SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
5 mai 2025
Opinions
par Nioxor Tine
DÉRACINER LE BAOBAB BENNO
C’est bien en raison de son style de gouvernance tyrannique que le président de la République voit d’un mauvais œil une éventuelle cohabitation. Il risque cependant de ne guère avoir le choix
Il n’y a pas l’ombre d’un doute, que la coalition Benno Bokk Yakaar joue sa survie durant les législatives du 31 juillet 2022 prochain. À 18 mois de la fin du mandat de leur président, une défaite sonnerait, très probablement le glas pour cette association de vendeurs d’illusions, unis à la vie, à la mort, pour des raisons, qui sont tout, sauf vertueuses. C’est donc pour des raisons purement politiciennes et égoïstes, que les ténors de la majorité actuelle en fin de cycle, rejettent la cohabitation parlementaire, car la conjugaison d’efforts de tous les Sénégalais de bonne volonté pourrait empêcher notre pays de tomber dans le précipice que 60 années de déséquilibre institutionnel ont fini par creuser.
Au début, une révolution citoyenne et démocratique dévoyée
Arrivé au pouvoir, à l’ombre d’une dynamique citoyenne et démocratique exemplaire, alors que personne ne l’attendait, le président Macky Sall a su déconstruire l’héritage des Assises Nationales qui, dans les années 2010 – 2012, constituait un espoir réel de sortir notre pays de l’ornière.
De fait, après avoir, dans la suite logique des Assises Nationales, mis sur pied la C.N.R.I, le président de l’APR refusera d’en appliquer les recommandations.
Certains de ses frères de parti iront jusqu’ à accuser l’équipe du vénérable Amadou Mahtar Mbow d’avoir outrepassé ses prérogatives, en proposant un avant-projet de constitution, qui avait pourtant été validé par des conférences citoyennes tenues dans tous les départements de notre pays.
Devant la passivité d’éminents acteurs des Assises, il substitua au rapport final de la C.N.R.I, un projet édulcoré de réforme constitutionnelle qu’il soumit au référendum du 20 mars 2016.
Cette renonciation du pouvoir du président Macky Sall aux points essentiels de la plateforme de refondation institutionnelle portée par le peuple des Assises, a ouvert la voie à une gouvernance paradoxalement plus autoritaire que celles de tous les régimes qui l’ont précédé.
Cela s’est traduit par des atteintes caractérisées aux droits et libertés, la dégradation des mœurs politiques avec la promotion de la transhumance et surtout par la perversion d’un système électoral, ayant quand même, à son actif deux alternances, à tel point que droit de vote, secret du vote et même droit à la candidature ne sont plus du tout garantis.
Pas d’autre alternative que la cohabitation
C’est bien en raison de son style de gouvernance tyrannique, que le président de la République voit d’un mauvais œil une éventuelle cohabitation. De plus, du fait qu’il est celui qui détermine la politique de la Nation, il sera peu enclin à collaborer avec l’opposition parlementaire, surtout si on prend en compte sa prédilection pour une gestion solitaire et directive du pouvoir. Mais il risque de ne pas avoir le choix, en raison d’au moins deux facteurs:
La modification des rapports de force politiques, en faveur de ses adversaires politiques, que sa défaite électorale va induire,
L’amoindrissement de son autorité au sein même de son camp politique, à quelques mois de la fin de son second mandat, ce qui ne manquera pas de susciter des ambitions dans les rangs de l’APR et de la coalition Benno Bokk Yakaar.
Coup d’arrêt à l’hyperprésidentialisme !
On est effaré de constater la facilité, avec laquelle, le patron de Benno fait avaliser ses forfaitures et sa propension à habiller ses décisions les plus arbitraires du manteau trompeur de la légalité républicaine, à laquelle des opposants naïfs ou malhonnêtes et des mercenaires de la plume nous demandent de nous soumettre sans broncher.
Cabales et complots, arrestations injustifiées et arbitraires, tortures et assassinats, tout devient raisonnable et politiquement correct, dès lors que l’Exécutif apériste et ses appendices législatif et judiciaire donnent leur onction.
Les adversaires politiques diabolisés à souhait, deviennent des ennemis publics qu’on rêve d’incarcérer au soir d’élections, qui ont de fortes chances de se transformer en poudrière, à cause des rapports exécrables qu’entretiennent hommes politiques de la majorité et de l’Opposition.
C’est pour cela, qu’au-delà des apostrophes et invectives entre les principaux acteurs politiques, il faut se convaincre, que l’avenir institutionnel et démocratique de notre Nation se joue lors des prochaines joutes électorales du 31 juillet 2022.
De fait, le jeu politique semble régi par des logiques jusque-là inconnues, notre trajectoire démocratique oscille entre des tendances autocratiques avérées et de fragiles lueurs d’espoir de renouveau démocratique.
Si la défiance vis-à-vis du régime du Benno est tangible et indéniable, les perspectives de sortie de crise sont encore vagues et imprécises.
Les objectifs politiques semblent peu ambitieux, tournant essentiellement autour de deux problématiques découlant de l’hyper-présidentialisme obsolète, à savoir la cohabitation et le troisième mandat.
Les programmes censés nous sortir de l’ornière brillent par leur horizon limité, confinés à des contrats de législature, en lieu et place de programmes de gouvernement. Ils ne constituent, en réalité, que la dernière roue du carrosse, réduits à des catalogues de mesures certes pertinentes, mais où une place disproportionnée est accordée à l’institution parlementaire elle-même.
De même, on sublime la fonction de député, en dehors de toute considération politique, au lieu de s’interroger sur les intérêts que le parlementaire sert réellement, nous dessinant des profils utopiques de supermen de la démocratie représentative bourgeoise.
Le risque que nous encourons, c’est bien sûr une troisième alternance dévoyée, si les masses populaires ne s’approprient pas des enjeux de refondation institutionnelle.
Notre salut réside dans l’actualisation et l’application effective des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions.
L’attaque de Kati est un tournant de la guerre pour le Mali mais aussi pour le Sénégal car elle montre les limites de la stratégie d’endiguement du jihadisme au Nord puis au Centre
L’attaque jihadiste contre la garnison de Kati où vit le président de la Transition, Assimi Goïta, et le ministre de la Défense, Sadio Camara, a les mêmes objectifs que l’offensive du Viet Cong contre les troupes américaines à Saïgon et dans plus de 100 autres villes au Viet Nam du Sud en janvier 1968.
Cette offensive du Tet qui vit le Viet Cong s’infiltrer militairement à Saïgon et attaquer l’ambassade des Etats-Unis, le bâtiment le plus protégé de la capitale, fut le tournant de la guerre. Naturellement la riposte américaine fut foudroyante.
L’offensive fut un désastre militaire pour le Viet Cong car aucune des villes ciblées ne fut conquise mais elle fut une grande victoire politique, car l’opinion américaine fut définitivement convaincue que la guerre était perdue.
L’offensive du Tet, cette défaite militaire mais immense victoire politique et psychologique, comme la bataille d’Alger en 1957 pour le Fln, fut le début de la fin de l’intervention américaine au Vietnam. L’attaque de la garnison de Kati où vit Goïta comme celle de l’ambassade des Etats-Unis à Saïgon en janvier 1968 vise à montrer aux Maliens que si le président de la Transition n’est pas en sécurité, personne ne peut l’être nulle part au Mali. Deuxièmement, cette attaque a aussi pour objectif, comme l’offensive du Tet, de déconnecter les populations des forces armées censées les protéger et qui ne sont elles-mêmes, pas à l’abri. Le principal objectif de l’attaque de Kati, loin d’être militaire, est surtout psychologique, car le message s’adresse surtout aux populations qui vont se retrouver entre le marteau jihadiste et l’enclume de l’Armée.
