Saa Dakaar Njool Faan l’avait prédit : « Ils parleront de Savoir, d’intemporalité, de diversité et de nombres ».
La nuit s’étendait sur Ceeytu. Sous le grand fromager, le feu, témoin des dialogues éternels, crépitait doucement, et ses braises douces et fraiches éclairaient le chemin des comblés qui s’en allaient, comme à chaque soir, interroger le monde. Le moment solennel de la rencontre d’outre-tombe était arrivé.
L’Afrique appelait ses voix, et le Savoir convoquait ses gardiens.
Le premier esprit prit la parole, une voix grave et vibrante comme le tonnerre lointain :
« Voyageur des nombres, te voici au carrefour des mémoires. Tu viens d’un monde où tout se mesure, où tout s’évalue, où l’on veut quantifier des réalités humaines. Ici, le Savoir n’est ni une donnée ni une possession ; il est une relation. Que cherches-tu donc à compter dans un lieu où même le vent porte des récits ? »
Il rajouta :
« Les nombres ne chantent pas, Ils ne pleurent pas. Ils ne relient pas. La parole, en revanche, fait vivre. Elle donne sens à l’existence. Voyageur, votre métrique universaliste isole l’homme. »
Troublé par le bruit lointain du galop des antilopes chevalines guidées par la lumière d’un jour naissant, le voyageur marqué par ces mots s’exclama, concis :
« Les nombres apportent aussi l’ordre. Ils permettent de planifier, de comprendre. »
La première voix reprit:
« L’ordre n’est pas un but, voyageur. Ce qui compte, c’est l’harmonie. Les nombres s’inscrivent dans le sacré. Ils rythment les cycles des récoltes, les danses des cérémonies, les proportions des masques. Mais ils ne dominent jamais la parole. Ce que vos nombres imposent, ce n’est pas l’ordre : c’est la fragmentation. Loin d’être neutre, ils instituent des hiérarchies et imposent des rationalités spécifiques. »
Dans la pudeur inspirée par la sagesse, le visiteur baissa la tête, en murmurant :
« Nos nombres nous servent à classer, et dominer par la force des algorithmes. »
Un vent léger traversa le feu, portant des mots invisibles. La première voix les traduisit :
« Vous êtes devenus esclaves de vos outils, voyageur. Souviens-toi que les nombres décrivent, mais ils ne créent pas. Ils comptent, mais ils ne relient pas. Ils disent le combien, mais ignorent le pourquoi. Reprends le chemin du Savoir, celui qui relie le chiffre à ce qui le dépasse. »
Le visiteur releva les yeux. Une lueur d’espoir brillait dans son regard, il rétorqua :
« L’ntelligence du chiffre peut être outil absolu, pour dompter l’incertitude et organiser l’avenir. N’est-ce pas le lien entre la mesure et le sens ? »
La réponse vint, claire et lumineuse comme l’éclair :
« Ce lien, voyageur, c’est le Savoir. Le symbolique n’est pas une alternative au chiffre ; il est son guide. C’est lui qui donne aux nombres leur juste place, au service de l’Homme. »
Un griot passait qui mendiait une parole. Il lui offrit ces quelques mots : le bonheur ne se compte pas, il se danse.
Il poursuivit, portant la gravité de générations entières: « Emprunte le chemin de la souveraineté des savoirs ; soit à l’écoute des mémoires dans une quête enracinée et universelle. Le Savoir véritable n’est ni pos session ni domination. Il est chemin, horizon, une lumière. Le Savoir commence là où l’arrogance du nombre s’arrête, et où le respect du Tout commence. Et c’est en liant le chiffre au symbole, que l’humanité toute entière peut espérer le toucher. »
Le visiteur, touché par ces mots, répondit :
« Le chiffre et le symbolique peuvent coexister, non comme des adversaires, mais comme des alliés. “Civilisation est fille de l’aisance”, avant que les griots ne la raconte.
Et dans le silence de Ceeytu, une phrase semblait flotter dans l’air : « Tout commence par le Savoir. Avant que le monde soit, Il savait. Rien n’existait encore, sinon ce qu’Il savait : Tout. Le Savoir est intemporel. Le sens n’est qu’illusion, la vie n’est que mission d’adoration. »
Le visiteur, intrigué, se demandait comment cet homme venu de l’Éternité pouvait résister à la mesure ; il renchérit :
« Les nombres sont devenus des lois, les algorithmes décident de l’accès aux droits, et le bonheur se traduit en indices. La métrique porte aussi sa sagesse. »
La première voix intervint: «Est-ce celle qui a tracé sur nos terres les lignes à la règle, qui a voulu briser nos récits plus puissants que les cartes, pensées qui voyagent, qui survivent, qui se content et se racontent, qui nous reconstruisent.»
Le feu crépitait plus fort, comme s’il voulait graver le souffle de la révolte dans la mémoire des étoiles.
Le voyageur s’éloignait déjà, pensif et perplexe : « Quelle souveraineté : revendiquer un ancrage à une grandeur par essence éphémère ? Ils nous condamnent à travailler encore plus pour modéliser leurs émotions. Sont-ils nos futurs Maîtres? »
Alors que l’aube pointait, les deux présences s’évanouirent, laissant leurs paroles suivre le vent. Elles portaient le pollen d’un débat fondateur, une invite aux élites d’Afrique à refonder leur avenir dans un cadre épistémologique capable d’intégrer les sciences, les humanités et les sagesses : « La métrologie intemporelle du Savoir de Ceeytu ».
Et dans le silence de l’aube chargé de promesses, ces mots résonnaient, comme inscrits dans le Livre de l’Éternel :« Les étoiles, les fleuves, et les royaumes n’étaient que pensées dans l’infini. Mais lorsqu’ils furent manifestés, la Parole leur donna forme : Sois
PAR Jean Pierre Corréa
LE PATRONAT SÉNÉGALAIS EN ORDRE DE RUPTURE…S ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La sortie médiatique du président de l'UPIC, Amadou Seck, dénonçant l'immobilisme de certains leaders qui confondent leurs organisations avec des propriétés privées, a mis le feu aux poudres
Vous connaissez la fameuse réplique ''il faut que tout change pour que rien ne change'' ? Elle est attribuée à Tancrède Falconeri dans ''Le Guépard'' de Luchino Visconti. Il y a pire que de vouloir tout changer pour que rien ne change. C’est de ne rien vouloir changer du tout.
L’année 2024 a été évidemment marquée au Sénégal par la forte manifestation électorale d’une population qui a tranquillement et assurément décidé qu’elle aspirait à un changement, voire une « révolution » systémique, structurelle, des modes et coutumes de nos hommes et femmes politiques, leaders économiques, comme d’opinion, pour disposer notre pays dans le temps du monde.
Des impatiences se manifestent ça et là, de manière sporadique, accompagnés de visions et vœux parfois turbulents, qui ont l’avantage de secouer certains cocotiers dont les fruits tombent drus sur nos faciles accoutumances, et réveillent les désirs enfouis dans les fatalités, avant de les redéployer vers des risques salvateurs. 2050 comme objectif ? Les caps à prendre doivent souvent s’emprunter dès 2025, et dans bien des secteurs de notre vie nationale, les choses devront évoluer de manière énergique et éclairée, pour qu’advienne véritablement ce changement tant attendu… souvent différé, dissous dans nos commodes attentismes et installé dans nos confortables archaïsmes.
