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4 mai 2025
Femmes
PAR HAMIDOU ANNE
LE SUPPLICE DE LA FEMME SÉNÉGALAISE
Songué Diouf a commis un dérapage inacceptable, qui appelle des excuses de sa part et son retrait du débat public - Nous avons construit une société où être femme est un supplice, et nous devons tous en avoir honte
Hamidou Anne |
Le Monde Afrique |
Publication 16/03/2018
Au Sénégal, Songué Diouf, professeur de philosophie et chroniqueur dans un talk-show bien suivi sur une chaîne de télévision privée, a affirmé à l’antenne le 9 mars, au lendemain de la journée internationale des femmes : « Pour les viols, je coupe la poire en deux. Vous faites tout pour que nous vous violions. Et quand nous vous violons, nous allons en prison. Et vous qui avez tout fait pour que nous vous violions, vous restez libres. » Sur le plateau, comme seule réaction, des ricanements…
De tels propos sont graves et ne devraient jamais être tenus, a fortiori à la télévision. Ils m’ont surpris, car je connais l’homme depuis mes années au lycée, où il était un brillant esprit qui séduisait ses jeunes interlocuteurs. Depuis, j’ai gardé pour lui de l’amitié et de l’affection. Mais Songué Diouf a commis un dérapage inacceptable, qui appelle des excuses de sa part et son retrait du débat public par respect pour celles et ceux qu’il a heurtés, surtout les femmes qui ont subi l’horreur du viol.
Plus généralement, dans cette polémique, se font face deux groupes. Il y a ceux, choqués par ces déclarations, qui demandent des excuses, l’éviction du chroniqueur de la télévision, une action en justice pour apologie du viol. Ils sont dans leur droit et méritent un soutien sérieux. L’affaire est grave. A ce titre, elle doit faire l’objet d’une prise en charge qui dépasse le seul cadre des réseaux sociaux, voire des médias.
Quant à ceux qui défendent les propos de Songué Diouf, on trouve parmi eux toute une kyrielle de gens. Des idiots comme on en croise au quotidien sur Internet, qui ne méritent pas qu’on s’attarde sur eux. Mais aussi des individus censés réfléchir et avoir un minimum de bon sens. Et ce sont ceux-là qui font peur, en vérité. Ils se fendent de tribunes et de prises de parole dans nos rues, nos maisons, nos lieux de travail, pour soutenir l’apologie du viol. Ils trouvent un écho dans certains médias irresponsables qui hébergent leurs saillies misogynes.
C’est dans leurs rangs qu’il faut ranger le journaliste animateur du talk-show incriminé, qui soutient le professeur Diouf et le dépeint même sous les traits de la victime. Le renversement est grossier et sonne comme une nouvelle atteinte à la dignité des personnes qui ont été violées. Celles-ci sont assimilées à des bourreaux pour s’être habillées de façon « provocatrice ». Elles passent du statut de victimes à celui de vulgaires aguicheuses.
« Je ne me tairai pas »
Ceci rappelle les réactions déclenchées dans le pays en 2012 par la condamnation du journaliste mondain Cheikh Yérim Seck pour avoir violé une jeune fille dans une auberge. Beaucoup blâmaient la victime en demandant : « Que faisait-elle dans une auberge seule avec un homme jusqu’à être violée ? » Comme si le consentement féminin ne signifiait rien. Comme si le musellement des femmes ne devait jamais cesser.
Les propos de Songué Diouf sont terribles pour quiconque pense que nous pouvons construire une société différente qui respecte la simple dignité des femmes. Mais ils peuvent constituer un tournant majeur dans un contexte mondial de libération de la parole des victimes de viol, de harcèlement et d’agression sexuelle. En écho à #meetoo et #balancetonporc, des Sénégalaises ont lancé #nopiwuma (« je ne me tairai pas »). Intellectuels, hommes politiques – dont l’absence de réaction dans cette affaire est symptomatique du niveau du débat public sénégalais –, religieux progressistes ont une fenêtre de tir pour qu’enfin une révolution s’opère dans notre pays sur la question des droits des femmes.
Les voix de ces dernières ne doivent plus cesser de tonner à nos oreilles de mâles égoïstes. Leurs cris de révolte doivent irriguer l’espace public et faire vivre le débat dans notre pays, où l’interprétation de la religion et les rapports sociaux ont instauré le sexisme et la misogynie. Combien de femmes, de petites filles sont violées et réduites au silence dans nos maisons, souvent avec la complicité des familles ?
Pis, on vient de leur dire que c’est de leur faute, car elles sont habillées de façon sexy ou ont des formes généreuses, qu’elles l’ont cherché, que c’est bien fait pour elles. Nous avons construit une société où être femme est un supplice, et nous devons tous en avoir honte.
Hamidou Anne est un consultant en communication institutionnelle
MOINS EDUQUEES, MOINS PAYEES, LES OBSTACLES A LA PARTICIPATION ECONOMIQUE DES FEMMES
Dans une série de rapports de la Banque mondiale partagés hier, Mme Frederica Marzo explique que les femmes sont doublement piégées dans leur participation à la vie économique.
Au Sénégal, chaque année, ce sont 300 mille jeunes qui arrivent sur un marché du travail très difficile, mais l’accès à ce marché est encore plus dur quand il s’agit des femmes. C’est ce qui ressort d’une série d’études menées par la Banque mondiale sur «Les contraintes à la participation des femmes et des jeunes dans la vie économique active». Ces études qui identifient différents déterminants à cette situation expliquent que le manque d’éducation et l’expérience, l’âge et le fait d’avoir des enfants sont les principaux facteurs qui expliquent le retard des femmes en termes de participation à la vie économique. Si le taux de chômage des jeunes tourne autour de 10%, des clivages apparaissent en fonction du sexe.
Les études de la Banque mondiale montrent ainsi que «les femmes sont systématiquement moins éduquées que les hommes, même si l’écart est en train de se résorber pour les tranches les plus jeunes». Ce manque d’éducation fait qu’elles se retrouvent souvent dans des segments de l’économie très informelle. «Elles gagnent significativement moins et sont reléguées dans des occupations informelles à basse productivité», souligne Mme Frederica Marzo. Et quand les femmes arrivent à acquérir un niveau d’instruction élevé, elles sont là encore victimes de discrimination. «Les femmes ont besoin d’être plus éduquées pour accéder à l’emploi salarié. Alors que sur la base de ces caractéristiques, elles devraient être payées plus, elle sont payées moins que leurs pairs hommes.» Les résultats de l’étude montrent en effet que les femmes gagnent 19% moins que les hommes toutes choses égales par ailleurs. «Et elles sont doublement pénalisées», souligne Mme Marzo, en expliquant qu’aucune loi n’existe pas pour réprimer les faits de discrimination.
Autres problèmes que rencontrent les femmes, ce sont les normes sociales qui font que 23% des filles de 15 à 19 ans étaient mariées contre 30% en milieu rural en 2016. «Le contexte social et culturel joue un rôle fondamental en limitant le choix individuel des jeunes et des femmes vis-à-vis du travail», souligne Mme Marzo. Elle explique que 61% des femmes qui n’ont pas d’activités économiques le justifient par des responsabilités familiales. En outre, 6% des mères entre 22 et 27 ans font des études contre 47% des non mères. «Les jeunes femmes arrêtent l’école plus tôt, se marient plus tôt et la première grossesse détermine le choix des filles», explique-t-elle. A l’âge de 25 ans, 40% des hommes seulement sont mariés contre 80% des femmes, indique l’étude.