Dans la bataille de l’opinion, l’offensive du Tet a mis fin aux communiqués triomphalistes du Pentagone sur la stabilisation de la situation sur le terrain. L’attaque de Kati va avoir le même effet sur la communication récurrente de la montée en puissance de l’Armée malienne. Peut-être que la montée en puissance est vraie, mais l’attaque de Kati va jeter le doute dans l’esprit de la population car les Russes, comme les Américains au Vietnam, n’ont pas pu empêcher que les maquisards attaquent le centre névralgique doublé d’un symbole. C’est pourquoi les jihadistes viennent de remporter une grande victoire politique et psychologique, car la menace n’est plus à Kidal, à Menaka, Aguelok ou aux portes de Bamako, mais au cœur de Bamako, et vont accentuer la bataille politique de la querelle des allégeances avec l’Etat car comme le dit si bien Carl Schmitt : «Pourquoi les hommes donnent ils leur consentement à la puissance ? Dans certains cas par confiance, d’autres par crainte, parfois par espoir, parfois par désespoir. Toujours cependant, ils ont besoin de protection et ils cherchent cette protection auprès de la puissance. Celui qui n’a pas la puissance de protéger quelqu’un, n’a pas non plus le droit d’exiger l’obéissance.»
L’attaque de Kati est un tournant de la guerre pour le Mali mais aussi pour le Sénégal car elle montre les limites de la stratégie d’endiguement du jihadisme au Nord puis au Centre.
En plus, le jihadisme n’est plus seulement un débordement ou une excroissance des islamistes algériens refoulés militairement au Nord Mali par l’Armée algérienne, ou des groupes Touaregs qui islamisent leur combat contre le pouvoir central de Bamako, mais il est devenu local, avec les mêmes populations de part et d’autre de notre frontière avec le Mali. La menace n’a jamais été aussi proche et tout le monde l’a vu venir. Ce qui qui fait que le Sénégal ne pourra pas se cacher derrière l’alibi de ce que Raymond Aron appelle «l’illusion rétrospective de la fatalité».
Par Abou Abel THIAM
LES SÉNÉGALAIS NOUS DISENT QUE VOUS TRAVAILLEZ BIEN, PRÉSIDENT SALL…
Ma lettre ouverte à Macky Sall...Il y a dix ans, nous avons sillonné le pays, département après département, village après village, de Thianaf à Tanaf, de Kédougou au Cap Manuel,
Il y a dix ans, nous avons sillonné le pays, département après département, village après village, de Thianaf à Tanaf, de Kédougou au Cap Manuel, allant au-devant de nos compatriotes, pour porter la parole de l’espoir naissant, celle de l’APR Yaakaar incarnée par votre personne, et soutenue par tous nos compagnons d’alors. En référence à notre emblème, j’avais titré un article « La chevauchée des destriers de l’espoir ».
Par deux fois nous avions parcouru le pays : une fois pour vulgariser l’APR, une deuxième fois pour demander les voix de nos compatriotes. Lesquels, citoyens conscients et observateurs avertis, vous ont porté à la tête de notre pays, au bout de seulement trois années d’un âpre combat politique.
Aujourd’hui, après 17 jours de campagne, avant la fin du périple devant nous conduire dans les 46 départements du pays, ayant fait quelque 6 000 km, 135 haltes sur les 155 au programme, 30 meetings sur les 35 programmés, les Sénégalais, dans leur très confortable majorité, nous ont dit, dans nos différentes langues du pays : dieuredieuf Macky, yokkal sa dieuf !
Dans notre convoi d’alors, Aminata Touré et moi-même partagions la même voiture, la voiture de leurre, identique à la vôtre et la suivant de près. Dix ans après, ne voilà-til pas que, clin d’œil du destin, mais non point du hasard, Monsieur le Président vous avez chargé notre sœur Mimi de porter la bonne parole, la vôtre ; et moi de coordonner la délégation qui l’accompagne. Comme en 2011, nous revoilà au-devant de nos compatriotes.
Comme en 2011 ? Non, pas tout à fait !
Car, depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les nombreux ponts que vous avez construits. Pour rallier Touba la cité religieuse par laquelle nous débutons toutes nos tournées, nous avons emprunté l’autoroute Illa Touba, ce reptile de lisse asphalte qui serpente les régions du centre et réduit les distances. Faire la prière de Tisbar, aller regarder un match gagné par les Lions dans le majestueux stade Abdoulaye Wade, puis revenir faire la prière de Guewe auprès de Serigne Mountakha Mbacké est devenu un exercice facile.
Nous avons, partant du siège de notre parti, contourné des quartiers, pour éviter de traverser les travaux du BRT. Nous avons longé la ligne du TER chanté par les amis du Sénégal et jalousé par ceux qui sont mus par d’autres motivations. En 2011-2012, lorsque nous partions, la capitale était en proie au rationnement de l’électricité : la ville de Dakar était tympanisée par le bruit des groupes électrogènes, même dans les plus petites boutiques ; les pénuries de carburant allongeaient les files d’attente aux stations-services, pendant que beaucoup de quartiers étaient emprisonnés par des eaux de pluies de plusieurs années, et que les prix des denrées flambaient.
En traversant la banlieue de Dakar, ma banlieue, naguère sous les eaux, bénéficiant aujourd’hui d’importants ouvrages de drainage et de captage des eaux, de ruelles en asphalte et d’électrification publique (2700 lampadaires), bénéficiant aussi de soutien aux nombreuses familles modestes (135 000 CMU), de constructions de salles de classes, d’autoponts comme celui de Lobath Fall, de 7 collèges et d’un lycée, de 6,7 milliards de la DER injectés…, c’est les yeux dans les yeux que je parlerais à mes voisins de ma fierté de vous avoir recommandé à eux il y a dix ans.
L’on se dit que, une fois à l’intérieur du pays, nous pourrons dire à nos compatriotes de Kaolack, Tambacounda, tout au long de ce qu’on appelait La Voie, qu’avec le TER et la réhabilitation du réseau ferroviaire : Macky Sall est dans le train de l’histoire, et dans l’histoire du train. Rouler sur Illa Touba, en ayant à sa droite le carrousel de rames de trains du TER en activité qui ne cachent pas le stade Abdoulaye Wade, Dakar Aréna, le CICAD et les sphères ministérielles de Diamniadio, autant d’infrastructures surplombées par le ballet des avions neufs d’Air Sénégal… Décidément, nous ne partons pas les mains vides ou le discours creux pour aller parler de vos réalisations à nos compatriotes.
Tout cela nous réconforte, certes, mais il y a mieux : partis à la rencontre de nos compatriotes, pour leur parler, nous nous retrouvons émissaires de ces mêmes Sénégalais. Ils nous demandent de vous dire, Président Macky Sall, qu’ils sont contents de votre action à la tête du pays, que les fruits de 2022 tiennent la promesse des fleurs de 2011, que le Yaakaar se manifeste de belle manière.
Dans le convoi, Aminata Touré et nous autres « vétérans » de 2011-2012, nous rappelons d’anecdotes amusantes, mais aussi de nos belles figures tombées entretemps : ABC, Amath Dansokho, Abdourahmane Ndiaye, Maham Diallo, Doro Sy … la liste est, hélas, longue. Paix à l’âme de ces braves compagnons qui auraient partagé notre fierté de repartir parler aux Sénégalais, forts de votre élogieux bilan.
