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26 avril 2025
Opinions
PAR OUMAR NDIAYE
APTITUDES CAPACITAIRES ET INQUIÉTUDES SÉCURITAIRES
"C’est au Tchad que l’interventionnisme de l’armée française en Afrique a réalisé ses plus hauts faits d’armes et écrit ses plus belles pages qui sont en train de se tourner. À plusieurs reprises, sous le règne d’Idriss Déby Itno..."
C’est au Tchad que l’interventionnisme de l’armée française en Afrique a réalisé ses plus hauts faits d’armes et écrit ses plus belles pages qui sont en train de se tourner. À plusieurs reprises, sous le règne d’Idriss Déby Itno, la France a été sollicitée pour stopper les incursions de colonnes rebelles qui sont fréquentes et récurrentes dans ce pays. Le Tchad, comme décrit par l’universitaire française Marielle Debos dans son ouvrage « Le Métier des armes au Tchad », publié aux éditions Karthala en 2013, « est le pays des guerres sans fin et aussi des guerres fraternelles ».
Cette permanence des conflits a permis à cet État d’être en avance dans le domaine sécuritaire. Même s’il n’a pas encore atteint une certaine autonomie stratégique, le Tchad est l’un des rares pays de la bande saharo-sahélienne à avoir des aptitudes capacitaires de son armée face aux inquiétudes sécuritaires de cette zone marquée par les menaces asymétriques incarnées essentiellement par le terrorisme. Avec des forces de défense et de sécurité aguerries et rompues à la tâche, dans un pays où le métier des armes est d’une grande permanence, le Tchad a donc une grande expérience opérationnelle.
Mais, avec les contingences externes et ses divergences domestiques, son appareil sécuritaire est, des fois, sous situation d’urgence. Pour preuve, la dernière séquence de la « mort au front » du père de l’actuel Président, le maréchal Idriss Deby Itno. Actuellement, du nord, avec la Libye, à l’est, avec les frontières qu’il partage avec le Soudan, en passant par le bassin du Lac Tchad, sujet à des tensions sécuritaires et identitaires, le régime tchadien semble être cerné par une conflictualité qui appelle à avoir un appareil sécuritaire pouvant y faire face. Malgré la richesse de sa trajectoire et son histoire militaire tant vantée, le Tchad a eu à faire appel à la France, surtout côté appui aérien, pour vaincre tous les périls en face. Aujourd’hui que cette présence française vit ses dernières semaines, il y a des questions à se poser sur les aptitudes capacitaires de ce pays face aux inquiétudes sécuritaires qui l’assaillent de toutes parts, sans compter la situation politique interne qui ne s’est toujours pas stabilisée.
La sécurité est certes un domaine de souveraineté, mais il est indispensable de nouer des partenariats et des alliances stratégiques afin d’avoir une bonne complémentarité et une mutualité. Avec la dislocation du G5 Sahel, matérialisée par le départ du Burkina et du Niger qui ont suivi le Mali, cette force conjointe n’est plus totalement opérationnelle. Au mois de novembre dernier, le Tchad s’était aussi retiré de la Force mixte multinationale composée du Nigeria, du Cameroun, du Niger et du Bénin et qui avait pour but de lutter contre le banditisme et la grande criminalité dans le bassin du Lac Tchad. Autant de retraits qui vont certainement mettre sous pression l’armée tchadienne qui, malgré sa montée en puissance et son professionnalisme, devra davantage développer des aptitudes capacitaires devant des inquiétudes sécuritaires de plus en plus présentes et prégnantes tout autour du pays…
PAR CHEIKH AHMAD TIDIANE SY AL AMIN
POUR RÉUSSIR L’AGRICULTURE, IL FAUT ORGANISER LE MARCHÉ
"L’agriculture est le parent pauvre des banques en raison du profil de risques des entreprises agricoles lié aux contraintes de production ( matériel végétal non performant, maladies, intempéries)..."
Produire c’est bien mais bien vendre c’est encore mieux.
La souveraineté alimentaire est la base du référentiel de politique agricole des nouvelles autorités. À cet effet, l’Etat a identifié des filières prioritaires pour servir de locomotive à notre agriculture. Force est de constater que nos politiques publiques mettent l’accent plutôt sur la production que sur le marché.
En effet, la réussite de notre politique agricole repose sur le triptyque FINANCEMENT-PRODUCTION-MARCHE.
L’AGRICULTURE est le parent pauvre des banques en raison du profil de risques des entreprises agricoles lié aux contraintes de production ( matériel végétal non performant, maladies, intempéries) mais aussi et surtout les contraintes liées à l’inorganisation du marché.
Si les avancées technologiques permettent de plus en plus de maîtriser la production avec l’utilisation de variétés hybrides très performantes, les abris serres qui assurent une meilleure protection des cultures face aux maladies et intempéries, la maîtrise du marché reste le maillon faible des filières agricoles.
Le marché des produits agricoles est incertain en terme de disponibilité des produits et de formation des prix.
Le producteur et son banquier n’ont souvent aucune maitrise a priori sur les quantités et les prix de vente, car les lois du marché sont viciés par les contraintes logistiques et l’asymétrie de l’information entre le producteur et le marché. D’où le peu d’intérêt des institutions financières à soutenir le secteur.
Il faut le reconnaître, on ne réussira jamais une agriculture performante sans le soutien d’un secteur bancaire maîtrisant les risques liés à la production et à l’écoulement des produits sur le marché.
Pour arriver à concilier la production, le marché et le financement, nous explorons ici quelques pistes de réflexion :
1. Créer un marché de gros des produits agricoles qui met face à face une offre et une demande de produits agricoles en temps réel. Le marché d’intérêt national dispose de toutes les infrastructures pour créer cette bourse des produits agricoles qui bannit le diktat des intermédiaires acheteurs bords champs.
2. Mettre en place des infrastructures de stockage et une chaîne logistique pour réguler le marché des produits agricoles surtout en cas de surproduction par rapport aux besoins du marché. Le développement du système de récépissé d’entrepôt qui permet de sécuriser les stocks et de les faire valoir auprès des institutions financières pour la levée de fonds.
3. Revoir notre dispositif prudentiel en développant des schémas de financement innovants et des mécanismes de garantie crédibles (fonds de garantie de l’Etat, nantissement de stocks, ventes à terme) afin d’inciter les banques à financer les filières stratégiques.
Enfin, Pour réussir notre agriculture, il faut gagner le pari du financement en organisant nos marchés sous la régulation de l’Etat. C’est tout l’intérêt de la mutualisation de la commercialisation par la mise en place de coopératives de ventes basées sur les filières et non sur les communes.
Par Hamidou ANNE
UNE PRIERE POUR NOËL
Samedi dernier le Pape François a réitéré par ses mots son émotion envers le drame inhumain qui se déroule à Gaza : «Hier des enfants ont été bombardés. C’est de la cruauté, ce n’est pas la guerre. Je tiens à le dire parce que cela me touche au cœur.»
Samedi dernier le Pape François a réitéré par ses mots son émotion envers le drame inhumain qui se déroule à Gaza : «Hier des enfants ont été bombardés. C’est de la cruauté, ce n’est pas la guerre. Je tiens à le dire parce que cela me touche au cœur.» Dimanche, durant la prière de l’Angélus, il réaffirme son soutien aux populations gazaouies : «C’est avec douleur que je pense à Gaza, à tant de cruauté, aux enfants mitraillés, aux bombardements d’écoles et d’hôpitaux. Combien de cruauté.»
Demain nous célébrons Noël, fête des lumières, des joies et des retrouvailles familiales pour des milliards de gens, chrétiens, juifs, musulmans et non croyants. Pendant ce temps de l’expression de l’amour, hommes, femmes et enfants qui vivent en Terre Sainte pour les religions révélées continuent de vivre sous une occupation aussi affreuse que brutale. A Bethléem où naquit le Christ, des hommes et femmes oppressés tentent de survivre sous une brutale occupation en violation du Droit international et des simples règles d’humanité. Les admonestations, les critiques sans fondement et les accusations graveleuses contre le Saint-Père, issues de membres du gouvernement d’extrême droite israélien et de leurs alliés n’y feront rien : il y a une puissance occupante qui sème la mort à Gaza et dans les Territoires occupés palestiniens devant l’inertie voire la complicité des grands donneurs de leçons du monde.
