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5 mai 2025
International
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LIBÉRÉS, SONKO ET FAYE RELANCENT LA DYNAMIQUE ÉLECTORALE
Le maire de Ziguinchor a fait vendredi sa première apparition publique à Dakar. Acclamé par des centaines de partisans, il s'est exprimé aux côtés de son candidat à la présidentielle. Sa popularité reste intacte malgré son inéligibilité
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 15/03/2024
L'opposant sénégalais Ousmane Sonko a fait sa première apparition publique vendredi après-midi à Dakar, au lendemain de sa libération de prison, avant de s'exprimer lors d'une conférence de presse organisée avec son candidat suppléant à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye, lui aussi récemment libéré.
Selon un compte rendu de l'Agence France-Presse (AFP), M. Sonko, vêtu d'un boubou blanc, a été accueilli par plusieurs centaines de partisans à son arrivée près d'un hôtel de la capitale où devait se tenir la conférence de presse. En boubou bleu, casquette blanche et drapeau national sur les épaules, M. Faye s'est également montré brièvement à la foule, se dressant à travers le toit ouvrant de sa voiture.
Souriant après presque un an de détention, M. Faye a salué le "soutien et la solidarité" manifestés par les partisans, selon l'AFP. Il a mis en avant "le projet" défendu par leur camp pour signifier que l'accession à la présidence n'est pas une affaire de personnes entre lui et M. Sonko.
MM. Sonko et Faye ont pu recouvrer la liberté grâce à une loi d'amnistie adoptée la semaine dernière à l'initiative du président Macky Sall, afin selon ce dernier "d'apaiser les esprits" après plus de deux ans de tensions politiques dans le pays.
Par ailleurs, la Cour suprême du Sénégal a rejeté vendredi des requêtes en annulation des décrets fixant la date de l'élection présidentielle du 24 mars et la durée de campagne, déposées par des candidats dont la candidature avait été rejetée, comme Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade.
Le rassemblement spontané en soutien à MM. Sonko et Faye était le plus important observé jusqu'à présent pendant la campagne électorale, selon l'AFP. Cette mobilisation montre l'influence importante de M. Sonko sur la scène politique sénégalaise, estiment les observateurs, malgré son inéligibilité à l'élection. "Le faire sortir en pleine campagne peut avoir un effet multiplicateur", a déclaré Maurice Dione, enseignant en sciences politiques, cité par l'AFP.
Partisans d'un souverainisme et d'un panafricanisme de gauche, MM. Sonko et Faye défendent notamment la renégociation des contrats d'exploitation des ressources gazières et pétrolières du Sénégal et des accords de défense avec l'ancienne puissance coloniale française.
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AGL SÉNÉGAL SE MOBILISE POUR L’ÉGALITÉ DES CHANCES DE SES COLLABORATEURS
Premier opérateur logisticien du Sénégal, AGL célèbre l'engagement de ses femmes à travers des échanges inspirants. Panélistes et participantes ont fait part de leur expérience pour inspirer la relève au sein de l'entreprise
Plus de 150 collaboratrices d’AGL Sénégal, accompagnées de leurs collaborateurs, se sont fortement mobilisées à l'occasion de la Journée internationale des droits de la Femme, le 8 mars 2024.
Cette journée, dont le thème mondial était « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme », a été mise à profit par les vaillantes collaboratrices d'AGL Sénégal pour échanger autour du thème pertinent : « Egalité des chances H / F : promotion interne, mobilité promotionnelle et géographique ».
À cette occasion, un panel de haut niveau était constitué de Mme Awa Ndiaye Sagna, Directrice Générale du Centre de Formation aux Métiers Portuaires et à la Logistique (CFMPL) ; Mme Fatoumata Mbengue BA, CEO FAM Advisory ; Mme Ama Wane Ly, Directrice Générale Teranga Logistics Services ; Mme Bintou Konare Paye, Directrice des Ressources Humaines à AGL avec comme Modératrice Mme Awa Cheikh Diouf Directrice Exécutive du Musée de la Femme Henriette Bathily.
En présence de la Marraine, Mme Innocence Ntap Ndiaye, Présidente du Haut Conseil du Dialogue Social, les différentes panélistes ont tenu en haleine l'assistance à travers le récit de leurs parcours inspirants, les défis qu'elles ont eu à relever, les contraintes socio-culturelles impactant l’évolution de leurs carrières, tout en prodiguant des conseils pertinents à leurs sœurs.
À l'issue des échanges, la présidente de l'Amicale des Femmes d'AGL Sénégal, Mme Emma VAZ Carvalho, comblée, a exprimé toute sa satisfaction en déclarant : « Je tiens à magnifier la qualité du débat et à remercier chaleureusement les panélistes, les participants ainsi que la Direction régionale qui, grâce à leur forte implication et mobilisation, ont fait de cette rencontre une réussite ».
Le Directeur des ressources humaines adjoint Monsieur Augustin Mathias Sene a souligné : « L’égalité des chances hommes-femmes fait partie des enjeux prioritaires de notre entreprise qui l’a intégrée depuis plusieurs années dans sa politique RH et dans une charte dédiée à la diversité. La promotion interne et la mobilité géographique sont basées sur la reconnaissance du talent et des compétences des collaborateurs ».
L’Amicale a par ailleurs organisé une exposition, « Deux Générations de Femmes, une vocation », en collaboration avec le Musée de la Femme Henriette Bathily
Un sympathique déjeuner a été offert aux participantes et aux participants à l’issue de cet important événement, agrémenté d’une prestation humoristique de la Troupe Kocc Barma de Rufisque.
