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30 avril 2025
Opinions
Par Bachir FOFANA
UMS, REVEILLEZ-VOUS !
Invité dans l’émission «Faram Facce» de Papa Ngagne sur la Tfm, Dr Khadim Bamba Diagne, faisant son commentaire sur les affectations des magistrats, disait «Nioo gueuna deung rond-point» (Ils sont plus tordus qu’un rond-point). Et il le répétera 3 fois
Le 2 octobre dernier, l’émission «Faram Facce» de Papa Ngagne sur la Tfm avait comme invité Dr Khadim Bamba Diagne, Secrétaire permanent du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (CosPetrogaz). Une chose a retenu notre attention : faisant son commentaire sur les affectations des magistrats, le présentateur relance par une question sur les «bannis» de Tambacounda. Et la réponse de Dr Diagne est cinglante : «Nioo gueuna deung rond-point» (Ils sont plus tordus qu’un rond-point). Et il le répétera trois fois.
Face à ce qui ressemble manifestement à de l’outrage à magistrat, nous nous attendions à une interpellation en bonne et due forme comme pour Cheikh Yérim Seck, Kader Dia, Bougane Guèye Dany ou le Commissaire Keïta. Ou tout au moins à une sortie de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) pour une condamnation de ces propos.
Cependant, il est à constater pour le déplorer que les dénonciations de cette organisation soient vraiment à géométrie variable. Par le passé, l’Ums s’en était violement prise à Serigne Bassirou Guèye, alors procureur de la République, et a été très silencieuse face à Souleymane Téliko qui avait pourtant commis la même «faute». En effet, après la relaxe en première instance de Aïda Ndiongue, poursuivie pour détournement présumé de deniers publics, d’escroquerie sur les deniers publics dans le dossier des produits phytosanitaires relatifs aux marchés lancés dans le cadre de la lutte contre les inondations, Serigne Bassirou Guèye avait fait face à la presse en mai 2015.
Ousmane Sonko a traité Badio Camara de corrompu
C’est pour dire tout de go : «La relaxe de Aïda Ndiongue et Cie nous semble manifestement illégale et même troublante !» Suffisant pour que l’Ums se fende d’un communiqué pour recadrer le Proc. C’est pour dire que les propos tenus dans la presse par le procureur portent atteinte à l’honorabilité des magistrats. L’organisation avait estimé que Serigne Bassirou Guèye n’avait pas le droit de commenter une décision de Justice à travers la presse. Et l’Ums de dire que ces propos du procureur de la République constituaient «un coup dur porté à la Magistrature». Ils jettent également «le discrédit sur l’institution judiciaire» et «violent la séparation des pouvoirs». L’Ums de se désolidariser de tout magistrat qui «viole délibérément et de mauvaise foi son serment». Et pourtant, c’est motus et bouche cousue quand Téliko s’est présenté à la télé pour commenter la décision de Justice concernant Khalifa Sall.
L’on peut dire la même chose avec l’ancien Agent judiciaire de l’Etat qui s’était offusqué des conditions du jugement de Ziguinchor dans le dossier de radiation de Ousmane Sonko des listes électorales. Yoro Moussa Diallo avait vivement critiqué la décision du Tribunal, dénonçant ce qu’il qualifiait d’«atmosphère délétère» durant le procès. Il avait déclaré dans un communiqué : «Cette audience s’est tenue dans des conditions indignes d’un procès équitable.» Suffisant pour que l’Ums étale sa stupéfaction. Non sans condamner vigoureusement les attaques contenues dans ledit communiqué de l’Aje et visant un juge qui, selon elle, «a rendu une décision dans le sens qu’il croit conforme à la loi».
«Parlez-nous de votre leader qui dépasse Mandela»
Que dire alors de la sortie de l’Association des magistrats après la publication, le 20 janvier 2024, de la liste définitive des candidats à la Présidentielle du 25 février 2024 par le Conseil constitutionnel, consacrant l’invalidation de la candidature de Karim Wade, quand les députés du Parti démocratique sénégalais (Pds) ont publié, le lendemain dimanche, une déclaration suivie d’une saisine de l’Assemblée nationale pour la mise en place immédiate d’une commission d’enquête parlementaire contre deux membres de la haute juridiction pour des soupçons de corruption ? «Suite à la décision du Conseil constitutionnel établissant la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle du 25 février 2024, un groupe parlementaire d’un parti politique a cru devoir s’attaquer ouvertement à deux éminents membres de cette haute juridiction pour des soupçons de corruption et de conflit d’intérêts. Sous ce prétexte, l’Assemblée nationale a été convoquée en séance plénière pour la mise en place d’une commission parlementaire ayant pour mission de les entendre. L’Ums, tout en apportant son soutien indéfectible aux collègues concernés, condamne vigoureusement une telle démarche attentatoire au principe de la séparation des pouvoirs et constitutive d’un précédent dangereux pour l’indépendance de la Justice», s’était insurgé le Bureau exécutif de l’Ums dans un communiqué. Pourtant, Ousmane Sonko, du haut de son grand cinéma au Grand Théâtre le 10 juin 2024, avait ouvertement traité le président du Conseil constitutionnel de corrompu et l’Ums était plus que silencieuse, comme elle l’est aujourd’hui avec Khadim Bamba Diagne.
Quand le président de la République Bassirou Diomaye Faye a annulé les dernières décisions du Conseil supérieur de la Magistrature prises par son prédécesseur en toute illégalité (non-respect du parallélisme des formes, qui voudrait qu’on convoque, même pour une consultation à domicile, le Conseil), l’Ums est restée aphone.
Intellectuels organiques pour façonner l’opinion
Le Dr Diagne est-il un défenseur du Projet pour bénéficier du regard détourné de l’Ums ? Nous concernant, nous pardonnons ses propos contre certains magistrats. Car le jour où il a osé affirmer que Ousmane Sonko dépasse Nelson Mandela, for intérieurement, nous nous sommes dit «kii loo ko wah toogne ko». Dans une vidéo, il avait déclaré : «J’étais en Afrique du Sud pour une conférence et les Sud-africains m’ont dit «parlez-nous de votre leader qui dépasse Mandela».» C’est quand même fort de café ! Les Sudafricains savent que le leadership de Mandela n’est pas d’être un surhomme, mais sa fécondité : il a créé des leaders comme lui et dans tous les domaines. N’est-ce pas le même Khadim Bamba qui nous avait dit que la validation de la candidature de Bassirou Diomaye Faye avait eu comme effet immédiat la diminution de l’émigration irrégulière ?
Diagne fait partie de la horde d’intellectuels qui se sont malicieusement incrustés dans le système médiatique pour, de l’intérieur et sournoisement, porter la propagande de Pastef. Ce que Antonio Gramsci appelle les «intellectuels organiques». Gramsci définit l’intellectuel organique comme étant celui qui défend les intérêts d’un clan. C’est cet intellectuel qui envahit l’espace public sous le manteau de son expertise qu’il met au service d’une organisation, sa supposée neutralité en bandoulière. En effet, les mouvements révolutionnaires ont besoin d’une théorie pour nourrir leur pratique. C’est la raison pour laquelle toute révolution a donc nécessairement aussi besoin d’intellectuels organiques pour façonner l’opinion. Antonio Gramsci, théoricien communiste de la première moitié du XXème siècle, nous dit que ce qui définit l’intellectuel organique, c’est moins ce qu’il produit (au sens entendu de théoricien, d’essayiste, de philosophe, etc.) que le rôle actif qu’il joue, consciemment ou inconsciemment, au sein de sa classe sociale et plus généralement au sein de la société. Diagne n’est que l’arbre qui cache la forêt pour vendre un Projet.
PAR Jean Pierre Corréa
MULTIPLE PHOTOS
NDIAGA DIAW, LA PASSION DE L’ÉLÉGANCE
Au moment où des jeunes plongent dans l’enfer de l’Atlantique, il est réjouissant qu’un jeune créateur sénégalais, passionné de stylisme et de mode, qui a su s’imposer et chez lui et ensuite à l’étranger, fasse le choix de revenir écrire l’histoire
« Au cœur de chaque maison de couture, une âme se révèle. Ce sont des histoires tissées de passion et d’émotions, où chaque création évoque des rêves inaccessibles. Dans le tourbillon des tissus et des aiguilles, des destins s’entrelacent, illuminant le monde de la mode. Chaque pièce est une œuvre qui raconte une histoire unique, vibrante de vie, d’amour et de dévotion. La haute couture, c’est ainsi un voyage au cœur des émotions, où chaque détail a son importance et où chaque silence résonne. »
Au moment où des jeunes adultes plongent dans l’enfer de l’Atlantique en poussant un « ouf ! » de soulagement, il est réjouissant qu’un jeune créateur sénégalais, passionné de stylisme et de mode, qui a su s’imposer et chez lui et ensuite à l’étranger, fasse le choix de revenir dans son pays, précisément chez lui, là-même où il a grandi, pour encore écrire l’histoire de la vie qu’il mène, fortement inspirée par l’élégance et l’amour du beau, histoire qu’il dépose avec son talent sur des femmes et des hommes, qu’il aime à rendre singuliers et surtout audacieusement libres.
Ndiaga Diaw, qui a créé en 2005 son premier atelier appelé « FIIT », ça ne s’invente pas, est donc revenu au bercail après s’être imposé à Bruxelles dans le monde de la mode à travers son showroom situé, ça ne s’invente pas non plus, « Rue Lebeau ». Portrait d’un homme entre audace et beauté.
Cet homme de 46 ans est né à Dakar et y a grandi, fasciné par les vêtements, et la manière de les porter le plus élégamment possible. Il se découvre une passion, le stylisme, n’ayant pas de prime abord, l’idée d’en faire son métier. De curiosités en éblouissements liés aux fréquentations qu’il tisse dans ce milieu, sa vocation se précise et ses doutes sur son talent se muent en certitudes.
Fitt l’atelier de l’audace
L’homme prend à bras le corps sa passion du stylisme et inaugure en banlieue, à Golf, son premier atelier de couture et de création, et saisit l’opportunité de participer cette année-là au concours Siravision, sélectionné in extremis, lui donnant de créer 5 pièces dans l’urgence, et, la chance ne souriant qu’aux audacieux, Ndiaga Diaw remporte le concours et accède à la notoriété.
N'oubliant pas que « le Génie, c’est 10% de talent et 90% de transpiration », il travaille avec une grande créatrice, qui avait révolutionné le pagne tissé, Claire Kane en l’occurrence, conseille les clients, gère la boutique, investit l’atelier et y découvre avec humilité l’art et les exigences de la coupe, et intègre le processus de création, du dessin au vêtement.
« L’instant Claire Kane », c’est le déclic de l’ambition, c’est l’intime conviction du talent nécessaire à l’éclosion de ses rêves…empreints d’Universel. En 2012 Ndiaga a des envies d’ailleurs, non pas parce s’y trouverait un improbable « El-DO-RADEAU », mais parce qu’il a envie de nouvelles expériences, de se remettre en question autant qu’en perspectives, en se mettant loin, en surplomb de sa vie et de sa zone de confort endogène.
Il part alors à la recherche de lui-même, « lui-même » étant l’endroit « d’où il parle au Monde » et d’où il crée son désir du beau et son offre d’élégance à des femmes et à des hommes en quête de cette singularité que proposent ses créations.
Il était Bruxelles…une fois !!!
Destination Berlin, ville culturellement turbulente et accueillante, ouverte de tous les temps aux artistes du monde entier, mais c’est en Belgique, à Bruxelles notamment, creuset très vivant de créations audacieuses, que Ndiaga Diaw va poser la table de coupe, qui va lui inspirer l’idée même du challenge à emporter, dans un pays où la mode est plus développée que sous nos latitudes. Sans complexes, la foi et la confiance chevillées au cœur, il pénètre cet univers, s’armant au contraire de courage lorsque des Cassandre lui en avaient prédit l’impossibilité. Pouvait-il en être autrement pour l’homme qui n’aimant que la mode, ne sachant faire que ça, était donc condamné à en affronter les difficultés, lesquelles vont paradoxalement le booster et rendre ses certitudes et sa confiance plus affirmées, lui permettant de s’adapter à son nouveau pays, à sa clientèle avide d’étonnements, de goûts nouveaux surprenant leurs sensibilités. La Haute Couture est affaire d’Orfèvres, et les métiers qui concourent à l’attrait que le monde entier lui voue, sont tous d’une exigence professionnelle absolue. Cela vous forge un homme, et les vêtements qu’il invente sont prisés par les hommes et les femmes, ces dernières orientant de plus en plus les coups de son crayon sur la planche à dessins qui dansent entre prêt à porter et haute couture, révélant avec délicatesse et touches subtiles, « La Femme Ndiaga Diaw ».
Un habit ne peut pas être que beau…il doit être bien porté
La « Femme Ndiaga Diaw », c’est une identité qui relève de la force, de la singularité, de l’unique et du transgressif, dont aiment se parer des femmes fortes et indépendantes, exigeant que le vêtement créé par Ndiaga affirme avec grâce quelque chose en elles. Bruxelles lui fait alors toute sa place, lui offrant un bel écrin où il pourra faire briller la Marque Ndiaga Diaw, Rue Lebeau, comme par hasard.