Mais la situation tend à s’améliorer puisque de plus en plus le travail des femmes est accepté, mais des instruments juridiques et légaux restreignent encore leur autonomie, précise Mme Marzo. Si le gouvernement annonce toujours sa volonté de faire de cette masse de jeunes un levier de développement à travers la capture du dividende démographique, des actions doivent être entreprises. «Le problème de la formation se pose d’abord parce que quand vous parlez d’emplois, il faut une formation. Et souvent, les jeunes et les femmes n’ont pas de qualification professionnelle», souligne M. Gorgui Ndiaye, secrétaire général du ministère de l’Emploi, de l’insertion professionnelle et de l’intensification de la main-d’œuvre.
Pour Mme Sophie Naudeau, responsable des Programmes développement humain de la Banque mondiale, «il faut améliorer la qualité de l’éducation traditionnelle, y compris mettre plus d’emphase sur les domaines exigés par le marché comme les sciences et les mathématiques».
Dans ses conclusions, l’auteur de l’étude, Mme Marzo, indique qu’il va falloir «avoir une approche intégrée pour améliorer la situation, que ça soit par l’amélioration du cadre légal, des actions qui mènent à l’évolution des normes culturelles ou l’amélioration de la disponibilité des intrants et faire face aux défaillances de marché en termes de manque d’information sur le marché du travail».
PAR LA CHRONIQUEUSE DE SENEPLUS, AMINATA DIA
LA LETTRE D'AMINATA
EXCLUSIF SENEPLUS - Il aurait fallu que vous disiez simplement : "Je suis désolé - J’ai conscience que mes propos ont blessé et heurté" - Lettre ouverte au professeur Songhé Diouf
Lorsque j’ai écouté votre émission, j’ai entendu les mots suivants : « vous faîtes tout pour que nous vous violons et quand nous vous violons, nous allons en prison, et vous qui avez tout fait pour qu’on vous viole, vous continuez à être libre … J’assume entièrement ce que je dis ». Sur le coup je n’ai pas réagi. Je me suis dit qu’il devait s’agir d’une erreur. Vous savez, ces choses qui deviennent rapidement incontrôlables sur internet et qui de partage en partage se vident de leur substance car comment se pourrait-il que de pareils mots puissent être prononcés et de surcroît assumés sur une chaîne de télévision nationale ? Alors, j’ai fait mes recherches Professeur. J’ai trouvé la vidéo dans son intégralité et vous ai réécouté et quelle a été ma surprise de voir sortir de votre bouche ces mêmes mots avec une telle conviction, comme une évidence finalement si on s’en fie aux ricanements du présentateur de l’émission et des femmes sur le plateau. J’ai eu très mal mais pas seulement pour ce que vous avez dit, j’ai eu mal pour toutes les fois où les femmes et filles de ce pays doivent sans cesse voir ce débat se poser et se reposer avec les mêmes arguments sanglants et transperçant. Vous auriez pu être ce pont Professeur, ce pont qui aurait permis de redonner à ce débat vil et stérile focalisé sur des chiffons un sens d’humanité. Vous auriez pu permettre à deux camps apparemment distincts de reconsidérer leurs positions et d’entamer un dialogue sur l’importance du langage dans la lutte contre les agressions sexuelles.
Il aurait fallu que vous disiez simplement : « Je suis désolé. J’ai conscience que mes propos ont blessé et heurté des personnes déjà fragilisées physiquement, moralement et émotionnellement, toutes les personnes leur étant proches et tout Homme dans sa conscience et sa dignité d’être humain mais telle n’était pas mon intention. Parfois, nous ne prenons pas conscience de l’importance des mots que nous utilisons mais les mots sont importants. Ils peuvent détruire comme ils peuvent réparer, inspirer et insuffler courage et je m’excuse que les miens aient été source de condamnation. Toutefois, cela m’enseigne combien il est nécessaire d’avoir cette conversation à un niveau sociétal pour développer une prise de conscience par rapport à l’impact des mots et du langage de manière général sur de pareilles questions ». Vous l’avez dit vous-mêmes Professeur : « Partout où j’allais, les gens partageaient avec moi combien m’écouter leur faisaient du bien mais nul n’est à l’abri d’un pareil moment d’incompréhension ». Mais alors Professeur, pourquoi ne pas avoir fait preuve d’humilité devant un pareil moment ?
De deux choses l’une, ou vous ne pensez pas ce que vous avez dit et vous vous êtes mal exprimés comme aiment à le répéter vos défenseurs, auquel cas votre deuxième sortie atteste d’une incapacité à assumer vos insuffisances d’Homme pour demander pardon car demander pardon est un acte de courage et d’humilité ; ou vous pensez fondamentalement ce que vous avez dit et l’assumez toujours mais pas sans essayer de réécrire l’histoire et de manipuler intellectuellement votre audience pour les faire passer pour ceux-là qui n’ont rien compris. Sauf que « pris au sens de la lettre ou du verbe », peu importe le sens que vous souhaitez donner à vos propos après coup, vos mots restent les mêmes : « vous faîtes tout pour que nous vous violons et quand nous vous violons, nous allons en prison, et vous qui avez tout fait pour qu’on vous viole, vous continuez à être libre … J’assume entièrement ce que je dis ».
Toutefois, je ne vous écris pas pour m’allonger sur l’intention derrière vos propos. Je n’ai pas cette prétention car Dieu seul et vous en avez pleinement conscience. Je vous écris pour vous annoncer une bonne nouvelle : vous n’êtes pas seul à dire ce que vous dîtes et à l’assumer. Pire, vous n’êtes pas seul à penser qu’il existe des situations où les femmes « peuvent inciter au viol ». Vous avez choisi l’exemple simpliste des vêtements, mais Professeur, il y a mieux. Beaucoup vous dépassent en originalité et en brutalité, dans les mots j’entends bien.
Vous dîtes qu’ « elles le voulaient », mais quelle femme peut vouloir que sa vie change aussi brutalement ?
Certainement pas une jeune femme de dix-neuf ans. Et pourtant, elle « aura certainement tout fait pour se faire violer » Professeur. Parce qu’elle aura tout fait dans ce sens, sa vie bascule. Tout commence lorsqu’elle accuse un célèbre et réputé homme sénégalais de viol. Le cas est alors porté devant les tribunaux et toutes les preuves condamnent l’homme en question. Ce dernier, écope d’une peine de trois ans de prison ferme. Mais l’opinion publique se divise alors en deux camps, exactement comme dans votre cas, puisque de nombreuses personnes, hommes et femmes confondus, rejettent immanquablement la faute sur la principale concernée. Là encore rien de nouveau. Là où les choses deviennent intéressantes, c’est que cette fois-ci, l’argument est différent. Le débat ne tourne pas autour de ce qu’elle portait mais autour d’une question considérée comme essentielle : « Qu’est-ce qu’elle y faisait ? » (« Lou mou fa done deff ? ») En effet, dans la société sénégalaise, une bonne femme est celle-là même qui reste auprès des cuisses de sa mère, pour reprendre la célèbre expression wolof : « togg sa podiou ndeye ». Un an et demi plus tard, le coupable bénéficie d’une liberté conditionnelle. Non seulement, il évite de purger la totalité de sa peine, mais il s’arrange très vite pour reconstruire son image en apparaissant dans la majorité des chaînes de télévisions de la place comme un fervent croyant à qui Dieu faisait passer une épreuve. «
Lorsque Dieu t’aime, Il te fait passer par des moments difficiles. Tout ceci était la volonté de Dieu » confit-il lors d’une de ses interviews. Auteur d’un nouveau livre rédigé en prison où il entend traiter des tares et problèmes de la société sénégalaise, il ne s’assure non pas tant de sa promotion que de son autopromotion en se présentant comme un héros national, victime d’une grande injustice, lorsque la victime, elle, est réduite au silence. Personne ne dit rien et ce spectacle se poursuit dans le silence le plus absolu. Vous, vous êtes simplement un « incompris national », « vos propos ont été mal interprétés », pas vrai ? Mais là encore, Professeur, vous n’avez rien d’unique.