A propos d’AGL Sénégal
Premier réseau de logistique intégrée au Sénégal, AGL Sénégal avec près de 1 000 collaborateurs répartis dans les agences de Dakar, Kaolack et Kidira, intervient dans les domaines de la commission de transport, l’agence maritime, la consignation, la manutention portuaire, la logistique multimodale. Spécialiste de la logistique et des grands projets industriels et miniers, AGL Sénégal est également expert dans le domaine du transport de colis lourds et de convois exceptionnels et de l’entreposage à valeur ajoutée. La société offre une gamme diversifiée de services et représente une base d'appui pour les pays de la sous-région, dans le cadre de projets structurants et jouant un rôle clé dans le désenclavement des pays.
PAR Yoro Dia
LA PRÉSIDENTIELLE, LE PREMIER BARIL DE PÉTROLE ET LES PYROMANES
Nous ne voulons pas être le prochain membre de l’Alliance des États du Sahel avec un souverainisme désuet comme le propose Diomaye Faye. Alors que le Sénégal se projette sur Dubaï, il veut nous ramener au franc guinéen de Sékou Touré
Autant on a pu « laisser des intellectuels jouer avec des allumettes » jusqu’à ce que les étudiants incendient l’université sans qu’ils ne le condamnent, autant on ne peut pas laisser les politiciens pyromanes de l’Ex-Pastef jouer avec des allumettes sur nos barils de pétrole dont le premier est attendu entre mai et juillet selon le ministre Antoine Diome. Le Sénégal va être un pays gazier et pétrolier dans quelques mois alors que le cercle de feu du péril militaro-djihadiste est en train de se refermer sur lui. Cette situation devrait aussi être au centre de la campagne. Il est vital que les Sénégalais entendent la position des candidats sur cette question de sécurité nationale. Néron jouait de la musique quand Rome brûlait.
Jusqu’à quand la classe politique va user de l’arme de distraction massive de la politique politicienne pour détourner le regard sur cette question, alors que le feu djihadiste se rapproche dangereusement de nos frontières. Il y a eu une attaque djihadiste à 60 km de Bakel il y a quelques semaines. Jusqu’à quand on va occulter les leçons de la géographie qui « sert à faire la guerre » selon Yves Lacoste ou aussi à l’éviter. Et la meilleure façon d'éviter la guerre est de s’y préparer comme l’a fait le président Sall en augmentant le budget de la défense de 250 %, parce que qui veut la paix prépare la guerre. Le camp militaire de Goudiry, qui est un verrou stratégique, est une anticipation très rationnelle sur la probable guerre de l’Est. Ce qui est fort sage parce que si gouverner, c’est prévoir, « défendre, c’est prévenir ».
Sur le plan de la sécurité nationale, le bilan de Macky Sall est exceptionnel. Il a réussi à préserver le Sénégal comme une exception : le dernier îlot de stabilité dans notre sous-région malgré les assauts de la vague islamo-militaro-populiste qui se décline en complot au niveau national et en conspiration sur l’international. Le Sénégal est resté l'îlot de stabilité dans l’océan d’instabilité qu’est devenu l’Afrique de l’Ouest parce que le président s’est appuyé sur nos deux acteurs sur la scène internationale : le diplomate et le soldat. Le soldat avec la montée en puissance de l’armée (augmentation budgétaire de 250%) pour être dissuasif, mais aussi le diplomate. Si la « géographie sert à faire la guerre », elle sert aussi à faire la paix comme le prouve les 12 ans de politique de bon voisinage avec les pays frontaliers.
Le bilan de la politique de Macky Sall avec les pays frontaliers est résumé par deux ponts : Farafegny et Rosso. Douze ans pour réaliser des rêves géopolitiques de 50 ans. Ce miracle confirme deux postulats de la science politique à savoir que des pays qui font du business se font rarement la guerre comme le confirme le modèle de l’Union européenne qui n’est rien d’autre que la substitution de l’économie à la guerre comme mode de régulation des relations entre États. C’est ce que le président a fait avec le partage des ressources gazières avec la Mauritanie que le très belliqueux monsieur Ousmane Sonko menaçait de ses foudres lors de la présidentielle de 2019.
L’autre postulat sur lequel le président s’est appuyé veut que les démocraties ne se fassent pas la guerre. Faire partir Yaya Jammeh sans un coup de feu, en plus d’être à la fois une prouesse militaire et diplomatique, a permis à la Gambie de retrouver ses instincts démocratiques pour redevenir le frère siamois du Sénégal.
En outre, il ne faut pas oublier l’accompagnement de la Guinée Bissau pour un retour à la démocratie. Les retours de la démocratie en Gambie et en Guinée Bissau ont été des armes de destruction massive contre le MFDC qui ont été aussi dévastateurs que les obus de l’armée. Donc le « miracle » d’être le dernier îlot de stabilité de la sous-région résulte en grande partie de la vision et de la stratégie de la sécurité nationale du président Sall.
Le président que nous allons élire sera aussi le chef suprême des armées. Il serait donc normal que les Sénégalais sachent ce que les candidats pensent de cette question de sécurité nationale qui est vitale, même si elle n’intéresse pas les foules. Cette question est vitale car selon mon ami Bakary Samb, notre meilleur spécialiste de cette question, les djihadistes qui veulent un accès à la mer ont décidé de réserver le Sénégal pour le « dessert ».
Ce qui est très plausible parce que si les intellectuels africains perdent du temps sur la question des frontières tracées lors du congrès de Berlin, les djihadistes eux ont transcendé cette question ; et le Sénégal qui est l’antithèse de leur projet est naturellement leur objectif ultime. Le 24 mars, les Sénégalais devront choisir s’ils veulent que leur pays reste comme la Suisse, un îlot de paix et de stabilité alors que ses voisins étaient en guerre, ou un autre Liban, toujours théâtre de la « guerre des autres ». Ces autres qui ont déjà un cheval de Troie à la présidentielle.
