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29 avril 2025
Diaspora
par Alioune Tine
ABDU ÉTAIT UN APÔTRE DE LA PAIX
Intellectuel d'une rare densité, socio-anthropologue, il analysait les faits, les événements et les actes avec une impayable force de persuasion, une extraordinaire finesse, et un style voltairien, qui donnait une saveur particulière à ces textes
Abdu Ndukhur Kacc Faye n'est plus. Une terrible nouvelle pour la paix en Casamance. Car Abdu était un apôtre de la paix. Il est mort pour la paix en Casamance.
Le 12 avril, il passe nous voir à Afrikajom Center pour nous informer du travail fantastique qu'il fait sur le terrain, à Oussouye, en Guinée Bissau et nous demandait de l'accompagner. Il rencontrait tous les acteurs pouvant exercer une influence pour une paix définitive. Parlant aux rois de la Basse Casamance, les leaders et combattants du MFDC, mais aussi les autorités politiques et militaires. Travail consistant aussi à nettoyer les terrains infectés par les mines antipersonnels, mais aussi à préserver la forêt.
La Casamance, le Sénégal vient de perdre un apôtre de la paix en Casamance. Il avait un grand amour de cet environnement, des paysages, de la faune et de la flore qu'il photographier avec un art consommé. Intellectuel d'une rare densité, socio-anthropologue, il analysait les faits, les événements et les actes avec une impayable force de persuasion, avec une extraordinaire finesse, et un style voltairien qui donnait une saveur particulière à ces textes qui se dégustait toujours avec ravissement.
À ses parents, ses poches, ses amis et aux casamançais, et au Saloum Saloum, nous présentons nous sincères condoléances.
par Ndukur Kacc Ndao
LES PROCÉDÉS MAGICO-RELIGIEUX AU COEUR DE LA BÊTISE HUMAINE QUI INSISTE ET PERSISTE
Bienvenue au Sénégal bardé de gens qui sont toujours à l'église ou à la mosquée ou dans les bois sacrés et qui prient dans le secret de leur conscience, qu'un adversaire politique ou même un demi frère crève la dalle
Il y a six ans, sur les chemins des Karones, au nord de la basse Casamance. Souvenirs de ce qui fait encore le côté obscure de l'homo-senegalensis. Un peuple de sorcellerie qu'il partage sans doute avec d'autres à travers le monde. Les procédés magico-religieux, des pratiques tout aussi vieilles que l'ère cénézoïque du quaternaire supérieur. Au coeur des pratiques occultes. Une autre façon de se regarder dans la glace.
Toujours dans les interstices des forêts de Kafountine. Je découvre fortuitement sur un baobab des clous sous forme de bois lignifié. Le processus est simple. Clouer mystiquement un adversaire, un ennemi dans les profondeurs des Karones. Avec ce procédé ésotérique, vous enfoncez une amulette avec du bois lignifié dans les entrailles du baobab nain pour lui donner une charge vibratoire négative. Processus très connu de nos milieux qui avec ce bois, nous avons un support plus transitif et plus durable parce que ça peut se dissiper.
Cette pratique ressemble, toute proportion gardée, à la pratique du Wanga dans le Vodou qui consiste à mettre une pression sur une poupée pour lui transférer les charges négatives. Voilà le quotidien d'une grande partie des sénégalais toujours à la recherche de "xaarfafufa ", des pratiques occultes pour tuer "des génies ". Tous leurs rapports à la réussite sont basés sur cette tension occulte de gens qui sillonnent les baobabs du Sine, de la Basse Casamance, pour jeter des sorts contre leurs frères, soeurs, maris ou épouses.
Une société magico-religieuse contre les performants et les performances. Vrai ou pas vrai, d'un point de vue épistémique, entre africains, nous nous connaissons. Admettons que ce sont des pratiques transversales à notre continent. L'anthropologie religieuse comparée produit des pratiques très significatives. Les intensions valent souvent plus que les pratiques. Bienvenue au Sénégal bardé de gens qui sont toujours à l'église ou à la mosquée ou dans les bois sacrés et qui prient dans le secret de leur conscience, qu'un adversaire politique ou même un demi frère crève la dalle. Qui peut lever le doigt pour jurer qu'il n'a jamais marabouté son prochain ?
En attendant, si tout cela fonctionne comme prévu, j'ai enlevé toutes les pointes enchâssées dans ces deux baobabs des Karones sauvant "syllogistiquement" ces emprisonnés du baobab. J'espère qu'ils se sont réveillés et qu'ils ont été exorcisés de Satana ou de l'homo-senegalensis. Quelle imbécilité de clouer même "symboliquement" un être humain dans des baobabs perdus dans ces forêts ou d'autres !
Camus avait raison sur la bêtise humaine. Elle insiste et persiste. Une société magico-religieuse n'est jamais fiable si elle vise à tuer nos génies transformateurs de progrès.
par l'éditorialiste de seneplus, Oumou Wane
PAR IMPULSIVITÉ, BENNO S'EST ENFERMÉE DANS SA PROPRE TRAPPE
EXCLUSIF SENEPLUS - Hantée par la défaite amère de la présidentielle, la coalition refuse de lâcher sa dernière parcelle de pouvoir, comme si sa survie en dépendait. Dans ce jeu inégal, le plus grand défi est de ne pas s'attirer la haine du peuple
"Lorsqu'on laisse l'émotion prendre le pas sur la raison, cette dernière disparaît. On pourrait presque dire que l'émotion est nègre comme la raison est hellène...’’- Senghor.
L'attitude impulsive de la coalition Benno ces dernières semaines, marquée par des affrontements stériles avec l'exécutif, révèle deux constats clairs. D'une part, l'exécutif agit avec méthode et discernement, tandis que Benno, toujours une longueur de retard, réagit avec passion plus qu'avec stratégie.