Des personnes comme vous qui expliquez, argumentez et rationalisez le fait qu’il peut exister des cas où les femmes incitent au viol ou le cherchent un peu quand même, il en existe partout au monde de sorte que même si le viol est accepté comme un crime et considéré comme un acte horrible, la faute est toujours rejetée sur les victimes. Ces dernières ne sont pas supposées se mettre dans les situations où cela pourrait leur arriver. Cette pensée est terrible parce qu’en lieu et en place de donner aux victimes le courage de demander justice sans peurs aucune, elle les enfonce dans un silence de honte et de culpabilité. Comme résultante, qu’est ce qui se passe dans les pays où certaines femmes ont le courage de briser le silence ? Lorsqu’elles osent parler, elles sont présentées comme responsables du crime qui leur est arrivé. Elles sont coupables d’avoir été violées, harcelées ou abusées sexuellement et physiquement. Cette idée de « qu’est-ce qu’elle portait ou de qu’est-ce qu’elle y faisait ? » est centrale dans la compréhension de comment aussi bien les hommes que les femmes de nos sociétés oppressent les victimes d’abus sexuels.
En effet, en donnant la priorité à cette question au lieu de rester concentrer sur comment des actes aussi diaboliques peuvent être commis, la question des abus sexuels est présentée comme quelque chose de certes inacceptable mais de parfois compréhensible. Le drame de cette réalité est qu’elle internalisée par les victimes qui se blâment elles-mêmes en pensant que c’est peut-être effectivement de leur faute, peut-être qu’elles méritent ce qui leur est arrivé, peut-être qu’elles n’auraient pas dû porter cette « petite robe rouge » ou rester seules avec cet homme. C’est un état d’esprit et une manière d’analyser les abus sexuels qui condamnent certes le criminel mais pas sans souligner avec violence et virulence la responsabilité de la victime. Le droit d’être une victime est refusée à toutes ces femmes. Le droit et le pouvoir de dire : « je suis une victime » est confisqué lorsqu’être violé est considéré comme une honte, une offense, un déshonneur, un crime social et que le silence complaisant et maquilleur des apparences est préféré à la vérité.
Et si nous présentions cette perturbante question : “Qu’est-ce qu’elle portait ou qu’est-ce qu’elle y faisait ?” comme violente en elle-même ? Et si nous donnions aux victimes le droit de faire face pour elles-mêmes et d’affirmer leur pouvoir sans avoir peur d’être humiliées ? Et si une victime d’abus sexuel cesse d’être responsable, coupable, honteuse pour être une victime tout simplement ? Et si toutes les victimes d’abus sexuels étaient libérées de la peur et de la honte qui sont inextricablement liées au statut de victime ? Comment pouvons-nous ne pas être révolté et indigné en tant qu’êtres humains lorsque devant de pareils horreurs, la réaction est « Mais vraiment il faut reconnaître que ce n’est pas aussi simple (…)
Je suis d’accord, c’est inacceptable mais … » ; à chaque fois qu’on ne voit pas seulement à quel point nous apprenons aux femmes à se diminuer devant les hommes, mais comment nous les blâmons lorsqu’elles s’y refusent ; à chaque fois qu’il y a un cas d’abus sexuel où la victime est engagée dans un procès social et moral, au même titre et parfois même beaucoup plus que le criminel lui-même ? Ce n’est pas de l’injustice. Cela transcende l’injustice car en tant que société, nous légitimons et construisons la loi du silence qui emmure les victimes. Comment pouvons-nous parler d’amélioration des droits et conditions de la femme si du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, nos sociétés usurpent le droit le plus basic d’un être humain qui est d’être protégé contre les violences morales, physiques et psychologiques, lorsqu’il est question des femmes abusées sexuellement ?
Docteur Martin Luther King a dit un jour : “Au final, ce qui fera le plus mal, ce ne sont pas les mots de nos ennemis mais le silence de nos amis.” Pour les victimes d’agressions sexuelles, ce qui fera le plus mal, c’est leur propre silence. Mais elles ne sont pas forcées de rester silencieuses. Vous êtes-vous déjà demandé Professeur pourquoi les associations de lutte contre les violences faites aux femmes peinent autant ? Vous-êtes-vous déjà demandé pourquoi la plupart des victimes restent silencieuses ? Pourquoi une victime d’agression sexuelle va hésiter avant de dénoncer son agresseur, de se rendre à la police ou d’accepter de se rendre devant les tribunaux ? Pourquoi en moyenne, 40% des victimes d’agressions sexuelles prennent du poids après avoir été attaquées, et ne font plus attention à leur féminité ? Pourquoi certaines femmes elles-mêmes considèrent que les femmes vont à l’encontre des problèmes en se montrant trop provocantes devant les hommes ? Qu’est-ce que nous pouvons apprendre de tout ceci ? Le fait est que, c’est à travers des propos comme les vôtres, mais répétées pas seulement par vous Professeur sur une chaîne de télévision nationale mais par d’autres femmes et hommes dans la vie de tous les jours que dans chaque pays, nous légitimons les agressions sexuelles en disant simplement « mais » après « c’est inacceptable ». Nous disons concrètement : « Les victimes sont des victimes mais en même temps, elles ne le sont pas vraiment. »
Le langage est puissant. En disant simplement « mais » ou « qu’est-ce qu’elle y faisait ? » ou « elle aurait dû rester sur les cuisses de sa mère » ou pour reprendre vos termes « restez des sénégalaises bon teint », nous confisquons le droit et le pouvoir de ces victimes de simplement être elles : victimes et non coupables. Nous les obligeons à rester silencieuses en leur faisant bien comprendre que : « si vous brisez le silence, vous devez être capable d’expliquer pourquoi une telle chose vous est arrivée. » Mais qui peut expliquer le pourquoi d’une telle ignominie ? Qui peut le comprendre ? Qui peut en saisir le sens ? Y’a t-il même un sens à pareil non-sens ? Le langage est le premier instrument contre l’affirmation du droit et du pouvoir de toutes ces femmes parce que ceux qui sont en position de pouvoir, à savoir l’écrasante majorité de la société, peuvent l’utiliser pour réduire au silence les victimes.
C’est ce que nous retrouvons au Sénégal avec le cas de nombreuses femmes et petites filles qui n’ont même pas eu la chance d’en venir à être injuriées puisque n’ayant simplement pas eu à dire quoi que ce soit. C’est ce que nous retrouvons au Maroc, où la loi permet aux criminels d’éviter la prison en acceptant d’épouser leurs victimes, ce qui conduit les femmes à des suicides dramatiques dont le dernier en liste date de l’année dernière. C’est ce que nous retrouvons en Jordanie où la pression sociale a atteint un paroxysme tel que la victime est placée en détention pour la protéger de sa propre famille qui pourrait la tuer. C’est ce que nous retrouvons aux Honduras où une femme est agressée et tuée par son propre partenaire de vie tous les vingt jours, de même qu’en France où cela se produit cette fois-ci tous les trois jours. Ces mêmes partenaires qui sont sensés les aimer, les chérir et les protéger. C’est ce que nous retrouvons en Inde où en moyenne, deux femmes sont violées, une est battue et quatre sont harcelées sexuellement chaque heure dans le silence le plus absolu. C’est ce que nous retrouvons en Afghanistan, en Haïti, en Guinée équatoriale, en République Démocratique du Congo, au Pakistan, au Nigéria, au Bengladesh et partout dans le monde.
En effet, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé, ¾ des femmes dans le monde vont finir battues, abusées ou agressées et par leur mari ou partenaire de vie en majorité. Vous pensez que la solution c’est d’inciter les femmes à faire attention Professeur puisqu’elles évoluent dans des sociétés où ils existent des malades mentaux incapables de se contrôler, mais la réalité c’est que ces derniers ne sont pas les plus à craindre. Ceux qui me font les plus peurs, ce sont ceux-là qui pensent qu’à partir d’un certain stage, la notion de consentement n’existe plus et qui pour toute réaction, en face de tous ces abus prononcent des : « mais » ou des « vous faîtes tout pour que nous violons » et pire, signent et insistent qu’il y a toujours un « mais » quelque part à un moment donné.