L’attaque terroriste du 7 octobre ne justifie pas le nettoyage qui se déroule sous nos yeux à Gaza depuis quatorze mois. Le bilan est terrifiant. Selon des chiffres de l’Onu, 45 059 personnes ont été tuées dont plus de 14 100 enfants depuis le début de l’offensive israélienne. 107 041 personnes ont été blessées dont plus de 23 420 enfants. Et tous les spécialistes affirment que le bilan va s’alourdir, car de nombreux morts sont encore sous les décombres. Selon des sources onusiennes toujours, plus de 10 000 personnes sont portées disparues et seraient probablement sous les décombres d’une enclave que Benjamin Netanyahu a décidé de rendre désormais inhabitable à travers sa destruction pure et simple. Le projet du gouvernement israélien et ses soutiens, à plusieurs reprises revendiqué, est d’obliger les Palestiniens à quitter Gaza. Ceci est le projet sans cesse réitéré de ministres de l’actuel cabinet dirigeant israélien comme Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, tous deux suprémacistes et fascistes décomplexés et revendiqués. Selon l’Unrwa, agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens, 1, 9 million de personnes à Gaza -soit 90% de la population totale- ont été déplacées, parfois jusqu’à dix fois pour certaines, dans une enclave de 41 km de long, de 6 à 12 km de large, d’une superficie totale de 360 km2 dans laquelle vivent 2, 2 millions de personnes. Il faut préciser que toutes les issues de Gaza sont bloquées, ce qui en fait une prison à ciel ouvert pilonnée par les bombes et les chars d’une armée d’occupation. Malgré les images d’horreur d’enfants tués, mutilés et calcinés, la machine à tuer poursuit son œuvre sans que rien ne semble pouvoir ou vouloir l’arrêter. Ni les alertes des historiens et juristes dont certains disent que ce qui se passe à Gaza relève du génocide, ni les immenses manifestations dans quasiment toutes les capitales du monde ne semblent freiner l’ardeur du gouvernement israélien à détruire Gaza.
La Cour internationale de justice, dans son ordonnance du 26 janvier 2024, a affirmé qu’il existait un risque sérieux de génocide à Gaza. Le 21 novembre 2024, la Cpi a lancé des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Galant, pour avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre les Palestiniens à Gaza. Mandats qui évidemment resteront sans effet. Le massacre se poursuit et demain durant la nuit de la Nativité, des enfants palestiniens seront encore bombardés par l’une des plus puissantes armées au monde, au mépris des règles d’engagement, du Droit international et de la simple expression d’une humanité. Les vœux vont affluer de ceux-là qui se parent de discours civilisationnels et de morale ; les mêmes qui réitèrent sans cesse leur soutien financier et militaire sans faille aux Ukrainiens agressés, fermeront les yeux sur Gaza, cimetière du Droit international et peut-être de notre civilisation. Les pays membres de l’Oci eux aussi s’illustrent par leur atonie et face au drame de la région, entre les Territoires palestiniens occupés dévastés et le Liban, agressés avec une violence inouïe. Face à l’injustice et à la brutalité, pour que surgisse à nouveau la paix, je veux relayer cette prière du Pape François, durant l’Angélus. «Dans ces jours qui précèdent Noël, je vous invite à renouveler notre supplication au Seigneur, en Lui demandant d’accorder au monde le don de la paix.»
Sur Gaza, quid du Sénégal, pays phare de la Oumma et allié historique du Peuple palestinien ? L’incompétence, l’impréparation et la médiocrité qui ont élu domicile au cœur de l’Etat ne permettent aucune attente légitime d’une quelconque action symbolique, aussi infime soit-elle. Arracher des mandats d’élus, harceler des patrons de presse et célébrer une statuette en province semblent être leur horizon indépassable. La diplomatie du pixel, du pain et du kérosène ne saurait rapporter rien d’autre que des moqueries et des regards médusés de nos partenaires qui pourtant tenaient jadis en estime le Sénégal.
Je souhaite joyeux Noël aux citoyens de Gaza et de Cisjordanie et prie pour la paix. Aux chrétiens et aux musulmans du Sénégal, je prie pour que de l’abaissement actuel s’arrache un nouveau printemps de lumière, de grâces et de justice.
POST-SCRIPTUM : J’ai une pensée incandescente pour mon ami Moustapha Diakhaté, injustement embastillé, car il a choisi toute sa vie de rester debout, loin des compromissions et de la soumission. Son courage et sa dignité me touchent et même me bouleversent. Ils nous obligent toutes et tous à ne rien céder, à faire face.
À TOUTES LES FEMMES ET HOMMES DE CONSCIENCE DU SENEGAL
Nous avons récemment été profondément touchés par une histoire odieuse concernant une fillette de 9 ans dont l’innocence a été brutalement bafouée par son maître coranique.
Nous avons récemment été profondément touchés par une histoire odieuse concernant une fillette de 9 ans dont l’innocence a été brutalement bafouée par son maître coranique.
Ce drame soulève des questions urgentes sur la protection des enfants et les limites du système éducatif. Il est révoltant de constater qu’une enfant, en pleine croissance, se voit ainsi privée de son droit fondamental à la sécurité et à l’éducation.
En outre, la situation est d’autant plus tragique que l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est interdite au Sénégal, laissant cette fillette dans une impasse, sans recours légal pour prendre des décisions sur son propre corps meurtri, blessé à jamais.
Mesdames et Messieurs, vous avez toutes et tous, une fillette dans votre famille, dans votre entourage ?! Pensez aux conséquences physiques et psychologiques d’un viol sur cette fillette et l’impact d’une grossesse non désirée !
Rappelez-vous que le viol est l’un des crimes les plus tragiques et dévastateurs, en particulier ici dans cette histoire lorsqu’il touche des enfants. Lorsqu’une fillette devient enceinte à la suite d’un viol, les conséquences sont non seulement tragiques mais aussi profondément déroutantes, affectant sa santé physique, mentale et émotionnelle.
Un viol inflige souvent des blessures physiques graves. En plus des lésions, une fille de jeune âge peut être confrontée à des complications telles que des infections, des hémorragies ou des traumatismes internes. Si une grossesse survient, l’accouchement pourrait engendrer des complications supplémentaires, tels que le risque de rupture utérine, étant donné que le corps de l’enfant n’est pas préparé à supporter une grossesse et un accouchement !
Les très jeunes mères, surtout celles qui sont encore en pleine croissance, sont exposées à des risques accrus durant la grossesse. Les probabilités de naissances prématurées, de faible poids à la naissance ou d’autres problèmes de santé du nouveau-né sont élevés. De plus, l’accouchement peut altérer gravement leur santé physique, causant des douleurs chroniques ou d’autres complications obstétricales !
Les conséquences psychologiques entrainent des traumatismes psychologiques immédiats et à long terme. Le viol est déjà en soi un événement traumatisant, et la grossesse qui en résulte peut exacerber ce traumatisme. Les victimes peuvent développer divers troubles psychologiques, notamment le syndrome de stress post-traumatique, l’anxiété, la dépression, et des troubles de l’estime de soi. La prise de conscience d’être enceinte à la suite d’un acte violent peut renforcer la douleur psychologique vécue, entraînant un sentiment de perte de contrôle sur son corps et sa vie.
Les conséquences d’un viol sur une fillette, notamment lorsqu’elle tombe enceinte, sont absolument dévastatrices et multiformes. Les effets physiques vont bien au-delà des blessures immédiates et incluent des risques gravés sur la santé future. De plus, les répercussions psychologiques entraînent un traumatisme prolongé qui peut affecter non seulement la vie de la jeune mère mais également celle de l’enfant à naître.
