Même si c’est un sujet tabou au Sénégal, des hommes sont souvent maltraités au sein des couples. Dans cet entretien, le sociologue Mamadou Moustapha Wone revient en détails sur les différentes formes de violences que les femmes font souvent subir à leurs maris. Selon lui, ces dernières ont notamment l’apanage de la violence sexuelle et verbale.
On parle beaucoup de violences faites aux femmes et les Nations Unies leur ont même dédié une journée. Ce qui n’est pas le cas pour les hommes. Qu’est-ce qui explique cette disparité ?
Quand on parle des rapports entre homme et femme, on accorde souvent la prééminence à l'homme. S’agissant des violences, c'est également le cas. Dans nos sociétés, quand on voit un homme se battre avec une femme en public ou un enfant, on n'essaie pas de savoir ce qui se passe. On incrimine automatiquement l'homme. Parce que, depuis longtemps, l'homme a été considéré comme l'élément dominant de la société. Ça a fini par s'installer comme un ordre. On croit que la norme, c'est que l'homme taise ses sentiments et que la femme, elle, les extériorise. Dans le conscient des individus, quand on parle de violence, on pense qu'elle est faite à l'encontre des femmes. Même sur Internet, quand on fait une recherche et quand on tape ‘’les violences faites’’, ce qui sort automatiquement, c'est ‘’aux femmes’’.
Jusqu'à présent, beaucoup de gens n'ont pas essayé de voir ce qui se cache derrière cette violence faite aux hommes. Aucune étude n'est encore faite au Sénégal. Mais quand on parle de violence, on pense aussitôt qu’elle est faite à l’encontre des femmes. Or, des études faites à travers le monde ont montré que presque 40 % des violences conjugales sont faites à l’encontre des hommes. Cette violence des femmes est beaucoup plus insidieuse. C’est rarement une violence physique.
Quels sont les différents types de violences dont sont victimes les hommes ?
Les violences que peut vivre un couple sont, en général, au nombre de cinq. Elles sont psychologiques, physiques, sexuelles et les femmes ont le secret de ces formes précitées. Il y a aussi la violence verbale dont elles ont également le monopole et celle économique. Généralement, les femmes ont l’apanage des deux violences, celles sexuelle et verbale.
Quand on parle de violence sexuelle, ce n’est pas qu’elles violentent les hommes sur le plan sexuel ou les violent. Mais elles peuvent priver les hommes de ce plaisir pour plusieurs raisons. Elles peuvent se faire très belles le soir, au point que vous ayez envie d’elles. Mais, une fois au lit, elles refusent que vous les touchiez. Elles peuvent aussi rester jusque tard dans la nuit et le refuser en soutenant qu’elles vous ont demandé quelque chose dans la journée et que vous ne la leur avez pas donnée. Et l’homme, s’il n’est pas violent, va tempérer. C’est une arme que détiennent les femmes.
Or, c’est très rare qu’un homme prive sa femme de sexe. Parce que c’est une forme d’extériorisation de ses sentiments. La violence la plus manifeste chez les femmes, c’est celle verbale. Alors que la parole déteint, joue sur le mental et même le moral de l’homme. Un homme qui a une femme qui passe tout son temps à parler, à crier à tort et à travers, est souvent traumatisé. Dans son lieu de travail, il risque d’être un homme qui n’est pas épanoui. La violence verbale est insidieuse, avec des conséquences beaucoup plus dramatiques.
Est-ce que le statut de ‘’sexe fort’’ de l’homme le pousse à subir des violences de la part des femmes sans réagir ?
Dans nos sociétés, et c’est pratiquement universel, quand une femme a tort, l’homme doit essayer de la raisonner et non pas de la violenter. Parce qu’il est plus fort qu’elle physiquement. L’homme ne peut pas profiter de sa supériorité physique. Il faudrait qu’il sache raison garder. Qu’il l’ignore carrément ou qu’il se détache d’elle pour aller ailleurs jusqu’à ce qu’elle revienne à de meilleurs sentiments.