Le président ne pouvait pas si bien dire quand il prévenait la classe politique que nous ne sommes plus seuls sur la scène. Il parlait des autres dont la dernière attaque a eu lieu à 60 Km de Kidira. Dans Le Sénégal et ses voisins, Momar Coumba Diop décrit le premier cercle autour du Sénégal comme une cercle de feu (tensions avec la Mauritanie, interventions militaires en Gambie et en Guinée Bissau, tensions diplomatiques avec la Guinée de Sékou Touré, échec de la Fédération avec le Mali). Macky Sall a transformé le cercle de feu en un cercle de paix et de stabilité. Le premier devoir de son successeur sera de tout faire pour que le Sénégal reste le dernier rempart, l’ilot de stabilité, l’oasis de paix face à l’avancée du désert militaro-djihadiste.
Nous ne voulons pas être le prochain membre de l’Alliance des États du Sahel avec un souverainisme désuet comme le propose Diomaye Faye. Alors que le Sénégal se projette sur Dubaï, il veut nous ramener au franc guinéen de Sékou Touré. Comme le vol d’Emirates, on veut décoller pour Dubaï ; il veut détourner l’avion et nous faire remonter le temps pour atterrir à Conakry sous Sékou Touré. Le souverainisme c’est accélérer vers l'Émergence et permettre au Sénégal d’être l'avant-garde mais pas des combats d’arrière-garde.
DÉTHIÉ FALL, L'HABILE STRATÈGE DANS LA COURSE À LA PRÉSIDENTIELLE
Reconnu pour ses talents de stratège, l'ancien de Rewmi espère surprendre à la présidentielle avec ses qualités de tacticien politique. Sa nouvelle formule d'alliance de l'opposition lui a permis de s'imposer comme l'un de ses principaux leaders
Déthié Fall, 48 ans, va sans doute avoir besoin de sa réputation de stratège pour trouver les moyens de convaincre l’électorat le 24 mars et s’ouvrir les portes du Palais de la République.
Le président du Parti républicain pour le progrès (PRP – Disso ak Askan Wi), membre influent de la coalition de l’opposition dénommée Yewwi Askan-wi (libérer le peuple) est présenté comme l’un des théoriciens de la stratégie ayant permis à l’opposition de mettre en ballotage la majorité présidentielle lors des élections législatives de 2022.
Un talent et une réputation dont l’explication pourrait se trouver dans son parcours académique et politique.
Déthié Fall est ingénieur polytechnicien diplômé de l’École polytechnique de Thiès (EPT), une région qu’il connait bien pour y avoir fait ses premiers pas en politique, à partir de 2004, au côté de son ex-mentor Idrissa Seck avec qui il a cheminé durant 16 ans au sein du parti Rewmi.
En 2021, cet officier de réserve formé à l’Ecole nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès se démarque de son mentor. Il quitte le poste de vice-président qu’il y occupe 2014 met sur pied le PRP dont il est président.
Devenu membre à, part entière de l’opposition sénégalaise, il a d’ailleurs occupé le poste de mandataire national de la Coalition ‘’Yewwi Askan wi’’ (opposition) lors des élections territoriales de juillet 2022.
Pour l’élection présidentielle du 24 mars, Déthié Fall va conduire sa propre coalition, ‘’DéthiéFall2024’’, avec comme slogan : ”Le Sénégal bon à vivre et beau à voir’’.
Reconnu pour ses qualités de fidélité, de probité et d’un sens élevé du devoir, Déthié Fall a écrit sur sa page Facebook : ‘’ Je réitère à la nation sénégalaise mon total et invariable engagement pour la consolidation de la démocratie et la construction d’un Sénégal uni et prospère où il fera bon à vivre et beau à voir’’.
Pour rallier les électeurs à son programme, le natif de Saint-Louis (nord) fait prévaloir ses compétences d’industriel ‘’chevronné’’ sorti de l’université du Québec à Montréal, au Canada.
‘’Je suis l’actuel directeur industriel d’une grande société dans le privé. J’ai à mon actif, un capital de 20 ans d’expérience professionnelle dans le développement industriel’’, lit-on sur son curriculum vitae remis à l’APS.
Un petit bémol toutefois : on ne connait pas au président de la coalition ‘’DéthiéFALL2024’’ une base acquise, ni à Thiès où il est entré en politique, ni à Saint-Louis où il est originaire.
Il lui est aussi reproché de n’avoir jamais exercé une fonction dans l’administration publique.
Cependant, l’ex-bras droit du président de Rewmi a fait preuve d’une preuve d’une ingéniosité politique en conceptualisant l’idée d’une inter-coalition Yewwi Askan Wi-Wallu, regroupant les deux grands blocs de l’opposition. Une formule inédite qui a fait mouche lors des élections territoriales de juillet 2022 pour avoir casser la majorité parlementaire de la coalition au pouvoir.
Cette trouvaille dénommée ‘’Plan Déthié Fall’’ (PDF), jugée ‘’historique’’ par son concepteur, a permis à l’opposition d’avoir, pour la première fois, sous le régime de Macky Sall, 80 députés sur 165.
Pour le scrutin présidentiel du 24 mars prochain, une nouvelle stratégie aussi efficace sera certainement de mise.
LE PROCESSUS ÉLCTORAL PEUT AVANCER
Le juge des référés a rejeté ce vendredi 15 mars 2024 à la Cour suprême, les requêtes en suspension déposées par le PDS et certains candidats recalés afin de faire annuler la tenue de l'élection présidentielle au 24 prochain
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 15/03/2024
Le juge des référés saisi par le Parti démocratique sénégalais (PDS) et certains candidats à l'élection présidentielle a déclaré ce vendredi 15 mars 2024 irrecevables les requêtes en suspension déposées. Cette décision vient couper court aux ambitions de Karim Wade et des "candidats spoliés" qui tentaient par cette voie judiciaire d'invalider le processus électoral en cours.