Le leadership d’un patronat en questionnement
Une des forces sans lesquelles nos nouveaux dirigeants ont compris qu’ils n’arriveraient pas à faire décoller la fusée Sénégal vers 2025, est bien sûr le secteur privé, avec ses organisations qui semblent être en pleine réorganisation, si ce n’est en fort bouillonnement. Les divers questionnements sur la mission du patronat sénégalais sont d’ors et déjà posés et les mois et les semaines à venir sont cruciaux et chargés d’antagonismes qui ne sont pas seulement conjoncturels mais structurels, et plus près de nous, le CNP devra dès ce jeudi affronter un mouvement de clarification amorcé par quelques-uns de ses membres, lors d’une réunion du Bureau Exécutif du Conseil nationale du Patronat qui a inscrit tout en haut de son ordre du jour, la Déclaration du président de l’UPIC sur la TFM concernant le CNP. Y’aurait-il de l’eau dans le gaz ? Ce n’est pas encore « Règlement de comptes à OK Corral », mais ça en prend le chemin. Rappel du Casus Belli et des faits…
Quelques jours derrière nous, Mouhamadou Mohamed Ndiaye reçoit sur la TFM dans Soir Infos, Monsieur Amadou Seck, sémillant et décomplexé DG de Eurogerm, et président de l’Union des Prestataires Industriels et Commerçants du Sénégal, UPIC. L’entretien semble être axé sur le voyage qu’a effectué Amadou Seck en Gambie en compagnie du Premier ministre Ousmane Sonko au Forum Économique et Commercial Sénégambien. La conversation roule aisément sur les bénéfices économiques de ce Forum qu’a pu enregistrer le Sénégal, lorsque, tout à coup au détour d’une question, s’invitent la Une d’Enquête Quotidien qui titre « Le Patronat sous pression » et celle surtout de la Dépêche annonce : « Jub Jubal Jubanti au COSEC : LE DG MET FIN AU PARTAGE PAR LE PATRONAT D’UNE CAGNOTTE DE MILLIONS », sans omettre de commenter en ce qui concerne le journal Enquête, la sortie du DG de CCBM Serigne Mboup, qui compare certains dirigeants de ces organisations à des Khalifes Généraux et à des Imams. Selon lui, “le Cosec donne 400 millions F CFA à quatre organisations patronales que sont le Conseil national du patronat (CNP), la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), le Mouvement des entreprises du Sénégal (Meds) et les Groupements économiques du Sénégal (Ges).
« C'est d'ailleurs pourquoi, relance le journaliste de la TFM, certains patrons refusent de lâcher la tête de leurs organisations, même après des décennies de règne sans partage, appuyant Serigne Mboup qui déclare que "seule la mort peut les faire quitter”, rajoutant le en citant que c’est l'une des raisons pour lesquelles le secteur privé est en mille morceaux, chacun cherchant à avoir sa part du gâteau ». Le président de l’UPIC démontre alors les mécanismes de fonctionnement de son entité patronale et l’idée qu’ils s’y font de la transparence et de la démocratie.
Amadou Seck questionné sur la cagnotte et sur le manque criant de démocratie dans ces instances, ne donne absolument pas l’impression d’avoir une patate chaude dans la bouche et avec aisance et clarté, répond avoir été informé de la décision du Cosec et déclare avec une franchise souriante autant qu’absolue, que « les organisations patronales devraient s’interroger pour évaluer leurs modes de fonctionnement, travailler à plus de démocratie interne et éviter de faire de leurs positions des propriétés privées, au point pour certains d’entre eux de pouvoir choisir leurs successeurs »… Ces propos seraient-ils en fait l’objet du délit de franchise avérée, qui est sur le point d’être signifié à Monsieur Amadou Seck lors de la réunion du CNP de ce jeudi après-midi ?
Pas un combat personnel. Ni une question taboue
Pour Amadou Seck, « c’est effectivement un problème. En Côte d'Ivoire, ça change tous les cinq ans, maximum 10 ans. En France et dans tous les pays, ça change. Même en Gambie, il y a des changements à la tête du patronat ». Ces préoccupations gouvernementales sur la démocratie interne dans les organisations patronales, expliquent que la visite du Premier ministre Ousmane Sonko en Mauritanie, ait pu être marquée par la décoration qui a été octroyée à l’ancien président du patronat Mauritanien Mohamed Ould Bouamatou, accompagné de l’actuel président, l’industriel Mohamed Zeine El Abidine Ould Cheikh Ahmed.
« Pourquoi ici les gens ne veulent pas partir et qu'on ne doit pas en parler ? C'est un vrai problème”, s’interroge aussi Amadou Seck.
Et pourtant, il est fortement impliqué dans le CNP, saluant même que dans l’intérêt du Sénégal, il faudrait un secteur privé fort et uni. Il n’est pas le dernier à se féliciter de l’union entre le CNP et la CNES, n’étant point favorable à la multitude d'organisations
‘’Aujourd’hui, avec l’avènement du Projet et du nouveau référentiel des politiques publiques, les nouvelles autorités veulent parler avec le patronat d’une seule voix. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) et le Conseil national du patronat (CNP), qui sont les deux structures plus importantes du patronat, vont fusionner’’, a-t-il déclaré.
Besoin urgent d’un secteur prive uni et fort
Pour beaucoup, il y a trop d'organisations patronales au Sénégal. Le CNP de Baidy Agne, la Cnes d'Adama Lam, le Meds de Mbagnick Diop, le CIS de Pierre Goudiaby Atépa, le C50PN d'Abdoulaye Sylla, ou les 2 UNACOIS. La liste est loin d'être exhaustive. Si pour certains de ces dirigeants, on connait bien les entreprises, pour d'autres, il est difficile d’en dire les noms et qualités. Une véritable question de légitimité qui se pose. Et pourtant, leurs positions leur permettent d'avoir de nombreux privilèges et d'aller partout soi-disant pour représenter un secteur où ils sont loin d'être les plus méritants.
Pour le président de l’UPIC et personnalité influente du CNP, l’État veut un secteur privé uni et qui soit une force de proposition à côté de tous les programmes de politiques publiques de l’État qui sont destinées notamment à l’employabilité des jeunes sénégalais.
Réinventer les rapports entre l’État et un secteur privé rénové et dynamisé empreint d’un souffle nouveau ? Cela vaut bien un débat non ? Rien ne va plus. Faites vos vœux ! Pour qu’enfin « tout change »….
PAR MATEL BOCOUM
INTERPRÉTER LES LOIS DANS L’INTÉRÊT DE LA FAMILLE
Porté par différentes générations de féministes, le combat pour une réforme du code de la famille, notamment l'article 152, reflète un enjeu majeur : adapter les textes de loi aux réalités socio-économiques tout en préservant l'harmonie familiale.
Féminisme, genre, équité, égalité, des concepts qui continuent à prêter à confusion dans notre cher pays. Ils éveillent souvent des suspicions chez certains esprits. Ils s’accrochent à une certitude : « se méfier du tropisme qui crée la nouveauté».
Or, à la faveur d’un combat porté par différentes générations de féministes, la société sénégalaise a connu de belles évolutions. Nos amazones ont réécrit, grâce à une rude bataille, les illustres pages de l’histoire de ce pays.