Nos religions et même nos coutumes nous demandent d’endurer ce que la femme fait. On a souvent tendance à se moquer des hommes qui sont violentés par les femmes. Parce qu’on les taxe d’hommes mous, qu’ils n’ont pas de caractère, qu’ils ne sont pas autoritaires, qu’ils sont dominés, etc. On dit aussi qu’ils ne sont pas virils. C’est pourquoi ces hommes ont souvent tendance à taire les violences qu’ils subissent.
Les idéologies telles que l’émancipation des femmes, la parité ont-elles ont un impact sur le comportement des femmes envers leurs maris ?
On a souvent tendance a pensé que l’égalitarisme dans les familles entraine non pas la cohabitation, mais la ‘’cohabitension’’ entre les deux conjoints. C’est-à-dire qu’il y a des tensions et des querelles. Contextuellement, dans les couples où on parle d’émancipation, d’égalitarisme entre les deux sexes, il y aura beaucoup plus de frictions.
Parce que chaque partenaire pensera être dans son propre droit d’égalité à l’autre. Alors que dans les sociétés anciennes, il était instauré une forme d’inégalité qui était acceptée, aussi bien au sein de la famille entre l’homme et la femme, les adultes et les enfants, aussi bien que dans tous les secteurs. Tout le monde l’acceptait. Maintenant, on instaure une société où il y a l’égalitarisme. Ce qui a des répercussions sur les relations de couple.
S’il n’y a pas de concertations, il y aura souvent des frictions qui sont des formes de violences soit physiques ou verbales. On peut supposer qu’effectivement, l’instauration de plus d’égalité dans les relations entre les conjoints peut susciter, envenimer ou causer réellement une violence plus accrue au sein du couple. La violence faite par les hommes est surtout plus insidieuse que le rôle accordé à la femme. Il y a beaucoup d’hommes qui sortent de leur maison pour aller à la ‘’grand-place’’, pour éviter les situations insoutenables qu’ils vivent à la maison.
Quel que soit le contexte égalitaire ou inégalitaire entre l’homme et la femme, la violence faite à l’encontre des hommes a toujours existé. Maintenant, on ose tout simplement en parler. Parce qu’on s’est rendu compte qu’une personne, c’est une personne. Il n’y a pas une différence réelle au niveau physiologique, sentimental et mental. Par conséquent, s’il y a des hommes qui sont violentés, il faudrait qu’on en parle.
Peut-on donc en déduire que les femmes instruites et qui connaissent leurs droits exercent plus de violence sur les hommes que celles qui ne le sont pas ?
Ce ne sont que des hypothèses, parce qu’il n’y a pas d’études concrètes sur ce phénomène au Sénégal. L’égalitarisme est beaucoup plus observé dans les couples où les deux conjoints sont instruits. Ça, c’est objectif. Les femmes qui ne sont pas instruites ont moins de revendications par rapport à leurs droits dans la vie conjugale.
Elles pensent plutôt qu’elles doivent être dociles, qu’elles sont ‘’la propriété de l’homme’’. C’est l’homme qui décide de tout. Mais on voit que les femmes instruites deviennent de plus en plus conscientes de leurs droits, au sein de la famille, du couple et de la société.
Dès lors, elles ont tendance à les revendiquer. Une revendication n’est jamais apaisée, elle peut se manifester de manière violente et parfois brutale. Par hypothèse, on peut supposer que, réellement, les femmes instruites sont plus promptes à revendiquer leurs droits. Celles qui sont dans les villages ont dans la tête que, si elles ont été emmenées chez leurs maris, c’est pour être dociles, endurer des choses. Alors que les femmes instruites pensent de plus en plus que le mariage, c’est un contrat, une forme de partenariat où les deux conjoints vont essayer de parler, de s’entendre sur tout.
Quand on dit s’entendre, c’est se parler, négocier. Or, si l’homme sent son autorité trahie, il peut vouloir s’imposer et si la femme le suit dans cette logique, ça risque d’être violent. Ce qui fait que dans les familles où les conjoints sont instruits, il n’est pas dit qu’il y a toujours la guerre, mais on a observé qu’il y a beaucoup plus de tiraillements, de querelles, de revendications pour le respect des droits des uns et des autres.