Ses multiples collections et défilés de Haute Couture en attestent : Ndiaga Diaw a étonné Bruxelles. Pourtant un sentiment s’installe de plus en plus excitant dans son esprit, agite ses réflexions, lesquelles peu à peu lui murmurent un tranquille besoin de revenir vers la Source du Rêve, pour établir l’expérience à l’endroit où l’audace a guidé ses pas sur des chemins buissonniers, pour que « FITT » fasse place à la Marque Ndiaga Diaw, comme une boucle bouclée toute en poétique créatrice, puisque le lien ne fut jamais déconnecté entre Bruxelles et Golf. Au fur et à mesure, l’idée germe de revenir créer et dynamiser la Marque Ndiaga Diaw là où FITT était né.
Produire local ne veut pas dire traditionnel
Dans son atelier Dakarois, l’homme s’attèle à créer une nouvelle collection, avec le dessein de l’exporter, mais aussi destinée à plaire aux Sénégalais, tout en précisant que « Produire Local ne veut pas dire Produire Traditionnel », l’ethnique ne détrônant pas les goûts de se vêtir communs, étant persuadé que les Sénégalais et les Africains sont dorénavant « dans le Temps du Monde ».
Les 12 et 13 octobre, Ndiaga Diaw de retour chez lui, accueille le Sénégal dans ses murs et plonge les amoureux du beau et de l’élégance dans le lieu où va désormais vivre sa marque et d’où ses créations vont aller séduire les Sénégalais. Ces deux jours, seront des moments joyeux de « portes ouvertes », sur ses ateliers et son laboratoire, sa salle de coupe, posés au cœur du réacteur d’où surgissent des créations étonnantes et singulières, que porteront de divins et sublimes mannequins.
Ndiaga Diaw affirme et partage son rêve, rendu possible par son audace : « J’avais besoin d’établir ma Marque et de la partager avec les gens de chez moi, de leur dire bienvenue là où j’ai grandi, venez où je vous convie, c’est aussi chez vous. C’est là, tout le sens de mon retour au pays natal ».
Emotions garanties. Venir découvrir la dernière collection Homme et Femme "Dakar 2024" lors de journées portes ouvertes sera donc un bonheur.
Ndiaga Diaw Couture
Ventes privées & Cocktails
Adresse : Rue GS-112, 473 Golf Sud
par Ibrahima Thioye
HONTE ET CULPABILITÉ
Voyage au cœur de ces sentiments complexes, de leurs origines à leurs manifestations, en passant par des conseils pratiques pour les apprivoiser.
John Bradshaw nous rappelle dans son livre S’affranchir de la honte : « La honte est partout ; elle s’avère rusée, puissante et déroutante. Son pouvoir réside dans son caractère obscur et secret » ; « La culpabilité est notre directeur de conscience. Elle nous signale que nous avons transgressé nos valeurs. »
Définitions
La honte et la culpabilité sont des émotions sociales proches. La honte se manifeste par un sentiment d’abaissement de soi aux yeux des autres suite à une expérience perçue comme non conforme à nos idéaux. La culpabilité survient lorsque nous notons un décalage entre notre comportement et les normes morales de notre groupe. Il est important de distinguer la honte normale, qui nous rappelle nos limites, de la honte toxique, fondée sur la dévalorisation de soi. De même, la culpabilité saine permet de reconnaître et de corriger nos fautes, tandis que la culpabilité malsaine devient source de torture mentale, accompagnée de rigidités.
Caractéristiques principales
- La honte touche l’identité de la personne en générant un sentiment douloureux de déficience. La culpabilité est liée à un problème de conduite, confrontant la personne à sa conscience morale.
- Dans la honte, l’écart se situe entre le « moi réel » et le « moi idéal », tandis qu’avec la culpabilité, la tension s’établit entre le moi et le surmoi. Dans la honte, la personne se juge indigne et se dévalorise ; dans la culpabilité, elle se sent fautive et regrette son comportement répréhensible.
- La honte est souvent accompagnée d’une forte composante physique, tandis que la culpabilité génère des pensées torturantes et de la rumination cognitive.
Autres caractéristiques
- La honte est plus archaïque et serait vécue dès la phase narcissique de l’enfance, alors que la culpabilité se manifeste avec le développement de la conscience morale.
- Les sociétés fondées sur des valeurs guerrières et héroïques favorisent une « culture de la honte » dans laquelle honneur, dignité, pudeur et évitement de la honte structurent les comportements, tandis que celles prônant la charité et la compassion tendent à développer une « culture de la culpabilité ».
- On distingue, par ordre d’intensité, la gêne, l’embarras, la honte saine et la honte toxique. De même, la culpabilité malsaine est souvent précédée de la culpabilité saine, des remords et des regrets. Il est plus difficile de confier sa honte que d’évoquer sa culpabilité.
- La honte toxique a un lien avec une mésestime de soi. Elle accompagne souvent les syndromes névrotiques et caractériels.
- Le sentiment inverse de la honte est la fierté. Les sentiments inverses de la culpabilité sont l’innocence et la sérénité.
Exemples
Cas de honte
- Un enfant qui se cache après avoir révélé sa vulnérabilité.
- Un soldat qui dévoile sa peur.
- Un enfant qui ne veut pas que ses camarades de classe découvrent son père qui est très âgé.
Cas de culpabilité
- Ne pas avoir accompli son devoir.
- Sentiment de culpabilité lié au syndrome du survivant.
- Avantages perçus par rapport aux autres.
Mauvaise nouvelle
Les expressions « rouge de honte » et « vert de honte » illustrent le niveau du ressenti. Nous avons tous expérimenté ces émotions de honte et de culpabilité. Leur intensité et leur fréquence dépendent de nombreux facteurs : culture, cercle familial, personnalité, etc. Certaines formes de honte toxique trouvent leur origine dans le système familial. Une fois intériorisée, la honte a le pouvoir d’enchaîner toutes les autres émotions. C’est pourquoi on l’appelle « l’émotion maîtresse ».
Bonne nouvelle
Grâce au travail intérieur, il est possible de tirer parti des fonctions utiles de ces émotions tout en évitant leurs aspects nocifs. Un manque de honte entraîne une rupture avec la pudeur, tandis qu’un excès de honte peut plonger dans la tristesse profonde. De même, peu de culpabilité peut conduire à la transgression des règles, et trop de culpabilité au perfectionnisme. Chaque personne doit apprendre à placer le « curseur » émotionnel au bon endroit.
Utilité des émotions de honte et de culpabilité
Ces émotions jouent un rôle essentiel dans l’intégration sociale. La honte nous aide à préserver notre identité au sein du groupe et à anticiper les rejets éventuels. Elle nous incite à nous adapter et à rester ouverts à de nouveaux horizons. Elle peut également être source de hautes performances, car une perception de médiocrité ou d’anormalité intérieure peut pousser un individu à exceller. La culpabilité, quant à elle, favorise le lien social et contribue à la qualité du vivre-ensemble.
Nocivité des émotions de honte et de culpabilité
Lorsque ces émotions se dérèglent, elles peuvent devenir paralysantes. La honte toxique entraîne un sentiment d’infériorité, et la culpabilité malsaine peut mener à des comportements manipulateurs ou imprudents. Ces émotions, mal gérées, peuvent nous priver de nos ressources intérieures et conduire à des décisions dangereuses.
Gestion des émotions
Pour gérer la honte toxique et la culpabilité malsaine, il est important de :
Confier sa honte pour réduire les ruminations et transformer la honte en embarras.
Accepter de se détendre (face à la culpabilité).
Apprendre à bien délimiter les frontières de responsabilité (ni culpabilité, ni honte, ni fierté pour des choses qui ne dépendent pas de nous).
Extérioriser ses voix intérieures et intégrer les différentes parties de soi-même.
Apprendre à relativiser les événements de la vie (cf. « Si », de Rudyard Kipling).
S’aimer soi-même en s’acceptant entièrement et inconditionnellement ; pratiquer l’empathie et la compassion envers soi-même.
Savoir demander et offrir le pardon.
Par Cheikh MBOW
POUR UNE ECOLE INCLUSIVE DE QUALITE, DU VIVRE-ENSEMBLE ET DE LA COHESION NATIONALE
En ce début d’année 2024 – 2025, la COSYDEP se félicite de la mobilisation exceptionnelle des acteurs et partenaires pour une rentrée scolaire réussie. Ce déploiement a permis de constater des défis complexes à adresser collectivement.
En ce début d’année 2024 – 2025, la COSYDEP se félicite de la mobilisation exceptionnelle des acteurs et partenaires pour une rentrée scolaire réussie. Ce déploiement a permis de constater des défis complexes à adresser collectivement. Dans le suivi des décisions du conseil interministériel sur la rentrée, l’arrêté n° 024 830 a été finalement publié le 8 octobre 2024. Reconnaissant la complexité de la question, la Coalition s’est interrogée sur la méthodologie adoptée et la portée du texte.
Après analyse de l’arrêté par ses instances, la COSYDEP :
a. Salue la référence aux textes régissant les conditions d'une éducation inclusive, garantissant le libre accès de tous les enfants à l’école ; la protection, la sécurité et la santé des enfants ; les droits et obligations des acteurs ;
b. Note le rappel utile des principes directeurs des règlements intérieurs des établissements publics et privés d’éducation et de formation du Sénégal ;
c. Réaffirme sa conviction que l’espace scolaire doit être le lieu par excellence de consolidation des principes élémentaires du vivre ensemble, de la compréhension mutuelle et surtout de la consolidation de la cohésion nationale ;
d. Considère, par conséquent, qu’aucun différend inter religieux ou inter ethnique ne devrait avoir pour source l’école ;
e. Estime qu’un règlement intérieur doit certes s’appuyer sur les réalités locales, mais il doit surtout se fonder sur les textes supérieurs, en rapport avec le type d’école autorisé : école publique ; école privée laïque ; école privée franco arabe ; école privée catholique ; école privée confessionnelle (Daara, séminaire).
Par ailleurs, la Coalition considère que le Sénégal est un modèle de laïcité éprouvé, qui n’a rien à envier à quelques autres modèles que ce soit ; le modèle sénégalais est une fierté à valoriser. C’est pourquoi, plusieurs acteurs, dont la COSYDEP, se sentent mal à l’aise de constater que la question du voile à l’école ait pris les relents d’un débat public inter religieux.
Sur la base de ces considérations, la COSYDEP recommande de :
1. Privilégier le dialogue direct entre l’administration scolaire et les parties prenantes face à toute question sensible liée notamment aux croyances et à la foi ;
2. Soutenir les comités de Gestion des écoles et établissements à élaborer de manière inclusive leur règlement intérieur, sur la base des principes directeurs, avec l’encadrement de l’autorité académique ;
3. Mobiliser les ressources et énergies pour le parachèvement de la rentrée scolaire, la mise aux normes des écoles, la prise en charge des milliers d’Enfants hors structures éducatives, le processus de concertation sur les réformes annoncées intégrant tout enjeu d’actualité, le renforcement du dispositif d’encadrement et de régulation de toutes les offres d’éducation ;
4. Renforcer l’offre publique d’éducation à partir de ce qui oriente les parents vers d’autres offres pour une solution durable (rigueur et discipline, effectif et stabilité, environnement d’apprentissage et performances, …).
L’école ne saurait être la source d’un quelconque différend inter religieux ou inter ethnique, ... Au contraire, elle est attendue à la consolidation de la cohésion sociale, à renforcer sa dimension humaniste, à veiller à la correction de la tenue, au respect de l’autre, au sens de la solidarité, à l’engagement dans les études.
L’école, Notre Parti
La COSYDEP s’engage, se mobilise et mobilise
Par Alassane Bèye
ELECTIONS LEGISLATIVES ANTICIPEES AU SENEGAL, RISQUES ET AVANTAGES D'UNE DECISION TRES POLITIQUE
Alassane Bèye explique à The Conversation Africa les tenants et les aboutissants de la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation d’élections législatives anticipées le 17 novembre 2024.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé, le 12 septembre 2024, la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation d’élections législatives anticipées le 17 novembre 2024. La coalition de partis au pouvoir entre 2012 et mars 2024 (Benno Bokk Yaakaar dirigée par l'ancien président Macky Sall) détenait, jusqu'à l'annonce de cette décision, une fragile majorité (83 sur 165 députés) à l'Assemblée nationale. La coalition de l'opposition dirigée par Ousmane Sonko l'actuel Premier ministre comptait quant à elle 80 députés. Le président Faye, élu en mars 2024, avec un peu plus de 54 % des suffrages a décidé de rebattre les cartes pour se donner une majorité parlementaire. Plus de 40 listes sont en compétition pour les 165 sièges à pourvoir. L'actuel Premier ministre Ousmane Sonko devra croiser le fer avec l'ancien président Macky Sall, son ancien Premier ministre Amadou Ba ainsi que le maire de Dakar, Barthlémy Dias, qui dirigent chacun une liste. Alassane Bèye, dont les recherches portent, entre autres, sur les dynamiques électorales au Sénégal, explique à The Conversation Africa les tenants et les aboutissants de cette décision.