A Touba, le très apaisant Khalife, Serigne Mountakha Mbacké, a eu la belle et heureuse formule, transmise à la tête de notre liste nationale de BBY. Il nous a dit : « Aminata Touré, dites à Macky Sall que je suis content de lui ; ci kanam rek, amul dellu ganaw ». Le faisant, il exprime la gratitude de tous nos respectés guides religieux, nos irremplaçables repères et socles auxquels nous devons reconnaissance, respect et considération. Ce que le Président Macky Sall a compris : la construction des maisons d’hôtes, le soutien matériel aux daaras ne cachent pas son écoute des chefs religieux, de toutes confessions. Voilà pourquoi il bénéficie de l’accueil, du soutien et des encouragements de tous les foyers religieux de Touba à Kaolack en passant par Ndiassane et Tivaouane, après les bénédictions du clergé catholique, du Roi d’Oussouye, celles de Thierno Madani Tall et du khalife des Layennes à Dakar ou Thierno Bachir Tall à Louga… Ces chefs religieux ont tous compris que bénir le pouvoir de Macky Sall, c’est renforcer le respect dû à nos foyers religieux qui méritent autre chose que les attaques commanditées dans les réseaux sociaux.
L’équité territoriale se manifeste partout. Avec le pont sur le fleuve Gambie, la plus importante de vos réalisations, Président Sall, les Sénégalais constatent que vous êtes le président qui a fait le plus pour la Casamance et le plus contre la rébellion.
Vous avez réintégré toute la région sud au pays, rapproché Cap Skirring de Cap Manuel, donné des soins de qualité aux malades, permis le rapatriement des morts, encouragé les investissements, favorisé le retour aux sources : voilà ce qu’ont exprimé, au-delà des discours, les pas de danse et les décibels de bougarabous, dans l’enthousiasme de l’accueil.
Bignona a été, ainsi, notre plus belle surprise de la campagne. Alors que les Cassandre et autres non-candidats de mauvais augures nous prédisaient une réception hostile, ne voilà-t-il pas que Bignona (23 postes de santé, 4 collèges, 4 lycées, boucle du Blouf, 92 000 CMU, tronçon TendemeThionck-Essyl), Oussouye (3 collèges, un lycée, 27 000 CMU, 1,5 milliard DER, pont de Nambalang), Ziguinchor (2 lycées, 1 EPS, réhabilitation Ziguinchor-Tanaff, 92 000 CMU, réhabilitation de l’aéroport) , Cabrousse… nous ont drapés de pagnes et de perles de bienvenue, au son du très entraînant Fondike des Touré Kunda, sous des pluies battantes, avec de larges sourires du paysage et des populations. En 2011-2012, nous avions dû rallier certaines zones de la Casamance sous la protection de vaillants Jambaars qui y menaient avec abnégation une mission difficile. En 2022, aucun stress, nous menons campagne dans la région Sud comme dans n’importe quelle autre partie du territoire national. La rançon directe de la politique de paix et sécurité impulsée par le Président Sall.
Figurez-vous, M. le Président Macky Sall, que nous avons sillonné toute la région de Tambacounda sans une seule crevaison tandis que nos habits sont restés intacts de propreté. Ce qui était une gageure, il y a une décennie : c’est sûrement le sourire en coin que vous vous rappelez de nos multiples pannes, les courtes distances à traverser, couverts de poussière, en de longues heures de heurts avec les nids de poules continus…
Dans le Ferlo et le Fouta, de Linguère (12 postes de santé, 3 lycées) à Louga (13 postes de santé, 1 lycée, 1 collège), de Ranérou (3 postes de santé et 1 collège), la construction de la route Linguère-Matam, attendue pendant 40 ans, est votre œuvre majeure.
Pour vous dire que, de tout ce que vous avez fait, en ces lieux, et qui mérite un massif soutien en retour, les Foutankés, mettent en avant… Illa Touba. Vous avez rapproché Ourossogui de l’AIBD.
Les retombées et bénéfices sont partagés en effet par toutes les régions du Sénégal. Qui raccourcit les distances adoucit les dépenses : les routes, ça se mange, car ça fait manger, nous ont dit les Sénégalais travailleurs, d’un louma hebdomadaire à l’autre. Vous avez dit coût de la vie ?
Dans quelques jours, nous aurons fait la boucle, après quelques centaines de km de plus, avoir vu des milliers de nos compatriotes, reconnaissants, conscients et responsables. Après avoir savouré l’affluence monstre de Mbour qui, à l’instar de Kaffrine, Diourbel, Tambacounda, Nioro et autres sont dans une sympathique émulation, nous remontons vers Fatick, Foundiougne, Sokone, avant de revenir vers vous. Revenir vers vous, revenir à vous, fourbus, en déficit de sommeil, la marche à pied étant ce qui nous manque le plus après 3 semaines de cavalcade et d’immersion en pays profond. Fatigués, mais heureux et fiers du devoir accompli. Et dans son compte rendu, la compétente et très valeureuse Aminata Touré, notre vaillante tête de liste nationale, pourra vous dire que, comme Ulysse, nous sommes heureux d’avoir fait le voyage. Nous sommes partis porteurs de votre message, nous revenons porteurs de celui de nos compatriotes. La foi en la responsabilité et la reconnaissance des Sénégalais en bandoulière.
Par Ndiaga Loum
MAIS QUI EST DONC ROBERT BOURGI POUR DICTER AUX SÉNÉGALAIS CE QU’ILS DOIVENT FAIRE ?
« Ceux qui peuvent vous faire croire aux absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités ».
Qu’est-ce qui motive donc Robert Bourgi ces derniers temps ? Il commence par nous dire que les Sénégalais ne connaissent pas les qualités du président Macky Sall. Ensuite, il se couvre des oripeaux de la « vierge solitaire sous le chapiteau » pour nous prévenir des risques de collusion des extrêmes en France et au Sénégal lors des prochaines élections présidentielles de 2024. Mais qui est vraiment ce contre-exemple, ancien « conseiller » lugubre à l’élysée et « porteur de valises » de certains chefs d’états africains pour nous dicter le chemin à emprunter ?
Qui est cet étrange personnage qui a avoué avoir « niqué » (c’est son mot) un ancien Premier ministre français et qui, pour ces faits de bassesse, a été condamné sévèrement par ses pairs du barreau de Paris parce que renvoyant une « image violente, vulgaire et cynique, de nature à nuire à l’image de la profession »?
Qui est donc ce « menteur professionnel », manipulateur sans conscience et sans honneur qui avait osé affirmer que Karim Wade l’avait appelé en 2011 pour solliciter l’intervention des forces armées françaises ?
Opposé à la 3e candidature de Wade à l’époque, et sans doute balisant la voie à son nouvel ami dont il nous chante aujourd’hui les « qualités » méconnues par les Sénégalais, il n’avait aucune gêne à mentir pour détruire l’image d’un « Wade » soupçonné alors de trop s’éloigner des intérêts de la France.
Que ne fera-t-il pas aujourd’hui pour emprunter le chemin inverse, promouvoir la 3e candidature de Macky Sall, pas forcément parce qu’il serait le « meilleur » comme il le prétend du haut du piédestal de sa condescendance néocoloniale, tare rédhibitoire, mais parce qu’il y trouverait son intérêt personnel et, par extension, celui de la Françafrique dont la survivance est sa principale préoccupation. Lui, le Franco-sénégalais, « fils » de Foccart, avouait avoir incarné le « côté lugubre » de la Françafrique, mais avait, disait-il, décidé de changer depuis 2007 après un examen de conscience. Robert Bourgi, poursuivez donc votre examen de conscience ! Repentez-vous d’avoir (c’est votre aveu) fait transiter via votre bureau des mallettes d’argent venant de chefs d’état de la pauvre Afrique pour financer des partis politiques de la riche France !