La société insiste toujours sur le fait que cela ne se serait jamais produit si elles avaient agi différemment. Mais elles n’ont pas agi différemment et particulièrement par rapport à votre insistance sur la question au lieu de présenter des excuses, elles n’ont pas à agir différemment. Elles n’ont pas à se couvrir ou à « rester des sénégalaises noires bon teint ». Cela n’a aucune importance. Cela n’a aucune importance parce que toutes les femmes devraient se sentir libre d’agir comme elles le désirent sans avoir peur d’être violées. Cela n’a aucune importance parce que cela n’excuse pas le viol, encore moins le violeur. Il n’y a pas la moindre petite excuse et tout comme il ne saurait y en avoir, il ne devrait pas exister de phrases aussi inhumaines inhumaines que celles que vous avez prononcées ou de questions telles que « qu’est-ce qu’elle y faisait ? » : « j’ai été violée et ce n’est pas de ma faute », « J’y étais mais ma présence n’a aucune importance. Ma tenue n’a pas d’importance. Mon parfum encore moins. Même le fait que je sois ivre ou droguée n’a pas d’importance. La seule chose qui importe est que c’est un crime qui doit être puni et non excusé, compris, justifié ou légitimé ! »
De plus, le danger inhérent à l’idée de « qu’est-ce qu’elle portait ou y faisait ? » est ce message que nous lançons à toutes les femmes et petites filles. Nous leur disons « tant que tu seras là où tu dois être, ou tant que tu te comporteras ou t’habilleras comme une fille bien (suivant la définition que la société fait d’une fille ou femme bien), tu n’auras pas à craindre d’être violée ou d’être abusée sexuellement. » Et de surcroît, nous disons implicitement aux hommes : « ce n’est pas grave si tu es juste un homme. Tu ne dois pas commettre un acte pareil parce que c’est horrible mais dans certaines situations, nous comprenons que tu ne puisses vraiment pas faire autrement. » Nous pensons toujours à : « comment cela se serait passé si elle n’y avait pas été ou si elle avait agi différemment ? » Nous pensons toujours que tout serait différent et que rien ne se serait produit. Mais là n’est pas la question parce que cela s’est produit et ça continue de se produire.
Voyez-vous Professeur, pendant longtemps, je ne comprenais pas pourquoi il était aussi difficile pour beaucoup de personnes de comprendre pourquoi les mots sont importants dans un pareil sujet et pourquoi des propos comme les vôtres créent souffrance, indignation, colère et division. Je ne comprenais pas que vous ne puissiez pas comprendre, vous et beaucoup d’autres hommes et femmes de notre société en général, qu’un viol est un viol et qu’il n’y a pas de « mais ». Hommes et femmes je précise bien car certaines femmes que j’interviewais m’ont dit : « si c’était moi, j’allais libérer cet homme pour doute car à partir du moment où elle s’y est rendue, il n’y a plus de viol », et d’autres diront « si vous vous couvriez, cela ne vous arriverait pas ». Au fond, qu’est-ce que cela nous enseigne ? Si la majorité d’entre nous pensent de cette manière, c’est qu’il y a une raison, c'est que nous avons été élevé de cette manière.
Le viol sauvage et agressif est plus facile à accepter pour les hommes. Considérer que les victimes de viol sont les femmes agressées sauvagement dans la rue, ou agressées par des soldats, ou encore par des brutes, est beaucoup plus facile que d'accepter que même une femme qui au départ a bien allumé l’homme en question à travers sa tenue, et allons même plus loin Professeur, une femme qui était d'accord pour le faire pour se rétracter l'instant d'après est une victime. A partir du moment où nous sommes toutes des potentielles victimes de viol, n'importe quel homme peut violer une femme dans ces conditions. Et dans votre discours, vous préférez la simplification à l’extrême qui rejette le blâme sur les femmes. C'est plus facile de les « sensibiliser », de « leur demander de faire attention », de limiter le viol à l'aspect sauvage car sauter sur une fille dans la rue, la violer puis l'égorger ou sur une petite fille, cela, vous et vos défenseurs et pourfendeurs de morale le reconnaissez unanimement comme un acte inhumain que seul peut commettre un vrai criminel ou un malade. Mais les autres cas, eux, qui limitent le viol à sa définition légal à savoir « absence de consentement », (« tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise »), vous préférez « sensibiliser ». C'est plus facile de jeter le blâme sur la fille. Après tout, pourquoi elle l'a allumé ? Elle avait qu'à ne pas le chercher ? Elle n’avait qu’à ne pas y être ! Elle n’avait qu’à « rester une sénégalaise bon teint ».
Quelle est la différence entre une femme qui se retrouvent dans ces situations et se fait violer et une femme qui dans les mêmes conditions n’est pas agressée ? C'est la différence entre un violeur, un criminel et un homme. Je rêve de ce jour où on arrivera à un stade dans nos sociétés où cette différence fera sens pour tout le monde, où nous n’apprendrons plus seulement aux femmes à faire attention mais également aux hommes à se tenir. Si j'ai un garçon un jour, j'aimerais qu'il grandisse avec ces valeurs et qu'il comprenne très bien que lorsqu’une femme lui dit « non », c’est « non ». Et j'aimerais que ma fille aussi sache qu'elle n'aura jamais à s'en vouloir pour des choses qui ne sont pas de sa responsabilité. Les valeurs d'une femme de bien, j'essaierai de les lui inculquer comme ma mère l'a fait avec moi, comme ma grand-mère l'a fait avec ma mère, et comme les mères de toutes ces filles l’ont fait avec elles car Professeur, les jeunes femmes n’ont pas à recevoir ce message de vous depuis une chaine de télévision nationale, elles ont leur mères et tantes pour cela. Mais ces valeurs ne devront pas la limiter, et ne devront nullement l'oppresser et la plupart du temps, elles ne nous limitent ni ne nous oppressent mais c’est leur utilisation pernicieuse et leur manipulation qui confinent les femmes et les culpabilisent pour des choses qui ne relèvent et ne sauraient relever de leur responsabilité. Oui, « les violeurs vont en prison et les femmes restent libres ». C’est ce qui devrait être mais la vérité Professeur, c’est qu’on en est loin encore et vous avez raté le coche car vous aviez l’opportunité de rectifier vos propos et cela aurait permis d’avoir des conversations toutes autres sur cette question.
Mais puisque vous ne l’avez pas fait, je me permets d’encore croire que votre intention ce jour-là sur ce plateau n’était pas de blesser et par ces quelques mots, je vous le dis, même si telle n’était pas votre intention, vous avez blessé et heurté des femmes et des hommes, car de nombreux hommes sénégalais se sont sentis outrés et indignés dans leur chair. Je vous le demande, formulez des excuses et rien que des excuses. Il n’y a rien de pire que de tenter de manipuler intellectuellement les gens ou d’insulter leur intelligence surtout lorsqu’on est soi-même intelligent. L’heure est au dialogue dans notre société. Au dialogue, j’entends bien et non pas au combat et vous avez aujourd’hui l’opportunité d’initier ce dialogue. Le vrai problème à chaque fois qu’un sujet sur les femmes, le genre ou la manière dont hommes et femmes ont été élevés dans nos pays se posent, chacun sort ses crocs et s’apprêtent à bondir pour protéger on ne sait quoi. Préférons-nous le confort de ces pseudo-avantages auxquels nous nous accrochons aussi fortement à la construction d’une société plus équilibrée où hommes et femmes, ensemble se dresseraient libres et sans masques ? Une chose est sûre, tant qu’au Sénégal, on ne pourra pas avoir ce dialogue ouvertement et sans peur, cela est loin d’arriver et tant que vous continuerez à « assumer » vos propos Professeur ou tenterez de les expliquer au lieu de vous en excuser, je ne saurai croire en vos bonnes intentions encore mois à celles que vos défenseurs vous prêtent.
