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26 avril 2025
Diaspora
LE MIRAGE DES FAUX LEADERS EN AFRIQUE
Trop de dirigeants usurpent la gloire des grands noms du passé sans en avoir l'étoffe. Des imposteurs sans vision ni dévouement pour leur peuple se parent des plumes de Lumumba, Nkrumah et Sankara estime Jean-Baptiste Placca
(SenePlus) - Sur un continent qui a un "besoin vital de leaders d'envergure", comme le souligne Jean-Baptiste Placca, il y a un réel danger à croire que "plagier les discours des figures charismatiques qui ont fait la gloire de l'Afrique, suffit pour faire de certains dirigeants actuels, les nouveaux Lumumba, Nkrumah, Sankara..."
L'exemple tchadien est éloquent. Alors que s'approche la présidentielle du 6 mai, "la question d'une éventuelle entente entre Mahamat Idriss Déby, chef de l'État et Succès Masra, son Premier ministre, devient un thème de campagne pour leurs adversaires." Placca soulève la possibilité qu'"l'ex-opposant irréductible soit devenu l'allié secret du président qu'il combattait ?"
Bien que "l'heure de vérité approche", qui révélera si Masra reste fidèle à ses anciennes convictions pour lesquelles certains "ont risqué leurs vies", le cas tchadien illustre un problème plus large : "Ces héros plus ou moins artificiels, que l'on vend, à la chaîne, à certains peuples du continent."
Cette "soif d'hommes providentiels" de populations "si souvent déçues par leurs dirigeants" est compréhensible. Mais comme le note Placca, "on a du mal à croire que pour guérir des trois éprouvantes décennies d'Idriss Déby Itno, la solution soit de mettre en selle son fils, pour une nouvelle tournée."
L'auteur dénonce "l'enthousiasme de commande autour de dirigeants parvenus au pouvoir par la petite porte" comme "une gloire acquise à bon marché", d'autant plus pour "des personnes parfois totalement inconnues du grand public, dont le pedigree ne justifie nullement les colonnes d'apothéoses qu'on leur dresse dans l'imaginaire populaire."
Alors que "la pénurie de leaders charismatiques n'est pas moins chronique, à l'échelle planétaire", le "drame de l'Afrique est qu'elle est plus vulnérable, avec des héros qui n'en sont pas du tout, alors qu'elle a, justement, besoin de leaders d'envergure."
Se revendiquer des grands noms comme "Lumumba, Nkrumah, Cabral, Sankara, Rawlings, Mandela" ne suffit pas. Comme l'explique Placca, "ce serait trop facile, s'il suffisait de plagier les discours de ces figures charismatiques pour devenir ce qu'elles sont, à jamais, pour l'Afrique !"
Au-delà des discours, "c'est leur sens de l'intérêt général et leur esprit de sacrifice qui faisait la grandeur de ces héros du panafricanisme." L'enjeu majeur reste donc pour l'Afrique de "leur trouver des successeurs à peu près à la hauteur."
Le continent a cruellement besoin de véritables leaders visionnaires et intègres, prêts à servir leur peuple plutôt que leurs intérêts personnels. Jusqu'à ce qu'une nouvelle génération de dirigeants charismatiques et désintéressés émerge, l'Afrique restera aux prises avec le mirage persistant des faux leaders.
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LE DÉSIR FRANÇAIS DE RECOLONISATION
60 ans d'indépendances formelles... et toujours l'ombre de la Françafrique. Boubacar Boris Diop, Aminata Dramane Traoré et Abdou Aziz Ndao décryptent dans un riche échange, les ambitions impérialistes d'une puissance résolue à conserver ses intérêts
Dans le 10ème épisode de son émission "Où va le Sénégal ?", le chercheur Florian Bobin recevait l'écrivain Boubacar Boris Diop, l'essayiste Aminata Dramane Traoré et le militant Abdou Aziz Ndao. Un échange percutant qui remet en cause la présence militaire française jugée néo-coloniale au Sahel.
Décryptant les récentes déclarations du général Lecointre sur un possible retour en force au nom des "intérêts" français, les invités dénoncent les cibles impérialistes de l'Hexagone. Boubacar Boris Diop évoque « un désir de recolonisation » tandis qu'Aminata Traoré pointe « un agenda de prédation » niant la démocratie.
Le Sénégal est vu comme un maillon clé du dispositif français, avec ses bases stratégiques à Dakar. Malgré l'alternance, on espère que le nouveau régime résistera aux pressions pour exiger le départ des troupes étrangères.
Échaudée par son échec cuisant au Mali, chassée par la fronde populaire, la France cherchait à se refaire une santé en embarquant d'autres puissances dans une nouvelle croisade militaro-économique contre la Russie et la Chine émergentes.
Face à ce risque, les intervenants appellent à l'unité africaine pour briser le jeu néo-colonial via une véritable souveraineté économique, politique et stratégique.
ANNIE JOUGA DÉNONCE LE LAXISME FACE À L'ACCAPAREMENT DU LITTORAL
Bien qu’elle salue l’arrêt des travaux sur la corniche, l'architecte craint que l’histoire ne se répète comme lors du premier arrêt ordonné par Macky Sall. À l'en croire, il faut démolir réellement tous les constructions illégales sans exception
Architecte née à Dakar, Annie Jouga estime qu’il y a effectivement urgence à agir pour sauver la corniche dont la vocation a été dévoyée.