Il est crucial que la société sénégalaise réponde à ces situations avec empathie, en offrant un soutien médical, psychologique, et social aux victimes. Une approche intégrée est nécessaire pour aider ces jeunes filles à surmonter le traumatisme et à bâtir un avenir plus sûr et plus sain. La sensibilisation, l’éducation, et l’engagement communautaire jouent un rôle essentiel dans la prévention de telles tragédies et dans le soutien des victimes.
Et au-delà de ça, nous devons tous, en tant que société, nous unir pour dénoncer de tels actes et travailler ensemble afin de renforcer les protections pour les enfants. Il est impératif d’encourager une culture de respect et de sécurité dans les écoles, et de soutenir législativement les droits des victimes. Que toutes et tous se lèvent pour dénoncer ceci !
En tant que Sénégalais et membre actif d’une association humanitaire et d’acteurs engagés intervenant régulièrement au Sénégal, j’exprime ma plus profonde indignation face à ce drame inacceptable. Je demande instamment qu’une enquête de police soit ouverte afin d’étudier avec sérieux les circonstances entourant cette affaire. Il est essentiel que justice soit rendue et que tous les responsables soient traduits en justice. De plus, j’appelle à ce que cette fillette soit entendue par des spécialistes de l’enfance, afin de garantir qu’elle bénéficie du soutien psychologique et émotionnel nécessaire pour surmonter cette épreuve traumatisante. Son bien-être doit être notre priorité absolue à toutes et à tous, aussi elle mérite d’être entourée d’experts capables de l’accompagner dans ce processus difficile.
Ne laissons pas cette voix brisée se perdre dans l’indifférence collective. Luttons pour la justice et pour un avenir où chaque enfant peut grandir en sécurité et avec dignité.
Combien d’enfants sont violés chaque jour au Sénégal ? La société doit se mobiliser pour protéger les enfants et assurer leur sécurité. Nous ne pouvons tolérer que des actes de violence restent impunis. Ensemble, œuvrons pour faire entendre la voix des victimes et instaurer une culture de protection des droits des enfants
Nous vivons une époque où l’engagement et la solidarité sont plus que jamais nécessaires. C’est avec une profonde détermination que nous appelons chacun d’entre vous à œuvrer pour le bien-être collectif et à promouvoir des valeurs de justice, d’égalité et de paix. Mesdames, Messieurs, citoyennes, citoyens du Sénégal réagissez !
Mesdames, Messieurs, votre rôle en tant que leaders sociaux et politiques est crucial ! Vous avez le pouvoir d’inspirer, de rassembler et de transformer la société.
Que votre engagement pour la bienveillance et l’empathie guide vos actions et décisions.
Ensemble, faisons du Sénégal un modèle de solidarité et donc de prospérité
Par Lamine CISSE
NTC-JARDINS RESPONSABLE PROJETS HUMANITAIRES SÉNÉGAL
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
BATTEZ, BATTEZ LE TAM-TAM DE LUMIÈRE, LE TAM-TAM DE NOTRE HISTOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - À travers l’histoire de la tradition ancestrale et celle des langues africaines, Doudou Ndiaye Rose Junior, héritier du Sabar paternel, partage ses connaissances dans un domaine qu’il maîtrise de tout son corps, de son esprit
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Doudou Ndiaye Rose Junior fixe ici la transmission « je ne peux me permettre d’écrire cet ouvrage sans parler de mon père, celui sans qui je n’aurai aucune clé pour transmettre sur le Sabar. Cet homme, mon père, Doudou Ndiaye Coumba Rose, grand tambour major ».
En interprète savant, Doudou Ndiaye Rose Junior fait du Sabar un art majeur qu’il veut transmettre par son savoir, son savoir-faire et une pratique incroyable et multidimensionnelle.
Le sabar, l’art du tambour et de la danse au Sénégal, possède une histoire millénaire qui s’inscrit de manière belle dans notre patrimoine historique et culturel.
Cette pratique traditionnelle ancestrale est synonyme de symboles puissants du récit africain. C’est ce que nous fait redécouvrir Doudou Ndiaye Rose Junior dans son ouvrage intitulé De la vocalisation des tambours aux expressions dansées - L’essence du Sabar révélée dans tous ses états.
À travers l’histoire des groupes sociaux, de la tradition ancestrale et celle des langues africaines, Doudou Ndiaye Rose Junior, héritier du Sabar paternel, partage sa passion et ses connaissances dans un domaine qu’il maîtrise de tout son corps, de tout son cœur et de son esprit. Profondément artiste et enraciné dans le cercle ancestral de la transmission de cet héritage unique légué par une généalogie impressionnante, Doudou Ndiaye Rose Junior propose de rétablir la genèse du Sabar, véritable discipline artistique et culturelle, issue du rythme traditionnel africain et portant des valeurs et des symboles qui sont bien loin de l’imagerie du simple divertissement exotique souvent décrit par la société occidentale.
En effet, la pratique du Sabar appartient à des rites ancestraux qui avaient fonction d’éducation sociale et de transmission culturelle et patrimoniale. C’était également un rite fort de communication et d’échanges.
À travers le langage, le rythme, l’oralité, le corps et la danse, le Sabar est une expression artistique qui communique des symboles de l’histoire africaine. Quand on en saisit la complexité, on est émerveillé de cette combinaison transdisciplinaire qui va au-delà de la simple représentation. Le Sabar est histoire, le Sabar est rythme, le Sabar est langage, le Sabar est poésie, le Sabar est oralité, le Sabar est savoir, le Sabar est science. Et c’est cette alliance plurielle qui en fait sa beauté.
En effet, le Sabar s’inscrit dans un mouvement culturel de la société sénégalaise lors de nombreuses fêtes et cérémonies. Mais Doudou Ndiaye Rose Junior, en interprète savant, en fait un art majeur qu’il veut transmettre par son savoir, son savoir-faire et une pratique incroyable et multidimensionnelle.
Ainsi, il interroge les fonctions profondes du Sabar en nous plongeant dans son histoire qui s’attache à réveiller notre patrimoine social, culturel et artistique africain.
Ce livre est un trésor documentaire en la matière et je ne peux que saluer ce travail prodigieux qui, à travers notamment la richesse de nos langues nationales, décline toute l’expression combinatoire de cet art exceptionnel.
Le Sabar, cette danse traditionnelle alliée au tambour, instrument parlant et communiquant, est un tam-tam de lumière dans notre cosmogonie africaine. Il est pour moi incarnation, signification et poésie car il transmet notre tissu mémoriel de manière intemporelle et universelle.
Doudou Ndiaye Rose Junior souligne que « jouer du tambour, c’est forger » et cette image métaphorique me parle infiniment. Il dit encore que, dans l’art du sabar, « le cerveau et le corps ne font qu’un » et je partage amplement cette idée. Il dit aussi que pour parvenir à l’exercice absolu de son art, « il faut devenir son instrument », magnifique parole qui me transporte dans des ciels de rêve, dans des ciels de créativité.
Ce sont aussi pour lui « les mots du tambour et l’esprit de la danse » qui l’habitent en permanence, cette histoire se conjugue à mon verbe épris de liberté et de poésie.
Cet ouvrage est un livre indispensable pour reformer notre récit culturel patrimonial et je suis captivé par cette œuvre minutieuse, précise et transversale dans la compréhension de notre univers cosmogonique, et qui tient compte des va-et-vient culturels et spatio-temporels.
En fin de volume, Doudou Ndiaye Rose Junior indique plusieurs techniques de la danse du Sabar et ce lexique artistique et technique est celui d’un créateur expert qui partage sa connaissance profonde et son savoir-faire. Cette démarche, à la fois artistique et pédagogique, est selon moi inédite dans ce domaine.
En lisant ces lignes appartenant à notre héritage culturel ancestral, je suis ému de voir combien le grand artiste qu’est Doudou Ndiaye Rose Junior, qui brille telle une étoile transnationale, contribue à inscrire notre récit renouvelé, magnifié et participant ainsi à notre renaissance culturelle.