L'exécutif s'est appuyé sur cinq piliers : la Constitution sénégalaise, le règlement intérieur de l'Assemblée nationale, un crayon, un calendrier, et la mesure du peuple. Aux commandes, une équipe de conseillers compétents et scrupuleux, dotés d'une expertise juridique de premier plan. Lorsque vous avez des talents comme Ousmane Diagne, Cire Cledor Ly, Ngouda Mboup, Amadou Ba, Khadim Diagne, Sidy Alpha Ndiaye et d'autres encore, il est évident que le jeu n'est pas à armes égales. Sans même mentionner Mimi Touré, revenue sur le devant de la scène et capable d’analyser le moindre signe de Macky Sall pour en tirer la parade nécessaire. À ce stade, la partie est loin d'être équilibrée.
De l'autre côté, Benno, agrippée à cette déclaration de politique générale du Premier ministre pour des raisons à la fois subjectives et impulsives, s’est empêtrée seule dans ses propres contradictions, brandissant des armes qui, hélas, se révèlent factices. Toujours hantée par la défaite amère de la dernière élection présidentielle, la coalition refuse de lâcher sa dernière parcelle de pouvoir, comme si sa survie même en dépendait. Ce qui arrive à Benno est semblable au sort de certains médias, sevrés des subventions et d’avantages d'antan. À tous, je rappellerais ces paroles de Charles Aznavour : « Il faut savoir... »
« Il faut savoir encore sourire, quand le meilleur s'est retiré
Et qu'il ne reste que le pire dans une vie bête à pleurer
Il faut savoir, coûte que coûte, garder toute sa dignité
Et malgré ce qu'il nous en coûte, s'en aller sans se retourner »
Parce que dans ce jeu inégal, le plus grand défi est de ne pas s'attirer la haine du peuple. L'exécutif joue finement, respectant les textes à la lettre pour préparer sa future campagne législative, pendant que Benno se consume dans une agitation stérile.
Quand le Premier ministre Ousmane Sonko a déclaré le 28 juin 2024 que le règlement intérieur de l'Assemblée nationale était erroné et qu'il n'accepterait de se présenter devant les députés qu'après sa correction, le sort en était déjà jeté. Pourtant, ce jour-là, les pièges étaient déjà en place. Le président et le Premier ministre, faut-il le rappeler, sont des juristes aguerris, des stratèges experts de la politique.
En violant l'article 97, Benno — ou ce qu'il en reste de l'APR — s'est offert le bâton pour se faire battre. Le 11 septembre prochain, il n’y aura point de déclaration de politique générale, et le Premier ministre Ousmane Sonko a déjà exprimé sa préférence pour une autre configuration pour cette prise de parole. La trappe étant toujours ouverte, je me demande si le sort ne sera pas déjà scellé avant cette date fatidique.
La leçon est simple : malgré tout son courage, le jeune Abdou Mbow ne pourra rien y changer. Ceux qui l'encouragent dans cette direction suicidaire ne font que révéler leur impulsivité. Une Assemblée nationale dirigée par des incompétents est, en un mot comme en cent, un frein au développement de notre pays. Mieux vaut savoir partir que de se faire mettre à la porte...
« Il faut savoir quitter la table, lorsque l'amour est desservi
Sans s'accrocher l'air pitoyable, mais partir sans faire de bruit… »
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group-Africa 7.
par Nioxor Tine
TIRER LES BONNES LEÇONS INSTITUTIONNELLES
Le régime du Pastef n’accorde pas encore à l’immense chantier de refondation institutionnelle, toute l’importance requise. Il est temps de matérialiser l'engagement envers les Assises, acté par la signature du Pacte de bonne gouvernance démocratique
Les Sénégalais ont l’impression de vivre un cauchemar. Les dysfonctionnements institutionnels, qui perdurent dans notre pays et qu’on pourrait faire remonter au temps régime UPS-PS, surtout après la crise de 1962, sont loin de s’estomper.
Les Assises nationales de 2008-2009 avaient suscité un brin d’espoir, vite effacé par la boulimie pouvoiriste du président Macky Sall. Résultat des courses, le Sénégal vient de sortir d’une période sombre, digne des pires dictatures comme le Haïti des Duvalier ou les autocraties pétrolières d’Afrique Centrale ou du Moyen-Orient.
Dernier rempart d’un renouveau démocratique
C’est donc avec tristesse, que les patriotes et démocrates sincères de notre pays constatent, que le régime du Pastef, n’accorde pas encore à l’immense chantier d’assainissement des mœurs politiques et de refondation institutionnelle, toute l’importance requise. Pour notre part, nous sommes convaincus, que c’est l’entêtement des régimes issus de nos deux premières alternances à ignorer les impératifs d’un véritable dialogue politique tourné vers la réforme radicale de l’hyper-présidentialisme, avec une véritable séparation et un équilibre des pouvoirs, qui explique l’état de ruines dans lequel, le premier ministre Sonko déclare avoir trouvé notre pays.
Comment comprendre ces querelles de borne-fontaine, évoquant parfois un combat de coqs, au sein de l’hémicycle.
Le camp patriotique constitue, dans la phase historique actuelle, le dernier rempart d’un renouveau démocratique, surtout depuis la désertion des anciens combattants de la gauche marxiste. Cette nouvelle génération d’hommes politiques, dont les promesses électorales et propositions programmatiques ont été approuvées par une large majorité des Sénégalais n’ont rien à gagner dans cette confrontation stérile, sous peine d’être assimilés à cette « vieille classe politique », avocat d’un système néocolonial honni, dont le naufrage politique a été sinon définitivement acté, tout au moins, fortement esquissé.