Elles ont fait fi des hostilités et critiques, conscientes qu’une solution magique ne fera jamais bouger les lignes. Elles se sont battues et continuent à se battre pour que des mutations s’opèrent, que les textes de lois puissent s’adapter aux réalités socio-économiques, avec comme objectif majeur d’asseoir une harmonie familiale.
Malheureusement beaucoup d’hommes n’ont pas saisi la portée de leur combat pensant à un duel engagé par une gent féminine rebelle. Des féministes en prennent pour leur grade vu qu’elles sont souvent présentées comme des frustrées, des mécontentes qui cherchent à prendre leur revanche sur le destin en écrasant sous leurs talons un système patriarcal à l’origine d’un certain ordre social. En France, par exemple, Simone de Beauvoir en a récolté des vertes et pas mûres suite à la parution de son ouvrage « le deuxième sexe ». Elle a été traitée de débraillée, de frigide, d’insatisfaite… Ses orientations ne sont pas les mêmes que celles des Sénégalaises mais elles aussi reçoivent des tirs groupés.
Les organisations féminines qui ont enclenché un processus de plaidoyer pour la réforme du code de la famille ne diront pas le contraire. Elles ont fait face à toutes sortes d’hostilités. Leur faute : avoir le courage de suggérer, par exemple, la révision de certains articles du document qui légifère la famille sénégalaise, dont l’article 152 qui confère le titre de chef de famille à l’homme. Le code adopté en 1972, a besoin d’être réactualisé.
Le contexte actuel exige que les conjoints puissent exercer leurs responsabilités à travers une responsabilité partagée, même s’il n’est pas attendu aussi que les deux partenaires soient dans l’obligation de participer à part égal dans le fonctionnement de la famille. En déléguant le titre de chef de famille à l’homme et en intégrant la notion de puissance paternelle ou maritale en ses articles 152 et 277, le Code avait pris en compte l’absence des femmes du marché du travail. Ces dispositions, qui lui étaient favorables, n’ont pas été son avantage au fil des ans.
Elle n’était pas en mesure de percevoir les allocations familiales attribuées au travailleur, de laisser en cas de décès un capital à ses enfants alors qu’elle cotise pour bénéficier d’une pension retraite, de participer au choix du domicile conjugal ou encore de bénéficier d’abattement de fiscalité ».
De grandes dames, comme la magistrate Maimouna Kane, se sont battues, sans relâche, pour que la femme ne soit plus privée de la moitié de son salaire en état de grossesse. Elle était aussi obligée de travailler jusqu’à la veille de son accouchement. « Nous avons réclamé le paiement intégral de son salaire pendant ses congés de maternité.
Ce qui est un droit acquis pour la femme » nous confiait-elle au détour d’un entretien. Les femmes ont compris qu’il leur faut utiliser toutes les armes à leurs dispositions pour bousculer des ordres bien établis et qu’il est bien possible de s’enrichir des apports positifs de l’extérieur tout en gardant les valeurs qui fondent leur identité.
Leur combat a permis, en octobre 2005, par exemple, le vote d’une loi à l’assemblée nationale permettant une prise en charge médicale du mari et des enfants par la mère travailleuse, au profit de toute la famille. Comme quoi, une remise à niveau est toujours nécessaire et que les notions d’autorité parentale, puissance paternelle, parenté conjointe, responsabilité partagée ont tout leur sens dans le contexte actuel.
PAR AMETH DIALLO
TRANSPARENCE SUR LES VOYAGES OFFICIELS, UNE OBLIGATION INCONTOURNABLE
Qu’il s’agisse des déplacements présidentiels, ministériels ou de tout autre responsable public, ces voyages doivent impérativement faire l’objet d’un compte rendu structuré en trois phases, destiné à informer les citoyens
Qu’il s’agisse des déplacements présidentiels, ministériels ou de tout autre responsable public, ces voyages doivent impérativement faire l’objet d’un compte rendu structuré en trois phases, destiné à informer les citoyens sur leur nécessité, leur coût et leurs résultats.
1. Objectif du Voyage
Détailler les raisons du déplacement, les objectifs poursuivis et les activités prévues, afin de permettre aux citoyens de comprendre la finalité de l’engagement financier.
2. Coût du Voyage
Présenter les dépenses engagées, en distinguant les différents postes budgétaires (transport, hébergement, indemnités, etc.), tout en précisant la part prise en charge par l’État. Cette transparence permet de justifier les choix budgétaires auprès des contribuables.
3. Résultats Obtenus
Expliquer de manière claire les retombées concrètes du voyage, qu’elles soient immédiates ou attendues. Ces retombées peuvent être économiques, diplomatiques ou sociales.
Il est inacceptable de ne pas disposer d’un tableau de bord consolidé et actualisé regroupant toutes les dépenses de la République.
Tant que nous ignorons où va chaque franc dépensé, il nous sera impossible de prendre les meilleures décisions stratégiques pour le développement de notre pays.
Le Bénin a réussi à réduire drastiquement ses dépenses en billets d’avion, passant de 17 milliards de FCFA par an à moins 1 milliard de FCFA en 6 mois, grâce à la mise en place d’une Cellule de Gestion des Voyages Officiels.
Ce modèle prouve qu’une gestion rigoureuse et transparente des déplacements peut entraîner des économies significatives, tout en maintenant l’efficacité des missions.
La réduction drastique des dépenses publiques, y compris les voyages officiels, est la seule voie pour financer l’économie de manière endogène.
Tant que l’État ne saura pas maîtriser ses dépenses internes, il continuera de dépendre de la dette étrangère, compromettant notre souveraineté économique.
Un État qui prétend promouvoir une économie autonome doit prioriser ses ressources nationales et limiter les dépenses superflues.
La transparence et la cohérence ne sont pas des options : elles sont les piliers d’une gouvernance efficace et d’un développement durable.
PAR SIDY DIOP
VERTU ÉCULÉE
C’est une vidéo qui affole la toile et provoque des commentaires déchainés des internautes. Une artiste, en toute petite tenue, nombril au vent, y offre plus à admirer ses atouts qu’à écouter sa musique. Pas de quoi s’offusquer
C’est une vidéo qui affole la toile et provoque des commentaires déchainés des internautes. Une artiste, en toute petite tenue, nombril au vent, y offre plus à admirer ses atouts qu’à écouter sa musique. Pas de quoi s’offusquer. Pas de quoi monter au ciel non plus. Ce que la chanteuse expose à nos regards pas si purs que ça a été montré, affiché, placardé sur toutes les scènes d’ici et d’ailleurs. La musique, pour faire battre les cœurs rebelles, a besoin d’un bon coup de pouce couleur chair et d’une bonne dose d’adrénaline. Et elle n’est pas la seule à jouer sur ce registre.
Une autre chanteuse aux rondeurs affriolantes avait laissé entendre que sa généreuse poitrine est un instrument qui donne du tonus à sa musique.
Doit-on, pour autant, blâmer ces belles qui ont tant de trésors à montrer à nos yeux si chastes? Le Sénégal est un pays de paradoxes où la morale s’entend à longueur d’émissions de télé et de radio, mais ce sont les filles qui sont les moins regardantes sur les bonnes mœurs qui décrochent le jackpot. Elles sont la cible préférée des « marabouts » qui claquent des dots à plus de six chiffres. La vertu est un souvenir qui ne se vend plus.