Robert Bourgi, au crépuscule d’une vie de plus de 7 décennies chahutée par les pratiques malsaines qui combinent corruption, concussion, compromissions, trahisons, collusions d’intérêt, cet examen de conscience, ce dialogue avec son « moi » est une œuvre salutaire de salubrité publique qui vous interdirait alors de dicter à ces jeunes Sénégalais leur futur politique. Cette jeunesse, de toute évidence, devrait être l’antithèse de cette nébuleuse néo-patrimoniale qui vous a nourri et engraissé.
De toute façon, cette jeunesse, plus nombreuse, mieux informée, indignée et révoltée par les détournements de ses richesses naturelles au profit de multinationales étrangères avec la complicité agissante et criminelle de gens comme vous, cette jeunesse qui se sent trahie par ses dirigeants, cette jeunesse contrainte à l’émigration clandestine pour espérer trouver des moyens de survivre dignement, cette jeunesse-là ne vous écoutera pas ! C’est peine perdue ! Poursuivez donc, seul, Monsieur Bourgi, votre examen de conscience ! Et que bien vous en prenne ! S’il vous démange encore de trouver quelqu’un à qui parler en Afrique, ce ne sera pas à cette nouvelle jeunesse africaine branchée sur les réseaux sociaux en rupture totale de confiance avec ses dirigeants et défiant tous ceux qui symbolisent la Françafrique (réseau néocolonial de criminels).
Si le président sénégalais vous juge encore crédible pour vous écouter, c’est qu’il n’a rien compris, mais comme disait Marcus Kissa de l’Observatoire républicain pour l’intégrité citoyenne et l’équité (Orice), « quand vous êtes en train de vous noyer, vous ne pouvez pas refuser la seule main qu’on vous tend ».
Ndiaga Loum,
Professeur titulaire,
UQO Titulaire de la Chaire de la Francophonie Directeur du programme de doctorat en sciences sociales appliquées
Par Alpha Amadou SY
LE PÔLE OPPOSITIONNEL ET SES ENJEUX DANS LE JEU DÉMOCRATIQUE
Les deux alternances politiques de 2000 et de 2012, ajoutées à l’exceptionnelle reconquête de la souveraineté du 23 juin 2011, faisaient dire aux plus optimistes que le Sénégal n’avait désormais rien à envier aux « plus grandes démocraties »
Dans une de ses chroniques qui font date, Mame Less Camara faisait observer que, à l’instar du sapin de Noël qui avait du mal à prendre racine sur le sol africain, le projet démocratique était confronté à de sérieuses difficultés pour son ancrage dans le continent.
Pourtant, les deux alternances politiques de 2000 et de 2012, ajoutées à l’exceptionnelle reconquête de la souveraineté du 23 juin 2011, faisaient dire aux plus optimistes que le Sénégal n’avait désormais rien à envier aux « plus grandes démocraties ». Mais, la trajectoire, prise par le cours politique depuis cette dernière décennie, invite à plus de circonspection dans l’appréciation de l’expérience démocratique de ce pays.
Les controverses sur la durée du premier mandat du Président Macky Sall, 5 ou 7 ans, la polémique au sujet de la nécessité de procéder à une nouvelle révision constitutionnelle et, surtout, les frustrations nées de l’instauration du parrainage, grippent aujourd'hui le système démocratique sénégalais. Et cet état grippal est fortement aggravé par le traumatisme résultant du troisième mandat, comme il ressort de notre article sur ce sujet, et auquel nous renvoyons le lecteur. Dans ce contexte, Le Sénégal qui a gagné les batailles politiques pour l’identification de l’électeur, pour l’usage de l'isoloir et de l’encre indélébile et pour une grande transparence du scrutin grâce au concours précieux de la presse, peine à guérir, pour de bon, des maladies infantiles de la démocratie. Pour preuve, en lieu et place des enrichissantes confrontations programmatiques auxquelles les Sénégalais étaient en droit de s’attendre, prévalent des préoccupations spécifiques aux moments les plus faibles du processus démocratique.
Ainsi, dés l’entame du processus électoral, les deux coalitions les plus médiatisées, à savoir BBY et YWA rivalisèrent de maladresses dans la confection de leurs listes électorales. La disqualification, fortement probable, des deux listes aurait créé une situation sans précèdent dans le monde : des législatives sans les candidats ni de la mouvance présidentielle ni de ceux de la coalition supposée majoritaire. Le Conseil constitutionnel, héritier du bien singulier dossier, trouva les moyens de couper la poire en deux ! Ce verdict, loin de calmer les esprits, fit monter d’un cran l’adrénaline dans le landerneau politique. Même la décision de YAW de réintégrer, pour ainsi dire, la « normalité républicaine », n’a pas mis un terme au scepticisme des observateurs avertis quant à la possibilité de voir les législatives se tenir selon les règles de l’art. Et, comme si la déraison politicienne s’emparait de quelques sénégalais des zones furent déclarées « titre foncier » avec comme corollaire la déclaration ouverte des militants adverses persona non grata. Dès lors, au sein même de la Res-publica, la chose publique, la privation d’un espace trouva son répondant dans la sommation faite à tout opposant de ne pas s’aventurer à y exercer son droit à faire élire et à se faire élire !
La violence verbale, se joignant aux nombreux incidents occasionnés par les télescopages des différentes caravanes dans plusieurs localités du pays, installa une atmosphère délétère. Pour s’en convaincre, il suffit de réaliser comment les journalistes se retrouvent dans la délicate situation de courir pratiquement les mêmes risques en couvrant les manifestations non autorisées de l’opposition qu’en rendant compte des étapes de la campagne électorale.
Édifiant aussi, à ce sujet, est ce rituel, largement partagé, consistant à solliciter la prière des hommes de Dieu pour un scrutin apaisé comme si le Sénégal en était à sa première expérience électorale. Cette tension est en vérité l’ultime consécration de cette dernière décennie durant laquelle le dialogue de fond, consubstantiel au projet démocratique, a été pratiquement inexistant. Certes, il a été parfois question de dialogue politique, de concertations nationales, mais ces initiatives ont eu une portée fort mitigée car prisonnières de ce réductionnisme consistant à limiter le pluralisme au multipartisme.
Du coup, ont été essentiellement conviés à ces assises les acteurs politiques en laissant en rade les différents protagonistes du développement social et économique Pire, la finalité de ces concertations a été souvent d’offrir l’opportunité à certaines figures politiques bien ciblées de regagner l’espace du pouvoir. Ce faisant, la majorité présidentielle se renforce, tout en affaiblissant l’opposition politique. Cette stratégie de neutralisation, poussée dans ses ultimes conséquences, débouche sur une logique de l’anéantissement forcément préjudiciable au jeu démocratique dont l’ossature est délestée du pôle oppositionnel Au demeurant, si l’opposition a tant souffert de cette pernicieuse stratégie de la mouvance présidentielle, qui a beaucoup emprunté à la culture du parti unique, c’est qu’elle subit les contrecoups de sa gestion désastreuse de l’alternance politique du 19 mars 2000.
Mamadou Abdoulaye Ndiaye et moi avions considéré, dans notre ouvrage Les conquêtes de la citoyenneté, que la pérennisation du Gouvernement des partis du FAL était préjudiciable à la démocratisation dont elle fragilise le pôle oppositionnel, une dimension intrinsèque de l’espace démocratique. Notre avis était que, suite au triomphe de l’alternance politique, tous les partis impliqués dans cette lutte, n’étant pas unis par le même destin, devraient prendre des orientations différentes. Partant, les formations de CA 2000, qui avaient investi Me Wade, pouvaient gouverner avec lui, tandis que les autres partis, au nombre desquels figurent l’AFP, URD/FAL, auraient dû surseoir à leur participation au Gouvernement. Du coup, ils auraient marqué leur différence primitive de la campagne électorale et se mettraient dans les conditions de constituer un puissant contrepoids pour mieux réguler le jeu démocratique. Cette démarche n’était pas seulement porteuse d’éthique républicaine. Elle faisait surtout figure de pari sur l’avenir, en échappant à la contingence de la victoire.
