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30 avril 2025
Diaspora
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L'IA RESSUSCITE THIAROYE
Le clip entièrement généré par ordinateur de Dip Dundu Guiss transforme un épisode tragique de l'histoire coloniale en une œuvre d'art futuriste. Une prouesse technique et artistique qui pourrait inspirer bien d'autres projets mémoriels
Une équipe de développeurs et d'artistes sénégalais révolutionne la transmission de la mémoire historique grâce à l'intelligence artificielle. Leur projet ambitieux : reconstituer numériquement le massacre de Thiaroye, un événement tragique survenu le 1er décembre 1944 près de Dakar, lorsque des tirailleurs sénégalais, vétérans de la Seconde Guerre mondiale, furent tués par les troupes coloniales françaises.
Cette initiative, portée par Dip Dundu Guiss, figure majeure du hip-hop sénégalais, s'inscrit dans une démarche innovante alliant technologie de pointe et devoir de mémoire. L'équipe, composée notamment de Jean-Pierre Sec, Husain Demelso et Papa Oumar Diaw, a développé un clip entièrement généré par intelligence artificielle pour accompagner la bande originale du film T44 d'Omar Diaw.
Pour donner vie à cette reconstitution historique, les créateurs ont déployé un arsenal technologique sophistiqué. Le générateur vidéo Cling-e, associé à des ordinateurs haute performance équipés de processeurs Nvidia, a permis de produire des images saisissantes de réalisme. Le résultat, baptisé "Jambar" (guerrier en wolof), transcende le simple clip musical pour devenir une œuvre mémorielle d'un genre nouveau.
Le succès ne s'est pas fait attendre : avec plus de 600 000 vues, le projet démontre l'intérêt du public pour cette approche novatrice de l'histoire. Cette réussite a ouvert la voie à un projet cinématographique plus ambitieux, actuellement en développement sous la direction d'Omar Diaw.
L'initiative sénégalaise illustre le potentiel de l'Afrique dans l'innovation technologique au service de la culture. Comme l'explique Dip Dundu Guiss lui-même, l'intelligence artificielle devient un outil puissant pour repousser les limites de la créativité tout en servant une cause mémorielle essentielle. Cette fusion entre technologie de pointe et devoir de mémoire ouvre de nouvelles perspectives pour la préservation et la transmission de l'histoire africaine.
Ce projet démontre également la capacité du continent africain à s'approprier les technologies émergentes pour raconter sa propre histoire. En concevant de traiter le massacre de Thiaroye, les créateurs sénégalais réaffirment l'importance de maintenir vivante la mémoire des événements qui ont marqué leur pays, tout en innovant dans la manière de transmettre ce patrimoine historique aux nouvelles générations.
ÉTABLE OU GROTTE, L'ÉNIGME DE LA NAISSANCE DE JÉSUS
Les Évangiles eux-mêmes restent étonnamment discrets sur le décor exact de la Nativité, laissant place à différentes interprétations. Une ambivalence qui a nourri l'imagination des artistes et la dévotion des fidèles à travers les âges
(SenePlus) - Dans une récente enquête, Le Point revient sur l'une des questions les plus intrigantes de l'histoire chrétienne : le lieu exact de la naissance de Jésus. Un mystère qui persiste depuis deux millénaires, entre tradition populaire et textes historiques.
L'Évangile de Luc, seul témoin direct des circonstances de cette naissance, nous livre un récit précis mais parcellaire. Comme le rapporte le quotidien français, le texte mentionne simplement que Marie "mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune." Une sobriété narrative qui contraste avec les autres Évangiles, encore plus discrets sur l'événement : Marc n'en dit mot, Matthieu se contente d'une simple mention géographique, tandis que Jean passe l'épisode sous silence.
Contrairement à l'image traditionnelle d'une auberge refusant d'accueillir le couple, la réalité serait plus complexe. Selon l'analyse de l'historien Kenneth Bailey, citée par Le Point, les habitations palestiniennes de l'époque comportaient généralement une seule pièce, avec un niveau inférieur réservé aux animaux. Cette configuration expliquerait la présence d'une mangeoire, qui pouvait être "un simple creux dans le sol."