Par Mohamed GUEYE
LES FAUSSES BONNES IDÉES DE SERIGNE GUEYE DIOP
Ses projets d'usines de sucre en Casamance et sa volonté de restreindre les importations de friperie rappellent étrangement des initiatives passées qui n'ont jamais abouti, alors que le déficit commercial du pays ne cesse de se creuser
Le ministre du Commerce et de l’industrie, M. Serigne Guèye Diop, fait montre de beaucoup d’activisme dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cet homme, qui gère des secteurs parmi les plus stratégiques du gouvernement, veut montrer qu’il est en mesure de régler les problèmes les plus cruciaux du pays. L’un de ses plus gros soucis semble être de redresser la balance commerciale irrésistiblement déficitaire du Sénégal. Plus le temps passe, plus elle se creuse en notre défaveur. Les données officielles montraient que le déficit commercial, en octobre 2024, était de 342,4 milliards, alors que le mois précédent, le même déficit était à 121,6 milliards de Cfa.
L’écart entre nos exportations et nos importations est causé principalement par l’achat à l’extérieur de ce que nous consommons. Très peu nombreux sont les produits du cru qui nourrissent les Sénégalais. Même dans les secteurs où le Sénégal pourrait se passer des importations, nous sommes obligés de recourir à l’extérieur. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, Serigne Guèye Diop a sans doute la volonté de renverser la tendance. Faute de s’en donner les moyens, il ne fait pas mystère de ses priorités. Il veut sans doute reproduire au niveau national, l’expérience positive qu’il a eue en tant que président du Conseil départemental de Sandiara, où il a pu implanter une Zone franche qui a réussi à attirer divers investisseurs et entreprises industrielles.
Ainsi, on l’a entendu sur la chaîne nationale de télévision, la Rts1, déclarer que bientôt deux unités de production de sucre devraient voir le jour en Casamance naturelle, à travers la région de Kolda et celle de Ziguinchor. Le ministre a même affirmé que les études du projet auraient déjà été bouclées et les documents soumis au Premier ministre pour approbation. Sans présumer de ce qui pourrait en sortir, on ne peut que noter que ce n’est pas la première fois qu’il est question d’implanter une usine de production de sucre en Casamance. Déjà, en 2012, à l’arrivée du président Macky Sall, son ministre de l’Agriculture de l’époque, Benoît Sambou, «drivé» par un Grand architecte spécialiste en éléphants blancs dans plusieurs pays d’Afrique, avait annoncé avoir mobilisé 50 milliards de Cfa pour la création d’une usine de sucre, d’une capacité de production, à l’époque, d’au moins 100 000 tonnes. Ces chiffres, s’ils avaient été basés sur une quelconque réalité, auraient permis, dès l’époque, d’en finir avec le déficit du Sénégal en matière de sucre. Le plus drôle, si l’on peut dire, est que Benoît Sambou, en migrant de l’Agriculture à la Jeunesse, a emporté avec lui le dossier de la compagnie sucrière, et on n’a plus entendu parler de l’affaire. Par contre, on a mis en avant un autre projet agricole, qui a donné naissance au Prodac…
La friperie, remplacée par la poussière du textile national
Plein de ressources, et surtout pas à court d’idées, le ministre du Commerce a annoncé un jour, plus vite que son cerveau, sa volonté d’en finir avec les importations de habits de seconde main, la friperie. On ne sait pas ce qui peut le motiver. Le Sénégal n’a plus d’industrie textile digne de ce nom, et les différentes politiques gouvernementales à travers des décennies, ont porté un coup mortel à la filière textile sénégalaise, qui était l’une des plus dynamiques d’Afrique. Peut-être que Serigne Guèye Diop pense-t-il que le blocage des vêtements de seconde main pourrait permettre de relancer l’industrie textile dans le pays, permettre de recréer des emplois et aider à peser sur la balance commerciale. L’ennui est que, très peu de jours après sa sortie fracassante, il a été obligé de rétropédaler et revenir, non pas sur ses déclarations, mais sur la manière dont elles auraient été rapportées. Ce qui explique tout simplement que, si la volonté y est, les moyens et les dispositions à mettre en place ne sont pas encore là.
Il faut tenir compte du fait qu’en 2021, ce sont plus de 17 000 tonnes de «feug jaay» (fripes), qui sont entrées de ce pays. Malheureusement, Le Quotidien n’a pu obtenir de chiffres concernant les droits d’entrée de ces produits au pays. Néanmoins, les informations concordent pour reconnaître que si les petits revendeurs de marchés ou de certains coins de quartiers s’en sortent juste avec de quoi entretenir leurs familles, les gros négociants n’ont pas matière à se plaindre de ces produits. Un moment concurrencée par les habits bon marchés en provenance de Chine, la friperie occidentale a maintenant le vent en poupe. Et les importateurs d’Amérique et d’Europe ne sont pas les derniers à se frotter les mains, car le marché comprend une très grande partie de pays africains. On se rappelle que lors du premier mandat du président américain Donald Trump, son «administration» (gouvernement) était entré en conflit avec des pays comme le Rwanda et l’Ouganda, qu’il a menacés de sanctions commerciales, et même de la cessation de certaines aides américaines. Le tort de ces pays ? Avoir annoncé leur intention d’interdire l’entrée de habits de seconde main sur leurs territoires, parce qu’ils contribuaient à tuer la production locale. L’argumentaire américain avait été de dire que les pauvres de ces pays pauvres n’avaient pas d’autre moyen pour se vêtir décemment, que de recourir au «feug jaay». On n’a plus entendu Museveni ou Kagame tenter de revenir sur cette affaire. On peut imaginer que parmi les préalables à la mise en œuvre éventuelle de cette décision, Serigne Guèye Diop et son gouvernement essaieront, s’ils en ont le moyen et la volonté, de relancer la filière cotonnière du pays.
Cela demandera de ne plus laisser aux seules mains de la Sodefitex, qui a été nationalisée, ne l’oublions pas, l’appui aux paysans de la zone sud-est du pays, où se cultive le coton. Revalorisée et mieux rémunérée, elle pourrait éventuellement intéresser les derniers producteurs textiles du pays, notamment Serigne Mboup qui veut relancer son usine de Kahone avec Domitexka, ou Ibrahima Macodou Fall, qui avait promis de relancer les Nsts de Thiès. Avec la disparition de la Sotiba Simpafric et d’autres producteurs textiles, on ne pourrait compter mettre en place, du jour au lendemain, une usine textile. Mais cet embryon d’industrie pourrait peut-être aider à la renaissance de la jadis dynamique industrie de confection du Sénégal dont seuls les vestiges qui restent sont les couturiers, qui sont vantés à travers l’Afrique pour leur talent et leur imagination
La Casamance, c’est bien. Mais pourquoi pas la Css ?
Il en est de même des usines de sucre de la Casamance dont nous avons parlé plus haut. Depuis sa création, dans les années 1970, la Compagnie sucrière sénégalaise s’évertue à combler les besoins en sucre des Sénégalais. Ses dirigeants, Jean-Claude Mimran, son PDG, en premier lieu, ont toujours déclaré aux Sénégalais, qu’ils n’avaient pas peur de la concurrence. Dans leur entendement, il y a assez de place pour deux ou trois autres usines de production. La Côte d’Ivoire ne possède-t-elle pas cinq usines de production de sucre ? Le Sénégal pourrait faire de même. Par contre, il ne faudrait pas que l’Etat se mette à encourager la contrebande en accordant des autorisations d’importer à des négociants dont l’apport sur la balance des paiements est proche de zéro. Souvent, ces négociants importateurs de sucre n’ont pas les mêmes charges que la Css qui, elle, produit et transforme tout son sucre sur place.
