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5 mai 2025
Opinions
PAR Ndiaga Gueye
DAKAR N'A OBTENU QUE 5042 NOUVEAUX ÉLECTEURS EN DIX ANS
Il apparaît que le poids électoral des départements favorables à la coalition politique au pouvoir, est augmenté tandis que ceux ne l’étant pas est réduit
Depuis la proclamation des résultats provisoires des élections législatives du 31 juillet 2022, ceux de certains départements du nord du Sénégal, notamment Podor, Matam, Kanel et Ranerou, suscitent des interrogations. Ces dernières découlent de l’ampleur des suffrages obtenus par la coalition politique au pouvoir dans les bureaux de vote. Ces victoires électorales génèrent des suspicions sur l’existence de faux électeurs qui ont voté. Autrement dit, des électeurs domiciliés à des adresses prétextes, c’est à dire, qui n’existent pas, ou bien ils y sont inconnus. En somme, des électeurs avec de fausses domiciliations.
Aussi, il nous semble que l’analyse de l’évolution du corps électoral de ces quatre départements est nécessaire pour être édifié sur ces allégations. A cet effet, nous avons choisis d’étudier les cas de Podor et Matam, en comparaison avec deux autres départements du centre du Sénégal : Dakar et Mbacké. La recherche se fera en prenant comme situation de référence la carte électorale de l’élection législative de 2012. Le choix du scrutin de 2012, se justifie parce que l’actuel président de la coalition politique au pouvoir n’avait aucun contrôle sur le processus électoral d’alors, encore moins sur le fichier électoral. Donc, la carte électorale de 2012 peut être qualifiée de pertinente par rapport à l’étude des élections législatives de 2022. La population de l’année n-1 du scrutin est considéré comme année de référence du corps électoral des zones étudiées.
Les suspicions sur l’existence d’électeurs fantômes dans certains départements du nord du Sénégal, en particulier, Podor et Matam, sont fondées sur le fait qu’étant d’origine du nord du Sénégal, le président de la coalition politique au pouvoir, par ailleurs, président du Sénégal, est assuré d’avance d’y gagner le scrutin. Donc, il a un intérêt à augmenter leurs nombres d’électeurs. Aussi, pour mieux apprécier l’évolution du corps électoral de ces zones, elle se fera en comparaison avec deux départements ou la coalition au pouvoir est certain de perdre les élections législatives, au regard des suffrages qu’il y a obtenu lors de scrutins antérieurs : Dakar de Mbacké. Les résultats permettront, ainsi, d’avoir des indices de l’existence électeurs avec de fausses domiciliations à Podor et Matam.
Le taux d’inscription au fichier électoral des populations de Podor (48,73%) et de Matam (41,29%) en 2022, révèle que pratiquement tous les habitants en âge de voter (de 18 ans à 80+) sont des électeurs. En considérant, la population électorale du Sénégal en 2021 , qui est de 8 960 157 pour une population de 17 197 482 habitants et le nombre de 6 727 759 électeurs en 2022, ce scenario relative à l’inscription au fichier électoral de la quasi-totalité de la population électorale de ces départements semble peu probable. En effet, une telle situation exceptionnelle, quel que soit le département considéré, correspondrait difficilement à la réalité dans un pays ou le vote n’est pas obligatoire. Par conséquent, nous estimons qu’il existe des électeurs fantômes dans les départements de Podor et Matam.
A la lumière de ce qui précède, il apparaît que le poids électoral des départements favorables à la coalition politique au pouvoir, est augmenté tandis que ceux ne l’étant pas est réduit. Ainsi en 10 ans, Podor, a connu une augmentation de 80 248 électeurs alors que la population a augmenté de 60 653 habitants. Pendant la même période, Dakar, avec une augmentation de sa population de 382 716 habitants, n’a obtenu que 5 042 électeurs. Dakar, avec 5 042 électeurs en 10 ans a été le département le plus affecté par ces manipulations du fichier électoral.
Le vote des électeurs fantômes dans les départements du nord du Sénégal peut aussi être étayé, d’une part, par un examen minutieux de tous les procès-verbaux des élections législatives du 31 juillet 2022, et d’autre part, par une enquête de terrain pour vérifier l’existence réelle de ces électeurs.
A cet effet, il est à remarquer que ce travail d’investigation demande la mobilisation de ressources humaines, matérielles et financières importantes. Quant au traitement des observations sur les procès-verbaux, il est titanesque en peu de temps. En effet, les procès-verbaux ne sont pas traitées au niveau départemental mais national. En conséquence, le comité national de recensement des votes, ainsi que les représentants des candidats, vu le temps imparti pour publier les résultats, n’ont pas le temps pour considérer toutes les observations sur tous les procès-verbaux des bureaux de vote des départements du nord du Sénégal. Un tel travail ne peut être réalisé qu’en faisant de preuve de détermination pour une élection législative honnête. A défaut, des résultats probablement frauduleux, seront ainsi validés, comme ce fut le cas lors de l’élection présidentielle de 2019 car le comité national de recensement des votes n’a pas pu traiter les procès-verbaux de 15.397 bureaux de vote en peu de temps.
Ndiaga Gueye est Doctorant en Sciences de l'Information et de la Communication, Chercheur en marketing politique à l'ère du big data
Laboratoire: LARSIC, École Doctorale: ED-ETHOS
PAR Ibrahima Makama DIAKHATÉ
CES POIDS PLUMES QUI RISQUENT DE DÉTERMINER LE SENS DE L’AIGUILLE DE LA BALANCE
C’est une forte probabilité : tel Atlas, les petits poucets vont porter le poids de l’Assemblée sur leurs épaules. Conformément au mythe, ils purgeront leur peine en jouant à l’équilibre devant la représentation nationale
C’est une forte probabilité : tel Atlas, les petits poucets vont porter le poids de l’Assemblée sur leurs épaules. Conformément au mythe, ils purgeront leur peine en jouant à l’équilibre devant la représentation nationale. Dans la posture du "porteur", la nature du démembrement de l’hémicycle donnera à ces formations atomes, le rôle d’Atlas, à l’image de ce petit os qui supporte la tête ! Atlas qui supporte le poids du monde, les petits qui supportent des grands, des nains remorquant des géants. Yawou diaal qui manœuvre Balla Gaye 2, ..tel sera le tableau de l’Assemblée nationale.
La 14e législature inaugurera, à coup sûr, l’ère des négociations et des combinaisons à l’Assemblée nationale. Pape Djibril Fall et Thierno Alassane Sall (et Pape Diop, peut-être) risquent de jouer aux arbitres dans l’hémicycle. Ce qui est remarquable, c’est que ceux qui étaient chahutés et voués aux gémonies seront courtisés par les coalitions mastodontes à la représentation nationale du fait du sifflet à la bouche. A partir de ce moment, tout rapport de force sera arbitré par ces formations snobées, naguère ! En d’autres termes, la configuration va inaugurer l’ère des alliances. S’il en est ainsi, les désormais faiseurs de rois définiraient le sens de l’aiguille de la balance sur les décisions de l’Assemblée. Pour bien purger leur punition, ils assureront l’équilibre jusqu’à... la fin de la 14e législature !
Le mandat de député vient d’engranger une autre valeur ! De la dignité de plus !
Par Ndiapaly Gueye
LE GENTLEMEN’S AGREMENT, LA SEULE RÈGLE QUI VAILLE
Calomnies, bâtons dans les roues, agressions, menaces, stigmatisations, harcèlements policiers et judiciaires… jamais un leader politique n’aura été autant éprouvé qu’Ousmane Sonko. Curieusement, son étoile n’en sera jamais affectée !