Selon nos informations, le juge a suivi les réquisitions du procureur qui avait demandé que les deux requêtes soient déclarées irrecevables. Les requérants, dont Karim Wade, Cheick Tidiane Gadio et compagnie, entendaient obtenir la suspension des décrets contestés du président Macky Sall convoquant le corps électoral et fixant la date du scrutin au 24 mars. Ils estiment que ces textes ont été pris dans des conditions irrégulières pour les écarter de la course à la magistrature suprême.
Cependant, le juge des référés a considéré que les deux requêtes "visaient le même objectif", selon les termes du procureur. En rejetant leur recevabilité, la justice a de facto fermé la porte à toute remise en cause du scrutin à ce stade.
Cette décision de la justice vient conforter les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel dans l'organisation de l'élection dans les délais prévus, malgré les contestations du camp des candidats dits spoliés dénonçant des "manœuvres" pour les écarter du jeu électoral.
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SONKO ET DIOMAYE FAYE LIBÉRÉS DE PRISON
Les deux opposants détenus depuis plusieurs mois ont pu recouvrer leur liberté ce jeudi 14 mars 2024. Un dénouement rendu possible grâce au vote de la loi d'amnistie effaçant certaines poursuites politiques initiée par Macky Sall
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/03/2024
Ousmane Sonko, le maire de Ziguinchor, et Bassirou Diomaye Faye, candidat à l'élection présidentielle, ont été libérés de prison ce jeudi 14 mars 2024. L'information a été confirmée par plusieurs sources, dont le secrétaire national à la communication du parti dissous de Sonko, le Pastef.
L'ancien candidat à la présidentielle était en détention depuis le 28 juillet 2023, date de son arrestation. Il avait été inculpé trois jours plus tard pour "appels à l'insurrection et complot" contre l'Etat, puis placé en détention préventive.
De son côté, Bassirou Diomaye Faye, numéro 2 de l'ex-Pastef, était détenu depuis mi-avril 2023 après avoir publié un post critiquant des magistrats. Il a même perdu son temps d'antenne sur la télévision nationale, conformément à une décision du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA). Malgré cette incarcération, il faisait partie des candidats les plus visibles sur le terrain dans le cadre de sa campagne pour l'élection présidentielle, sous la bannière de la coalition "Diomaye Président".
Ces deux libérations font suite à la promulgation par Macky Sall d'une loi d'amnistie adoptée récemment par l'Assemblée nationale. Selon le texte, tous les faits "susceptibles de revêtir la qualification d'infraction criminelle ou correctionnelle commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu'à l'étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques" sont désormais amnistiés.
Cette loi met ainsi fin aux poursuites engagées contre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Leur libération marque donc un coup d'arrêt à leur détention entamée il y a plusieurs mois.
Les Présidents Ousmane SONKO et Bassirou Diomaye Faye seront avec nous dans quelques minutes. Ils quittent cap manuel en ce moment. #diomayemooysonko
DES PANNES GÉANTES PRIVENT L'AFRIQUE DE SA CONNECTIVITÉ
Des dégâts survenus sur au moins trois câbles sous-marins au large de la Côte d'Ivoire perturbent actuellement l'accès à Internet à travers le continent, avec des impacts fortement notés au Bénin, au Liberia, au Ghana, au Nigeria et au Cameroun notamment
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/03/2024
Des dégâts sur au moins trois câbles sous-marins au large de la Côte d'Ivoire perturbent actuellement l'accès à Internet à travers l'Afrique, rapporte le site Bloomberg en s'appuyant sur des données de sociétés spécialisées comme NetBlocks, Kentik et Cloudflare. Le West Africa Cable System (WACS), MainOne et Africa Coast to Europe (ACE), des artères vitales pour les télécommunications, ont été touchés jeudi dernier, déclenchant pannes et problèmes de connectivité.
D'après NetBlocks, la Côte d'Ivoire, le Liberia et le Bénin sont les plus affectés. Le Ghana, le Nigeria, le Cameroun et plusieurs entreprises en Afrique du Sud font aussi partie des pays impactés. "C'est un coup dur majeur pour la connectivité Internet en Afrique de l'Ouest, qui fonctionnera de manière dégradée pendant des semaines", déplore Doug Madory de Kentik.
Ces incidents font suite à des dommages sur trois câbles dans la mer Rouge le mois dernier, probablement causés par une ancre de navire coulé par les Houthis selon les États-Unis et l’ICPC. Route stratégique liant l'Europe, l'Afrique et l'Asie, la mer Rouge voyait 25% de son trafic perturbé.
Ces problèmes de part et d'autre du continent créent une pénurie de capacité. Les géants MTN et Vodacom, ainsi que Microsoft, confirment des perturbations sur leurs services au Nigeria, en Afrique du Sud et dans plusieurs autres pays africains. "De multiples coupures de câbles entre l'Afrique et l'Europe affectent les fournisseurs d'accès", déclare Vodacom.
Ces incidents soulignent la vulnérabilité des infrastructures numériques africaines, quasi dépendantes des câbles sous-marins. Des dommages similaires l'année dernière avaient déjà coupé les connexions internationales de l'Afrique de l'Ouest pendant un mois. Les réparations pourraient à nouveau prendre plusieurs semaines.
PAR Farid Bathily
TIKTOK, LA PASSION CONTRARIÉE DES AMÉRICAINS
Entre la fascination des foules et les suspicions des autorités, la relation des États-Unis avec le réseau social de partage de courtes vidéos menacé d’interdiction outre-Atlantique prend des allures de "je t'aime moi non plus"
Le jeudi 7 mars 2024 alors que la Chambre des représentants se préparait à examiner un projet de loi bipartisan destiné à forcer le désengagement de TikTok de ses liens chinois, les utilisateurs américains ont reçu un appel à protester contre cette initiative.