Certains hommes interrogés soutiennent que, depuis qu’ils sont à la retraite, ils vivent le calvaire chez eux. Parce qu’ils n’ont plus d’argent et leurs femmes ne les respectent plus. Est-ce que l’argent influe sur le comportement des femmes vis-à-vis de leurs conjoints ?
Ce n’est pas l’argent, c’est le statut de l’homme. C’est lui qui entretient la famille. Si, pour plusieurs raisons, l’homme ne parvient pas à tenir cette responsabilité, automatiquement, on le lui fera savoir, que ce soit ses enfants ou sa femme, parfois même ses voisins. Peut-être que ces hommes n’ont pas ce degré de compréhension.
Donc, ils font un jugement de valeur. Or, la société ne connait pas ça. Elle a juste accordé des rôles à chaque individu, qu’il doit assurer. Il faut qu’on évite de rendre sentimentales les relations entre les individus dans un couple. Ce sont des relations qui sont codifiées.
Il y a également des hommes qui soutiennent que les monogames sont plus violentés par leurs femmes que les polygames. Est-ce vraiment le cas ?
Un homme qui a une seule femme, c’est vrai qu’il ne peut pas la fuir. Il peut même le faire, mais tôt ou tard, il va revenir à la maison. C’est peut-être beaucoup plus tolérable d’avoir plusieurs femmes. Parce qu’en cas de violence, il peut s’éclipser et aller vers l’autre.
On peut même jouer sur la mentalité des femmes en leur disant, par exemple, que l’autre est plus douce, plus gentille, etc. Ce qui fait qu’il y aura une concurrence entre elles. Chacune va essayer d’être plus gentille avec son homme. Parce qu’elle sait que si elle est conflictuelle, l’homme va la laisser pour aller chez l’autre. Ça peut jouer.
Est-ce qu’un homme victime de violences conjugales peut avoir le contrôle de son foyer et de ses enfants ?
Un homme qui est violenté par sa femme, sa compagne, devant ses enfants, peut perdre son autorité carrément, vis-à-vis de tout le monde. Parce que sa femme qui aurait dû donner l’exemple est en train de piétiner son autorité.
Les enfants vont se rendre compte, tôt ou tard, que ce père qui aurait dû avoir une assise solide ne l’est pas. Quand cette autorité s’effrite, il la ressentira. Si la violence est toujours privée, on peut la supporter, pourvue qu’elle ne soit pas trop récurrente.
Les "Lionnes" du basket ont perdu leur dernier match de poule face au Nigéria (54-58).
Plus combatives, les "D'Tigers" ont fait tourner la tête aux coéquipières d'Astou Traoré (sortie sur blessure). Elles menaient déjà à la mi-temps (24-36).
Le Sénégal n'a pas été à la hauteur, avec beaucoup de fautes et des maladresses à répétition.
Dominées et bousculées, les joueuses de Moustapha Gaye ont rendu une copie bien pâle, ce soir, au Palais des Sports de Bamako.
Deuxième du groupe B, les "Lionnes" doivent se ressaisir dès les quarts de finale, face au Cameroun, pour espèrer conserver leur titre de championnes d'Afrique.
Gorgui Diaw
LE DUEL S’ANNONCE TENDU ENTRE LES D’TIGERS DU NIGERIA ET LES LIONNES DU SÉNÉGAL
Bamako, 22 août (APS) - Le Sénégal et le Nigeria vont s’affronter, mercredi, à 20h45 (heure locale et GMT), au Palais des sports Salamatou-Maïga de Bamako, un duel qui s’annonce déjà tendu entre les Lionnes, championnes d’Afrique en titre, et la meilleure équipe des quatre premiers matchs de poule.
Le Nigeria, première équipe à se qualifier pour les quarts de finale du Championnat d’Afrique de basketball (Afrobasket) dames 2017, après trois des cinq matchs de la phase des poules, va jouer contre les championnes d’Afrique, qui ont gagné leurs quatre premiers matchs de la compétition.
Le Sénégal a gagné six de ses neuf matchs contre le Nigeria depuis 2003.
