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25 avril 2025
Développement
DANGER DE MORT AU-DESSUS DE LA TÊTE DES FAMILLES DÉMUNIES
À l’instar de plusieurs quartiers de la banlieue dakaroise, Guinaw Rails et Thiaroye sur mer font face à l’équation des bâtiments menaçant ruine. Un danger permanent pour des familles partagées entre le marteau des dépenses courantes et l’enclume du loyer
La célébration du Maouloud draine déjà des foules vers divers horizons du pays. Malgré cette ferveur, le quartier Guinaw Rails grouille de monde. L’activité commerciale bat son plein. Fatou Ndiaye propose du petit déjeuner. Les bols de sauces sont à l’étroit sur sa table. Ses clients s’installent petit à petit. Et le débat s’intensifie autour de la violence dans le championnat national populaire « Navétane ». Il faut de la patience pour les embarquer dans une autre discussion, celle des bâtiments menaçant ruine. « Il y en a en pagaille », dit Fatou, sereine, la cafetière à la main. Après cette assurance, elle indique une maison R+2 à l’angle. La façade est décrépie, les murs lézardés, les fers à béton rouillés visibles de loin. Et pourtant, des familles y vivent toujours. « Une vingtaine de personnes habitent dans cette maison en location. Leur sécurité n’est plus assurée. À chaque saison des pluies, je crains pour leur intégrité physique », compatit la restauratrice. Sirotant sa tasse de café, le maçon Ibrahima Coundoul s’inquiète de l’état de certaines bâtisses. « Le chantier sur lequel nous travaillons actuellement à Guinaw Rails Sud a été démoli après l’effondrement de la dalle. De nombreuses familles vivent aujourd’hui dans des maisons menaçant ruine. Elles courent d’énormes risques », alerte-t-il. À quelques pas, des enfants jouent sous le balcon d’un bâtiment à deux étages. Les murs décrépis et lézardés mettent en évidence des bouts de fer à béton rouillé. Au rez-de-chaussée, Aïssatou Gaye fait le linge. Le danger est permanent, elle le sait, la peur au ventre. « Nous craignons pour nos vies. Pendant la saison des pluies, nous ne dormons que d’un seul œil. En plus des dalles qui suintent, nous sommes hantés par l’effondrement des vieux bâtiments comme c’était le cas, il y a quelques jours, à Thiaroye Gare », regrette-t-elle, le visage pâle. Sa colocataire embouche la même trompette. C’est dans la véranda qu’Adama Diop prépare le déjeuner. Vu l’état de dégradation très avancé de leur maison, elle n’imagine même pas y rester encore longtemps. C’est une question de temps et d’opportunités. « Nous avons peur pour nos vies. Le bâtiment ne tiendra pas longtemps. À la moindre occasion, je quitte la maison. Notre sécurité n’est plus garantie », reconnaît-elle, assurant être à la recherche d’un autre logement.
Le handicap du loyer cher
Dans une rue de Thiaroye sur mer, l’ambiance est assurée par des enfants courant derrière le ballon rond. Ils jubilent, crient et se plaignent souvent du passage des automobilistes. Non loin de leur aire de jeu, un bâtiment attire forcément les regards. Ses murs en piteux état le détachent du lot des maisons joliment carrelées. Il y en a beaucoup dans cet état de délabrement, d’après Ousseynou Samb, un habitant du quartier. « Les bâtiments en ruine sont légion dans la banlieue. Et la menace est grandissante. Nous avons tous une pensée pour les familles qui y vivent, notamment en période d’hivernage », indique Ousseynou, le cure-dent entre les dents.
Aïssatou Gaye est obligée de vivre dans un bâtiment en état de délabrement avancé, la peur au ventre. « Je n’ai pas les moyens de me payer un appartement, les prix proposés sont très chers. En plus, le versement de la caution est actuellement passé de trois à quatre mois », se désole-t-elle, amèrement. Adama Diop n’a également pas le choix. Elle affronte la peur en attendant de trouver mieux. Mariée et mère de cinq enfants, elle espère sortir un jour de ce calvaire. « Nous voulons quitter. Le problème, c’est où et comment partir ? Nous payons la chambre à 15.000 FCfa depuis plusieurs années. Avec cette somme, il est impossible de trouver une pièce dans un quartier de la banlieue. Donc nous n’avons pas le choix », se résigne Adama. Vêtu d’un boubou traditionnel gris, Abdoulaye Sèye nous invite à visiter sa chambre à Thiaroye sur mer. Le jeune menuisier métallique, hanté par l’état du bâtiment, s’est servi de tubes en fer pour atténuer les risques d’effondrement. Trois y sont installés au total, en attendant de trouver une chambre où il pourra vivre en toute quiétude. « Personne n’aimerait vivre constamment sous la menace d’un tel danger. Nous y vivons en attendant de trouver des logements plus sécurisés, plus confortables », dit-il. Lui aussi, il se heurte à l’équation de la cherté de la location et au paiement de la caution.
Les bailleurs pointés du doigt
Entre bailleurs et locataires, les relations sont souvent tendues. Abdoulaye Sèye dénonce un manque de considération de certains propriétaires de maison, qui, dit-il, ne sont intéressés que par les versements mensuels du loyer. « Nous avons à plusieurs reprises alerté notre bailleur. Il a toujours fait la sourde oreille. Quand il s’agit de réfectionner, il disparaît », se plaint Abdoulaye. Adama Diop partage ses complaintes. Pour lui, une capacité d’anticipation des bailleurs aurait permis d’atténuer les risques et permettre aux locataires de vivre en toute sécurité. « La plupart des bailleurs sont insensibles à la souffrance des locataires. On ne les voit qu’à la fin de mois alors qu’une meilleure collaboration aurait permis de bien entretenir la maison », lâche la dame.
Cependant, une réfection pourrait exposer sa famille. Car, « après réfection, les bailleurs font de la surenchère. Les tarifs passent automatiquement du simple au double. Les familles démunies en souffrent énormément », déplore-t-il. Ousmane pointe également du doigt l’attitude des bailleurs, qu’il juge « irresponsable ». « C’est anormal que la location passe du simple au triple en l’espace de quelques années. Exiger quatre mois de caution, c’est de l’usure. Et quand ils vous demandent de sortir, pour réfection, sachez que c’est fini pour vous. Ils céderont les chambres aux plus offrants », s’offusque Ousseynou Samb.