D’UN POINT DE VUE POLITIQUE, QUE SIGNIFIE LA DISSOLUTION DE L'ASSEMBLEE NATIONALE ?
La dissolution de l’Assemblée nationale est une prérogative constitutionnelle reconnue au président de la République dans la Constitution sénégalaise. Le régime politique sénégalais reconnaît l’existence de moyens d’action réciproques entre les pouvoirs exécutif et législatif. Concrètement, cela signifie que si l’Assemblée nationale a la possibilité de renverser le gouvernement par le vote d’une motion de censure, l’exécutif a également la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale. Cependant, ces relations entre l’exécutif et le législatif sont encadrées. La possibilité de dissolution ne peut intervenir qu’après deux ans de législature. En réalité, le président a usé de ce droit, que lui confère la Constitution, pour surmonter un « blocage institutionnel » favorisé par l’absence d’une majorité parlementaire à l’Assemblée contrôlée par la coalition Benno Bokk Yaakaar du président Sall.
CETTE DECISION VOUS PARAIT-ELLE JUSTIFIEE D'UN POINT DE VUE STRICTEMENT POLITIQUE ?
Sur le plan politique la décision de la majorité présidentielle de dissoudre l’Assemblée nationale est défendable. En fait, elle est justifiée car la configuration du parlement qui ne permettait pas au régime en place d’engager les réformes souhaitées et de mettre en œuvre les politiques publiques ficelées et proposées aux électeurs lors de l’élection présidentielle de mars 2024.
QUELLES SONT LES PROCHAINES ETAPES APRES LA DISSOLUTION ?
L’article 87 de la Constitution du Sénégal, qui reconnaît au président de la République le pouvoir de dissolution et encadre la procédure associée, stipule qu'après la dissolution, le président doit prendre un décret convoquant le corps électoral, en fixant la date des élections législatives. C’est exactement ce que le président a fait. Cependant, comme il s’agissait d’élections anticipées, le président a dû saisir le Conseil constitutionnel afin de déterminer comment concilier le caractère urgent des élections avec les dispositions de la Constitution et du code électoral. Dans ce contexte, le Conseil constitutionnel a estimé que le parrainage électoral - mode de présélection des candidats par des élus, des électeurs ou des citoyens -, pourtant obligatoire, ne pouvait pas s’appliquer lors de ces consultations électorales. La date des élections étant retenue, il reste le dépôt et la réception des candidatures, le contentieux pré-électoral, les opérations de vote, la proclamation des résultats et enfin l’ouverture du contentieux post-électoral au besoin
QUELS SONT LES RISQUES ET AVANTAGES D'UNE TELLE DISSOLUTION POUR LE POUVOIR ?
Cette décision comporte quelques risques pour le pouvoir en place.
• Même si cela risque d’être compliqué, l'opposition pourrait remporter les élections législatives et imposer une cohabitation au pouvoir en place. Dans ce cas de figure, les rapports de force vont s’inverser. L’opposition aura la possibilité de former un gouvernement, de choisir un Premier ministre et de contrôler efficacement l’action de l’exécutif.
• Autre scénario : le pouvoir pourrait gagner avec une majorité précaire, ce qui ne lui permettrait pas de faire adopter les réformes et les projets proposés aux électeurs lors de l’élection présidentielle.
• Des frustrations pourraient aussi naître au sein du pouvoir en raison des arbitrages du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF, parti du président Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko) concernant le choix des candidats lors des investitures.
• La décision du PASTEF de se présenter sans coalition entraîne déjà des tensions dans les rangs de la coalition Diomaye Président, celle-là même qui l'a porté au pouvoir en mars 2024. Mais la dissolution comporte, à l'inverse, des avantages :
• La possibilité pour la coalition au pouvoir de disposer d’une majorité confortable lui permettrait de mettre en œuvre les promesses de campagne, telles que la mise en œuvre de politiques publiques et des réformes institutionnelles.
• Une sécurité juridique et une sérénité dans l’action politique du gouvernement grâce à une majorité parlementaire confortable qui enlèvera l’épée de Damoclès d’une motion de censure.
• Partir sous la bannière de PASTEF pourrait offrir une large marge de manœuvre au parti au pouvoir et sécuriser sa majorité parlementaire grâce à la constitution d’un groupe parlementaire homogène.
THECONVERSATION.COM
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
LITTÉRATURE : CITOYENNETÉ ET DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - La vision de l’écrivain doit interagir avec le monde qui l’entoure et qui est en perpétuelle mutation. Et son travail doit s’inscrire dans un combat citoyen, dans un combat démocratique
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 11/10/2024
Dans toute civilisation et son histoire, il existe des vecteurs qu’il convient d’étudier afin de mieux comprendre les fonctionnements d’une société.
La littérature est un terrain immense d’exploration, à la fois dans le domaine culturel et artistique, mais aussi dans sa dimension historique qui façonne nos civilisations.
A travers les époques et les territoires, la littérature constitue un vaste champ d’étude qui mérite quelques éclairages.
L’étymologie du mot « littérature » vient du latin « litteratura » qui signifie tout d’abord « écriture » puis « érudition ». Dans son sens premier, la « littérature » regroupe « l’ensemble des connaissances et de la culture générale ». On voit bien ici que la littérature comprend la somme de tous les savoirs humains dans tous les domaines.
Autrement dit, l’homme de lettres est un érudit capable de s’exprimer sur des sujets très amples. D’autre part, la littérature est aussi une forme d’écrit qui comporte des préoccupations esthétiques qui s’apparentent à une pratique artistique.
La littérature est donc la somme des œuvres écrites sur les connaissances et qui respecte les exigences esthétiques du genre.
Mais cette introduction définitionnelle n’est pas suffisante, il convient également d’observer, à travers l’histoire, l’impact de la littérature sur la culture et l’organisation des civilisations.
On peut donc se demander comment la littérature peut influer sur les agissements d’une société et plus particulièrement ici quel est son rôle dans l’exercice de la citoyenneté et de la démocratie.
Si nous prenons l’exemple de la littérature de l’Égypte pharaonique, celle-ci avait pour principal objet la « maat », c’est-à-dire la justice ou encore la notion de l’équilibre démocratique. Ainsi, on peut dire que c’est un des premiers actes de la citoyenneté dans l’histoire de l’humanité.
L’exercice de la justice, de la démocratie, de la citoyenneté était fortement présent dans la société de l’Égypte pharaonique et ces exigences habitaient tout naturellement la littérature de l’époque. Il y a fort à parier que la littérature elle-même jouait un rôle majeur dans l’orientation humaine et sociale de cette période.
Si l’on regarde du côté de la Grèce antique, qui est une base fondamentale de la culture occidentale, on constate que le travail du philosophe Socrate a puissamment influencé cette civilisation. Socrate avait dans l’idée de travailler pour la conversion morale de ses concitoyens. Il s’était donné pour mission de rendre conscients les Athéniens de leur ignorance en instaurant la science de soi-même. Il n’enseignait pas la rhétorique et vivait pauvrement. Ainsi il s’est imposé aux yeux de tous comme un véritable citoyen, dénué d’intérêt particulier, qui s’interrogeait sérieusement sur la vie politique et s’opposait au caractère démagogique de la démocratie athénienne. Il fut d’ailleurs combattu pour sa rupture avec l’exercice religieux de l’époque qu’il ne reconnaissait pas et fut condamné à mort. Emprisonné, il refusa de s’évader car le respect des lois de la Cité était plus important que sa propre personne.
Un des concepts les plus présents dans la société occidentale et développé par Socrate est la devise « connais-toi toi-même ». Il s’agit ici de s’observer en tant qu’être pensant, en s’élevant au-dessus de ses sentiments particuliers et de ses opinions, qui ne sont la plupart du temps, selon Socrate, qu’une illusion de données. Socrate pensait que l’ignorance de soi-même faisait de l’homme un dépendant ou un esclave de ses opinions. En revanche, la connaissance de soi rend libre et donne à l’homme la capacité de se suffire à lui-même.
On voit bien ici, même si l’on se refuse de systématiser, combien la pensée de Socrate a imprégné la culture occidentale qui s’est approprié, et ce de manière constante, cette figure socratique de la connaissance de soi pour parvenir à une forme équilibrée entre l’existentiel, cher à Sartre, et la libre démocratie partagée par tous.
De même, on peut retrouver cette trace héritière de Socrate dans la vie et l’œuvre de Victor Hugo. Voici un homme qui est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française tout en ayant marqué l’histoire politique du XIXe siècle par ses engagements. Romancier, essayiste, dramaturge, poète et penseur social, Victor Hugo a contribué à faire bouger les lignes conservatrices de la France du XIXe siècle. Réformiste, il souhaitait changer la société en dénonçant violemment l’injustice sociale. Il s’est engagé à la résistance sous toutes ses formes et a été un farouche abolitionniste de la peine de mort. Ainsi toute la littérature de Victor Hugo est empreinte de ses combats et s’inscrit véritablement dans une esthétique engagée qui contribue à faire grandir les connaissances de l’époque. L’œuvre et la personnalité de Victor Hugo ont marqué la société française et les écrivains du XXe siècle qui ont vu en lui une sorte de Socrate moderne qui avait repris le flambeau de la justice et de la démocratie.
Il en va de même pour Aimé Césaire, grand écrivain contemporain, qui reprend à son compte la philosophie socratique du « connais-toi toi-même ». Cahier d’un retour au pays natal est un long plaidoyer de la conscience négro-africaine. Aimé Césaire plonge sa plume dans les racines africaines et le sang de l’esclavage à travers une œuvre magistrale qui se place au-delà de sa propre quête. La déclaration, « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir », est bien la démonstration de la volonté majestueuse d’Aimé Césaire de porter l’histoire à nu du monde noir dans un esprit de justice sincère et qui allie esthétisme littéraire et promesse. La justice écoute aux portes de la beauté, écrit-il encore. D’ailleurs, toute l’œuvre de Césaire est traversée de cette soif, parvenir à l’écriture érudite et littéraire du monde négro-africain tout en demeurant un citoyen à part entière. Ce qu’il tiendra jusqu’à ses derniers jours sans jamais céder à ses propres intérêts mais répondant seulement à la justice de ses concitoyens antillais, de ses frères africains mais aussi de l’humanité toute entière sensibilisée à sa parole poétique et engagée. A ce titre, Aimé Césaire a profondément marqué le paysage littéraire francophone du XXe siècle de manière unique et son œuvre porte la trace monumentale de ses combats. A travers les écrits du poète philosophe martiniquais, on peut mesurer toute la signification du rôle de la littérature dans l’exercice d’une citoyenneté authentique qui se réclame de la liberté des hommes à exprimer ce qu’ils sont pour être au service de la société, de la culture et de la civilisation.
Si l’on regarde de plus près la littérature africaine contemporaine, il existe également des figures qui répondent à cet engagement artistique qui vient caresser les frontières citoyennes et humaines.
Je citerai tout d’abord pour exemple l’auteure Mariama Ba dont on peut dire que Une si longue lettre, ouvrage publié en 1979, a profondément marqué plusieurs générations de la société sénégalaise. Enseignante et militante engagée dans l’éducation et le droit des femmes, Mariama Ba, à travers son œuvre pourtant brève, a réussi à mettre au centre les problématiques de la société sénégalaise et africaine, telles que la polygamie, les castes ou encore l’exploitation des femmes.
Comme pour Victor Hugo ou Aimé Césaire, la littérature est au service de la cause à défendre, comme une sorte de serment qui va au-delà du simple exercice esthétique. Mais encore une fois, ce qui permet l’appropriation du message par les lecteurs est la forme stylistique qui par sa puissance universelle, son authenticité éclaire la vision de l’écrivain qui observe une société qui doit évoluer et se moderniser. La sincérité humaine et littéraire est au cœur de l’œuvre de Mariama Ba, ce qui à coup sûr en assure la légitimité et la longévité. Il y a aussi ici la question de la transmission, ce que propose Mariama Ba est bien de l’ordre éducationnel. Par un sens pédagogique aigu, elle rappelle la question des valeurs humaines, sociales et morales qui ne doivent pas faiblir et provoquer des injustices criantes, notamment à l’égard des femmes. En ce sens, on peut dire que la littérature de Mariama Ba appelle à plus de justice au sein de la société sénégalaise en bousculant les codes et en proposant des ruptures profondes à la fois sociales et littéraires.