Tout en saluant la décision prise par Bassirou Diomaye Faye, Annie Jouga déclare : “Cette décision, on l’attendait depuis longtemps. Maintenant, ce n’est pas une première. Macky Sall avait arrêté les travaux sur la corniche. On sait ce que cela a donné. J’espère que cette fois-ci sera la bonne.”
À son avis, il n’y a pas à faire la différence entre hôtels et autres constructions. “Il faudrait surtout éviter de faire du deux poids, deux mesures. J’entends certaines personnes dire qu’on ne peut pas tout casser. Mais pourquoi deux poids, deux mesures ? Soit on démolit, soit on laisse comme ça. À défaut de démolir, on peut mettre des taxes élevées de sorte que les concernés eux-mêmes vont quitter les lieux...”, préconise-t-elle.
À ceux qui s’interrogent sur la pertinence des démolitions, elle donne l’exemple des nombreux projets d’infrastructures de l’État dans lesquels on démolit bien plus d’immeubles à coups de plusieurs milliards de francs. “Pourquoi pas la corniche ?”, se demande-t-elle.
Le problème, selon elle, ce n’est pas seulement la vue sur la mer. Il est aussi d’ordre écologique et sanitaire. Par exemple, souligne-t-elle, Terrou-bi a été construit sur le terrain des gens qui devaient gérer l'île de la Madeleine. “C’est là où les oiseaux venaient se nicher auparavant. Mais en construisant cette route, on a créé toute cette situation”, regrette Mme Jouga. Cela dit, elle a tenu à rappeler que même si cela a pris certaines proportions à partir des années 2000, l’occupation de la corniche date des années Senghor. “Contrairement à ce qu’on dit, ce processus n’a pas démarré avec Wade. Le président Senghor avait déjà donné des autorisations de construire sur cette corniche. Si vous cherchez les premiers occupants de cette corniche, vous verrez que c’était des ministres de Senghor. L’affaire ne date donc pas de 2000”, fulmine l’architecte qui plaide pour que tout soit enlevé.
Annie Jouga demande surtout aux autorités d’aller jusqu’au bout en situant les responsabilités, car ceux qui construisent ont bénéficié de la complicité de certains hauts fonctionnaires. “Il faut nous dire comment ces terres sont extraites du domaine public maritime pour devenir d’abord des baux et ensuite des titres fonciers. Le problème est à ce niveau. Il faut situer les responsabilités. Le DPM, il faut le savoir, c’est à partir d’un certain point en bord de mer jusqu’à 100 m. Tout ce qui se trouve dans cet espace doit être enlevé”, a-t-elle renchéri, non sans rappeler que cette zone était autrefois déclarée zone non aedificandi.
DIOMAYE CASSE TOUT
En décidant de stopper les chantiers sur les corniches, le président de la République entend préserver le littoral dakarois. Pourtant, ni l'administration ni les ayants droit ne semblent avoir été dûment informés. Une démarche qui interroge
Même si l'intention est "noble", la démarche pose de sérieux problèmes quant à la légalité et à l'équité.
Robert Mugabe s'était levé un jour et avait instruit de récupérer les terres agricoles détenues par des Blancs. Diomaye s'est levé un jour et a instruit de faire cesser tous les travaux sur les corniches Ouest et Est de Dakar jusqu'à Guédiawaye. On aurait mis le conditionnel, si ce n'était pas la sortie du patron de la Direction de la surveillance et du contrôle de l'occupation du sol (Dscos).
En effet, dimanche dernier, dans l'émission "Point de vue" RTS1, Pierre Goudiaby Atépa avait pris beaucoup de Sénégalais de court, en annonçant que le président Diomaye avait suspendu les chantiers sur les corniches de Dakar. "Au moins, ils ont fait arrêter toutes les constructions sur le littoral, sur la corniche, depuis avant-hier", réjouissait le président du Club des investisseurs sénégalais, qui n'a pas manqué de rappeler au Premier ministre Ousmane Sonko sa promesse "de tout raser, s'il devient président de la République".
La mesure, pour la plupart des Dakarois, est salutaire. Mais pour ce qui est de la manière, il y a énormément à dire. Le plus bizarre, c'est que ce n'est ni la présidence qui informe les Sénégalais ni aucun de ses démembrements. À la place, c'est un homme d'affaires qui, lui-même, est accusé d'avoir fait plusieurs affaires sur la corniche qui est monté au créneau pour vendre la mèche. Pendant ce temps, ils étaient nombreux les fonctionnaires concernés par la mise en œuvre de la mesure, mais qui n'étaient pas eux-mêmes informés. Certains ne l'ont appris qu'hier, à travers la presse qui a largement repris le célèbre archi-tecte. Ce haut fonctionnaire témoigne : "La manière de procéder pose véritablement problème. On dirait un club. Les gens s'enferment entre quatre murs, arrêtent des mesures, sortent et font des déclarations. Cela est source d'un vrai malaise dans l'Administration", regrette-t-il.
