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27 avril 2025
Economie
Par Ibou FALL
PASTEF LANCE SA LESSIVEUSE ET SON ROULEAU COMPRESSEUR
Non seulement Macky continue d’être invité aux grandes rencontres du monde civilisé, genre le G20, devant lequel il plaide la cause du continent, mais c’est le gouvernement sénégalais qui voit les bailleurs de fonds prendre le large
Divine surprise : Mansour Faye, le frère de notre « Darling Kôr » internationale, ne peut plus voyager comme n’importe quel honnête citoyen du monde… C’est à l’aéroport qu’il apprend la mauvaise nouvelle, alors qu’il s’apprête à aller déposer son sac de p’tits péchés à La Mecque en plein Ramadan.
Il n’est pas le premier, ni le seul : c’est dans l’air du temps. Avant cet incident mineur qui coûte quand même à Marième Faye Sall une sortie exaspérée, il y a des précédents plus choquants qui ne les font pourtant pas sortir de leur réserve. Par exemple, l’embastillement, entre autres, de Moustapha Diakhaté pour délit d’opinion, ou de Lat Diop, soupçonné de prévarications.
Et puis, surtout, Farba Ngom, la figure la plus emblématique de l’Apr sans doute hormis Macky Sall dont il est le griot, actuellement en détention provisoire, ce n’est pas anodin. Mettre hors d’état de nuire le dépositaire d’une grande part du «titre foncier» de l’Apr, cet «opposant milliardaire» capable de financer la résistance des nouveaux pauvres, sans aucun doute, est un impératif catégorique dans la perspective des prochaines joutes électorales. Le manitou de Pastef, Ousmane Sonko, en pleine campagne lors des Législatives de novembre 2024, ne cherche pas ses mots : Farba Ngom vit ses dernières élections comme candidat… Des esprits chagrins relèvent alors que le pittoresque feudataire des Agnam, avant même l’acte d’accusation qui l’attend, est déjà condamné.
Certes, la machine à broyer Pastef, si ça ne tient qu’à elle, commencera par le commencement : faire de Macky Sall du hachis menu politique en l’envoyant en prison avec de lourdes accusations de crimes de sang et détournements de deniers publics ; en résumé, de haute trahison.
Hélas, l’impétrant a la bonne idée de s’exiler dès qu’il remet les clefs de la bicoque de l’avenue Senghor à son successeur. Bien sûr, ils se quittent en de bons termes : devant les caméras, Macky Sall reçoit les duettistes de «Sonko môy Diomaye» avec le sourire et des accolades avant la passation du témoin.
Il y a mieux, et c’est l’ancien chef de cabinet du président de la République, Pape Mada Ndour, récemment limogé, qui vend la mèche sur un plateau de télévision : ils le rencontrent auparavant en petit comité à son domicile de Mermoz, nuitamment, pour se faire des mamours… A quel point Macky Sall se compromet pour que le duo de choc de Pastef prenne le pouvoir au détriment de son candidat officiel ? Ça ne finit pas de fuiter et il viendra bien, forcément, le jour où il sera loisible d’en faire une comptabilité exacte. Pour l’heure, la machine à propagande Pastef, qui revient progressivement à ses fondamentaux, se contente de lui raboter comme elle peut sa réputation à l’international…
Ce sont d’abord les déclarations du chef du gouvernement qui font le tour du monde au point de glacer le sang des traditionnels partenaires financiers du Sénégal : le régime sortant est un gang de faussaires capables de mener en bateau les institutions financières les plus pointues au monde.
Problème : non seulement Macky Sall continue d’être invité aux grandes rencontres du monde civilisé, genre le G20, devant lequel il plaide la cause du continent africain mais, saperlipopette, c’est le gouvernement sénégalais qui voit les bailleurs de fonds prendre le large pendant que les agences de notation internationales le dégradent.
Le constat de l’état des lieux refile la déprime à l’opinion : ces bons messieurs que plébiscitent 54% des électeurs trouvent un pays en ruines, avec une Administration surpeuplée, une dette qui crève les plafonds, un dépeçage foncier scandaleux, des privilégiés aux fortunes suspectes…
La lessiveuse se met en branle pour nettoyer tout ça : ça limoge des salariés pour, entre autres, délit de sale gueule ; ça stoppe des chantiers pharaoniques ; ça affecte au diable vauvert les fonctionnaires et les militaires zélés de l’administration précédente ; ça traque les médias corrompus ; ça dissout les institutions trop peureuses pour être honnêtes et ça jette en prison des Sénégalais dont le bonheur manifeste est louche…
Le Sénégal sous «Sonko môy Diomaye» n’est pas celui de Macky Sall : la preuve, les militaires français sont priés de rendre les clés de leurs appartements et rentrer chez eux, paquetage sur le dos. Ils ne seront que cent soixante-deux Sénégalais à sortir leurs mouchoirs, malgré le milliard de francs Cfa annoncé en consolation de ce qui manifestement n’est qu’un au revoir…
Les états-majors sont déjà en train de discuter de la future collaboration militaire entre la France et le Sénégal alors qu’à la frontière avec le Mali, près de Kayes, ça commence à sentir le djihadisme exalté. A mon sens, le souverainisme sénégalais ne va pas longtemps se passer de l’aide étrangère pour garder intacte l’intégrité de son territoire à partir de l’Est.
Le Port de Dakar, on en parle ? L’Agence nationale des statistiques et de la démographie a le mauvais goût de publier des chiffres qui annoncent que l’activité portuaire se retrousse de 17%, ce que relaie quelque torchon qui se fait appeler média. Bien entendu, l’ombrageux Directeur général, Waly Diouf Bodian, monte naturellement sur ses grands chevaux pour rétablir sa vérité : le port se porte comme un charme, mieux que les journaux diffamateurs auxquels il ne sera plus accordé le plus petit fifrelin de subvention.
La preuve que tout va bien chez Monsieur le Marquis du Port, ça trouve même assez de temps entre le décompte de ses recettes excédentaires et quelques limogeages bien pensés, pour poster ses commentaires au vitriol sur l’actualité…
Et défense de ricaner !
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
TRUMP ET LE DÉCLIN DE L’OCCIDENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes aujourd’hui face à un tournant historique dans la géopolitique mondiale marqué par le repli des États-Unis et la sortie de l’histoire de l’Europe. Devons nous nous en réjouir ? Est-ce que ça nous concerne ?
J’avais publié il y a un mois sur SenePlus un article intitulé le “Grand déclin de l’occident". Je ne pensais pas être aussi rapidement confirmé par les événements.
J’y écrivais que le président Donald Trump allait accélérer ce déclin du fait de son agenda “America first”qui se traduirait forcément en “America only.” Au profit bien entendu des oligarques du pays.
Les developments en Ukraine constituent, dans le cadre du démantèlement par Trump de l’État impérial, une stratégie de retrait du monde tel qu’il est.
Effectivement comment naviguer dans un monde où la population occidentale ne constitue plus que 7% de la population mondiale, où la Chine est devenue la première économie mondiale, où la Russie est la première puissance nucléaire et où l’Afrique est sur la voie de devenir la première puissance démographique (avec 41 % de la population mondiale dans 75 ans pour la seule Afrique sub-saharienne). Tout en continuant à satisfaire un niveau de gloutonnerie des Américains les plus riches jamais égalé dans l’histoire. L’Europe devient alors, pour Trump, une variable d’ajustement.
Nous sommes donc aujourd’hui face à un tournant historique dans la géopolitique mondiale marqué par le repli des États-Unis et par la sortie de l’histoire de l’Europe. Devons nous nous en réjouir ? Est-ce que ça nous concerne ?
Car maintenant les Européens clament haut et fort la nécessité d’un réarmement européen et d’une guerre contre la Russie. Qui ne les menace nullement. A moins qu’il ne s’agisse de se préparer à mener des guerres par procuration dans les États souverainistes d’Afrique …pour y déloger la…Russie ! (la vidéo ci-jointe est plus que parlante). Et dans la foulée enrichir les actionnaires de l’industrie de l’armement américano-européenne en intensifiant les guerres sociales.
Les Européens se prétendant toujours le centre du monde, se targuaient au début du conflit qu’ils allaient détruire l’économie russe. Ces mêmes Européens qui s’accaparaient et continuent de s’accaparer illégalement des avoirs russes et promettaient à l’armée russe une défaite historique. Mais voilà l’OTAN fait face à une déconfiture inédite et le président Donald Trump n’a fait que prendre la mesure de la réalité. Et il le dit brutalement : il faut négocier la paix.
Les jérémiades mensonges et rodomontades n’y feront rien. L’Europe finira par s’incliner toute honte bue. Dans la sphère occidentale elle est devenue une périphérie. Le monde aussi a pris acte :
L’Europe n’est plus un acteur mondial. Son hypocrisie face au genocide des Palestiniens, son deux poids deux mesures devenu la marque de fabrique de sa politique internationale ont fini de lui ôter désormais tout crédit.