Amadou Elimane Kane est enseignant et poète, écrivain
De la vocalisation des tambours aux expressions dansées… L’essence du Sabar dans tous ses états, Doudou Ndiaye Rose Junior, essai, Lys Bleu éditions, 2024, ISBN : 979-10-422-3611-3
1,3 MILLION DE PERSONNES EN SITUATION D’INSECURITE ALIMENTAIRE
La campagne de commercialisation de l’arachide a timidement démarré. Deux semaines après son lancement officiel, l’arachide est introuvable (Cf, la Une du Quotidien du mercredi 18 novembre 2024)
La campagne de commercialisation de l’arachide a timidement démarré. Deux semaines après son lancement officiel, l’arachide est introuvable (Cf, la Une du Quotidien du mercredi 18 novembre 2024). En témoigne, à Ziguinchor, par exemple, la Sonacos qui annonce avoir collecté 380 tonnes sur un objectif compris entre 80 et 100 mille tonnes. A Tambacounda, dans une partie de la région de Kolda, ainsi que dans la zone centre, notamment Kaolack, Fatick et Kaffrine, la campagne est pour le moment jugée morose. Peu de points de collecte sont fonctionnels dans ces régions du Sud-est et du bassin arachidier. Un ami habitant à Nioro m’a dit : «Bachir, nous à Nioro, quartier Nouroulaye, tout agriculteur qui avait 1000 kg l’année dernière, cette année tu as au maximum 200 kg avec les mêmes surfaces cultivées. Notre famille avait l’an dernier 3000 kg ; cette année, on a eu 500 kg. Chez mon oncle, il avait 4600 kg, cette année, ce sont 1300 kg.» Et l’ami de conclure : «En tout cas, mon intime conviction est que si le pays dépasse 500 000 tonnes, ça me surprendra.» Un autre ami, plus pessimiste, prédit que «nous n’allons pas atteindre les 300 000 tonnes d’arachide». «J’ai semé 250 kg de graines d’arachide et je n’ai récolté que 4 sacs», ajoute-t-il.
Pourtant, le ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne, annonce une production de l’ordre de 700 à 800 mille tonnes d’arachide. C’est la pire production depuis 10 ans. L’on retiendra que l’année dernière, le Sénégal avait produit 1, 5 million de tonnes d’arachide. Chiffre que le ministre de l’Agriculture a rejeté parce qu’étant des «chiffres falsifiés sous Macky Sall». Si Ousmane Sonko conteste les chiffres de la dette et du déficit budgétaire, normal que son ministre de l’Agriculture accuse ses collaborateurs d’avoir fourni de fausses statistiques agricoles.
Au regard de la baisse drastique de la production arachidière (malgré un prix au producteur théoriquement plus rémunérateur de 305 francs Cfa contre 280 l’année dernière), qu’en est-il de la production céréalière ? Pour l’instant, les chiffres de la production céréalière ne sont pas officiellement annoncés. C’est comme si Mabouba Diagne cherchait à cacher à l’opinion les (mauvais ?) résultats de son département. L’on se rappelle qu’à sa nomination, volontariste, Diagne annonçait des «productions record» pour cette campagne, à grand renfort de communication tapageuse et de propagande populiste, avec en sus l’intervention de l’Armée dans la distribution des intrants. En effet, à cette période de l’année, le chiffres de la campagne agricole sont disponibles et font même l’objet d’une communication en Conseil des ministres, ou tout au moins en Conseil interministériel de préparation de la campagne de commercialisation. Mais face à la mauvaise qualité des semences et de l’engrais, de la pluviométrie qui a subi de longues pauses qui ont impacté les récoltes, et surtout le débordement du fleuve Sénégal, les résultats agricoles s’annoncent «très mauvais», d’après des spécialistes du secteur. Souhaitons qu’à l’heure du bilan, le ministre Mabouba Diagne ne fasse pas comme son collègue qui invoquait «l’hivernage des autres» pour justifier les carences de l’Etat dans la lutte contre les inondations.
94 197 personnes à secourir d’urgence
Déjà au mois d’octobre ou à tout le moins dans la première semaine du mois de novembre, les experts du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss) se retrouvent pour travailler avec les services de la statistique agricole afin de consolider et confirmer les résultats. Mabouba Diagne cache-t-il aux Sénégalais que nous allons vers des périodes difficiles à cause de la mauvaise production agricole de cette année ? D’après des spécialistes du Cilss, nous risquons d’avoir 1, 3 million de Sénégalais en situation d’insécurité alimentaire «critique à pire» entre mai, juin et juillet 2025 !
D’après des données non encore publiées, 1 334 132 personnes seront dans une situation d’insécurité alimentaire de niveau 3, c’est-à-dire de la phase 3 à 5 dans le classement du Cadre harmonisé du Cilss. Et 94 197 personnes, principalement localisées dans les départements de Tambacounda et Koumpentoum, seront même dans la phase 4 d’urgence. En détail, le département de Podor arrive en tête avec 147 756 (29%) cas d’insécurité alimentaire critique, suivi de Tambacounda 104 347 (23%), Matam 102 342 (25%), Kanel 86 730 (24%), Goudiry 46 355 (25%) et Malem Hodar 33 293 (23%).
En comparaison à l’année 2023, la «situation alimentaire (était) meilleure que celle de novembre 2022. Par rapport à novembre 2022, la proportion de personnes en sécurité alimentaire (phase minimale) en novembre 2023 a augmenté de 15%, passant de 68 à 83%. Celles en insécurité alimentaire modérée (sous pression) ont diminué de 12%. La population en insécurité alimentaire sévère (phase crise à pire) connaît également une baisse de 3%». En effet, d’après le Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (Se/Cnsa), seules 846 467 personnes étaient concernées par l’insécurité alimentaire modérée. Et d’ajouter : «Contrairement à l’analyse de novembre 2022, aucun département n’a été déclaré en crise pour la période courante de l’analyse du Ch du mois de novembre 2023. L’amélioration de la situation alimentaire en novembre 2023 est imputable à une bonne production agricole. Les résultats provisoires de la campagne agricole 2023-2024 ont montré au plan national, une hausse de 16% de la production céréalière par rapport à la campagne 2022-2023 et de 29, 8% par rapport à la moyenne des 5 dernières années au plan national. Concernant les cultures de rente, la production arachidière a augmenté de 12, 5% par rapport à la campagne écoulée et de 3, 2% par rapport à la moyenne quinquennale. Par rapport à la campagne 2022-2023 et à la moyenne des 5 dernières années, la production de niébé a haussé respectivement de 42, 2% et 6, 8%.»
Le Cadre harmonisé, l’outil fédérateur de collecte de données
Faut-il le rappeler, le Cadre harmonisé est un outil fédérateur des Etats membres de la Cedeao confié au Cilss. Tous les partenaires sont d’accord pour l’utiliser comme seul outil qui permette de faire une méta-analyse des données existantes, estimer les populations qui sont en insécurité alimentaire pendant la phase courante et la phase projetée. Par phase courante, il faut comprendre l’analyse du Cadre harmonisé aux mois d’octobre, novembre et décembre. Par phase projetée, il faut comprendre la projection sur la période juin, juillet et août de l’année en cours.
Et dans chaque pays, une structure assure l’ancrage institutionnel avec le Sap (Système d’alerte précoce). Au Sénégal, c’est le Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (Se/Cnsa) qui assure la coordination de la mise en œuvre du Cadre harmonisé. Et qui, à son tour, coordonne toutes les organisations, les structures qui interviennent dans le domaine (structures étatiques, Ong). En clair, ce n’est pas le Sap qui s’isole pour faire ses données, mais bien en coordination avec tous les intervenant que les résultats sont élaborés. Pour conduire l’analyse, c’est de manière ouverte. Il y a les données des enquêtes de sécurité alimentaire (Pam, Save The Children…) et les données de la production agricole. L’analyse est faite par unité administrative. La plus reconnue est le niveau département pour le Sénégal, ou province pour d’autres pays. Les données sont analysées selon 5 nivaux de sévérité alimentaire et nutritionnelle. Le premier niveau, c’est la phase minimale, quand plus de 80% de la population ne présentent pas des difficultés en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle. La phase 2, appelée «phase sous pression» ou «phase stress», c’est quand le ménage arrive à couvrir ses besoins alimentaires et nutritionnels en faisant preuve de stratégies d’adaptation. Cela représente 20% de la population. La troisième phase, c’est la phase critique, et il y a un problème de sécurité alimentaire car les ménages arrivent difficilement à couvrir leurs besoins de consommation. Généralement, c’est à partir de cette phase qu’on arrive à déceler la malnutrition chez l’enfant. La phase 4 correspond à la phase urgence. La dernière phase, c’est la phase catastrophique alimentaire. C’est quand tout est épuisé, avec des taux de malnutrition assez élevés.