Triomphant, Atépa, lui, estime qu’un jalon important a été posé. Il faudrait maintenant aller bien plus loin, en démolissant tout simplement ce qui doit l’être. Tout en atténuant le propos de Sonko en reconnaissant que tout ne peut être démoli, il donne les exemples du Maroc et de la Côte d’Ivoire, pour montrer qu’il est bien possible de rendre la plage aux populations. “Le roi du Maroc a fait détruire 400 immeubles qui étaient sur le littoral. Plus proche de nous, Alassane Ouattara a aussi dégagé ce qui devait l’être. Il faut juste avoir le courage de le faire”, souligne-t-il, non sans préciser que pour les hôtels, il faut miser sur des aménagements concertés.
Un haut fonctionnaire : “On dirait un club. Les gens s’enferment, prennent des mesures et sortent pour faire des déclarations.”
Patron de la Dscos, Papa Saboury Ndiaye, lui, semble bien avoir été mis au parfum. Sur Seneweb, il est revenu avec on ne peut plus de détails sur cette affaire. À ce stade, estime-t-il, il n’est pas question de démolition, mais plutôt d’une mesure conserva- toire en attendant de faire l’état des lieux. “On n’a encore rien démoli. Mais par mesure conservatoire, les travaux sont arrêtés pour permettre à tous ceux qui sont en train de travail- ler de s’arrêter un moment et permet- tre de faire le point”, a précisé le colo- nel Ndiaye. Aux confrères de Seneweb, il a expliqué que “les auto- rités veulent d’abord éplucher les documents de ceux qui y construi- sent, savoir comment ils leur ont été délivrés, ceux qui leur ont délivré les documents et la nature des construc- tions”. Seront concernés tous les tra- vaux situés sur la corniche-Ouest, la corniche-Est et la bande des filaos. Il a rappelé que “la corniche-Ouest commence au Cap manuel, s’étend sur Terrou-bi, la mosquée de la Divinité, l’hôtel King Fahd Palace, la plage de la BCEAO jusqu’à celle de Diamalaye. La corniche-Est, elle s’étend du Cap manuel à la plage longeant la route de Rufisque, en passant par l’ambassade de France, le palais présidentiel et le port”.
Mais où est donc l’acte administratif sur lequel repose cette suspension des chantiers sur le littoral ? Quand et où a-t-il été pris par les autorités ? Les titulaires de titres ont- ils reçu notification de cette suspension ? “EnQuête” a tenté de joindre le patron de la Dscos, mais en vain. Quoi qu’il en soit, le procédé fait en tout cas jaser jusqu’au sein de l’Administration, où certains fonctionnaires décrient la manière qui a été utilisée pour les informer.
De la nécessité d’encadrer la mesure
De l’avis de certains juristes, l’abus n’est pas à discuter dans cette affaire. “Même si le président a le pouvoir de prendre ce type de décision, il ne peut pas se lever un jour et le décréter de manière aussi informelle. On ne peut pas prendre une telle décision sans l’encadrer. Ça pose un véritable problème”, indique ce spécialiste du droit immobilier.
De plus, insiste-t-il, une telle mesure doit être encadrée non seule- ment dans le temps, mais aussi dans son objet. “Ces gens ne se sont pas levés et sont venus construire sur le littoral. Ils sont titulaires d’un droit plus ou moins établi. Et générale- ment, c’est la même Administration qui leur a donné ces titres sur la base de la même législation. Au nom de quoi on va leur dire que leurs titres sont illégaux ? C’est trop léger, à mon avis, au-delà de la manière qui pose véritablement problème dans un État de droit”.
Il aurait été plus judicieux, selon nos interlocuteurs, de mieux encadrer la mesure, “par exemple, en visant un certain type de logements, être plus précis sur la distance concernée par rapport à la mer, quel genre de construction... Il faut égale- ment déterminer de quel titre on parle : les baux, les titres fonciers ou des occupations sans droit ni titre”, commentent nos interlocuteurs non sans reconnaître la pertinence de s’intéresser à ce qui se passe dans le secteur.
Divergences autour de la légalité de l’occupation
Au-delà de la mesure portant sus- pension des travaux sur le littoral, le débat porte aussi sur le caractère légal ou non de l’occupation du littoral. Sur cette question de l’occupation du littoral, les juristes sont divisés. Alors que certains invoquent la loi sur le droit public maritime pour soutenir qu’on ne doit pas y ériger des constructions autres que celles qui peuvent être enlevées facile- ment, d’autres rappellent qu’il est bien possible de déclasser ces terres et de les verser dans le domaine de l’État. “Si l’État est dans une logique de considérer ces constructions comme étant illégales, la question qui se pose serait de savoir s’il peut faire du deux poids, deux mesures. Il va devoir soit tout démolir soit tout laisser” tient à prévenir ce spécialiste du droit immobilier.
L’autre option, c’est d’exproprier pour cause d’utilité publique, tout en indemnisant les personnes victimes d'expropriation. Ce qui risque de lui coûter des milliards de francs CFA. Notre expert explique : “Le risque, c’est de se retrouver avec des plain- tes devant les tribunaux. Je pense qu’il n’y avait aucune urgence. L’État pouvait se prémunir en faisant les choses convenablement, comme cela se fait dans un État de droit. Il devait sommer les gens de présenter les titres dont ils disposent. Ensuite, s’il y a lieu, saisir la justice pour se prononcer sur la légalité ou non de ces titres. Dans un État de droit, l’État doit également se soumettre aux lois et règlements.”