On ne le dira jamais assez, Dieu n’aime pas les traîtres ! Beaucoup de choses se seraient passées dans notre pays le Sénégal voici quelques années. Beaucoup de cas d’école pourraient nous servir d’exemples pour renforcer notre foi en Dieu. Mais le cas le plus illustratif aura été celui du président Ousmane Sonko et du Pastef.
Calomnies, bâtons dans les roues, agressions, menaces, stigmatisations, harcèlements policiers et judiciaires… jamais un leader politique n’aura été autant éprouvé qu’Ousmane Sonko. Curieusement, son étoile n’en sera jamais affectée ! Au contraire, elle continue de briller et d’illuminer les cœurs et les esprits des Sénégalais. Dieu est toujours du côté des endurants et Ousmane Sonko, Guy Marius Sagna, Barthélémy Dias, Khalifa Sall… sont de ceux-là.
Cette belle percée de l’opposition est une réponse sèche de Dieu en guise d’avertissement sur nos manquements. Dieu aura bien voulu choisir un leader charismatique nommé Ousmane Sonko. Il est du devoir des créatures de savoir lire entre les lignes des signes que ne cesse de nous envoyer Dieu, notre Créateur. Continuez à persévérer dans vos postures de calomnies et de provocations dans le seul but de détruire un opposant. Plus précisément, celui que Dieu aura recommandé aux Sénégalais particulièrement à la jeunesse : Ousmane Sonko pour ne pas le nommer. Quand l’heure de la vérité sonne, le mensonge, la tortuosité et la bassesse sont relégués au second plan. Voici plus de soixante (60) ans que notre Assemblée nationale aura toujours obéi aux injonctions de l’exécutif au détriment du peuple.
Pour une fois, ce peuple va effectivement vivre confortablement avec la cohabitation. Cette situation politique ne court pas souvent les rues en Afrique. Notre pays, le Sénégal, pourrait se glorifier d’avoir été le premier à vivre cette grande expérience démocratique. Que Benno Bokk Yakaar (Bby), parti au pouvoir, sache raison garder. Désormais, rien ne sera plus comme avant. On ne peut pas arrêter les vagues déferlantes des réseaux sociaux avec les bras. Les mentalités évoluent et, d’ailleurs, elles ont beaucoup évolué. Les Sénégalais savent observer même s’ils ont le grand défaut de toujours laisser faire. Ils savent sanctionner aussi ! Benno Bokk Yakaar l’avait appris à ses dépens lors des locales.
Bis repetita pour les élections législatives où, selon les tendances, l’opposition majoritaire autour de l’intercoalition Yeewi Askan Wi (Yaw) et Wallu va tordre le bras au parti au pouvoir pour lui imposer une cohabitation. Une aubaine pour notre démocratie. Aux vaincus d’être des gentlemen pour surtout éviter de gripper nos institutions. Ils doivent jouer franc jeu pour l’intérêt supérieur de la Nation. Après le régime parlementaire dès les années 1960, celui présidentiel est au perchoir avec trop de pouvoirs dans l’escarcelle du président de la République. Le changement imminent s’impose. Gare à ceux qui rateront le virage.
Selon la Constitution française !
La cohabitation désigne la coexistence institutionnelle entre un chef de l’État et un chef du gouvernement (issu de la majorité parlementaire) politiquement antagonistes. La «cohabitation» désigne la conjoncture politique dans laquelle le président de la République et la majorité des députés sont de tendances politiques opposées. Le Gouvernement étant responsable devant l’Assemblée nationale (art. 20, al. 3, 49 et 50 de la Constitution du 4 octobre 1958), le président de la République a vocation à nommer à la tête de ce Gouvernement une personnalité qui puisse avoir l’appui de la majorité à l’Assemblée nationale.
Par Alassane THIAM
FRANCE, LES ÉLECTEURS SÉNÉGALAIS TOURNENT LE DOS À MACKY
Qui l’eût cru ! Depuis que les sénégalais de la diaspora ont eu droit de choisir leurs députés, jamais un parti au pouvoir n’a perdu les élections en France. Je sentais ce mouvement de colère silencieuse envahir les « FRANCENABE ».
Qui l’eût cru ! Depuis que les sénégalais de la diaspora ont eu droit de choisir leurs députés, jamais un parti au pouvoir n’a perdu les élections en France. Je sentais ce mouvement de colère silencieuse envahir les « FRANCENABE ».
Le 21 mai 2020, j’intitulais ma chronique : Macky arrose la diaspora, je ne dis pas : Merci. J’étais stupéfait de voir durant la pandémie du COVID que chaque sénégalais résidant en France pouvait recevoir jusqu’ à 300€ (200 000F CFA) de l’état du Sénégal. Or, les « sénégalais du Sénégal » souffraient davantage de l’impact de la maladie. J’insistais sur le fait que l’état français avait mis tout en œuvre pour atténuer la souffrance de ses citoyens et je rappelais que les étrangers avaient les mêmes droits sociaux que les français.
Le pouvoir a utilisé un « logiciel » qui date et qui ne fait plus recette pour attirer le vote des sénégalais. La sociologie des immigrés sénégalais en France a beaucoup évolué.
En effet, les « anciens » très légitimistes ont fait valoir leurs droits à la retraite et n’ont plus, comme on pourrait le penser l’emprise sur leurs familles restées au pays. C’était le « Ndiguel » (recommandation) qui était recherché pour faire basculer les élections dans leurs villes ou villages d’origine. Il faut se rendre compte qu’en France, beaucoup de jeunes binationaux n’ont pas le même rapport à la politique que leurs aînés.
Lors des élections présidentielles de 2019, j’ai pu constater que certains venaient en nombre pour dire publiquement qu’ils ne voteront pas comme leurs darons. (Leurs pères). L’argent a encore coulé à flot, à perte. Les sénégalais ont choisi l’opposition pour être représentés à la future assemblée nationale.
Cette défaite du parti au pouvoir pourrait aussi s’expliquer par la grosse colère de certains membres dirigeants de leur parti. En effet, l’éviction de Demba Sow, compagnon du Président de la république, dès la première heure, a heurté beaucoup d’adhérents et de sympathisants. Ce dernier n’a pas été associé à la confection des listes et n’a appris son éviction que lors de la diffusion de la liste de BENNO BOK YAKAAR (coalition de partis au pouvoir) par les médias sénégalais.
Cette inélégance a donné lieu à des débats houleux et s’est traduit par des appels de certains adhérents à un vote sanction contre le gouvernement. La perte de la « France » fait tâche, car il était imaginable que l’opposition puisse chavirer le pouvoir en place.
Dans la diaspora, les choses ont également beaucoup évolué, les achats de conscience ne fonctionnent plus, des convictions commencent à apparaitre pour dénoncer le délaissement de leurs régions d’origine. Il appartiendra aux partis politiques d’analyser finement le vote des citoyens sénégalais de la diaspora pour mieux comprendre son message. La tranche d’âge des électeurs, les catégories -socio professionnelles, la localisation des régions d’origine des électeurs sont des facteurs non négligeables pour cerner ce vote sanction.
Par Jean-Daniel LELIÈVRE
MVA-IMVANEX : LES ATOUTS D’UN «VIEUX» VACCIN ANTIVARIOLIQUE CONTRE LA VARIOLE DU SINGE
L’efficacité du MVA contre la variole dite du singe (provoquée par le virus Monkeypox) a d’abord été suggéré de manière indirecte
1977, le dernier cas connu de variole était enregistré. Trois ans plus tard, le 8 mai 1980, l’OMS prononçait l’éradication mondiale de la maladie. On aurait pu penser que les recherches sur les vaccins dirigés contre le virus responsable de cette infection allaient prendre fin… Cela n’a pas été le cas, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que bien que la maladie ait été éradiquée, le virus de la variole (VARV), lui, ne l’était pas. Des souches existaient (et existent) toujours, conservées dans des laboratoires dédiés et sécurisés – alimentant ainsi la crainte de les voir utilisées comme arme biologique.