Et comme en plus elle n’a jamais voulu faire son devoir de mémoire sur la colonisation et l’esclavage ni se décoloniser d’elle-même, elle se retrouve aujourd’hui méprisée par le Sud global qui prend ses distances et poursuit son émancipation. Elle se retrouve seule face au lâchage américain et tétanisée par les soi-disants appétits de l’ogre russe.
Le monde change à toute allure marquée par cette sortie de l’histoire de l’Europe. L’Europe avait fait son entrée brutale dans l’histoire mondiale au 15e siècle dans le seul objectif de s’enrichir à tout prix : invasions, expropriations brutales, esclavage industriel, politiques d’extermination, génocides, colonisation, holocaustes, annihilation nucléaire, apartheid, racisme structurel, pratiques néocoloniales… ils ont tout inventé et tout appliqué sans hésitation ni d’états d’âmes face aux résistances locales.
Oui on sait. Eux veulent imposer une omerta sur ce passé honteux. Le déni est bien sûr pathétique. Mais nous n’oublierons jamais et le rappellerons toujours.
Car le fait colonial a toujours des effets dans notre quotidien social économique et politique. Et demain quand le rapport de force s’inversera les réparations s’imposeront. Il n’y a aucun doute là-dessus. Et bien sûr nous n’irons jamais combattre en Ukraine pour eux. On a déjà payé. Finito.
Au-delà, quel agenda pour l’Afrique ?
⁃ D’abord, prendre la mesure de tous les risques et menaces, mais aussi des opportunités de cette phase cruciale de l’évolution de l’histoire du monde et en cerner les implications pour l’Afrique. Les chercheurs doivent engager des dialogues avec leurs gouvernants et sociétés civiles.
⁃ Ensuite, prendre conscience que nous Africains ne sommes pas démunis et que nous pouvons peser sur la marche du monde à condition de s’allier dans des partenariats stratégiques avec le sud global pour défendre nos intérêts et préserver notre souveraineté.
⁃ Concernant l’unité africaine, le défi n’est pas de réussir immédiatement à parler d’une seule voix pour se faire entendre mais de s’assurer que les 54 États africains pèsent dans la même direction et pour cela entreprendre toutes les formes de coordination et de coopération intra-africaines, notamment dans les domaines sécuritaire et industriel. Donc le combat doit se mener dans chaque pays.
⁃ Et bien sûr l’irrépressible nécessité de décoloniser les esprits s’impose plus que jamais.
⁃ Et puis surtout faire en sorte que cette direction assure in fine une amélioration sensible du niveau de vie de toutes les populations africaines. Seule légitimité pour les États africains afin de se débarrasser de la colonialité et du capitalisme globalisé.
L’Afrique a une opportunité. Ne la ratons pas.
*Guerre à la Russie au Sahel
NB : Pour ceux qui s’intéressent aux recherches et écrits sur la chute de l’occident voici une petite bibliographie :
- Formes de guerre, stratégies et déclin de l'Occident par Olivier Entraygues
- Le déclin de l'Occident capitaliste et le monde moderne des Asuras: par Ravikumar Kurup
- Le déclin de l'occident par Hanif Kureichi
- La Défaite de l'Occident par Emmanuel Todd
- La mort de l'Occident par Frédéric Vostelle
- Ite Missa Est : Déclin de l'Occident par Gabriel T. Guillaume
TEMPÊTE STATISTIQUE AU PORT AUTONOME
Les chiffres du Port de Dakar sont-ils manipulés ou l'ANSD a-t-elle commis une erreur dans son bulletin économique ? C'est la question qui agite les milieux économiques et médiatiques depuis la sortie fracassante DG Waly Diouf Bodian
La publication du dernier bulletin de l'ANSD sur les statistiques économiques et financières a suscité la colère noire du directeur général du Port autonome de Dakar, Waly Diouf Bodian, qui s'est précipité pour apporter la contradiction à l'agence de référence. ‘’EnQuête’’ a essayé de comprendre d'où viennent ces divergences.
C'est un Waly Diouf Bodian très remonté qui est monté au créneau, en fin de semaine dernière. Multipliant les sorties, il s'en est pris vigoureusement aux médias qui, selon ses accusations, lui en veulent simplement à cause de sa décision de suspendre les contrats de publicité que le Port autonome de Dakar avait l'habitude de signer avec certaines d'entre elles. Le tort desdits médias, c'est simplement d'avoir repris les conclusions d'un nouveau bulletin de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie sur la situation économique et financière. De manière accessoire, il est revenu sur la situation du port, en brandissant des chiffres qui entrent en contradiction avec ceux de l'ANSD.
‘’EnQuête’’ a essayé d'en savoir un peu plus sur ces chiffres qui surgissent de partout et qui se contredisent.
Intervenant lors d'une rencontre organisée par l'Association pour la solidarité du Port autonome de Dakar (ASPAD), le DG, après s'en être violemment pris à la presse qui n'a fait que relayer les chiffres de l'ANSD, a fait l'affirmation suivante : “Je ne sais pas de quel port de Dakar parlent ces gens (les médias), mais le port de Dakar que je dirige se porte très bien et a réalisé des résultats probants en 2024. Ces gens sont allés prendre des statistiques du mois de décembre comparées au mois de décembre de l'année 2023 pour dire que le port est dans une tendance dangereuse. Je le répète, c'est de la manipulation et c'est l'œuvre de journalistes de mauvaise foi qui en veulent au port. On ne peut prendre les résultats d'un mois particulier pour faire ce genre d'appréciation en faisant croire que le port a reculé sur l'année.”
À en croire le tonitruant DG, pour une bonne base de comparaison, il faut prendre les chiffres de l'année et non ceux d'un mois. “Nous, nous travaillons sur des exercices. Et sur l'année, les chiffres sont en hausse. Il y a eu peut être une rétraction sur le mois de décembre, mais sur l'année, on est bon”, a soutenu Bodian qui livre ses statistiques. “Pour le tonnage, nous étions à 23 millions en 2023 contre 24 millions en 2024. Où est donc la catastrophe dont on nous parle ? Les exportations ont monté de 68 % pour atteindre 5 millions de tonnes”.
Ces affirmations tenues lors de la rencontre avec les travailleurs ont été reprises dans un communiqué officiel publié par la boite. ‘’EnQuête’’ a vérifié ces différentes allégations de la Direction générale du PAD.
Affirmation 1 : “Ces gens (les médias) sont allés prendre des statistiques du mois de décembre 2024 comparées au mois de décembre de l'année 2023 pour dire que le port est dans une tendance dangereuse.”
Sur ce point, le bulletin de l'ANSD indique noir sur blanc que : “Sur le cumul des douze mois de 2024, l’activité maritime au PAD se dégrade de 14,7 %, comparée à la même période de l’année 2023.” Relativement au mois de décembre, l'agence a noté que “l’activité portuaire affiche une contreperformance de 17,1 %, comparativement au mois précédent”. La comparaison entre le mois de décembre 2024 et décembre 2023 laisse plutôt paraitre une variation de 28,4 %, selon les chiffres de l'ANSD.
Les allégations contredites de Waly Diouf Bodian
Dans son communiqué, la Direction générale du Port autonome de Dakar a donné quelques raisons qui expliqueraient cette baisse qu'elle ne reconnait que pour le mois de décembre. Tout en reprenant le pourcentage de -17,1 % sur le mois, elle invoque : les tensions géopolitiques et les perturbations logistiques qui auraient entrainé “le ralentissement du commerce maritime international” ainsi que “des variations saisonnières propres au secteur portuaire, avec traditionnellement un repli des volumes en fin d'année”.
Dans son bulletin, l'ANSD donnait d'autres raisons pour expliquer cette baisse. “Cette situation fait suite à la baisse simultanée des débarquements (-24,9 %) et des embarquements (-5,0 %) sur cette période. Le repli des débarquements est dû au fléchissement de ceux des produits de la mer (-31,3 %), des hydrocarbures raffinés (-24,7 %) et, dans une moindre proportion, des marchandises diverses (-1,4 %). S’agissant des embarquements, la chute est en rapport avec ceux des phosphates (-42,4 %) et, dans une moindre mesure, des produits de la mer (-4,5 %) ainsi que des marchandises diverses (-1,4 %)”.
Affirmation 2 : “Il y a eu peut-être une rétraction sur le mois de décembre, mais nous, nous travaillons sur des exercices. Et sur l'année, les chiffres sont en hausse. Pour le tonnage, nous étions à 23 millions en 2023 contre 24 millions en 2024. Les exportations ont aussi augmenté de 68 % pour atteindre 5 millions de tonnes.”
Ces chiffres sont en tout cas très différents de ceux fournis par l'ANSD. À en croire l'agence, pour 2024, les débarquements et les embarquements ne font pas plus de 19 141 600 t contre 22 446 200 t pour 2023, soit une baisse de 14,7 %. En ce qui concerne les débarquements, ils sont estimés à 12 357 000 t en 2024 contre 14 774 800 t en 2023, soit une baisse de 16,4 %.