L’autre exemple dans la littérature africaine qui offre une alliance entre l’esthétisme et l’engagement est la production d’Aminata Sow Fall. Femme de lettres sénégalaise, romancière, Aminata Sow Fall est l’une des pionnières de la littérature africaine francophone. A travers ses romans, elle porte un regard critique sur la société sénégalaise, alors en pleine mutation, dont elle dénonce l’hypocrisie et l’idéologie patriarcale. Enseignante, Aminata Sow Fall participe également à la valorisation de la littérature, des arts et de la culture au Sénégal. Toute son œuvre [1] et les thèmes qu’elle aborde sont en lien avec les préoccupations de la société sénégalaise. Dans La grève des bàttu, par une construction fictionnelle habile, elle fustige les autorités qui préfèrent ignorer la misère pour développer le tourisme et l’argent-roi. Ainsi, en superposant l’imaginaire qui traverse le réel, l’auteur parvient à ébranler, à remettre en cause le fonctionnement d’un système dont chacun réclame plus de justice et d’équité. Comme Aminata Sow Fall le dit elle-même, « l’artiste n’est pas une tour d’ivoire. Son rêve ne l’empêche pas de sentir le bouillonnement de la Cité ».
Oui, l’artiste, l’écrivain ne vit pas retranché dans un monde irréel dont les personnages qu’il invente ne seraient que des pantins désarticulés. L’expression artistique est une forme d’engagement en soi, sans artifice, ni discours partisan. Au fond, l’expression des œuvres reflète tout simplement l’expression humaine. Et comme il y a autant d’écrivains qu’il y a d’êtres humains, si différents soient-ils, certains se distinguent par une exigence artistique engagée qui bouleverse à la fois le champ littéraire et la structure sociale dans laquelle ils évoluent.
La pensée de Socrate, les pamphlets de Victor Hugo, le souffle poétique d’Aimé Césaire, la sensibilité de Mariama Ba, l’inventivité d’Aminata Sow Fall portent la marque d’éléments fondateurs des valeurs de liberté, de citoyenneté et de démocratie. Chacun en son genre, a participé à l’évolution de la pensée d’une société à travers la littérature et la création.
C’est pourquoi je pense qu’il est nécessaire aujourd’hui, dans le monde qui est le nôtre, parsemé d’imperfections, d’injustices de plus en plus sévères, de dysfonctionnements divers, que les écrivains africains, et aussi plus largement les artistes, doivent travailler pour réveiller les consciences, faire en sorte que l’engagement artistique soit en phase avec les révolutions qui émergent.
La vision de l’écrivain doit interagir avec le monde qui l’entoure et qui est en perpétuelle mutation. Et son travail doit s’inscrire dans un combat citoyen, dans un combat démocratique. Oui, il s’agit bien, à travers la littérature, de contribuer à faire émerger l’esprit africain citoyen, l’esprit africain démocrate. De reconsidérer que les institutions, garantes d’une équité plus solide, puissent nous permettre de nous élever vers la voie de l’harmonie et de la justice.
La littérature, la poésie, l’art en général, doit permettre l’anéantissement de l’adversité malsaine, ces mauvaises habitudes qui ensevelissent la créativité telles que la corruption, le népotisme ou le marchandage éhonté des privilèges.
Oui, la dimension humaine, la démarche citoyenne, l’acte démocratique doivent reprendre le flambeau au sein de nos sociétés et revenir au centre de nos préoccupations. C’est un préalable fort à la dynamique de la renaissance africaine et du développement.
Amadou Elimane Kane est enseignant et poète écrivain.
[1] Les romans d’Aminata Sow Fall sont devenus des classiques de la littérature sénégalaise et sont inscrits dans les programmes d’enseignement.
Par Diagne Fodé Roland
ALLONS UNIS A L'ASSAUT DES ELECTEURS
La liste de notre parti Pastef pour les législatives est publiée. Les candidats à la candidature non retenues doivent absolument surmonter leur déception, ce qui est partie prenante du don de soi dans l’engagement souverainiste.
La liste de notre parti Pastef pour les législatives est publiée. Les candidats à la candidature non retenues doivent absolument surmonter leur déception, ce qui est partie prenante du don de soi dans l’engagement souverainiste. Comme dit dans un article précédent « les difficultés et distorsions lors des candidatures à la candidature relèvent de contradictions secondaires qui doivent être surmontées pour résoudre concrètement la contradiction principale : gagner la majorité dont notre gouvernement souverainiste a besoin pour passer de la transition actuelle à la rupture avec le néocolonialisme et la transformation systémique pour le peuple et par le peuple ». L’enjeu majeur des législatives pour la 15éme législature est donc de doter le nouveau pouvoir souverainiste d’une majorité de députés souverainistes.
La liste de Pastef allie une majorité de fondateurs de Pastef initial au plan départemental et national avant la fusion, des alliés de la coalition Diomaye Président, des militants handicapés de première heure, des militants combatifs réprimés par l’autocratie libérale néocoloniale et des militants de la gauche révolutionnaire historique. Ces futurs députés doivent être à la fois les garants de la victoire présidentielle, les contrôleurs de l’action gouvernementale et les porte-paroles du peuple.
Se mettre en rang de bataille pour faire voter une majorité d’électeurs pour ne pas « vendre la peau de l’ours avant de le tuer » est maintenant la question posée et à résoudre. C’est seulement le soir du 17 novembre 24 qu'une fois que la démocratie du peuple aura parlé que nous pourrons crier victoire.
Même si l’opposition libérale et social-libérale néocoloniale défaite à la présidentielle est dans le désarroi, est paniquée et assommée, même si l’opinion publique est pour donner une majorité à notre président élu, nous devons tenir compte de la jauge de l’abstention pour mesurer le degrés d’adhésion des électeurs à notre projet de transformation systémique et de rupture avec la domination impérialiste.
La présidentielle a montré que le peuple a majoritairement exprimé à la fois son soutien au projet souverainiste mais aussi son rejet de l’autocratie libérale néocoloniale de Macky/APR/BBY. L’émigration piroguière, la cherté de la vie, les passifs sociaux et la dévastation des finances publiques et budgétaires hérités de l’État hors la loi de Macky/APR/BBY sont les premières équations à résoudre dialectiquement en lien avec le jet des bases de la transformation systémique et de la rupture.
Les institutions garantes de la re-mondialisation impérialiste prédatrice que sont les FMI/BM/OMC utilisent tous les moyens possibles et imaginables pour empêcher la réalisation de l’objectif de la souveraineté nationale monétaire, budgétaire, diplomatique et stratégique. Les compromis nécessaires tenant compte du rapport réel des forces entre notre camp souverainiste et le camp néocolonial au plan national et international doivent être inscrits dans la trajectoire du mouvement complexe vers le but souverainiste.
La « transformation systémique » ne se réduit donc pas seulement à la lutte contre la mal-gouvernance, la corruption, le népotisme, la gabegie, les détournements de denier publics et donc l’appropriation privée et personnelle des finances publiques. Elle consiste à souverainiser l’appareil d’État né comme État néocolonial comme prolongement sous une nouvelle forme l’État colonial.
La « rupture » promise nécessite de préparer le peuple à une confrontation inévitable avec l’impérialisme qui ne peut en aucun cas être un « partenaire » à travers les institutions de Brettons Woods (FMI, BM, OMC) avec nos pays, nations, peuples dominés et pillés.
La transition vers la souveraineté nationale est une phase préparatoire dans la longue marche vers l’étape de la transformation systémique et la rupture qui mettent fin à la présence des bases militaires françaises, au franc colonial CFA, à l’accaparement des secteurs clefs de l’économie nationale par les Monopoles capitalistes françafricains, eurafricains et usafricains et aux pillages des richesses nationales de la mer, du sol et du sous sol de notre beau pays. Transformation systémique et rupture contre l’oppression nationale du Sénégal et des Sénégalais, c’est renouer avec le processus de développement endogène que l’esclavage, puis la colonisation et le néocolonialisme ont stoppé pour nous arriver comme derniers wagons à la locomotive de la « globalisation » de l’économie mondiale sous hégémonie de la triade impérialiste pilotée par l’impérialisme états-unien depuis 1945 après les périodes anglo-françaises du XIXéme et première moitié du XXème siècles.
Cette préparation du peuple à la transformation systémique et la rupture est à la fois la tâche des politiques présidentielle et gouvernementale, du parti Pastef et alliés et des députés souverainistes pour lesquels nous appelons à voter majoritairement.
Les publications en cours des audits centraux et sectoriels participent de la préparation des redditions nécessaires des comptes de la mal-gouvernance libérale néocoloniale de Macky/APR/BBY et de la victoire électorale du 17 novembre 2024.
Les actions judiciaires en cours pour faire rendre gorge aux voleurs de la République éclairent le peuple sur la gabegie, le népotisme et les détournements de la bourgeoisie bureaucratique d’État.
La présence sur la liste de Pastef de candidats à la députation de militants accusés mensongèrement de « forces spéciales » que l’ironie populaire tournait en dérision comme « farce spéciale » est un acte symbolique pour que la vérité, toute la vérité soit faite, au-delà de la diversion de la loi d’amnistie, par la justice pour défendre leur dignité et leur honneur.
Notre victoire aux législatives n’est qu’une étape vers notre future victoire aux futures élections locales que le prochain 1er congrès et de fusion du sommet à la base dans Pastef doit démocratiquement préparer.
Alors, tous ensemble dans l’unité, mobilisons nous tous, candidats choisis et non retenus, militants de Pastef initial et récent issu de la fusion du sommet à la base pour prolonger dans les urnes la présidentielle 2024.
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
AU PAYS DE LA PALABRE ETERNELLE
A suivre les réseaux sociaux, on pourrait penser que tout le monde est scotché 24h/24h à son smartphone. Ça publie sur X, « post » sur Facebook et sur d’autres plateformes où l’on risque de se crétiniser plutôt que de se cultiver
S’il y a une médaille olympique que pourrait remporter sans coup férir le Sénégal, ce serait bien celle de la parole improductive. Ça jacasse partout et n’importe où comme des pies et sur n’importe quel sujet.
A suivre les réseaux sociaux, on pourrait penser que tout le monde est scotché 24h/24h à son smartphone. Ça publie sur X, « post » sur Facebook et sur d’autres plateformes où l’on risque de se crétiniser plutôt que de se cultiver. Au niveau de nos télévisions et radios locales, c’est le comble. Tout se déroule entre quatre murs avec des bavardages de grands-places.
Au micro, on trouve des nanas outrageusement maquillées qui ne débitent que des âneries. Aucune production extérieure pour ces télévisions. C’est d’ailleurs trop leur demander. Des palabres, rien que des palabres à longueur de journée et de nuit. On y entend tout sauf des choses qui peuvent éduquer et, par exemple, aider la jeunesse à se forger de bons modèles pas ces malfrats des challenges « glou glou » !
Toujours les mêmes têtes dont l’activité principale est de propager de fausses rumeurs en se pavanant d’une télévision à une autre. Ils ne savent rien mais parlent avec une telle assurance qu’on pourrait leur donner le bon Dieu sans confession. Les gens sont devenus experts en tout si bien que ceux qui sont rompus à la tâche, c’est-à-dire les vrais sachants, préfèrent la fermer en restant loin des médias. Ce charmant pays est le seul au monde où l’on peut voir des émissions qui durent plus de trois heures et durant lesquelles les invités passent leur temps à se chamailler.
Dans un pays où tout est à refaire, de prétendus influenceurs ou journalistes sont toujours prompts à porter des accusations plus farfelues les unes que les autres sur d’honnêtes citoyens sans pour autant avoir une once de vérité sur ce qu’ils avancent. Et ça publie sur X à une vitesse vertigineuse. Vite démentis, les auteurs de ces fake news s’empressent de nous fourguer autre chose. Gare à celui qui les rappellera à l’ordre. Ils abusent de la liberté de presse qui hélas ne les autorise pas à dire n’importe quoi. Mais voilà, ils se prévalent de cette liberté pour faire ce que bon leur semble. C’est d’ailleurs ça qui fait le charme de Galsen
KACCOOR BI - LE TEMOIN
Par El Hadj Boubou SENGHOTE
REPONSE A MONSIEUR AMADOU BAKHAW DIAW, L’HOMME QUI VEUT REINVENTER L’HISTOIRE DU SENEGAL
Nul n’ignore que M. Amadou Bakhaw DIAW cherche encore à narguer les Diolas, les Malinkés, les Fulɓe, les Sérères, les Soninkés et toutes autres ethnies sénégalaises qui sont discriminées de la plus scandaleuse des manières au profit de l'Ethnie Wolof
Au cours d’une émission en wolof de la chaîne de télévision SEN/TV, Monsieur Amadou Bakhaw DIAW a déclaré, entre autres, que :
1)- « L’Association « MBOTAY LEPPY WOLOF » a été créée après qu’il a été constaté que l’Ethnie Wolof est l’objet de discrimination dans l’espace public…Elle a été créée dans le but de mieux faire comprendre aux Sénégalais, que l’Ethnie Wolof est bien une réalité vivante, même si les autorités sénégalaises compétentes veulent nier son existence…Dans le chapitre premier de L’Histoire du Sénégal, il est écrit que ce sont les Ethnies Sérères, Sarakollés et Toucouleurs qui font la Nation sénégalaise, qui constituent le Sénégal. L’Ethnie Wolof a donc été zappée dans ce cadre. Il y est écrit que les Wolofs ne constituent même pas une ethnie ; que le wolof n’est, tout au plus, qu’une langue et non une Ethnie ; que les Wolofs n’ont pas de patronymes. Nous ne comprenons pas pourquoi on déteste à ce point les Wolofs qui représentent pourtant 43% de la population sénégalaise avec 53% de locuteurs qui en ont fait leur première langue… »
Réponse :
Nul n’ignore que M. Amadou Bakhaw DIAW cherche encore à narguer les Diolas, les Malinkés, les Fulɓe, les Sérères, les Soninkés et toutes autres ethnies sénégalaises qui sont discriminées de la plus scandaleuse des manières au profit de la seule Ethnie Wolof. Même dans L’HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL : DES ORIGINES A NOS JOURS », dont la Commission nationale de rédaction était présidée par le Pr Iba Der THIAM, il n’y en avait que pour les Wolofs. Nous l’avions dénoncé à de nombreuses reprises.