Le Nigeria a gagné trois de ces rencontres, dont la dernière, disputée lors de l’Afrobasket féminin 2015, à Yaoundé (74-64).
Mercredi, les Lionnes voudront prendre leur revanche sur les D’Tigers.
Le match s’annonce tendu, en raison d’une bagarre qui a eu lieu entre les deux équipes, lors d’une séance d’entraînement des Lionnes, lundi.
L’incident risque de raviver l’adversité entre les deux équipes, même si l’entraîneur du Nigeria, Sam Vincent, a tenté de minimiser cette altercation.
Selon les statistiques de l’Afrobasket 2017, le Sénégal a plus de réussites que le Nigeria, concernant les tirs à deux points et trois points, et les lancers francs.
Les Lionnes ont cependant perdu plus de balles que les D’Tigers et ont fait moins que les Nigérianes en ce qui concerne les rebonds offensifs et défensifs.
L’équipe du Nigeria a marqué plus de points en contre-attaque, sur les rebonds offensifs et les balles perdues, dans la raquette aussi.
Elle intercepte plus de balles et fait plus de fautes que l’équipe du Sénégal.
Avec son style de jeu agressif, puissant et très bien organisé, le Nigeria a bien amorcé la compétition.
Lors de leur premier match joué vendredi, les D’Tigers ont battu le Mozambique (80-69) et ont dominé, le lendemain, la République démocratique du Congo (84-47).
Elles ont battu l’Egypte et la Guinée, sur les scores respectifs de 106 à 72, et 106 à 33.
Mercredi, face aux Lionnes, le Nigeria pourra compter sur le pivot Evelyn Akhator, qui évolue en WNBA, la ligue américaine de basketball félminin.
Elle a réalisé la plus belle performance de cet Afrobasket 2017.
La jeune Nigériane draftée cette année par les Dallas Wings en troisième position vient de marquer de ses empreintes le championnat d’Afrique de basketball féminin.
Jennifer Atonye Nyingifa, Ezinne Kalu et Sarah Ogoke seront également d’un apport décisif à l’équipe nigériane, qui jouera contre la championne d’Afrique en titre et équipe la plus titrée du basketball féminin africain, avec 12 victoires finales.
Les Lionnes vont s’appuyer sur la meilleure marqueuse du tournoi, Astou Traoré, pour tenter de gagner tous leurs matchs et bien se positionner pour les quarts de finale.
Astou Traoré, une pensionnaire du club français Saint-Amand Hainaut Basket, entourée d’Aya Traoré, de Mame Marie Sy, de Ramata Daou et de Ndèye Sène, est la joueuse la plus décisive de cette équipe sénégalaise.
Comme les D’Tigers, les Lionnes ont eu autant de victoires – quatre - que leur adversaire de mercredi.
Elles ont battu en match d’ouverture la Guinée (105-39), avant de venir à bout des Mozambicaines (76-67), le lendemain.
La République démocratique du Congo et l’Egypte ont perdu leur match contre le Sénégal, sur les scores de 63 à 70 et 61 à 93.
Après le match largement gagné contre la Guinée, 105 points contre 39, le Sénégal a eu du mal à vaincre le Mozambique et la République démocratique du Congo.
Mardi matin, les Lionnes ont retrouvé leur adresse devant le panier, face à l’Egypte.
Présentes et agressives sur les rebonds offensifs et défensifs, elles ont réussi à mettre en place un système de jeu basé sur la recherche de solutions collectives, ce qui a empêché les Pharaonnes de dérouler leur jeu.
L’affaire du mannequin Maty Mbodj retrouvé mort d’overdose en juillet 2015 revient aujourd’hui à la barre du tribunal correctionnel de Dakar. A moins d’un nouveau renvoi, Abdoulaye Chaya Cavin Diagne et ses coprévenus seront aujourd’hui jugés pour les délits d’association de malfaiteurs, homicide involontaire, modification de l’état des lieux d’un délit ou crime, non-assistance à personne en danger et facilitation à autrui de l’usage illégale de drogue à haut risque.
