, malgré vous, vous avez contribué à la formation de la conscience politique du Sénégalais. Vous avez mis à nu et souvent exploité toutes les failles de notre République et finalement amené le Sénégalais à lire ce que vous écrivez sur les lignes, mais surtout ce qui se dissimule entre les lignes. Je vous suggère donc d'arrêter avant qu'il ne soit trop tard, car le Sénégalais a fini de comprendre votre câblage mental monsieur le président.
Si seulement vous aviez mis votre sens très poussé du combat et de la compétition au service du développement économique, social et culturel du Sénégal... Ce pour quoi le peuple sénégalais vous a élu et réélu. Hélas !
Monsieur le président, dans votre fameux discours du 3 juillet 2023 vous disiez « J'ai un code d'honneur et un sens de la responsabilité historique qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole. » Rappelez-vous de ce code d'honneur proclamé et organisez-nous la grande fête de la démocratie le 25 février au lieu de fabriquer des arguments pour continuer à diriger le Sénégal.
Notre pays ne sera une dictature ni éclairée, ni lugubre, ni tyrannique. Les Sénégalais ne l'accepterons pas, malgré l'« excellent travail » de dispersion des rassemblements fait par la gendarmerie nationale. Le Sénégalais n'est pas fait pour être obséquieusement soumis, et je vous invite à vous renseigner sur l'histoire de Daou Demba, 6ème Damel du Cayor, qui, il y a presque quatre siècles, a été obligé de fuir le royaume pour échapper à la colère de la population qu'il avait soumise à une tyrannie sans nom, pendant sept longues années.
Force reste à la loi, oui, mais que force reste à la Justice d'abord !
Abdou Sène est professeur de mathématiques appliquées, Université numérique Cheikh Hamidou Kane.
50 ORGANISATIONS DE JEUNES MOBILISÉES CONTRE LE REPORT DU SCRUTIN
Nous appelons le Conseil constitutionnel à intervenir pour faire prévaloir l'ordre constitutionnel et respecter le calendrier républicain. Les Sages doivent agir dans l'intérêt supérieur de la Nation
Les organisations de jeunesse du Sénégal tiennent à exprimer leur profonde inquiétude suite à la décision du président de la République de reporter l'élection présidentielle et au vote à l'Assemblée Nationale d'une loi repoussant le scrutin au 15 décembre 2024 et prolongeant le mandat du chef de l'Etat.
Nous appelons le Conseil constitutionnel à intervenir pour faire prévaloir l'ordre constitutionnel et respecter le calendrier républicain. Les Sages doivent agir dans l'intérêt supérieur de la Nation.
Après les violences de mars 2021 et juin 2023, notre pays doit s'efforcer de prévenir tout nouveau trouble. La jeunesse, principale victime de ces crises, a déjà payé un lourd tribut, marqué par des pertes en vies hu-maines, des centaines d'arrestations, un nombre considérable de jeunes toujours en détention, la fermeture pour des milliers de filles et de garçons des écoles et universités et la dégradation de biens publics es-sentiels.
Membres actifs de la société civile sénégalaise, nous exhortons les autorités à éviter tout recours excessif à la force et condamnons les restrictions d'accès à internet et les atteintes aux libertés de manifestation et de circulation qui touchent plusieurs de nos droits fondamentaux et impactent fortement nos activités économiques.
Avec un Sénégalais sur deux âgé de moins de 18 ans, les préoccupations des jeunes représentent un enjeu central pour notre pays. Ce report des élections suscite beaucoup de frustrations au sein d'une jeunesse déjà éprouvée par la montée des inégalités et le manque d'opportunités, et qui attend avec détermination la date du 25 février pour s'exprimer et choisir son avenir.
Nous, plateformes, organisations et mouvements de jeunesse, appelons tous les groupements de jeunes à renforcer l'unité, la solidarité et à davantage nous organiser pour protéger nos droits, préserver nos libertés et continuer d'œuvrer à la construction nationale.