C’est une manœuvre de diversion visant à faire croire que les Wolofs sont lésés. L’objectif recherché ici est de faire oublier ou taire les revendications légitimes des autres Ethnies, Fulɓe en tête, pour un traitement égal dans les médias, l’espace public et l’enseignement, entre les langues nationales sénégalaises codifiées, conformément aux dispositions réglementaires et constitutionnelles ce, au prorata du nombre de locuteurs natifs de chacune d’elles !
Même les sourds et aveugles de naissance, savent que tout a été mis en œuvre pour placer le wolof au-dessus de toutes les autres langues du Sénégal, pour lui conférer la préséance sur les autres, aux fins de « wolofiser » la population sénégalaise tout entière ! Nous pouvons illustrer notre propos à ce sujet par maints exemples : vingt-deux (22) émissions dans tous les domaines sur la RTS 1 sont consacrées à la langue wolof (contre une seule émission pour donner quelques informations à chacune des autres langues nationales, du lundi au vendredi); le wolof est choisi avec le français (langue officielle selon la Constitution) pour les discours officiels ; le wolof, le français et l’anglais sont choisis au niveau de l’aéroport international Blaise-DIAGNE, du TER, et à bord de la Compagnie nationale Air Sénégal ; le wolof et le français sont choisis au niveau du BRT appelé encore« SUÑU BRT », etc..
Dans tous les programmes gouvernementaux et dans tout l’espace public, la part belle est accordée au wolof (dans des projets comme Lecture Pour Tous, dans les Centres de santé, les Commissariats de Police, les Brigades de Gendarmerie, les Sociétés comme Orange Afrique/Moyen-Orient, SENELEC, au Théâtre national Daniel Sorano, etc.). Idem dans le choix de noms du genre « Cité Keur Gorgui », ou « Keur Xaleyii », ou « le Programme Xeyu Ndaw Yi », ou « Ndeyu Daara yii », ou « Bajjenu Gox », ou « Woyofal », ou « Suñu BRT », ou « Xèex fèebar, Dàan tilim » sur les véhicules de l’hygiène publique et de la salubrité, ou « Programme Gunngey Daara yii », etc..
La même situation prévaut sur certains documents électoraux sur lesquels mis à part le français, seule la langue wolof est encore écrite (non seulement en caractères latins mais aussi en caractères wolofal !) Même chose encore sur l’autoroute à péage où tout est écrit en wolof, après le français.
Le wolof est également la seule langue dans laquelle les émissions islamiques sont faites sur la RTS 1, avec notamment huit (08) émissions, à savoir : « Xayma-XamXam », « TontuBatàaxal », « Al Bayàan », « Al Miizàan », « Warefu », « Jeggel ak Yermannde », « Tandarma » (durant les 29 à 30 jours de chaque mois de Ramadan, et la dernière-née, Duɗal, un mot pulaar, peut-être pour provoquer plus les Fulɓe) !
Pareillement, excepté la 2STV et « La Radiotélévision Fulɓe», les autres chaînes de télévision sénégalaise font plus de 99% de leurs émissions dans la seule langue wolof ; violant ainsi les dispositions des articles 1er, 5, 7 et 8 de la Constitution sénégalaise auxquels réfèrent les cahiers des charges des radios privées et commerciales encourageant à la diversité ethnolinguistique !
Il en est ainsi également dans « L’HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL : DES ORIGINES A NOS JOURS », ainsi que notre Association KISAL DEEYIRDE PULAAGU avait déjà eu à le dire en 2020 à Monsieur le Président Macky SALL, ancien Chef de l’Etat sénégalais et à feu le Coordonnateur de la Commission nationale pour la rédaction de ladite HISTOIRE. Tout récemment aussi, dans une lettre ouverte adressée le 14 mai 2024 à Son Excellence Monsieur le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, nos Associations « KISAL DEEYIRDE PULAAGU » et « POTAL ƊEMƊE NGENNDIIJE » présidées respectivement par MM. Sammba Jinndaa BAH et Aliw Gelaajo BAH, avaient attiré l’attention sur le fait que, dans les Tomes II et III de « L’HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL : DES ORIGINES A NOS JOURS »:
-a)-Les Fulɓe ne se retrouvaient presque pas dans cette Histoire qui les a banalisés en les présentant, à tort, comme de nouveaux venus au Sénégal, des étrangers sans territoires fixes !
-b)-de la période allant de 1817 à 1914, seuls quelques passages ont été consacrés à Cheikh Oumar Al Foutiyou TALL et, partant aux Fulɓe (Page 174), et de bien pâle manière, disons même : juste pour amuser la galerie !
-c)-dans ce Tome qui est, comme qui dirait, entièrement consacré aux familles religieuses du Sénégal, toutes obédiences confondues, on n’a même pas daigné parler des Almamy qui y auraient mérité au moins un chapitre ; ne serait-ce que pour avoir été les précurseurs de la généralisation de l’enseignement islamique au Sénégal et marqué d’une pierre blanche l’histoire de l’Islam dans ce pays !
-d)-Les Fulɓe ne comprennent pas comment les membres de la Commission nationale de rédaction de L’HISTOIRE GENRALE DU SENEGAL en sont-ils arrivés à « oublier » la dynastie Deeniyaŋke de Koli Teŋella BAH et le Califat almamal, deux périodes charnières dans l’Histoire du Fuuta, partant, du Sénégal voire de l’Afrique. Un Deeniyaŋke qui a sillonné tout le Sénégal de son époque, royalement ignoré ; cependant que d’autres hommes qui, pour la plupart, ne bougeaient que pour leurs propres intérêts sont présentés comme des Héros nationaux !
-e)-Les Fulɓe ne comprennent pas comment des Almamy qui ont mené victorieusement un soulèvement inédit non seulement au Sénégal mais aussi dans toute l’Afrique, ont-ils pu être ignorés dans de ce que l’on présente comme L’HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL ! Des ALMAMY et un MOUVEMENT pourtant plusieurs fois contés dans les ARCHIVES NATIONALES DU SENEGAL !
-f)-En somme, les Fulɓe ne s’expliquent pas la non évocation, dans cette soi-disant HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL, du Fuuta - Tooro que des Historiens ont même présenté comme étant le berceau des populations de la Sénégambie, avant la migration de ses habitants.
Si en dépit de tout cela, on vient encore nous dire que les Wolofs sont lésés dans leurs droits au Sénégal, que les Wolofs y sont des laissés pour compte, ne sont pas considérés au Sénégal, y sont victimes de discrimination, etc., on se doit légitimement de rétorquer : Arrêtez d’injurier l’intelligence des Sénégalais et des hôtes étrangers qui vivent parmi eux ! Et surtout : ne poussez pas les nombreuses Ethnies véritablement discriminées à recourir à d’autres voies pour arracher leurs droits ! Sachez en tout cas que le Pulaar, notre langue, ne mourra jamais ! Nous serons debout pour la défendre! Nous sommes résolument déterminés à ne pas nous laisser enterrer avant l’heure !
Par ailleurs, M. Amadou Bakhaw DIAW a peut-être dû oublier qu’il avait fourni un autre justificatif à la création de l’Association « MBOTAY LEPPY WOLOF » dont il préside aux destinées et qui a été portée sur les fonts baptismaux le mardi 16 juillet 2024, à Dagana. En effet, dans sa déclaration rapportée par l’Agence de Presse sénégalaise (APS) le mercredi 17 juillet 2024, il disait que « MBOTAY LEPPY WOLOF visait « à montrer que le wolof est une ethnie à part entière, comme toutes les autres ethnies du Sénégal et que le vivre-ensemble a toujours été un principe fondamental pour le peuple wolof… » Il ajoutait que « MBOTAY LEPPY WOLOF s’inspire d’associations telles que NDEFLEŊ, qui promeut la langue sérère et TABITAL PULAAGU qui défend la langue pulaar. Comme ces Associations, elle vise à valoriser et diffuser la culture, les traditions et l’histoire du peuple wolof ».
Qui donc de ces deux (2) Amadou Bakhaw DIAW a-t-il raison ?
2)-«Les Egyptologues et les Ethnolinguistes sont unanimes à reconnaître que la langue wolof est unique, qu’elle n’a aucune syntaxe commune avec aucune autre langue sénégambienne ; d’où la fierté des Wolofs de clamer haut et fort que leur langue est unique, est originaire de l’Egypte pharaonique, de Missirah. Cheikh Anta aussi l’a écrit… Nous avons les mêmes verbes et la même grammaire que la langue de l’Egypte pharaonique. Nous pouvons même dire que nous sommes les plus indiqués pour clamer que notre langue est la plus ancienne d’entre toutes… »
Réponse :
Ceci est faux, totalement farfelu ! Aucun Egyptologue ni Ethnolinguiste connu n’a relaté ces choses ! N’attribuez pas la paternité de ces propos à Cheikh Anta DIOP. Respectez au moins la mémoire de l’homme qui repose à Thieytou depuis février 1986 et qui a plutôt écrit dans son livre « NATIONS NEGRES ET CULTURE », quatrième édition juin 2023, Présence africaine, entre autres, concernant la langue wolof, que :
-« La langue sérère a donné naissance à la langue wolof » (page 631) ;
-« …Ainsi le valaf (NDLR : C’est ainsi que le Pr Cheikh Anta DIOP écrit le mot « wolof ») résulterait d’une transformation d’un fond sérère, par un apport congolais essentiellement sara dont le sarakollé ne serait qu’une variante. Mais s’il en est ainsi, le lébu (NDLR : Lire lébou), qui est une variante du valaf, vient aussi du sérère. Tous les mots que nous considérons habituellement comme typiquement lébus, se retrouvent en sérère… » (page 774) ;
-« …Le lébu ne se distingue du valaf que par ce vocabulaire spécial, par un certain accent dit lébu et par l’usage de quelques éléments grammaticaux sérères qui ne sont plus usités en valaf… » (page 775) ;
-« Le wolof serait né de la déformation du sérère par tous ces éléments étrangers : Saras, Sarakollés, Congolais, Toucouleurs, Peuls, Laobés, etc… » (page 786).
Ajoutons que selon d’autres chercheurs, les 70% du vocabulaire wolof seraient empruntés au pulaar et les 20% au sérère.
3)-« La thèse de l’origine égyptienne des Wolofs n’est pas de Cheikh Anta DIOP, mais de la tradition orale des Wolofs, des griots…Nous savons que nous venons de Missirah d’où nous sommes partis pour le Sud-Soudan… »
Réponse :
Feu le Pr Cheikh Anta DIOP est formel en ce qui concerne l’origine du Peuple Valaf :
-« Un examen ethnologique nous permet de dire que le valaf viendrait du sérère. En effet, pour autant que l’on puisse parler d’une race, les Sérères en prennent davantage les caractères» (page 778) ;
-« …En plus de ces noms (NDLR : Les noms sérères et toucouleurs), il en est d’autres que portent les Valafs et qui sont d’origine sara et congolaise » (page 779) ;
-« Chez les Valafs, aucune des sept dynasties régnantes n’est originaire du pays. Les Sogon sont des Socés qui auraient été encore nombreux du temps de Ndiadiane Ndiaye avant d’être refoulés en Casamance. Les Gélvar sont des Sérères du Sine-Saloum. La mère de Déthié Fou Ndiougou, le prince qui a fondé la première dynastie de Damel, était originaire de Vagadou (ancien emplacement de Ghana). La dynastie des Guedj est d’origine populaire : elle naquit après le coup d’Etat que le Cayor ait connu, celui de Damelrat Soukabé, dont la mère était une femme du peuple et venait, disait-on, du côté de la mer, Guedj en Valaf. La dynastie des Bey est une famille ‘’porte-bonheur’’ (d’après l’opinion populaire), dans laquelle les princes aspirant au trône avaient l’habitude de choisir, momentanément, leurs femmes. Les Dorobé, à notre avis, proviennent de la caste, ou de l’ordre célèbre des Torobé qui étaient des Peuls » (page 791) ;
-« …Cette étude démontre que le sang qui coule dans nos veines est un mélange de sang sérère, toucouleur, peul, laobé, congolais, sarakollé et sara (peuple des négresses à plateaux). Dès lors, que reste-t-il du mythe d’une race pure, douée d’une supériorité qui l’incite à traiter les autres de LAKAKAT ? » (page 793).