En attendant d’en savoir plus sur cette mesure de Diomaye, certains se préoccupent des dommages qui risquent d’être causés aux occupants. Généralement, ces derniers contractent des dettes auprès des banques pour la mise en œuvre de leurs pro- jets. “Certains doivent revendre, rembourser leurs prêts... Ce serait injuste de les faire payer, d’autant plus que la plupart ne sont responsables de rien. Il faut savoir qu'en général, ceux qui spolient, ce sont les gens de l’Administration. Pas ceux qui construisent. Les gens sont là après une, deux ou troisième revente parfois. C’est des gens qui, souvent, achètent de bonne foi.”
Aussi, notre source, la mauvaise foi ne se présume pas. “La bonne foi, en toute chose, elle est présumée ; tu ne peux pas te lever et dire que la personne est de mauvaise foi”.
Atépa mouillé dans l’occupation du DPM
Dans sa sortie sur la RTS1, Pierre Goudiaby Atépa a dénoncé l’appropriation privative du littoral par quelques privilégiés dans des conditions scandaleuses. Il revient sur le procédé : “On l’achète à 2 450 F le m2 ; on se fait octroyer un bail ; on prend le même terrain, on s’organise pour le faire déclasser et le transformer en titre foncier. Ils prennent ce titre, ils l’amènent à la banque. La banque leur donne l’équivalent d’au moins un million de francs CFA le m2. Ils le revendent à 1,5 million le m2. C’est scandaleux”, dénonce-t-il. Pour lui, l’État devrait démolir ce qui doit l’être, pour le reste, mettre en place des taxes qui devraient revenir à la municipalité. “Nous avons suggéré des taxes de privilège sur le littoral. Quand vous faites un immeuble avec vue sur la mer, les locations ou ventes sont augmentées d’au moins environ 30 % qui reviennent à la municipalité”, a-t-il expliqué, non sans insister que “le domaine public maritime appartient à tout le monde”.
De l’avis de ce haut fonctionnaire, il y a certes une part de vérité dans ce que dit l’architecte. Seulement, ajoute-t-il, il faut aller jusqu’au bout en cherchant qui a vendu ces terrains sur le littoral. “En tant que journaliste, allez chercher qui a vendu l’hôtel Azalai à ses actuels propriétaires ; aller voir qui a vendu une partie du Terrou-bi ; allez voir qui a vendu la cité Yérim Sow ; allez voir qui est derrière la cité Atépa ; allez voir qui a construit sur la bande des filaos à Guédiawaye...”, interroge-t-il dans une allusion à peine voilée. Par ail- leurs, notre interlocuteur qui s’interroge sur le projet de l’architecte rappelle que la plupart de ces terrains ont été vendus sous Wade, pendant qu’il était son conseiller.
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LE SÉNÉGAL DE DIOMAYE, UNE DIPLOMATIE RENOUVELÉE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Réaffirmation de l'influence régionale, défense des intérêts économiques et énergétiques, médiation avec les juntes au pouvoir... Le président semble bien décidé à imprimer sa marque dès les premiers mois de son mandat
(SenePlus) - L'arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye au Sénégal marque un tournant dans les relations régionales. Après une visite en Mauritanie puis en Guinée-Bissau, le nouveau président semble vouloir imprimer sa marque sur les dossiers sensibles qui lient le Sénégal à ses voisins.
Les liens historiques entre Dakar et Bissau devraient se renforcer selon Mamadou Lamine Sarr, enseignant à l'Université de Dakar: "Il y a quand même des intérêts économiques et, surtout, de sécurité au niveau de la frontière. (…) Il y a des intérêts communs mutuels pour que ces deux pays consolident leurs relations."
La présence des 120 soldats sénégalais déployés dans le cadre de la force de la Cédéao devrait ainsi se poursuivre. "Avec le contingent sénégalais, le président Macky Sall a pu consolider son alliance avec le président Sissoco contre les rebelles casamançais. Et vous pensez qu'avec Diomaye Faye, c'est la même politique qui va être poursuivie ? Tout à fait", analyse M. Sarr.
Mais c'est sur le dossier des gisements pétroliers et gaziers offshore que le président Faye semble le plus déterminé à marquer sa différence. Voulant renégocier les contrats avec British Petroleum, il s'est rendu en Mauritanie, pays co-propriétaire de ces ressources.
"C'est une condition. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles le président Diomaye Faye s'est rendu en Mauritanie. Il est important de discuter de cela", estime Lamine Sarr, tout en ajoutant: "Le président Diomaye Faye a très certainement réévalué l'accord et s'est rendu compte, peut-être, que les intérêts du Sénégal n'étaient pas assez défendus."
Malgré les réticences de BP, "le Sénégal, en tant qu'État souverain, a la possibilité de revoir ces accords. Il y aura plusieurs leviers sur lesquels le président pourra jouer", affirme le professeur.
Enfin, les nouvelles autorités sénégalaises semblent vouloir jouer un rôle de médiation avec les régimes militaires du Sahel. Selon M. Sarr, "S'il y a quelqu'un qui peut essayer de rapprocher nos frères du Burkina, du Mali et du Niger, c'est bien le président Diomaye Faye."