L'hypothèse de la grotte, si présente dans l'imaginaire collectif, trouve sa source dans le Protévangile de Jacques, un texte du IIe siècle non reconnu par l'Église mais très influent. Le Point rapporte ce récit alternatif où Joseph, face à l'urgence de l'accouchement, trouve refuge dans une caverne : "Où est-ce que je t'amènerai, car ce lieu est désert ? Et trouvant en cet endroit une caverne, il y fit entrer Marie."
Cette tradition de la grotte s'est tellement ancrée qu'au IVe siècle, l'impératrice Hélène fait édifier une basilique à l'endroit présumé de la naissance. Le journal cite même la lamentation de Saint Jérôme devant la transformation du lieu : "Ah ! s'il m'était seulement donné de voir cette crèche où reposa le Seigneur ! Mais, hélas ! par un sentiment de vénération pour le Christ, nous avons enlevé la crèche d'argile pour lui en substituer une d'argent."
C'est finalement au Moyen Âge que l'image de l'étable s'impose progressivement, culminant avec l'initiative de Saint François d'Assise en 1223. Comme le rapporte son biographe cité par Le Point, le saint souhaitait montrer "l'Enfant qui naquit à Bethléem [...] tel qu'il était couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un bœuf et un âne."
Cette dualité entre grotte et étable perdure aujourd'hui dans les représentations de la Nativité, chacune portant une symbolique forte : celle d'un Dieu choisissant délibérément de naître dans l'humilité, loin des fastes du pouvoir.
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LES DEUX VISAGES DU TIRAILLEUR
En qualifiant les tirailleurs de « traîtres », Cheikh Oumar Diagne ravive un lointain débat. L'histoire de ces hommes, faite de loyauté et de trahisons, de courage et de compromissions, dépasse largement les jugements manichéens. Décryptage !
L'histoire des tirailleurs sénégalais se lit comme un roman à double face, où chaque page révèle une contradiction plus profonde que la précédente. D'un côté, des soldats valeureux qui ont versé leur sang pour la France. De l'autre, les instruments volontaires d'une colonisation qui a bouleversé l'Afrique.
Le premier visage du tirailleur naît en 1857, dans l'ombre de la conquête coloniale. La France, confrontée à l'inadaptation de ses soldats au climat africain, trouve une solution pragmatique : recruter parmi les populations locales. Les premiers tirailleurs sont d'anciens esclaves, pour qui l'engagement militaire représente un chemin vers la liberté. Quatorze années de service contre la promesse d'une vie nouvelle. Un marché qui ressemble à s'y méprendre à un simple changement de maître.
Pourtant, ces hommes deviennent rapidement indispensables. Leur connaissance du terrain, leur maîtrise des langues locales et leur capacité à négocier font d'eux bien plus que de simples soldats. Les officiers français, ignorants de tout des royaumes africains, dépendent entièrement de leur expertise. C'est là que se dessine le paradoxe : essentiels mais jamais égaux, respectés pour leurs compétences mais systématiquement maintenues dans des positions subalternes par un racisme institutionnel qui interdit toute promotion au-delà d'un certain grade.
Le deuxième visage du tirailleur apparaît lors des deux guerres mondiales. Face au besoin urgent d'hommes, la France fait miroiter aux Africains la promesse d'une citoyenneté pleine et entière. Des milliers répondent à l'appel, convaincus que leur sacrifice leur ouvrira enfin les portes de l'égalité. Ils se battent avec bravoure, notamment à Verdun, où leur courage devient légendaire. Mais la reconnaissance ne suit pas. Pire encore, pendant l'occupation nazie, alors que les soldats français sont envoyés en Allemagne, les tirailleurs sont parqués dans des camps en France, dans des conditions inhumaines.
Le massacre de Thiaroye en 1944 cristallise cette dualité tragique. Des tirailleurs démobilisés, qui ont risqué leur vie pour libérer la France, sont abattus par l'armée française au Sénégal pour avoir simplement réclamé leurs soldes impayées. C'est le point de rupture où les deux visages se confrontent : celui du soldat loyal et celui de l'homme trahi.
L'après-guerre révèle une nouvelle dimension de cette dualité. Certains tirailleurs, profondément désillusionnés, deviennent les fers de lance des mouvements indépendantistes. D'autres continuent de servir la France dans ses dernières guerres coloniales, en Indochine puis en Algérie, perpétuant malgré eux un système qu'ils ont contribué à maintenir.