Ensuite parce que si la variole dans sa « version » spécifiquement humaine a disparu, d’autres infections ont émergé au cours du XXe siècle, provoquées par des pathogènes de la même famille (poxvirus) : les virus de la Vaccine (VACV), Cowpox (CPXV) et Horsepox qui sont proches et dont les infections restent assez anecdotiques, et le virus Monkeypox (MXV), responsable depuis les années 1970 d’épidémies régulières dont la fréquence tend à augmenter avec le temps.
Enfin parce qu’on a découvert, au début des années 1980, que les vaccins antivarioliques pouvaient être utilisés comme des « plateformes vaccinales » de nouvelle génération, très utiles en vaccinologie moderne. On introduit dans le génome du virus utilisé dans le MVA un bout d’ADN codant pour une protéine d’un autre pathogène (spicule du SARS-CoV-2 par exemple) : après injection du vaccin, cette protéine virale va être exprimée, ce qui va permettre à l’organisme de développer une réponse anticorps protectrice contre celle-ci. Cette technique a été utilisée pour les vaccins anti Covid-19 d’Astra Zeneca et Janssen, qui se sont servis d’adénovirus utilisés comme « plateformes ».
AUX ORIGINES D’UN VACCIN DEVENU INCONTOURNABLE
Le vaccin contre la variole est, historiquement, considéré comme le premier depuis qu’Edward Jenner en 1798 a recouru à l’injection du virus présent chez la vache (Cowpox) pour protéger contre la variole humaine. Il imaginait ainsi une alternative plus sure et plus efficace à la variolisation (inoculation du « vrai » virus de la variole). Les techniques de production des vaccins antivarioliques vont ensuite s’industrialiser et abandonner le virus Cowpox pour le VACV. Cultivées sur des peaux d’animaux autres que leur hôte habituel, ces souches virales vont certes conserver leur capacité à provoquer une réaction immunitaire mais devenir moins virulentes : on parle de virus « atténués ». Elles conservent également, malheureusement, la capacité de se répliquer et peuvent poser des problèmes de tolérance et de sécurité des vaccins qui les emploient – tel Dryvax. La variole étant associée à une lourde mortalité et une lourde morbidité, ces inconvénients ne sont devenus problématiques que lorsque l’incidence de la maladie a commencé à décroître. Ce qui a poussé à rechercher des vaccins plus sûrs.
Dans les années 1970-1980, il n’existait toutefois qu’un seul autre type de vaccin : les vaccins à virus inactivés, sans agent infectieux vivant. Or si ces derniers sont mieux tolérés, ils sont de moins bons immunogènes – l’inactivation (par la chaleur, produits chimiques…) dénaturant ici les éléments viraux nécessaires à l’établissement d’une bonne réponse immunitaire. La technique ne fut donc pas retenue.
L’amélioration des techniques d’atténuation a donc été privilégiée, aboutissant à des vaccins de deuxième puis de troisième génération. Les vaccins de deuxième génération (tel ACAM 2000) ont été produits via des cultures cellulaires ayant enfin les conditions de stérilité nécessaires. Leur profil de tolérance reste toutefois non optimal, et ils ne peuvent être utilisés chez les sujets immunodéprimés ou souffrants d’eczéma par exemple. Ils représentent cependant la majorité des stocks de vaccins antivarioliques disponibles (les États-Unis ont commandé plus de 200 millions de doses en 1999-2001). La poursuite des efforts d’atténuation des souches initiales ont conduit à la production de deux souches utilisées pour les vaccins de troisième génération : LC16m8, développé par Kaketsuken au Japon, et MVA (Modified Ankara Vaccine), développé par la société Bavarian Nordic au Danemark.
MVA : UN VACCIN DE TROISIEME GENERATION CONTRE LA VARIOLE HUMAINE…
La souche virale utilisée dans le MVA a vu sa virulence largement atténuée suite à sa longue mise en culture sur des cellules d’embryon de poulet. Elle y a perdu une grosse partie de son génome… et la majeure partie de ses effets indésirables. Bien que produit peu de temps avant l’annonce de l’éradication de la variole, le vaccin a pu être utilisé sur le terrain, ayant obtenu en 1977 une autorisation de mise sur le marché en Bavière (Allemagne).
Il est actuellement disponible sous différentes appellations selon les régions/pays : Imvanex en Europe, Imvamune au Canada et Jynneos aux États-Unis. Son excellent profil de tolérance a ainsi pu être observé chez les plus de 120 000 personnes auxquelles il a été administré avant l’arrêt de la vaccination antivariolique. Contrairement aux vaccins des générations précédentes, le MVA n’induit pas de réaction cutanée lorsqu’il est administré par scarification. Les études cliniques ont toutefois montré que la méthode optimale était l’injection sous-cutanée. Mais sa bonne tolérance allait-elle de pair avec une bonne efficacité ?
Des études d’immunogénicité ont été effectuées dans un deuxième temps. Sept essais cliniques ont ainsi été réalisés (essais Pox-MVA-005, 006, 008, 011, 013, 023, 024). Ils ont permis d’inclure près de 7500 sujets d’âge différents, ayant ou non déjà été vaccinés avec un produit d’une génération antérieure, présentant ou non des problèmes de santé (482 sujets infectés par le VIH inclus dans l’essai Pox-MVA-011), recevant une ou deux (la plupart du temps) doses de vaccin – administré alors 28 jours après la première. L’objectif principal de ces essais était d’analyser la capacité d’induire une réponse anticorps neutralisante.
Les résultats ont été positifs : une seule dose suffisait chez les sujets ayant été vaccinés dans l’enfance contre la variole, deux étaient nécessaires chez les sujets vierges de vaccination (chez eux, une dose permettait d’induire une réponse anticorps au bout de deux semaines, mais elle n’atteignait son plateau que deux semaines après la deuxième dose). À noter que s’il n’a pas été possible d’apprécier son efficacité clinique réelle, elle a pu être abordée de manière indirecte : dans l’essai MVA-Pox-006, la réaction cutanée induite par un autre vaccin (ACAM 2000) a été atténuée par l’injection du MVA.
… EFFICACE AUSSI CONTRE LA VARIOLE DITE « DU SINGE »
L’efficacité du MVA contre la variole dite du singe (provoquée par le virus Monkeypox) a d’abord été suggéré de manière indirecte. Elle pouvait être suspectée, sachant que le vaccin utilisé contre la variole humaine est déjà dérivé d’un virus présent chez l’animal. Puis, un premier cas d’infection par le virus Monkeypox a été observé scientifiquement : survenue chez un enfant non vacciné contre la variole, la maladie ne s’est pas propagée chez ses proches vaccinés dans le passé. Cette protection s’est ensuite amenuisée au fil du temps, à mesure que les dernières campagnes de vaccination contre la variole s’éloignaient.
Ainsi, si on estimait la protection induite par la vaccination antivariolique à environ 85 % en Afrique dans les années 1980 (soit environ cinq ans après l’arrêt de la vaccination antivariolique), une étude de 2003 aux États-Unis (soit 33 ans après) menée après une épidémie a montré que la protection avait largement chuté. Seuls 24 % des cas ayant contracté le MKP avaient été vaccinés contre la variole.
Les données d’efficacité du MVA ont ensuite été obtenues dans les modèles animaux, notamment chez les macaques. Vaccinés, ces singes sont protégés de toute issue fatale. Enfin, entre 2017 et 2019, 1600 volontaires ont été inclus dans un essai de phase 2 en République démocratique du Congo visant à étudier la réponse immunitaire anti-virus Monkeypox du MVA.