Avec tout mon respect
Ndèye Aminata Dia
Un être humain que vos propos ont blessé.
L’équipe nationale féminine de football du Sénégal a été battue (2-3) par celle du Maroc en match de préparation joué mercredi au centre technique Jules Bocandé de Toubab Dialaw.
Les deux équipes, qui préparent les éliminatoires de la CAN féminine prévue au Ghana en décembre prochain, joueront une deuxième rencontre amicale ce vendredi à partir de 17h, au stade Alassane Djigo de Pikine.
Les Lionnes seront opposées aux Algériennes en fin mars et début avril, une double confrontation comptant pour le premier tour des éliminatoires de la CAN féminine.
Le football féminin sénégalais n’a jusque-là pris part qu’à une seule phase finale de CAN, celle de 2012 en Guinée Equatoriale.
13,9 % DES JEUNES FILLES SONT-ELLES EXCISÉES AU SÉNÉGAL ?
Le quotidien privé sénégalais EnQuête, dans un article récent, a attribué ce taux au nombre de jeunes filles excisées au Sénégal - Ce pourcentage est-il exact ?
Coumba Sylla |
Africa Check |
Publication 14/03/2018
« 13,9 % des jeunes filles sont excisées au Sénégal. Le taux est jugé élevé par les acteurs, dans la mesure où le pays a voté la loi contre cette forme de violence », a écrit EnQuête en introduction de cet article publié le 28 février 2018, également consultable sur son site.
« De ce fait, le taux d’excision est à 13,9 % au Sénégal », en a déduit le journal, citant une experte de la question, Soukeyna Ndao Diallo, sans toutefois lui attribuer ce chiffre entre guillemets.
Ce chiffre est-il correct ? Nous avons cherché les preuves.
Du journal au rapport
Africa Check a joint l’auteure de l’article, Aïda Diène, qui a indiqué que le chiffre a été communiqué par Mme Diallo à l’occasion d’un atelier d’information et de partage sur les « Mutilations génitales féminines (MGF). Cet atelier a été organisé à Dakar par Génération Fille (Girl Generation, en anglais), une plate-forme internationale d’organisations de la société civile engagées contre l’excision, dont Mme Diallo est une des responsables au Sénégal.
Contactée par Africa Check, Mme Diallo a précisé avoir cité un taux de « 13,9 % pour les filles de moins de 15 ans » avec, à l’appui, le document contenant cette statistique. Il s’agit d’un rapport de 380 pages intitulé « Sénégal – Enquête démographique et de santé continue (EDS-continue) 2016 », publié en août 2017 par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du Sénégal. Mme Diallo a également joint à sa documentation un résumé (24 pages) de ce rapport.
Cette enquête a été réalisée, selon l’ANDS, « avec l’appui financier du gouvernement du Sénégal » et de plusieurs partenaires dont l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP). Elle a reçu « l’assistance technique » du programme mondial des Enquêtes démographiques et de santé (DHS).
Qu’est-ce que l’excision ?
L’excision est une des formes de mutilations génitales féminines, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle également « mutilations sexuelles féminines« .
Ce sont « des interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales » et « elles sont pratiquées le plus souvent sur des jeunes filles entre l’enfance et l’âge de 15 ans », affirme l’OMS. Elle estime « que plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes, toujours en vie », ont subi ces pratiques « concentrées » dans une trentaine de pays en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.
Quatre catégories de mutilations
Les mutilations sexuelles féminines sont classées en quatre catégories, détaillées dans une fiche d’information publiée sur le site de l’OMS.
Elles vont de l’amputation de tout ou d’une partie du clitoris (clitoridectomie) à la brûlure des organes génitaux (cautérisation) en passant par le fait d’agrafer ou de coudre une grande partie des petites et grandes lèvres (infibulation).
Taux d’excision variés selon l’âge
Le rapport de l’ANSD et sa synthèse transmis à Africa Check par Mme Diallo fournissent des pourcentages par tranches d’âge de la population féminine : les moins de 15 ans et les 15-49 ans, en précisant que les données pour les moins de 15 ans sont fondées sur les déclarations de la mère et, pour les 15 ans et plus, sur les déclarations des concernées. Les chiffres présentent de fortes disparités selon les zones de résidence, les origines ethniques ou encore le niveau de scolarisation.
« Au Sénégal, 23 % des femmes de 15-49 ans ont déclaré avoir été excisées », un taux en diminution par rapport à 2005 où il était de 28 %, est-il indiqué dans le rapport global. Le pourcentage de filles de 0-14 ans excisées est de 13,6 %, selon le même document.
Il indique qu’il s’agit d’une moyenne de pourcentages pour différents groupes au sein de la même tranche d’âge (0-4 ans, 5-9 ans et 10-14 ans) devant être « interprétés avec prudence ».
Le rapport de synthèse affirme que « parmi les filles de moins de 15 ans, 14 % sont excisées » au Sénégal et que « la grande majorité était excisée avant l’âge de cinq ans. »
Autres chiffres caducs
Ces statistiques sont les plus récentes consultées par Africa Check. Concernant le même sujet, certaines organisations spécialisées disposent de chiffres caducs dans leur base de données, demeurant accessibles au public jusqu’à la publication de cet article, ce 13 mars 2018.
C’est le cas pour le FNUAP qui mentionne un taux d’excision de 26 % pour les 15-49 ans au Sénégal et de 18 % « pour les filles », en citant des données du programme DHS de 2010-2011. L’Unicef, de son côté, évoque 25 % d’excisées parmi les 15-49 ans, et de 13 % pour les 0-14 ans au Sénégal, en s’appuyant sur des données des DHS de 2010-2011 et DHS continue de 2014.
L' »Atlas des statistiques sanitaires de la région africaine 2016″ du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique fournit des pourcentages de « prévalence de mutilations génitales féminines » pour le continent sur la période 2005-2013 pour deux groupes distincts, « filles » et « femmes », sans cependant préciser de tranches d’âges.
Selon ce document, sur la période indiquée, cette prévalence pour le Sénégal est de 18 % « parmi les filles » et de 26 % « parmi les femmes ».
Conclusion : le taux indiqué peut induire en erreur
Le quotidien sénégalais EnQuête a indiqué dans un article récent qu’au Sénégal, « 13,9 % des jeunes filles » étaient excisées, en déduisant que le taux d’excision dans ce pays était « à 13,9 % ».
L’experte à qui le journal a attribué le chiffre, Soukeyna Ndao Diallo, a précisé que le taux concernait les filles de moins de 15 ans en s’appuyant sur la dernière enquête démographique et de santé continue dans le pays, publiée en août 2017. Cette enquête conclut que « parmi les filles de moins de 15 ans, 14 % sont excisées » tandis que ce taux est de 23 % pour les femmes ayant entre 15 et 49 ans.
D’autres chiffres consultés par Africa Check, notamment dans les bases de données du FNUAP, de l’Unicef et de l’OMS, sont caducs mais font état de taux différents selon la tranche d’âge.
Ces indications permettent cependant de conclure que le taux d’excision indiqué par EnQuête peut induire en erreur.
BOUBA NDOUR FAIT AMENDE HONORABLE
Quand on commet une erreur, on doit avoir l’humilité de la reconnaître et de présenter ses excuses - Songhé Diouf doit présenter ses excuses, personnellement, sa sortie m’avait gêné et j’ai eu à le dire au cours de l’émission
Songhé Diouf, le chroniqueur de l’émission "Jakaarlo bi" de la TFM (privée) "doit avoir l’humilité de présenter ses excuses" après sa sortie sur le viol qui a heurté plusieurs personnes, a déclaré, mercredi, sur la radio du même groupe, Bouba Ndour, le directeur des programmes de la chaîne de télévision.