Mais, cette utopie positive resta sans écho. On lui préféra un pragmatisme d’un autre âge avec comme slogan : « Nous avons gagné ensemble nous gouvernerons ensemble ! » La suite, on la connait : les formations politiques, qui avaient engagé avec Me Wade la lutte pour l’alternance politique, furent tour à tour pourchassées de l’espace présidentiel. Dans l’opposition, il ne restait presque plus que le Parti socialiste. Or, cette organisation, quoique comptant des identiques remarquables, était largement disqualifiée du fait de ses responsabilités très fraiches sur l’état du Sénégal à la veille de l’alternance politique. La preuve la plus patente de cette pulvérisation par les libéraux du pôle oppositionnel est que, en 2007 comme en 2012, les principaux concurrents de Me Wade ne sont autres que ses poulains « les plus gradés », respectivement Idrissa Seck et Macky Sall. Ce musèlement de l’opposition politique a trouvé son corollaire dans la promotion tous azimuts de la transhumance. Ce mode de mobilité des acteurs politiques est à son tour solidaire d’une certaine forme de griotisme qui reconvertit le Président de la République en Prince.
Ainsi, toute parole critique est considérée comme outrage au premier magistrat, comme crime de lèse-majesté. Or, le pôle opposition, en se prévalant de la vertu de la parole critique, renforce les contrepouvoirs en l’absence desquels la dérive autoritariste, intrinsèque à tout pouvoir, fait des ravages. Son rôle est de servir de réceptacle à la contestation, afin de faire circuler l’ordre républicain. L’ostracisme multiforme envers l’opposition contribue à faire les beaux jours des insulteurs publics dont la montée en puissance est garantie par l’éclosion des réseaux sociaux. C’est pourquoi, là où la parole critique cesse d’avoir droit de cité, grand est le risque de voir s’y exprimer la violence dans ses formes les plus abjectes.
Sous cet éclairage, l’opposition politique n’est pas à diaboliser. Elle n’est même pas à tolérer, mais à respecter, en vertu du statut que lui confère la Loi fondamentale. Inversement, il lui revient, en dehors de toute surenchère, de jouer son rôle dans la gestion pleine et entière de la Cité. Partant, il lui incombe de contribuer aux progrès social et économique dans le double axe de la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais et de l’approfondissement de la démocratie.
Mais, de manière beaucoup plus générale, la réalisation du projet démocratique suppose que majorité et opposition soient édifiées sur ses exigences. Au nombre de celles-ci figure, en bonne place, la quête des connaissances et la nécessaire diffusion, sur de vastes échelles, des savoirs. S’y ajoute l’éducation civique par laquelle le citoyen se donne les moyens intellectuels de participer, en fonction de ses compétences et de ses convenances, à la vie de la Cité. Le scrutin de ce 31 juillet se tiendra-t-il selon les règles de l’art ?
Les forces politiques coalisées de l’opposition parviendront-elles à réaliser cette prouesse sans précèdent : obliger la mouvance présidentielle à faire l’expérience de la cohabitation ? Les députés, nouvellement élus, de l’opposition tout comme de la majorité, sauront-ils faire montre davantage de principe que d’appétit pour s’évertuer à amorcer, enfin, les grandes mutations auxquelles s’attendent les citoyens ? Feront-ils suffisamment d’effort pour s’extirper des logiques électoralistes, en vue de contribuer à résoudre les questions essentielles qui agitent quotidiennement le peuple qui souffre ?
De la réponse à ces interrogations dépendra, en partie, la trajectoire que va emprunter le cours politique d’ici à la présidentielle de 2024.
par Makhtar Diouf
MACKY SALL DANS SES CONTRADICTIONS ET INCOHÉRENCES
EXCLUSIF SENEPLUS - Lorsqu’on l’entend dire « notre démocratie », il ne s’agit pas du « notre » collectif. Mais du « notre » de majesté, autre façon de dire « ma démocratie ». Car il a sa propre conception de la démocratie et du légalisme
Être dans ses incohérences et contradictions, c’est manquer de logique, de continuité. C’est manquer de suite, s’activer dans l’ambivalence. C’est au volant de sa voiture clignoter à gauche, puis tourner à droite, créant ainsi des perturbations dans la circulation routière.
Macky Sall (MS) est un nœud de contradictions et d’incohérences. Lorsqu’on l’entend dire « notre démocratie », il ne s’agit pas du « notre » collectif, mais du « notre » de majesté, autre façon de dire « ma », « ma démocratie ». Car il a sa conception de la démocratie et du légalisme.
Il nous en avait donné un aperçu en mai 2002, lorsque maire de Fatick, premier magistrat de la ville, devant donner l’exemple, lors d’une élection locale, il avait refusé de se plier à l’obligation républicaine de présenter sa carte d’identité. Alors que son mentor de l’époque Wade s’y pliait. Vrai ou faux ?
MS accuse actuellement l’opposition de vouloir tuer la démocratie dans le pays en refusant les décisions du Conseil constitutionnel.
En 2011, il avait attaqué le Conseil constitutionnel de l’époque, l’accusant d’avoir tripatouillé la Constitution pour se mettre au service de Wade. Vrai ou faux ?
Il avait écrit au Comité des Droits de l’homme des Nations Unies pour dénoncer l’interdiction des manifestations par Wade et sa persistance à contourner la Constitution pour s’octroyer un troisième mandat. Vrai ou faux ?
Maintenant au pouvoir, il a refusé récemment la proposition de la CEDEAO de limiter à 2 (deux) les mandats présidentiels. Vrai ou faux ?
Selon la Constitution (article 37), « le président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique ». Ce qui dans le cas de MS donne : « une villa de 699 mètres carrés, un terrain de plus de 2 000 mètres carrés dans un quartier chic de Dakar, un appartement de 300 mètres carrés à Houston aux États-Unis, d’autres villas et terrains au Sénégal ainsi que des parts dans deux sociétés immobilières et de consultants, un parc automobile de 35 véhicules ». Un véritable "gorgoorlou".
Mais aucune déclaration sur ses comptes bancaires. Vrai ou faux ? Peut-être un simple oubli, comme cela peut arriver à tout le monde.
MS est le seul président sénégalais à avoir envoyé son fils étudier à l’étranger, aux États-Unis. Philippe Maguilen Senghor et Karim Wade ont étudié à l’Université de Dakar. Vrai ou faux ?
Pourtant, lors d’une rencontre avec la communauté universitaire, il ne tarissait pas d’éloges sur « l’université de Dakar qui a formé beaucoup de cadres », dont lui-même.
MS recommande aux Sénégalais la préférence nationale, promet des emplois aux jeunes. Ses deux ouvrages (rien que des recueils de discours) ont été publiés en 2018 par deux maisons d’édition françaises, ‘’Le Cherche midi’’ et ‘’ Michel Lafon’’. Vrai ou faux ?
Comme s’il n’existait pas au Sénégal des éditeurs faisant travailler des ouvriers imprimeurs nationaux. Pourtant, c’est son gouvernement qui finance le Fonds d’aide à l’édition pour encourager l’édition nationale. N’est-ce pas lui qui en 2021 crée le ‘’Conseil présidentiel pour l’insertion et l’emploi des jeunes’’, lui qui le 7 juillet 2022 présente l’emploi des jeunes et des femmes comme une surpriorité ?