Plus que de véritables hommes politiques, il s’agit surtout de criminels à col blanc, milliardaires, qui malheureusement continuent à diriger le camp des vaincus et dont l’attitude est bien compréhensible, leur principal souci étant d’échapper aux fourches caudines de la Justice, surtout à la reddition des comptes, qui serait imminente. Au lieu de se réinventer politiquement, de faire leur aggiornamento, en faisant leur autocritique, en modifiant leur stratégie largement rejetée par les Sénégalais, ils ont pris le parti de miser sur l’échec des nouvelles autorités.
Plus grave, ils ont même initié une campagne de dénigrement et de désinformation digne de Cambridge Analytica, une entreprise experte dans les stratégies d’influence électorale et politique, qui a fait ses preuves au Nigeria, dans l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et la campagne victorieuse du Brexit, de triste mémoire. Le nom d’une société fantôme israélienne, ayant déjà intervenu au Sénégal, lors de la présidentielle de 2019, serait même évoquée dans les tentatives de déstabilisation du nouveau régime patriotique.
Ces mercenaires de l’ombre, très actifs dans une certaine presse et sur les réseaux sociaux, avec des milliers de faux profils, usent d’une stratégie de communication basée sur les fake-news et les procès d’intention.
Ils cherchent à discréditer la nouvelle équipe au pouvoir, accusée d’étouffer la presse, alors qu’il s’agit de contentieux fiscaux, de paralyser le secteur BTP, victime plutôt de la mal-gouvernance du foncier, qu’on essaie de rectifier, de manquer de respect aux parlementaires, surtout ceux de l’opposition, décidément très susceptibles, depuis le 24 mars dernier.
Le parlement, dernier bastion du Mackyland
Ces députés du Macky – et non du peuple – organisent la résistance « contre-révolutionnaire » au niveau du parlement, où ils disposent encore d’une très faible majorité, d’une voix. C’est dans ce cadre, qu’il faut appréhender le déroulement de la dernière session parlementaire sur la dissolution du CESE et le HCCT. Elle est une illustration parfaite de la théâtralisation outrancière de la vie politique de notre pays, telle que nous la vivons, depuis toujours, mais surtout depuis la première alternance de 2000.
Plus que d’une rupture entre le parlement et les aspirations populaires comme mentionné dans le communiqué du porte-parole de la présidence, c’est plutôt d’un fossé béant qu’il s’agit entre l’ancien régime de prédateurs et le peuple sénégalais, qui a subi, douze ans durant, la dictature de Benno. Car le désaveu cinglant de l’ancienne majorité, annoncé par ses revers électoraux de l’année 2022 et la défiance populaire à son endroit, à l’origine d’une répression féroce, a déjà été acté par sa déroute lors de la dernière présidentielle.
C’est pour cela qu’on peut considérer, que le show parlementaire soporifique du 3 septembre dernier, qui rappelle de mauvais souvenirs de forcing parlementaire des années passées, n’a eu pour effet que de requinquer et de ressouder la nouvelle opposition, dont certains pans cherchent à se distancier d’un passé récent peu glorieux.
Benno Bokk Yakaar, mal en point, achevée par euthanasie
Heureusement, la liquidation de Benno Bokk Yakaar, aux allures d’euthanasie politique, prononcée par Macky Sall, dès la fin de la session parlementaire, a confirmé le processus avancé de dégénérescence de l’ancienne majorité présidentielle.
Hormis la dissidence de l’ancien candidat hyper-liquide (mais mal-aimé) du Benno-APR, qui s’apprête à créer son propre parti, on nous signale la naissance du front social et républicain regroupant d’anciens membres de Macky 2012 et des évolutions au sein des partis socio-démocrates (PS, AFP, Taxawu…etc) vers plus d’autonomie.
Quant à la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS) rassemblant les anciens de « l’ex-gauche marxiste », sur la voie de regrouper leurs partis exsangues et de se muer en fédération (FDS), elle continue de tirer à boulets rouges sur les nouvelles autorités, reprenant, mot pour mot, les argumentaires et éléments de langage de l’APR. Elle persiste dans son entêtement à perpétuer son compagnonnage morbide avec ses anciens patrons politiques, dans une posture de servitude volontaire, dont ils ont du mal à se dépêtrer.
Pourtant, même s’ils étaient restés sourds et aveugles, une décennie durant, devant la longue série de forfaits et crimes de l’Etat APR, gommés par une autoamnistie, initiée par l’ancien président Macky Sall, le putsch électoral avorté du 3 février 2024, aurait dû enfin leur ouvrir les yeux.
Ne serait-ce que par bon sens et par instinct de survie politique, la défaite cinglante du Benno-APR lors de la dernière présidentielle leur offrait une occasion inespérée de renouer avec le camp du travail et du progrès social, avec à la clé, une autocritique en bonne et due forme.
Il convient, pour terminer, d’appeler le camp patriotique à refuser de suivre ces politiciens libéraux en fin de carrière dans leur cirque politico-électoral et de matérialiser leur engagement envers le processus des Assises nationales, acté par leur signature du pacte national de gouvernance démocratique.
Alors que l'Assemblée nationale, sous l'impulsion de l'opposition, tentait d'accélérer le processus, le président Bassirou Diomaye Faye a décidé de reprendre la main en fixant la date au 13 septembre, soit deux jours après celle annoncée par le parlement
(SenePlus) - Dans un contexte politique tendu au Sénégal, la date de la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko devient l'enjeu d'un véritable bras de fer entre le nouveau pouvoir et l'opposition parlementaire. Le président Bassirou Diomaye Faye a fixé la date au 13 septembre, contrecarrant ainsi les manœuvres de l'opposition qui tentait d'accélérer le processus.