«La production agricole a chuté, notamment les céréales»
C’est dire que la situation d’1, 3 million de Sénégalais compris entre les phases 3 et 4 en alerte plus d’un. D’après certains experts du secteur agricole, c’est un euphémisme de dire que la production est très mauvaise. «C’est une situation un peu difficile. Ça fait longtemps que je n’ai pas vu des chiffres comme ça au Sénégal.
C’est une situation d’insécurité alimentaire aiguë», dit l’un des experts avec qui nous nous sommes entretenus. «1, 3 million de personnes avec 74 000 en urgence, c’est quelque chose qui peut faire tiquer pour des gens qui ont l’habitude de voir des situations minimalistes pour le Sénégal», ajoute un autre. «Ce qu’on a compris, c’est que cette année, il y a les inondations ordinaires et la montée du fleuve Sénégal comme causes de cette situation. La deuxième raison, c’est la baisse de la production agricole. La production agricole a chuté, notamment les céréales», explique notre interlocuteur. Dommage que ces explications ne viennent pas d’un service officiel du gouvernement.
L’insécurité alimentaire correspond au fait de ne pas avoir accès de manière régulière à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante. Et l’année dernière, l’assistance alimentaire de l’Etat et de ses partenaires a été déterminante. Durant la soudure de 2023 (juin-juillet-août), le Programme alimentaire mondial (Pam), l’Ong Action contre la faim (Acf) et le Fonds de solidarité nationale (Fsn) ont mobilisé 4 334 360 000 F Cfa pour venir en aide aux populations, à travers la distribution de cash. Par le biais de la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale (Dgpsn), l’Etat du Sénégal est venu en aide à 368 591 ménages entre mai et septembre 2023 pour un montant de 32 447 200 000 F Cfa à travers les projets de filets sociaux.
Par Abdoulaye DABO
PAPE THIAW A L'ABATTOIR DES COUPES SOMBRES
On pensait que le choix du nouveau sélectionneur national ne serait qu'une simple formalité à remplir. Juste une mise forme entre la fédération sénégalaise de football et le ministère des Sports. Le discours de Nala Soce Fall, a été sans ambages
On pensait que le choix du nouveau sélectionneur national ne serait qu'une simple formalité à remplir. Juste une mise forme entre la fédération sénégalaise de football et le ministère des Sports. Comme un dossier bien ficelé qui passerait comme lettre à la poste. Comme un prétendant en roue libre. Mais à présent, on a l'impression d'être devant un nœud avec encore quelques fils à dénouer. Des monticules brusquement apparues à contourner. Pape Thiaw devrait se préparer à des coupes sombres en ce qui concerne son traitement salarial. Le discours de Nala Soce Fall, conseiller technique de la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, a été sans ambages. Au cours de sa dernière sortie dans Galaxie Sports sur la RTS, il a affirmé que Pape Thiaw, choix fédéral à l'unanimité, à la faveur d'une réunion de son comité exécutif, nanti d'une caution populaire, ne saurait prétendre au même traitement que son prédécesseur.
Pour le même job avec le même volume de travail et soumis aux mêmes contraintes, le nouveau prétendant devrait revoir ses prétentions à la baisse à l'échelle des valeurs. À moins de rejoindre ceux-là qui pensent que le Malawi, le Burundi et le Burkina sont des dos d'ânes qu'on a pris pour de vrais podiums. C'est tout un enthousiasme populaire qui est ainsi brisé suite à ces propos de Nala Fall qui enveloppent subtilement les vraies intentions du ministère des Sports. Pape Thiaw est ainsi placé, malgré lui, entre deux feux. D'un côté, une Fédération de football acquise à la cause de l'intérimaire qui a lui a taillé des critères sur mesure et lui a déroulé le tapis rouge. Au cours de dernière réunion du ComEx qui s'est penchée sur le dossier, il y a eu un unanimisme autour du dossier de Pape Thiaw. De l'autre, un accueil plus ou moins différent qui contraste d'avec l'enthousiasme que cette candidature a soulevé dans les milieux sportifs. Si ce n'est pas encore un grand fossé entre l'attente et la désillusion, l'existence d'une prochaine fissure ne fait l'objet d'aucun doute. Celui qui fait office de potentiel successeur de Aliou Cissé n'est pas encore totalement adoubé du côté du département ministériel. Il est encore loin du chemin qui mène sur le banc. Il devait franchir un obstacle un futur gros obstacle. Celui lié à son traitement financier. Le conseiller technique de la ministre prône un traitement graduel en fonction des résultats dans un souci d'équité entre les disciplines. Une attitude qui pose la question entre le poste et le statut, entre le profil et le rang. Plus qu'un simple poste, c'est tout un statut pour son rôle et son importance qui lui confèrent de facto, un standing digne du nom avec tous les avantages qui s'y attachent. En lui assignant des objectifs à atteindre, le département des Sports s'engage en même temps à participer à l'atteinte de ces objectifs. Le choix d'un entraîneur national, au-delà de son caractère purement technique, revêt aussi d'autres critères tout aussi importants pour lui créer un environnement propice à la performance. Notamment, l'aspect image qui inclut tous les avantages liés à l'exercice correct de son travail. Le Sénégal n'était pas classé au rang des pays qui payaient le mieux leur sélectionneur. Nos coaches étaient plutôt des « smicards » sur le continent. De là, à s'attendre à de nouveaux coupe- sombres, on ne semble pas faire dans la vraie rupture.
Par Abdoulaye DABO Journaliste
Par Fadel DIA
MAYOTTE-EN-FRANCE !
Le cyclone Chido révèle aux Français l'existence d'un département méconnu dont même la population reste un mystère. 'À Mayotte, confie une députée, on sous-estime autant les vivants que les morts
Il y a près de cinquante ans la France opérait ce qui n’était rien moins qu’un holdup territorial, en détachant l’ile de Mayotte des autres composantes de ce qui constituait les Comores, pour en faire une dépendance ultra marine. Si cet évènement nous interpelle encore, c’est qu’il suit d’autres rapts qui ont eu des fortunes diverses.
L e premier nous concerne de près, puisque c’est la tentative de détacher la presqu’ile du Cap Vert du reste du Sénégal en faisant miroiter à la collectivité léboue un projet de protectorat indigène sous l’ombrelle française, alors que le motif principal de l’ancienne métropole était de conserver à son usage, la base militaire stratégique et le port de Dakar qui était alors le premier de la sous-région. Pour son malheur, elle avait affaire à un nationaliste intransigeant, Mamadou Dia, qui a paré au coup en transférant la capitale du Sénégal de Saint-Louis à Dakar, au risque de mécontenter les populations de la vieille ville. Le deuxième coup a mieux réussi et nous ne nous en sommes pas encore relevés puisqu’il est à l’origine de la balkanisation des anciennes fédérations d’AOF et d’AEF. Le succès fut mitigé puisque si le projet a empêché la création d’une grande fédération du Mali avec 4 ou 5 membres, il a permis à la Guinée d’accéder à l’indépendance dès 1958 et qu’au bout de quelques années, la communauté franco-africaine a volé aux éclats.