Outre la confirmation de la très bonne tolérance du vaccin, l’essai a prouvé l’induction d’une réponse d’anticorps neutralisants antivirus Monkeypox efficace avec un pic de production au jour 42 (14 jours après la deuxième dose). Il était suivi d’une diminution rapide chez les participants jamais vaccinés, et d’un maintien à des niveaux plus stables chez ceux qui avaient été vaccinés dans l’enfance avec diminution lente jusqu’à deux ans après l’injection.
QUELLE STRATEGIE VACCINALE ADOPTER ?
Si le vaccin MVA semble efficace contre l’infection par le virus Monkeypox, la question se pose de son utilisation pratique dans le contexte d’une flambée épidémique telle que nous la connaissons actuellement (plus de 25 000 cas à l’échelle mondiale, dont 2239 en France début août.)(Le ministre de la Santé, François Braun, ayant déclaré que « la France avait de quoi vacciner la population cible (…), à savoir 250 000 personnes » ; plus de 16 000 injections ont déjà été réalisées, ndlr).
Les stratégies de vaccination développée contre la variole, notamment celle dite « en anneau », ont également été utilisées avec les vaccins contre le méningocoque, les oreillons et, plus récemment, Ebola. L’objectif de cette stratégie est de stopper la propagation de la maladie en ne vaccinant que les individus les plus susceptibles d’être infectés. Elle passe par l’identification de qui une personne contaminée est susceptible d’infecter ou d’avoir infecté, et d’avoir à disposition pour ces contacts des vaccins fournissant une prophylaxie post-exposition – c’est-à-dire capable d’induire une réponse immunitaire protectrice rapide (pour leur éviter de développer la maladie s’ils ont été contaminés). Les stratégies de vaccination en anneau intègrent généralement également les contacts des contacts, pour essayer de contenir au mieux l’infection.
Jean-Daniel LELIÈVRE
PU-PH CHEF DE SERVICE
- DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT CLINIQUE DU VRI
- EXPERT VACCIN HAS, OMS, EMA, INSERM
THECONVERSATION.COM
MACKY SALL SE RÉJOUIT DE LA BONNE ORGANISATION DES LÉGISLATIVES
Le chef de l’Etat demande au gouvernement de préparer et d’accompagner l’installation, dans les meilleures conditions, des députés de la quatorzième législature - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 3 août 2022.
"Le Président de la République, Son Excellence Macky Sall, a présidé le Conseil des Ministres, au Palais de la République, ce mercredi 03 août 2022.
A l’entame de sa communication, le Chef de l’Etat s’est félicité du respect du calendrier électoral et du bon déroulement des élections législatives du 31 juillet 2022, dans le calme, la sérénité et la transparence, sur l’étendue du territoire national, en présence d’observateurs déployées par des organisations internationales et la société civile.
Le Président de la République, saluant la crédibilité de notre système électoral et l’exemplarité de la démocratie sénégalaise, a félicité le Ministre de l’Intérieur, les autorités administratives (gouverneurs, préfets et sous-préfets), la direction générale des élections, la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), les forces de défense et de sécurité et la presse (audiovisuelle et en ligne) pour l’excellente organisation et la couverture du scrutin.
Le Chef de l’Etat demande, à cet égard, au Gouvernement de préparer et d’accompagner l’installation, dans les meilleures conditions, des députés de la quatorzième Législature.
Abordant la modernisation de l’Artisanat national, le Président de la République a indiqué au Gouvernement, la nécessité de bâtir un système d’entreprenariat intégré du secteur, en assurant la formation professionnelle et l’apprentissage adaptés, l’installation et l’équipement adéquats, la formalisation et le financement des artisans via, en particulier, les mécanismes du 3FPT, de la DERFJ, du FONGIP, de l’APDA et de l’ADEPME.
Le Chef de l’Etat a, également, insisté sur l’urgence : (i) de moderniser et transformer les chambres des métiers ; (ii) de consolider la vocation d’excellence du Centre de Formation artisanale (CFA) de Dakar (iii) de finaliser un programme national de réalisation de centres artisanaux modernes dans chaque capitale départementale ; (iv) de relancer le projet du Mobilier national et de renforcer la place des artisans dans l’exécution de la commande publique.
Le Président de la République demande, en outre, au Gouvernement de veiller à la finalisation des études relatives à la création fonctionnelle d’un Comptoir national de commercialisation de l’Or en concertation avec les bijoutiers.
Le Chef de l’Etat invite, enfin, le Ministre de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel à accélérer le processus d’adoption, avant fin septembre 2022, de la Stratégie nationale de Développement de l’Artisanat (SNDA).
Poursuivant sa communication, le Président de la République a rappelé au Gouvernement, l’importance du développement des Agropoles dans l’industrialisation, l’attractivité des territoires et la promotion de l’emploi.
Le Chef de l’Etat a informé le Conseil, du lancement, ce jeudi 04 août 2022 à Bollabougou, des travaux de l’Agropole Ouest (avec l’Entente intercommunale de Malicounda, Ngueniène et Sandiara), après la disponibilité de toutes les études techniques, économiques, foncières, financières et environnementales requises.
Sur le climat social et le suivi des affaires intérieures, le Président de la République a évoqué les points suivants :
1. la célébration de la « Tamkharite », le lundi 08 août 2022, en présentant ses meilleurs vœux de santé et de bonheur à la Oumah Islamique à l’occasion de l’avènement du nouvel an musulman.
2. l’édition 2022 de la Journée nationale de l’Arbre, en demandant au Ministre de l’Environnement et du Développement Durable de prendre toutes les dispositions, en relation avec les autorités administratives, les structures et acteurs partenaires, pour une organisation des manifestations sur l’ensemble du territoire national.
3. la campagne agricole, en invitant Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural et les autorités administratives à renforcer les dispositifs de suivi de proximité de l’évolution des cultures, de la cession du matériel agricole et des engrais subventionnés aux producteurs.
4. l’accélération de l’exécution du projet de reconstruction du Centre hospitalier national « Aristide Le Dantec », en demandant au Ministre de la Santé et de l’Action sociale, et aux Ministres en charge des Finances et de l’Economie, tutelles du FONSIS, d’engager toutes les diligences requises, pour le lancement des travaux, au plus tard en début septembre 2022.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur son agenda diplomatique et le suivi de la coopération et des partenariats.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS
Le Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur le suivi des directives et instructions présidentielles.
Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait une communication sur le projet de reconstruction du Centre hospitalier national Aristide le Dantec.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication sur la campagne agricole.
Le Ministre auprès du Président de la République chargé du Suivi du Plan Sénégal Emergent a fait une communication sur les projets et réformes phares du PSE.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES
Le Conseil a examiné et adopté les textes suivants :
- Le projet de décret portant nomenclature budgétaire de l’Etat.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris la décision suivante :
- Monsieur Saliou SAMB, Ingénieur géologue, précédemment Coordonnateur de la Cellule de Suivi du Contenu local du Ministère des Mines et de la Géologie, est nommé Directeur de la Géologie, en remplacement de Rokhaya SAMBA, appelé à d’autres fonctions.
par Saliou Ngom
QUE PEUT-ON APPRENDRE DE CES LÉGISLATIVES ?