Diakhou Fall Diagne, mère de Maty Mbodji, s’est constituée partie civile. Ce procès intervient quelques mois après celui des deux Nigérians accusés d’être les fournisseurs de drogue du mannequin. Il s’agit de Godewine Okéchukou Okoko et d’Uduko Ebubu condamné à deux ans ferme pour offre et cession de drogue. En effet, le duo a été arrêté dans le cadre de l’enquête ouverte à la suite de la mort du mannequin. Au cours de leurs investigations, les éléments de la Sûreté urbaine ont reçu l’information selon laquelle la défunte s’approvisionnait auprès de ressortissants nigérians établi à Nord-Foire. Exploitant avec minutie ce renseignement, les policiers ont procédé à une opération d’infiltration qui a permis d’interpeller les deux suspects dans la nuit du 20 au 21 septembre 2015.
D’après l’enquête de police, ils étaient en train de livrer de la cocaïne à des clients qui, malheureusement, ont réussi à s’enfuir. Au cours de la fouille, Okoko a été retrouvé détenteur de 2,5 g de cocaïne ainsi que de l’argent d’un montant de 99 000 F CFA. Quant à Ebube, il possédait 2 grammes de cocaïne qu’il tentait de fournir ainsi que la somme de 12 000 F CFA. Cependant, lors de leur procès tenu en avril dernier, ils avaient nié tout lien avec la défunte Maty Mbodj.
PAR GORGUI DIAW DE SENEPLUS
LE SÉNÉGAL BAT L'ÉGYPTE (93-61)
Les "Lionnes" se rassurent avant leur dernier match face au Nigéria, demain mercredi 23 août à 20H45
Les "Lionnes" du basket se sont ressaisies après les deux dernières sorties plutôt poussives.
Les coéquipières d'Astou Traoré (photo) se sont imposées face à l'Égypte, avec un écart de 32 points (93-61), lors de leur quatrième match comptant pour les phases finales de l'Afrobasket féminin 2017.
À la mi-temps, le Sénégal menait déjà par 21 points d'écart (43-22).
Ramata Daou, étincelante sous la raquette (12 rebonds), et Astou Traoré, égale à elle-même (26 points), ont été les fers de lance de l'équipe nationale.
Le Sénégal joue demain, mercredi 23 août à 20h45, son dernier match de poule contre le Nigéria. Ce sera une rencontre de clarification entre les deux équipes, qui dominent le groupe B.
LES "LIONNES" EN QUARTS DE FINALE
Afrobasket féminin 2017 - Le Sénégal s'impose face au Congo (70-63)
Dakar, 19 août (APS) - Aïssata Tall Sall, Aïda Mbodj et Sokhna Dieng Mbacké à l’Assemblée nationale, la Place Soweto s’assure un nouveau souffle féministe, au-delà des acquis jusque-là plutôt formels de la loi sur la parité homme-femme dans les fonctions électives, votée en 2010.
La première, avocate en vue, semble désormais en quête d’une audience nationale, lasse de n’être qu’un impossible lien entre deux tendances rivales dans une guerre larvée et fratricide de plusieurs mois, avec comme protagonistes Khalifa Sall, l’actuel maire de Dakar, fortement opposé aux orientations imprimées au Parti socialiste (PS, mouvance présidentielle) par son secrétaire général du moment, Ousmane Tanor Dieng.
Ces deux camps ne vont bientôt plus pouvoir trouver de compromis, s’ils doivent continuer à s’affronter si farouchement autour d’une question à ce point essentielle qu’elle concerne l’orientation future du PS, autrement traduit : faut-il ou non soutenir le pouvoir actuel, pour le cas échéant se réserver une candidature socialiste à la présidentielle de 2019 ?.
Une lutte de pouvoir qui étouffe, laisse peu de place à toute autre perspective, ni à personne, pas même à Me Aïssata Tall Sall, ce que cette dernière a d’ailleurs compris, n’étant pas du genre à se laisser conter. Elle a d’autant plus "osé" l’avenir en lançant son propre mouvement qui l’a portée à l’Assemblée nationale.