LISTE DES 50 SIGNATAIRES
1. ACCENT
2. AFRICTIVISTES
3. AFRICULTURBAN
4. AMICALE DES ÉLÈVES ET ÉTUDIANTS
RESSORTISSANTS DE SADIO
5. ASSOCIATION DES ÉLÈVES
ET ÉTUDIANTS MUSULMANS DU SÉNÉGAL
6. BANLIEUE UP
7. CADRE D'ACCOMPAGNEMENT ET D'EXPRESSION POUR LA TRANSMISSION DU SAVOIR
8. CENTRES D'ENTRAINEMENT AUX MÉTHODES
D'EDUCATION ACTIVE - SENEGAL
9. CENTRE DES JEUNES DIRIGEANTS
10. COLLECTIF DES VOLONTAIRES
DU SÉNÉGAL
17. COMDEV AFRICA
12. CONFÉDÉRATION DES RÉSEAUX DE JEUNES
AGRIPRENEURS DU SÉNÉGAL
13. CONSORTIUM JEUNESSE SÉNÉGAL
14. DÉBAT NUMÉRIQUE NATIONAL
DE LA JEUNESSE
15. DÉCLIC
16. DIGITAL SCHOOL OF TECHNOLOGIES
17. DOYNA
18. ÉCLAIREURS ET ÉCLAIREUSES DU SÉNÉGAL
19. FONDATION ROSE
20. FORUM DES CITOYENS ET DES USAGERS
21. GÉNÉRATION SAALIH
22. IMPACT HUB
23. IMPACT PROJET
24. JAMMI ASKANU MBOUR
25. JEUNE CHAMBRE INTERNATIONALE
SÉNÉGAL
26. JEUNES ENTREPRENEURS AFRICAINS
ŒUVRANT POUR LE DÉVELOPPEMENT
ECONOMIQUE RÉGIONAL
27. JEUNESSE ESPOIR
28. JEUNESSE ÉTUDIANTE CATHOLIQUE
29. JEUNESSE ET DÉVELOPPEMENT
30. JEUNESSE PROTESTANTE EVANGÉLIQUE POUR L'ENTRAIDE ET LE DEVELOPPEMENT
31. KAAY JOB
32. LAMBAYE LEARNING CENTER
33. MAAM JIGEEN
34. MOUVEMENT DES PIONNIERS DU SÉNÉGAL
35. NUUN JIGEEN
36. POLARIS ASSO
37. PRECIOUS GIFT
38. RACINES DE L'ESPOIR
39. RAES
40. RÉSEAU D'ACTION DES VOLONTAIRES
YAAKAAR
41. RÉSEAU DES CHAMPIONS POUR RÉUSSIR
AU SÉNÉGAL
42. SÉNÉGAL ACADEMY
43. SIMPLON SENEGAL
44. SOCIAL CHANGE FACTORY
45. SOLIDARITE ACTIVE
46. SOREETUL
47. WA MBED MI
48. YEESAL AGRIHUB
49. YMCA SÉNÉGAL
50. AFRICAN LEADERS INITIATIVE
par Aliou Lam
ET SI LE PRÉSIDENT MACKY SALL AVAIT RAISON
Le sort du Sénégal est plutôt lié à une bonne élection de son prochain président, qu’à un scrutin organisé vaille que vaille le 25 février 2024
La galaxie politique sénégalaise et son astre électoral étaient depuis un certain temps truffés de nuages denses qui indiquaient que l'orage allait éclater. Pire, il s'est transformé en une tempête tropicale, trempant ou, du moins, noyant de vastes contrées sur son passage. Et le processus électoral 2024 s’arrêtât net. Pourtant, on aurait pu sauver beaucoup de meubles car le coup de tonnerre n’est pas survenu dans un ciel serein. Au contraire, la météo n’a cessé d’annoncer les couleurs du temps à venir.
Le président de la république décida contre toute attente de tout arrêter.