Les électeurs de l’opposition n’ont pas répondu à un projet politique précis. Ils ont plutôt voulu manifester leur désaccord vis-à-vis de la position ambivalente du président relativement au troisième mandat
Après des mois de manifestations de l’opposition et un processus décrié par différents acteurs (société civile, partis recalés, etc.), le Sénégal a tenu ses élections législatives le 31 juillet 2022. Deux faits majeurs marquent le processus électoral : d’une part le rejet de la liste nationale des titulaires de l’opposition significative (Yewwi), d’autre part une série de manifestations interdites dont les tournures parfois malheureuses[1] auront contribué à raviver une violence pré-électorale que nombre d’observateurs voyaient venir. De surcroît, l’épouvantail de l’irrédentisme, du régionalisme et de « l’ethnicisme » agité par les partisans du parti pouvoir pour viser Ousmane Sonko, président du parti Pastef et leader de l’opposition, aura non seulement mis de l’huile sur le feu, mais surtout radicaliser les partisans d’une formation politique qui n’avaient pas fini de faire les frais d’une vague d’arrestations qu’ils considèrent comme une volonté manifeste de neutraliser l’opposition et de dissuader tout engagement dans les mouvements de contestation.
L’hypothèse d’un troisième mandat du président Macky Sall a amplement dominé les discours de campagne. La probabilité que le président sortant annonce sa candidature est actuellement au centre de la discorde entre la majorité et l’opposition. Nombre de voix estiment que cette candidature pour un troisième mandat serait non seulement inconstitutionnelle, mais en plus viendrait fouler au pied la parole donnée d’un président qui, lors d’une déclaration publique avait clairement pris l’engagement de renoncer à toute velléité d’aspirer à un troisième mandat, d’autant plus que la constitution ne lui en donnait guère la possibilité. Voilà bien qui explique toute la portée de ces élections législatives que d’aucuns ont d’ailleurs qualifié d’une élection présidentielle avant l’heure, en estimant que si le parti présidentiel en venait à les perdre, cela signifierait que le peuple électoral avait opposé un refus systématique du projet de candidature qu’on prête au président Sall et à propos duquel il tarde toujours à apporter une réponse claire. Or la page du mécontentement populaire dont les manifestions de février 2021 ont été une expression, n’est visiblement pas tournée.
Rappelons que depuis l’ouverture politique des années 1980, l’opposition a toujours eu des difficultés pour s’imposer lors des échéances législatives. Ce qui s’explique en partie par le mode de scrutin, en phase avec les régimes présidentiels, qui avantage plus la majorité présidentielle que l’opposition. On sait bien que quand l’agenda électoral est fait de telle sorte que les législatives se tiennent quelques mois seulement après la présidentielle, l’avantage revient au président élu et à son parti, surtout lorsqu’il s’agit d’une première accession au pouvoir. La particularité de ce scrutin législatif sénégalais de 2022 est qu’il s’est déroulé plus de quarante mois après l’élection présidentielle, en raison notamment du retour du septennat avant l’élection de Macky Sall. Cette configuration bouscule l’agenda institutionnel.[2] Les élections à mi-mandat favorisent très souvent l’opposition dans cette configuration. C’est d’ailleurs pour cette raison que la France est revenue au quinquennat pour éviter les cohabitations et les élections à mi-mandat.[3] L’un des enseignements de ces élections, c’est la nécessité de rationalisation du système politique, avec la tenue des élections législatives au cours de la même année que la présidentielle pour éviter des élections à mi-mandat et/ou une potentielle cohabitation. Le président de la République avait raté cette occasion, en ayant renoncé à réduire son mandat de 7 à 5 ans en 2017.[4]
Bien évidemment, on ne peut attribuer à ce dysfonctionnement institutionnel l’essentiel de l’échec de la majorité dans les grandes villes et les centres urbains. Face au mode de scrutin majoritaire à un tour, l’opposition a trouvé une formule de coalition jusque-là inexpérimentée lors des échéances électorales. Cette stratégie électorale novatrice a pu leur éviter un éclatement de leur électorat, et par la même occasion, leur a permis de s’octroyer l’alliance du parti démocratique sénégalais (Wallu), une formation politique qui, à partir de cette alliance, put également saisir l’occasion pour revenir au-devant de la scène politique.
Le caractère inédit de ce scrutin se trouve aussi dans les résultats, provisoires bien sûrs, et qui semblent donner un avantage à l’opposition dans beaucoup de grandes villes. Bien que nous ne disposons pas encore de données empiriques suffisantes, tout porte à croire que ce vote est globalement de l’ordre d’un vote utile doublé d’un vote sanction. Les électeurs, notamment ceux des grandes villes, qui semblent plus attachés aux idéaux démocratiques, plus préoccupés par la question sociale (chômage des jeunes, cherté de la vie, etc.) la question de l’indépendance vis-à-vis de la France, la gestion transparente des ressources naturelles et du foncier.
Bien conscientisés par les nouveaux mouvements sociaux, nombre d’électeurs issus des grandes villes du pays considèrent que le président Macky Sall n’est rien de moins que le candidat d’une France soucieuse de renforcer sa mainmise politique, économique et militaire sur cette partie du continent, et qu’ils ne seraient pas surpris de voir la France user de différentes stratégies pour maintenir au pouvoir Macky Sall, plus que jamais considéré comme un acteur clé du dispositif néocolonial. Plus qu’un vote d’adhésion, le vote pour la coalisation, traduit chez les électeurs, notamment ceux issus des grands centres urbains, un rejet du régime sortant et de ses alliés de l’intérieur comme ceux de l’extérieur.
Consciente de ce que peut lui rapporter une assimilation entre troisième mandat et perpétuation de la domination française, l’opposition a aussi misé la dessus pour rendre encore plus impopulaire le président sortant et lui faire perdre la majorité à l’Assemblée, et éventuellement l’élection présidentielle de 2024.
De fait, les électeurs de l’opposition n’ont pas répondu à une offre ou à un projet politique précis, mais ont plutôt voulu manifester leur opposition vis-à-vis d’une position obscure et ambivalente du président de la République relativement au troisième mandat. Ils n’ont pas simplement choisi un candidat au niveau local, ils ont plutôt choisi la liste/coalition la plus à même de freiner la « tentative » du président de la République de se représenter lors des prochaines présidentielles. C’est pour cette raison que la configuration électorale bipolarisée semble tourner à l’avantage de l’opposition significative au détriment des petites listes ou des troisièmes voies. Cette configuration bipolarisée a aussi laissé très peu de marges aux débats thématiques. D’ailleurs pour accentuer cette bipolarisation, les jeunes et Ousmane Sonko lui-même n’ont pas hésité à insinuer que ces petites listes faisaient le jeu de la majorité présidentielle.
Enfin, l’un des enseignements de ce scrutin, c’est le faible taux de participation des électeurs qui fragilise partiellement la légitimité de l’Assemblée nationale. Il y a une nécessité pour les chercheurs mais aussi pour les politiques de comprendre le contenu de cette abstention qui peut traduire un désintérêt pour la politique. Il peut effectivement y avoir un message politique à comprendre dans l’abstention en général et celle des jeunes en particulier. En plus des difficultés structurelles face auxquelles aucun gouvernement, depuis l’alternance de 2000 jusqu’à maintenant, n’a pu réussir à trouver des réponses satisfaisantes et durables, pourrait-on interpréter cette abstention comme l’effet de conduites et de pratiques plus conjoncturelles, à l’image du spectacle de violence[5] (violence verbale, symbolique et physique) qui est devenue monnaie courante qui n’honorent pas l’image des acteurs politiques, la transhumance politique et l’inconstance des acteurs politiques, l’usage instrumentaliste et opportuniste que les dirigeants font de politiques publiques devant pourtant profiter aux citoyens, peu importe leur appartenance politique[6] ?
Enfin, il est à se demander si le désaveu qui se traduit par un taux d’abstention important, n’est pas également un terreau favorable à l’émergence de nouvelles figures d’hommes politiques qui peuvent venir de la société civile, de l’univers des mouvements sociaux, qui sont tout sauf des hommes du sérail et qui sont de plus en plus suivis sur les médias classiques et surtout sur les médias sociaux.
Dr Saliou Ngom est socio-politiste, chercheur à l’IFAN Ch. A. Diop.