Décision bien utile, qui lui a permis de rappeler comme jamais ses ambitions politiques à ceux qui pensent pouvoir l’oublier, de ne pas insulter l’avenir en rompant avec le Parti socialiste et surtout de ménager chèvre et choux en attendant la fin de la tempête.
Deuxième figure majeure de ces femmes du renouveau, Aïda Mbodj est créditée d’un engagement politique déterminé, une trajectoire qui se sublime dans la certitude de se battre pour les femmes en général et son terroir en particulier, à savoir Bambey dont elle fut maire, dans le centre du Sénégal.
"Personne au PDS ne peut me diriger", a déclaré la tête de liste de la coalition "And Saxal Liggey" aux dernières législatives du 30 juillet dernier, en annonçant vendredi au cours d’une conférence de presse des pourparlers avec d’autres entités politiques pour la mise sur pied d’une groupe parlementaire.
Dans des propos rapportés par plusieurs médias sénégalais, elle dit écarter toute éventualité d’intégrer le groupe parlementaire de la "coalition gagnante/Wattu Senegaal" dont le Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) est la principale force, formation à laquelle elle appartient jusque-là.
La volonté de se faire valoir politiquement, ajoutée aux petites mésententes et frustrations internes au PDS, l’ont amenée à concourir sous la bannière d’une autre coalition, bien qu’elle se dit toujours disposée à l’endroit de l’ancien président Abdoulaye Wade, toujours secrétaire général national du PDS.
Une petite rébellion significative de la personnalité de Mme Mbodj, dont le militantisme acharné n’est pas sans faire penser aux querelles de bornes fontaines de femmes, une mémoire de la confrontation recyclée par l’ancienne ministre, pour l’élever à la dignité d’une méthode politique efficace.
Toujours la même adversité impitoyable, les mêmes propos cinglants. "Je n’ai pas été laminée à Bambey" rétorque-t-elle par exemple à ses contempteurs qui se réjouissent trop vite de l’avoir battue dans son fief. "J’ai tenue tête aux courtiers", assène Aïda Mbodj, en écho aux voix accusant le pouvoir d’avoir débauché des militants de certains états majors de l’opposition.
"Certes, ils se consolent, selon leurs propres propos, d’avoir laminé Aïda Mbodj à Bambey. Mais, qu’ils se trompent, puisque mon combat n’était plus et n’aura plus une dimension locale. Je suis au niveau national". Une réponse à des détracteurs, mais une manière de prendre date aussi.
De Sokhna Dieng Mbacké, il faut peut-être attendre un style autre, bien plus feutré, plus dans l’influence, mais qui ne se doute pas que cette femme est la tête pensante du Parti de la vérité et du développement (PVD), façon "spin doctor", moins toute la charge négative des représentations qu’on peut se faire de ces spécialistes du marketing politique plus connus dans le monde anglo-saxon.
Tellement le passé de journaliste vedette de Mme Mbacké autorise à penser qu’elle n’est pas étrangère à la renaissance du PVD, derrière son époux, le marabout et homme politique Serigne Modou Kara Mbacké.
Comme Aïssata Tall Sall, démarquée de la majorité et du contre-pouvoir, pour un troisième pôle en rupture avec les schémas politiques traditionnels, Aïda Mbodj, dans un entre-deux politiques, entre le PDS et sa coalition ("And Saxal Liggey"), fait partie des figures politiques dont on peut attendre beaucoup au sein de la treizième législature.
Au même titre Sokhna Dieng Mbacké, cette dernière davantage dans la recherche de consensus et l’adhésion à la force de la persuasion style "soft power".
Ces trois personnalités emblématiques se présentent potentiellement comme le véhicule naturel de la renaissance féministe à la place Soweto, un féminisme tropicalisé qui se renouvelle dans l’authenticité sociale, en un corps-à-corps intime avec des valeurs sénégalaises partagées, plutôt éloignées de la "guerre des sexes" naguère promue par l’intégrisme féministe.