Le ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions, Yankhoba Diémé, a annoncé dans des propos rapportés par l'APS ce vendredi que : « Le président de la République conformément à ses prérogatives constitutionnelles et à l'histoire du Sénégal a informé l'Assemblée nationale dans une lettre en date du 6 septembre 2024 de la tenue le vendredi 13 septembre de la DPG conformément au règlement intérieur de l'institution parlementaire en son article 97". Cette décision intervient après que l'Assemblée nationale, dominée par l'opposition, a tenté de fixer la date au 11 septembre.
La coalition Benno Bokk Yakaar, majoritaire à l'Assemblée, avait initialement prévu de "jouer la carte du temps" pour forcer le Premier ministre à se présenter plus tôt devant l'Assemblée. Lors de la Conférence des présidents jeudi, ils avaient ainsi décidé de tenir les travaux de la session extraordinaire en mode "fast-track", fixant la date de la DPG au 11 septembre, soit un jour avant la date limite où le président pourrait théoriquement dissoudre le parlement.
Cette manœuvre s'inscrit dans un contexte plus large de tensions entre le nouveau pouvoir et l'opposition. L'Assemblée nationale a ouvert sa troisième session extraordinaire le 5 septembre, convoquée par le président pour examiner trois projets de loi et recevoir la DPG du Premier ministre. Cette convocation était elle-même une réponse au projet de motion de censure contre Ousmane Sonko envisagé par l'opposition.
La Déclaration de Politique Générale est un moment crucial dans la vie politique sénégalaise. Elle permet au Premier ministre de présenter les grandes orientations de son gouvernement et de solliciter la confiance de l'Assemblée nationale. Dans le contexte actuel, cette DPG revêt une importance particulière, étant donné les tensions entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
L'opposition avait prévu un calendrier serré : une réunion de la commission technique le 6 septembre pour débattre des trois projets de lois, suivie d'une assemblée le 8 septembre, pour finalement clôturer la session extraordinaire par la DPG le 11 septembre. Cette planification accélérée mettrait clairement la pression sur le gouvernement.
Mais en fixant la date au 13 septembre, le président Faye affirme son autorité et reprend la main sur le calendrier politique. Cette décision pourrait être interprétée comme une volonté de ne pas se laisser dicter le tempo par une opposition hostile, tout en respectant les délais légaux.
TEMPÊTE DANS LES MONTAGNES LOZÉRIENNES
Jean-Luc Mélenchon, en voulant célébrer la richesse littéraire antillaise, a involontairement offensé tout un département. Ses paroles ont ravivé le débat sur la place des zones rurales dans le paysage culturel français
(SenePlus) - Jean-Luc Mélenchon, leader charismatique de La France Insoumise, est connu pour ses déclarations provocantes. Lors de la récente université d'été de son parti dans la Drôme, il a une fois de plus fait parler de lui en comparant la Martinique et la Lozère d'une manière qui a suscité l'indignation chez de nombreux Lozériens.
Dans son discours, Mélenchon a vanté les mérites intellectuels de la Martinique, déclarant : "La Martinique, lieu assez spécial et tout petit endroit. Malgré tout, ils sont 300 000, et pardon pour les autres, les Guadeloupéens, et ils ont toujours cultivé un certain sentiment d'élite intellectuelle. Il a ensuite énuméré plusieurs écrivains martiniquais de renom, tels que Franz Fanon, Aimé Césaire, Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau.
Cependant, c'est la comparaison directe avec la Lozère qui suscité la polémique. Mélenchon a ainsi affirmé : "En Lozère, vous n'avez pas ça, vous avez juste qu'à vous en rendre compte." Cette déclaration a été perçue comme une attaque gratuite envers le département le moins peuplé de France.
La réaction des habitants de la Lozère ne s'est pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux et les ondes de France Bleu Gard Lozère, de nombreux Lozériens ont exprimé leur mécontentement. Une auditrice a déclaré : "Nous n'avons pas besoin de lui pour savoir qui nous sommes", reflétant un sentiment de fierté locale et de rejet des commentaires de Mélenchon.
D'autres ont rappelé les contributions importantes de la Lozère à l'histoire et à la culture française. Un internaute a souligné sur Facebook : "La Lozère compte entre autres le célèbre Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), scientifique (inventeur de la chaptalisation du vin). Rien que pour ça, il n'y a pas match."
Laurent Suau, président LREM du conseil départemental de Lozère, a vivement réagi, qualifiant dans une déclaration à France 3 Occitanie, les propos du leader de La France Insoumise de "calamiteux". "C'est dramatique que quelqu'un qui dit défendre le peuple, les gens, attaquent une population travailleuse et respectueuse des valeurs de la république", a-t-il ajouté.
Suau a également rappelé plusieurs personnalités lozériennes importantes, dont Guy de Chauliac, inventeur de la chirurgie moderne, et Théophile de Roussel, figure de la protection de l'enfance. Il a souligné : la "population dont les enfants réussissent particulièrement bien à l'école. J'aurais envie de l'interroger sur les dossiers qu'il a portés pour la France à part ses déclarations à l'emporte-pièce."
Cette polémique soulève des questions plus larges sur la perception de la ruralité en France et la façon dont les régions les moins peuplées sont prises en compte dans le débat national. La comparaison de Mélenchon, bien qu'apparemment destinée à mettre en valeur la richesse culturelle de la Martinique, a eu pour effet collatéral de raviver le sentiment d'abandon souvent ressenti dans les zones rurales françaises.
Par Makhtar DIOUF
UN PREMIER MINISTRE QUI GOUVERNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Naufragés du 24 mars 2024, lâchez donc ces primo-élus à la tête du pays qu’ils s’évertuent à extirper du sous-développement dans lequel vous l’avez enfoncé durant une soixantaine d’années
L’actuelle Constitution 2001 du Sénégal (avec sa réforme de 2016) et les précédentes sont toutes inspirées comme en copier-coller de la Constitution française de 1958.