Cette histoire à double face se poursuit jusqu'à nos jours dans la mémoire collective. La France contemporaine peine à réconcilier ces deux visages : celui du héros de guerre, célébré dans les commémorations officielles, et celui de l'homme pris dans les rouages de la machine coloniale. Ce n'est qu'en 2022 que les derniers tirailleurs ont obtenu une reconnaissance élargie de leurs droits, comme si la nation tentait tardivement de regarder en face cette histoire complexe.
Les tirailleurs sénégalais nous rappellent qu'il n'existe pas de vérité simple dans l'histoire coloniale. Leurs deux visages nous montrent que l'héroïsme et la tragédie peuvent coexister dans les mêmes uniformes, que la loyauté et la trahison peuvent se confondre dans les mêmes destins. Leur histoire nous invite à dépasser les jugements manichéens pour comprendre la complexité des choix individuels face aux forces de l'Histoire.
LES PRÊTRES AFRICAINS, NOUVEAUX PILIERS DES PAROISSES FRANÇAISES
Dans les presbytères de l'Hexagone, les accents du continent résonnent de plus en plus. Ces prêtres, venus du Bénin, du Sénégal, du Congo, du Cameroun ou encore du Burkina Faso, constituent désormais l'épine dorsale de nombreuses paroisses
(SenePlus) - Un phénomène devenu incontournable dans les églises de France, comme le révèle une enquête approfondie du Point. Nombre d'entre les fidèles ont sans suivi la messe célébrée par un prêtre venu d'Afrique. Une réalité qui illustre la transformation profonde du clergé français.
Les chiffres sont éloquents : selon Le Point, sur les 3 000 prêtres étrangers exerçant en France, entre 70 % et 80 % sont originaires d'Afrique, représentant environ un tiers des prêtres actifs de moins de 75 ans. À ces effectifs permanents s'ajoutent 600 à 700 prêtres assurant des remplacements saisonniers, ainsi que 300 ecclésiastiques poursuivant leurs études dans les Instituts catholiques.
Cette présence croissante répond à un besoin urgent. Le journal rappelle qu'en à peine deux décennies, le nombre total de prêtres en France a chuté drastiquement, passant de 25 353 en 2000 à 11 644 en 2022. Plus significatif encore, les prêtres diocésains ont vu leurs effectifs fondre de 19 243 à 9 336 sur la même période, tandis que le nombre de séminaristes s'est réduit de 976 à 709.
Ces religieux, qui viennent principalement de la République démocratique du Congo, du Bénin, du Congo Brazzaville, du Togo, du Cameroun, du Sénégal, du Burundi, du Rwanda, de Madagascar, de Côte d'Ivoire et du Burkina Faso, exercent leur ministère grâce à l'encyclique Fidei Donum de 1957. Comme le souligne la sociologue Corinne Valasik, citée par Le Point : "Ce mouvement du Sud vers le Nord a commencé dans les années 1980-1990, et s'est accéléré au cours des années 2000."
L'adaptation de ces prêtres ne va pas toujours de soi. La sociologue, qui a mené une étude approfondie sur le sujet, révèle au quotidien français les différents obstacles qu'ils rencontrent. Les contraintes liturgiques françaises, comme la limitation des homélies à sept minutes, peuvent dérouter. L'un des prêtres interrogés confie : "Une homélie chez vous, c'est si court qu'on dirait un tweet ou un pense-bête."
Le quotidien présente également ses défis. Ces hommes d'Église doivent s'adapter à un mode de vie plus solitaire, assumant des tâches domestiques inhabituelles pour eux. La baisse de statut social par rapport à leur pays d'origine, la barrière de la langue, et parfois même des expériences de racisme constituent autant d'épreuves à surmonter.
Cette réalité, devenue incontournable dans le paysage religieux français, a même été évoquée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui déclarait, comme le rapporte Le Point : "Il faut le dire au Rassemblement national : si on devait virer tous les étrangers qui travaillent en France, il n'y aurait plus beaucoup de curés dans les paroisses !"