Un journal de la place ne s’y est pas trompé, qui a titré dernièrement : "Les amazones tiennent le siège à Soweto". Une manchette visant sans doute la quête déterminée et réussie d’un siège à l’Assemblée nationale, autant qu’elle peut suggérer la "résistance" que ces trois femmes députées devrait engager à l’Assemblée nationale, pas seulement sur les sujets intéressant les femmes, mais sur bien d’autres relevant de l’intérêt collectif de la société.
Des mains de fer-gants-de-velours pour un féminisme qui n’en est que plus redoutable, des femmes qui ne se laissent battre que parce qu’elles ont l’assurance de gagner la guerre.
VIDEO
LES "LIONNES" SE BALADENT
Afrobasket féminin 2017 - Victoire du Sénégal face à la Guinée (105-39)
En match d'ouverture de l'Afrobasket Féminin Mali 2017, les Lionnes du Sénégal championnes en titre n'ont pas fait dans dentelle et ont largement dominé la Guinée.
Astou Traoré 26 pts, Aya Traoré 17 pts et Mame Mary Sy 16 pts ont permis au Sénégal de remporter cette première sortie.
Le Sénégal est logé dans la poule B avec le Nigeria, l’Egypte, la Guinée, la République démocratique du Congo (Rdc) et le Mozambique.
Le Mali, pays hôte, effectue sa première apparition ce soir (19 h) contre la Tunisie, avec qui il partage la poule B. C’est dans ce groupe que se trouve le finaliste malheureux en 2015, le Cameroun. Il y a également la Centrafrique, la Côte d’Ivoire et l’Angola.
Les mutilations génitales féminines persistent encore au Sénégal, malgré leur interdiction. Les dernières statistiques révèlent que 13 % des jeunes filles sénégalaises de moins de 15 ans sont victimes d’excision, surtout dans la région de Matam.
L’excision est toujours une réalité au Sénégal. Et ce, malgré son interdiction par la justice et les campagnes de sensibilisation pour son éradication. C’est ce que révèlent les derniers chiffres d’une enquête dont les résultats ont été livrés avant-hier, à Guédiawaye. C’était lors d’une journée de dépistage du cancer du col de l’utérus et de sensibilisation sur la santé de la reproduction, l’excision et les mariages précoces organisée par Youth Women for Action (Ywa).
A en croire la présidente de ce réseau constitué de jeunes filles leaders au niveau national, 13 % des filles de moins de 15 ans sont victimes de mutilations génitales féminines ou excision. Dans les détails, selon Néné Fatoumata Maricou, la région de Matam vient en tête avec 53 %. Elle est suivie de Sédhiou avec 51 %, Kolda 46 %, Tambacounda 42 %, Kédougou 36 %, Ziguinchor 32 % et Saint-Louis 31 %. Les autres régions du pays enregistrent de faibles taux. Il s’agit de Dakar 8 %, Kaffrine 6 %, Fatick 2 % et Louga 2 %. Kaolack, Diourbel et Thiès ferment le peloton avec un pourcentage de 1 %.
Par ailleurs, la présidente d’Ywa a relevé que la pratique de l’excision présente un particularisme ethnique, puisque les Soninkés viennent en tête à hauteur de 38,7 %. Ils sont suivis de près par les Diolas avec 37,5 % et des Mandingues avec 36,25 %. Le taux est à 31,1 % chez les Pulaar et 0,5 % chez les Sérères. Les étrangers vivant au Sénégal sont concernés avec un taux estimé à 22,8 %.
Concernant les mariages précoces, le taux national est de 26 %. Les zones les plus touchées sont Matam, Diourbel, Kolda et Tambacounda.
Face à cette situation, Mme Maricou estime qu’il urge de faire certains redressements. A ce propos, elle a préconisé l’installation d’espaces jeunes pour mieux prendre en charge les questions de cette frange de la population ainsi que des campagnes de sensibilisation. Aussi, de l’avis de la présidente d’Ywa, ces solutions doivent être étendues à l’ensemble du territoire national. ’’Les gens pensent que ces pratiques ne se passent que dans les régions, alors que tel n’est pas le cas. Car ce sont les campagnards qui viennent dans les banlieues et/ou dans les capitales régionales, s’y installent et continuent toujours la tradition. C’est une continuité’’, a conclu Mme Maricou.