En 2015, MS annonce réduire la durée du mandat présidentiel de sept (7) à cinq (5) ans pour, dit-il, « donner l’exemple ». En 2016, il annonce qu’il renonce à réduire son mandat de sept (7) ans à cinq (5) ans. Vrai ou Faux ?
Il s’en est justifié en disant que c’est après avis du Conseil constitutionnel. Avait-il consulté le Conseil constitutionnel lors de sa première décision en 2015 ? De toute façon, un avis n’a jamais eu force obligatoire.
En 2012, MS candidat à la présidentielle récuse le ministre de l’Intérieur comme organisateur de l’élection. Wade cède en nommant un ministre des Élections, mais MS persiste et signe : « le ministre des Élections sera sous la dépendance du ministre de l’Intérieur, ce qui ne va pas avec la transparence, j’ai été ministre de l’Intérieur, je sais comment les choses se passent. » Tiens ! Nous, on ne savait pas. Certaines choses peuvent donc se passer au ministère de l’Intérieur lors des élections ? Depuis qu’il est au pouvoir, toutes les élections sont organisées par son ministère de l’Intérieur, malgré les contestations de l’opposition. Vrai ou Faux ?
Mais il a son explication : « On ne peut pas revenir en arrière avec la création d’autorités indépendantes pour superviser les élections ».
Parce que 2012 c’était l’Antiquité ? Une fois que je suis au pouvoir, on ne peut plus faire ce qu’on faisait quand je n’étais pas au pouvoir.
Par Hamidou ANNE
THIERNO ALASSANE SALL, ESPRIT REBELLE
La filiation de gauche et le courage de l’homme l’obligent, malgré l’adversité virulente et radicale au régime Bby, à ne jamais se départir de l’exigence de hauteur et de responsabilité. Il fera un excellent député
Quand j’ai rencontré Thierno Alassane Sall la première fois, nous avons eu une longue conversation d’environ 4h 30 mn. Nous avons parlé de son livre que j’avais lu avec intérêt ; l’ouvrage diffère des traditionnels livres politiques, qui sont souvent un condensé de lieux communs sans consistance et relatés dans une langue pauvre. Puis nous avons discuté d’histoire et de littérature ; de Victor Hugo dont il est un lecteur attentif, de Sankara qu’il tient en estime, de Fanon et de nombreux auteurs dont Marx, qui peuplent son hôtel de l’insomnie. Il m’a fait l’honneur de me faire visiter sa bibliothèque remplie d’essais politiques, d’ouvrages de philosophie et d’histoire, de biographies d’hommes d’Etat de diverses régions du monde. Thierno Alassane Sall, compétent et rigoureux, est très cultivé. Ayant la particularité de côtoyer beaucoup d’hommes politiques, je dois reconnaître qu’il est agréable de discuter avec quelqu’un qui a cette dimension intellectuelle devenue rare sous nos cieux. Le monde politique sénégalais est peuplé d’individus grossiers et sans talent, des personnes vulgaires mues par la réussite sociale qui échafaudent des plans pour exister par le mensonge et la manipulation et récolter des dividendes électoraux.
J’ai revu plusieurs fois Thierno Sall, et nos discussions ont toujours duré des heures, car sa compagnie intellectuelle est agréable. Nous avons des désaccords au sujet de points précis. L’homme peut être rigide, et je n’avais pas approuvé la divulgation de certaines informations dans son livre qui me paraissaient devoir rester secrètes. Avec le temps je le connais davantage, notamment par l’intermédiaire d’un de ses conseillers, mon ami Pape Sène avec qui j’ai écrit un livre il y a quelques années. Pape est un intellectuel romantique, un fin lecteur de Cheikh Anta Diop, qui transporte des idéaux d’une époque ancienne et glorieuse dans ces temps modernes où le dérisoire est promu en sacro-sainte valeur.
Avoir le type de profil de Thierno Sall dans l’opposition est salutaire pour l’intérêt et le niveau du débat démocratique. Le célèbre «Nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression» a été une formule malheureuse qui poursuivra son auteur, même au terme de sa carrière politique. Elle rappelle le triste ma waxon waxet qu’a traîné Abdoulaye Wade tel un fardeau. Le Sénégal est une démocratie ; une démocratie s’honore d’avoir une opposition vive et féconde. Parmi celle-ci, diverse et foisonnante, figurent des populistes et des démagogues mais aussi, heureusement, des personnalités républicaines au sens élevé des responsabilités, à l’instar de Théodore Monteil, Ibrahima Dème ou Thierno Sall.
Ce dernier est exigeant, parfois peu souple, mais honnête et responsable. Sauf catastrophe, il sera député de la prochaine législature, et c’est une très bonne nouvelle pour le débat démocratique et la vitalité de l’opposition républicaine. Thierno Sall fera un excellent député, s’il met sa hargne et sa compétence au service de son mandat pendant cinq années.
Il ne sera pas dans les coups d’éclat, n’échangera ni insultes ni coups de poing dans ce lieu sacré des institutions républicaines. J’ai foi en la capacité de l’homme à être un «député du peuple», expression depuis galvaudée, mais dont la signification première me semble juste.
La filiation de gauche et le courage de l’homme l’obligent, malgré l’adversité virulente et radicale au régime Bby, à ne jamais se départir de l’exigence de hauteur et de responsabilité. Le débat public est pris en otage par des excessifs et des insignifiants de tous bords. Ces derniers paradent et veulent sponsoriser toutes nos idées pour voir laquelle est digne d’être portée. La vulgarité a pris ses aises dans le corps politique. Or, dans un tel contexte, être révolutionnaire, c’est faire preuve de nuance dans le propos tout en étant ferme sur les principes.
Le chef de la République des Valeurs fait face à la meute, ignore les médisances de journalistes et commentateurs partisans et arides. Il refuse les injonctions à la soumission. Il a été l’un des premiers à s’opposer fermement à l’appel à la violation de la Constitution et au report des élections porté par la bien bavarde société civile de Twitter quand «la liste» de cette dernière a été rejetée par le Conseil constitutionnel.
Thierno Sall est une métaphore humaine de l’insoumission. Pas surprenant, pour un homme qui a fourbi ses armes dans le syndicalisme lycéen et dans les arcanes du vieux parti de gauche And Jëf, fabrique précieuse de penseurs et de militants en col Mao dont l’influence sur la politique sénégalaise est vieille de plusieurs décennies. La formation académique, la culture politique, l’expérience de l’Etat font de Thierno Alassane Sall un esprit, un rebelle, qui ne verse ni dans le folklore dépolitisant ni dans l’injure permanente.
Par Demba Moussa DEMBÉLÉ
L’AFRIQUE ET LA DUPLICITÉ DE LA POLITIQUE DE « L’AIDE AU DÉVELOPPEMENT »
L’Afrique ne manque pas de ressources pour financer son développement. Ce qu’il lui faut c’est de rompre avec le paradigme actuel et la mentalité de la dépendance afin de prendre son destin en main
Le 7 juillet 2022, plusieurs chefs d’Etat et de Gouvernement africains se sont réunis à Dakar pour le lancement de la vingtième opération de l’Association internationale de développement (AID), plus connue sous son sigle anglais IDA. Les ressources de cette filiale de la Banque mondiale sont destinées aux pays dits « pauvres ».