"Stoppez la fermeture de TikTok. Faites connaître à votre Congrès ce que représente TikTok pour vous et dites-leur de voter NON", indiquait entre autres un message provenant du réseau social partagé par plusieurs abonnés sur X.
Quelques heures plus tard, de nombreux parlementaires furent inondés d’appels téléphoniques les exhortant à préserver le réseau social. Certains ont même dû couper leur ligne momentanément, selon de nombreux témoignages rapportés par la presse.
Influence considérable
La manœuvre n’a pas prospéré – le projet a été adopté à l’unanimité par la Commission de l’énergie et du commerce de la Chambre des représentants (50-0) –, mais cela n’en reste pas moins une preuve de la force d’influence de TikTok, particulièrement aux États-Unis où son audience ne cesse de croître.
Aujourd'hui, plus de 150 millions d'Américains, soit plus de la moitié de la population, utilisent TikTok. Grâce à son format court, l'application est devenue en quelques années seulement incontournable, notamment chez les jeunes.
L’engouement est particulièrement fort chez les 18-29 ans (62% l’utilisent selon Pew Research). Le réseau social qui sert à la fois d’exutoire créatif et de canal d’information privilégié pour de nombreuses personnes de cette tranche d’âge suscite également l’intérêt des personnalités politiques.
Le président, candidat à sa réélection Joe Biden, s’y est inscrit le mois dernier alors que la plateforme détenue par l’entreprise chinoise ByteDance est accusée de menacer la sécurité nationale des États-Unis. "Biden le président veut limiter TikTok. Biden le candidat courtise ses stars", s’est amusé le New York Times à propos de cette ambiguïté.
Entreprise périlleuse
Donald Trump, l’adversaire de Biden, reste sans compte TikTok, contrairement à sa fille aînée Ivanka. Mais la récente volte-face de l’ancien président sur une potentielle interdiction de la plateforme ne devrait pas être dissociée de la popularité de ses sorties sur celle-ci.
L'annonce du bannissement de TikTok se présente comme une entreprise risquée, surtout dans le cadre spécifique de la période électorale actuelle. Ceci est le cas même si les autorités, y compris le président Biden, considèrent cette action comme une question de souveraineté nationale.
Pour sa part, l’opinion semble divisée sur la question. Un sondage révélé le 16 février 2024 par Associated Press, NORC Center for Public Affairs Research indique que : 31% d’adultes américains sont favorables à une interdiction nationale de la plateforme ; 35% s'y opposent et 31% restent indécis. 73% des utilisateurs quotidiens se disent opposés à une telle mesure.
ANTA BABACAR NGOM SUR TOUS LES FRONTS DANS UNE CAMPAGNE ÉCLAIR
À 40 ans, cette cheffe d'entreprise et patronne de la plus grande entreprise avicole du pays, la Sedima, fondée par son père, souhaite briser les barrières et devenir la première présidente de la République
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/03/2024
Pour sa troisième journée de campagne, Anta Babacar Ngom, la seule femme candidate à l'élection présidentielle au Sénégal, sillonne le quartier populaire de Grand Yoff dans la banlieue de Dakar. Comme les 18 autres prétendants, elle a moins de deux semaines pour défendre son programme et se faire connaître de tous les Sénégalais, dans le cadre d'une campagne éclair suite au report du scrutin (AFP).
En effet, après plus d'un mois d'incertitude et une crise sans précédent liée au report de l'élection par le président Macky Sall, ce dernier a finalement fixé le premier tour de la présidentielle au 24 mars. Pour tous les candidats, il faut donc s'adapter au plus vite et accélérer le calendrier. La campagne officielle n'a débuté que samedi et s'achèvera le 22 mars à minuit, soit une semaine de moins que ce que prévoyait initialement le code électoral.
"Je suis la candidate des femmes, que j'assume pleinement, mais je suis aussi la candidate de tous les Sénégalais", a déclaré Anta Babacar Ngom à l'AFP. À 40 ans, cette cheffe d'entreprise et patronne de la plus grande entreprise avicole du pays, la Sedima, fondée par son père, souhaite briser les barrières et devenir la première présidente de la République.
Originaire d'une famille influente de la bourgeoisie d'affaires sénégalaise, Anta Babacar Ngom mène campagne activement sur le terrain. Saluant la foule depuis le toit ouvrant de son SUV, elle arpente les rues du quartier de Grand Yoff au son des klaxons, tout sourire, levant le poing pour galvaniser les sympathisants, à en croire un reportage de l'AFP.
Depuis la fenêtre de leur maison, les habitants se penchent pour apercevoir la candidate et son cortège. Son programme repose notamment sur la création d'emplois, la protection de l'environnement, la gratuité des soins et une réforme de l'éducation avec un enseignement dans les langues locales.
Mener une campagne en moins de deux semaines "est extrêmement difficile, on l'avoue", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Ça requiert une certaine ingéniosité. Il faut être 'innovative'", a souligné cette femme d'affaires de la nouvelle génération, employant un anglicisme qui colle à l'image qu'elle souhaite incarner. À partir de mercredi, elle entamera une tournée dans toutes les capitales régionales du pays.
Comme pour tous les candidats, le défi est de taille dans ce flux tendu. L'imprimerie MPS à Dakar travaille d'arrache-pied pour fournir le matériel de campagne à temps, avec plus de 30 000 affiches et 20 000 T-shirts à produire pour le lendemain. "On va devoir faire des heures supplémentaires et embaucher des freelances pour tenir les délais", a indiqué la directrice générale de l'entreprise à l'AFP.