L’usine de Mimran est la première industrie du pays et l’un des plus gros employeurs de la région Nord du pays. Dans la conurbation Richard TollDagana, elle emploie 8000 personnes et en fait vivre environ le double, à travers les métiers annexes et les boutiquiers et autres fournisseurs. Si elle monte en puissance dans sa production, elle est en butte, depuis plus de 10 ans, à une indisponibilité de terres dont elle dit qu’elle l’empêche d’augmenter ses récoltes. L’idée de transposer des usines dans les régions du Sud du pays sera bénéfique si lesdites unités parviennent à casser le monopole de la production de la Css. Cette dernière ne l’a d’ailleurs jamais revendiqué. Il faudrait d’ailleurs féliciter Serigne Guèye Diop d’avoir pu trouver, en cette période, des investisseurs désireux de mettre 50 milliards de Cfa par deux fois, dans cette entreprise. C’est une initiative qui créera de l’emploi dans le pays, permettra de redynamiser une zone économique, et contribuera à freiner l’exode rural et l’émigration, illégale ou légale. Mais s’il ne s’agit que d’un rêve éveillé, comme au temps de Benoît Sambou et de son architecte, pourquoi ne pas accorder à la Css les moyens de réaliser ses promesses et ambitions ? Avec Mimran au moins, on a pu voir du concret à ce jour.
Des boutiques pour vendre des vessies à la place des lanternes
Ce serait mieux que de nous faire rêver avec des «boutiques de référence». On a le sentiment, à écouter notre ministre du Commerce, que nos dirigeants ne retiennent rien des leçons du passé, et ne regardent pas le chemin parcouru par leurs prédécesseurs. Depuis les Sonadis, le Sénégal a connu plusieurs modèles de boutiques de référence. Même le président Abdoulaye Wade, en butte à la crise alimentaire mondiale de 2008, s’y était essayé. Le ministère du Commerce en son temps, a encouragé des initiatives privées d’installation de «magasinstémoins», qui devaient vendre à des prix planchers. Cela n’est pas allé au-delà de deux années. Les agents du Commerce intérieur, qui étaient en service en ce temps, devraient s’en rappeler et instruire leur chef. Ils lui diraient pourquoi ces initiatives n’ont pas prospéré, et ce qu’il faudrait faire pour éviter les échecs annoncés.
Autrement, on peut s’attendre que Serigne Guèye Diop nous sorte encore bientôt, une autre fausse bonne idée, qui va se révéler sans effet, et entamer encore plus la crédibilité de la parole gouvernementale. C’est vrai qu’autour de la table du Conseil des ministres, M. Diop ne doit pas se sentir isolé. Il voit régulièrement un autre de ses collègues, qui a voulu nous vendre des vessies à la place des lanternes, en nous vantant des chiffres de production agricole, «jamais atteints dans ce pays». Tout le monde a pu se rendre compte à quel point il avait raison. Heureusement pour tous que l’un d’eux a pu découvrir que la faute en était à cet hivernage, qui n’est pas (leur) hivernage…
Par Samba Oumar FALL
L’ART DE SE PLAINDRE !
Le Sénégal est le pays de la Téranga. C’est aussi le pays des contradictions, des râleurs. Un pays où les gens ne sont jamais satisfaits, veulent une chose et son contraire.
Le Sénégal est le pays de la Téranga. C’est aussi le pays des contradictions, des râleurs. Un pays où les gens ne sont jamais satisfaits, veulent une chose et son contraire.
On a l’impression qu’une grande partie de la population souffre du syndrome de Calimero, en référence au personnage de dessin animé italien ; un petit poussin noir qui porte sa coquille d’œuf sur la tête et son baluchon rouge sur l’épaule et qui rabâche sans arrêt sa réplique fétiche : « C’est vraiment trop injuste ! ». Dans le voyage de la vie, on rencontre inévitablement des épreuves parfois insurmontables.
Mais certains, comme si le sort avait choisi de s’acharner sur eux, se complaisent à accuser le destin de conspirer contre eux. Persuadés d’être victimes d’une prétendue injustice, les individus qui ont chopé le syndrome de Calimero ou qui excellent dans l’art de se plaindre à longueur de journée n’hésitent pas à adopter une posture de victime, parfois pour attirer l’attention et la compassion de leur entourage. Tout est prétexte pour geindre, râler, se lamenter. Ils ne sont jamais contents. Quand ils tardent à voir leur étoile briller, ils en veulent à tout le monde. Ils sont contrariés quand il fait froid, chaud, pleut, ils critiquent à tout-va. Et quand ce n’est pas eux, c’est toujours injuste. Rarement positifs et optimistes, ils ont cette propension à se percevoir comme des victimes et ont ancré dans leur inconscient une vision du monde biaisée par une spirale très négative.
Pris en otage par leur mal-être, ils empoisonnent leur propre existence et celle de leur entourage. Convaincus de ne pas obtenir ce qu’ils méritent, ils en veulent parfois aux autres, ignorant que cette posture pessimiste peut parfois être nuisible à leur bien-être émotionnel et psychologique, altérer leur bonheur, mais aussi leurs relations avec les autres. D’ailleurs, des études montrent que se plaindre de tout et de rien sans discontinuer peut parfois être néfaste pour la santé et entraîner diverses pathologies.
Le syndrome de Calimero n’est pas une fatalité, car on a beau être malheureux ou malchanceux, on trouvera toujours plus malheureux ou malchanceux que soi. Cependant, il faut, pour sortir du cercle victimaire, apprendre à relativiser pour comprendre que l’on n’est pas réellement victime du destin. Il faut également regarder la réalité en face et apprendre à développer une meilleure estime de soi, de nouvelles capacités qui seront plus bénéfiques pour l’atteinte des objectifs au lieu de perdre de l’énergie à accuser les autres.
Mais aussi et surtout transformer chaque obstacle en opportunité. Car, dans la vie, des gens sont partis de rien et sont devenus, à force de persévérance et de résilience, de grands messieurs, de grandes dames. Malheureusement, aujourd’hui, l’une des causes d’échec les plus fréquentes est le manque de persévérance, l’absence de résilience. William Shakespeare affirmait que « nos doutes sont des traîtres et ils nous privent de ce que nous pourrions souvent gagner de bon, parce que nous avons peur d’essayer ».
À juste raison, car ce n’est pas un secret que notre plus grande faiblesse réside dans le doute, l’abandon, parce que rester motivé est souvent un exercice assez complexe ; surtout quand les résultats escomptés ne suivent pas ou tardent à arriver. Mais l’adversité a beau être tenace, il ne faut jamais baisser les bras. Il faut toujours se battre.
Les obstacles et les échecs ne doivent pas empêcher de toujours aller de l’avant et avec détermination. « Il faut viser la lune, parce qu’au moins, si vous échouez, vous finirez dans les étoiles », disait si bien Oscar Wilde. Dans un monde d’incertitudes et de défis, la persévérance et la résilience demeurent deux qualités qui peuvent transformer le cours de notre vie. Et quand on navigue dans les eaux tumultueuses des défis personnels et professionnels, nous sommes appelés à faire face, parce que personne ne surmontera nos défis à notre place.