Le rôle de « l’aide au développement » en Afrique
L’Afrique est la seule région au monde où l’on fait croire aux populations que leur sort dépend de la mendicité internationale, appelée « aide au développement ». Mais en réalité, celle-ci est avant tout un instrument de politique étrangère des pays « donateurs ». Cela explique les pressions et même les chantages récurrents exercés sur les pays africains pour exiger leur alignement sur les positions des « donateurs ». On le voit dans la guerre en Ukraine, avec les terribles pressions, voire les menaces, exercées par les Etats-Unis et l’Union européenne pour contraindre les pays africains à soutenir leurs positions contre la Russie. Sur le plan économique « l’aide » est utilisée pour ouvrir les marchés des pays destinataires aux produits des pays « donateurs ».
En effet, l’octroi de « l’aide » est conditionné à la libéralisation du commerce extérieur, à la dérèglementation des prix internes, à la libre circulation des capitaux et aux privatisations sauvages qui permettent un pillage éhonté des ressources des pays africains. Toutes choses qui contribuent à enfoncer l’Afrique dans la dépendance et le sous-développement. C’est ce rôle qu’ont joué les politiques d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) dans les années 1980 et 1990. Ces deux institutions continuent de jouer le même rôle, en utilisant de nouveaux instruments mais qui ont les mêmes buts, à savoir renforcer la domination de l’Afrique et faciliter le pillage de ses ressources.
Quand le président Macky Sall se plaint de la « lenteur des décaissements »de l’IDA, il oublie peut-être que cette lenteur est étroitement liée à la logique de domination sur les pays destinataires de « l’aide » On comprend dès lors pourquoi depuis 60 ans, plus on parle « d’aide au développement » plus l’Afrique s’enfonce dans le sous-développement et la pauvreté. A ce jour, le continent compte 33 des 46 pays les « moins avancés » (PMA) recensés par les Nations Unies dans le monde. Ce sont les pays considérés comme les « plus pauvres », caractérisés par la vulnérabilité économique et la faiblesse des indicateurs de développement humains.
L’exemple des PMA
L’exemple des PMA constitue l’un des meilleurs indicateurs de la duplicité et de l’échec de la prétendue « aide au développement ». Pour assister ces pays, les Nations-Unies avaient lancé à partir de 1981 une série de Conférences décennales débouchant sur des programmes d’assistance aux PMA. L’objectif primordial était d’arriver à éliminer cette catégorie de pays ou à en limiter le nombre. Mais ce fut un échec total. En effet, le nombre de PMA est passé de 25 en 1981 à 46 aujourd’hui ! En outre, en 40 ans de politiques de « soutien » aux PMA, seuls…6 pays sont sortis de cette catégorie, dont 3 pays africains, comme le Botswana, le Cap-Vert et la Guinée équatoriale !
Le Sénégal a rejoint le rang des PMA en 2001, après avoir été considéré pendant 20 ans comme l’un des « meilleurs élèves » dans l’application des programmes d’ajustement de la Banque mondiale et du FMI ! Et il y est toujours, nonobstant les discours sur « l’émergence ». Deux raisons principales expliquent l’échec de « l’assistance » aux PMA. La première est la reconduction de programmes basés sur des politiques néolibérales, telles que la libéralisation du commerce, les privatisations et la libre circulation des capitaux. La deuxième raison de l’échec de l’assistance aux PMA est la duplicité des « partenaires au développement » qui n’ont jamais honoré entièrement leurs engagements. Les Nations-Unies ont relevé que des engagements pris dans plusieurs domaines par les pays développés en 2001 à Bruxelles (Belgique) et réitérés en 2011 à Istanbul (Turquie) n’ont jamais été respectés.
Cette duplicité avait été dénoncée en 2010 par la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) qui avait appelé à changement radical d’approche si l’on veut s’attaquer sérieusement aux problèmes structurels des PMA. Mais elle ne fut pas écoutée et la même duplicité continue de prévaloir, avec de graves conséquences pour les PMA. Par exemple, sur les 24 PMA qui devaient être reclassés entre 2011 et 2020, selon le Programme d’action d’Istanbul, seuls...4 l’ont été, dont un seul en Afrique, à savoir la Guinée équatoriale !
Des instruments au service de l’hégémonie occidentale
Cette duplicité s’applique à fois aux « partenaires » bilatéraux comme multilatéraux. A la différence que ces derniers servent souvent d’instruments aux premiers pour réaliser leurs objectifs de domination sur les pays africains. C’est le cas notamment de la Banque mondiale et du FMI dont le rôle est essentiellement de promouvoir les intérêts des Etats-Unis et des autres pays occidentaux, en dépit des discours sur « l’aide » aux « pays pauvres ». Cela explique pourquoi près de 80 ans après leur fondation, ces deux institutions sont toujours dirigées par des citoyens américains et européens.
Le président de la Banque mondiale est désigné par le président des Etats-Unis tandis que le Directeur général du FMI a toujours été un citoyen européen. Comme on le voit, le choix de leurs dirigeants est contraire à tout processus démocratique. Et pourtant des appels répétés ont été faits pour que ce soit un processus ouvert, démocratique et inclusif. Mais les donneurs de leçons sur la démocratie et la transparence que sont les pays occidentaux continuent de faire la sourde oreille. Dès lors, les dirigeants africains devraient comprendre que ni la Banque mondiale ni le FMI ne les aideront à se développer. Leur rôle est de les garder dans l’orbite occidentale. Surtout dans le contexte d’un monde en pleine mutation avec la remise en cause de l’hégémonie occidentale. Ainsi toutes les promesses faites par les pays occidentaux, par les Etats-Unis et l’Union européenne, visent-elles à freiner ou ralentir le déclin de leur hégémonie en essayant de renforcer leur domination sur les pays dits « sous-développés » notamment africains.
C’est dans cette optique qu’il faut comprendre les récentes promesses du G7 visant à mobiliser 600 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour investir dans les infrastructures, en particulier en Afrique. C’est dans cette optique également qu’il faut comprendre les promesses faites par les pays européens lors du Sommet entre l’Afrique et l’Union européenne, au mois de février 2022 à Bruxelles. Une partie de ces promesses est gérée par le groupe de la Banque mondiale, dont l’IDA. Depuis que celle-ci a commencé à distribuer son aumône il y a six décennies– on en est à la vingtième reconstitution de ses ressource ou IDA-20- elle n’a jamais contribué à faire reculer la pauvreté en Afrique. Comme rappelé plus haut, 33 pays africains sont des PMA.
Compter sur une aumône ou sur ses propres ressources ?
Alors que des chefs d’Etat africains se réjouissent de l’aumône promise par l’IDA, qui sera octroyée avec des contreparties politiques et économiques contraignantes, ces mêmes chefs d’Etat mettent en œuvre des politiques qui drainent d’immenses ressources hors de leurs pays. Plusieurs études ont montré l’extraordinaire hémorragie financière que constituent les fuites de capitaux sous diverses formes.
Le Rapport 2020 de la CNUCED sur l’Afrique a confirmé les rapports antérieurs de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA) selon lesquels, il y a des sorties annuelles nettes de capitaux du continent africain vers le reste du monde. Les politiques néolibérales imposées par la Banque mondiale et le FMI et les « partenaires » bilatéraux sont en grande partie responsables de cette terrible saignée financière de l’Afrique. La CNUCED indique que les pays africains pourraient récupérer près de 89 milliards de dollars par an s’ils changeaient de politiques et collaboraient entre eux pour freiner les flux financiers illicites. On remarquera que ce montant de 89 milliards de dollars est presque égal aux 93 milliards de dollars promis dans l’IDA-20. Par ailleurs, les envois des migrants africains constituent une autre source de financement dont bénéficient plusieurs pays africains.