Relativement aux embarquements, l'ANSD les évalue à 6 784 600 t en 2024 contre 7 671 400 t en 2023, soit une baisse de 11,6 %.
L'ANSD travaille sur les bilans que lui communique le Port autonome de Dakar
Mais d'où viennent donc ces divergences entre le Port autonome de Dakar et l'Agence nationale de la statistique et de la démographie ? Du côté du Port autonome de Dakar, on estime que l'ANSD n'a peut-être pas pris en compte la totalité des activités annuelles sur 2024 contre 2023. “La direction Facturation du port qui compile les statistiques portuaires est la seule habilitée à vous renseigner. Or, ce qui a été publié par l'ANSD n'est pas conforme avec le travail de redressement effectué par le DG Waly Diouf Bodian depuis son arrivée au port en mai 2024”, souligne un de nos interlocuteurs qui croit que l'ANSD s'est basée sur des estimations.
Interpellé sur la hausse supposée de 68 % des exportations, notre interlocuteur estime que cela s'explique par “la bonne dynamique des exportations des hydrocarbures (pétrole et gaz) et halieutiques”. Sur les résultats financiers, il n'a pas voulu trop s'épancher, estimant qu'ils ne sont pas officiellement disponibles.
Du côté de l'ANSD, on tente plutôt de dédramatiser, s'étonnant même de toute la polémique provoquée par la publication. Nos sources soulignent qu'en fait, dans ce genre de situation, l'ANSD ne se base pas sur des estimations, mais sur des données réelles produites par les structures concernées. “Il ne s'agit pas d'enquête d'estimation ; on travaille sur les données produites par la structure concernée, en l'occurrence le Port autonome de Dakar. Ce sont des statistiques que nous collectons régulièrement et que nous traitons dans le cadre de nos bulletins mensuels. Ce sont donc les états financiers de la structure”, explique une source proche de l'ANSD.
Pour elle, le port aurait pu se rapprocher de l'ANSD pour voir de près ce qui se passe. “Quand vous dirigez une structure, si on vous dit voilà la situation, il ne faut pas forcément essayer de se défendre. D'abord, il faut chercher le pourquoi ou bien se rapprocher des autorités de l'ANSD, avoir une séance pour voir où se trouve le problème. Si c'est l'ANSD qui a commis une erreur, elle va faire un communiqué pour rectifier. Il n'y a aucun problème de ce point de vue”, indique notre interlocuteur qui n'a pas manqué de souligner que “les procédures sont très rigoureuses” au niveau de la structure.
“L'ANSD est très précise sur ses publications pour justement parer à ce genre de situation. On a un processus de validation très rigoureux. Par exemple, même pour les documents sur la situation économique, avant publication, il y a un comité de lecture constitué de plusieurs responsables. On va tout scruter. Et après, on donne au DG et au DGA qui vont apprécier, faire leurs observations”.
Le verdict
En définitive, sur la première affirmation, quand le directeur général du PAD affirme que les gens se sont basés sur des chiffres du mois de décembre pour porter une appréciation sur tout l'exercice, il faut noter que ce n'est pas conforme à la réalité.
En effet, l'ANSD ne s'est pas limitée à une comparaison entre décembre 2023 et décembre 2024. L'agence a estimé que, sur les 12 mois, l'activité s'est dégradée de 14,7 %, comparée à la même période de l’année 2023. Entre décembre 2024 et novembre 2024, la baisse est évaluée à 17,1 %. Par rapport cependant à décembre 2023, il a été constaté un repli de 28,4 %.
Pour ce qui concerne la deuxième affirmation, sur la hausse ou la baisse des chiffres, il nous est difficile de savoir à quels chiffres se fier. En revanche, il convient de préciser que dans ce genre d'enquête, l'ANSD ne fait pas d'estimation. Elle se base sur les chiffres même de la structure concernée qui, régulièrement, le long de l'année, doit communiquer son bilan comptable à l'ANSD.
Il ne devrait donc pas, en principe, y avoir de divergences. Du côté de l'ANSD, en tout cas, les autorités attendent d'être saisies officiellement avec des preuves pour voir quelle suite donner à cette polémique.
PARADOXE D’UNE HAUSSE ENTRETENUE PAR LA SPÉCULATION
Mardi 11 mars, au marché de Grand-Dakar, l’augmentation du prix de l’oignon local suscite de vives réactions. Celle de la pomme de terre aussi, même si elle est plus abordable
Hier, mardi 11 Mars, au marché de Grand-Dakar, l’augmentation du prix de l’oignon local suscite de vives réactions. Celle de la pomme de terre aussi, même si elle est plus abordable. Consommateurs et commerçants détaillants sont inquiets. Depuis le gel des importations, décidé par les autorités pour soutenir la production nationale, les consommateurs se retrouvent face à des prix en hausse, alors même que le produit est cultivé localement et que plusieurs tonnes sont en souffrance dans les zones de production.
Au Sénégal, alors que l’Agence de régulation des marchés (ARM) a décidé de suspendre les importations d’oignons depuis le 25 janvier dernier, pour permettre aux producteurs locaux d’écouler leurs récoltes, l’approvisionnement du marché n’est toujours pas des meilleurs. L’oignon local peine encore à inonder le marché local, au moment où des acteurs de la filière attendent toujours des grossistes acheteurs de leurs produits bord-champ. Une situation qui alimente les spéculations sur fond de hausse des prix de la quantité disponible sur le marché.
En fin de matinée d’hier mardi, au marché de Grand Dakar, l’ambiance est à la fois bruyante et rythmée ; un mélange de marchandages animés et de mouvements incessants. D’autres, plus silencieux, sont assis derrière leurs sacs de 24 ou 25 kg d’oignon, balayant l’allée du regard, espérant attirer un client. Mais, beaucoup s’arrêtent pour acheter de l’oignon déjà découpé pour ou discuter les prix, avant d’acheter ceux qui sont entiers.
Dans les boutiques, les prix varient en fonction des vendeurs. Chez Abdoulaye, le sac de 25 kg d’oignons est vendu à 11.500 FCFA, tandis que le demi-sac coûte 6500 FCFA, parfois même pour un poids inférieur à 12 kg. Chez Issa, un autre commerçant du marché, le même sac est échangé à 12.500 FCFA, avec un demi sac à 6250 FCFA.
Quant à la pomme de terre, son prix atteint 8.500 FCFA le sac. Par endroit, il est de 9000 FCFA. Ces prix ont flambé en l’espace de quelques jours, durant le mois de Ramadan et Carême, période de forte consommation de ce produit. Pourtant, avant la période du jeûne, le sac d’oignon s’échangeait autour de 8000 à 8500 FCFA et celui de la pomme de terre tournait entre 6. 000 et 7 .000 FCFA.
« C’EST DE LA PRODUCTION LOCALE, MAIS RIEN NE BOUGE»
Face à cette flambée des prix, les clients expriment leur incompréhension. Devant la boutique d’Issa, Bineta, une habituée du marché, déplore la situation : « C’est de la production locale, il devait y avoir un peu d’allègement pour les populations. Mais les choses ne bougent pas». Selon elle, produire sur place devrait permettre d’offrir des prix plus accessibles aux ménages. Cependant, la réalité est tout autre. Trouvée chez elle, tenant un sachet de pommes de terre dans les mains, Madame Diallo partage le même sentiment. « Les choses deviennent compliquées. On importe, c’est cher. On n’importe pas, c’est la même chose. À quoi bon cultiver chez nous si nous tournons en rond ? Déjà qu’ily a certains consommateurs qui se battent pour survivre ».
DES COMMERÇANTS PRIS EN ETAU
Si les consommateurs dénoncent une hausse injustifiée des prix, les commerçants expliquent avoir peu de marge de manœuvre. « Nous achetons le sac de 45 kg entre 16000 et 16500 FCFA», auprès des fournisseurs et grossistes, affirme Abdoulaye, soulignant que ces coûts élevés à l’achat les obligent à répercuter les augmentations sur leurs prix de vente (en détail)
Aussi, un autre facteur entre en jeu : le transport. « Aujourd’hui, les commerçants accusent les producteurs locaux d’augmenter les frais de déplacement », explique Madame Diallo. Pour elle, ce problème revient chaque année, surtout à l’approche du Ramadan et du Carême. «Nous rencontrons ce genre problème toujours pendant ces périodes (Ramadan ou Carême). Que pouvons-nous faire ? Ou se plaindre ? On fait avec ‘’rek’’ ! Si nous n’achetons pas, comment allons-nous préparer le dîner pour la rupture, le soir ?», déplore-t-elle.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
VERS UN NOUVEAU DEAL SOCIAL ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Il s’agit pour le gouvernement de ne plus chercher à imposer son hégémonie sur ses partenaires sociaux, de ne plus prendre auprès d’eux des engagements qu’il ne sait ne pas pouvoir tenir
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 11/03/2025
La rencontre au Grand Théâtre de Dakar le 27 février 2025 entre le premier ministre Ousmane Sonko, entouré de l’ensemble de son gouvernement, des syndicats et du patronat, fera date. Le premier ministre a en effet proposé aux partenaires sociaux un « nouveau deal » social.