Le rapt de Mayotte n’a évidemment aucun fondement historique, l’ile n’était pas seulement une partie intégrante d’un seul archipel, mais c’est autour d’elle que s’était créée une colonie française dont elle abritait la capitale et en l’en soustrayant, c’est comme si on coupait la tête des Comores. S’il y a une Grande Comore c’est parce qu’il y en avait de petites, dont Mayotte, qui constituaient un archipel peuplé par les mêmes populations venues des côtes d’Afrique orientale ou de Madagascar qui avaient les mêmes cultures et partageaient la même foi. La France est régulièrement condamnée aux Nations Unies pour y avoir cautionné un référendum sécessionniste et comme l’histoire se répète quelquefois, c’est elle aujourd’hui, et l’Union Européenne en général, qui vouent la Russie aux gémonies pour avoir usé du même procédé en Crimée et dans l’est de l’Ukraine.
Les Mahorais qui avaient cédé aux sirènes françaises rêvaient de voir leur territoire transformé en ile des Maldives du Canal de Mozambique, grâce à ses 1100km2 de lagons, ses 195 km de barrière récifale, ses 170 plages de sable, ses 200 km de sentiers, sans compter son incomparable richesse d’espèces végétales. Cinquante ans plus tard Mayotte a le visage d’une Haïti du nord de l’Océan Indien, y compris en insécurité. Le taux de pauvreté est de 86%, le niveau de vie y est sept fois plus faible que la moyenne française et son seul titre de gloire est de posséder « le plus grand bidonville d’Europe ! » Sa superficie n’est pourtant que la moitié de celle de la commune d’Arles, en France, mais il y a encore, faute de routes praticables, des villages inaccessibles aux secouristes et dont les habitants n’ont encore reçu aucune aide alimentaire, cinq jours après une catastrophe qui est la plus grave que l’ile ait connue depuis un siècle.
Le cyclone Chido a au moins le mérite d’avoir fait découvrir aux Français un petit territoire érigé en département français il y a treize ans mais dont personne ne connait le chiffre exact de la population : 320.000 ? 520.000 ? Personne ne sait car à Mayotte, dit une de ses députées, « on a toujours sous-estimé aussi bien les vivants que les morts ! ». Gaza peut faire chaque jour le bilan des personnes tuées par les bombardements israéliens tandis qu’à Mayotte, cinq jours après le passage de Chido, on en est encore à de vagues estimations, jamais réactualisées, du nombre des victimes : une trentaine selon les chiffres officiels, alors que selon certains habitants des centaines de corps restent ensevelis sous les décombres et dégagent une odeur de putréfaction.
La vérité c’est que près de cinquante ans après son annexion, un malentendu demeure sur les relations de l’ile avec la France, le statut de ses habitants, la nature et la dimension de ses besoins. Pour le Premier Ministre, François Bayrou, Mayotte se trouve « hors du territoire national ». Pour le président Macron, qui lors d’un précédent voyage avait ironisé lourdement sur les kwasa- kwasa, les bateaux de pêche locaux qui « ne ramènent pas du poisson mais du Comorien ! », les Mahorais ne sont que des gens qui ont la chance de vivre en France. C’est le sens de ses paroles tenues par un homme qui aime les bains de foules mais qui contrairement au Roi d’Espagne ne sait pas tenir ses nerfs et qui était en plein délire face à des Mahorais qui criaient leur détresse : « Vous êtes contents d’être en France… Si ce n’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! » Un président de la République devrait-il s’exprimer ainsi face à tant de détresse. Puisque la Corse et Mayotte ont été acquises par la France par le même procédé, Macron oserait-il tenir un tel discours devant des manifestants Corses ?
Pourtant les Mahorais ne réclament ni autoroutes ni piscines, ce qu’ils demandent c’est de l’eau, un repas, un abri pour se protéger. Quand le président de la République croit pouvoir tout régler en 4 heures de visite, quand il se vante d’avoir débarqué avec 4 tonnes d’aliments et de médicaments, quand la ministre de la Santé promet de pré positionner 10.000 doses de vaccins contre le choléra, quand le Premier Ministre annonce qu’il va tout reconstruire en deux ans, on peut se poser la question de savoir si en France on a une idée de l’ampleur des besoins des Mahorais qui sont plus de 300.000 sur un territoire de moins de 400 km2, pour lesquels trouver de l’eau à boire est depuis des années, un combat de tous les jours, dont les habitations sont détruites à 80% et dont le pays n’est pas à reconstruire mais à construire ! « Je ne peux plus regarder mon ile » a crié un Mahorais impuissant face au désastre. Espérons que les autorités françaises regarderont enfin Mayotte les yeux dans les yeux !
Pour terminer par une note optimiste, saluons le formidable élan de solidarité envers les sinistrés qui se propage en France, porté par des Français qui ne sont pas seulement d’origine mahoraise, par des communes ou des institutions. C’est une chose que nous ne savons pas faire et dans des cas similaires nous nous contentons souvent, dans le meilleur des cas, de dire « ndeysaan » et de nous en tenir là. Il y a quelques semaines la Gambie, la Falémé, le Sénégal ont débordé de leurs lits comme jamais ils ne l’ont fait depuis 1958, détruisant des centaines d’habitations, inondant des champs et jetant dans le désarroi des dizaines de milliers de personnes et pourtant, à quelques rares exceptions près, nous n’avons rien fait qui soit à la hauteur de cette catastrophe. Pas même une journée de deuil national !
par l'éditorialiste de seneplus, Benoit Ngom
DIOMAYE, DIOUF ET LE SOFT POWER DU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Les similitudes entre les deux présidents éclairent d'un jour nouveau la diplomatie sénégalaise. Leur rencontre de juin dernier signe la fin d'une tradition où chaque nouveau régime prétendait réinventer le pays
La visite que le président Diomaye Faye a rendu à Paris, au mois de juin dernier, à l'ancien président Abdou Diouf mérite d'être saluée comme une marque de respect, de considération, mais aussi comme l’expression de la reconnaissance d'une sorte de "droit d'ainesse " ancrée dans nos traditions, et enfin et surtout une affirmation solennelle du principe républicain de la continuité de l'Etat.
Ce faisant, le président Faye a voulu rompre avec cette désastreuse "tradition" qui voulait que chaque nouveau régime se soit senti presque dans l'obligation d'agir comme si l'histoire du pays commençait avec lui.
Cette pratique dommageable et contre-productive a fait de beaucoup de nos compatriotes des citoyens dépourvus de tout souvenir. Or, une société composée de citoyens qui ont oublié leurs traditions et qu’une mauvaise pratique politique empêche de pouvoir se référer à leur mémoire historique immédiate n'a aucune chance de fonder des valeurs de civilisation sur les quelles ancrer son destin. En vérité, croire que l'arrivée d'une nouvelle personne a la magistrature suprême du Sénégal peut à elle seule, quelle que soit sa valeur, expliquer le prestige international de notre pays, c’est refuser de voir la vérité en face. C’est aussi empêcher à la jeune génération de comprendre que les grandes civilisations que nous admirons aujourd'hui ont été construites pierre après pierre.
Le prestige et l'influence du Sénégal, la réalité de son Soft Power, nous le devons à la clairvoyance de nos dirigeants qui ont su inspirer à des diplomates chevronnés des actions fondées sur nos valeurs fondamentales de civilisation. Le prestige du Sénégal au niveau mondial, nous le devons aussi à la sagesse de sa Nation, à la lucidité de sa classe politique, à la conscience élevée de ses citoyens qui, en l'espace d'une génération, ont pu montrer leur maturité en réalisant trois alternances de régimes, avec panache, dans un continent où l’instabilité politique est la règle. Le prestige du Sénégal, nous le devons enfin à la perception qu’a son peuple de l'enseignement et de la pratique des différents guides historiques et actuels des communautés religieuses du pays.