[1] Déjà lors de manifestations de février 2021, 14 personnes avaient perdu la vie, sans qu’une enquête ne soit ouverte.
[2] C’est souvent le cas en France notamment avec l’élection du sénat, qui se tient à mi-mandat.
[3] Le septennat présidentiel avait occasionné à deux reprises des cohabitations au cours des années 90 (sous F. Mitterrand avec J. Chirac et sous J. Chirac avec L. Jospin).
[4] Bien sûr qu’il avait choisi de consulter le conseil constitutionnel, mais avait la possibilité d’organiser un referendum, d’autant que c’était une forte promesse de campagne.
[5] Dans la scène politique sénégalaise, la généralisation de la violence se traduit sous plusieurs formes. Elle concerne les propos et appels haineux venant des différentes tendances politiques. Elle consiste également dans l’émergence de nervis et gros bras, recrutés généralement par les leaders politiques et leurs partis, pour des opérations de protection et de réplique mais surtout d’intimidation du camp adverse.
[6] Nombre de jeunes restent persuadés que des dispositifs tels que la DER ou la Bourse familiale mis en œuvre par le gouvernement sont détournés à des fins politiciennes. D’aucuns estiment que seuls les militants du parti au pouvoir bénéficient de ces dispositifs. Il en résulte un désenchantement et une perte de confiance de nombre de jeunes vis-à-vis des institutions en général.
par Anne Marie Mbengue Seye
LA COHABITATION, SEULE ISSUE POUR UNE JEUNESSE INCAPABLE D’ATTENDRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette jeunesse sénégalaise armée de sa fougue et des armes de son époque, dont les réseaux sociaux et Internet, est en marche vers la rupture de ses chaines pour regagner cette espérance dérobée furtivement au fil des années
Ceci est une bouteille à la mer, cette mer qui offre à notre capitale cette majestueuse couronne bleue qui la rend si attractive. Cette mer que nous polluons inconsciemment et avec ingratitude, j’espère qu’elle acheminera à bon port mon message au roi
Ma chère mer de Dakar, s’il vous plait, allez dire au roi que son peuple a faim. Dites-lui aussi que sa jeunesse est fatiguée des longs trajets journaliers à la recherche d’un contrat précaire juste pour couvrir les charges de la honte. Dites encore à sa Majesté que pendant qu’il est dans son palais annexe de Mermoz, les courtisanes et courtisans plus royalistes que lui, se sont arrogé la propriété de ce lieu sacré qu’est le palais sis à la rue de la République. Ce palais, symbole de la prise de possession par les Sénégalais de leur pays, là où jadis logeait le gouverneur français. Là-bas ces courtisans agissent de façon plus néfaste que le colon combattu par nos illustres pères indépendantistes et notre saint cheikh Ahmadou Bamba Mbacke, Serigne Touba.
Quelqu’un dans les bonnes grâces de son Éminence, pourrait-elle s’il vous plait lui faire remarquer que les 17 millions de Sénégalais qui constituent son peuple parmi lesquels 9 millions de moins de 25 ans sont convaincus qu’il est la cause de toutes leurs peines ?
Quelqu’un pourrait-il lui expliquer que c’est cette espérance perdue qui crée chez notre jeunesse la quête quotidienne de moyens pour un exil en Occident, car persuadée que dépenser ce million CFA durement gagné au terme de plusieurs années en frais de passages est plus rentable que de l’investir ici dans une entreprise individuelle. Cette jeunesse n’a plus confiance en ces mécanismes financiers censés être soutenus par des agences nationales comme la DER ou tout autre agence nationale créée sur mesure pour un fidèle serviteur du palais.
Cette jeunesse a compris que le système en 10 ans s’est mué en un imbroglio pire que la colonisation.
Ces jeunes qui ont mis le doigt sur une des causes majeures du problème
Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit. Cette jeunesse sénégalaise, décomplexée et alerte a vu clair dans ce jeu de dupes où le colonisateur s’est fait progressivement remplacer par cette élite africaine corrompue ou dans le meilleur des cas pas assez futée pour comprendre qu’elle est juste manipulée. Cette élite dont la mission est de garder notre peuple dans un état de dépendance d’un système qualifié frauduleusement démocratique. Ce système a maintenu inlassablement dans la classe inférieure les compatriotes d’en bas au service des bourgeois et du clergé protégeant tous les deux cette classe supérieure grâce à un plafond de verre très résistant.
Ces concitoyens d’en bas qui ont subi après les ajustements structurels du FMI dans les années 80, de plein fouet les conséquences de la mort programmée de l’école publique et de la privatisation de toutes nos sociétés nationales de service public et clouant au sol le seul ascenseur social avec leur absorption par les multinationales sous le couvert de partenariats techniques.
Ce système post-colonial, empreint du suprémacisme américain qu’il soit de gauche ou de droite, il garde une dose de capitalisme assez importante, dans sa forme la plus hideuse, juste ce qu’il faut pour empêcher toute tentative du peuple de sortir de la pauvreté. La seule chance de succès devenant alors une révolution en bonne et due forme.
La France quant à elle continue de tirer les ficelles dans cette région ouest-africaine comptant les pays les plus pauvres de la planète, ses ex-colonies, sans que cela ne lui pèse sur la conscience et ne la conduise à se retirer complètement de nos économies enfin.
Malgré l’apprentissage forcé de l’histoire de France et sa révolution de 1729 imposée à travers nos manuels scolaires où il était honteusement écrit, « nos ancêtres les gaulois », notre élite veut elle aussi s’offrir sa monarchie constitutionnelle. C’est du moins ce qu’il parait quand n’importe qui peut aisément voir qu’elle a réussi avec brio à reconstituer les trois classes qui composaient la société française avant juillet 1789.
La première et la plus visible et insidieuse étant la bourgeoisie composée chez nous de tous ces ex-ministres ou ex-DG de sociétés nationales ou ex-magistrats ou hauts fonctionnaires. A côté de cette bourgeoisie sénégalaise, se situe notre clergé à nous, avec les nombreuses confréries religieuses musulmanes vivant de la dime imposée aux fidèles qui n’est autre qu’une taxe.
Cette bourgeoisie sénégalaise donc et son clergé exploitent le tiers état que constitue le reste du peuple. Ce tiers état qui représentait 80% de la population à l’époque de la Révolution française, compte 95% des Sénégalais aujourd’hui.
Oui, s’il vous plait dites au roi que cette jeunesse sénégalaise, armée de sa fougue et des armes de son époque que sont les réseaux sociaux et Internet, est en marche vers la rupture de ses chaines pour regagner au prix de son sang cette espérance dérobée furtivement au fil des années non sans l’endormir avec des promesses et de projets onusiens sous des sigles MCA, OMD puis ODD.
Insistez bien pour dire au roi qu’il y a urgence à agir et à prendre les bonnes décisions pour éviter que l’histoire ne se répète car les mêmes causes conduisant aux mêmes effets. Celles pires entraîneront sans aucun doute des conséquences bien plus déplorables.
Des changements structurels pour ramener l’espérance
Cependant rassurez notre bien aimé roi quant à la grande fibre patriotique et au courage de cette jeunesse qui lorsqu’elle est gérée avec empathie, respect et considération, peut en moins de 10 ans accélérer aussi bien la croissance économique que l’IDH de son pays. Ces jeunes ne désirant rien d’autre que d’être formés dans leur pays, d’y exercer un travail honnête, de fonder une famille et avoir un foyer auprès des leurs, attendent tout simplement de leurs élites qu’elles posent des actes concrets allant dans le sens de construire des centres de formation aux métiers utiles à notre économie.