« Personne ne souhaite une confrontation. On a besoin de stabilité. Aucun pays n’a décollé sans un consensus fort. Les pays qui ont décollé ces dernières années, c’est des pays ou les libertés publiques ont été réduites. Regardez les pays asiatiques, les pays arabes…Nous on est une démocratie et c’est tant mieux… ».
« Il faut mettre de côté pendant un temps les grèves et les manifestations dans la rue » …« Personne ne souhaite la confrontation sociale, parce que personne n’y gagne. Nous devons tous éviter de nous pousser mutuellement vers la radicalisation », a-t-il ajouté.
Et de proposer aux syndicats un dialogue social « sincère », « transparent », qui se « fera dans la vérité et la justice sociale » afin d’aboutir à un « pacte de dialogue social ».
Puis de proposer la signature dès le 1er mai, d’un Pacte de Solidarité Sociale formulé à travers un dialogue social incluant les différents secteurs, pour rétablir la justice sociale et éviter « la confrontation sociale ». De plaider ensuite pour une suspension des grèves, le temps de redresser la situation financière « catastrophique » du pays, héritée du régime Macky Sall.
« Construisons d’abord une économie, créons les conditions de notre souveraineté. Nous devons travailler à nous réapproprier toutes nos ressources pour développer notre pays dans quelques années ».
Le modèle Sonko d’un tripartisme sénégalais
Le premier ministre Ousmane Sonko a, à n’en pas douter, à l’esprit le modèle de dialogue social, dit tripartite, qui a été mis en place à travers toute l’Europe occidentale, des pays nordiques, à l’Allemagne et à la France, ainsi qu’au Japon et à Singapour après la 2eme Guerre Mondiale. C’était à l’initiative d’hommes d’état comme Olof Palme en Suéde, De Gaulle et Jean Monnet en France, Konrad Adenauer en Allemagne, les premiers ministres japonais Shigeru Yoshida et Eisaku Sato et le premier ministre de Singapour Lee Kwan Yeew notamment.
Ce modèle est généralement considéré comme l’un des principaux facteurs du redressement spectaculaire de l’Europe et du Japon ainsi que du développement fulgurant de Singapour.
Il a permis d’améliorer les conditions de travail, d’augmenter la productivité des travailleurs, de produire de la richesse et d’établir un système de justice et de sécurité sociale pour l’ensemble des travailleurs et leurs familles.
Le tripartisme ne nie pas la lutte des classes mais postule que, au moins pendant une phase historique donnée, les intérêts des uns et des autres, des travailleurs, des patrons et de l’Etat sont conciliables et doivent être conciliés.
Sénégal : du tripartisme en théorie au syndicat unique, de la « participation responsable » au « Comité national du dialogue social » et au Haut Conseil du Dialogue Social
Cette idée de dialogue social, de coopération, gouvernement, patronat et travailleurs est ancienne au Sénégal et a une histoire singulière dont il convient de tirer les enseignements.
Le premier président de la République du Sénégal l’avait théorisée déjà en 1963. "Il ne s'agit plus de défendre les travailleurs contre un étranger ; il s'agit maintenant d'accroître le revenu national, d'assurer la répartition plus équitable de ce revenu par la protection de tous conformément au marxisme "à chacun selon son travail", écrira-t-il.
Cette idée sera cependant rattrapée par « les événements de Mai 1968 » et la logique du parti unique s’est imposée au président de la République, Secrétaire général de l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS), parti unique de fait à l’époque
La « participation responsable » sera alors instituée : pour assurer "l'association du mouvement syndical à l'élaboration, à l'exécution et au contrôle de l'exécution des plans de développement économique et social (ce qui) doit se traduire par la représentation des travailleurs désignés par les organisations syndicales, à la commission nationale du plan, au Conseil économique ainsi qu'aux délibérations des missions ou instances du parti traitant des questions économiques et sociales et aux conseils d'administration des sociétés para étatiques à but économique et social… »
Le syndicat bénéficie dès lors d’un quota de la liste des députés à l’Assemblée nationale, de plusieurs sièges au Conseil Economique et Social, contrôle les institutions de représentations et même détient un ou deux ministères.
Le régime du président Abdoulaye Wade va tenter lui d’asseoir son hégémonie sur le mouvement syndical en suscitant la création d’une dizaine de nouveaux syndicats, souvent issus des flancs d’anciennes organisations, dont certaines sous l’égide de responsables du PDS avant de mettre en place une « Charte nationale sur le dialogue social » puis un « Comité national du dialogue social » censé servir de cadre au dit dialogue.
Pourtant, le « front social » ne se pacifie pas pour autant. Malgré toutes ses tentatives, notamment en proposant le port de brassage par les travailleurs pour signaler leurs revendications au lieu de recourir à la grève et malgré l’institution d’un « Comité national du dialogue social » et ses relais au sein des syndicats, son régime sera confronté à des grèves régulières.
Le régime de Macky Sall quant à lui institue le « Pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique » censé permettre la mise en œuvre du « Plan Sénégal émergent » et substitue au « Comité national du dialogue social » le Haut Conseil du Dialogue Social. Il n’empêche : les grèves notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé restent régulières.
Pourquoi le tripartisme n’a pas marché au Sénégal ?
De Senghor à Macky Sall, chaque régime a pris en compte à sa manière le fait syndical dans sa gouvernance, soit en établissant son hégémonie sur les syndicats soit en les combattant frontalement soit en prenant en compte leurs revendications pour ne les satisfaire que parcimonieusement, après avoir subi grèves après grèves.
Aucun n’a réussi à établir une collaboration durable avec « les partenaires sociaux ». De 1960 à nos jours, le « front social », (l’expression est significative) est constamment en « ébullition » : quand ce ne sont pas les écoles primaires qui sont fermées, ce sont les universités qui le sont ou encore les hôpitaux quand ce ne sont pas les transports publics qui sont paralysés.
Quand on considère la longue histoire du syndicalisme sénégalais qui date du début du XXème siècle, quand on sait que la liberté syndicale instaurée depuis l’indépendance du pays (loi 61-34 du 15 juin 1061) n’a jamais été remise en cause et qu’un cadre juridique et institutionnel approprié avec la « Charte nationale sur le dialogue social » et le « Comité national du dialogue social », a été mis en place il y’a près de vingt ans déjà, on peut s’étonner que le tripartisme n’ait pas fonctionné au Sénégal.
Est-ce parce que chaque régime, de Senghor à Macky Sall, a voulu asseoir son hégémonie sur le mouvement syndical ?
Est-ce la « politisation » des syndicalistes dont toute une génération de dirigeants sont issus de chapelles politiques, du Parti Socialiste, PDS ou de partis de gauche, dont ils ont gardé le « formatage » même quand ils en sont séparés politiquement et idéologiquement depuis longtemps ?
Est-ce le corporatisme exacerbé des dirigeants des syndicats qui les rend insensibles aux considérations autres que les intérêts stricts de leurs corporations ?
Est-ce cette attitude des responsables successifs de l’Etat, de Senghor à Macky Sall, à promettre tout ce que les syndicalistes veulent juste pour qu’ils arrêtent la grève alors que l’Etat n’a pas les moyens de tenir ces promesses ?
Est-ce la nature du patronat, comprador et nationaliste à la fois, éclaté dans de trop nombreuses organisations, qui la rendu jusqu’à présent faible et incapable d’assumer un rôle social significatif ?
Les défis du régime Pastef
Dans ces conditions, l’offre de « new deal » social du premier ministre Ousmane Sonko peut-elle fonctionner ?
Or le pays qui est en proie à une profonde crise économique et financière et doit s’imposer une période d’austérité, n’a pas les moyens de faire face à tous les engagements, souvent inconsidérés que l’ancien régime a pris à l’endroit des syndicats.
Pourtant le premier ministre a donné des instructions pour ‘’la liquidation des points de revendications pouvant faire l’objet de mise en œuvre immédiate, du chantier de l’équité salariale, de la seconde phase des mesures de réduction du coût de la vie sans impact budgétaire’’.
Il s’est engagé d’autre part à épurer la dette intérieure ce qui devrait permettre de relancer financièrement les entreprises locales et leur permettre notamment de sécuriser les emplois.
Côté patronat, la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) et le Conseil national du patronat (CNP), les deux principales organisations annoncé leur prochaine fusion, ce qui devrait renforcer la voix du patronat dans le dialogue.
Il s’agit pour le gouvernement de ne plus chercher à imposer son hégémonie sur ses partenaires sociaux, de ne plus prendre auprès d’eux des engagements qu’il ne sait ne pas pouvoir tenir
Les uns et les autres doivent se convaincre que l’échec du projet dont le premier ministre propose le lancement le 1er avril 2025, ne sera pas seulement un coup porté à la Vision Sénégal 2050 du président Bassirou Diomaye Faye mais risque d’être fatal à la démocratie et au développement économique rapide promis par le nouveau régime.