Cette Constitution supprime le titre de ‘’président du conseil des ministres’’ et le remplace par ‘’Premier ministre’’ pour donner plus de poids à la fonction par rapport au président de la République. Ce que Georges Vedel professeur de Droit public à la Faculté de Droit de Paris avait appelé « bicéphalisme administratif ».
Le poste de Premier ministre sera occupé en France par d’éminentes personnalités comme Michel Debré, Georges Pompidou, Maurice Couve de Murville, Pierre Mesmer (ancien gouverneur général de l’AOF), Jacques Chaban-Delmas, Jacques Chirac, Lionel Jospin, Michel Rocard… Pompidou et Chirac accéderont à la présidence. Raymond Barre, professeur émérite d’université avait été nommé Premier ministre par le président Giscard d’Estaing, le présentant comme ‘’le meilleur économiste de France’’. Ce rappel est fait pour montrer l’importance de la fonction de Premier ministre dans une démocratie.
La fonction de Premier ministre est bien mise en évidence lorsque son parti remporte une élection législative. Il est alors imposé au président de la République une cohabitation qui émiette sur ses prérogatives, car il à ses côtés un Premier ministre qu’il n’a pas nommé et qu’il ne peut pas révoquer.
Au Sénégal, c’est pour faire cavalier seul que Senghor avait en décembre 1962 accusé Mamadou Dia de tentative de coup d’Etat pour l’éliminer du champ politique. Le général Jean Alfred Diallo qu’il nomme chef d’Etat-Major de l’Armée dira vers la fin de sa vie que Mamadou Dia n’avait jamais tenté de faire un coup d’Etat et qu’il ne pouvait pas le faire.
Les quatre premiers présidents, Senghor, A. Diouf, Wade et Macky ont tous supprimé le poste de Premier ministre, pour le rétablir. Tout Premier ministre qui affiche une forte personnalité est immédiatement démis. Senghor a rétabli le poste de Premier ministre confié à Abdou Diouf après avoir mis en place une nouvelle Constitution dépouillant la fonction de Premier ministre de l’essentiel de ses prérogatives de la Constitution de 1960.
Sous Wade et Macky, le Premier ministre est ravalé dans les bas-fonds de la servitude, de la servilité. Les images de photo et de vidéo sont là pour nous montrer tel Premier ministre en position ‘’tarbiyou’’ serrant la main du président obséquieusement, se prosternant, s’inclinant en presque angle droit comme un talibé devant son guide spirituel. Un Premier ministre béni-oui-oui qui ne fait qu’exécuter les désirs du président, son maître.
C’est à ce type de Premier ministre qu’on veut nous ramener ? Alors que l’actuelle Constitution du Sénégal donne au Premier ministre une autre dimension, avec une autre image.
Dans la loi constitutionnelle du 5 avril 2016 portant révision de la Constitution, on lit :
Le gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier ministre.Il est responsable devant le président de la République et devant l’Assemblée nationale dans les conditions prévues par les articles 85 et 86 de la Constitution…
Le Premier ministre dispose de l’administration et nomme aux emplois civils déterminés par la loi (article 57).
Le tandem Diomaye – Sonko n’a rien à voir avec le tandem Senghor-Dia, deux personnages que tout opposait. Il s’apparente plutôt au binôme Abdou Diouf- Habib Thiam : même génération d’âge, même formation supérieure, même socle d’amitié de longue date. Habib Thiam a occupé une dizaine d’années le poste de Premier ministre à deux reprises (1981-83, puis 1991-98), en se conformant aux pouvoirs que lui conférait la Constitution.
Ceux qui disent que c’est l’actuel Premier ministre Sonko qui gouverne à la place du président de la République ne se donnent même pas la peine de visiter ou de revisiter la Constitution. Ils préfèrent fonctionner au crypto-personnel émotionnel. Peuvent-ils citer un seul acte pris par l’actuel Premier ministre en dehors des attributions que lui confère la Constitution ?
S’ils se donnaient la peine de consulter l’histoire constitutionnelle du Sénégal, ils verraient que de tous les Premiers ministres, c’est Mamadou Dia qui disposait le plus de pouvoirs qui lui étaient conférés par la Constitution de 1960. Raison pour laquelle Senghor l’avait brutalement éliminé de la scène politique pour instaurer un régime présidentiel.
Il est impossible de ne pas mentionner ici le cas spécial constitué par Jean Collin. Français naturalisé Sénégalais, il a une trentaine d’années (1960-91) occupé de nombreuses et hautes fonctions dans l’appareil d’Etat. Il ne s’est jamais départi de ce réflexe colonial de commander des Africains. Il commandait, prenait des décisions, intervenait dans la nomination des ministres, des gouverneurs, des préfets, qui tous le craignaient. Collin a même fait incursion une fois sur un problème d’ordre pédagogique à la Faculté de Droit et de Sciences économiques de l’Ucad pour y imposer son diktat, par-dessus la tête du ministre de l’Enseignement supérieur et du recteur.
L’opinion le considérait à juste titre comme le maître du pays, alors qu’il n’était investi par aucun article de la Constitution. A la surprise générale, en 1991, Abdou Diouf limoge Jean Collin lors d’un remaniement réduisant le nombre de ministres de 27 à 21. Habib Thiam était un des rares à lui faire de la résistance.
Collin est tout le contraire de Sonko que certains s’offusquent de voir gouverner le pays. Comme l’y autorise la Constitution.