Cette jeunesse veut qu’on cesse d’autoriser à tout va, ces universités privées et écoles de commerces qui déversent chaque année dans nos villes des centaines de masterisés qui viennent grossir le nombre de chômeurs. Les plus chanceux de ces jeunes au terme de cinq années scolaires à 1,5 millions de CFA, finiront derrière les guichets de notre championne nationale la Sonatel, l’exemple palpable de privatisation de compagnies nationales.
Et des parents plus responsables dans cette quête d’idéal
Ma très chère mer dakaroise, une fois que vous aurez passé cette information à notre roi éclairé et si par chance vous avez obtenu qu’il se souvienne être le garant de la sécurité, de la santé, de l’éducation et du cadre de vie de son peuple, je vous saurai gré de lui transmettre ce dernier message :
Dites-lui s’il vous plait que nous les parents de cette jeunesse, nous sommes comme lui, nés après les indépendances et avant 1975 l’année de la première récession française de l’après-guerre. Nous avons compris que sa forte appréhension de la cohabitation est le reflet du grand stress qui lui est imposé par ce patron d’outre-mer lui exigeant de jouer pleinement sa partition dans cette guerre ouverte entre l’OTAN et la Russie.
Nous savons que tout comme son instrumentalisation du FMI pour se relever de sa récession de 1975, la France essaie encore avec la crise russe, d’voir une solution made in Africa pour conserver son statut de membre du G7. Nous comprenons très bien que la soutenir dans cette guerre contre le gaz russe va assurer sa protection par son BIMA encore présent sur notre territoire après 62 ans. Peu importe l’opinion publique internationale ou le nombre de vies fauchées, Dieu nous en garde, l’essentiel pour elle est de garantir que les contrats gaziers et pétroliers soient en sa faveur et comblent les 15% d’énergie en moins de la Russie
Veuillez bien lui faire comprendre que nous sommes conscients qu’il ne peut pas se sortir seul de ce pétrin dans lequel il s’est mis en prolongeant malgré lui le pacte diabolique hérité de son prédécesseur qui malheureusement avait soigneusement omis ce chapitre lors de la passation de pouvoirs comme l’avaient aussi fait ceux avant lui.
Rassurez-le sur le fait que nous sommes prêts à tout mettre en œuvre et faire les sacrifices qu’il faut avec lui pour corriger ces erreurs générationnelles et laisser à cette jeunesse désespérée, un pays meilleur en héritage qu’ils se chargeront de rendre encore meilleur pour nos petits-enfants.
Un Sénégal où toutes les richesses du pétrole et du gaz, ne seront pas transférées dans des comptes offshores au nom de compagnies américaines ou chinoises ou françaises mais où des compagnies sénégalaises avec l’État comme actionnaire, seront les exploitantes et redistribueront les revenus aux 17 millions que nous sommes incluant des députés dévoués au peuple, des juges justes et des fonctionnaires compétents
Le tout non sans des opposants dignes et dévoués à leurs électeurs
Pour finir , je vous prierai chère mer dakaroise de bien vouloir dire au roi que dans ce Sénégal que nous construirons avec lui et que nous transmettrons à son successeur en 2024, il n’y aura plus de Barthelemy Dias, ni de Ousmane Sonko car nos jeunes ne seront plus obligés de se dresser comme bouclier humain pour protéger les victimes de la partialité de notre justice, pour protéger un cadre de la fonction publique radié pour avoir dénoncé des abus dont il avait des preuves et que personne n'a encore pu démentir.
Dans ce Sénégal nouveau, nous ne serons pas contraints d’avoir pour seule alternative d’élire une coalition dans laquelle on ne comprend pas tous les tenants et les aboutissants ni tous les enjeux stratégiques dans lesquels on nous embarque malgré nous. Il y’aura une opposition non dépouillée de tous ses membres fauchés par la transhumance immorale et déshonorante de la parole donnée.
Ce Sénégal nouveau, où l’espoir et l’espérance sont retrouvés, où la jeunesse sera bien formée, les hôpitaux réhabilités, les rues propres et sécurisées, où le thiebou dieune est repris à l’UNESCO et rendu aux foyers, ce Sénégal prospère et développé que notre future condition de pays producteur de pétrole et de gaz, nous voulons qu’il soit rapidement une réalité.
Nous attendons ce Sénégal 2.0 de tous nos vœux et implorons nos chefs religieux de nous accompagner de leurs prières pour que ce vœu que nous partageons tous soit vite réalisé et que nous soyons tous dans un pays où il fait bon vivre.
Dieu protège notre pays !!!
par Amadou Tidiane Wone
DÉFAITE POLITIQUE ET DÉROUTE ARITHMÉTIQUE
Même si, par des subterfuges liés au mode de scrutin et aux calculs pipés par le coefficient électoral, la « majorité » sortante parvient à s’octroyer un groupe parlementaire arithmétiquement plus important, la défaite politique est là. Imparable
Si l’on se s’en tient aux résultats globaux provisoires modélisés par Dakaractu et publiés ci-dessous, le total des voix obtenues par les différentes coalitions se repartirait comme suit:
– Benno Bokk Yaakar : 1.489.779 voix.
– Yewwi Askan Wi : 1.060.288 voix
– Wallu Sénégal : 448. 566 voix
Premier constat : le total des voix obtenues par l’inter-coalition Yewwi/Wallu soit 1.508.854 est supérieur au nombre de voix obtenues par la coalition sortante au pouvoir soit 1.489.779.
Deuxième constat: le total des voix des coalitions restantes, et se réclamant de l’opposition, est de 194.743 voix réparties comme suit:
– Bokk Guiss Guiss : 43.378
– Natangue AS: 25.617
– AAR Sénégal : 51.323
– Bunt-bi : 20.129
– Les Serviteurs: 54.296
Soit au total : 194.743
Le total général des voix qui se seraient portées sur l’opposition serait donc de :
1.703 597 voix contre 1.489.779 pour la majorité sortante.
Comment, dans ces conditions, certaines voix de la coalition au pouvoir peuvent-elles s’autoriser à crier victoire ?
Indécent !
Même si, par des subterfuges liés au mode de scrutin et aux calculs pipés par le coefficient électoral, la « majorité » sortante parvient à s’octroyer un groupe parlementaire arithmétiquement plus important, la défaite politique est là. Imparable. Indubitable.
Il est temps pour les états majors politiques d’analyser, de manière encore plus fine le sens du vote du peuple sénégalais qui, encore une fois, indique sa marche irréversible vers un avenir d’indépendance et de Souveraineté retrouvée !
Qu’Allah bénisse notre pays et le protège des marchands d’illusions !
En s’abstenant de s’inscrire dans des caractérisations manichéennes, saugrenues, discriminatoires et clivantes, si l’on sait que la sacralité du vote demeurera toujours un mystère dans le secret des urnes.
Paraphrasant un grand penseur et politologue qui énonçait sans ambages que dans l’opinion courante, les votes ne sont qu’un domaine d’incohérences et de fantaisies, je m’interroge ainsi sur les déterminants sociologiques du vote tel qu’il s’exprime lors des différentes élections et donc des questionnements autour de la sociologie électorale qui reviennent souvent au cœur des débats, surtout suite à la proclamation des résultats issus des élections locales du 23 janvier 2022 dernier.
C’est connu, dans une démocratie, le vote est un élément essentiel et fondateur de l’expression démocratique au point qu’il est absolument nécessaire d’identifier ses différents déterminants et les facteurs relatifs au comportement électoral avec ses paramètres sociaux, culturels, économiques et historiques.
Mais aussi de rappeler que les enquêtes portant sur les comportements électoraux mettent souvent en évidence un certain nombre de variables sociologiques liées aux catégories socio-professionnelles, aux classes d’âge, à la classe sociale, au sexe, à la religion, entre autres variables souvent imbriquées qu’il est difficile d’isoler du fait de possibilités de croisements entre elles.