"Le professeur doit présenter ses excuses, personnellement, sa sortie m’avait gêné et j’ai eu à le dire au cours de l’émission", a rappelé le directeur des programmes invité de l’émission RFM matin.
"Quand on commet une erreur, on doit avoir l’humilité de la reconnaître et de présenter ses excuses", a commenté le responsable de la chaîne qui intervient lui-même dans l’émission "Jakaarlo bi" lancée il y a quatre ans.
Mardi, le CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel) a, dans un avis rendu public, enjoint la Direction de la TFM à mettre un terme définitif aux manquements notés dans la dernière émission "Jakaarlo Bi" et à éviter toute rediffusion sous peine de l’application des sanctions prévues par la loi.
"La conception de la programmation audiovisuelle se fait dans le strict respect de la réglementation qui, surtout en matière de traitement de sujets touchant l’honneur et l’intégrité de la personne humaine, exige un profond sens de la responsabilité et une préparation particulière de la part des intervenants à l’antenne", relève le document du CNRA.
"Cette exigence a été bafouée lors de l’émission +Jakaarlo bi+ du 09 mars 2018. C’est ce qui justifie les observations-mises en garde adressées à TFM", indique l’organe de régulation dans cet avis transmis à l’APS.
Au sujet du professeur Diouf, le directeur des programmes informe que la direction de la chaîne se réunira pour la suite à donner à sa participation à l’émission.
"Je suis un employé, j’ai des patrons qui se réuniront certainement pour trancher", a dit M. Ndour, ajoutant que la Télévision Futurs médias n’a pas encore été saisie officiellement de plainte.
’’Mais TFM ne cautionne pas cette sortie’’, a insisté M. Ndour.
Pour l’organe de supervision, "le plateau de l’émission a servi de prétexte au chroniqueur pour faire d’un sujet aussi grave, un objet de dérision, en
affirmant, pour justifier les cas de viols dont sont victimes les femmes, que ces dernières sont les responsables de leurs propres viols, à cause de leurs
choix vestimentaires ou de leur plastique".
Or, ajoute le CNRA, "de tels propos sont d’une gravité extrême si l’on sait que des femmes sont violées, violentées et tuées, mises au ban de la société, rejetées par leurs familles ou données en mariage à leur violeur ; données en mariages précoces ou forcés à la suite de viol".
Parlant de la "responsabilité" du présentateur, ce dernier, "loin d’arrêter la dérive, a enfoncé le clou, en banalisant auprès des autres intervenants, la désinvolture du chroniqueur", déplore le CNRA.
Selon l’avis, "un tel comportement est d’autant plus grave qu’il est attendu d’un présentateur qu’il exerce son rôle qui est de rappeler à l’ordre les participants à l’émission et de faire la police de son plateau".
LES FEMMES FREINEES PAR LES COUTUMES ET LA MECONNAISSANCE DE LEURS DROITS
Avoir une terre pour développer des activités génératrices de revenus n’est pas toujours chose aisée pour les femmes
Avoir une terre pour développer des activités génératrices de revenus n’est pas toujours chose aisée pour les femmes. Même si elles en disposent parfois, il se trouve que trop souvent, elles n’ont aucun contrôle sur cette terre qui est la plupart du temps un bien commun. Si l’on en croit les personnes interrogées, la méconnaissance de leurs droits, les coutumes et les traditions qui les confinent dans un rôle secondaire, sont les principales causes de ce faible accès des femmes à la terre.
Très présentes dans de petites activités génératrices de revenus telles que le maraichage, l’agriculture familiale et parfois gestionnaires de grands projets d’agriculture, les femmes peinent très souvent à accéder à la terre. Et si accès il y a, c’est le contrôle de cette terre qui fait défaut. Pourtant au Sénégal, aucune loi ne discrimine la gent féminine dans l’octroi de la terre. La loi n° 64-46 du 17 juin 1964 sur le domaine national, la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale adoptée en 2004 et les conventions internationales que le Sénégal a ratifiées garantissent l’équité et l’égalité à l’accès à la terre.
Les seuls goulots d’étranglement restent la coutume et les traditions qui confinent la femme dans une position où elle est obligée de tout attendre, mais aussi l’ignorance de ces dernières de la place qu’elles doivent occuper dans les instances de décision. De simple agricultrice, elle est devenue une des femmes les plus actives dans l’exploitation de la terre. Tiné Ndoye, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est la présidente nationale du «Réseau des Femmes rurales et Développement». Habitant la zone des Niayes, elle est actuellement membre de la fédération des agropasteurs de Diender et conseillère au Conseil économique social et environnemental (Cse).
TINE NDOYE, FEMME LEADER DANS SON DOMAINE
Sa percée dans le foncier elle la doit à sa présence très tôt dans les instances de décisions locales. « Je fait partie des premières femmes conseillères du Sénégal. J’ai compris avec mon poste de responsabilité que la non représentativité des femmes aux instances de décision est une cause considérable de leur absence au contrôle de la bonne terre », a-t-elle estimé. A part la faible représentativité aux instances de décisions, les femmes sont aussi bloquées par l’ignorance des possibilités qui leurs sont offertes, signale Tiné Ndoye. Appuyée par les organisations non gouvernementales elle a pu, en plus de sa présence dans les instances de décisions locales, acquérir une expérience qui lui a valu la maitrise du processus à suivre pour acquérir des terres. Actuellement, femme leader dans son domaine, Tiné Ndoye souhaite qu’une sensibilisation soit faite afin de permettre aux femmes de connaitre la voie à suivre. Cette faible présence des femmes aux instances de décision peut être une cause du non accès et du contrôle du foncier. Mais selon la présidente du conseil d’administration d’Enda tiers monde, Mariéme Sow, il ne saurait être le seul blocage. « La religion quelque fois on la cite comme frein, mais quand on a fait parler les marabouts, on a senti que la religion n’interdit pas la répartition des biens laissés par les parents. Si on suit la religion peut-être la femme aurait la moitié, mais elle a droit au foncier. Cependant, la tradition a fait de sorte que la terre ne soit pas répartie individuellement entre les membres d’une même famille », déplore-telle.
Pour Mariéme Sow, le frein à l’accès des femmes à la terre, c’est l’esprit des anciens qui veut que la terre soit un bien pour toute la famille. De l’avis de la présidente du Conseil d’administration d’Enda Tiers monde, la loi sur le domaine national qui garantit un accès de la femme à la terre n’est pas bien appliquée. « L’esprit de la loi sur le domaine national est de faire de la terre un bien national confié aux élus locaux. Cette loi veut aussi que la terre soit donnée à tout Sénégalais ou Sénégalaise qui en fait la demande. Cependant, il s’est trouvé que cette loi sur le domaine national qui avait ouvert grandement la porte à la femme demandeur de la terre, n’a pratiquement pas été dissociée en milieu rural de l’aspect coutumier », fait-elle remarquer.
Chercheur à Initiative prospective agricole et rural (Ipar), Ndeye Yande Ndiaye soutient que seules 13% des femmes sénégalaises ont un accès et un contrôle sur des terres. Elle souligne ainsi que les femmes occupent très souvent des portions de terres qui leurs sont prêtées. Comme la présidente du conseil d’administration d’Enda tiers-monde, Ndeye Yandé Ndiaye indexe, elle aussi, la coutume comme étant le principal frein à l’accès et au contrôle des femmes à la ressource foncière. « Quand on parcourt la loi ainsi que la Constitution sur les droits fonciers des femmes, on voit qu’on consacre le principe d’égalité entre hommes et femmes en matière de propriété foncière ».