DES GENS PENSAIENT QU'UN GARDIEN NOIR NE POUVAIT PAS ÊTRE BON
Grâce à une décision égyptienne, Joseph-Antoine Bell est recruté en 1985 par l’Olympique de Marseille. Il y devient un des meilleurs gardiens du championnat et y rencontre un certain Bernard Tapie
Jeune Afrique |
Alexis Billebault |
Publication 12/08/2022
L’Olympique de Marseille (OM), le championnat de France, et bien sûr Joseph-Antoine Bell peuvent remercier les autorités sportives égyptiennes d’avoir décidé, en 1984, de ne plus accueillir de joueurs étrangers pour la saison 1985-1986, alors qu’il évoluait depuis 1981 à Arab Contractors, un club du Caire. Sans ce choix, dicté par un protectionnisme qui ne disait pas son nom, Joseph-Antoine Bell n’aurait sans doute jamais évolué en France, à Marseille d’abord, puis à Toulon, Bordeaux et Saint-Etienne.
« À l’époque, des rumeurs laissaient entendre que le chef de l’État égyptien, Hosni Moubarak, m’appréciait, et qu’il allait m’accorder une dérogation pour que je puisse continuer à jouer en Égypte, se souvient l’ex-gardien des Lions indomptables. Je n’ai jamais su si c’était vrai. »
L’entregent des journalistes
Pendant ses études en France, au mitan des années 70, Bell avait évolué dans quelques clubs amateurs de l’Île-de-France. Mais c’est en Afrique, à l’Union de Douala d’abord, puis à l’Africa Sports (Côte d’Ivoire) et en Égypte qu’il s’était bâti une solide renommée, titres à l’appui et réputation d’homme intelligent et de caractère en sus. Lors de la Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire, Jean-Philippe Réthacker, journaliste français à L’Équipe, affirme, lors d’une interview, qu’il a toute sa place en Division 1 française.
Une autre plume de la presse sportive, Jacques Thibert, de France-Football, abonde quelques mois plus tard, au Caire. « À ceci près qu’il avait ajouté qu’il pouvait me mettre en relation avec des gens qui pourraient m’ouvrir quelques portes en France, si un jour j’étais intéressé pour venir y jouer », restitue Bell.
Les conséquences concrètes de la concurrence imposée par Wave sur le mobile money en Afrique de l’Ouest se font sentir. À l’occasion de la présentation de ses résultats du premier semestre 2022, l’opérateur télécoms Sonatel, dirigé par Sékou Dramé, a annoncé que la contribution d’Orange Money au chiffre d’affaires du groupe ouest-africain présent au Sénégal, au Mali, en Guinée, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone a reculé de 2,9 % en un an. Avec un chiffre d’affaires de 65,3 milliards (en baisse de 15,5 % sur un an) de francs CFA à fin juin, Orange Money représente désormais 9,1 % des revenus de Sonatel, contre 12 % en 2021.
Révision des prix
Cette décroissance du chiffre d’affaires était à prévoir depuis qu’Orange Money a adapté ses offres dans l’ensemble de ses marchés – excepté en Sierra Leone – pour contrer l’impact de Wave et de ses taux à 1 % sur les transferts d’argent, couplé à la gratuité des dépôts et retraits et aux paiements de factures sans frais. Au Sénégal, la filiale de l’opérateur français, qui compte 3 millions d’utilisateurs actifs de ce service, applique par exemple un taux de 0,8 % sur les transferts et a supprimé les frais de retrait tout en gardant le dépôt d’argent gratuit.
Grâce à cette stratégie, Orange Money chez Sonatel est parvenue à accroître de 9,4 % le nombre de ses clients actifs. Rapportée au revenu par utilisateurs qui a quant à lui fondu de 23 %, cette progression n’a néanmoins pas permis à elle seule de compenser les pertes.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le débat sur la prééminence de certains choix scolaires par rapport à d’autres demeure subsidiaire, car une société en développement économique a besoin de tous ses citoyens bien formés dans tous les domaines
La science a atteint des avancées spectaculaires au cours des deux derniers siècles et les pays les plus développés rivalisent aujourd’hui dans les inventions scientifiques et technologiques. De la physique quantique à l’intelligence artificielle, tous les domaines d’activité de la vie quotidienne sont imprégnés de ces progrès qui ont énormément facilité nos vies. Les limites du savoir sont constamment repoussées dans tous les domaines et les pays occidentaux et asiatiques sont très souvent à des années-lumière en avance sur le continent africain dans les découvertes scientifiques. Dans son célébrissime message adressé à la jeunesse nigérienne et africaine, l’illustre Cheikh Anta Diop insistait sur la nécessité absolue de passer par la science et la recherche scientifique pour reprendre notre patrimoine culture. « Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents… » prophétisait-il.
Inutile antagonisme des disciplines
Lorsqu’on parle des limites du système scolaire et universitaire sénégalais, il est courant d’entendre des critiques formulées envers la pléthore d’étudiants inscrits à la Faculté des Lettres et Sciences humaines. Au niveau de l’enseignement secondaire général, les parcours scolaires qui mèneront plus tard à ces études universitaires, jugées moins prometteuses, essuient également de sévères dénigrements. En toile de fond, une profonde et inutile opposition est entretenue entre les élèves engagés dans des voies plus littéraires et ceux qui se destinent dans des profils plus scientifiques. C’est un biais cognitif qu’il convient toutefois de combattre dans un pays qui a encore de grands efforts à fournir dans l’augmentation du nombre d’élèves de 16 à 20 ans qui fréquentent les lycées.
Dans le dernier rapport national disponible (2018) sur l’éducation produit par le ministère de l’Éducation nationale, on estimait à 1 002 190 d’individus la population scolarisable au secondaire. Pour une population nationale globale de presque 17 millions dont plus de la moitié ont moins de 20 ans (ANSD, 2018), il apparaît clairement qu’une bonne partie de cette frange de la jeunesse se trouve ailleurs que dans les établissements scolaires. L’accessibilité à une éducation de masse et de qualité, quelle que soit la banche choisie par le jeune, demeure donc l’un des plus grands défis à relever en matière éducative au Sénégal. Un débat sur la prééminence de certains choix scolaires par rapport à d’autres demeure subsidiaire, car une société en développement économique a besoin de tous ses citoyens bien formés dans tous les domaines. Par exemple, une école moderne et performante, prototype d’une société, a autant besoin d’enseignants que de professionnels non enseignants (psychologue, psychoéducateur, technicien en éducation spécialisée, infirmiers, orthophoniste, orthopédagogue, etc.). Des métiers qui se forment dans les départements de sciences humaines.