En plus clair, on ne lève pas les voiles quand l'orage menace. Notre bateau, le Sénégal, est lourdement menacé par la tourmente et sa mer agitée. Nous sommes pris dans notre propre piège. Réfléchir pour s’en sortir reste la seule voie de salut. Cela nécessite du calme et un peu de retenue, pour ne pas dire de la patience, mais dans l’action. Soit on se fâche tous davantage, on perd la raison et on plonge tous dans l’abîme que l’on pensait avoir creusé pour y ensevelir les soi-disant coupables de nos misères. Qui mieux que le capitaine du bateau est habilité à prendre les mesures salvatrices quand rien ne semble plus aller normalement. « Haay dou yem thi bopou borom ». Et en plus, « mana mana dou moom » a-t-on l’habitude d’entendre.
Ces proverbes bien de chez nous sont assez explicites pour servir de repères. Le rappel est bon et souvent nécessaire pour cerner un fait ou une situation donnée. Beaucoup de nos concitoyens suivent les événements du processus électoral mais ne comprennent pas ce qui se passe. Hélas, l’esprit partisan du système de collecte et de diffusion de l’information dessert mal le public dont il se réclame dépositaire de l’opinion.
Comment en est-on arrivé là ?
Toutes mal préparées au scrutin du 25 février 2024, les différentes forces en présence : le bloc Benno Bokk Yakaar - APR - Macky d'une part et le bloc Yewwi Askan Wi - Pastef - Sonko, auquel s’ajoutent les non-alignés d'autre part, pour différentes raisons, ne sont pas prêtes pour en découdre loyalement et utilisent tout ce qui leur passe entre les mains pour s’entretuer. Focalisés sur leurs intérêts immédiats, rien en dehors de ce contexte ne les engage. Après le 3 juillet 2023, les choses sont allées très vite. Une partie de l’opposition a accepté de rejoindre BBY APR, au gré d’intérêts manifestes pour faciliter leur participation aux élections de 2024. Sous le regard abusé de toute une classe d'intellectuels, de décideurs, d'autorités coutumières et confessionnelles, les manœuvres du dialogue et des retrouvailles politico-politiciennes ont engendré la confusion constatée depuis les opérations de parrainage. Les impairs et les responsabilités des uns et des autres sont bien connus et cernés. Mais on continue de berner tout un peuple abreuvé aux mensonges et manipulations, semant volontairement le doute sur toutes les institutions.
- Comment peut-on organiser des élections d’emblée contestées par une majorité de candidats qui menacent ouvertement, soufflent le chaud et le froid, et sèment en cachette les graines de la non-tenue du scrutin ou, le cas échéant, du chaos le jour du scrutin ?
C’est le cas du collectif des recalés et ou groupe des spoliés renforcé par le PDS secondairement victime, dont une bonne partie ne peut se résoudre à ne pas participer aux élections du 25 février 2024 et ne cache pas ses intentions.
- Comment organiser sans réfléchir un scrutin qui sera vivement contesté par les acteurs en jeu qui accusent le Conseil Constitutionnel de légèreté, de manipulation, de corruption, de concussion, quand l'affaire des doubles nationalités très mal traitée, atterrit à la DIC, et que d’autres, peut-être par défaut pour le moment, ne sont pas inquiétés ?
- Comment peut-on organiser des élections inclusives également non contestables quand le problème du fichier avec le million d'électeurs susceptibles de ne pas voter n'est pas élucidé par un audit et un consensus ?
Réalité ou fiction, partagée ou non par les différentes parties prenantes que sont : les recalés ; les spoliés ; les validés ; le CC ; la DGE ; la CENA et le peuple témoins, cette question reste fondamentale et jusqu’ici sans réponse.
- Comment peut-on admettre, par le principe de la séparation des pouvoirs, que ceux conférés à l’Assemblée nationale par la constitution soient ignorés ou minimisés ?