Ses détracteurs n’acceptent pas qu’il prenne l’avion de commandement pour représenter Diomaye à l’investiture du président du Rwanda, invoquant l’impératif de rationaliser les dépenses. Pourtant lorsque Macky prenait le même avion pour faire du tourisme dans les Caraïbes, personne ne les entendait. Ils crient au scandale lorsque le Premier ministre reçoit des ambassadeurs. Parce que pour eux, seul le président est habilité à recevoir des ambassadeurs, alors que même le recteur de l’Ucad reçoit des ambassadeurs.
Ils s’offusquent aussi de l’intention des nouvelles autorités de supprimer le Conseil économique et social et le Haut conseil des collectivités territoriales (ancien Sénat). L’histoire de ces deux institutions a été ponctuée de création, suppressions et rétablissements, sans que cela fasse de bruit. C’est maintenant qu’on cherche à en faire un problème.
Le Conseil économique et social n’avait été créé en France que pour recaser des barons du régime battus aux élections. La France, pays développé, avec ses hôpitaux bien équipés, ne comptant pas une seule école abri provisoire, peut se permettre une telle fantaisie. Les dignitaires du défunt régime au Sénégal, défenseurs du Cese et du Hcct n’envoient pas leurs enfants dans des écoles abris provisoires et allaient se faire soigner dans des hôpitaux français, avec l’argent public. La quinzaine de milliards de francs récupérée chaque année de la suppression de ces deux institutions pourra servir à supprimer toutes les écoles abris provisoires et contribuer à l’équipement de nos hôpitaux.
Les pratiques dénoncées sous Abdou Diouf ont été reconduites sous Wade, puis sous Macky Sall. Les tares communes à tous ces régimes sont le gaspillage des deniers publics et l’ignorance des priorités.
L’économie sénégalaise plie aussi sous le poids d’éléphants blancs institutionnels…
Des structures comme le Conseil économique et social (ajouter ‘’environnemental’’ pour faire comme Sarkozy, et avoir Cese), le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) qui sont aussi inutiles que coûteuses sont à supprimer.
Pour rappel, les économistes appellent éléphants blancs des éléphants à peau blanche qui en Inde sont du décor des palaces des grands dignitaires. Chacun de ces pachydermes ingurgite 200 kg de végétaux et 100 litres d’eau par jour, et ne rapporte rien, étant exempté de tout travail.
Bien auparavant, j’avais tiré sur le Conseil économique et social et sur le Sénat, au nom de la rationalité économique en termes de calcul économique coût-avantage. Un pays ne peut pas se développer si les dépenses publiques ne sont pas rapportées à leur avantage à l’économie nationale. Le développement passe par la chasse aux « faux frais ». La rationalisation des choix budgétaires est un impératif de développement. Le projet de suppression de ces deux institutions n’est donc pas une lubie de l’invention du nouveau régime. Rien à voir avec une politique politicienne. Pourquoi tous ces bruits ?
Je précise que je ne suis pas membre de Pastef, ni d’aucun parti politique. Je ne suis candidat à aucun poste. J’écris toujours sous la dictée des valeurs éthiques de raison, vérité et justice, en guerre contre la déraison, le mensonge et l’injustice. Comme bien d’autres compatriotes patriotes qui ne sont animés que par l’intérêt du Sénégal. Nous continuerons à le faire au gré de l’actualité. Personnellement, je me suis toujours donné comme règle de n’évaluer un nouveau régime au pouvoir qu’à mi-terme de son mandat. Aucun régime nouvellement arrivé au pouvoir n’a été aussi harcelé que celui de Pastef avec Sonko. Il dérange certains, allez savoir pourquoi.
Naufragés du 24 mars 2024, foutez donc la paix à ces primo-élus à la tête du pays qu’ils s’évertuent à extirper du sous-développement dans lequel vous l’avez enfoncé durant une soixantaine d’années ! A l’indice de développement humain du Programme des nations unies pour le développement (calculé à partir du produit intérieur brut, des indicateurs de santé, d’éducation et des droits humains) en 2023, le Cap Vert et la Mauritanie dépassent le Sénégal du Plan émergent et du Livre blanc de l’APR (extirpé des pages rouges).
La démocratie s’accommode mal d’une opposition politique uniquement fondée sur la haine, la jalousie, la frustration, la crainte de poursuites judiciaires justifiées.
Cela dit, préservons-nous de cette quête effrénée de visibilité, de m’as-tu vu avec des interventions au quotidien, maladroites, non réfléchies. Les personnes de valeur reconnue qui s’y adonnent font mal à leur capital de crédibilité.
par Pape Samba Kane
POUR 417 FRANCS PAR SÉNÉGALAIS, S'ÉVITER UNE CRISE POLITIQUE COÛTEUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un bras de fer entre l'exécutif et le législatif, dans cette période de transition politique coûterait en argent plus que ce que risque de nous coûter HCCT et CESE réunis, d'ici leur disparition inéluctable
Lundi 2 septembre, toute la journée et une partie de la soirée, les députés sénégalais, réunis en plénière, nous ont offert un spectacle, du genre dont ils ont le secret ; quoique, cette fois-ci, le script, resté granguignolesque, n'a pas connu les rebondissements tragicomiques traditionnels depuis que les dernières législatives avaient apporté un certain équilibres des forces dans la chambre. Est-ce parce les opposants d'aujourd'hui (le Benno) sont moins énervés que ceux d'hier (Yewwi, maintenant maître de l'exécutif) ? Je suspends cette question pour une autre fois, un prochain papier (leb na ko ba beneen, comme dirait l'inoubliable Thione Seck).
Cependant, le calme revenu après le show retransmis en direct par au moins quatre chaînes de télévision, quelques petits calculs, une petite comptabilité pour le dire mieux, nous ont conduit à la conclusion suivante : "Tout ça, pour ça ? ..."