En clair, les déclarations de M. Amadou Bakhaw DIAW ont été entièrement battues en brèche par les thèses de feu le Pr Cheikh Anta DIOP à qui il aime pourtant se référer ! La tradition qu’il s’empresse d’invoquer aussi, prend le contrepied de ses dires; car d’après certains chercheurs, le mot « walaf » est l’ancêtre du mot « wolof ». Djolof MBENGUE, le fondateur du premier village wolof, se serait établi, avec plusieurs groupes wolofs, « dans ce qu’on appelait alors le pays ‘’LAF’’. En wolof le mot ‘’wa’’ signifie ‘’ceux venant de’’, donc ‘’wa-laf’’ désignait ceux venant du pays ‘’Laf’’. Ce pays ‘’Laf’’ est, avec le royaume du Waalo, l’un des lieux de naissance de l’ethnie wolof. Plus tard le mot walaf devint wolof. »
Donc, aucune des affirmations rappelées supra de M. Amadou Bakhaw DIAW, n’est conforme ni à l’histoire, ni même à la tradition ! En revanche, feu le Pr Cheikh Anta DIOP a bien parlé de l’origine nilotique des Peuls, dans son ouvrage susmentionné:
-« Les Peuls, comme les autres populations de l’Afrique Occidentale, seraient venus d’Egypte » (page 612) ;
-« Comme les autres populations qui composent le peuple nègre, les Toucouleurs sont venus du Bassin du Nil, de la région dite ’’ Soudan anglo-sahélien’’ (page 616) ;
-« Parties du Bassin du Nil en essaims successifs, les populations ont irradié dans toutes les direction. Certains peuples tels que les Sérères et les Toucouleurs seraient allés directement jusqu’à l’Océan Atlantique, alors que d’autres se fixaient dans le Bassin du Congo et dans la région du Tchad ; tandis que les Zoulous allaient jusqu’au Cap et les Traoré jusqu’à Madagascar » (page 786).
Mieux, pour le Pr Cheikh Anta DIOP, des Fulɓe seraient du nombre des Pharaons d’Egypte : « …On pourraitsupposer que les Peuls font partie de ces nombreuses tribus d’où sont sortis des pharaons, au cours de l’histoire, comme c’est le cas aussi pour les tribus sérères des SAR, des SEN, etc. »).
4)-«Nous avons les mêmes patronymes (GAI, NYANG, DENG, DUOP) etc. et les mêmes prénoms (Latdior, etc.) que les Sud-Soudanais. »
Réponse :
Nous trouvons effectivement, au Soudan du Sud, ces patronymes qui s’apparentent aux GAYE, NIANG, DIENG et DIOP de chez nous. Mais ces noms de famille ne sont pas exclusivement d’origine wolof. Tous ces quatre (4) patronymes se retrouvent également chez les Fulɓe (Toucouleurs). Quant au prénom Latdior, nous ne l’avons pas retrouvé chez les Peuples du Soudans ! En revanche, on trouve bien des Hamadi au Soudan du Sud et des Sally au Soudan ; qui sont des prénoms 100% peuls, exclusivement fulɓe.
Encore que cela ne suffit pas à prouver qu’il y ait des Wolofs au Soudan du Sud. Car on ne trouve pas un seul Soudanais du Sud qui parle la langue wolof ; cependant que les Fulɓe parlant le pulaar, ayant les mêmes costumes traditionnels et les mêmes traditions que les Fulɓe du Sénégal et des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Est sont légions au Soudan !
Un autre exemple : On trouve dans les deux Corée une dizaine de patronymes qui sont identiques (aux plans de l’orthographe et de la prononciation) à ceux des Fulɓe du Sénégal en particulier, à savoir : WAN (WANE), WON (WONE), LEE (LY), JONG (DIONG), BAH (BA), SO (SOW), JAH (DIA), HAN (HANNE), etc.. Mais nous n’en déduirons pas pour autant que leurs titulaires soient des Fulɓe.
5)-«De l’Egypte, les Wolofs sont allés au Sud-Soudan, puis au Ghana, au Waalo. Après, le Waalo s’est disloqué. »
Réponse :
S’il en est ainsi, pourquoi ne trouve pas alors des traces de leur passage dans les pays traversés ? Pourquoi le wolof n’est-il parlé nulle part ailleurs qu’au Sénégal, en Gambie et au Sud de la Mauritanie, contrairement au pulaar qui est parlé dans une vingtaine de pays en Afrique, y compris en Ethiopie, en Egypte et au Soudan ? Pourquoi n’a-t-on- pas retracé l’itinéraire des Wolofs depuis le Nil jusqu’aux confins du Sénégal, alors que celui des Fulɓe est clair aux yeux des Historiens.
En effet, l’historien et sociologue malien Youba BATHILY a narré les péripéties du voyage jusqu’à l’arrivée des Fulanis (les Fulɓe) en Afrique de l’Ouest, en se fondant sur les traditions orales des Assouanikes et Harratines collectées en 2005 à Djidda (sud de Guiré dans le cercle de Nara) de Diffa et près de Maradi (Niger). Il renseigne ainsi sur le fait qu'à la recherche de pâturage, les Fulanis, qui parlaient une langue appelée Warama, auraient quitté la région de Woromiya éthiopien sous la conduite du patriarche Kaw BAH (Kaaw BAH certainement ou oncle BAH, en pulaar). La traversée du territoire éthiopien des Fulanis appelés autrement Pouls, s'est déroulée dans la difficulté et accompagnée de perte de vies et de bétail.
Il indique que les Fulɓe sont venus de l'Ethiopie, par le Soudan, le Tchad, le Nigeria, le Niger et entrés au Mali par la région de Ménaka. Les Fulɓe auraient quitté l'Ethiopie 1122 ans avant l'Hégire (donc, vers 500 avant Jésus) pour atteindre la région de Ménaka vers l'an 21 après Jésus. Ils sont rentrés dans le pays de Ménaka 521 ans après avoir quitté l'Ethiopie. Ils ont traversé la région de Tombouctou huit ans après leur départ de Ménaka (Tombouctou vers l'an 29 et la région de Mopti est atteinte vers l'an 5 ; donc 25 ans après Tombouctou).
Venant de l'ouest (Anderamboukane, Ménaka), les Fulɓe traversèrent le fleuve Niger, dans la commune de N'Tillit, puis le pays de Gossi, Inadiatafane, Bambara-Maoude, Diaptodji, Dangol Bore. Ils passèrent par Ouroube-Doude, Konna et Dialoube pour encore traverser le fleuve Niger au Sud du lac Debo par la commune de Bimbere-Tama. Certains s'installèrent entre San (Est de Ségou) et Goundaka (Est de Mopti), ces derniers pâturaient au bord des collines dogons du Gondo où vivaient le Bobo ou Bwa, c'est dans cette cohabitation qu'ils sont devenus des cousins à plaisanterie des Bobo.
Les Fulɓe prirent la direction Ouest pour passer par le Nampalari, Sokolo et Niono (Nord de Ségou). Ils vont encore traverser le fleuve Niger sur des berges situées entre Ségou et Markala (actuelle commune de Pelengana, Ségou) pour se diriger vers l'Ouest de l'actuel cercle de Dioila (sur de Kulikoro) au cours de neuf ans soit 63 après leur départ de la région de Mopti. Ils vont atteindre le Djitoumou en l'an 97 soit trente-quatre années après avoir quitté la région de Dioïla ; puis le Wassoulou (Ouest de Sikasso) huit ans plus tard soit en l'an 105 et le Mandé (Ouest de Bamako) vingt-neuf ans après la région du Wassoulou (en 134 après Jésus).
Les Fulɓe arrivèrent au Khasso en 148, soit quatorze ans après avoir quitté la région du Mandé et ils ont atteint le sud du Fleuve Sénégal qu'ils vont appeler Futa-Toro quarante-trois ans après avoir quitté la région du Khasso (Kayes au Mali). Ils baptisent en 177 une autre région montagneuse plus au Sud en Futa-Diallo (Guinée) vingt ans après avoir quitté la région du Futa-Toro, soit en l'an 197. Les Fulɓe vont s'installer sur les berges septentrionales du Fleuve Sénégal dix-sept ans plus tard (en 214). Ils arrivent sur le territoire de Nioro et de Koumbi (capitale de l'empire du Ghana) en 343, soit 965 ans après leur départ d’Ethiopie. Ils apportèrent une nouvelle langue en Afrique de l'Ouest.
Ainsi, à chaque halte, les Fulɓe qui, pour une raison ou une autre, ne pouvaient pas poursuivre le long périple, s’y établissaient. C’est sûrement ce qui explique leur présence dans une vingtaine de pays en Afrique.
Quid de l’immigration wolof à partir du Nil ? Amadou Bakhaw DIAW peut-il nous en retracer les étapes avec précision, comme c’est le cas ici avec les Fulɓe ?
6)-« Lorsqu’ils ont quitté le Ghana, les Wolofs sont allés au Tékrour, qui est l’ancien nom du Fouta. Ce qu’on appelle Fouta maintenant, c’est-à-dire la région de Matam et le Département de Podor, c’est cela le Tékrour. »
Réponse :
Que nenni, Monsieur DIAW ! Le Tekrour (actuel Fouta-Toro) ne se limite pas à ce que l’on appelle de nos jours la région de Matam et le département de Podor ! Dans l’ouvrage « HISTOIRE DE LA MAURITANIE : DES ORIGINES AU MILIEU DU XVIIe SIECLE », écrit par G.M. DESIRE-VUILLEMIN, agrégé de l'Université, Docteur ès-Lettres, avec la participation de MOHAMMED EL CHENNAFI, MOKHTAR OULD HAMIDOUN et ELIMANE KANE, on lit que :
-« Le Tekrour est le nom donné par les géographes arabes à la moyenne vallée du Sénégal et à sa ville principale » (page 53) ;
-« Les premiers peuples touchés par les nomades islamisés furent les habitants du Tekrour. Aux VIIIe-IXe siècles, le Tekrour s'étendait sur les deux rives du Sénégal : il correspondait à peu près au Sud de la Mauritanie et au Nord du Sénégal d'aujourd'hui » (page 51).
Le Tekrour est donc infiniment plus vaste que la région de Matam et le département de Podor réunis.
Dans les versions orales et écrites, le Fouta présente deux espaces : le (Djeri Fouta et le Fouta Toro). L’ancien espace du Djeri Fouta se trouve au nord de la Mauritanie, vers les frontières d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, précisément dans la zone actuelle du Polisario (dénommé de nos jours République Arabe Sahraouie Démocratique-RASD), selon les écrits d’El Bakri et Ar’Rakik situant le Bilad Tekrour à la proximité des villages berbères, que Ugbata ben Nafi avait atteints à son époque. En effet, le second Fouta ancien qui est décrit par les écrits arabes, se situe dans la région d’Adrar (dans l’actuelle Mauritanie).
Le livre « Bilad Singitti Al Manaratou War-Ribat », qui a pour auteur Khalil An-Nahwi (1987), décrit ses frontières avec précision (page 19, Chapitre, Bilad Tekrour) :
« Le Bilad Singitti était connu sur le nom du Bilad Tekrour, dans l’ancienne époque, (…). Cette appellation se retrouve dans ses œuvres portant sur les notables de cette région, (« Fath Soukour fi Ma’arifati A’ayani Ouléma At-Tekrour »). Il y dit :
« Le Tekrour est une région vaste, s’étendant de l’est jusqu’à Adga’i, de l’ouest jusqu’au Bahr (mer) Bani Zanadikhatou, du Sud jusqu’au Beed et du Nord jusqu’à Adrar ».
Quant au Fouta Toro actuel, c’est-à-dire celui de l’époque des Almamy, il se présente ainsi qu’il suit : du Nord, il s’étend de Hayre Ngal (Colline d’Asaba) jusqu’au Njorol (Djorol). De l’ouest à l’Est de Dagana jusqu’à Bakel. Du Sud à Sud ’Est, depuis le Fleuve jusqu’aux frontières qui séparent le Fouta du Djolof, le Ferlo et le Boundou.
Nous l’avions également dit dans notre précédente réponse à Monsieur Amadou Bakhar DIAW : Selon certaines versions orales, le Fouta Toro actuel s’étendait, avant l’occupation coloniale, de Ndar (Saint-Louis du Sénégal) à Bakel, du Nord Hayré Ngal au Ferlo et les limites du Djolof.
Ainsi, à la veille des indépendances, toute la zone située jusqu’à 150 km au Nord du Fleuve, était considérée comme une partie intégrante du Sénégal. Rappelons que les Fulɓe ont habité en premier lieu le Fouta Nord du Fleuve, avant le Fouta Sud qui est le Sénégal d’aujourd’hui : « Rewo roŋkaa nde Worgo hoɗaa », a-t-on coutume de dire, en pulaar. Le Fouta-Toro, pays des Fulɓe (Toucouleurs), a toujours été majoritairement habité par ces derniers, même s’il incluait quelques villages Soninké et Wolof, dans sa grande agglomération de la rive droite à la rive gauche. Le Pr cheikh Anta DIOP ne dit pas le contraire :
« Au Fouta-Toro, on trouve des noyaux résiduels de Sérères et de Valafs avec les noms de Saar, Diop, N’Diaye…qui sont tous de la caste des Thioubalo, c’est-à-dire des pêcheurs » (page 619).