La question du franc CFA, sur laquelle le Sénégal partage la position des juntes, "peut être un levier pour faire retourner ces pays qui avaient quitté la Cédéao", affirme l'enseignant, ajoutant: "Je pense que c'est quelque chose qui est fort probable" qu'une rencontre ait lieu.
par Madiambal Diagne
DIOMAYE-SONKO, QUE TOUT LE MONDE MONTRE SES DOSSIERS FONCIERS
La suspension des travaux sur la Corniche est un signal dissuasif pour les investisseurs. Diomaye accepte pour Atépa ce que Diouf, Wade et Macky lui avaient refusé. Je suis totalement à l’aise sur ce sujet
Diomaye accepte pour Atépa ce que Diouf, Wade et Macky avaient refusé. L’homme d’affaires, Pierre Goudiaby Atepa, a annoncé le dimanche 28 avril 2024, une décision du président Bassirou Diomaye Faye de suspendre tous les chantiers privés en cours d’exécution sur la Corniche de Dakar. A quel titre Atepa annonce-t-il, à la place du gouvernement et des autorités compétentes, d’aussi importantes mesures, dans son propre secteur d’activités où il a des concurrents et sans doute quelques petits comptes à régler ? La dame Aby Ndour peut davantage craindre pour son petit business sur la Corniche ! N’aurait-il pas été plus décent de laisser le soin à un officiel de faire une telle annonce ! Quid des constructions qui ont fini d’être réalisées et dont certaines l’ont été avec l’implication directe de Pierre Goudiaby Atepa ? Ne faudrait-il pas les détruire pour être justes et équitables ? Voilà un parfait signal dissuasif pour tous les investisseurs qui détiennent des titres de propriété irrévocables et qui ont levé des financements auprès des banques et/ou ont recueilli l’argent d’acheteurs qui attendent le respect des délais de livraison convenus ! Au cas où l’Etat du Sénégal se risquerait à dédommager les victimes, que le budget national ne suffirait pas pour cela ! A titre d’exemple, l’Etat avait été obligé, en dépit des protestations du Président Macky Sall, de payer un terrain de 6000 m2 au prix de 9 milliards de francs, pour y ériger l’usine de dessalement d’eau de mer sur le flanc du Phare de Dakar ! Cela peut donner une idée du coût de dédommagements sur plusieurs kilomètres carrés de superficie de terrains !
Le Directeur général des Impôts et domaines (Dgid), Abdoulaye Diagne, a publié un avis indiquant les zones ciblées par la mesure de suspension des travaux. Soit dit en passant que je ne possède aucun chantier en cours dans les secteurs ciblés. On constate, à la lecture du document, qu’il y transparaît une certaine indignation sélective. En effet, pourquoi sévir seulement sur les affectations foncières postérieures à l’année 2020 ? Il aurait été plus exhaustif de passer au peigne fin toutes les affectations foncières sous le régime de Macky Sall et même de Abdoulaye Wade. Ainsi, on saurait le rôle joué par les uns et les autres comme par exemple celui de Pierre Goudiaby Atepa dans la première opération de morcellement des terres de l’aéroport Léopold Sédar Senghor ou du terrain jouxtant l’hôtel Terrou Bi de Dakar et abritant partiellement le nouvel hôtel Azalai ou encore les affectations dont avaient pu bénéficier des cadres du parti Pastef et du syndicat des agents des impôts et domaines ? Quel est l’impact économique et social de l’arrêt des chantiers ?
Ce sont des dizaines de milliers d’ouvriers et de techniciens du bâtiment qui gagnent leur vie en passant leurs journées dans ces chantiers. Qui va leur assurer des revenus ? On prendra également en compte les nombreuses personnes qui leur vendent à manger ou des boissons aux heures de travail. Et les familles qui dépendent du revenu journalier ramené par ces ouvriers ? Et les autres commerces et activités de production, de vente de ciment et de matériaux de construction, et les activités des cabinets de notaires ? L’adage dit bien que «quand le bâtiment va, tout va». En arrivant au pouvoir en 2012, Macky Sall avait agi de même que le tandem Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, en bloquant des chantiers du lotissement de l’aéroport Léopold Sédar Senghor avec les cités Mbackiou Faye et Cheikh Amar, entre autres. L’évaluation faite par les services du ministère des Finances indiquait que plus de dix mille travailleurs gagnaient leur vie dans ces chantiers, à raison d’une dizaine d’ouvriers par villa. En septembre 2013, le gouvernement a laissé les chantiers se poursuivre pour ne pas faire souffrir davantage l’économie du pays.
Par ailleurs, au-delà de l’impact négatif que cela provoquera sur l’environnement des affaires et la cote du Sénégal au «Doing business», il y aurait fort à craindre qu’avec cette opération, le gouvernement fasse des milliers de victimes innocentes qui ont acquis des terrains par le circuit le plus légal. On peut bien s’imaginer que les pontes qui bénéficieraient d’affectations foncières les mettent immédiatement sur le marché. Dans sa note, le Dgid ouvre une brèche pour envisager l’examen des situations au cas par cas par un Comité ad hoc dont la domiciliation ou la composition n’est pas encore précisée. Reviendra-t-il au Premier ministre de s’occuper des discussions ou autres négociations, au cas par cas ?