Le rôle central des Social Scientist n’est plus à démontrer dans les grandes entreprises. La sociologie, la psychologie et l’anthropologie mènent un travail sur l’humain. Ainsi, les grandes firmes comme Amazon, Google, IBM, etc. cherchent constamment à mieux comprendre le consommateur dans ses comportements, ses opinions et ses attentes afin d’y répondre de façon adéquate. La Silicon Valley engage depuis longtemps des sociologues dans ses départements de Recherche et Développement. C’est donc dire que dans le monde d’aujourd’hui, la séparation est quasiment mince entre les disciplines ; ce qui est davantage important c’est d’avoir un système d’enseignement et de formation de qualité qui produit des diplômés avec des compétences transversales. Cela n’empêche pas tout de même la spécialisation dans des domaines précis qui demandent des qualifications spécifiques et pointues. Toutefois, cela ne saurait suffire sans le développement de compétences dites du 21e siècle telles que la communication, la collaboration, la pensée critique, la créativité et l’innovation. Les systèmes éducatifs adaptés aux besoins du marché y préparent leur jeunesse.
Parcours professionnels et conditions minimales
Dans la conception populaire, la formation technique et professionnelle est perçue comme une panacée dans le discours politique. Il ne faut pas toutefois oublier que cette avenue académique, pour être efficiente, doit d’abord correspondre aux besoins et intérêts de l’élève. D’ailleurs, dans les pays qui en comprennent réellement les enjeux, le choix du parcours professionnel et technique est offert très tôt à l’élève dès le premier cycle de l’enseignement moyen. Il s’agit d’un profil destiné aux élèves qui éprouvent de grandes difficultés académiques dans les matières de base. C’est donc un parcours de formation axée sur l’emploi qui permet à l’élève, en plus de consolider la maîtrise de certains apprentissages, de pouvoir effectuer des stages en milieu d’emploi dans des métiers semi-spécialisés qui ne nécessitent pas de grandes capacités intellectuelles. De même, au niveau de l’enseignement secondaire, contrairement à l’enseignement général préuniversitaire, le volet de l’enseignement professionnel et technique permet de combler les besoins en main-d’œuvre des industries. Il prépare les élèves qui s’y engagent à intégrer le marché de l’emploi dès l’obtention de leur diplôme après 2 à 3 ans d’alternance d’études et de séjour en milieu professionnel.
Néanmoins, dans le cas du Sénégal, la promotion de ce parcours verrait toute son importance si et seulement si le pays accordait une grande importance au secteur industriel afin, d’une part, de donner une réelle signification aux apprentissages et, d’autre part, d’absorber rapidement les besoins en emploi des nouveaux diplômés. C’est pour cette raison également que le modèle économique du président Ousmane Sonko basé sur l’industrialisation prend tout son sens.
Dans la foulée de la mondialisation la Chine l’Inde et les pays d’Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie, Philippines, etc.) sont devenus les usines du monde, offrant aux grandes entreprises internationales délocalisées sur leur sol une main-d’œuvre certes bon marché, mais surtout qualifiée. Un environnement des affaires favorables, au-delà de la réduction des réglementations contraignantes et la création d’institutions juridiques, c’est avant tout la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée.
Lamine Niang est gestionnaire scolaire.
LA LISTE DES 165 DÉPUTÉS ÉLUS AUX LÉGISLATIVES
Le Conseil constitutionnel a publié jeudi soir les résultats officiels et définitifs des élections législatives du 31 juillet 2022 au Sénégal, avec la liste des 165 députés élus pour un mandat de cinq ans
Les députés élus au scrutin départemental majoritaire
- Coalition Benno Bokk Yaakaar
Malick Fall
Fatou Diané
Karim Sène
Mame Fatou Ndiaye
Seydou Dianko
Adama Boucounta Thior
Adama Diallo
Ndeury Loum
Abdoulaye Saydou Sow
Amy Ndiaye
Mouhamad Dieng
Fanta Sall
Aly Ndao
Mandiaye Kébé
Papa Mademba Bitèye
Astou Ndiaye
Aly Mané
Soukèye Ba
Ousmane Sylla
Moussa Souaré
ldrissa Baldé
Khadidiatou Thiam
Mamadou Cissé
Coumba Ndiaye
Mamadou Oury Baïlo Diallo
Aminatou Diao
Aly Ngouille Ndiaye
Haniyeu Mbengue
Thioro Fall Ndiaye
Demba Ka
Daouda Dia
Raqui Diallo
Mamadou Diaw
Ramata Saydou Mbodji
Aliou Demba Sow
Amadou Mame Diop
Sokhna Mbodj
Abdoulaye Daouda Diallo
Yetta Sow
Oumar Souvané Cissé
Kardiata Diol
Ibrahima Baba Sall
Amy Yaya Diallo
Djimo Souaré
El Ibrahima Ndiaye
Tening Diao
Bilaly Ba
Awa Diagne
El Hadji Omar Youm
Yacine Ndao
Omar Sy
Madeleine Ndour
Dial Sané
Ibrahima Sakho
Aminata Ndao
Sokhna Ba
Barane Fofana
- Coalition Wallu Sénégal
Ndiaga Niang
Mame Diarra Fam
Cheikh Aliou Bèye
Fatou Guèye
Moussa Fall
Cheikh Abdou Mbacké
Sokhna Astou Mbacké
Cheikh Thioro Mbacké
Fatma Mbodji
Serigne Abdou Mbacké Ndao
Mady Danfakha
Ousmane Thiam
Maïmouna Sow
Aliou Guèye
Mame Bousso Guèye
Amadou Diallo
- Coalition Yewwi Askan Wi
Barthélémy Toyé Dias
Fatou Ba
Babacar Mbengue
Ndialou Bathily
Abass Fall
Ndèye Yacine Ngouda Diène
Serigne Abo Mbacké Thiam
Ahmed Aïdara
Rama Cissokho
Fatou Sow
Modou Bara Gaye
Oumar Cissé
Rokhaya Diop
Mame Saye Ndiaye
Abdou Dieng
Babacar Mbaye
Anta Gaye
Chérif Ahmed Dicko
Fatoumata Dabo
Mohamed Ayib Salim Daffé
Nafi Fofana
Birame Soulèye Diop
Arame Ndiaye
Alassane Ndoye
Lémou Touré Ndiaye
Fatou Gaye
Massata Samb
Bacary Diédhiou
Gnima Goudiaby
Alphonse Mané Sambou
Guy Marius Sagna
Oulimata Sidibé
Lamine Faye
Mohamadou Mansor Kébé
Aïcha Touré
Gora Ndoye
Alioune Sall
Ndèye Satala Diop
lbrahima Diop
Les députés élus au scrutin de la liste nationale
- Coalition Bokk Gis Gis/Liggeey
Papa Diop
- Coalition Alternative pour une Assemblée de rupture (AAR Sénégal)
Thierno Alassane Sall
- Coalition Benno Bokk Yaakaar
Aminata Touré
Amadou Ba
Aïssatou Sow
Abdoulaye Diouf Sarr
Mariama Sarr
Abdoulaye Baldé
Aminata Guèye
Cheikh Tidiane Gadio
Sokhna Dieng
Mouhamadou Ngom
Ndèye Lucie Cissé
Nicolas Ndiaye
Sira Ndiaye
Demba Diop