PAR Jean Pierre Corréa
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UNE VIE ENGAGÉE POUR LA JEUNESSE DE SON PAYS, LE SÉNÉGAL
L'histoire de Marie Louise Corréa, récemment élevée au rang de Grand-Croix de l'Ordre National du Lion, est celle d'un engagement total, porté par une conviction inébranlable : les jeunes sont le plus précieux des trésors
Le Sénégal a tenu à honorer la semaine passée, des hommes et des femmes qui, de par leurs vies et les forts engagements qui ont jalonné leurs parcours, sont devenus des exemples et des références pour les citoyens de ce pays, ce pays dont ils ont en partage l’amour qu’ils lui portent, profondément. Marie Louise Corréa, a été élevée au rang de Grand-Croix de l’Ordre National du Lion, en témoignage de sa vie exemplaire au service de notre jeunesse. Son petit frère que je m’honore d’être, vous révèle cette grande dame, envahi de cette émotion non retenue.
Docteur Marie Louise Corréa : « Akéla» est toujours en jeunesse.
Il m’est agréable de vous offrir ce portrait de Marie Louise Corréa, qui a consacré toute sa vie à la jeunesse, à travers une activité formatrice à souhait, qu’est le scoutisme, mouvement qu’elle a traversé de la base à son plus haut niveau de responsabilité. Elle porte à merveille le nom donné à tous les chefs de meutes, AKELA, et ce rôle lui va à merveille, elle qui aime tant couver et diriger avec douceur ceux qu’elle aime et dont elle ne supporte pas de ne pas en tirer le meilleur, Portrait forcément intimiste.
Marie Louise Corréa naît à Ziguinchor le 26 novembre 1943, de Daniel Corréa et d’Antoinette Carrère. Son père est éducateur, enseignant et surtout, il pose les jalons des mouvements de jeunesse, qui engendreront le scoutisme. Marie Louise Corréa aura la jeunesse et sa nécessaire éducation naturellement comme fil conducteur de sa vie sociale.
A 12 ans, elle est déjà cheftaine des âmes vaillantes au Lycée Faidherbe, avant de venir poursuivre ses études au Lycée Van Vollenhoven, d’intégrer la JEC, et de diriger une meute de louveteaux, à la Cathédrale de Dakar, et d’intégrer la hiérarchie du Scoutisme Sénégalais, puis plus tard les instances du Mouvement Scout Africain.
Date aussi importante pour elle, est la disparition de son père, Daniel Corréa, le Jeudi 11 avril 1968. Nous sommes en plein milieu de la Semaine nationale de la Jeunesse qu’il avait avec d’autres, instituée. Le président Senghor décida, du fait de ses importantes fonctions au ministère de la Jeunesse et des Sports, d’interrompre son déroulement, en guise d’hommage. Elle gardera de son père en héritage ce dévouement permanent à la jeunesse de son pays.
D’autres dates repères marquent la vie au service de la jeunesse de Marie Louise Corréa. Elle est à la tête du Scoutisme Sénégalais de 1983, à 1997, du Scoutisme Africain de 1992 à 1998, accède au Comité Mondial du Scoutisme en 1999 à Durban, et d’en assurer la présidence de 2002 à 2005. Elle est la première femme et la première noire à occuper cette responsabilité.
Dans le même temps, elle mène avec rigueur sa carrière de médecin généraliste, avant d’être appelée au gouvernement, sous Abdou Diouf, comme ministre de la Recherche et de la Technologie en 1995, et d’être reconduite en 1998 comme ministre du Travail et de la Fonction publique.
Elle a été distinguée déjà comme Commandeur de l’Ordre National du Lion de la République du Sénégal, et Officier de la Légion d’Honneur Française.
En dehors de son père Daniel Corréa, sa référence absolue, elle a du respect pour Senghor, Abdou Diouf, le Pape Jean Paul 2 qui a initié les Journées Mondiales de la Jeunesse, et aussi tous ceux qui, enseignants professeurs et éducateurs qui ont concouru à son développement personnel. Marchant dans le sillage de ce père vénéré, sa vie dédiée au service de la jeunesse n'empêchera pas Marie Louise Corréa de poursuivre de brillantes études de médecine et d'élever en mère attentive ses quatre enfants. C'est en effet le 13 juillet 1976 qu'elle obtient son diplôme d'Etat de Docteur en Médecine après une brillante thèse passée sous la direction du Professeur Marc Sankalé.