Au lieu de geindre continuellement et d’avoir cette impression d’injustice permanente, il est vital de laisser derrière nous le syndrome de Calimero pour retrouver une perspective positive. Et c’est en cultivant une attitude positive que nous pourrons améliorer significativement notre qualité de vie et aspirer au bonheur.
la chronique de Ndèye Dieumb Tall
MULTIPLE PHOTOS
LA CORNICHE DES INÉGALITÉS
EXCLUSIF SENEPLUS - Qu’il soit végétal, animal ou humain, la course au capital et au développement laisse le vivant sur le bas-côté. À combien de talibés avons-nous répondu cette semaine ? LA RUE SÉNÉGALAISE, CETTE ACTRICE OUBLIÉE
Comment Médina[1] et Fann Résidence[2] coexistent dans 83 km2 [3]? Comment les fàq-men[4] et les ministres se croisent-ils aussi régulièrement à tous les carrefours de l’une des anciennes quatre communes[5]? Tant de questions auxquelles les sociologues, responsables publiques et chercheurs doivent se pencher. À cette question, je propose mon humble réponse : la rue.
La société sénégalaise est constituée de multiples acteurs et actrices. Parmi elles, une me saute particulièrement aux yeux : la rue sénégalaise. Pensez-y. Bopp u koñ bi[6], tali bi[7], bunt u kër gi[8]… Tant d’expressions faisant référence à la rue.
Cependant, cette rue est difficile à apprivoiser. La temporalité et la géographie jouent un rôle majeur dans l’approche que l’on a et que l’on devrait avoir de la rue et de nos interactions sociales en général. Médina, un premier jeudi de décembre à 7h du matin n’est pas les Almadies[9] un dimanche de fin de mois à 23h. Au milieu de tout cela, la corniche Ouest fait office de frontière. Surplombant l'océan Atlantique par son extrémité la plus à l'Est, la vue y est aussi faramineuse que les montants mobilisés par Karim Wade[10] pour sa construction. Exit la plage publique accessible à toutes et tous durant les longues journées ensoleillées. Désormais, pour en profiter, il faudra débourser au mieux 5.000 FCFA[11](fcfa note de bas de page), au pire 15.000 FCFA. Après tout cela, j’espère que vous n’êtes pas une femme musulmane et ne comptez-pas entacher les belles plages de sables fin du Terrou-bi[12].
Vous l’aurez compris, la rue joue un rôle de plus en plus accessoire dans la vie sociale et politique sénégalaise. Je crois qu’il y a là les symptômes d’un pays qui se perd. Ne vous y méprenez pas ! Je suis l'opposé d’une conservatrice. Par contre, vouloir l'émancipation et le progrès n'empêchent pas de se reposer sur un socle constant et stable.
Étudiante à New York, globe trotteuse devant l'éternel, les rues de Dakar possèdent un je-ne-sais-quoi que je n’ai retrouvé dans aucune ville ou bourg du monde. À vrai dire, je ne m'en étais pas rendu compte avant de quitter le cocon familial. Je me suis rendu compte de la chance que j’avais eu d’avoir pu grandir dans un tel joyau. Pour en revenir à notre histoire, j’avais décidé la semaine dernière, un matin à 10 heures, de me promener. De notre maison à Fann-Résidence à la librairie Les 4 vents de Ouakam. C’était l’occasion pour moi de jouer à la Mère Noël et de refaire mon stock de livres locaux. Sur le chemin, j’ai été frappée par les interpellations des gardiens des somptueuses villas d’ambassadeurs de mon quartier. Ils étaient étonnés qu’une inconnue disrupte leur petit quotidien. “Quel est ton nom de famille ?”, “Où habites-tu ?”, “Depuis combien de temps ? “Tu es étudiante ?”. Ah lala, s’il y a une chose qui ne m’avait pas manquée lors de mon exil volontaire c’est bien l'intrusivité de certains et certaines de mes compatriotes. C’est aussi le revers de notre légendaire chaleur[13].
Quelques foulées plus tard, je suis interpellée par un homme âgé, peut-être la soixantaine. Il tenait dans ses bras frêles un kilo de mburu[14] . Il demandait aux passants et passantes pressés d’être un énième rouage dans la machine capitaliste de quoi assaisonner son pain. Il est vrai que le pain blanc sec ne glisse pas très bien le matin lorsqu’on n’est pas sérère[15]. En discutant avec lui un peu, il m’est apparu que le vieil homme était déboussolé par mon intérêt.
Même scène avec les talibés[16] et femmes assises juste à côté du kiosque du primeur[17]. Au cours de cette courte promenade, j’ai pu croiser des personnes âgées, des enfants, des hommes, des femmes, des personnes à mobilité réduite, des personnes handicapées mentalement, des gens sur le chemin du travail, des gardiens, des animaux… J’ai eu à observer aussi l'état de la rue : le pavé, le goudron, le trottoir inexistant, le sable, les publicités et affiches.
J’ai été frappée par la particularité géographique et urbaine d’un quartier comme Fann-Résidence ou Fann Hock[18], comparée à la Médina ou à Colobane[19] par exemple. Le sable et la poussière de Dakar mériteraient presque d’en être les acteurs principaux. Sans oublier les embouteillages. Comment oublier les embouteillages à Dakar ?! À Fann-Résidence, l’absence de trottoirs et de zones de stationnement ne se font pas ressentir car les villas qui bordent la mer sont en général équipées de parkings. A l’inverse, la cité Mbackiyou Faye[20] et cité Avion[21] sont constituées de chemins exigus et sinueux que seules les siru-man[22] peuvent naviguer habilement.
Ces inégalités dans l’urbanisme ne se limitent pas seulement aux places de stationnement et à l'état des routes. Les bâtiments et immeubles n’occupent pas la même fonction dépendamment du quartier. Alors que le pôle Fann-Residence, Mermoz, Point E fait écho au quartier latin et au 5e arrondissement de Paris, abritant tous les deux l’Ecole Normale Supérieure (ENS) et de belles maisons, des quartiers comme Ñaari-Tali, HLM 5[23] sont des méli-mélo de bâtisses à moitié construites, de charrettes, dibiteries et mosquées. Là ou a Fann-Residence les habitations sont jalousement gardées par des gardiens et des bergers allemands, aux HLM 5 les portails, s’ils existent, sont grand ouverts. On y entend les conversations, bêlements de moutons et cris de siru-man. D’un côté, les restaurants huppés ou la bouteille Kirène[24] de 500 ml coûte 1.500FCFA, de l’autre les inondations et eaux usées décorent et parfument les rues.
La négligence du mobilier urbain s'étend au-delà des objets inanimés. La maltraitance animale est sous nos yeux tous les jours. Il suffit d’observer les moutons dans nos maisons, censés être des réceptacles de toutes les malédictions dirigées vers la famille, les chevaux, les chiens et chats errants. Les êtres humains sont eux aussi traités comme des objets inanimés. Lorsqu’ils ne sont pas méprisés, ils sont ignorés. La semaine dernière, à bord d’un Yango, le conducteur fait tout son possible pour éviter le chien errant qui traverse en catastrophe la rue. A peine dix minutes plus tard, une personne qualifiée de folle slalome sans objectifs entre les véhicules. Le chauffeur ne lui prêta aucune attention. De la même façon, une personne à mobilité réduite assise dans une impasse à côté de son véhicule me raconte comment régulièrement il est écrasé par les passants et les voitures.