Mariétou Dieng
Abdou Mbow
Mame Guèye Diop
Seydou Diouf
Aminata Dia
Cheikh Abdoul Ahad Mbacké
Adji Diarra Mergane
Cheikh Seck
Ndèye Fatou Guissé
Malick Diop
Yéya Diallo
- Coalition Les Serviteurs/MPR
Papa Djibril Fall
- Coalition Wallu Sénégal
Abdoulaye Wade
Rokhaya Diouf
Mamadou Lamine Thiam
Woraye Sarr
Mamadou Lamine Diallo
Khady Dièye
Abdoulaye Diop
Nafissatou Diallo
- Coalition Yewwi Askan Wi
Oumar Sy
Daba Wagnane
Malick Kébé
Awa Diène
Samba Dang
Fatou Sagna
Bassirou Goudiaby
Rokhy Ndiaye
Sanou Dione
Aminata Dieng
Assane Diop
Syra Ndoye Sall
Mamadou Niang
Ramatoulaye Bodian
Thierno Diop
Sokhna Ba
Ismaïla Diallo
LES WADE AU CENTRE DU JEU
Bien soutenus par les électeurs au point de peser dans la configuration de la nouvelle Assemblée nationale au sortir des législatives, l'ex-président et le PDS peuvent envisager la réhabilitation de Karim avec plus d’atouts
Pas assez forts pour décider seuls du nouvel agenda qui se précise au sortir des Législatives, mais bien soutenus par les électeurs au point de peser dans la configuration de la nouvelle Assemblée nationale, le président Wade et le PDS peuvent maintenant envisager la réhabilitation de Karim Wade avec plus d’atouts en main. Mais les intérêts des uns et des autres ne sont pas convergents dans ce dossier…
Début septembre, après la proclamation définitive des résultats des Législatives du 31 juillet dernier par le Conseil constitutionnel, l’installation de la 14e législature devrait être l’opportunité pour le président Abdoulaye Wade d’inscrire un nouveau trophée tout en symboles dans son riche palmarès.
En effet, doyen d’âge des nouveaux élus ‘’sachant lire et écrire la langue officielle’’, en vertu de l’article 9 du règlement intérieur de la place Soweto, au début de la législature, il doit assurer la présidence de la première séance jusqu’à l’élection du président. ‘’Il sera assisté par les deux plus jeunes, sachant lire et écrire la langue officielle, pour assumer les fonctions de secrétaire. Il fait procéder à l’appel nominal des députés. Après avoir fait constater que le quorum est atteint, il déclare la séance ouverte’’, précise le texte et ‘’aucun débat ne peut avoir lieu sous la présidence du doyen d’âge, sauf s’il porte sur des questions de procédure relatives à l’élection en cours’’. Clap de fin et retour au réel.
Il est fort probable que ‘’Gorgui’’ n’en fera rien et qu’il agira comme en 2017, quand il avait démissionné de son poste après son élection, laissant cette charge honorifique à Abdoulaye Makhtar Diop, l’actuel Grand Serigne de Dakar, qui terminera la législature comme vice-président de l’institution. Au-delà de l’endurance du personnage, la présence de l’ancien chef d’Etat dans les joutes électorales, à 96 ans passés, dénote son entêtement à réaliser ce qu’il n’a pu faire en passant la main en 2012, à savoir porter au pinacle l’héritier qu’il s’est choisi, son dernier projet politique, le dernier chapitre de sa saga personnelle.
Bien plus qu’un héritage à léguer, à travers son fils Karim Wade, c’est une entreprise contrariée qu’il entend restaurer, un agenda décalé qu’il veut réactualiser. Dans une ultime poussée, la tête en avant, comme le sprinter le ferait sur la ligne d’arrivée, le fondateur du PDS veut toujours peser sur le jeu politique pour remettre en selle le dauphin qu’il s’est choisi, en soldant ses comptes tout en étant au cœur des habituelles recompositions des veilles d’élection présidentielle.
Si beaucoup l’ont présenté comme l’un des grands vainqueurs du dernier scrutin, c’est qu’il a adhéré à la dynamique unitaire de l’opposition, en adoubant l’alliance électorale Wallu-Yewwi Askan Wi, avec la possibilité d’obtenir un groupe parlementaire (et même plus) constitué des seuls 24 députés de sa coalition menée par le PDS et le pouvoir d’influencer le contrôle de l’Assemblée nationale. En un mot comme en cent, il est à nouveau faiseur de rois. Sans lui, Yewwi Askan Wi sera une forte opposition parlementaire avec certes beaucoup de postes dans le bureau de l’Assemblée nationale, mais pas plus. Avec lui, la coalition Benno serait largement majoritaire. Mais ce cas de figure est-il seulement envisageable ? Douze ans sont passés et le temps a fait son œuvre.
Nouvelle légitimité
Malgré une ‘’canonisation’’ avant l’heure par le président Macky Sall avec le baptême du stade de Diamniadio à son nom, Abdoulaye Wade a sans doute la rancune tenace. Du moins, si l’on en croit le politologue Mamadou Sy Albert qui parle de ‘’raison personnelle’’, de ‘’contentieux lourds non encore soldés’’ et de ‘’revanche’’ à propos des relations entre les deux hommes. Malgré la médiation du khalife général des mourides, illustrée par leurs retrouvailles le 27 septembre 2019, lors de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Jinaan de Dakar, le politologue fait remarquer que ‘’contrairement à sa promesse d’alors, Macky Sall ne lui a pas rendu visite en retour et de manière publique’’.
Pourtant, en lui passant le témoin en avril 2012, Me Wade avait demandé à son parti de soutenir son successeur. Mais la traque des biens mal acquis est passée par là, suivie de l’emprisonnement de Karim Wade à cinq ans de prison avec 165 milliards F CFA d’amende, son ‘’exil’’ au Qatar et son inéligibilité ; il y a eu aussi le démantèlement du PDS avec la transhumance vers la majorité de plusieurs de ses figures.
Si le président Macky Sall voulait réhabiliter le père tout en maintenant le statu quo pour le fils, les électeurs ont vu la chose autrement, en remettant le PDS en selle. Et voici venue donc l’heure d’arracher par la représentativité politique ce qui devait s’obtenir par un échange de bons procédés. Après le scrutin législatif, Karim Wade donnait des indices de ce que pourrait être leur nouvelle posture, étant entendu que la volonté des Wade est synchrone : ‘’Nous nous mobiliserons pour le vote de lois nécessaires afin de rebâtir, sans esprit de revanche, un Sénégal réconcilié avec lui-même’’, disait l’ancien chantre de la Génération du concret.