La visite du Pape Jean Paul 2 à Dakar, en 1992, sera un de ses plus beaux souvenirs, autant que son élection au Comité Mondial du Scoutisme.
Marie Louise Corréa participe au relais de Flamme Olympique aux « Jeux Olympiques » d’Athènes en 2004. Souvenir qui lui procure encore aujourd’hui une vive émotion.
Une vie de devoirs
Son viatique pour la vie correspond aux trois piliers du scoutisme : Devoirs envers Dieu, Devoirs envers Autrui, Devoirs envers soi-même.
La pensée qui la motive et qui est le message qu’elle compte délivrer à la jeunesse, se résume en quatre principes :
L’autonomie, qui offre le choix aux jeunes, la Solidarité, qui vous amène à vous soucier des autres, la Responsabilité, qui vous fait assumer vos propres actes, l’Engagement, qui commande de s’affirmer par rapport à des valeurs.
Les jeunes sénégalais, tiennent en Marie Louise Corréa une belle icône qui aura fait de la jeunesse un moyen d’excellence, et qui la marque tellement qu’elle garde éternellement ce sourire qui lui confère un air de perpétuelle jouvence. Comme on dit : « Scout un jour… Scout toujours ».
UNE PLAINTE ANNONCÉE CONTRE CHEIKH OUMAR DIAGNE
Le président de la Fédération africaine des descendants de tirailleurs sénégalais Gaye Para ne décolère pas face aux propos du ministre conseiller, qui a qualifié les tirailleurs de "traîtres". Il réclame des sanctions du président Diomaye
(SenePlus) - La fureur gronde au sein de la communauté des descendants de tirailleurs sénégalais. Dans un entretien accordé ce mardi 24 décembre 2024 à Radio France Internationale (RFI), Gaye Para, président de la Fédération africaine des descendants de tirailleurs sénégalais, a annoncé son intention de porter plainte contre le ministre conseiller Cheikh Oumar Diagne suite à ses propos controversés sur les tirailleurs.
"Nous allons porter plainte, nous allons faire des pétitions, nous allons continuer, même quitte à faire des marches", a-t-il déclaré avec véhémence, visiblement meurtri par les déclarations du ministre conseiller qui a qualifié les tirailleurs de "traîtres". La colère de Gaye Para est d'autant plus vive que ces propos émanent d'un membre du gouvernement : "C'est un ministre qui a parlé. Il a défié les tirailleurs sénégalais, il a craché sur leur mémoire", s'est-il indigné au micro de RFI.
L'affaire prend une dimension internationale, comme le souligne le président de la Fédération : "L'ensemble des États m'ont appelé, les Gabonais, les Maliens, les Guinéens, et jusqu'à la Centrafrique".
Le timing de cette controverse ajoute à l'indignation du président de la Fédération. "Il n'y a même pas 15 jours, le président et le Premier ministre honoraient la mémoire des tirailleurs", rappelle-t-il, pointant la contradiction flagrante entre l'hommage officiel rendu lors du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye et les propos du ministre conseiller.
Face à cette situation, Gaye Para réclame des sanctions immédiates, invoquant le "Jubanti" (rendre des comptes), un des pans du slogan du président Bassirou Diomaye Faye. "On ne peut pas être dans un gouvernement qui honore ces tirailleurs sénégalais et travailler dans ce gouvernement, être un ministre de ce gouvernement et continuer à critiquer", martèle-t-il.
Le président de la Fédération annonce également la mobilisation des historiens pour rétablir la vérité : "Les historiens, les comités scientifiques qui ont organisé la mémoire de ces tirailleurs, en l'occurrence le professeur Mamadou Diouf, on attend sa version", précise-t-il, soulignant la nécessité d'un débat scientifique sur cette page d'histoire.
Cette controverse, qui intervient quelques jours après que Cheikh Oumar Diagne a affirmé sur Fafa TV que les tirailleurs "étaient préoccupés par l'argent qui était à l'origine du massacre de Thiaroye", continue d'alimenter le débat sur la mémoire coloniale au Sénégal, plaçant le gouvernement dans une position délicate face à la colère grandissante des descendants de tirailleurs.