Aussi serait il indiqué que le consensus tripartite soit porté solennellement à la connaissance du peuple pour qu’il en soit garant. Sa signature pourrait se faire dans le cadre d’Assises Sociales qui regrouperaient les représentants de toutes les forces vives du pays ainsi que toutes les autorités religieuses et coutumières.
par Boubacar Mohamed Sy
LA FEMME AU CENTRE DE LA STRATÉGIE POUR L’ÉDUCATION DES MASSES
Le tollé qu’a suscité la note de service du Directeur Général du Port Autonome de Dakar aménageant les horaires de travail en faveur des femmes et pour le Ramadan mérite une attention particulière, tant il renseigne sur la complexité de notre société
Amkoullel, l’enfant peulh : « Un enfant peut désobéir à son père mais jamais à sa mère ».
Le tollé qu’a suscité la note de service du Directeur Général du Port Autonome de Dakar aménageant les horaires de travail en faveur des femmes et pour le Ramadan mérite une attention particulière, tant il renseigne sur la complexité de notre société.
Mieux, il renseigne sur une certaine difficulté à mettre sur la besace à idées quelques problématiques de fond dont le traitement permettrait de combattre quelques freins au développement.
Par exemple : en tant qu’écrivain et intellectuel qui se nourrit de controverses scientifiques, je suis (excusez l'emploi du je) déjà très en avance aussi bien dans la réflexion que dans la rédaction d’un essai politique qui traitait de la place de la femme dans notre société.
Le titre choisi, assez complexe, est le suivant : La place de la femme dans la société sénégalaise : entre conformisme ou modernité. (Titre qui pourrait évoluer)
Il reste évident, au demeurant, que traiter le présent sujet serait comme se positionner sur une ligne de crête surtout quand, subséquemment, on veut réfléchir sur ce qui pourrait concourir à une vraie éducation des masses, au Sénégal. Problématique ; à savoir précisément l’absence d’éducation des masses, qui demeure un parmi d’autres des vrais obstacles au développement du Sénégal.
La solution, à cet effet, pourrait être de replacer la femme au centre même de la stratégie pour aboutir à une société ou l’éducation est socle de toute démarche des membres qui la composent.
En vérité, superficiellement, il est difficile pour un pays de se développer avec une grande partie de la population mal éduquée, mal instruite et qui considère l’argent comme la seule valeur à considérer.
Cela justifie l’expansion et la puissance du paraitre outrageusement soigné à « ndoumbelane » et érigé en passe-droit un peu partout.
Venons-en à l’absence d’éducation des masses.
Manifestation de l’absence d’éducation comme frein au développement
L’absence d’éducation dans la société a engendré au Sénégal beaucoup de tares. Lesquelles appréciées aussi bien au niveau des citoyens que des hommes politiques.
En effet, le Sénégal est un pays où chacun peut faire ce qu’il veut. C’est un pays où le respect est mort malgré les discours moralisateurs, à longueur de journée, sur la politesse et sur tout ce qui s’y apparente.
Un pays ou celles et ceux qui essaient de rester sur le droit chemin et qui font preuve de rectitude dans la démarche dérangent. Il est une société où le mensonge est généralisé et banalisé, où la corruption est un recours usité insolemment.
Le mensonge, l’impolitesse, la ruse et la corruption sont-ils devenus les arguments du citoyen qui ne se gêne plus d’en user abondamment dans sa vie courante ?
Le citoyen sénégalais pense que la voie de la réussite passe par l’emprunt des voies de contournement et non par le travail. Ainsi, est-il noté le point de départ de la course, sans règles établies et par toutes sortes de pratiques, vers l’obtention de la richesse.
Ce qu’il y a lieu de comprendre, en réalité, est que tous les problèmes liés au développement comme la mal gouvernance, la gabegie, le népotisme ou l’utilisation à des fins politiques de l’administration découlent ou s’expliquent par une mauvaise éducation.
Il est évident qu’une personne qui a vécu dans des valeurs de partage, de solidarité, de respect du bien d’autrui, du « Ngor, diom et fouleu » aura toujours un comportement exemplaire.
La personne qui reste dans les valeurs constitue une référence absolue et un exemple pour tous. C’est à ce niveau de responsabilité que sont appréciées éducation et instruction. L’éducation est un travail de base sur la personnalité de l’enfant. C’est cela qui subsiste pour dire vrai.
Prenons l’exemple des débats politiques au Sénégal. Le débat politique qui devait être civilisé et didactique n’est qu’étalage, la majeure partie du temps, de médiocrité et d’indiscipline.
Combien de fois, au Sénégal, des militants de partis politiques, du pouvoir comme de l’opposition, se sont montrés en exemple de la pire des manières en ne s’écoutant pas, en s’insultant, au pire, copieusement sur les réseaux sociaux et même ailleurs ? On ne se gêne pas de s’insulter pour exprimer nos désaccords.
Restons toujours sur les réseaux sociaux. Aucune possibilité de débat contradictoire. Des discussions viles et sans réel contenu. Le constat d’une attraction pour les débats sur les personnes, sur la nudité, sur la vie d’autrui, et quelques fois par le fait de quelques presses en ligne, constituant une violation du droit à la vie privée et frisant la majeure partie du temps une atteinte illégale à l’honneur et à la réputation de tiers distingués. Quant aux débats scientifiques, ils sont sanctionnés par leur audience quasi inexistante.
Sur un autre aspect, la vérité « Mbedoum-Bour » est l’expression la plus parlante et la plus évidente d’une conception rétrograde de la société.
Elle témoigne, par ailleurs, d’une absence d’éducation et d’inculture réelles dans notre société. Comment considérer la rue comme un dépotoir d’ordures pour n’importe lequel sénégalais s’il est suivi le sens très précis du “Mbedoum-Bour”.
Un autre exemple des plus illustratifs pour comprendre l’indiscipline au Sénégal reste l’irrespect total du code de la route et l’intolérance sur la route entre chauffeurs. Il suffit d’observer la circulation pour se donner une idée du Sénégal et de ses pathologies impossibles à dissimuler.
Pour terminer sur les manifestations de l’absence d’éducation des masses, chacun peut constater aujourd’hui que l’insulte est banalisée. Le discours racé et policé est de moins en moins constaté contrairement aux années 60 ou il était l’apanage du plus grand nombre.
Quelle décadence !
Quelles sont les causes de cette absence d’éducation des masses ? Les causes de la situation étant multiples. On peut citer, entre autres : la pauvreté, la désertion des parents (mari comme femme) du foyer conjugal pour une quête de vie quotidienne meilleure, la désagrégation de l’enseignement public, la télé et la presse qui font plus du marketing et du busines en offrant plus que du ludisme que du didactique. Le ludisme, en ce sens, est devenu l’opium du peuple.
Jadis, l’éducation et l’instruction des masses étaient un travail communautaire. Elles étaient partagées par différents acteurs à savoir les parents, la famille élargie, les voisins, l’Etat à travers les écoles et pour finir le monde de l’audiovisuel et de la presse.
Il faut revenir, en conséquence, aux fondamentaux à savoir une société normalisée ou chacun jouera traditionnellement son rôle. C’est là où le sujet traité est intéressant puisqu’il insiste sur une mission essentielle dévolue à la femme à savoir l’éducation d’une nation.
Revenons aux causes de la désertion des parents, mari comme femme, du domicile familial. Ce qui traditionnellement fait obstacle à la tâche d’assurer l’éducation des enfants.
Le constat qu’il est possible de faire est que, désormais, homme comme femme se rendent au travail. Cela n’est pas sans conséquence sur la construction de la personnalité de l’enfant dont la responsabilité incombe aux parents.
Plusieurs causes, d’une inégale importance, expliquent la nouvelle situation qui devient une règle. Parmi ces causes, deux des plus significatives restent la dure réalité dans les ménages qui fait que l’homme ne peut plus lui seul, conformément aux préceptes de l’islam et à la vérité culturelle, assurer la dépense quotidienne mais aussi, et dans bien des cas, le mimétisme qui amène la femme africaine à se comporter comme la femme occidentale. Il s’y ajoute le manque d’éducation citoyenne qui fait de l’argent la seule valeur à considérer.
La vérité retient, aussi bien dans les traditions africaines que dans les civilisations islamiques, que jusqu’à un certain âge bien défini, sept ans pour les uns, douze ans pour les autres, l’éducation de l’enfant relève de la femme qui doit lui inculquer les valeurs de base de la famille ainsi que celles de la société.
Pour ce faire, il est vrai, la femme est appuyée par la totalité des membres de la maison y compris les parents proches, les voisins. Quant au père, bien que souvent absent, il n’est jamais exempté de contribuer drastiquement à l’éducation des enfants. La base de l’éducation reposait sur un travail communautaire.
Au terme de l’âge requis, l’enfant est placé entre les mains de l’école qui assurait sa réelle mission. Par ailleurs, au plan historique, en France, la famille appartenait au père qui en détenait la responsabilité.