En effet, les études électorales montrent que l’âge est devenu un indicateur de changement de comportement électoral, notamment chez les jeunes plus enclins à s’inscrire dans le registre du vote contestataire, souvent perçu comme l’expression d’un désaccord dans la déclinaison des politiques publiques qui ne prennent pas suffisamment en compte leurs conditions d’existence, notamment de la lancinante problématique de l’employabilité tant en milieu rural qu’urbain.
A cet égard et malgré ce constat, la mise en évidence de telles variables sociologiques ne doit pas laisser penser que le comportement électoral est le résultat brut d’un déterminisme social qui définit les contours d’un nouvel électeur éclairé faisant son choix en connaissance de cause par opposition à une autre frange peu politisée et inconsciente des enjeux du moment et des mutations en cours.
Sous ce rapport, la volatilité électorale dans le recensement des opinions politiques exprimées diversement traduit de façon éloquente les différentes motivations, souvent enrobées dans des tempéraments politiques au cours d’élections locales ou nationales comme les Législatives ou Présidentielles.
De cette écologie électorale, il découle ainsi un objectif qui vise naturellement à établir des corrélations entre intentions de votes chevillées aux exigences d’une demande sociale et économique prégnante et les offres comme réponses à la hauteur des attentes des populations.
C’est dans ce sillage que la caractérisation synoptique des votes rapportés à leurs référentiels démographiques en zones urbaines ou rurales, devient à la fois sujet et objet d’interprétations parfois subjectives, biaisées et parfois même condescendantes selon l’entendement des uns et des autres dans la qualification desdits votes.
Ainsi donc, au regard de cette duplicité sibylline dans l’analyse par une approche disjonctive des votes référencés en fonction de leurs géographies électorales, certains analystes politiques aigrefins, dans leurs propos sarcastiques, décident de tracer malencontreusement des lignes de démarcation par une stigmatisation entre votes utiles, affectifs, intelligents, etc.
Pour autant, il est aujourd’hui admis que l’économie et ses implications sociales influencent drastiquement le vote, car le citoyen détenteur de son suffrage, dans l’urne, sur la base de son vécu quotidien et de son environnement, exprime volontairement et rationnellement son souhait, son droit civique par une sanction positive ou négative.
D’où la nécessité, dans l’interprétation des statistiques relatives aux résultats électoraux, de tenir compte absolument du croisement des données socio-économiques sur l’ensemble du corps électoral, afin de garder l’objectivité requise dans cet exercice, par une argumentation scientifiquement acceptable à partir d’indicateurs pertinents et crédibles, permettant ainsi d’éviter des jugements de valeurs, d’erreurs de connotation et de caractérisation dans la discrimination des votes.
Dès lors, il devient absurde d’introduire dans la doxa politique, de nouveaux paradigmes qualificatifs de votes inintelligents ou affectifs par euphémisme contre des votes réfléchis dits intelligents, selon les spécificités territoriales d’aires géographiques et identitaires volontairement ciblées.
Cette distinction, ainsi formulée, ne saurait s’accommoder du bon sens, car elle ne tient pas compte des profils ou identifiants des détenteurs desdits votes à travers leurs préoccupations qui sont consubstantielles à un mode de vie, à la typologie des influences et proximités familiales pour le vote en milieu rural, par opposition à d’autres espaces urbains pour lesquels il est péremptoirement conféré une conscience citoyenne plus ancrée parce que plus informée des questions de l’heure avec les problématiques y afférentes.
Ainsi, dans cette géographie électorale, l’analyse de la socialisation politique des citoyens permet de cerner les différentes formes d’encadrement social en distinguant l’effet de voisinage, la pesanteur des normes sociales et de leurs impacts sur les consignes éventuelles adressées, traduisant de facto l’établissement de rapports entre facteurs structurels et conjoncturels des intentions de vote selon la nature du scrutin.
A cet effet, le contrat entre les élites politiques dépositaires des suffrages et les votants, sans être nécessairement synallagmatique, trouve sa signature par l’acte de vote comme symbole garant de la promesse électorale faite à l’électeur dont les préoccupations sont diverses et variées.
Dans les grandes villes, le contrat de confiance est souvent rompu du fait d’un environnement socio-économique lié à des contextes politiques difficiles et, subséquemment, le curseur de la mesure des opinions oscillera toujours entre l’ordre de la réactivité émotionnelle qui élimine un candidat ou un parti à une élection et l’ordre de la raison qui le choisit, finalement dans une incertitude constante, donc de variabilité dans les tendances projetées.
Alors que dans le milieu rural, les préoccupations sont de natures spécifiques et souvent liées à une demande sociale singulière, assujettie souvent à la satisfaction en moyens et facteurs de production dans leurs activités agricoles au sens large, entre autres, ce qui en retour, par devoir de reconnaissance et de fidélité à une promesse faite, rend le vote moins erratique par la relation de confiance entretenue entre le requérant et l’électeur.
C’est dire simplement que le vote est le résultat de plusieurs motivations structurées autour d’une volonté réfléchie et adossées à une logique introspective faite de fidélité à un engagement, à une espérance ou une éthique de convictions, c’est-à-dire l’expression cohérente d’une rationalité dans sa finalité structurante.
Au demeurant, rappelons que le vote rationnel est un concept de la science politique caractérisant le suffrage d’un électeur dont le comportement est guidé par une rationalité fondée sur des convictions objectives découlant d’une bonne lecture de l’offre politique du candidat, de son altruisme, de sa sollicitude constante auprès des populations, donc de son coefficient personnel ou de sa crédibilité.
Or, est rationnel tout ce qui est basé sur la raison, sur l’esprit, avec une cohérence logique dans la mise en œuvre de l’acte projeté.
Alors, la question préjudicielle réside dans le contenu cognitif à mettre dans les convictions objectives qui fondent la rationalité du vote, tant son spectre de motivations reste hétérogène avec une large amplitude centrée autour de plusieurs intérêts non seulement individuels ou collectifs, mais aussi multiformes et variés.
De ce qui précède, il ressort inéluctablement que tout vote est absolument rationnel donc intelligent, c’est-à-dire pourvu de sens, donc de la faculté d’être compris car doué de raison, par conséquent l’aboutissement d’un acte amenant l’électeur à se décider en connaissance de cause.
Cette cause devrait être le soubassement des raisons profondes qui motivent le choix porté sur un candidat ou parti, parce que dépositaire de sa confiance dans la prise en charge de ses intérêts matériels et moraux.
C’est dire que l’intelligence est une autre forme de rationalité dans sa manifestation, en ce sens qu’elle structure une volonté d’agir selon l’acte à poser, ici l’acte de vote inscrit dans un intervalle de confiance dont les marqueurs probabilistes oscillent entre le souhaitable et le possible, en faveur du destinataire de l’espérance déposée.
Ainsi donc, fort de l’ensemble de toutes ces considérations liées au vote dans ses différentes déclinaisons et face au reflux de doctrines éculées y afférentes et enrobées dans des logorrhées que charrient des charlatans politologues et alchimistes de l’écologie électorale, j’en appelle à plus de rigueur scientifique, d’objectivité, de retenue et de respect dans l’analyse de résultats électoraux issus de différents scrutins au cours desquels le vote garde son caractère lunatique selon la nature des élections, qu’elles soient locales, législatives ou présidentielles.
Surtout, en s’abstenant de s’inscrire dans des caractérisations manichéennes, saugrenues, discriminatoires et clivantes, si l’on sait que la sacralité du vote demeurera toujours un mystère dans le secret des urnes.
Mamadou Ndiaye DIA
Ancien Chargé de Programmes UNESCO
Conseiller municipal
Commune de DEMETTE
Département de PODOR