Pour l’historienne, Penda Mbow, beaucoup d’avancées ont été réalisées dans la lutte contre les traditions qui nuisent à la femme. Mieux, dit-elle, la réforme foncière a beaucoup intégré la question de l’accès des femmes au foncier. « Il y a plusieurs années, les femmes n’avaient pas accès à la terre ou bien celles qui avaient accès à la terre disposaient de celles qui sont moins fertiles et moins productives. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience et on voit que les femmes qui sont dans le domaine de l’agriculture arrivent à des niveaux de réussite rarement égalés ». Cependant reconnait-elle, des efforts restent à faire.
SENSIBILISER POUR INVERSER LA TENDANCE
Les femmes rurales ne connaissent pas leurs droits. Une méconnaissance profitable aux chefs coutumiers, qui eux aussi, font fi de la loi au profit de la coutume. Par conséquent, selon le chercheur à l’Ipar, Yandé Ndiaye, il faut une sensibilisation pour que les femmes sachent leur place dans la société. Mieux juge-t-elle, il faut que la promotion des droits fonciers de la femme soit faite en vue d’un changement de comportements. L’accès des femmes à la bonne terre et son contrôle passent également par leur intégration dans les organes de décisions. «Il faut que les femmes aient la capacité de participer, d’intégrer les pouvoirs de décisions afin qu’elles aient la capacité de poser le problème concrètement en tant que membre de la société», dit-elle. La présidente du Conseil d’administration d’Enda tiers-monde trouve pour sa part nécessaire la création de groupes paritaires reconnus, chargés de la répartition des terres de manière équitable.
En préconisant le renforcement de capacités, Mariéme Sow trouve important que les femmes se soutiennent mutuellement pour aller à la conquête du pouvoir. Le développement de compétence personnelle est aussi un élément qui peut réduire l’inégal contrôle de la terre, croit savoir la présidente du conseil d’administration d’Enda tiers-monde.
PAR NOTRE REPORTER MAMADOU LY
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WAW GIRLS
Elles sont jeunes, belles et elles veulent s'imposer dans l'espace Internet - Soukaye, Sokhna et Mama veulent révolutionner le petit monde de la tech au Sénégal - MARS, MOIS DES FEMMES
Elles sont jeunes, belles et elles veulent s'imposer dans l'espace des internets. Soukaye Rose Diatta, Sokhna Sy et Mama Dansira Dembélé naviguent dans le haut débit.
Etre femme et journaliste peut être un fardeau. Quand on y ajoute ‘’mariée’’, le doute n’est plus permis. Les heures de travail à la rédaction peuvent être infernales et les obligations sociales ne permettent pas toujours de suivre le rythme. Dans cet environnement sexiste, une femme a su s’imposer d’abord en tant que reporter traitant de questions politiques et aujourd’hui manager d’un groupe de presse qu’elle a crée et mis sur pied. Elle dirige une entreprise de 70 personnes travaillant à 7TV la télévision et Az Actu, le site d’informations générales. Il s’agit de Maïmouna Ndour Faye dont EnQuête vous dresse ici le portrait.
Maïmouna Ndour Faye n’a pas besoin de dire ‘’niari lokhoy takk toubeuy té moy takk seur’’, elle en est l’incarnation parfaite. Loin de celles qui pensent qu’être femme est un handicap, elle est convaincue que le genre importe peu. ‘’Je ne regarde pas les gens en insistant sur le sexe. Pour moi, nous sommes tous des êtres humains. Je perçois le milieu comme un espace où il faut se faire une place à force de travail, de persévérance, d’abnégation, de détermination’’, défend-elle.
Le milieu détermine l’Homme dit-on souvent. Maïmouna Ndour doit ainsi cette philosophie de vie à l’éducation inculquée par son père. Ce dernier lui a toujours fait comprendre que ‘’goor baxna, jiggen baxna’’. En tant qu’aînée, elle a eu des responsabilités très tôt et a accepté de les assumer.
Elle jouait le rôle de fille et de garçon dans la maison. Elle s’occupait des travaux ménagers et n’hésitait pas à changer des ampoules ou autre. Elle s’est ainsi forgé un certain caractère, une manière d’appréhender la vie. Ce qui lui a servi dans son évolution au sein de la société mais également dans sa vie professionnelle. Brillante élève, Maïmouna Ndour Faye a fait ses humanités à l’école primaire des HLM Patte d’Oie avant de terminer son cursus à l’école El hadji Mamadou Ndiaye de Ouakam.
Le CEM de ce village lébou la reçoit plus tard puis le lycée Galandou Diouf. Brillante élève, après l’obtention du baccalauréat littéraire, elle est orientée à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, précisément au département d’anglais. On est en 2000. Au cours de sa Maîtrise, elle décide de suivre un cursus en journalisme.
Ne croyez pas que c’est parce qu’elle n’avait aucune autre option dans le domaine professionnel. Loin de là. Cette trentenaire avait juste décidé de vivre sa passion. Le concours d’entrée au Centre des sciences de l’information (Cesti) en ligne de mire, elle décide de se faire la main en attendant. Soutenue par l’ancienne secrétaire générale du syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Diatou Cissé, elle intègre la rédaction de Walf Quotidien.
De la tutelle de Jean Meissa Diop, elle passe sous celle de Mbagnick Ngom. Ils lui donneront ses ‘’vrais’’ premiers cours d’écriture. Depuis longtemps, Maïmouna savait ce qu’elle voulait devenir. C’est ainsi que devant son miroir, dans l’intimité de sa chambre, elle jouait aux présentatrices. Elle s’essayait à lancer des chapeaux ou à écrire des textes.
Ce qui lui a d’ailleurs facilité son apprentissage. ‘’J’ai toujours aimé les métiers qui touchent la prise de parole, la liberté et c’est ce qui explique peut-être mon attirance, ma passion pour le journalisme’’.
Le passage à Walf
Au début, elle devait passer trois mois dans la rédaction de Walf Quotidien. Mais elle a vu son stage être prolongé. ‘’Les gens trouvaient que j’avais le niveau en terme de traitement de l’information tout comme en terme d’écriture’’, s’est-elle souvenue.
La journaliste doit cette aisance, en outre, à son niveau universitaire. Aussi, au moment où elle a décidé de se consacrer à sa passion, elle s’est donné les moyens de sa politique. ‘’Je lisais les livres de grands journalistes de cette époque (ndlr au début des années 2000). Ils disaient que la presse écrite est formatrice’’, déclare-t-elle.
D’où son choix de commencer par ce médium même si l’objectif depuis le départ était la télévision, la présentation. Dans l’optique d’atteindre ce dernier, après Walf Quotidien, elle est allée à Walf Fm où elle passera quelques mois, histoire de travailler sa diction, sa voix, avant de revenir à sa première rédaction.
Après 8 mois de bons et loyaux services à Walfadjri, Maïmouna Ndour est recrutée par Canal Infos News. Un cursus jusque-là pas évident non pas parce qu’elle n’a pas fait d’école de journalisme mais parce qu’elle est entrée dans un monde assez sexiste. Il est de notoriété publique que les patrons de presse, surtout pour les médias écrits, ne veulent pas de femmes mariées dans leurs rédactions.
Parce que souvent, elles font la part belle à leurs obligations sociales au détriment de leur devoir professionnel. Du moins, pensent-ils. Maïmouna Ndour Faye est le contraire de cette perception.
Elle a intégré les rédactions en étant mariée et a su s’imposer en tant que reporter au desk politique. ‘’Dans la presse, les femmes cherchent trop de prétextes pour ne pas faire le travail. Moi, je me suis toujours organisée pour respecter mes heures de travail et des fois même aller au-delà’’, affirme-t-elle. Ce qui lui a permis de gravir les échelons rapidement et d’avoir le carnet d’adresses qu’il faut.