La raison de la généralisation du travail des femmes en Europe est à chercher dans les effets et conséquences des deux guerres mondiales qui ont décimé l’essentiel de la population jeune qui constituait les soldats.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les femmes, veuves pour la grande majorité d’entre-elles, se sont vues dans l’obligation de sortir pour travailler, nourrir leurs enfants en bas âge et se nourrir.
Il s’agit d’une situation objective pour répondre à un besoin réel de survie. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que le droit de vote accordé aux femmes n’est intervenu que récemment en France.
Dans ce pays, alors que les hommes ont obtenu le droit de vote universel en 1848, il s’est écoulé presque un siècle pour que les femmes obtiennent ce droit. C’est en 1944 qu’elles l’ont eu et n’ont pu, finalement, l’exercer qu’en 1945, juste après la Seconde Guerre mondiale.
La réalité vécue par les femmes africaines est tout autre et fort différente. Elle mérite d’être connue pour faire ressortir la position appréciable et très enviable que l’Islam et les traditions africaines offrent à la femme.
Pour illustration, le proverbe africain ne dit-il pas que « Les pantalons exécutent le jour ce que les foulards ont décidé la nuit » ? Ainsi, la place accordée à la femme, dans ces civilisations, est-elle d’importance.
En vérité, la femme est au centre de tout. Elle est, à la limite et à juste raison, vénérée. Proverbe = Sagesse des nations. Ce que les nations ont sécrété pour en faire vérité.
Aussi, accentuer ce mimétisme alors même que les vécus sont différents, pour affirmer que la femme doit forcément travailler et le faire comme à l’européenne, peut-il se traduire au résultat, par des effets pas si favorables que cela au développement de l’Afrique.
Il est, soit dit en passant, possible d’alerter sur la loi sur la parité qui doit être revue. Elle doit faire l’objet d’une étude sérieuse pour en déterminer les résultats, notamment en termes d’effet et d’impact sur le développement du pays.
Pour terminer avec la France où on a importé presque tout au mépris de nos vérités traditionnelles et sans recours à la tropicalisation, la parité, quoique semblablement obligatoire, reste optionnelle pour les formations politiques.
Au Sénégal, par exemple, même les conseils municipaux ont l’obligation de respecter intégralement la parité. Ce qui sape quelques fois à l’établissement d’un conseil performant.
La question à trouver réponse est de savoir comment les femmes sénégalaises puissent-elles s’épanouir intellectuellement tout en continuant à jouer pleinement leur rôle dans le foyer et notamment celui d’inculquer à l’enfant une éducation de base la plus solide qui passe même plus important que les considérations de préparation de ndogou ?
NB : L’insertion professionnelle des femmes ne répond plus contextuellement à leur seul désir d’épanouissement intellectuel ou à une volonté de contribution significative et incontestable au développement du pays mais une nécessité, pour beaucoup d’entre elles et au même titre que les hommes, de contribuer financièrement dans la maison pour une vie plus aisée. Elle n’est donc et ne sera jamais remise en question.
En définitive, la réponse à la question permettrait de bâtir et de mettre en pratique une politique d'éducation répondant à nos valeurs culturelles et cultuelles.
Boubacar Mohamed Sy est Juriste spécialisé en droit du numérique, des technologies avancées et de la cybersécurité, Conseiller Municipal / Commune de Patte d’oie.
LE SÉNÉGAL, CHAMPION DES PRIX À LA POMPE
La vie chère trouve une illustration frappante dans le prix de l'essence qui, à 990 FCFA le litre, est le plus élevé de toute l'Afrique de l'Ouest selon les données de la BCEAO
De nombreux Sénégalais décrient la cherté du coût de la vie dans le pays. Aucun produit n’est presque épargné y compris l’essence dont le coût est le plus élevé au Sénégal, plus que partout ailleurs en Afrique de l’ouest.
L’inflation n’épargne pratiquement aucun pays en Afrique. Ses conséquences sont plus fâcheuses si elle touche des secteurs cruciaux comme l’énergie. Et certains pays sont plus affectés que d’autres en ce qui concerne particulièrement le prix de l’essence.
Selon l’agence Ecofin, dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), les prix de l’essence à la pompe varient fortement d’un pays à l’autre. Non sans indiquer, en se référant aux dernières données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), que le Sénégal détient le record du prix le plus élevé, tandis que le Niger reste le pays où l’essence coûte le moins cher.
D’après les chiffres officiels, souligne l’agence Ecofin, le Sénégal arrive en tête avec un prix de 990 FCFA le litre, bien audessus de ses voisins. Un coût qui s’explique, dit-elle, par la fiscalité sur les hydrocarbures, les coûts d’importation et la politique de subvention du pays. A en croire toujours l’agence Ecofin qui reprend les données de la BCEAO, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, l’essence se vend également à un prix élevé, autour de 875 et 850 FCFA le litre. À l’inverse, précise-t-elle, le Niger affiche un prix largement inférieur à ses voisins, avec 499 FCFA par litre. Une différence qui s’explique par la production locale de pétrole et les subventions mises en place par l’État, note-t-on.
A en croire toujours Ecofin, ces différences de prix ont un impact direct sur les populations et les économies locales. Il ajoute que dans les pays où le carburant est plus cher, les coûts de transport augmentent, ce qui pèse sur le prix des denrées alimentaires et des biens de consommation.
Il faut juste rappeler que si les prix sont aussi chers au Sénégal, c’est parce qu’en 2023, le gouvernement s’est engagé à supprimer d’ici à 2025 les subventions de l’électricité, du supercarburant et du gasoil en mettant en œuvre une stratégie comprenant plusieurs étapes. Il a ainsi enregistré une baisse de 158,5 milliards de francs de la subvention en 2023 en mettant en application sa stratégie. Ainsi, les prix du supercarburant et du gasoil ont été augmentés dans les proportions suivantes : une hausse de 100 francs sur le prix du litre de gasoil, qui est passé de 655 à 755 francs, soit le même niveau d’augmentation que le litre de supercarburant, qui passe de 890 à 990 francs CFA.
Cependant, on se demande si le gouvernement compte se limiter là dans la suppression de la subvention. Dernièrement, Amadou Moustapha Njek Sarré, ministre de la Formation professionnelle et porte-parole du gouvernement, a annoncé que l’Etat du Sénégal avait décidé de prendre des mesures fortes pour apporter des solutions à la situation sombre des finances publiques. Parmi celles-ci, il y a la suppression de l’exonération ainsi que la suppression des subventions sur l’électricité, le carburant et l’eau. Des mesures qui vont à coup sûr avoir des impacts négatifs sur le niveau de consommation des ménages. Le Sénégal qui dépensait l’équivalent de plus de 4% de son PIB en subventionnant l’électricité, certains produits pétroliers (supercarburant et gasoil) ainsi que le gaz butane, travaille à limiter les subventions énergétiques à 2% du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2025. On doute fort toutefois que l’Etat du Sénégal touche encore le prix de l’essence qui est foncièrement décrié. Peut-être qu’il jettera son dévolu sur les autres produits énergétiques.
En tout cas, cette décision de limiter les subventions énergétiques représente un véritable défi au vu du contexte économique actuel et de la forte demande des populations pour un meilleur accès à l’énergie.
LE DIRECTEUR GENERAL DU BUDGET N’EST PLUS
Le Directeur général du Budget, Abdou Diouf, est décédé vendredi soir, à Dakar, à la suite d’un malaise. Il s’est éteint à l’âge de 46 ans, laissant derrière lui un parcours exemplaire au service de l’État et de l’Administration publique.
Le Directeur général du Budget, Abdou Diouf, est décédé vendredi soir, à Dakar, à la suite d’un malaise. Il s’est éteint à l’âge de 46 ans, laissant derrière lui un parcours exemplaire au service de l’État et de l’Administration publique.
Haut fonctionnaire émérite, Abdou Diouf s’est distingué par son engagement indéfectible et son expertise reconnue dans le domaine des finances publiques. Son parcours illustre une carrière marquée parla rigueur, la compétence et un profond dévouement à la gestion des ressources de l’État.
Il a notamment exercé au sein de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), à Ouagadougou, où il a contribué activement à l’élaboration des politiques budgétaires et aux travaux d’intégration économique à l’échelle sous régionale. En sa qualité de chef de la Division chargée des Etudes économiques et des Statistiques à la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor, il a joué un rôle central dans l’analyse et l’évaluation des finances publiques. Fort de son expertise, il a ensuite été nommé coordonnateur de la Direction générale du Budget, avant d’être appelé, en janvier dernier, à en prendre officiellement la tête.
La disparition prématurée de Abdou Diouf constitue une perte inestimable pour l’administration financière du pays. Le ministère des Finances et du Budget tient à honorer la mémoire d’un homme dont l’intégrité, la compétence et le sens du devoir ont marqué ses collaborateurs ainsi que l’ensemble de la fonction publique.
Dans un hommage appuyé, le ministère souligne : «M. Diouf a consacré sa carrière au service de l’État avec intégrité, compétence et un profond sens du devoir. Homme d’une loyauté exemplaire et d’une grande générosité, animé d’un patriotisme sans faille, il a toujours placé l’intérêt général au cœur de son action.»