Alors même que la mise en place d’une commission et l’ouverture d’une enquête parlementaire pour éclairer le peuple sur les tenants et aboutissants d’accusations extrêmement graves contre le cœur et les yeux de la République qu’est le Conseil Constitutionnel devraient être bien accueillies ne serait-ce que pour punir, en cas de diffamation ou d’accusations non fondées, les auteurs à l’instar du procès du Prodac qui a justement valu à Sonko d’être invalidé pour la présidentielle de 2024 et potentiellement celle même de 2029. Si les faits ne sont pas avérés, les auteurs, dont monsieur Karim Wade lui-même, ne peuvent pas s’en tirer sans conséquences. Et qu'on aille à des élections sans tenir compte des résultats de cette enquête parlementaire semble un peu limite, mais aussi manquer de rigueur. Les résultats de cette enquête vont rendre beaucoup de bien à la République, à la démocratie et à la justice sénégalaises, qu’ils aboutissent ou non, à des conclusions compromettant la sincérité du processus électoral incriminé.
Devant l’opinion publique interloquée, comment admettre que « cela ne fait rien », le calendrier électoral est sacré, il faut absolument choisir un président et « ensuite on verra ». Et si par hasard l'enquête épingle le président élu ou son challenger du 2e tour ou n'importe lequel des candidats en lice et ayant participé à l'élection présidentielle, qu’en sera-t-il de sa présidence ? Et d’abord, quelle valeur aura le serment va-t-il tenir ? Devant quel CC ? Ou simplement doit-on fermer les yeux et nous boucher les oreilles sur ces accusations, nous disant : les chiens aboient, la caravane passe ?
On entend évoquer le cas du Président Nixon et le Watergate aux USA, le cas du juge Sèye au Sénégal. Mais on oublie que le Sénégal n’est pas les États-Unis à tout point de vue. Et que dans l’affaire Me Sèye, les élections étaient déjà tenues, il ne restait plus qu’à proclamer les résultats définitifs. Encore pire, que sait-on réellement aujourd’hui des commanditaires et pourquoi le juge Kéba Mbaye avait démissionné ? N’apprenons pas à nos enfants des histoires tronquées.
Avec autant de nœuds sur le processus électoral enclenché, peut-on tout bonnement se dire, qu'il n'y a pas le feu, faisons fi de ce qui se passe, de la réalité sur le terrain et organisons les élections après on verra ? Nous allons voir quoi ? Des contestations sans fin toutes légitimes ? Des émeutes ? Des lendemains sombres que le fauteuil vacant de président à compter du 2 avril ne pourra plus gérer ?
À mon humble avis, le président Sall a fait ce qu'il fallait faire. A-t-il raison ?
Au moins, il a pris à temps ses responsabilités. Aux autres d’en faire autant dans l’intérêt supérieur de la nation et non des intérêts partisans et ambitions personnelles d’organiser quoi qu’on risque, des élections dans un pays déchiré qu’on ne pourra même pas gouverner après. Macky est un homme déjà averti. Il n'a certainement plus envie de ce pouvoir piégé pour ne pas dire assez puant. Heureusement, il reste conscient que sa responsabilité est engagée sur le présent et dans les suites de ce qui pourra arriver. Il semble vouloir l’assumer. En effet, le scrutin du 25 février 2024 étant mal engagé, mieux vaut prévenir que guérir.
Le sort du Sénégal est plutôt lié à une bonne élection de son prochain président, qu’à un scrutin organisé vaille que vaille le 25 février 2024. À sa place, beaucoup, sinon tous ceux qui briguent le fauteuil présidentiel aujourd'hui, feraient de même. Ou bien, simplement incapables de prendre une décision, ils laisseraient s'installer d’emblée le chaos ou l'instabilité sans véritables autres acteurs pour y remédier que les forces armées, qui n'ont point besoin de se mêler de problèmes que d'autres, par égoïsme ou narcissisme, ont volontairement ou inconsciemment créés. C’est facile quand on n’assume aucune responsabilité de donner des leçons.