En clair, exit la posture du demandeur ; le PDS et les ‘’karimistes’’ veulent recouvrer ‘’leur dû’’. En ont-ils seulement les moyens ? La formation libérale a ressuscité, du moins est-elle sortie de sa torpeur. Depuis les Législatives de juillet 2012 qui ont suivi la défaite à la Présidentielle de la même année, elle avait perdu tous les scrutins, alors que Benno Bokk Yaakaar étendait ses tentacules.
Depuis le 31 juillet dernier, forts de la légitimité offerte par 471 517 électeurs et trois bastions (Mbacké, Pikine et Salémata) dans l’escarcelle, le Sopi s’est positionné comme la troisième force parlementaire. Très vite, le dossier de la réhabilitation de Karim Wade, par amnistie ou par une improbable révision de son procès, remontera dans l’agenda des priorités. Une programmation que le PDS partage nécessairement avec Taxawou Sénégal, le mouvement né des flancs du PS et qui porte les ambitions de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, lui aussi toujours inéligible.
Mais Macky Sall a toujours la main dans le ‘’jeu’’ en cours depuis dix ans maintenant. Il n’est pas sûr que tous les candidats déclarés à la Présidentielle de 2024 voient d’un bon œil ce retour annoncé dans la course de futurs adversaires…
Par Vieux SAVANE
2024, C’EST PARTI
Pas de cohabitation parlementaire souhaitée par l’opposition, reste alors à savoir si les différentes coalitions aux dernières élections législatives pourront «gouverner» ensemble, condamnées qu’elles seront au télescopage de leurs ambitions respectives
Maintenant que le député de Bokk Gis Gis, Pape Diop, a «pris en toute responsabilité, après mûre réflexion, la décision de rejoindre le groupe parlementaire qui sera mis en place par la coalition du pouvoir Benno Bokk Yaakaar», s’éloigne la cohabitation parlementaire que souhaitait l’opposition. Reste alors à savoir si les différentes coalitions qui sont allées ensemble aux dernières élections législatives pourront «gouverner» ensemble, condamnées qu’elles seront au télescopage de leurs ambitions respectives.
A l’évidence Taxawu Senegal et Yewwi Askan Wi auront chacune un candidat à l’élection présidentielle de 2024 comme l’a d’ailleurs réitéré Barthélémy Dias, député-maire de Dakar, en réaffirmant que son candidat demeure Khalifa Sall. Tout comme l’Alliance pour la République (Apr) qui sera dans la course, il faudra compter avec le Parti démocratique sénégalais (Pds) pour jeter toutes ses forces dans la bataille afin que son chef de file, Karim Meïssa Wade, «exilé» à Doha, puisse revenir au bercail et y recouvrer ses droits civiques. Que ce soit par une grâce présidentielle ou le vote d’une loi d’amnistie, une telle éventualité englobera forcément Khalifa Sall.
En tout état de cause, alors qu’il est parfois agité l’idée de regroupement de la famille libérale, se profile l’impossibilité de voir Karim Wade, patron du Pds, s’aligner derrière un candidat de l’Apr ou vice-versa. La présidentielle de 2024 est donc annoncée pour accueillir des candidatures plurielles avec en filigrane un risque d’implosions des partis et/ou coalitions de partis.
Que le Président Macky Sall désigne un dauphin ou une dauphine et voilà que, à l’image d’une armée mexicaine, ça va partir en vrille. Qu’il se résolve à contourner une telle perspective en sollicitant un 3e mandat ne sera pas sans danger vu qu’une telle décision pourrait entraîner une certaine agitation au plan politique et social.
De même, elle contribuera à fédérer l’ensemble des partis ou coalitions de partis contre le président-candidat, chacun y allant de son couplet tout en nouant une sainte alliance contre lui, quitte ensuite à soutenir le mieux placé. Etant donné que désormais, au niveau de la majorité comme de l’opposition, tout sera conditionné par la prochaine élection présidentielle, c’est donc ici et maintenant que se dessinent les stratégies politiques. Il est donc attendu de Taxawu Senegal qu’elle positionne son leader comme une offre alternative au pouvoir en place, tout en veillant à ce qu’il ne soit pas perçu comme un second de Sonko, derrière lequel il va falloir se ranger.
Aussi peut-on subodorer d’ores et déjà que si les deux pôles de l’intercoalition, Yewwi-Wallu, pourraient s’accorder à l’hémicycle sur le vote de certaines lois et/ou projets de loi, il n’est pas certain que l’entente soit sans anicroche, puisque chaque coalition va devoir mettre en branle une stratégie de conquête présidentielle autonome. Et cela d’autant plus que l’on se souviendra des affres de la candidature unique portée en 2000 par Abdoulaye Wade avec le pôle de Gauche (Pit, And Jëf, Ld/Mpt) qui s’était engagé à le soutenir. En effet, la première chose qu’a faite Abdoulaye Wade, est de se débarrasser méthodiquement de tous ces alliés encombrants qui l’empêchaient de vivre en président émancipé. On est donc fondé à croire qu’il y aura en direction de 2024 un émiettement des pôles qui rendra difficile toute qualification au 1er tour.
Si le qualifié est le président sortant, en ce sens qu’il aura sollicité un 3e mandat, il est fort probable que le Sénégal soit en proie à une dynamique de contestation préélectorale avec des risques de dérapages ponctuées de blessés, de vies fauchées, sans compter la possible irruption de l’armée sur la scène politique au cas où la chienlit ferait mine de vouloir s’installer durablement. Un inédit non souhaitable certes, mais qui demeure un danger potentiel à ne point négliger. A moins que surgisse un.e « invité.e surprise » qui puisse susciter une forte attraction autour de son offre programmatique. Toutefois, la présidentielle devant se tenir dans un peu moins de 2 ans, rend peu probable un tel scénario.
En tout état de cause, quelles que soient les réserves exprimées ici ou là, en cette étape de notre histoire commune, la bonne nouvelle est la fiabilité du système électoral sénégalais et subséquemment la prise de conscience par le citoyen-électeur de l’efficience de sa carte électorale. En un mot de son pouvoir de sanction et/ou de promotion. Aussi l’intérêt de tous et de toutes, classe politique, société civile, médias, serait-il de forcer les acteurs à renforcer la crédibilité des institutions et non à les discréditer.