Si Fann-Résidence, la Médina, Mermoz et les Almadies sont présentés comme acteurs principaux de ce premier épisode, ils ne sont en réalité qu’un prétexte pour mettre en exergue le plus important : le vivant. Qu’il soit végétal, animal ou humain, la course au capital et au développement les laisse sur le bas-côté de la route rocailleuse. À combien de talibés avons-nous répondu cette semaine ? Lorsque l’on donne l’aumône à ces braves gens, sommes-nous plus intéressé•e• par les monts et merveilles promis par notre marabout ou par comment cette offrande va améliorer leur conditions matérielles d’existence ? Ces questions nous concernent toutes et tous et devraient nous empêcher de dormir.
Ndèye Dieumb Tall est étudiante en sociologie et sciences sociales.
[15] Ethnie du Sénégal stéréotypé pour leur amour du pain. Léopold Sedar Senghor, premier président de la République du Sénégal, académicien, membre de la Négritude est sérère.
[16] Enfants mendiant, confiés à des serignes (guides religieux traditionnels) par des familles généralement démunies.
[17] Communément appelés Diallo, du fait de la prédominance des primeurs d’origine fulani, notamment venant de la Guinée.
STOPPER LA PROGRESSION LATÉRALE DU JIHADISME ENTRE LE LOCAL ET LE LITTORAL
"Depuis des années, avec une ampleur de plus en plus conséquente dans les pays continentaux, le jihadisme veut prendre de nouvelles couleurs dans les territoires d’implantation, d’action et de projection."
Le lourd tribut payé par le Bénin avec l’attaque ayant tué au moins 28 soldats mercredi dernier, dans le nord du pays, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, n’est pas un évènement anodin. Il est digne de la façon latérale dont le terrorisme jihadiste progresse du local au littoral comme l’indiquent les prévisions et prédictions de tous les instituts de recherche travaillant sur le Sahel.
Depuis des années, avec une ampleur de plus en plus conséquente dans les pays continentaux, le jihadisme veut prendre de nouvelles couleurs dans les territoires d’implantation, d’action et de projection. C’est ainsi que les assauts répétitifs contre des pays comme le Burkina Faso, qui ne contrôle plus beaucoup de pans de son territoire, sont à mettre dans ce plan des groupes jihadistes de viser la mer, c’est-à-dire le Golfe de Guinée.
Le Bénin, ayant vu ses pays frontaliers subir les affres du jihadisme, a voulu se préparer pour ne pas connaitre les mêmes balafres sécuritaires et humanitaires. L’État a ainsi consenti énormément d’efforts et mis beaucoup de moyens pour réorganiser son appareil sécuritaire face à ces nouvelles menaces tout au long de ses frontières avec le Niger et le Burkina. Les effectifs des Forces armées béninoises ont ainsi augmenté de manière significative, passant de 7500 hommes en 2022 à 12300 en 2024.
Dans le même espace temporel, son budget de défense est passé de 60 milliards à 90 milliards de Fcfa. Il était même prévu de faire augmenter ce montant les années à venir. La réussite du Bénin, c’est surtout d’avoir su adapter son appareil sécuritaire à la nouvelle donne en lançant en 2021 l’Opération « Mirador », censée être un dispositif opérationnel qui répond au mieux à la menace jihadiste en donnant du sens à la sécurisation des zones frontalières. Mais cela n’a pas donné à ce pays, la chance de se prémunir des incursions jihadistes qui ont causé la mort de 121 militaires béninois entre 2021 et décembre 2024.
L’exemple du Bénin est éloquent d’une réalité : la réorganisation des Forces de défense et de sécurité en vue de faire face aux menaces asymétriques n’est pas la seule solution pour faire face au jihadisme. Comme pour les pays en proie à cette question, c’est la même voie qui a été empruntée par les groupes terroristes armés (Gta). Les revendications identitaires ont servi de berceau et de couveuses permettant à ces Gta d’avoir les populations marginalisées comme recrues. L’autre terreau fertile de la poussée jihadiste à laquelle le Bénin fait face, ce sont surtout les dissensions diplomatiques entre les pays frontaliers, le Niger et Burkina Faso, sur fond de brouilles entre la Cedeao et l’Aes.
Cela empêche ainsi toute coopération sécuritaire inter ou intra avec ces pays d’autant plus que la menace est désormais transnationale, et n’est plus localisée dans un même espace. Il faudra ainsi à l’interne ne plus minimiser les revendications communautaires qui, avec les changements climatiques, peuvent métastaser et devenir des problèmes sécuritaires avec des conséquences humanitaires énormes. Les mécanismes de coopération doivent être aussi ressuscités malgré que les tensions diplomatiques les ait mis en sommeil. C’est seulement dans ces conditions que le déplacement latéral que jihadisme fait du local au littoral pourra être stoppé.
PAR MAMADOU BODIAN
L’ÉTAT DOIT-IL ACCÉLÉRER SUR LA ROUTE CHAOTIQUE DES DEUX-ROUES ?
"Toute tentative de contrôle d’un secteur informel porte en elle le risque de résistances. Les motos « Jakarta » ne se limitent pas à leur fonction utilitaire ; elles incarnent une forme d’autonomie et de survie économique pour leurs propriétaires."
Lorsqu’une autorité étatique décide d’agir, elle doit maîtriser tous les paramètres en jeu et avancer avec détermination, car toute hésitation ou rétropédalage peut être perçu comme un aveu d’impuissance, fragilisant sa crédibilité et son autorité. La régulation des motos non immatriculées au Sénégal, initiée par le ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens (MITTA), illustre cette exigence. Inscrite dans une démarche ambitieuse et complexe, cette initiative vise à structurer un secteur à la fois dynamique, précaire et profondément enraciné dans l’informalité. Annoncée le 2 janvier 2025, elle accorde un délai de trois mois aux conducteurs de deux-roues non conformes pour se régulariser, avec une échéance fixée au 13 mars 2025. La gratuité temporaire des démarches d’immatriculation, effective dès le 6 janvier, traduit une tentative audacieuse de conjuguer fermeté réglementaire et pragmatisme socio-économique. Cette approche hybride reflète une volonté d’adaptation aux multiples réalités d’un secteur essentiel pour des millions de Sénégalais.
Ces deux-roues, initialement présents dans des villes comme Kaolack et Thiès, ont progressivement envahi Dakar, malgré des restrictions réglementaires. Dans un contexte où environ 300 000 nouveaux demandeurs d’emploi, majoritairement des jeunes, affluent chaque année sur le marché du travail, les motos « Jakarta » sont devenues une véritable bouée de sauvetage. En 2024, le taux de chômage élargi atteignait 21,6 %, contre 18,6 % l’année précédente, révélant l’incapacité structurelle du secteur formel à absorber cette main-d’œuvre croissante. Dans cette situation, l’« économie de débrouille » s’impose comme une réponse pragmatique, et les motos « Jakarta », estimées à plus de 500 000 en circulation, en sont le symbole. Offrant des opportunités d’emploi informel dans le transport de personnes et de marchandises – notamment à travers des services de livraison express (Thiak-Thiak) –, elles comblent les lacunes béantes d’un marché de l’emploi en crise.