Dans cette campagne éclair, Anta Babacar Ngom et les 18 autres candidats doivent donc redoubler d'efforts pour se faire connaître des Sénégalais en un temps record. Entre stratégie à adapter et production de supports sous pression, la course contre la montre est lancée pour cette élection présidentielle au calendrier bouleversé.
par Ange Constantin Mancabou
MENACES, RISQUES ET ÉVENTUELLES IMPLICATIONS D’UNE NOUVELLE MONNAIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Sénégal ne devrait pas se révéler être une petite particule monétaire ballotée au gré des crises financières et autres menaces économiques et géopolitiques. Une économie forte est un bon matelas pour une monnaie crédible
La monnaie est évoquée ici en français facile et en termes pratiques.
« Les promesses électorales sont déraisonnablement faites pour raisonnablement ne pas être respectées », cette expression de Pierre Georges, chroniqueur du quotidien français Le Monde me parait d’une acuité toujours renouvelée au fil du temps. L’ouverture de la campagne électorale pour la présidentielle du 24 mars 2024 nous offre l’occasion de relever les pépites et perles de programmes des candidats aux suffrages des Sénégalais. Les propositions d’actions se cognent et se bousculent dans les programmes. Il est opportun d’éviter qu’elles ressemblent à de fausses pierres précieuses, ou des fake news perturbants pour mieux enrober le produit.
Si certaines des promesses déclinées depuis l’ouverture de la campagne électorale semblent réalistes et sont au plus accompagnées d’une estimation sommaire aux chiffres arrondis pour la beauté de l’affichage, d’autres semblent faites, juste pour leur capacité à faire le buzz et/ou à faire rêver l’électeur (d’un changement de sa condition). Les urgences du Sénégal sont brulantes, avec une population majoritairement jeune (plus de 75%), exigeant des réponses immédiates à ses préoccupations. Il est donc opportun d’éviter que le Sénégal ne se retrouve au lendemain du 24 mars 2024, avec à sa tête un président-stagiaire accompagné d’un gouvernement de ministres-stagiaires.
Deureumou Sénégal, le scénario de monnaie-fiction !
Les promesses de changement ne produisent pas toujours de bons fruits, surtout si les réformes envisagées n’ont pas été étudiées, préparées et menées à bien. C’est la raison pour laquelle certaines promesses (ou propositions) ne résistent pas à l’analyse factuelle, scientifique et réelle. Il en est ainsi de l’annonce de la coalition Diomaye Président de créer une nouvelle monnaie (en sortant du FCFA). J’ai beaucoup de respect pour le parcours de mon collègue Diomaye. Cependant, il est opportun d’apprécier l’offre programmatique qu’il a faite suivant une grille de lecture mettant en avant les arguments, dans le cadre d’un débat d’idées afin de relever certaines considérations.
Pour les besoins de cette analyse, nous proposons d’appeler cette nouvelle monnaie annoncée : « Deureumou Sénégal », en attendant le baptême de cette monnaie future par ses initiateurs. « Deureume » est la pièce de monnaie jaune de 5 FCFA, symbolique de l’unité de compte de notre monnaie. Le poids d’une monnaie repose sur l’envergure et la consistance de l’économie qui la porte. Quelle est notamment l’envergure des réserves d’or (et de devises) auxquelles cette monnaie est adossée ?
Ce qui se conçoit bien, se monnaie clairement et les mots pour le dire arrivent aisément
Lorsqu’une économie est résiliente, diversifiée et exporte plus qu’elle n’importe, elle a plus de chance que sa monnaie ne soit pas chahutée au gré des circonstances et des crises diverses. Quelle situation a-t-on au Sénégal ? Un pays qui importe plus qu’il n’exporte. « La balance commerciale du Sénégal est déficitaire », cette phrase apprise dans les leçons à l’école primaire par beaucoup de générations d’écoliers au Sénégal dans les années 1970-1980 est encore d’une accablante actualité de nos jours.
En français facile, cela veut dire tout simplement qu’aujourd’hui, si le Sénégal avait sa propre monnaie, (après avoir exporté son arachide, ses produits halieutiques et autres bien exportés, il n’aurait pas récolté assez de devises (dollar et euro) pour acheter les denrées de consommation et biens d’investissement utilisés dans notre économie. En d’autres termes, sans les filets de sécurité monétaires de la BCEAO, on n’allait connaitre des pénuries de produits importés (ou restrictions) sur le marché (riz, sucre…), faute de devises. Si nous ne connaissons pas cette situation, c’est à la faveur du panier de devises (centralisation et mise en commun de toutes les devises de la zone UMOA) gérées par la BCEAO qui permet aux pays déficitaires de l’Union de s’approvisionner presque sans limitation en fonction des besoins des uns et des autres membres de l’UMOA. En clair, nous importons certainement en puisant sur les excédents de la Côte d’Ivoire (qui a une balance commerciale excédentaire du fait de la diversité de son économie qui exporte du café, du cacao et autres produits agroforestiers et matières premières).
L’Etat forme à des métiers pour servir la République et le peuple à travers l’Administration, c’est la raison pour laquelle des écoles de formations spécifiques existent dans divers domaines de compétences, le Centre de Formation Judiciaire (CFJ) pour les magistrats et greffiers, l’ENA (pour diplomates, inspecteurs et contrôleurs Impôts, Trésor, Douanes, Travail…), l’Ecole Nationale des Officiers d’Active (ENOA) et autres écoles de formation de la Gendarmerie de la Police (pour les Forces de Défenses et de Sécurité), les Facultés de Médicine et Pharmacie pour ces professions médicales... On peut poursuivre les exemples de cette nature pour bien d’autres professions au service des populations.
Toutefois, en matière monétaire, l’Etat du Sénégal a pris l’option historique de déléguer sa souveraineté monétaire à la BCEAO. Il est donc inutile de préciser que dans ce contexte, l’Etat n’a pas d’école de formation de praticiens de la monnaie. Nos meilleurs spécialistes en la matière sont (ou ont été en service) à la Banque Centrale. Lorsque l’Etat a besoin de l’expertise de ces spécialistes, il demande à la BCEAO de les mettre à sa disposition notamment à travers leur détachement dans l’Administration. C’est ainsi que nous avons de grands noms de hauts fonctionnaires issus des ces rangs qui ont occupé de hautes fonctions gouvernementales.