On va s'expliquer après un petit détour sur ce qui a été présenté aux Sénégalais comme une affaire politique majeure, un enjeux de gouvernance décisif, le respect urgent d'une promesse électorale ; et aussi, un tournant vital pour l'avenir des députés de la présente législature. Il y a du vrai dans tout ce qui précède, mais un brin dramatisé par la classe politique, comme un appât fabriqué de toute pièce pour distraire le Sénégalais lambda ; appât sur lequel, cependant, la presse a été la première à se jeter. Tout le monde est resté le nez dans la boue de l'actualité, personne, à ma connaissance, n'a levé la tête pour prospecter ce que vraiment vont nous coûter ces institutions "budgétivore" pour la courte échéance qu'il leur reste avant de disparaître. De toute façon ! Comparativement à ce que pourrait nous coûter une crise politique entre exécutif et législatif, pendant que le premier prend à peine ses marques.
Il semble que les deux institutions coûtent aux contribuables sénégalais 15 milliards. Cette somme, il est vrai, isolée, est sidérante pour les fauchés que nous sommes généralement, nous, la majorité écrasante des Sénégalais. Surtout si on retient - si et seulement si on retenait, que "ces institutions sont inutiles".
C'est revenu dans l'argumentation de tous les intervenants favorables au projet de loi constitutionnelle portant dissolution des HCCT et CESE : avec de pareilles sommes, on construirait des hôpitaux, des abris provisoires, les hémodialysés du pays verraient leur calvaire prendre fin., etc., etc. ! Ce n'est pas tout à fait faux !
À les entendre également, si on ne les suivait pas, nous irions encore, pauvres contribuables, casquer, pendant un an, 15 milliards de francs, pendant cinq ans 75 milliards. Or, rien n'est moins vrai. Nous allons y venir, retournons aux enjeux supposés déterminants pour l'avenir politique de notre pays autour de cette affaire.
Un enjeu majeur nicherait dans l'issue de cette plénière. Si la loi n'était pas votée, le chef de l'Etat dissoudrait cette Assemblée "en rupture avec la volonté populaire" pour paraphraser le président Bassirou Diomaye Faye - au lendemain du retoquage de son projet de loi. Il tenait à remplir un engagement électoral, en engageant ce bras de fer finalement trop politiquement coûteux pour lui - il est en Chine pour une visite d'Etat, et parallèlement un sommet Chine-Afrique, quand tous ses interlocuteurs apprennent que sa première initiative de haute politique a échoué.
Laissons ça pour parler du coût de cette initiative en politique intérieure, coût en adversités agressives, en contentieux politiques évitables - et à impérativement éviter, sous quelque forme, si le souhait de tous est seulement que ce pays marche, que sa démocratie se renforce et que ce gouvernement travaille dans les meilleures conditions pour assurer la réussite de ses missions.
Un bras de fer entre l'exécutif et le législatif, dans cette période de transition politique, comme suggéré plus haut, coûterait en argent (puisque c'est ce qui semble intéresser certains) plus que ce que risque de nous coûter HCCT et CESE réunis, d'ici leur disparition inéluctable, dans six mois au maximum - parce le président va dissoudre l'Assemblée nationale de toute façon, dans quelques semaines ; et cela ne devrait pas prendre six mois, entre cette décision, et l'installation d'une nouvelle législature qui lui serait favorable pour dérouler toute politique qu'il voudrait.
En chiffres, cela veut dire, considérant les 18 millions de Sénégalais - pour schématiser - comme les " contribuables" en question, que chacun d'entre nous cotiserait seulement 416,8 francs CFA pour entretenir ces institutions d'ici là.
Voici donc que ces dernières, qui sont des recommandations des Assises nationales et du CNRI, pour quinze milliards par an, auront coûté chaque année, à chaque Sénégalais (15 M ÷ 18 millions =) 833,3francs CFA. Dans six mois, elles nous coûteraient la moitié, 416 virgule machin de francs, avant de disparaître. Et " bon débarras", pour ceux qui n'en voulaient pas, et qui en ont le droit.
Chaque Sénégalais appréciera maintenant - tout cela étant clair -, sa préférence pour les deux schémas suivants :
1)- pour un coût de 417 francs par Sénégalais - attendre tranquillement que Diomaye Faye, dans quelques semaines, dissolve l’Assemblée nationale, organise des élections législatives dans les trois mois suivants, comme la loi l'y contraint, installe la nouvelle législature, qui devrait, nous l'avons dit, lui être favorable (c'est de tradition !), pour alors tenir sa promesse électorale en dégageant ces institutions.
- Soit dit en passant, je sais que ce n'est pas si simple. Il faudra bien contourner la contradiction entre la loi constitutionnelle, qui veut que l'élection se tienne dans les 90 jours suivant la dissolution, et le code électoral qui fixe 150 jours pour le bouclage du processus des parrainages, nécessaire pour une organisation, dans les règles, des législatives ; sans parler de la loi de finance rectificative, pas encore votée, ni du budget 2025 que seule une Assemblée dûment installée permet. Bref, ces messieurs du pouvoir ont vraiment d’autres chats à fouetter que de se tuer à nous faire économiser 417 francs chacun pour les six mois à venir, à ce coût ! - Justement, "attendre tranquillement" signifie, pendant ce temps, quand personne ne se sent politiquement acculé ou " humilié", "méprisé" même, ont déploré des élus de Benno lundi, discuter. Discuter avec la classe politique sénégalaise, qui ne se réduit pas à Benno (mais Benno tient l’Assemblée), douée pour au moins une chose : trouver des compromis. Cela permettra de contourner ces obstacles, sommes toutes pas plus compliqués que ceux qui se dressaient devant une bonne tenue de l'élection présidentielle du 24 mars dernier, et qui ont été contournés, par suite de discussions politiques entre la prison du Cap et quelque hôtel. Preuve, s’il en est, qu’en politique, tout peut se régler par la discussion.