L’adhésion à l’Islam des Fulɓe (Toucouleurs) du Tekrour avant toute autre ethnie, tout comme leur domination, même si d’autres ethnies habitaient également au Tekrour, est évidente. C’est d’ailleurs la même situation qui prévaut jusqu’à ce jour pour toutes les ethnies de la Nation: domination des Fulɓe (Toucouleurs) au Fouta, des Soninkés au Gadiaga, des Wolofs au Saloum, des Sérères au Sine, etc..
7)- «Mais Asma (NDLR : la journaliste) : Savez-vous que nous les Wolofs, nous sommes les premiers habitants du Tékrour ? »
-Asma : Ah oui ?
-Nous sommes les premiers à y habiter, vers le VIème siècle. Ce que je vous dis là, c’est même le professeur Oumar KANE, ancien doyen de la Faculté de lettres, professeur d’Histoire, spécialiste du Fouta qui l’a dit. Ce que je vous ai dit là, émane du professeur Yaya WANE. »
Réponse :
Si, ainsi que le dit M. Amadou Bakhaw DIAW, les Wolofs sont les premiers à habiter au Tékrour, pourquoi n’en trouve-t-on pas alors les traces ? Pourquoi rien du Tékrour, du Fouta-Toro ne rappelle qu’ils sont effectivement les premiers à s’être établis dans cette localité ? Pourquoi n’ont-ils pas dénommé ce territoire du nom de l’un de leurs ancêtres, ou de leurs anciens lieux d’habitation en Ethiopie ou au Soudan, ou encore en Egypte ? Pourquoi n’y en a-t-il à ce sujet que pour les Fulɓe ? En effet, toujours dans son livre « NATIONS NEGRES ET CULTURE », le Pr Cheikh Anta DIOP rapporte que :
-« Comme les autres populations qui composent le peuple nègre, les Toucouleurs sont venus du Bassin du Nil, de la région dite ’’ Soudan anglo-sahélien’. Ceci est prouvé par le fait qu’on trouve actuellement, dans cette région, chez les Nouers, sans altération, les noms totémiques typiques des Toucouleurs qui vivent aujourd’hui sur les rives du Sénégal, à des milliers de kilomètres de distance. On trouve, dans cette même région, à l’endroit appelé Nuba Hills ou Collines de Nubie, la tribu des Nyoro et celle des Toro.» (page 616-617) ;
-« Il existe, à l’heure actuelle, en Abyssinie, une tribu appelée Tekrouri, ce qui donne à penser, au cas où les Toucouleurs du Sénégal seraient une fraction de cette tribu, que la région du Tekrour, loin d’avoir donné son nom aux Toucouleurs, aurait reçu le sien de ceux-ci lorsqu’ils s’y installèrent » (page 617) ;
-« Il existe également un Nyoro (Massina) au Soudan Français, où les Toucouleurs ont aussi séjourné avant d’arriver dans la région qui portera le nom de Tekrour au Sénégal, d’où ils descendront lentement vers ce fleuve, dont les rives ont porté aussitôt le nom de Fouta-Toro » (page 617-618).
Et le Pr Cheikh Anta DIOP de poursuivre, comme pour tenter de convaincre les incrédules: « Cependant, un lecteur sceptique pourrait, malgré tout, voir en ces rencontres des faits insuffisamment probants. En voici un autre: On sait d’une façon certaine que, dans la seconde moitié du XIXe siècle, les Toucouleurs, déjà islamisés, avaient quitté les rives du Sénégal pour pénétrer jusqu’au cœur du pays et s’installer au Sine Saloum pour convertir les populations sérères de cette région. Le grand marabout toucouleur qui tenta de réaliser cette entreprise et qui fut contemporain de Latdior, s’appelait Ma Ba Diakhou. La région nouvellement conquise à l’islamisme par les Toucouleurs fut baptisée Nyoro du Soudan par les ancêtres de Maba : Nyoro du Rip » (page 618).
Pour ce qui concerne les Professeurs Oumar KANE et Yaya WANE, que M. Amadou Bakhaw DIAW invoque comme étant ses principales sources, nous tenons à préciser que nous ne sommes pas nous-mêmes forcément d’accord avec certaines déclarations de ces vénérables sommités. Nous considérons toutefois que ce sont certainement leurs sources, pour la plupart arabes et européennes, qui sont à la base de certaines de leurs déclarations, assurément discutables. Au demeurant, le Pr Oumar KANE a lui-même remis en cause la fiabilité de certaines de ses sources:
« Arcin, Delafosse et Tauxier ont eu accès aux meilleures sources de la tradition orale. Delafosse a tout simplement repris les données des Tarikh soudaniens. Tauxier, en revanche, reprend et interprète de façon erronée les indications fournies par Joao de Barros… Ni Delafosse, ni Tauxier ne nous permettent d’appréhender la migration et les conquêtes de Koli. Sans citer ses sources, Tauxier parle de l’arrivée de Koli avec ses troupes en 1534 au Fuladu, venant du Fuuta Tooro, ce qui serait à l’origine des Fulakunda. Il semble que Tauxier a inversé l’ordre des évènements…Delafosse, comme Tauxier, sont en contradiction avec la tradition généralement admise, qui fait partir la conquête de Koli du Bajar » (Cf. La première hégémonie peule- de Koli Teŋella à Almaami Abdul, Page 137-138).
En préfaçant « La première hégémonie peule : Le Fuuta Tooro de Koli Teŋella à Almaami Abdul » du Pr Oumar KANE, le Pr Amadou Mahtar MBOW (Qu’Allah leur fasse miséricorde et leur accorde le Firdaw’s ainsi qu’à tous nos disparus), ancien Directeur général de l’UNESCO » dira, fort à propos que: « …Les Fulɓe constituent le seul groupement ethnique de l’Afrique de l’Ouest à avoir essaimé, de manière presque continue, de l’Atlantique à l’actuelle République du Soudan à l’Est, tout en gardant leur langue et les éléments essentiels à leur culture…» (Page 9).
Ne nous refusons pas à l’évidence en nous entêtant à nier ce qui est hors de doute, ce qui « n’a manifestement pas besoin d’être démontré parce que manifestement vrai ». Se refuser à l’évidence relèverait incontestablement de l’irresponsabilité.
Le Président de Kawtal Pelle Fulɓe
El Hadj Boubou SENGHOTE
par Diawdine Amadou Bakhaw Diaw
NOUS SOMMES TOUS DU TEKROUR, MATRICE DE LA NATION SÉNÉGALAISE
Monsieur Sanghotte, il n y a pas de nation fulbe mais une nation sénégalaise
En réponse à vos graves accusations et propos discourtois en mon endroit dans un article intitulé "Amadou Bakhaw Diaw ou le semeur de discorde", je voudrai utiliser mon droit de réponse pour réfuter vos contrevérités.
« Après ses déclarations assurément mensongères auxquelles nous avions réagi en son temps, Amadou Bakhaw Diaw se signale à nouveau, tristement, avec des idioties du genre « El Hadj Malick Sy est un Wolof d’origine, natif du Walo, éduqué au Djolof…», ou que s Cheikh Ahmadou Bamba est d’origine Wolof, etc.. »
Comme beaucoup périphérocentristes wolophobe, le sieur Boubou Sanghotte voudrait enlever leur identité ethnique wolof à d’illustres personnages publics sénégalais en particulier les quatre fondateurs de nos confréries qu’il voudrait identifier comme des fulbés. Ainsi, il espère déconnecter les Wolofs de l’histoire de l’islam en Sénégambie.
Même le Professeur Cheikh Anta Diop n’échappe pas à ces grossières falsifications usurpatrices.
À Dakar à la Place du Souvenir africain sur la corniche Ouest, il est indiqué dans une affiche publique au niveau de l’esplanade, que Cheikh Anta Diop est d’origine léboue ; une aberration si on sait que ses réelles origines sont Wolof baol baol.
Pour ce qui des origines de El Hadj Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba Mbacke, nous allons exposer nos arguments pour montrer qu’ils sont tous les deux de l’ethnie Wolof.
Oui, Al Hadj Malik Sy est d’ethnie wolof avec de lointaines ascendances toucouleur. Ses origines, son éducation, son milieu d’activité en font un Wolof bon teint. Au sujet de ses origines le lieutenant-colonel français Paul Marty au début du XXe siècle disait ceci : « Al Hadj Malik Sy est né, vers 1855, au village de Dowfal, de l'agglomération de Gaïa, à l’est de Dagana.
Son père était Ousman Si fils de Modj Si, fils de Mamadou Si, et sa mère Faouad Welé Ouolofe.
Le clan des Si est d'origine toucouleure, mais comme les ancêtres à' Al Hadj Malik sont installés depuis plusieurs générations en pays ouolof et y ont épousé des femmes de ce peuple, le marabout et les siens se considèrent maintenant comme devenus Ouolofs…. »
Pour confirmer les thèses de Marty, remontons sa lignée paternelle pour observer que les cinq ascendants paternels d’El Hadj Malick Sy sont tous issus de mère Wolof et ont eu des épouses Wolofs .
Samba Sy avec son épouse Awa Diop du Diolof Ndeugagne Ba est père de :
Alé Samba Sy Awa Diop Deungagne ba avec son épouse Khary Ndiaye est père de :
Makhary Sy Khary Ndiaye avec son épouse Bouna Bassine Thiané de Mélakh, Diolof est père de :
Tafsir Demba Bouna Bassine Sy Dorobe Ba avec son épouse Maaty Mbacké de Mbacke Sagnianka (Diolof) est père de :
Demba Khouredia Sy dit Ousmane Sy Maaty Mbacké avec son épouse Fawade Wéllé de Gaya (Walo) est père de :
Ndiougou Fawade dit El Hadj Malick Sy.
De par sa mère, Fawade Welle El Hadj Malick descend de Ndiaye Lo Sénéba Gaye, d’Al Thiaka Thiam Diogomaye et de Maghana Birane Khouma, ainsi il est apparenté à toutes les grandes familles maraboutiques du Cayor et du Baol.
Sant dekul fenn waye am na fu mu coosano. Sy toucouleur de Souyema est devenu Sy Wolof apparenté à toute la classe maraboutique du Diolof (Mbacke, Niang Affe, Bousso, Sylla, Kamara, Kébé) par de multiples alliances matrimoniales.
Avec quelques exemples on peut démontrer que l’origine d’un patronyme qui ne correspond pas forcément à l’identité de celui qui le porte.
Tout le monde s’accorde à considérer le patronyme Ndiaye est d’origine Wolof, pourtant des individus d’ethnie toucouleur sarakholles balante et serere portent ce nom de famille sans être classés comme d’ethnie Wolof. Voici quelques exemples.
Après la mort de son père Boumy Jelen le Prince du Diolof Mbagne Ndanti Ndiaye Ndiaye s’était exilé au Tekrour plus précisément à Horéfondé.
Ses descendants avec le patronyme Ndiaye sont les chefs de Horefonde avec le titre de Bummudy Horefonde. Qui peut affirmer qu’ils ne sont pas toucouleur ?
Sous le règne du Bourba Biram Ndieme Coumba Ndiaye des princes du Diolof s’étaient exilés au Gadiaga épousé des femmes Bathily et ont fondé la ville de Bakel De patronyme Ndiaye ils n’en demeurent pas des sarakholles.
Huit Boursine dont (Birame Pathe Ndiay , Valdiodio Ndiaye, Mbacke Ndep Ndiaye etc.) étaient des descendants agnatiques du Bourba Birame Ndieme Eler .Ils se nomment Ndiaye et qui osent dire qu’ils sont Wolof. Ces Ndiaye du Sine sont serere.
Les descendants du chef de guerre Wolof Abdou Ndiaye en Guinée-Bissau malgré leur patronyme Ndiaye sont devenus des Balantes, des Mancagnes, des Manjacques ou des Manjaques.
Éducation
L’éducation et les études coraniques du jeune Malick se sont effectuées auprès de sa famille et auprès de professeurs Wolof. D’après Paul Marty
“….le jeune Malik fit sa première éducation à Gaïa, auprès de sa famille maternelle qui y est toujours installée. Tierno Malik SOW qui lui apprit à épeler les premières sourates du Coran.
Très jeune, vers l'âge de huit ans, il fut emmené par son oncle paternel Amadou Si dans le Diolof, à Sine, près de Sagata…..”
El Hadj Malick Sy suivit ses cours coraniques auprès de maître exclusivement Wolof comme : Ngagne KA du Diolof, Abdou Biteye de Longuè, Mour Sine Kane de Ndombo, San Mosse Ndiaye a Bokhol, Mour Kale Seye à Keur Taïba Sèye (Louga). El Hadj Amadou Ndiaye à Saint-Louis, Birahima Diakhate (Louga), Mamadou Wade à Nguig, à l'Est de Sakal. Ma Sylla Manè dans le Mbakol (Cayor).