Je suis volontaire pour être le premier client d’une enquête sur le foncier
L’occasion est donnée pour clarifier toutes les accusations portées, çà et là, contre des citoyens. Je n’ai eu de cesse de dire, sur tous les plateaux de radio et de télévision, et sur tous les tons, que je n’ai jamais bénéficié d’une affectation d’un seul mètre carré de foncier de la part de l’Etat. Tout patrimoine que j’ai pu acquérir dans ce secteur, l’a été par le truchement d’une transaction foncière stricte, avec des personnes privées et selon les procédures claires et transparentes, et tous les droits et taxes ont été dûment acquittés. Le nouveau gouvernement dispose de tous les leviers pour en avoir le cœur le net, d’autant qu’un responsable du parti Pastef, Abdou Gning, vient d’être nommé à la tête du service des Domaines. Dans un texte du 22 novembre 2022, publié dans ces colonnes et intitulé : «Je ne cède pas au chantage au smartphone», j’indiquais «qu’on a immanquablement des amis et des ennemis.
Des amis pour nous apprendre notre devoir, des ennemis pour nous obliger à le faire». J’espère fortement qu’une enquête exhaustive sera ouverte sur le foncier et ce sera une opportunité pour faire la lumière et faire taire des accusations fallacieuses et gratuites qui alimentent quelques causeries. On peut se consoler et rendre grâce à Dieu de faire partie des propriétaires et non pas de cette foule hystérique de délateurs, «livers» et autres promeneurs avec le smartphone à la main, qui prétendent dénoncer on ne sait quel scandale. On devra d’ailleurs nous dire si la propriété privée licite, pour un Sénégalais de surcroît, qui n’a jamais géré des fonds publics, n’a jamais occupé d’emplois publics ou n’a jamais bénéficié d’un contrat avec l’Etat, est prohibée dans ce Sénégal de Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye ! Dominique Strauss Kahn, excédé par des reproches ou des quolibets de ses «amis» de la gauche sur sa richesse, avait pu dire un jour : «Devrait-on s’excuser d’être quelque peu riche ?» Encore une fois, personnellement, je suis totalement à l’aise sur ce sujet et cela m’avait permis de m’insurger contre les prédations foncières, avec un article retentissant titré «Finalement, ils ont fait pire que les Wade avec nos terres», en date du 8 juin 2020. Aussi, j’évoque très largement et on ne peut plus librement le sujet dans mon livre «Macky Sall, derrière le masque», publié en septembre 2023. Certains partisans du Président Sall, courroucés, avaient espéré en vain pouvoir me confondre avec des attributions foncières. Mal leur en a pris !
Mon audition que je souhaite tant, devant une structure d’enquête sur les questions foncières, sera le lieu, documents à l’appui, de montrer que depuis que je commençais à construire des maisons et des immeubles ou que j’achetais des terrains, en 1998 (cela fait 26 ans déjà, certains lanceurs d’alerte n’étaient pas encore nés !), Abdoulaye Wade était encore opposant, que Macky Sall était chef de division à la société Petrosen ou que Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye étaient étudiants à l’université de Saint-Louis et à l’université de Dakar. Mon audition comme celles de nombreux autres Sénégalais, permettront de fournir des preuves sur des attributions et autres transactions foncières, impliquant de hauts responsables du parti Pastef et portant sur des terrains dont ils ont pu bénéficier, au gré de multiples opérations de morcellement. En effet, cela permettrait également de débusquer des patrimoines fonciers opportunément occultés dans certaines déclarations de patrimoine. Et, croyez-moi, le parjure ne sera pas loin ! Il y a généralement des sujets qu’il vaudrait mieux ne pas soulever si on veut sauvegarder l’image de certaines hautes personnalités de l’Etat.
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LE CRÉPUSCULE DU FRANC CFA
« Battre sa monnaie » pour recouvrer la pleine souveraineté : quel chemin emprunter ? Dialo Diop, Demba Moussa Dembélé et Abdoulaye Seck ont confronté leurs visions pour le nécessaire divorce d'avec le franc CFA
Invités de marque pour cet épisode consacré à la question brûlante de la souveraineté monétaire du Sénégal et de l'Afrique de l'Ouest : Dialo Diop, Demba Moussa Dembélé et Abdoulaye Seck ont livré une analyse percutante sur les voies de sortie possibles du franc CFA .
Emblème du néocolonialisme français, le franc CFA continue 60 ans après les indépendances à entraver le développement économique et politique de la région. "Une faillite multidimensionnelle" pour Dialo Diop, vice-président du Pastef, tandis que l'économiste Dembélé pointe "un goulot d'étranglement" profitant à l'ancien colonisateur.
Face à ce constat, plusieurs alternatives ont été explorées. L'ECO, future monnaie unique de la CEDEAO, peine à émerger tant les défis de convergence sont importants. Réformer l'UEMOA en revoyant les règles de sa banque centrale ? Une piste difficile selon les intervenants. Une sortie nationale non concertée du franc CFA pour le Sénégal est envisageable mais avec d'importantes préalables économiques et institutionnelles.
L'hypothèse d'un rattachement à l'alliance monétaire naissante des pays du Sahel a également été avancée. Mais l'option idéale, de l'avis de tous, reste le fédéralisme politique et monétaire panafricain, même si l'objectif semble lointain.
par l'éditorialiste de seneplus, Oumou Wane
CÉLÉBRER LA RICHESSE CULTURELLE ET LES ARTISTES
EXCLUSIF SENEPLUS - Par leurs œuvres singulières, ils partagent les multiples facettes de notre identité, défiant les stéréotypes et célébrant l'unicité du génie créatif sénégalais. Je veux parler d’Iba Ndiaye, d’Amadou Sow, d'Issa Sow, d'Alioune Diagne..