De reporter à Canal Infos, en 5 ans, elle est passée à coordonnatrice de la rédaction puis rédactrice en chef et enfin ‘’dame à tout faire’’. Elle en avait les capacités telles que l’assure son ancienne collègue Ramatoulaye Diaw : ‘’Je côtoie Maimouna Ndour Faye depuis 2007. Nous avons débuté notre cheminement en tant que collègues à Canal Info News. J’ai vu en elle une passionnée du journalisme et des médias. Elle est du genre à investir son temps, son énergie et même ses moyens matériels et financiers pour aboutir à un travail journalistique bien fait, ce qui lui a valu de gravir différents échelons et d’être portée à la tête de la rédaction’’.
Et pour mieux se faire valoir et consciente que les diplômes sont parfois importants, elle a entamé un cursus académique. ‘’Quand je suis allée à Canal Infos, j’ai jugé nécessaire de faire une formation pour compléter un peu le cursus universitaire. J’y ai fait un master en journalisme et communication. C’était comme une validation des acquis professionnels’’, sourit-elle.
A cela s’ajoute beaucoup de temps passé devant le petit écran à suivre les journaux de la RTS puis des télévisions privées. Tout cela pour comprendre et mieux réussir son incursion dans le monde des médias.
L’invitation de Barack Obama
Dans un milieu assez macho et souvent misogyne, elle a su se faire respecter. Seulement, ne croyons pas que ce sont les hommes qui s’opposaient à son leadership. ‘’Ne pensez pas que les résistances viennent juste du côté des hommes. C’est des deux côtés. Parfois même on a plus de mal avec les femmes’’, avoue-t-elle. Or, ce sont ces dernières qui devraient peut-être plus la soutenir.
En outre, ‘’moi quand on me confie des responsabilités, je sais en prendre la pleine mesure et les assumer. Je sais comment faire accepter mon leadership et j’y arrive’’, assure-t-elle. Ce que confirme Ramatoulaye Diaw : ‘’MNF est une valeur sûre du journalisme qui a su s’imposer au fil des années. C’est une femme qui sait ce qu’elle veut et qui se donne les moyens de l’obtenir, le tout, dans le respect des règles édictées par la profession et la morale. C’est une femme leader qui sait manager ses équipes rigoureusement mais avec humanisme’’.
De nature rebelle et ambitieuse à souhait, elle voit toujours les choses en grand. Après son expérience à Canal Infos où elle dit avoir tout appris, elle a créé son entreprise 3M universel. Maimouna mûrissait le projet depuis quelques années.
‘’Le déclic a eu lieu aux USA avec la première promotion des Young african leaders (Yali). Nous étions les premiers du programme avec une autre Sénégalaise évoluant dans le domaine des microfinances. On a été invitée aux USA par Barack Obama. Rencontrer ce dernier était un moment faste mais ce n’était pas le seul moment important. On nous a fait découvrir la crème de l’économie américaine. On a rencontré de jeunes entrepreneurs américains qui avaient 25 ans et qui employaient plus de 25 mille voire 50 mille personnes. De belles tranches de vie nous ont été contées. Depuis mon retour de ce voyage, je mûrissais le projet de mettre en place mon projet’’, raconte-t-elle.
Quand les choses ont pris forme, elle a monté un projet costaud et viable qui lui a permis de décrocher un prêt bancaire et de démarrer son business. C’est ainsi qu’est née son entreprise qui a débuté dans la production audiovisuelle.
C’est dans ce cadre qu’elle avait signé un contrat avec la 2Stv. ‘’Je tenais à faire mes produits et avoir le temps nécessaire de les faire. Je n’étais pas que productrice pour la 2Stv, je prenais part aux activités de la Rédaction. Je m’y suis engagée au point que certains ont pensé que j’étais recrutée par la 2Stv alors que ce n’était pas le cas. C’est juste que quand je m’engage, je me donne à fond’’, dit-elle.
Aujourd’hui, 3M Universel grandit. Des productions audiovisuelles, l’entreprise est passée à la mise en place d’un site d’informations générales ‘’Az Actu’’ créé en 2015. Ne voulant pas faire comme beaucoup de sites, la journaliste a senti la nécessité de créer une rédaction avec une vingtaine de journalistes et techniciens. Aujourd’hui, elle est à une équipe de 70 personnes. ‘’J’engageais des gens en prévision d’un autre projet qui était la télé. Je voulais qu’ils se familiarisent avec le traitement qu’on veut’’, précise-t-elle.
‘’Personne sensible et généreuse’’
Aujourd’hui, c’est l’heure de la télévision, 7TV qui, assure-t-elle, va démarrer ses programmes incessamment. ‘’L’équipe est au complet, le dispositif également. Les journalistes sont là depuis 2 mois’’, lance-t-elle sur un ton fier. Il y a de quoi l’être. Maïmouna Ndour Faye est la première femme sénégalaise ayant fait tout son cursus au pays avant de porter un projet de groupe de presse.
Et après la télévision, le challenge sera de mettre sur pied une radio. Le journal papier n’est pas dans les perspectives de 3M Universel parce que ‘’l’environnement est morose et on est à l’ère du numérique’’, est convaincue Mme Faye.
Mais pour l’instant, elle se concentre sur son projet de télévision. Cette mère de deux enfants souhaite faire dans l’infotermaint. Ne comprenez pas ‘’information et divertissement’’ mais plutôt ‘’l’information à travers le divertissement’’. Elle compte innover de ce côté-là. C’est une autre facette de cette jeune dame aux allures de ‘’garçon manqué’’ malgré son tissage. ‘’Elle est très entreprenante et dotée d’un sens de l’innovation’’, témoigne d’ailleurs Ramatoulaye Diaw.
Maïmouna Ndour compte le démontrer. Et avec la 7TV, les Sénégalais découvriront une autre manière de présenter les informations. Ne croyez pas que ce sera à la ‘’Kouthia Show’’. Loin de là. Mais ce ne sera pas comme ce que l’on voit actuellement.
Simple, sans fioritures, Maïmouna Ndour ne renvoie pas, physiquement, l’idée qu’on se fait ici des femmes de télévision. Elle ne se maquille pas quotidiennement, ne s’encombre de trop de bijoux ou d’une tignasse de cheveux brésiliens. Elle est toute simple, sobrement habillée mais avec goût. Certains la trouveront trop simple, à la limite la compareront à un garçon manqué. Parce qu’elle considère déjà que ce que les hommes peuvent réussir, elle peut le faire. Rester à la rédaction de 8h à 22h ou y passer la nuit ne la dérange pas même si elle est mariée et a des enfants.
Tant que le devoir professionnel l’appelle, elle sera là. Une patronne comme ça exigera cela de ses employés. Seulement, comme le souligne Ramatoulaye Diaw, ‘’sous ses airs de femme de fer, se cache une personne très sensible, généreuse tant dans le partage du savoir que ses biens matériels. J’ai été le témoin privilégié de plusieurs occasions où elle a eu à soutenir et accompagner des jeunes qui voulaient embrasser la carrière de journaliste’’. Elle-même en est l’exemple patent. ‘’Elle m’a ouvert certaines portes dans ma carrière professionnelle en toute générosité’’, dit-elle. Cela ne signifie pas que Maïmouna Ndour Faye n’a pas de défaut. Elle n’est pas parfaite. ‘’Son seul défaut est qu’elle peut s’emporter avec fougue parfois, mais c’est parce qu’elle prend son travail à cœur et avec passion. Toutefois, elle n’est pas rancunière’’, renseigne son ex-collègue.
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"SONGUÉ DIOUF A COMMIS UN DÉLIT"
La psychologue-clinicienne Ndeye Khaira Thiam, revient sur les propos polémiques du chroniqueur de l'émission Jakarlobi, à propos des femmes
"L'apologie du viol est un délit inscrit dans le code pénal sénégalais à l'article 248, où il est très clairement indiqué qu'on n'a pas le droit de justifier des faits délictueux", a-t-elle indiqué.