Inspecteur principal du Trésor, M. Diouf a été nommé Directeur général du Budget le 22 janvier 2025. Auparavant, il occupait le poste de coordonnateur de cette même Direction, fonctions qu’il a exercées avec un dévouement sans faille et un professionnalisme exemplaire. Son engagement, son sens du service public et sa vision éclairée des finances publiques laisseront une empreinte indélébile dans le paysage budgétaire et économique national.
par Youssoupha Mbargane Guissé
ETHNICISME NEEDO KO BANDAM, VIOLENCES ET PRÉDATION SOUS MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - En instrumentalisant les liens ethniques et communautaires traditionnellement facteurs de cohésion, le précédent pouvoir a établi un réseau clientéliste permettant le contrôle total de l'appareil d'État
Toute analyse faite, la particularité du système Macky Sall a été une gouvernance mue par l’ignorance, la cupidité et la peur. L’ignorance a développé l’esprit de soumission à l’impérialisme et le mépris des siens, le peuple sénégalais. La cupidité a nourri la prédation inouïe des biens et des ressources et aussi entretenu la peur de tout perdre. Cet état de fragilité psychologique a imprégné toute sa gouvernance orientée vers un seul but, celui de perpétuer cette prédation par le moyen déclaré de « réduire l’opposition à sa plus simple expression » ! Cette conception de la « réduction » est celle de la « négation », de « l’élimination » de l’adversaire politique perçu comme une menace. Une telle conception animée par la crainte de l’adversité se traduit nécessairement sur le terrain politique par le recours à la violence répressive et aux pratiques corruptrices. C’est dans cette direction que le président Macky Sall a cherché sa légitimé et sa cohérence en référence au Needo Ko Bandam, un trait culturel du Bien vivre ensemble, commun aux sociétés apparentées de cette partie de l’Afrique de l’Ouest appelée Sénégambie. Cette valeur d’appartenance identitaire est ici travestie dans un nouveau contexte comme facteur culturel de structuration de son groupe politique. L’objectif est dès le départ pour cette minorité d’accaparer l’appareil d’Etat et d’exercer son contrôle total sur le pays.
Le Needo ko Bandum. Une tradition de Téranga
Le Needo ko Bandum signifie en Pular, « l’homme, c’est sa parenté ». Autrement dit, seule l’appartenance à la même communauté ethnique, parlant la même langue définit l’individu. Cette parenté communautaire est primordiale car elle établit un lien sacré de solidarité entre tous ses membres. Ce lien de dépendance personnelle de l’individu à l’égard des membres de sa famille, de son ethnie et de sa communauté est tout à fait naturel et a constitué la base sociale et affective de la cohésion sociale des communautés africaines dans la longue histoire. La préservation des liens sacrés de cette parenté s’est faite par la gestion des inégalités à travers de puissants et subtils mécanismes de domestication de la violence. La culture de la paix (jàmm) s’est ainsi maintenue depuis des siècles à travers les générations dans la vie des différentes communautés en présence. Ainsi la Téranga (l’hospitalité) et le (Kal) le cousinage à plaisanterie, sont devenus à travers les âges, un patrimoine collectif précieux, un trait essentiel commun de civilisation à ces communautés diverses et apparentées. La sociabilité musulmane sufi des confréries a fortement renforcé cette culture traditionnelle d’unité, de cohésion sociale et de culture de la paix, lorsque à partir du 19é siècle, les confréries ont assuré la réorganisation des sociétés défaites militairement et ont porté l’élan puissant de leur renouveau.
Un montage dans l’imaginaire
La volonté de contrôle total sur le pouvoir d’Etat s’est appuyée sur l’appartenance du groupe dirigeant à la même communauté de langue et de culture qui dans le passé, aurait une suprématie sur les autres. Naturellement, il faut pour cela une terre d’origine ancestrale fondatrice de la légitimation de ce pouvoir, un territoire, un village de naissance. Cet ancrage dans l’espace et le temps conjugués donne un caractère sacré au pouvoir en place. Celui-ci est alors frappé du sceau de l’intemporel et devient par nature un pouvoir fort, non contestable, celui du Roi, Buur Guede ! On assiste ainsi à un reclassement politique des rapports de forces par leur transfert à un niveau purement symbolique, mais avantageux. Il s’effectue un effet de surimposition à la suite duquel le pouvoir d’Etat républicain porte en même temps la figure du royaume imaginaire construit par le Griot. Deux périodes historiques forts éloignées dans le temps et complètement différentes, sont recomposées en une même séquence présente, assurant au clan du président Sall, noyau dirigeant de l’APR, la légitimité historique de sa domination politique sur le pays.
L’instrument politique d’un groupe
Ce mélange implicite et diffus d’émotions et de croyances rétrogrades repose sur une perception floue de l’histoire, un fantasme sur sa propre identité de groupe. Une telle falsification a pour fonction de renforcer l’unité d’appartenance du groupe dirigeant et la légitimité de sa position hégémonique au sein de l’Etat. Cette opération mystificatrice est en même temps une dangereuse auto-aliénation du groupe lui-même et a sa propre décadence inévitable. Elle a en effet enfoncé davantage le pouvoir dans l’aveuglement politique et dans une logique implacable de répression massive des mouvements de contestation. Ainsi une gouvernance prise dans les flux des émotions, pulsions et des présupposés idéologiques, a entrainé la détérioration des fondements institutionnels, juridiques et moraux de la République. Elle a rejeté alors la transparence et les dispositifs consensuels et démocratiques garantis par la Constitution du Sénégal. Pour rester au pouvoir coûte que coûte, le président Macky Sall a encouragé les pratiques de manipulation dont l’ethnicisme Al Pular, au risque de la dislocation du pays. L’ethnicisme Needo Ko Bandam est donc ce lien d’appartenance culturel et linguistique utilisé sciemment pour assoir un clientélisme politique de privilèges et de corruption multiforme. En l’introduisant de manière diffuse et confuse dans la sphère dirigeante de l’Etat, le président Macky Sall et son clan l’on utilisé comme instrument d’efficacité politique, d’organisation et de déploiement opérationnel de l’APR.
Le binôme Macky-Farba
Cette démarche ethniciste dans les rapports politiques a permis de justifier la concentration extrême du pouvoir aux mains d’un groupe restreint. Ce dernier s’est donné la légitimité d’occuper la haute direction politique du pays afin de s’enrichir et de jouir abondamment des biens et privilèges. Le cas du griot Farba Ngom est très illustratif de cette fabrique de parvenus dont l’APR a été le foyer.
En effet, Farba Ngom a été au cœur de la stratégie, de l’organisation du modèle ethniciste qu’il incarnait lui-même de manière ouverte. Parti de rien de son village natal pour immigrer à Dakar où il a exercé plusieurs petits métiers, il est parvenu à être l’ami et le griot attitré du président Macky Sall et un des principaux animateurs de son parti, l’APR. Personnage très influent, il est devenu très rapidement un puissant homme d’affaires multimilliardaire et ne s’en cachait pas. Ami écouté, griot et bras droit du président, il jouait un rôle clé dans la configuration de la gestion politique ethniciste et politico-affairiste de l'Etat. Une des particularités de ce mode de gouvernance est le binôme formé par le président Macky Sall à la tête de l’Etat, gérant la haute politique et son griot animateur, gérant sur le terrain les réseaux affairistes. Autour de ce binôme tournaient en connexion différents cercles de soutien et de service : les alliés complices de Benno Bok Yakaar, certains responsables de la haute administration, des finances et du contrôle territorial, des marabouts et des griots influents, des commerçants importateurs, des quotataires, des gens du business privé, de nombreux courtisans, des journalistes et hommes de main à solde. Une telle structuration de gouvernance politique et de compromission affairiste et clientéliste a permis leur hégémonie chaotique sur le pays pendant douze ans. En effet, le président Macky Sall s’est appuyé sur les moyens de l’Etat pour exercer un acharnement sur le Pastef, son leader, ses cadres, sur la jeunesse et les populations, exerçant violences psychologique et morale, manipulations judiciaires, procès arbitraires, emprisonnements, tortures et tueries de manifestants. Tout cela dans une ambiance d’arrogance de certains membres du « cercle Al Pular » envers les opposants.
Le cercle Al Pular
En effet, pour assurer l’hégémonie politique du groupe dirigeant, le président Macky Sall a mis en place un dispositif institutionnel de nominations aux postes stratégiques de l’Etat. Ce maillage administratif assurait un contrôle politique stratégique à caractère ethnique Al Pular au cœur même de la gouvernance de l’Etat. C’est ainsi que de nombreux postes de décision, de contrôle et de sécurité au plus haut niveau de l’Etat ont été confiés à des responsables de l’APR originaires du Fuuta ou d’appartenance Al Pular. Ce mode d’organisation clanique reposait au plan économique sur la cooptation et la promotion d’éléments incompétents, mais rusés et efficaces dans le fonctionnement des réseaux affairistes d’enrichissement facile et rapide. L’économie du pays était ainsi sous l’emprise de trois catégories constituées par : - l’attelage d’hommes d’affaires milliardaires, industriels, chefs d’entreprises, banquiers, en particulier du régime libéral précédant, - des hauts fonctionnaires corrompus de l’administration bureaucratique classique en place depuis le président Senghor, et - des gens de la débrouillardise, issus des milieux précaires et des trafics illicites de tout genre qui ont prospéré à la faveur d’une économie mondiale de réseaux financiers et de trafics de tout genre. De cet ensemble composite, certains ont été promus et se sont retrouvés en connexion dans les instantes influentes de l’APR, sous la Direction du président Sall et de son griot Farba Ngom.