Je pense qu’il n’est pas imaginable d’envisager une réforme fiscale dans ce pays sans l’implication des praticiens de la fiscalité en service dans l’Administration fiscale. Il en est de même pour les réformes majeures pour tous les grands corps de l’Etat que nous avons cité plus haut. Comment peut-on alors envisager d’annoncer une telle perspective monétaire, sans les nombreuses études et concertations préalables qu’exigent les grandes réformes de cette envergure. Un de nos enseignant à l’ENA disait souvent, « quand vous serez dans vos bureaux et que vous devrez prendre une décision, pensez toujours à ses conséquences sur le paysan dans son village ».
Quelle politique d’intégration propose la Coalition Diomaye Président ?
Ne prenez pas mal que je me permette respectueusement quelques interrogations à la coalition Diomaye Président.
Est-ce que ces experts sénégalais ont été consultés (ne serait-ce que pour avis sur les préalables et les impacts d’une telle annonce et /ou décision) ?
Cette décision (annonce) a-t-elle été faite sur la base d’études techniques, scientifique ?
Quel est la feuille de route pour l’entrée en vigueur de cette nouvelle monnaie ?
Est-ce que l’impact de cette décision sur la monnaie a été bien apprécié ?
Est-ce que ses impacts sur la vie quotidienne du sénégalais ont été étudiés ?
Quelles (ou seraient) les mesures de mitigation de ces impacts ?
Est-ce que ce saut (dans le vide et l’inconnu monétaire) en vaut la chandelle ?
A-t-on remarqué que les dirigeants des Etats de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, mais pas de l’UMOA et de l’UEMOA (sujet très délicat) ?
Quelle est la politique d’intégration globale que compte mettre en œuvre la Coalition Diomaye Président ?
Quitter l’UEMOA une des organisations régionales les plus en vue sur le continent africain à l’heure où l’on parle de ZLECAF au sein de l’Union Africaine répond à quelle logique économique, politique, d’intégration (au moment où des pays mieux nantis que nous cherchent à intégrer la zone euro) ?
Est-ce une annonce pour l’affichage ?
Dans les pays ayant une monnaie fluctuante, une déclaration peut avoir des impacts importants sur le cours de la monnaie et entrainer des phénomènes d’anticipation par les acteurs économiques. C’est la raison pour laquelle, il ne faudrait surtout pas s’étonner qu’il y ait une fuite massive de capitaux si le candidat de la coalition Diomaye Président se retrouve en ballotage favorable entre le 24 mars 2024 et l’annonce de résultats définitifs, juste à cause de telles perspectives. La dévaluation monétaire fait fondre le pouvoir d’achat. Nous avons encore en tête les affres de la dévaluation du FCFA en 1994. Partir de ce FCFA dévalué pour une plongée en apnée dans le Deureumou Sénégal ne semble pas rassurant, en l’état actuel de la situation. Le Mali avait fait l’expérience de l’abandon du FCFA avant de réintégrer l’Union. Nul doute qu’il ne serait pas revenu si cette sortie était réussie.
Nul n’est prophète chez soi, dit-on, il ne saurait en être autrement du FCFA. Il faut se rendre aux frontières de l’Union notamment avec le Nigéria, pour se rendre compte que notre FCFA tant décriée par certains est en fait une valeur refuge de ressortissants de ce grand pays ouest africain.
Des pertes d’emplois dès l’entrée en vigueur du « Deureumou Sénégal »
Sans besoin d’être un spécialiste en la manière, une analyse rationnelle permet de voir certains impacts d’une entrée en vigueur du « Deureumou Sénégal ». Notre pays, deuxième économie d’envergure de l’UMOA a l’insigne honneur d’abriter le siège de la BCEAO. Ce siège serait immédiatement déplacé vers un autre pays membres et tous les travailleurs sénégalais de cette institution se retrouveraient au chômage (en attendant une éventuelle intégration à une probable nouvelle « Banque Centrale du Sénégal » pour laquelle il faut dégager des moyens pour lui trouver des locaux, recruter du personnel, en faire de même pour les instances qui accompagnent une banque centrale telle que celle chargée de la définition de la politique monétaire (Comité de Politique monétaire), la Commission bancaire pour le contrôle et la supervision des banques…
Des emplois perdus en perspective aussi bien pour les Sénégalais employés à la Banque Centrale qu’à la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la Commission de l’UEMOA et toutes les autres institutions et instances sous régionales traitant de ces questions. Le Sénégal quitterait certainement l’UMOA et l’UEMOA dont la présidence de la Commission est assurée par un Sénégalais (le président Abdoulaye Diop, ancien ministre délégué au Budget).
Ces bâtiments abritant le siège et les annexes de la BCEAO sont des propriétés de la banque centrale et le resteront puisque nous sommes un pays de droit et que la constitution garantie le droit de propriété en son article 15, sans évoquer les conventions et traités accordant privilèges et immunités à cette institution sous régionale.
Est-il raisonnable de perdre le siège de la BCEAO au moment où prennent forme les textes fondateurs de la future Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et que les discussions portent sur le pays devant abriter le futur siège de cette institution ? Les pays de l’UEMOA constituent déjà un seul bloc bien intégré à arrimer au reste de la CEDEAO, le moment venu. Cette nouvelle Union monétaire devrait à terme intégrer notamment les économies du Nigéria et du Ghana. Ce vaste ensemble d’environ 300 millions de consommateurs ouvre des perspectives économiques réconfortantes.