En clair, elles ont rendu possibles deux alternances politiques majeures en 2000 et en 2012, de même que des élections locales et législatives marquées par les formidables percées de l’opposition. Pour peu que seul le Sénégal importe, reste donc en effet à traquer les dysfonctionnements de nos institutions, pour les renforcer, les sécuriser, les crédibiliser, afin que le système puisse obliger tout un chacun à suivre les règles qui s’imposent à tout le monde.
En ce sens, le rapport de la Commission nationale de Réforme des Institutions (CNRI) remis au président de la République, le 13 février 2014, avec des propositions visant à remédier aux dysfonctionnements institutionnels mis en évidence, constitue sans conteste un bon document de travail qui n’attend qu’à être dépoussiéré en vue d’une application conforme aux exigences de la période. Et cela engage toutes les parties, majorité comme opposition. Un travail d’autant plus important que ce qui s’exprime à travers les résultats de toutes ces élections, c’est surtout ce petit quelque chose qui s’appelle l’espoir. Et ni les achats de conscience, ni les débauchages, ni l’étalage d’ infrastructures ne sauraient venir à bout de cette nostalgie de l’excellence. L’oublier, ne pas en tenir compte, c’est se faire hara-kiri.
MACKY CONTRE LA MONTRE
Que fera le président ? Cette question taraude bien des esprits, dix jours après les élections législatives qui ont vu la percée de l’opposition autour de Yewwi et de Wallu
Le temps est la denrée la plus précieuse pour le camp de la majorité présidentielle. A 18 mois de la prochaine élection, cette fois présidentielle, l’horloge politique est bien lancée. Alors que beaucoup pensaient que le mercredi 03 août était la dernière réunion du conseil des ministres, le gouvernement est encore convoqué ce mercredi 10 août, prolongeant le suspense sur fond de grosses manœuvres politiques. Le président s’était replié à Popenguine pour bien refléchir, parce qu’il est clair que toute erreur de casting se paiera cash.
Que fera le président ? Cette question taraude bien des esprits, dix jours après les élections législatives qui ont vu la percée de l’opposition autour de Yewwi et de Wallu. Plusieurs options sont en vérité sur la table. L’une d’entre elles, c’est le retour des enfants bannis de la République. Quatre noms : Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Bâ, Mouhamadou Makhtar Cissé et Aminata Touré. Tous, ont connu des fortunes diverses, après l’élection présidentielle de 2019. Aminata Touré peut bien, sauf entourloupe majeure se retrouver à la tête de l’Assemblée nationale ; ce qui consacrerait pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, une femme à la tête de l’une des institutions les plus prestigieuses du Sénégal. Aucune dame n’a en effet été portée à la tête de l’Assemblée nationale, depuis que le Sénégal est République. Mais le cas d’Aminata Touré intrigue, ‘’car, autant elle semble avoir les capacités et le profil du poste, autant, elle est combattue au niveau de l’Apr où elle est toujours vue comme une étrangère qui a des positions connues sur le troisième mandat’’. Les coups portés contre elle finiront-elles par avoir raison d’elle ? Autres questions majeures, dans le contexte actuel, le président peut-il se passer des quatre nommés, sans coup férir ?
L’on évoque bien d’autres options qui s’offrent au chef de l’Etat. Prendre un PM technocrate sans coloration politique, comme il l’avait fait à son accession au pouvoir en 2012, nommer un PM issu de l’opposition –ce qui est très peu probable- ou enfin choisir un des caciques de son régime. Quelques noms commencent déjà à circuler comme étant pressentis au poste. Parmi eux, il y a celui d’El Hadj Omar Youm qui revient avec insistance, selon des sources généralement bien informées.
Tête de liste de la majorité dans le très disputé département de Mbour, ancien directeur de cabinet du président de la République, ancien ministre en charge des Infrastructures et des Transports terrestres, Monsieur Youm a des atouts considérables dans la course à la Primature. D’abord, il a été capitaine dans le plus grand département remporté par le pouvoir, Mbour, avec ses plus de 330 000 électeurs pour 4 sièges de députés. Ensuite, il y a son parcours dans le Gouvernement et le cabinet présidentiel qui font de lui un sacré candidat au poste. Last but not least, malgré son limogeage surprenant du Gouvernement, en novembre 2020, le maire de Thiadiaye a toujours su rester fidèle au président de la République.
Omar Youm, Aly Ngouille Ndiaye, le retour des bannis
Toujours parmi les caciques du pouvoir qui ont résisté au vent de changement et qui peuvent légitimement nourrir des ambitions, il y a le ministre en charge des Finances Abdoulaye Daouda Diallo, maitre incontesté dans le département de Podor où il a dirigé l’équipe de la majorité, épaulé par les ministres Cheikh Oumar Hann et Aïssata Tall Sall, ainsi que le maire Racine Sy. A l’instar de Mbour, le département de Podor pourrait également valablement espérer une entrée en force dans le Gouvernement où il est déjà assez bien pourvu avec au moins trois postes hautement stratégiques : ministère des Affaires étrangères, ministère de l’Enseignement supérieur et ministère des Finances et du Budget.
Ancien ministre du Budget, ancien ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo peut se targuer d’être parmi les rares collaborateurs du Président à avoir été de tous les gouvernements sans interruption.
Outre Abdoulaye Daouda Diallo et Omar Youm, Abdoulaye Saydou Sow de Kaffrine fait également partie des rares ministres à avoir tenu leur rang, lors de ces élections législatives. Investi tête de liste départemental, le ministre en charge de l’Urbanisme et non moins maire de la commune de Kaffrine a remporté largement le scrutin dans son fief. Légitimement, il pourrait lui aussi rêver de promotion, sauf que l’enjeu électoral est loin de ceux dans les départements comme Podor et Mbour. Dans le même registre, le président de la République pourrait compter sur des compagnons fidèles comme l’ancien occupant du poste avant sa suppression, en l’occurrence Mahammad Boun Abdallah Dionne ou l’ancien ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye victime à l’époque d’un délit d’ambition, selon nombre d’observateurs.
Par ailleurs, le chef de l’Etat pourrait également surprendre en dénichant le profil rare capable de le réconcilier avec l’électorat des centres urbains, en particulier de Dakar et ses environs. Certains pensent déjà à un profil comme le Rufisquois El Hadj Ibrahima Sall, ancien porte-parole du camp présidentiel, lors de la dernière présidentielle. Ancien ministre du Plan de Diouf, l’éminent économiste occupe, depuis lors, le stratégique poste de président de la Commission d’évaluation et de suivi des politiques et programmes publics. Certains n’avaient pas manqué, à sa nomination, de parler de Premier ministre Bis. D’autant plus que le poste avait été supprimé, durant la même période.