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LE PLAN D'AIDE AUX VICTIMES DE LA CRISE PRÉÉLECTORALE
Des compensations financières pour 99 victimes, des emplois pour 50 autres, et 268 dossiers en cours d'examen. Le ministre des Finances Cheikh Diba a levé le voile ce mardi sur l'ampleur du dispositif d'assistance aux victimes
Lors de son intervention devant l'Assemblée nationale ce mardi 24 décembre 2024, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a présenté les détails du dispositif d'assistance aux ex-détenus mis en place par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances rectificatives 2024.
Un comité spécial, institué par l'arrêté n°17450 du 30 juillet 2024 sous la coordination du ministère chargé de la Famille et des Solidarités, pilote cette initiative. À ce jour, 99 dossiers ont déjà été traités et approuvés, pour un montant total de 108 millions de francs CFA.
Le ministre a également révélé que les travaux se poursuivront activement pour l'identification et le traitement de 268 cas jugés prioritaires. Cette phase nécessite un travail minutieux de collecte de documents justificatifs, notamment des rapports médicaux, pour établir le statut de victime des concernés.
Le dispositif prévoit également des transferts monétaires directs aux personnes figurant dans la base de données établie par le ministère de la Justice et les représentants des victimes. Pour l'heure, 18 personnes ont été identifiées dans ce cadre.
Des mesures d'insertion professionnelle sont également prévues. Le ministre a notamment évoqué une liste de 50 personnes, dont 25 sont destinées à intégrer la fonction publique. En attendant leur prise de fonction, le ministre s'est personnellement engagé à assurer le versement régulier des salaires des personnes concernées.
Cette intervention s'inscrit dans un ensemble plus large de mesures présentées par le ministre Diba, incluant notamment des dispositions budgétaires pour la résilience des zones côtières (21,2 milliards FCFA) et des ajustements dans les dépenses de fonctionnement de l'État pour l'État.
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AISSATA TALL SALL DÉNONCE UNE LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE ILLÉGALE
Pour Aissata Tall Sall, le texte présenté par le gouvernement cumule les irrégularités, tant sur le fond que sur la forme. Des dépenses effectuées avant le vote aux contradictions dans les projections budgétaires, la députée n'a épargné aucun aspect
Lors de l'examen du projet de loi de finances rectificatives 2024 ce mardi 24 décembre à l'Assemblée nationale, Aissata Tall Sall, députée et cheffe du groupe parlementaire d'opposition, a livré une critique acerbe du texte présenté par le gouvernement.
"Cette loi est illégale", a-t-elle martelé, pointant du doigt plusieurs irrégularités majeures. La parlementaire a notamment dénoncé une violation flagrante de l'orthodoxie financière, illustrant son propos par une métaphore percutante : "C'est comme si un enfant venait prendre 10.000 francs de la poche de son papa, allait les dépenser entièrement et revenir dire à son père 'j'ai besoin que vous me prêtiez 10.000 francs' alors qu'il les a déjà pris."
Au cœur de sa critique, les 20 milliards de francs CFA déjà dépensés pour les élections avant même le vote de la loi. La députée s'est également insurgée contre l'augmentation des dépenses de fonctionnement de 18,14 milliards, passant de 1,571 à 1,676 milliards, alors même que le gouvernement fait face à une moins-valeur de recettes de 840 milliards.
"Les dépenses de fonctionnement, c'est les dépenses de prestige pour votre confort, c'est les bureaux, c'est le matériel, c'est tout ce qui fait le confort du gouvernement", a-t-elle souligné, déplorant simultanément une réduction des dépenses d'investissement.
La légalité même du texte est remise en question, la députée rappelant que selon la loi organique, la LFR devait être présentée en cours d'exercice. "Nous sommes à 4 jours ouvrés de l'exercice", a-t-elle fait remarquer, questionnant aussi le retard de neuf mois dans la présentation de cette loi.
Enfin, Aissata Tall Sall a relevé une contradiction majeure concernant les projections du déficit à 3%, prévu pour 2027 selon le cadrage budgétaire, mais annoncé pour l'année prochaine dans le projet Sénégal 2050.
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THIERNO SALL POINTE LES CONTRADICTIONS DU BUDGET
Le député s'inquiète du service de la dette qui dépasse désormais les budgets de l'éducation et des salaires de la fonction publique. Une situation qu'il juge d'autant plus préoccupante que les investissements productifs sont retardés
Dans une intervention ce mardi 24 décembre 2024 à l'Assemblée nationale, lors de l'examen du projet de loi de finances rectificatives 2024, le député Thierno Alassane Sall a dressé un tableau préoccupant des finances publiques.