Pour toutes ces raisons, nous devons accepter, avec lucidité, que chacune des différentes personnalités qui ont présidé aux destinées du Sénégal, en fonction des réalités économiques et politiques du moment, a essayé de maintenir le pays sur les rails de la stabilité sans laquelle aucun espoir de développement n'est possible. Ainsi de Senghor à Abdou Diouf en passant par Abdoulaye Wade et Macky Sall, la volonté de garder le Sénégal debout et fier parmi les nations a été le massif d'ancrage de leurs politiques respectives. C’est pourquoi, au nom d'un sursaut intellectuel et patriotique, essayons de reconnaître à chacun d'entre eux sa contribution au développement culturel, politique et humain de notre nation.
L'amnésie sélective, le snobisme de la contestation tous azimuts, sont un danger pour tout peuple qui aspire à jouer dans la cour des grands. A ce sujet, l'ouvrage collectif que des juristes sénégalais et étrangers ont rédigé, en hommage à Abdou Diouf, que vient de publier les "éditions Librairie juridique africaine *" nous a inspiré quelques remarques et réflexions sur les similarités entre les présidents Diomaye Faye et Abdou Diouf en termes de parcours, visions, postures et convictions, qui témoignent de leur engagement pour un leadership politique et diplomatique du Sénégal au niveau africain et international.
A cet égard, il convient de noter que les deux présidents ont appartenu à la haute administration, et que si le président Faye, à l’âge de 44 ans, est incontestablement le plus jeune président élu du Sénégal, le président Diouf, au moment où il succède à Senghor, qui volontairement avait écourté son mandat électif, avait 45 ans. L'acte le plus significatif du président Faye dès son élection a été de se démettre de toute responsabilité dans son parti Pastef qui venait de le porter avec brio à la tête du Sénégal. Rappelons, que malgré le contexte tumultueux de l'époque, Abdou Diouf avait jugé en 1996 que si le Sénégal voulait être un Etat démocratique moderne et jouer dans la cour des grands, le président de la République ne devait plus être un chef de parti. En ce sens, c’est tout heureux que le président Faye, après une longue parenthèse, ait repris à son compte cette marque de fabrique des grandes démocraties.
La volonté de consacrer l'Etat de droit, afin que la justice sauvegarde les droits et libertés du citoyen a été immédiatement affirmé par le nouveau gouvernement de Faye et Sonko en organisant comme sa première manifestation d’envergure, les "Assises de la Justice "et en proclamant la redevabilité et la lutte contre l'impunité comme les deux faces de la médaille du nouveau régime. Sur ce point, si le président Diouf n’a pas réussi à atteindre ses objectifs avec la CREI, il a tenu à ce que le Sénégal fut le premier pays à ratifié le statut de Rome qui fonda la Cour Pénale Internationale.
Les deux hommes se rejoignent aussi dans leur ferme volonté d'être mus par de seules considérations patriotiques, dès lors qu'il s'agit de porter au niveau de l'arène internationales les fils du Sénégal les plus méritants qui sollicitent leur soutien. C'est comme cela que j'ai compris toute la solennité avec laquelle Mme Yacine Fall, ministre de l’intégration africaine et des Affaires Étrangères a entouré le soutien de l'ancien ministre, Amadou Hott, candidat à la présidence de la BAD, en invitant à joindre l’équipe de campagne des personnalités qui ont fait leurs preuves dans les anciens régimes.
Cette démarche peut être l'expression d'une volonté de redynamiser une diplomatie sénégalaise au long cours, dont le rappel de ses hauts faits nous paraît utile dans cette période, où notre continent cherche les moyens de parler d'une voix forte pour être entendu là où le sort du monde se décide, au Conseil de Sécurité de l'ONU. En ce sens, il convient de rappeler à la jeune génération les prouesses de la diplomatie sénégalaise dans le temps.
En 1974, Amadou Mactar Mbow fut le premier africain élu à la tête de l'Unesco. Que l'ouverture de Cour Internationale de Justice aux Juristes Africains se fera avec l'élection du magistrat sénégalais Isaac Forster en 1964. Ce qui ne sera qu'une étape dans les manifestations des capacités des diplomates du Sénégal qui réussiront à faire élire une deuxième fois un Sénégalais en la personne du juge Kéba Mbaye en 1981 à cette même Cour. Ce qui pour un pays de la taille du Sénégal était incontestablement une prouesse.
Le Sénégal, pays en majorité musulmane, qui a donné de grands érudits à la Ummah Islamique devait être selon ses dirigeants, plus visible dans la gouvernance internationale du monde Islamique et assurer plus de présence dans ses activités culturelles et politiques. Grace à de l’entregent de sa diplomatie, le Sénégal réussira à élire en 1975 son ancien ministre des Affaires Étrangères Karim Gaye en qualité Secrétaire Général de l'OCI avant d'organiser quelques années plus tard, en 1991, le Sommet de l'Organisation de la Conférence Islamique au Sénégal.
Cette détermination à placer les Sénégalais dans la galaxie des Administrateurs de la société internationale va être réaffirmée par l'élection en 1993 de Jacques Diouf en qualité de Directeur Général de la FAO.
Enfin, le nouveau président Faye a fait remarquer, dès son accession au pouvoir sa détermination à mobiliser sa diplomatie au service de la consolidation de l'intégration africaine comme le montre son engagement à sauvegarder l’intégrité de la CEDEAO, organisation dont l'un des acquis les plus importants, le Protocole sur la libre circulation des biens et des personnes, a été signé en 1979 à Dakar. Cet engagement digne du rôle que le Sénégal a toujours voulu jouer en faveur de l'unité et du développement de l'Afrique mérite d'être soutenu.
La volonté panafricaine de soutenir les grandes causes de notre continent en réarmant intellectuellement et moralement nos compatriotes grâce à l’incarnation d'une autodétermination, et d'une souveraineté fondées sur la réappropriation de notre histoire, explique certainement, les initiatives du président Faye et son gouvernement par rapport au massacre de Thiaroye ou de l’inauguration à Thiès de la statue de Lat dior Damel du Cayor.
C'est au nom du triomphe de la cause des Noirs, que le Sénégal fut le premier pays en 1976 à soutenir les revendications du gouvernement provisoire de Papouasie Nouvelle Guinée. Ce qui fit dire au Prix Nobel Wole Soyinka, que ce soutien faisait de Senghor un président qui "méritait une place d’honneur".
C’est cette même fibre patriotique qui amena le Sénégal à se dresser contre le régime de l'Apartheid qui permit à une minorité de blancs soutenus par certains pays occidentaux de perpétuer une féroce domination sur la majorité noire.
Ainsi quand Mandela visita le Sénégal avant son arrestation par le régime sud-africain, Senghor décida de reconnaître son mouvement, l'ANC en octroyant à son bureau de représentation au Sénégal un statut Diplomatique. Abdou Diouf suivra cette voie de la continuité de l'Etat et de la pérennisation des valeurs de solidarité active et de Téranga en offrant, pour la première fois aux membres de l'ANC et aux libéraux blancs, l’opportunité d'engager le dialogue, à Dakar en 1987. Cette rencontre valut au Sénégal beaucoup de prestige international et d'amitié de la part de Nelson Mandela.
L'orientation que le président Faye et son premier ministre Ousmane Sonko ont commencé à imprimer aux relations internationales du Sénégal mérite d'être consolidée par la mobilisation des patriotes expérimentés et de bonne volonté, car elle peut à n'en point douter, renforcer le Soft Power du pays en permettant un redéploiement très significatif d’une diplomatie sénégalaise fondée sur la continuité de l'Etat et sur le patriotisme au service de le l’intégration africaine.
Le tandem Diomaye-Sonko, l'étoile la plus brillante de la constellation des nouvelles forces souverainistes africaines, dont la réussite du "Projet" pourrait être le premier jalon vers la renaissance de l'Afrique, doit essayer de fonder son action sur les acquis glorieux légués par les anciens, sur la compétence et la bonne volonté d'une jeunesse patriotique.
Benoit S Ngom est président de l’Académie Diplomatique Africaine.
Hommage à Abdou Diouf, éditions librairie juridique africaine, décembre 2024.