L’enjeu pour le Sénégal devrait être d’user de sa diplomatie économique et financière pour abriter le siège de cette future banque centrale (au lieu de créer une nouvelle monnaie et de fermer les portes de la BCEAO). Imaginez le nombre d’emplois potentiels au Sénégal (dans diverses spécialités) qui devraient être créés si tel est le cas. Le dynamisme économique lié à la consommation des agents souvent bien rémunérés de ce type d’institution (immobilier, billets d’avion…). Air Côte d’Ivoire et la capitale ivoirienne qui abrite le siège de la Banque Africaine de Développement apprécient à sa juste valeur le dynamisme économique additionnel d’une telle situation.
Actuellement, l’heure est à la création de grands ensembles économiques à travers le monde, le Sénégal ne devrait pas se révéler être une petite particule monétaire ballotée au gré des crises financières et autres menaces économiques et géopolitiques caractéristiques d’un monde globalisé.
En même temps que les portes de la Banque centrale se fermeront, la nouvelle Banque centrale future émettrice du Deumeurou Sénégal devrait trouver ou s’inventer d’autres outils de travail (logiciel et autres procédures dans un monde ou la cybersécurité est un enjeu de plus en plus important). Elle devrait trouver dans un pays développé une entreprise spécialisée dans la production de billets de banque Deureumou Sénégal sécurisés. Il faut dire que la création d’une unité d’impression au Sénégal, juste pour l’émission du Deureumou Sénégal serait très couteuses et non rentable. Je fais abstraction de la batterie de textes législatifs et règlementaires que nécessite une telle réforme, en substitution des textes en vigueur que des centaines d’experts de toutes les nationalités de l’Union ont mis des années à mettre en place.
Ce nouvel Institut d’émission imposerait les répercussions de ces changements à toute la place financière de Dakar. La presque totalité des établissements financiers et des banques qui pour une bonne partie avaient choisi Dakar du fait de son arrimage à la zone (et au marché de) l’UMOA devra alors revoir ses politiques et stratégies opérationnelles. Il faut envisager alors des relocalisations de banques et autres établissements de crédits. La stabilité et la prévisibilité de la politique monétaire et financière sont très importantes dans les décisions d’investissement. Le Sénégal peut-il supporter longtemps une hémorragie financière, d’investissement et d’emplois dans le secteur financier à cause d’une décision insuffisamment évaluée, ou appréciée juste à sa valeur ajoutée politique. Je fais abstraction des impacts d’une telle réforme sur bien d’autres secteurs économiques.
Nous sommes dans une Union monétaire de 8 économies ouest africaines disposant d’une monnaie convertible avec l’euro (1 euro = 655 FCFA). Si le Sénégal quitte cette union monétaire, abandonne le FCFA, réclame sa part de réserves pour bâtir sa nouvelle monnaie qu’on a dénommée Deureumou Sénégal, des choix stratégiques et structurants de régime de change (fixe, flotant, arrimage ou non à une (ou panier de) devise…) seront à faire, toutes choses qui vont contribuer à la détermination de sa valeur. Si nous quittons un ensemble dont le poids se traduit en ces termes : 1 euro = 655 FCFA, il est fort à parier que nous risquons de nous retrouver dans une équation sensiblement semblable à celle-ci : 1 euro = 6.550 Deureumou SN, avec une valeur divisée peut-être par 10. Imaginez alors ce que deviendrait le profil de notre dette extérieure largement libellée en euro et en dollar US. Elle serait alors certainement multipliée plus ou moins par 10 (juste pour donner un ordre de grandeur).
Pardi ! Où trouver des devises pour continuer à assurer le service de la dette, approvisionner le marché sénégalais en denrées de première nécessité... sans richesses additionnelles. Le pétrole et le gaz ? N’y pensez même pas, les recettes attendues doivent servir d’abord à rembourser la dette contractée pour développer ces projets. Un endettement représentant environ 70% du PIB avait déjà attisé des débats épiques notamment à l’Assemblée nationale, je me demande à quel type d’échanges on assisterait avec un taux d’endettement dépassant largement les 100% du PIB, juste à cause d’une décision monétaire pour des justifications liées à notre souveraineté. Notre souveraineté monétaire, nous l’avons juste déléguée à la BCEAO et le Sénégal l’exerce pleinement à travers ses représentants dans les instances de décision de l’Institut d’émission. Ne dit-on pas que l’Union fait la force ? Quittons ce cauchemar de monnaie-fiction pour retrouver notre réalité économique. La monnaie ne produit pas automatiquement le développement économique espéré, mais par contre, une économie forte, diversifiée et résiliente est un bon matelas à ressort pour une monnaie crédible.
Lorsqu’on estime qu’on habite une maison qui a besoin de rénovation, on n’est pas obligée de la raser d’abord pour ensuite aller chercher le financement nécessaire pour bâtir une nouvelle maison. Ce serait dommage de s’appliquer la politique de la terre brulée au moment où les urgences sont nombreuses.
Sous réserves de la disponibilité d’une série d’études (notamment d’impact) et d’analyses scientifiques sur les bénéfices de la création d’une nouvelle monnaie pour le Sénégal, devant faire l’objet d’échanges avec les spécialistes attitrés, il n’est pas souhaitable d’ouvrir la boite de pandore monétaire. Le Deureumou Sénégal ne devrait pas être le cimetière du pouvoir d’achat des Sénégalais qui porteraient alors le deuil de leur bien-être.
La presse rapporte que cette réforme d’envergure envisagée par la coalition Diomaye Président est déclinée dans un programme dénommé « Le projet d’un Sénégal juste et prospère ». Toutefois, ce projet de réforme monétaire se révèle injuste (parce que privant le pays d’atouts économiques, financiers et historiques acquis dans l’Union monétaire) et risquerait de compromettre le rêve d’un Sénégal prospère (sauf si la prospérité visée est celle de PROS, père véritable du projet).
Ange Constantin Mancabou est Inspecteur des Impôts et des Domaines.