L’appareil APR
L’Alliance pour la République, APR garantissait - l’efficacité des pratiques de contrôle absolu du chef sur les membres du clan, -l’enrichissement scandaleux de ces derniers et la garantie de leur impunité, - la corruption organisée de tous les segments des élites du pays, - l’encadrement de la violence répressive sur l’opposition et les manifestants. Une telle structure renforce le pouvoir redoutable du Maitre sur les membres du clan, en contrepartie d’avantages de protection, de promotion et de possibilités ouvertes d’enrichissement personnel. Le Needo ko Bandam est somme toute un dérivé local du mode d’organisation caractéristique de la mafia, sans le code d’honneur de celle-ci.
Autour du président et du cercle Al Pular ont gravité des personnages troubles, souvent issus de nul part, courtisans, démarcheurs, nervis, prostituées, passeurs et aventuriers de tout bord. Ces arrivistes ignorants et arrogants promus au sein de l’APR se sont très vite immensément enrichis et ont renforcé la culture de la violence pour préserver leurs privilèges et le système lui-même. En effet, tous n’avaient qu’une seule patrie : le monde glauque de l’argent, celui des milliards, de milliers de milliards amassés, détournés, blanchis ! Il leur fallait avoir le contrôle de tous les leviers institutionnels de l’Etat pour s’accaparer impunément des biens et brader les ressources du pays. Ce réseau sélectif ethniciste et mafieux en connexion à de puissants intérêts étrangers, opérait dans tous les secteurs de l’Etat, de l’économie et du commerce par des pratiques de corruption, falsification et dissimulation.
Le favoritisme prévalait selon les proximités avec le cercle, s’agissant des recrutements et des promotions, de l’octroi des avantages et prébendes, des deals sur les marchés publics, le foncier, les patrimoines de l’Etat, les ressources minières, etc. Tout cela servait à consolider au détriment de la République, le pouvoir affairiste d’un clan, d’une famille et de nombreux lobbies. Ainsi, l’ethnicisme ambiant sous le régime du président Macky Sall a renforcé la cupidité avec laquelle un petit nombre a dépossédé le pays de ses biens, spolié ses richesses et marché sur des corps juvéniles fauchés par les balles, inertes, avec le drapeau du Sénégal entre les mains.
Ostracisme et pulsions de mort
Le gouvernement du président Macky Sall a même pratiqué un ostracisme ethniciste à l’égard de la région de la Casamance en bloquant délibérément les activités économiques et le commerce avec le reste du pays, cela pendant de longs mois. Ce fut une manière de punir les communautés et la jeunesse acquises au projet de Ousmane Sonko et conquises par son leadership. Cette répression contre la région fut un acte véritable de trahison de la Nation ! Le Neddo Ko Bandam imprégnait les rapports politiques, mais par sa nature fluide-obscure, son caractère ethno-raciste implicite ne pouvait s’exprimer au grand jour. Il n’avait pas la dignité d’une idéologie, n’en avait ni les capacités, ni les arguments, ni la raison morale, ni même le courage. C’est peut-être pour cela, qu’elle s’est rétractée, confinée à l’intérieur d’elle-même, nourrie de ses propres démons : l’ignorance, la cupidité et la haine. Mais l’intensification du conflit politique et les confrontations sur le terrain ont poussé le président Macky Sall à recourir pour se maintenir, à son fort penchant psychique, la « réduction » : procéder à des emprisonnements massifs, aux tortures et tueries. Les pulsions de mort ont donc explosé dans les maillons extrémistes du cercle dirigeant, les poussant à organiser la répression contre le peuple, recrutant des nervis mêlés aux Forces de Défense et de Sécurité, FDS. Certains cadres et militants, députés, journalistes, « insulteurs » du camp de l’APR, ont même publiquement appelé au meurtre des dirigeants de l’opposition patriotique, sans jamais être inquiétés. Le régime du président Macky Sall a laissé ainsi librement se développer une culture de la haine et de la criminalité politique dans le pays. Certains ont appelé cela « un gangstérisme d’Etat » !
Le Bloc de résistance
Cependant face à cela et aux manœuvres de division ethniciste, régionaliste et aux manipulations d’accusation de terrorisme, les dirigeants du Pastef et le peuple dans son ensemble, ont fait preuve de grande responsabilité et d’esprit citoyen, en restant focus sur les objectifs de la victoire électorale démocratique, préservant ainsi l’unité du pays et la cohésion sociale. Les communautés elles, dans leur diversité culturelle, religieuse confessionnelle, s’en sont toujours tenues au respect du pacte ancestral de paix et de solidarité entre elles. Dans tous les cas, les armatures communautaires, lignagères, familiales et les héritages spirituels du bien vivre ensemble ont constitué et restent des remparts à toute tentative de division et de séparatisme au Sénégal. L’échec de l’expérience du MFDC est à cet égard édifiant, de même celui du projet ethniciste Needo Ko Bandam qui s’est effondré. Aujourd’hui l’engagement citoyen et panafricaniste de la jeunesse sénégalaise constitue une puissante force contre tout mouvement ou idéologie prônant l’obscurantisme séparatiste. Désormais la réunification politique du continent pour l’abondance, la puissance et le rayonnement est le vaste horizon de ses rêves et de son engagement.
La transition révolutionnaire
Le cauchemar semble fini à présent, bien que se prolongent encore des attaques répétées dangereuses contre le nouveau pouvoir et les institutions. C’est une logique propre à toute situation de transition. Les forces centrifuges du régime déchu appuyées sur des réseaux de soutien extérieurs, s’organisent pour saper les ruptures salutaires mises en œuvre. Le peuple et ses dirigeants doivent faire face aux actes sabotage, de désinformation et de déstabilisation à tous les niveaux. La transition politique est complexe avec ses défis et ses promesses de grands succès. Elle exige des taches théoriques, celles de renforcer les nouveaux paradigmes de rupture conceptuelle et éthique, conditions de la reprise de l’initiative historique. Elle exige particulièrement à la direction politique et stratégique du Pastef de mener à bien les taches suivantes :
- une révolution culturelle, linguistique et pédagogique qui puise dans le génie culturel du peuple et potentiel subversif de ses traditions,
- une intelligence collective dans la direction politique stratégique du pays,
- une sécurisation de la révolution et de ses dirigeants,
- une mobilisation politique des masses,
- une économie productive moderne d’abondance,
- une politique des égalités sociales et territoriales,
- une stratégie de souveraineté politique régionale et panafricaine.
Ces conditions parmi d’autres, exigent chacune des politiques adaptées dont :
- la formation politique et idéologique des cadres et militants dans les pures traditions des résistances africaines, et des expériences révolutionnaires dans le monde,- la communication permanente avec les masses pour leur éveil de conscience élevé,
- la montée en puissance de la jeunesse sur les lignes de front de l’expertise scientifique et de l’innovation technologique de pointe,
- une refonte profonde de l’Administration et des Académies scientifiques, enfin et surtout
- la mobilisation des intellectuels et savants, des artistes, architectes, ingénieurs et créateurs dans la préfiguration du nouveau monde à naitre.
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LE SPRINT DU NDOGOU À DAKAR
Les routes dakaroises se muent en champ de bataille quand l'heure de la rupture du jeûne approche. Des milliers de jeûneurs, affaiblis et impatients, défient les lois de la prudence dans une course effrénée vers leur domicile
À Dakar, le mois de Ramadan transforme les heures de pointe en véritable défi. Chaque soir, les automobilistes se lancent dans une course effrénée pour rejoindre leur domicile avant la rupture du jeûne.
Les embouteillages s'intensifient et la tension monte sur les routes. La faim et la soif, après une journée de jeûne, augmentent l'irritabilité des conducteurs, entraînant parfois des accrochages. "La faim et la soif me conduisent à ressentir de la colère et occasionnent un manque de concentration", témoigne un chauffeur de taxi.
Face à cette situation préoccupante, des appels à la prudence se multiplient. "On est dans le mois de Ramadan, on doit gérer. Soyons juste plus compréhensifs", rappelle un usager de la route.
Pour les fidèles, partager le "ndogou" (rupture du jeûne) en famille reste un moment précieux qui justifie cette précipitation quotidienne. Cependant, les autorités insistent sur l'importance d'arriver à destination sain et sauf, rappelant que la sécurité doit primer sur tout le reste.