Dans tous les cas de figure, le président de la République semble prendre en compte la complexité de la situation dans laquelle il se trouve. Le temps est si court (18 mois), avant la prochaine élection que toute erreur dans les choix risque de se payer cash.
par Ibrahima Thioye
LÉGISLATIVES, ENTRE OMBRES ET LUMIÈRES
YAW arrive à un moment où les exigences de démocratie, de bonne gouvernance sont de plus en plus ancrées dans les esprits. Il faudrait que les hommes avertis du pays s’investissent - soit dans la réflexion, soit dans l’action - pour un changement de cap
Les récentes élections législatives marquent un tournant important dans la vie politique de notre pays. Malgré les couacs qui ont jalonné le processus de validation des listes électorales, le vote s’est déroulé globalement dans de bonnes conditions. Nous avons assisté à une consolidation de la dynamique de bipolarisation enclenchée par YAW depuis les élections municipales, avec cette fois-ci deux forces en présence : l’inter-coalition Yaw-Wallu d’une part et la coalition BBY d’autre part. D’après les premiers résultats, on peut annoncer une grosse percée pour l’alliance Yaw-Wallu et un recul significatif du côté de la coalition au pouvoir. Le principal enjeu de cette élection réside dans le contrôle de l’Assemblée nationale.
Comment peut-on expliquer ces résultats ? Entre autres, je crois que les éléments ci-après y ont largement contribué :
une évolution des déterminants du vote et une émergence d’un électorat jeune impliqué ;
une opposition lucide, dotée d’une stratégie intelligente et efficace ;
un pouvoir qui, d’une part, s’appuie sur un paradigme de maintien au pouvoir présentant des limites et générant des illusions et, d’autre part, met ses propres partisans dans des situations de doubles contraintes et commet des erreurs fatales.
Sont développés ci-après, dans cet article, les éléments ci-dessus évoqués, complétés par une note d’espoir sur l’évolution des paradigmes.
Évolution des déterminants du vote et une émergence d’un électorat jeune impliqué
Les déterminants du vote sont nombreux et mouvants : bilans ou résultats, programme, orientation, crédibilité, lien affectif, argent, vote sanction ou vote utile, etc. Ils sont activés par des processus de communication où la lisibilité occupe une place de taille. Ils dépendent des catégories d’électeurs (diaspora, électeurs des centres urbains, électeurs des zones rurales) et des événements majeurs passés ou à venir. Les événements de mars 2021, les entraves à l’expression des libertés démocratiques ainsi que la prochaine échéance électorale ont largement pesé sur cette élection. La corrélation entre celle-ci et la question du troisième mandat est une évidence.
L’émergence d’un électorat jeune, impliqué, utilisant intensivement les nouveaux moyens de communication, a joué un rôle majeur dans l’évolution des déterminants. S’y ajoute également un vent de patriotisme qui souffle sur le continent ; les populations jeunes aspirent à prendre en main leur destin, en instaurant des relations plus équitables avec la France (indépendance monétaire, patriotisme économique, souveraineté sur nos ressources naturelles etc.) Pour cet électorat, l’orientation patriotique et nationaliste, couplée à la bonne gouvernance, constitue un déterminant important du vote.
Yaw : une opposition lucide dotée d’une stratégie intelligente et efficace
Yaw a emporté une adhésion massive des électeurs en installant dans leur esprit cette bipolarisation selon laquelle YAW incarne le camp progressiste, républicain et patriotique, BBY représente le camp de l’impunité, du népotisme et des deals en tout genre. Du côté de BBY, leur camp représente celui des réalisations concrètes et de la stabilité ; ils estiment que YAW risque d’installer le pays dans l’instabilité et le chaos. Ce processus de bipolarisation a démarré avec les élections municipales. Les leaders de YAW l’ont pérennisé et ont fait mieux lors des élections législatives en s’alliant avec Wallu, apportant ainsi une réponse intelligente pour faire face aux dérives du « raw gaddu » propre au scrutin à un tour unique.
Ils ont aussi plébiscité Ousmane Sonko comme le leader charismatique et incontournable de la coalition, même si Khalifa Sall est le président de la conférence des leaders. Le leadership que l’on a noté du côté de YAW était de très haut niveau : les rôles étaient bien répartis et la bienveillance excluant la langue de bois était de mise. Khalifa Sall et Habib Sy ont joué le rôle de mentors pour Ousmane Sonko, en acceptant même de s’estomper devant lui. Ousmane Sonko a certainement appris auprès de ces « doyens » très expérimentés, tout comme eux aussi ont profité de la force de conviction, de l’énergie et la détermination des jeunes leaders de la coalition.
Cette alliance a imposé le tempo du début à la fin de cette campagne via les thèmes : troisième mandat, lutte contre l’agenda LGBT, bilan immatériel de Macky Sall etc. Ses prises de position ont été efficaces surtout auprès de l’électorat jeune. Elle a su utiliser avec dextérité sa capacité de mobilisation et de lutte et cette habileté à user de sagesse lorsque le camp d’en face s’est résolu à cautionner l’invalidation d’une des listes de YAW dans laquelle figuraient les hauts responsables de ladite coalition. Ils ont opéré un recul, en optant pour un règlement pacifique et démocratique de la situation, se contentant de leur liste de suppléants. S’ils avaient maintenu le mot d’ordre de la manifestation du 29 juin, l’issue aurait été hasardeuse et personne ne pouvait deviner à quoi elle ressemblerait.
BBY : paradigme de maintien au pouvoir, illusions, doubles contraintes et erreurs
Le paradigme de maintien au pouvoir du régime en place présente des limites, mais il a un lien étroit avec l’état d’esprit dominant. Il pourrait s’intituler comme suit : les populations ont des tares et des travers qui tirent leur source dans l’esprit féodal (népotisme, esprit clanique, servitude etc.) et dans l’esprit pragmatique du capitalisme (cupidité, cynisme etc.) ; en les exploitant judicieusement, on peut pérenniser son pouvoir. « Le sénégalais aime la Téranga ; il succombe facilement à la tentation de l’argent (carotte). S’il résiste, il faut le convaincre en passant par sa famille et/ou son marabout (manipulation affective). S’il continue de résister, il suffit de fouiller sa gestion ou de s’assurer qu’il paie bien les impôts (bâton). En utilisant judicieusement ces trois leviers, tu le contrôles. »
Il y a du cynisme dans ce paradigme, mais très souvent les politiciens l’adoptent (partiellement ou totalement) sous la poussée de la real politique. Tout politicien peut recourir à ce paradigme (y compris les opposants d’aujourd’hui lorsqu’ils accéderont au pouvoir demain).