Comme l'exprimait avec justesse le philosophe et critique d'art Yacouba Konaté, "l'artiste a vocation à donner forme et volumes aux rêves de l'homme. Il sait rendre visibles les cauchemars qui empêchent les hommes de dormir en paix. Dans l'enchevêtrement de l'utopie et du cauchemar, au carrefour de la séduction et du désenchantement, il tisse sa toile. Freud tenait le rêve pour le gardien du sommeil.
En effet, quand le cauchemar est trop lourd à porter, le rêve réveille le dormeur. Les artistes ne sont pas seulement des gardiens de sommeil, ils sont des passeurs de rêves. Nous leur prêtons nos rêves et ils nous les restituent... Parfois avec une couche de fable et d'allégorie, à d'autres moments avec le tranchant du rasoir de la sobriété et la sonnerie stridente d'un réveil."
La richesse artistique du Sénégal transcende les vicissitudes politiques pour incarner l'essence même de notre nation. Nos artistes, qu'ils soient musiciens, peintres, danseurs ou écrivains, sont les gardiens de notre identité, les porte-étendards d'une culture vibrante et vivante.
S'inspirant d'un héritage millénaire façonné par les multiples influences ethniques qui ont convergé sur notre terre, nos artistes contemporains tissent une toile où se mêlent tradition et modernité. De la poésie envoûtante des griots mandingues aux sculptures évocatrices des Sérères, chaque expression artistique est un hommage à notre diversité, un pont entre hier et demain.
Mais l'art ne se limite pas à une simple esthétique : il est le ciment qui unit les fils de notre nation. À travers leurs créations, nos artistes transcendent les clivages, rappelant à tous que nous sommes d'abord des êtres humains, unis par une même terre et une même destinée. Leurs œuvres, qu'elles soient des chants de louanges ou des tableaux éclatants, nous invitent à célébrer notre diversité dans une harmonie joyeuse.
Pourtant, malgré leur contribution inestimable à notre identité collective, nos artistes sont souvent négligés et leurs besoins ignorés. Il est donc crucial que nous reconnaissions pleinement leur valeur et que nous leur offrions le soutien nécessaire pour qu'ils puissent continuer à enrichir notre patrimoine culturel.
En investissant dans nos artistes, nous investissons dans notre avenir, préservant ainsi l'âme même de notre nation pour les générations futures. Célébrons ces artisans de l'âme sénégalaise, honorons leur talent et nourrissons leur créativité.
Ensemble, embrassons notre diversité culturelle et faisons du Sénégal un phare rayonnant d'art, de beauté et d'unité.
Nos artistes sont les ambassadeurs de notre riche culture auprès du monde entier.
Par leurs œuvres singulières, ils partagent les multiples facettes de notre identité, défiant les stéréotypes et célébrant l'unicité du génie créatif sénégalais. Qu'ils soient acclamés sur les scènes internationales ou qu'ils œuvrent dans l'ombre, leur dévouement à leur art force le respect et l'admiration.
Leur passion incandescente est un phare guidant notre nation vers de nouveaux sommets d'expression artistique.
Je veux parler de Culture, je veux parler d'art, je veux parler de ces hommes et femmes qui ont choisi l'art ou que l'art a choisis. Je veux parler de ces êtres si différents et pourtant si proches de nous... Je veux parler d’Iba Ndiaye, considéré comme le père fondateur de la peinture sénégalaise avec l'école de Dakar, d’Amadou Sow, gagnant du concours de l'affiche de la Biennale de Dakar, d’Alioune Diagne, présent à la Biennale de Venise cette année, notre Gaughin ou Michel-Ange, d’Omar Ba, de Fodé Camara, de Cheikhou Ba, d’Elsy et d’Issa Sow, l'un des plus talentueux de sa génération, dont on ne se lasse de regarder les œuvres aux Etats-Unis ou au Sénégal !....Je ne peux citer tous les artistes qui me touchent, les découvrant au fur et à mesure mais patiemment on va aller à leur rencontre.
Dans nos sociétés si trépidantes, rongées par l'appât du gain et la quête du quotidien, il y a des oasis humaines... De celles qui rafraîchissent, désaltèrent et émeuvent. Ces artistes, d'ici et de la diaspora, je vais leur rendre hommage à travers mes papiers.
Cela me semble plus intéressant que de tracasser les boys, comme on les appelle si affectueusement. Diomaye et Sonko, laissons-les remettre la machine Sénégal en route d'abord.
Selon l'actualité brûlante, je pourrai aborder d'autres sujets, mais aujourd'hui, célébrons nos artistes, ces âmes sensibles qui insufflent de la beauté dans nos vies.
Oumou Wane est présidente Citizen Media Group-Africa7.
LES PROCÉDURES FONCIÈRES SUSPENDUES DANS PLUSIEURS ZONES
Le ministère des Finances vient de donner l'instruction de bloquer tous les dossiers fonciers dans 18 zones à risque du pays. Boa, Hangar des pèlerins, le littoral dakarois... Plus aucune nouvelle attribution de parcelle ni demande de bail ne sera accepté
(SenePlus) - Le ministère des Finances et du Budget du Sénégal vient de donner l'instruction de suspendre provisoirement l'instruction des dossiers domaniaux et fonciers dans certaines zones géographiques sensibles. Cette décision fait suite à une recrudescence préoccupante des litiges fonciers ces dernières années, menaçant la paix sociale.