Le savoir et l’action ne sont utilement solidaires que dans la bonne pratique là où le temps apprend à se bonifier mais non à se hâter vers l’incertain. Macky ne se présentera plus. Il a sûrement envie de partir le plus rapidement possible de ce volcan en éruptions que nous avons tous activé. Nous, populations qui nous laissons facilement embarquer depuis longtemps par des politiciens parfois malhonnêtes et calculateurs, usurpateurs à outrance de la voix et de l’opinion du peuple, politiciens professionnels de tous bords qui ne pensent qu’à leurs dividendes, enfin société civile et médias partisans qui ne savent même plus s'en cacher. C’est dommage que beaucoup de personnes de l’entourage du président et ses détracteurs ne le croient plus pour des raisons diverses. Seulement, ils n’ont pas été confrontés comme il l’est aujourd’hui, et certainement aussi fréquemment, des années durant, à la solitude et à la responsabilité de devoir décider pour l’avenir et la sécurité de tout un peuple.
Qu’à cela ne tienne, c’est son destin, comme il l’avait lui-même choisi. Maintenant, il doit faire, en son âme et conscience, ce qu’il pense être le mieux pour ce pays. Personne ne le fera à sa place. Le temps du peuple et le temps de la République peuvent logiquement et lucidement s'accorder, du temps minimum utile pour se mettre en phase, se rattraper et avancer durablement, plutôt que de faire un forcing aveugle, se casser les dents et rentrer dans le giron des incertitudes. C’est important d’avoir un nouveau président et il le faut absolument. Mais restons lucides et ne sous estimons pas nos capacités à résoudre nos problèmes. Les soi-disant démocraties majeures dont on se réfère, qui nous regardent et qui nous jugent, ne vont pas assumer nos erreurs et nos errements. Que tous les acteurs de l'élection présidentielle du 25 février 2024 dont les candidats validés ou non validés à la candidature, prennent un peu de recul, reconsidèrent pour certains leur position et leur responsabilité dans ce qui se passe et que le processus soit relancé sur de meilleures bases. Quel serait leur choix, leur décision face aux multiples problèmes soulevés et vécus s’ils avaient en charge les destinées du Sénégal ?
Qui peut le plus peut le moins.
Si le souci du président Sall est d’être l’arbitre d’un processus électoral transparent, que tous les acteurs se mobilisent pour l’organisation et la maitrise de l’élection présidentielle reprogrammée. Politiquement majoritaires, si tous les anti-reculs se réunissent et décident de travailler pour un consensus, ils mettront encore davantage le bloc BBY-APR -Macky en minorité et lui imposeront, dans l’intérêt véritable du peuple, la meilleure voie de s’offrir un président incontestable, élu sur la base de règles engageant tout le monde. Cela est possible si c’est vraiment la démocratie que nous voulons consolider et non des agendas personnels, au détriment du peuple partagé entre des centaines de prétendants dont chacun devrait connaître ses véritables limites. Qui peut le plus peut le moins. Que les forces politiques de ce pays profitent de cette brèche ouverte par le président Sall et l’obligent à tenir un dialogue sincère en vue seulement d’organiser des élections transparentes, inclusives et incontestables que lui-même, après avoir démissionné de la présidence l’APR pour montrer sa bonne foi, en soit le garant, es-qualité de gardien de notre souffrante Constitution qu’il faut, après coup, songer à bien soigner.
C’est à cela que nous appelons aujourd'hui, tous les acteurs qui concourent pour offrir une vie en harmonie à notre nation, pour qu'ensemble, épaule contre épaule, nous relevions le défi de la stabilité socio-économique, le défi de la maturité politique et institutionnelle et enfin celui de la résilience nationale fondatrice des libertés et du développement. C’est en cela que nous interpellons aussi le président de la République du Sénégal et non à celui de l’APR BBY, pour qu’il ne se donne plus dans le court terme d’autres priorités que celles de bien restaurer, avant qu’il ne mette pied à terre, le gouvernail de notre bateau que la tempête a bien endommagé.
Aliou Lam est président du Mouvement Ensemble pour le Vrai Changement.