Illusions
L’illusion de généralisation outrancière
Cette illusion est nourrie et entretenue par les faits et gestes de l’entourage du leader. Ceux qui l’entourent l’idolâtrent et lui exposent en permanence leurs tares et leurs travers. Il finit par penser que tout le monde est pareil. C’est certainement le processus qui avait poussé l’ancien président Wade à déclarer que tous les sénégalais avaient un prix. L’autre idée est de penser que tous les intellectuels sont des opportunistes. S’ils s’indignent, c’est juste pour négocier plus tard une sinécure ou une prébende.
Illusion d’omnipotence
En utilisant les leviers « carotte-manipulation affective-bâton » en y enrobant la puissance de l’argent et la toute-puissance de l’État, l’on tombe facilement dans l’illusion d’omnipotence.
Illusion de fixité
Pour les tenants du pouvoir, les déterminants n’évoluent pas et ils sont actionnables partout. On continue d’utiliser l’argent comme levier dans les centres urbains alors qu’il n’y est plus actionnable. Les suffrages sont figés dans le temps. La transhumance est toujours efficace, car les électeurs sont solidement liés aux leaders.
Certaines illusions sont souvent flétries par les acteurs lorsqu’ils sont dans l’opposition, mais arrivés au pouvoir, ils tombent irrémédiablement dans celles-ci.
Doubles contraintes contre les membres de son propre camp
Double contrainte 1 : « Ne parlez pas du troisième mandat » (et c’est moi qui ajoute « même si votre interlocuteur évoque mes anciens propos sur ce sujet. »). Face à une situation pareille, trois possibilités sont offertes :
respecter la consigne et dépourvu de bons arguments vis-à-vis de ses interlocuteurs ;
violer la consigne en disant ce qu’on pense (avec le risque de sanction) ;
éviter les débats et les plateaux de télé.
Le souci de survie pousse la majeure partie des acteurs à adopter la troisième option.
Double contrainte 2 : c’est moi qui traduit en simplifiant : « réfrénez vos ambitions au nom de la loyauté et défendez-moi avec énergie ; le oui ou le non à la question du troisième mandat dépendra de l’issue des échéances municipales et législatives. »
Pour celui qui a des ambitions présidentielles, il va certainement choisir ses combats.
Erreurs
Arbitraires et dérives dictatoriales (arrestations, interdiction de manifestations, meurtres non élucidés, perception d’injustice et d’iniquité à propos du traitement des dossiers issus des corps de contrôle ; complaisance vis-à-vis de certains députés impliqués dans une activité délictuelle, entamant l’image de la précédente législature ; non validation de listes d’opposants etc.)
Refus de promouvoir un dauphin et flou à propos du troisième mandat (ces deux questions sont liées ; cette situation entraîne des déchirures au sein de la coalition au pouvoir : elles ont largement impacté cette élection et sans changement de cap, elles iront crescendo.)
Tentative de réduction de l’opposition à sa plus simple expression (après avoir obtenu le ralliement d’Idrissa Seck, l’idée de sortir Ousmane Sonko du jeu équivalait à tuer l’espoir des jeunes ;
« Création » et « promotion » du phénomène Ousmane Sonko (chaque tentative pour ternir l’image d’Ousmane Sonko n’a fait que renforcer sa popularité).
Note d’espoir sur l’évolution des paradigmes
Les coalitions de l’opposition ont surtout une stratégie de conquête du pouvoir. Nous devons nous intéresser dès à présent à leur paradigme de maintien au pouvoir.
Le nouveau paradigme de maintien au pouvoir devrait être plus ouvert et pourrait s’intituler comme suit : les populations ont des tares et des travers qui tirent leur source dans l’esprit féodal et dans l’esprit pragmatique du capitalisme ; pour se maintenir au pouvoir, il faut s’appuyer essentiellement sur les réalisations et s’appliquer à lutter contre ces tares et ces travers de façon implacable et impitoyable, mais aussi avec intelligence et pédagogie, en commençant par le haut.
On peut cependant retenir qu’une évolution des paradigmes est en cours. La nouvelle génération est moins orientée vers l’esprit féodal (où l’horizon est borné par la famille ou le clan) ; elle a des ambitions plus fortes (libération et développement du pays, voire du continent). L’esprit national et la conscience citoyenne sont en pleine émergence et ils prendront progressivement la place de l’esprit féodal qui est le nid du népotisme exacerbé qu’on retrouve dans tous les pays de la sous-région. Par contre, n’oublions pas que le capitalisme aussi est le terreau de la cupidité. Le pari devrait être de donner le maximum de chance à tout le monde, sans tomber dans le populisme.
Paradigme, stratégie, illusions et erreurs ont un lien avec le niveau de conscience (esprit féodal, conscience nationale). Les populations ont exactement les leaders qu’elles méritent. La coalition YAW arrive à un moment précis où les exigences en termes de démocratie, de bonne gouvernance et de patriotisme sont de plus en plus ancrées dans les esprits. Les réseaux sociaux y ont largement contribué. Il faudrait que les hommes avertis de ce pays s’investissent - soit dans la réflexion, soit dans l’action - pour un changement de cap, en évitant les illusions évoquées plus haut (surgénéralisation, omnipotence, fixité), la vision manichéenne, les simplifications outrancières, et l’esprit de revanche.
Ibrahima Thioye est spécialiste en communication.
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PAPE DIOP REJOINT BBY
Le député élu sur la liste Bokk gis-gis a décidé en conférence de presse cet après-midi, de rejoindre la mouvance présidentielle, lui permettant ainsi d'obtenir les 83 sièges nécessaires pour disposer de la majorité absolue à l'Assemblée nationale
La majorité absolue est finalement acquise pour la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (Bby). Le leader de Bokk gis-gis, Pape Diop a décidé de rejoindre la mouvance présidentielle en la créditant de l’unique siège qui lui manquait pour avoir la majorité absolue.
« J’ai pris, en toute responsabilité après mûre réflexion,, la décision de rejoindre le groupe parlementaire qui sera mis en place par la coalition du pouvoir Benno Bokk Yakaar », a déclaré Pape Diop lors d’un point de presse, ce jeudi 11 août 2022.
Justifiant sa décision, l’ancien maire de Dakar récemment élevé par le président Macky Sall au rang de chevalier de l’ordre national du mérite, déclare que c’est pour « éviter à notre pays un blocage institutionnel ». Selon lui, dans un régime présidentiel comme le nôtre, « une assemblée contrôlée par l’opposition serait un goulot d’étranglement ».
L’ancien président de l’assemblée nationale, soutient n’avoir fait l’objet d’aucune pression de quelque bord que ce soit. « Je suis resté une semaine sans téléphone, sans pression extérieure, pour réfléchir à la décision que je devais prendre ».