Face à ces réalités, l’autorité étatique se trouve confrontée à un dilemme complexe : comment structurer et réguler un secteur aussi désorganisé sans briser sa fonction sociale essentielle ? La réponse à cette question exige une gestion stratégique et équilibrée, afin de préserver la légitimité de la régulation tout en répondant aux besoins économiques et sociaux des populations concernées.
1. Les motos « Jakarta » : un enjeu entre innovation populaire et quête de régulation par l’État
Les motos « Jakarta » ne sauraient être réduites à de simples moyens de transport. Elles constituent le fragile point d’ancrage qui relie des milliers de jeunes à une forme de dignité économique, dans un contexte où l’accès à un emploi stable demeure une utopie pour une large partie de la population. En desservant des zones où les infrastructures de transport public sont déficientes, ces deux-roues se sont imposées comme une réponse pragmatique aux lacunes structurelles. Elles incarnent un microcosme où l’ingéniosité individuelle se conjugue avec des besoins collectifs urgents, illustrant ainsi l’économie informelle en tant que palliatif face aux insuffisances d’un État souvent perçu comme distant et déconnecté des réalités quotidiennes. Toutefois, cette dynamique socio-économique n’est pas sans failles. L’augmentation des accidents de la route met en lumière l’absence criante de formation, de régulation et de respect des normes de sécurité. En 2019, l’Agence nationale de la Sécurité routière (Anaser) a recensé 4 000 accidents de la circulation, dont 745 ont entraîné des décès. Ces chiffres, bien qu’austères dans leur présentation statistique, traduisent une urgence sociale où les fragilités de l’économie informelle pourraient se muer en crises nationales.
Dans ce contexte, l’État tente de reprendre le contrôle sur un secteur échappant depuis longtemps à toute régulation formelle. L’instauration de l’immatriculation obligatoire, le renforcement des contrôles routiers et l’application de sanctions traduisent une volonté manifeste de rendre visible et compréhensible une activité jusqu’alors insaisissable. Cependant, ces mesures dépassent largement le cadre technique de la régulation : elles reflètent une bataille symbolique, celle d’un État cherchant à réaffirmer son autorité face à une économie informelle souvent perçue comme incontrôlable. Cette situation met également en lumière un enjeu fondamental : la marginalité administrative des acteurs du secteur. Une part importante des conducteurs se trouve dépourvue de pièces d’identité en raison des lacunes de l’état civil, les privant ainsi de l’accès aux documents officiels indispensables tels que le permis de conduire ou la carte grise. Cette exclusion administrative aggrave leur précarité et limite leur intégration dans le cadre légal, renforçant ainsi les inégalités systémiques.
Dans ces conditions, les initiatives actuelles doivent impérativement s’inscrire dans une démarche plus large, visant à combler ces lacunes structurelles. Sans une prise en compte globale des réalités vécues par ces acteurs, l’efficacité des mesures réglementaires risque d’être sérieusement compromise, alimentant davantage les poches d’exclusion et fragilisant encore la relation entre l’État et ses citoyens. Par ailleurs, la tentative de formalisation soulève des interrogations légitimes : comment intégrer un secteur fondé sur la débrouille sans en altérer l’essence ? La gratuité temporaire des démarches d’immatriculation, en vigueur jusqu’au 13 mars 2025, constitue certes une initiative louable, mais demeure insuffisante si elle n’est pas accompagnée d’un accompagnement concret et d’une simplification administrative. Les longues files d’attente, la centralisation des services à Dakar, et les coûts annexes liés aux prestataires privés complexifient davantage le quotidien des conducteurs, déjà en situation de précarité.
L’expérience démontre qu’une régulation imposée sans concertation avec les populations concernées est vouée à échouer, suscitant des résistances, qu’elles soient explicites ou plus diffuses. Ainsi, une réflexion s’impose : l’État peut-il réguler sans aliéner ? Peut-il imposer la visibilité sans opprimer ? Une gouvernance adaptée, conciliant fermeté et inclusion, pourrait alors transformer ce défi en une opportunité de structurer un secteur vital tout en renforçant la légitimité de l’État auprès de ses citoyens.
2. Réguler l’informel : entre résistances discrètes et opportunités de transformation durable
Toute tentative de contrôle d’un secteur informel porte en elle le risque de résistances. Les motos « Jakarta » ne se limitent pas à leur fonction utilitaire ; elles incarnent une forme d’autonomie et de survie économique pour leurs propriétaires et conducteurs. Dès lors, toute mesure perçue comme restrictive ou punitive est susceptible de provoquer des résistances, qu’elles soient passives — contournement des règles, évasion administrative — ou actives, sous forme de tensions sociales visibles.
Les initiatives précédentes, souvent empreintes d’une approche coercitive, illustrent bien cette dynamique. Les arrestations massives et les amendes disproportionnées n’ont fait qu’accentuer le sentiment d’exclusion et la méfiance envers les autorités publiques. Si l’État veut éviter que cette nouvelle tentative de régulation ne devienne un catalyseur de conflits, il est essentiel d’adopter une posture d’écoute et de dialogue. Cela passe par l’implication active des acteurs du secteur — conducteurs et propriétaires — dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.
Pour réussir, cette régulation doit s’inscrire dans une vision globale de transformation sociale et économique. Elle ne peut se limiter aux contrôles et sanctions, mais doit se muer en un levier d’intégration et de modernisation. Une telle démarche exige des réformes structurelles, notamment la simplification et la déconcentration des démarches administratives, ainsi que l’introduction de plateformes numériques pour en faciliter l’accès. Des initiatives comme des subventions pour l’acquisition d’équipements de sécurité (casques, vêtements de protection), accompagnées de campagnes de sensibilisation ciblées, sont également indispensables. Mais au-delà des mesures techniques, cette transformation repose avant tout sur une gouvernance participative. L’État doit percevoir les conducteurs et propriétaires de motos non comme des contrevenants potentiels, mais comme des partenaires essentiels dans la construction d’un secteur plus sûr, plus organisé et capable de contribuer à un développement économique inclusif.
Conclusion
La régulation des deux-roues au Sénégal représente une opportunité de repenser la gouvernance en conciliant fermeté étatique et pédagogie de l’inclusion. L’État doit affirmer son autorité en garantissant le respect des normes de sécurité publique, mais sans se limiter à des mesures coercitives susceptibles de susciter des résistances.
Pour désamorcer ces résistances, une gouvernance participative est indispensable. Elle doit s’appuyer sur la concertation avec les acteurs concernés pour co-construire des solutions adaptées. L’inclusion intelligente, quant à elle, repose sur des incitations et une pédagogie proactive : simplification des démarches, décentralisation des services, subventions pour les équipements de sécurité, et campagnes de sensibilisation ciblées. En impliquant les usagers, l’État peut transformer ce secteur informel en un moteur d’intégration sociale et économique. Les motos « Jakarta », vitales pour l’emploi et la mobilité, doivent être reconnues pour leur impact et intégrées dans une économie modernisée.
Ainsi, cette régulation ne doit pas être perçue comme une simple réponse administrative ou une tentative de contrôle, mais comme un véritable levier de transformation sociale. En alliant fermeté, pédagogie et inclusion, le Sénégal peut non seulement désamorcer les tensions liées au changement, mais également poser les bases d’un modèle exemplaire de gouvernance, où l’autorité de l’État s’exerce dans une logique de coopération et de co-construction. Cette démarche offrirait non seulement une solution aux défis immédiats, mais aussi une vision à long terme pour un développement harmonieux et inclusif.