L'ancien ministre a d'emblée souligné le retard dans la présentation de cette loi rectificative, initialement promise comme marqueur du changement politique du nouveau régime. "On s'attend que dès les premiers mois de votre accession au pouvoir, les orientations et le fameux projet que vous avez promis aux Sénégalais se traduisent dans le budget", a-t-il déclaré.
Le parlementaire a mis en lumière un paradoxe majeur : une baisse significative des recettes de 840 milliards de francs CFA, conjuguée à une augmentation des dépenses. Cette situation creuse le déficit de plus de 1500 milliards de francs CFA, dans un contexte international où la tendance est à la recherche d'équilibre budgétaire.
Plus alarmant encore, selon l'ancien ministre, le besoin de financement atteint désormais 4491 milliards, surpassant pour la première fois les recettes budgétaires. "Les financements extérieurs dépassent de loin les recettes du budget", a-t-il souligné, appelant à une action urgente.
Le service de la dette, s'élevant à 2706 milliards, dépasse maintenant les budgets alloués à l'éducation nationale et aux salaires de la fonction publique. Face à cette situation, Thierno Alassane Sall appelle à examiner scrupuleusement les conditions d'emprunt et les commissions y afférentes.
L'ancien ministre de l'Énergie a également évoqué l'orientation des dépenses, principalement dirigées vers la subvention de la consommation courante, notamment l'électricité, au détriment d'investissements productifs dans l'agriculture ou l'éducation. Il a par ailleurs pointé du doigt le maintien d'agences "pléthoriques qui ne servent à rien", alourdissant inutilement les charges de l'État.
Par Mbagnick DIOP
IL AURAIT MIEUX FAIT DE SE TAIRE ET SE TERRER
Hier, les Sénégalais ont dû se frotter les oreilles et écarquiller les yeux pour percevoir la menace du sieur Macky Sall furieux d’être accusé de voleur.
Hier, les sénégalais ont dû se frotter les oreilles et écarquiller les yeux pour percevoir la menace du sieur Macky Sall furieux d’être accusé de voleur. Au motif que X, selon les termes de sa plainte, l’a accusé d’avoir provisionné un compte bancaire à hauteur d’un milliard de dollars, Macky Sall entend se libérer des mauvais souvenirs. X a sans doute relayé, à tort ou à raison, une information susceptible d’avilir l’image de Macky Sall dans un contexte économique et politique crucial. Un fait survenu au moment où nombre de sénégalais souhaitent d’ailleurs qu’il soit traduit devant une haute Cour de justice.
A vrai dire, Macky aurait mieux fait de se taire et se terrer plutôt que de jouer le parangon de vertus. N’a-t-il pas traduit Karim Wade devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite, en vertu de la sauvegarde des intérêts financiers de l’État ? Que n’a-t-on pas entendu au registre des accusations de malversation financière. Les centaines de milliards logés dans des paradis fiscaux, tel le Bahamas, les comptes sous-couverts d’hommes liges à Monaco et tuti quanti.
Qui plus est, Macky Sall ne peut dire qu’il n’a pas eu écho d’une vidéo fracassante de son beau-frère, Adama Faye, qui a fait état d’un contentieux financier qui l’opposerait à Amadou Ba son ex ministre des Finances. Alors, plainte pour plainte Macky ne devrait pas donner l’impression que la révélation de son beau-frère le laisse de marbre.
De surcroît, il a transmis à son remplaçant un l’héritage économique et financier duquel résulte des scandales qui suscitent une indignation collective. Même les partenaires majeurs du Sénégal ont tenu à publier des communiqués qui confirment, sans ambages, la ruine économique et financière issue d’une gouvernance prétendument sobre et vertueuse.
On ne le dira jamais assez, Macky Sall ne peut soulager sa conscience par des faux fuyants. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un Président en fin de mandat ne s’est comporté comme lui.
A défaut de louer la tolérance de son remplaçant, il doit se garder de s’immiscer dans le jeu politique en espérant qu’il pourra rebondir et prendre sa revanche les Sénégalais qui l’ont désavoué en mars 2024.