Selon la Banque mondiale, malgré la pandémie de Covid-19 et ses conséquences, ces envois avaient atteint 43,5 milliards de dollars en 2020 et 45 milliards de dollars en 2021 L’Afrique ne manque donc pas de ressources pour financer son développement. Ce qu’il lui faut c’est de rompre avec le paradigme actuel et la mentalité de la dépendance afin de prendre son destin en main. C’est à cette condition qu’on pourra réaliser l’Agenda 2063 de l’Union africaine, consistant à bâtir « l’Afrique que nous voulons ».
Par Abdoulaye THIAM
LA PRESSE A PERDU SA BOUSSOLE
26 juillet 2020-26 juillet 2022 ! Deux ans que disparaissait Babacar Touré, président du Groupe Sud Communication, monument de la presse privée sénégalaise et de l’Afrique. BT restera à jamais gravé dans la mémoire des combattants des causes nobles
26 juillet 2020 - 26 juillet 2022 ! Voilà deux ans que disparaissait Babacar Touré, président du Groupe Sud Communication, monument de la presse privée sénégalaise et de l’Afrique de l’Ouest. BT, comme on l’appelait affectueusement, restera à jamais gravé dans la mémoire des combattants des causes nobles ; plus particulièrement, de la liberté d’expression et de la liberté de presse.
Bouclier du peuple, véritable boussole de la presse privée et indépendante, Babacar Touré s’est forgé une réputation d’un homme multidimensionnel, rigoureux et compétent. Ce n’est pour rien qu’il se définissait lui-même, comme «un militant tombé dans la presse». Un militant de la Gauche parce qu’il est de la génération post-68, très influencée par les idées révolutionnaires. En témoigne son premier article «à bas le néo-colonialisme, à bas la dictature». Il s’agissait là, des graffitis sur les murs de Dakar et de Thiès. Ce militantisme lui a d’ailleurs, valu un exil forcé dans les années 70 en Mauritanie.
«Journaliste chevronné et pionnier dans l'entreprise de presse et la formation des journalistes, homme de consensus et de dialogue, Babacar Touré aura été de tous les combats pour la liberté et la démocratie. A sa famille, au groupe Sud et à la presse, je présente mes condoléances», avait tweeté le président de la République Macky Sall, qui s’est déplacé à la suite de sa disparition jusqu’à Ngaparou pour présenter les condoléances de la Nation à un de ses dignes fils. Mais l’entregent, l’altruisme, son humanisme et surtout son panafricanisme avaient fait que Babacar n’était pas que Sénégalais. Il était foncièrement Africain.
Les témoignages des Chefs d’Etat, lors premier sommet de la CEDEAO qui a suivi sa disparition, en étaient une parfaite illustration. De Alpha Condé (Guinée) à Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), en passant par Ibrahima Boubacar Keïta (Mali) et Alassane Dramane Ouattara (Côte d’Ivoire), tous ont tenu à relever la courtoisie, l’entregent et le pacificateur discret qu’il a été. Un journaliste nous confiera d’ailleurs un jour que les éditoriaux de Babacar Touré auraient permis d’éviter une guerre fratricide entre la Mauritanie et le Sénégal, lors des douloureux événements de 1989.
Le courage en bandoulière, il a été un des principaux artisans de la première alternance survenue au Sénégal en 2000. «Wade, Président !», était la UNE de Sud Quotidien le 20 mars 2000. Pourtant, il n’hésitera pas non plus à signaler la fin de l’état de grâce du régime de Me Abdoulaye Wade dans un édito qui aura marqué les esprits (Alterner l’Alternance, publié le 5 mars 2002). A ces périodes troubles où les tensions politico-juridicosociales risquent d’ébranler le pays voire la sous-région, on ne peut ne pas se rappeler de la plume alerte de Babacar Touré. Surtout au niveau de la presse qui a perdu sa boussole et son détecteur de sens. Repose en paix, Grand Manitou!
BABACAR TOURÉ EST LE PREMIER À INTRODUIRE LA PAO AU SÉNÉGAL
Je travaillais à Sud à l’époque en 1985-1986. Il m’avait désigné pour aller travailler sur Macintosh. J’étais là-dans avec un collègue qui s’appelait Ndéye Combaye Niang et nous étions allés faire la formation ici au Sénégal à Micro Center sur la PAO
Ce que je retiens de Babacar Touré au-delà de l’aspect professionnel, son engagement syndical avec le Synpics et tout ce qu’il a fait pour la presse au Sénégal, le plus remarquable, c’est qu’il est le premier à introduire la PAO (Publication Assistée par Ordinateur), les Macintosh et tout ça au Sénégal. C’est lui qui en a fait la promotion. Il ne l’a pas créé mais c’est lui qui l’a amené au Sénégal. Je travaillais à Sud à l’époque en 1985-1986. Il m’avait désigné pour aller travailler sur Macintosh. J’étais là-dans avec un collègue qui s’appelait Ndéye Combaye Niang. C’est nous deux qui étions allés faire la formation ici au Sénégal à Micro Center sur la PAO. J’étais le jeune journaliste. Ndéye Combaye Niang était la secrétaire. Elle faisait la saisie des papiers. C’est la Fondation Ford qui nous avait financés à l’époque. C’est cette aide à Sud qui nous avait permis d’avoir le premier Macintosh SE. Ce qui nous avait permis un peu de faire le montage du journal. C’est le premier Macintosh en Afrique de l’Ouest.
Dans la presse africaine, dans l’espace francophone, c’est le premier Mac que j’avais vu qui existait en 1985. Et ici au Sénégal, il n’y avait que Sud qui le faisait et j’étais le seul journaliste sénégalais à le faire parce que Babacar n’y connaissait absolument rien. Il avait entendu avec la Fondation Ford que ça existait et la Fondation nous avait apporté son appui pour qu’on puisse avoir un Macintosh. C’est ce Macintosh qui a permis à Sud de grandir, d’avoir d’autres Macintosh aussi. Quand on le faisait au Sénégal en 1986- 1987, le Macintosh n’avait même pas encore pénétré le marché américain. On connaissait simplement que Macintosh existait. Babacar lisait les journaux et il savait que ça existait.
Aux Etats-Unis, le premier journal à le faire d’une manière démocratique l’a commencé en 1990. Il s’appelait USA Today. Ici, au Sénégal, on a commencé à le faire depuis 1986. En Afrique de l’Ouest, personne ne le faisait, peut-être même en Afrique en général. Il n’y a que Sud qui le faisait au Sénégal particulièrement et j’étais le seul à savoir comment faire le montage sur Macintosh. Je venais de sortir du CESTI, c’était tout nouveau pour moi mais Babacar pensait qu’il fallait sauter le pas. Il fallait le faire et que ça allait doper la réalisation du journal. Ça nous a permis un peu de faire de grandes avancées et beaucoup de journaux ont suivi. Je suis allé en Algérie.
Le premier Macintosh que j’ai trouvé là-bas, n’était pas pour la presse. C’était des ordinateurs que des gens utilisaient pour d’autres choses. Dans d’autres pays également, c’était la même chose. Nous sommes donc les premiers à utiliser le Macintosh avant même les américains qui l’avaient créé. Sud était le premier journal pratiquement jusqu’aux Etats-Unis à s’être mis sur Macintosh. Je suis allé aux Etats-Unis en 1990. Avant, les gens étaient sur IPM. Je faisais du Macintosh et les gens étaient un peu ahuris. Ils me demandaient où est-ce que j’ai appris ça. Je disais, je l’ai appris au Sénégal. On a un journal qui s’appelle Sud Quotidien qu’on se fabrique sur Macintosh et les gens étaient réellement ahuris. Ils ne pensaient pas qu’au Sénégal qu’on pouvait le faire. On sait beaucoup de choses sur Babacar mais il y a peu de gens qui savent le rôle qu’il a joué dans l’avancée technologique des médias et à partir du Macintosh de Sud.