Dans une note de service confidentielle, le Directeur général des Impôts et des Domaines détaille les 18 zones concernées par ces mesures restrictives. Il s'agit notamment des célèbres lotissements comme Boa, Hangar des pèlerins ou encore Eogen à Dakar, mais aussi de vastes territoires comme le littoral dakarois, le Lac Rose ou le site de Pointe Sarène à Mbour.
"Les hautes autorités estiment nécessaire d'établir une situation exhaustive du foncier dans ces zones à risque, où la paix sociale est menacée par des conflits en cours ou à venir", peut-on lire dans le document officiel.
Concrètement, les services des domaines et du cadastre n'effectueront plus aucune nouvelle attribution de parcelle, instruction de demande de bail ou encore de morcellement dans ces périmètres. "Au niveau des bureaux de recouvrement, toute demande d'enregistrement de baux ou d'actes de vente dans ces zones" est également suspendue, précise la note.
Cette offensive des autorités vise à "préserver les droits légitimes des particuliers". Toutefois, un comité ad hoc étudiera au cas par cas les dossiers susceptibles de bénéficier d'une dérogation, sur la base d'"éléments objectifs".
Jusqu'à la réalisation d'un vaste état des lieux, le Sénégal montre donc sa détermination à remettre de l'ordre dans un secteur foncier gangrené par les dérives spéculatives et les occupations illicites. L'architecte Pierre Goudiaby Atépa, révélait dimanche 28 avril 2024 ce moratoire sur les constructions côtières.
"Les gens vont acheter un terrain qui vous appartient à 2450 francs le mètre carré. On se fait octroyer un bail. On s'organise pour le faire déclasser. Ils prennent ce titre foncier, ils l'amènent à la banque qui leur donne 1 million le mètre carré. Ils revendent à 1,5 million. C'est scandaleux !", avait-il décrié sur la RTS, réitérant son engagement à lutter contre l'accaparement systématique du littoral au profit d'intérêts privés.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
L'ÉQUITÉ EN TOUTE PRIORITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment adresser et satisfaire la demande sociale éminemment souverainiste en exécutant un budget et des programmes de financement qui ne sont pas les vôtres ?
Comment adresser et satisfaire la demande sociale éminemment souverainiste en exécutant un budget et des programmes de financement qui ne sont pas les vôtres ?
Autrement dit, comment se débarrasser de l’habitus (Bourdieu, P.)[1] mackyéen ? Le nouveau pouvoir fait face à une impatience sociale légitime dont le baromètre est donné par le début de levée de boucliers qui enfle avec une surenchère de doléances qui pleuvent de partout. Aucun segment de la vie sociale de la sphère publique et des relations internationale n’est en reste. C’est la guerre de positionnement (FMI, SFI, UE, BAD et les diplomaties du pétrole et du gaz).
Le défi d’une souveraineté intégrale, de la mise en place des manières de faire gravées dans l’éthique et de la conciliation des intérêts collectifs et individuels, est programmatique et séquentiel.
L’ideal démocratique qui est une aspiration profonde des masses repose sur le référentiel de la Constitution qui est un construit de surplomb dont le peuple ne peut s’approprier. Le peuple a toujours été l’otage des élites porteuses de valeurs d’égalité et de liberté non internalisées par les populations comme une valeur universelle.
Le dernier communiqué du Conseil des ministres est présidentialiste. La dynamique de conquête et de conservation structure encore la toute puissance publique.
Aujourd’hui tous les médias publics comme privés jouent leur partition présidentialiste dans le reportage des activités des nouvelles autorités et de leur CV. Les décrets présidentiels de nomination aux postes civil et militaire réinventent les mêmes modalités de partage et de récompense des compagnons. C’est la poursuite de l’entre soi en politique.
Est-il pertinent de tenir un Conseil des ministres, une tradition bien française (!), toutes les semaines et non une fois par mois, et partager sur les sites du gouvernement avec une adjonction d’une version audiovisuelle en langues nationales ? Le format du communiqué même pose un problème dans sa longueur et son contenu directif.
Ces artifices du pouvoir alimentent le sentiment d’un pouvoir de « buur ». Qui ne se rappelle pas les affiches géantes (Dazibao) de Macky placardées partout pour cristalliser dans les masses le culte du timonier.
Quoi de plus normal me diriez-vous, l’autoritarisme est une donnée sociologique permanente avec des cycles récurrents.
La déferlante contre le « système » et ses acteurs présomptueux et arrivistes a administré la preuve que nul ne peut pérenniser un système de concussion s’appuyant sur une majorité électorale artificielle et non sur une réalité sociologique.
Toutefois, ce dividende pour une rupture systémique a pour contrepartie la satisfaction des attentes des masses. Qu’on ne s’y trompe pas. La demande exprimée n’est pas matérialiste. Elle formule le respect des élus vis-à-vis de leurs électeurs. Elle exige la décence dans la prise de parole. Elle réclame l’humilité des gouvernants en tout temps et en tout lieu. Répondre à la demande sociale, c’est donner à chacun ce qui lui revient de droit. C’est l’équité.
[1] L'habitus est pour lui le fait de se socialiser dans un peuple traditionnel, définition qu'il résume comme un « système de dispositions réglées ».