Par Abdoul Aly KANE
LE SENEGAL ENTRE CRISE DE LA DETTE ET SOUVERAINETE ECONOMIQUE
Deux rapports d’institutions financières majeures ont attiré notre attention ces temps derniers. Il s’agit du « Rapport Pays » 2024 de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de celui de la Banque Mondiale sur la dette.
Deux rapports d’institutions financières majeures ont attiré notre attention ces temps derniers. Il s’agit du « Rapport Pays » 2024 de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de celui de la Banque Mondiale sur la dette.
Ces rapports tranchent d’avec ceux du passé, en ce qu’ils sont éloignés du dithyrambe habituel sur la « robustesse » de la croissance économique d’un Sénégal au seuil de l’émergence économique. Dette et transformation structurelle font l’objet d’un examen critique, voilant à peine les responsabilités du régime précédent en la matière. Sur les infrastructures du PSE, la BAD conclut avec sévérité qu’elles n’ont pas permis d’atteindre les objectifs de croissance espérés, encore moins de mettre le pays sur Les rails d’une émergence économique prévue pour 2035.
En voici quelques extraits :
« Sur la période 2014-2023, l’économie du Sénégal a connu un dynamisme sans précèdent, se traduisant par un taux de croissance moyen annuel de 5,3% contre 3.1% entre 2004 et 2013. Cette performance s’explique par la mise en œuvre d’infrastructures majeures. Cependant cette croissance ne semble pas s’opérer dans un processus plus inclusif à travers une amélioration de la productivité. Le rythme de croissance impulsé par le Plan Sénégal Emergent (PSE) ne semble pas avoir créé des emplois en quantité et en qualité suffisantes pour réduire la pauvreté et les inégalités. Cette situation montre également que les investissements structurels mis en œuvre n’auraient pas encore atteint le niveau susceptible d’impulser la transformation structurelle du pays. Le financement de cette croissance soulève des questions de viabilité des finances publiques; La construction des infrastructures, à travers le financement extérieur, a entrainé une hausse significative de la dette publique qui est passée de 20 % du PIB en 2008 à 80 % en 2023. Les taux d’intérêt élevés dus à la perception du risque des pays africains et des notations défavorables des agences de notation internationales, ont renchéri le service de la dette qui représente plus de 33% des recettes publiques en 2023 et devient alors l’un des postes les plus importants du budget, réduisant significativement l’espace budgétaire ».
Concernant la situation de l’économie, le rapport poursuit. Ces propos se passent de commentaire. Là où le rapport parle de « niveau » insuffisant d’investissements, nous aurions préféré que l‘on dise plutôt « inefficience » dans le choix des investissements. En effet, pour l’essentiel, ceux-ci n’ont pas impulsé un rythme soutenu de croissance endogène par transformation industrielle, ni généré des retours financiers qui auraient permis l’allègement de l’encours global de la dette. Les autorités en charge des finances ont préféré, en cas de besoin, la « reprofiler » en usant de la « cavalerie financière »
Le rapport de la Banque mondiale, quant à lui, est concentré sur la dette. Celle-ci de par son ampleur, saperait l’efficacité du budget de l’Etat, avec près du 1/3 des dépenses consacrées au paiement de la dette. Le rapport sur la dette arrive chronologiquement dans un contexte de contestation par le Premier Ministre Ousmane Sonko, du montant de 15 000 milliards de FCFA annoncé par l’équipe sortante.
Schémas initiaux bouleversés
L’institution financière intervenant en dernier ressort, aggrave la note en avançant le chiffre de 24 889 milliards de FCFA, soit un accroissement de 66% par rapport à l’encours initial.
A notre sens, la conséquence la plus dommageable est que cette réévaluation intervient dans le contexte de la mise en œuvre de la 1ère phase (2025-2029) de l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 » dont le financement est estimé à 18 500 milliards de francs CFA. En effet, ces nouveaux chiffres vont sans doute bouleverser les schémas initiaux de mise en œuvre de ce projet, parce qu’ils auront été élaborés à partir de statistiques erronées, en particulier ceux relatifs à la capacité d’endettement.
La Banque mondiale ajoute que « l’architecture financière internationale actuelle ne serait pas très favorable pour le financement de la transformation structurelle du Sénégal, du fait de la perception du risque sur le marché international des capitaux, des notations défavorables des agences financières internationales ».
Au-delà de la dette, le rapport admet également que les investissements structurels mis en œuvre n’ont pas permis d’atteindre le niveau susceptible d’impulser la transformation structurelle du pays. A notre sens, il conviendrait sur ce point de parler « d’efficience » au lieu de « niveau de mise en œuvre » ; car il ne s’agit pas de persévérer dans la réalisation d’infrastructures de prestige ruineuses, mais de réorienter les investissements vers des infrastructures économiquement structurantes. Ce propos sonne comme un désaveu du PSE, dont le financement a multiplié la dette du pays par 8 depuis 2012.
De ces rapports découlent les constats suivants :
-La croissance économique générée sur la période n’a pas créé d’emplois significatifs, le secteur informel demeure le principal pourvoyeur d’emplois du pays (90% des emplois).
-Cette croissance est erratique, sujette à variations en fonction de la croissance agricole et de la bonne rémunération de nos ressources minières et naturelles (Or non monétaire, titane, zircon, produits de la pêche, phosphates, arachide, tourisme etc.) pour l’essentiel exportées sans transformation ou peu transformées. Faute de valeur ajourée, les revenus d’exportation n’ont pas l’impact financier suffisant pour faire face au service de la dette et à la couverture des besoins essentiels des populations ;
-La croissance ne vient pas des entreprises industrielles, mais du secteur des services (banque, assurances, tourisme etc), et faiblement du secteur industriel et agricole.
-La croissance n’est pas tirée par le secteur privé local.
-Les institutions multilatérales conviennent d’ailleurs que : « L’accès au financement demeure un goulet d’étranglement majeur qui entrave la transformation structurelle », ce qui revient à dire que le secteur privé n’est pas mis dans les conditions de jouer son rôle d’acteur principal de l’émergence économique.
Ceci est une forme de reconnaissance du rôle de secteur privé dans la transformation structurelle ; or le secteur privé local est financièrement réprimé par le système bancaire, en particulier par des banques mues par le profit immédiat, ayant une préférence pour des remplois liquides non risqués, prises en étau entre les normes prudentielles dissuasives de la BCEAO et les lenteurs dans les décisions de justices lorsque des contentieux surviennent.
Cette question qui touche à la politique monétaire et bancaire, est d’ailleurs en contradiction avec la recommandation faite à la BCEAO, de « persister dans le resserrement monétaire » pour la maitrise de l’inflation.
La croissance sous sa forme actuelle, est appauvrissante du fait du poids du service de la dette sur des budgets étriqués, aux recettes rabotées par la sous-valorisation de nos richesses naturelles et minières.
L’étroitesse budgétaire conduit à arbitrer entre le règlement à bonne date des échéances d’emprunts et la nécessité de couvrir les dépenses sociales essentielles (éducation, santé et protection des populations contre la vie chère).
Cette dette est de plus en plus décriée parce qu’insoutenable pour les économies, ce qui conduit depuis quelques temps les partenaires financiers à prôner la réforme de l’architecture financière internationale actuelle.
Cette idée portée par les institutions de Bretton Woods, est de plus en plus agitée, compte tenu du développement incontrôlé des marchés financiers, dont les états sont devenus les clients, et qui jouent un rôle d’amplification des crises financières systémiques depuis 2008.
La croissance est portée par l’état via la réalisation d’infrastructures et non par le secteur privé. L’Etat s’est complu dans la posture d’un état keynésien initiateur de grands travaux, générateurs de croissance. Aussi la dette est devenue abyssale (133% du RNB), ce qui milite en faveur des tenants d’un abandon de créances
Il y a 26 ans, c’était l’initiative PPTE, dispositif global de réduction de la dette des pays pauvres très endettés mis en place par le FMI et la Banque Mondiale.
Aujourd’hui on peut caractériser la situation de « Retour à la case départ », du fait de la charge intolérable du service de la dette sur les budgets nationaux.