2) - chacun restant sur ses positions - persister dans la confrontation politique, dont le deuxième round - cette session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour le vote d'une motion de censure contre le Premier ministre - se joue ce vendredi 6 septembre, et qui viendra s'ajouter à l'imbroglio déjà bien inextricable que nous avons entrevue. Que la motion passe ou ne passe pas, un camp se sentira humilié et se braquera sûrement pour la suite des événements.
Du coup, le nécessaire, absolument nécessaire dialogue pour, après l'inévitable dissolution de la représentation nationale, organiser des législatives apaisée, s'en trouvera sinon compromis, en tout cas compliqué.
Le risque, c'est des élections retardées, une démocratie sans parlement au moins un certain temps, des tensions politiques toujours plus ou moins dangereuses pour un régime en place, un président obligé de gouverner par décret.
Et ça, croyez-moi cher compatriote, ça nous coûterait bien plus cher que 417 francs chacun pour prix d’un sursis en faveur des deux institutions en question.
Alors, que tous ceux qui parmi nous en ont la possibilité, en respectant pour chacun le rang que les Sénégalais lui ont donné, veuillent bien pousser le président de la République et les députés de Benno, à passer ce cap pas si terrible que ça, s'il est abordé par chacun avec la volonté de convaincre et non de vaincre.
par Thierno Alassane Sall
FAUTE DE VISION, LE POUVOIR OPTE POUR LA DIVISION
Jamais un pouvoir n’aura, en seulement cinq mois, cherché autant la confrontation avec les contre-pouvoirs, ignorant que ses véritables adversaires sont le sous-développement, la pauvreté et le désespoir, qui poussent des jeunes à prendre la mer
Les Sénégalais ont donné à Diomaye Faye, en lui conférant une majorité nette dès le premier tour, les moyens d’ouvrir une nouvelle ère démocratique. Les premières déclarations du président Diomaye Faye semblaient conformes à cette demande populaire d’un dialogue national pour refonder nos institutions, approfondir la démocratie, bâtir une économie au service de tous.
Cependant, les actes posés vont exactement dans le sens de l’exacerbation des tensions dans un pays qui s’est retrouvé, à plusieurs reprises, au bord du gouffre. Au point où l’invraisemblable est advenu dans l’escalade d’un conflit, qui, il faut bien le dire, est né du mépris assumé du Premier ministre à l’égard de la représentation nationale : une motion de censure annoncée par le groupe BBY.
Cette situation, il faut le souligner, a prospéré en raison de l’incapacité du président de la République à assumer la plus élémentaire de ses charges : suggérer à - puisque l’on ne saurait dire instruire - son Premier ministre de se conformer à la Constitution sans chercher des alibis dans l’absence de dispositions dans le Règlement intérieur de l’Assemblée, une loi de moindre portée.
Jamais un pouvoir n’aura, en seulement cinq mois, cherché autant la confrontation avec les contre-pouvoirs (la presse, l’opposition), ignorant que ses véritables adversaires sont le sous-développement, la pauvreté et le désespoir, qui poussent des jeunes à prendre la mer dans un exode incessant.
La prochaine escalade ? La dissolution de l’Assemblée nationale, pour désorganiser les élections législatives qui s’annoncent comme les plus chaotiques de notre histoire. En effet, comment organiser en 60 jours, ou 90 jours maximum le parrainage, son contrôle, la période de contentieux et la campagne électorale, avec, de surcroît, un effet de surprise si ce n’est dans le chaos et la confiscation de la démocratie ? Quelle crise justifie une si dangereuse précipitation ? Justement, le rejet du projet de suppression du HCCT et du CESE, ainsi que la motion de censure, offrent un prétexte bien opportun.
Le président Diomaye Faye, dans le rôle qu’il s’est assigné dans le duo de bad cop - good cop, va nous jouer la petite musique des regrets, tout en poursuivant le plan que le Pastef a concocté pour asseoir, à tout prix, un pouvoir total.
Le peuple avait cru à un projet sur toutes les lèvres, avant de s’apercevoir que le nouveau régime n’avait pas de vision pour mener le pays. En attendant de prodiguer le remède miracle promis, le bon professeur Diomaye et son "Boss" appliquent la vieille solution : diviser pour mieux régner.
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SONKO DÉFIE L'OPPOSITION
Le Premier ministre confronté à une motion de censure, contre-attaque avec audace. Il laisse planer le doute sur l'avenir de l'Assemblée nationale. "D'ici le 12 'septembre', ces gens auront autre chose à faire que d'être députés", a-t-il lâché ce mercredi
Dans une déclaration ce mercredi 4 septembre 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko a rejeté l'idée d'une motion de censure agitée contre son gouvernement.
"Il n'y aura pas de motion de censure", a-t-il affirmé avec assurance, balayant ainsi la menace qui plane sur son gouvernement depuis l'annonce du député de la majorité parlementaire Abdou Mbow. Ce dernier est passé à l'acte, en déposant avec ses collègues, une motion de censure sur sur la table du président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, hier.
Sonko n'a pas mâché ses mots envers ses détracteurs, les qualifiant de "politiciens complètement dépassés par les événements" et soutenus par "leur presse".
Le Premier ministre a profité de cette occasion pour esquisser sa vision de l'avenir. Il a souligné la nécessité de moderniser l'administration publique et de la mettre au service du développement national. Il a également évoqué l'importance de réformer certaines pratiques au sein de la fonction publique, suggérant que des changements significatifs sont à venir.
D'un ton provocateur, il a prédit qu'après le 12 septembre, ses opposants "auront autre chose à faire que d'être députés à l'Assemblée nationale". Cette déclaration laisse entrevoir une possible dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République Bassirou Domaye Faye dans les prochains jours, telle que prévue par la Constitution.