Activités religieuses et sociales
C’est en pays Wolof ou El Hadj Malick Sy a eu à mener toutes ses activités sociales et religieuses tout d’abord à Gaya Saint-Louis au Cayor et à Dakar.
Toutes ses épouses sont d’ethnie Wolof comme la quasi-totalité de ses moqqadem et talibe.
En résumé en se fondant sur tous ces éléments nous pouvons dire que El Hadj Malick SY natif de Gaya au walo, éduqué au Diolof, enseigné par des professeurs Wolof , ayant vécu au Cayor est bel et bien d’ethnie Wolof.
Quant à son cousin Cheikh Amadou Bamba Mbacke, nous pouvons affirmer aussi qu’il est d’ethnie Wolof et s’est toujours considéré comme appartenant à cette ethnie.
Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké avait demandé à son poète favori Serigne Moussa Ka de lui adresser des poèmes en Wolof et non en arabe car Lui il était Wolof. D’après Paul Marty, le quatrième ascendant d'Amadou Bamba était Toucouleur et originaire de Fouta.
C'est lui qui le premier vient s'établir en pays ouolof, s'y maria avec une femme du pays et adopta les mœurs et usages de sa nouvelle patrie.
Depuis ce temps, fixés définitivement en terre ouolofe et s'unissant à des femmes de cette race, ses descendants se sont naturalisés ouolof …..fin de citation.
Le patronyme Mbacké contrairement à beaucoup de légende n’est pas une déformation du nom de famille Ba.
Dans un extrait de son ouvrage Irwaunnadi Min' Adhbi Hurb Al-Khadim le biographe officiel du Cheikh Serigne Ahmadou Lamine Diop Dagana indiquait :
« Un natif de cette province appartenant à la famille Ba, lui, affirme que les Mbacké étaient leurs cousins et le nom de Mbacké était une déformation par les wolofs du nom du Ba.
Cette opinion est à mon avis fort invraisemblable. Je crois, en revanche, que le nom Mbacké est aussi vieux que tous autres noms non-arabes »
Les Mbacké et les Bousso ont toujours vécu dans le Tekrour, le Diolof et le Namandirou avec les Ndao qui sont leurs cousins à plaisanterie ou ils constituent le vieux peuplement wolof.
Certains sont restés au Tekrour et ont été fullanises et sont devenus des toucouleur, d’autres comme ceux du Diolof et du Namandirou sont restés Wolofs.
Pour preuve la mère du roi du Namandirou Waly Mbérrou Mbacké Ndao qui fut vaincu et tué par le Bourba du Diolof Tchukly Dielen vers le début du xvie siècle, s’appelait Mbérrou Mbacké.
Ousmane épousera Arame Niang, la fille de son protecteur le Berguel Mafinty Niang et eut un fils qui portait le nom Ma-aram Mbacké (comme dans la tradition wolof l’ainé s’appelle Ma plus le nom de sa mère).
Ma-aram Mbacke est les pére de Balla Aissa Boury Mbacké père de Momar Anta Sally pére de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacke. On peut noter que Ma-aram Mbacke et ses descendants ont comme deuxieme prénom le prénom de leur mère comme dans la tradition wolof.
Du côté de sa lignée maternelle, tous les parents, grand-parents de Sokhna Mame Diarra Bousso sont tous des Wolof originaires du Diolof.
Le père de Sokhna Mame Diarra Bousso s’appelle Mabousso Bousso Awa Mbaye (Mbaye de Longhor).
Le grand-père paternel de Sokhna Mam Diarra Bousso s’appelle Matabara Bousso Khoudia Cisse.
La mère de Sokhna Mam Diarra Bousso s’appelle Sokhna Asta Walo Mbacké, fille de Ndoumbé Danou Niang (Niang Affé du Diolof)
Sokhna Mame Diarra Bousso a eu deux sœurs de même père et mère qui portent des prénoms bien Wolofs : Sokhna Maty et Khoudia Bousso et un frère se nommant Serigne Mouhamadou Bousso plus connu sous le nom de Serigne Mboussobé (et non Thierno Mboussobé).
Sokhna Mame Diarra Bousso appartient à la lignée maternelle) Gondiokh comme : Medoune Sakhewar Diop, le grand-père paternel de Damel Lat Dior Ngone Latyr, Gankal Amadou Makhouredia Diop, chef de guerre et demi- frère de Damel Lat Dior Ngone Latyr, Sidy Gagnessiry Ndiaye, fils du Bourba Diolof Alboury Ndiaye et Serigne Amadou Kabir Mbaye, père d’El Hadj Djily Mbaye.
Rappelons la place de la lignée matrilinéaire dans l’identité des Wolofs.
D’après Yoro Boly Dyao dans ses cahiers
« Il faut remarquer que les Ouoloffs suivent leur filiation par les femmes avec plus d'importance que la filiation par les mâles.
La femme doit alors en conséquence, être (est donc) la seule personne pouvant transmettre le sang noble et en même temps certains droits
La famille par la mère s'appelle mène ou khéte. Ces mots, quoique synonymes, donnent pourtant deux significations qu'il est utile de faire ressortir (dont il est très utile de faire ressortir la différence).
Le premier ne réunit en sa signification que ceux qui descendent d'une unique souche maternelle.
Le second rassemble dans la sienne les mènes de toutes les familles vassales de toutes conditions …c'est à dire les familles vassales libres les captifs de couronne ou de case, les gnègno, qui portent le nom de ses familles à titre de simple mais antique alliance. Et le général Général Faidherbe écrit dans Notices sur le Cayor* : pour comprendre l'histoire du Cayor il faut savoir comment la famille est constituée chez les wolof qu'on y trouve de particulier, c'est qu'ils font plus de cas de filiation par les femmes (khêt) que de la filiation par des hommes (Sant) la première étant indispensable pour transmettre des droits de la noblesse et au pouvoir
En un mot c'est *le ventre qui anoblit donne une identité à un individu. Serigne Abdou lahad Mbacke Ngainde Fatma dont vous dites qu’il réclamait son ascendance Foutanke est un Wolof de lignée maternelle Tedieck comme la Reine Ndate Yalla Mbodj.
Boubou Sanghotte m’attribue encore ces idées étonnantes :
« les Fulbes n’auraient jamais vécu au Tékrour ; le phénomène migratoire de l’Est vers le Sahara ne concernant, d’après eux, que les Sérères, les Wolofs et les Lébous ; »
Voici notre réponse : Faux nous avons toujours affirmé que toutes les populations sénégambiennes dont les peuls étaient originaires de la vallée du Nil comme l’indique Yoro Boly Diaw et par vagues migratoires successives elles sont venues s’installer dans la vallée du fleuve Sénégal dans le Tekrour.
Tous ces peuples ont eu à une période ou une autre exercer leur hégémonie sur les autres composantes comme l’indique cette chronologie des dynasties du Tekrour du professeur Toucouleur Omar Kane, ancien doyen de la faculté des lettres dans son ouvrage « la première Hégémonie Peule le FuutaTooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul ».
Chronologie des dynasties du Tekrour/Fuuta
1. 508-720Dynastie Wolof des Jaaoogo
2. 720-826 Dynastie des sérere Tondion
3. 826-1082 Dynastie des Soninkés Maana
4. 1082-1122 Dynastie des bérbéres Laam Taaga
5. 1122-1456 Dynastie des peuls Diawbé Laam Termess
6. 1456-1506Domination du Diolof avec le Bourba Tchukly Djiglane Ndiaye avec ses farba
7. 1506-1526 Période d’anarchie due à la guerre civile entre Farba
8. 1520-1526Debut et fin de la conquête de Koli Tenguella du Tekrur devenu Fuuta.
Vous m’accusez aussi de dire « les peuls seraient, pour une partie d’entre eux (les Peuls) engendrés par des Berbères du Sahara; l’autre partie, à savoir les Toucouleurs, résultant d’un croisement entre les Sérères ; les Wolofs et les Peuls; »
Pour vous répondre, je ne ferai que reprendre les thèses d’éminents universitaires toucouleurs comme Abdourakhmane Ba Omar Kane et Yaya Wane des marabouts historiens traditionnistes toucouleurs comme Thierno Moussa Kamara et Siré Abass Sow qui tous indiquent que les toucouleurs sont une résultante d’un metissage entre des premiers occupants du Tekrour Wolof serere Sarakholle et les peuls.
Dans un extrait son livre : « le Takrur historique et l’héritage du Fuuta Tooro. l’histoire politique ancienne du fleuve Sénégal », le Professeur toucouleur mauritanien Abdourahmane BA indique « sous le terme générique, Takrur ou Takruri, il faut plutôt voir l'ensemble des composantes nationales du Takrur de l'époque : Sereer, Lebu, Wolof, Soninké et même Peul. C'est à partir de ce substrat, augmenté de l'apport bidân, que se constituent les Halpulaar'en. À quel moment ? On ne saurait le dire avec précision.
Dans tous les cas, toutes les composantes sont en place dès le début de notre ère, et rien ne s'oppose à ce que désormais Soninké, Sereer, Lebu-Wolof, Bidân, à travers un long processus de métissage culturel et biologique, donnent naissance à un peuple transethnique.
L'apport des différentes composantes est variable. Si, sur le plan ethnique [biologique et culturel], les Lebu-Sereer semblent plus influents, les Peul imposent leur langue alors que l'apport des Bidân et Soninké est relativement réduit. Ce peuple ne trouve son unité et sa personnalité que très tard, à partir du XVIe siècle, dans le cadre de la communauté halpulaar'en.
L’ethnie toucouleur est plutôt d'un peuple hétérogène, pluriethnique ou trans-ethnique, résidu (témoin) des différentes populations qui ont résidé et traversé la vallée, mais aussi résultat des échanges (biologiques et culturels) de ces peuples entre eux et avec leurs voisins Bidân…….fin de citation
Dans des extraits de son livre « la Première Hégémonie Peule le FuutaTooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul » le Toorodo Modi Naala Professeur Omar Kane abonde dans le même sens.
En démontrant les origine diverses Serer Wolof Sarakhollé Maures et Peuls des 4 groupes statutaires que sont les Toorodo (marabouts) Sébbé (guerriers) Subalbés (pécheurs) et Gniégnbé (Castés).
Pour le groupe statutaire des Maabo dont vous faites partie, le Professeur Omar Kane parle de leur origine diverses sauf peul voilà ….Ces groupes spécialisés sont d'origine ethniques diverses, wolof, sérère, malinké, .Les patronymes des maboubes ( Guisse ,Koule ,Kasse, Keneme, Kiide ,Pume ,Sarre, Sangott Koundoul ,Sokolov,Dabo)…..
Pour le Groupe statutaire des Marabouts je cite encore le Professeur Omar Kane qui en fait partie :…….L'analyse des patronymes permet de déceler les origines des toorobbe. Des fulbes proviennent les Bah, Baal, Bari, Jah, Jallo, Soh, Njaac, Kah, Kane, Sal Niakh, ou Mbaye,Des wolofs ou sebbe viennent les toorobbes de patronyme Wane ,Dieng Niang, Taal, Gueye, Ndiaye, Mbannor, Diop. Des soninké ou sebbe Aalambe viennent des Sakho, Sylla, Camara, Douke, Kebe, Koreera, Siibi, Toure, Taala, Baro, Soumare etc. Ces familles d'origine soninké sont parmi les plus anciennes qui ont adhéré à l'islam et formé la base du groupe toorodo Des maures proviennent des toorobbes Kane Ly ou Sy ;
Pour ce qui est du groupe statutaire des Sébbé (guérriers) le Professeur indique dans son ouvrage que : « A l’origine, il y avait au Fuuta Tooro, vingt-quatre Farba, tous d’origine wolof détenant chacun un tam-tam de guerre. Bon nombre d’entre eux étaient des personnages très puissants : Farba Waalalde qui est un Dieng, Farba Ndioum, Farba Ndiowol, Farmbaal, Farba Awgal, etc. »
La plupart d’entre eux étaient d’anciens chefs wolofs qui avaient été mis en place par les Bourba au milieu du XVe siècle, à la suite de l’intégration du Fuuta à l’empire du Diolof par Thioukli Njiklaan Sarré Ndiaye.
IIs avaient pour rôle, d’administrer les circonscriptions administratives regroupant une ou plusieurs leyyi ou kinnde de Fulbe.. IIs devraient lever sur les Fulbe un tribut dont une partie était envoyée au Bourba. L’oppression exercée par certains d’entre eux a poussé nombre de Fulbe à émigrer soit vers le nord, soit vers sud et l’est. Les migrations de Tenguella et de Doulo Demmba datent de cette période.
Il ressort de l’analyse de ces patronymes que les majeures parties des sebbe sont d’origine wolof et sereer. Ce sont probablement les résidus de l’ancien peuplement du Fuuta antérieur aux poussées berbères du VIIIe siècle. Ces Sereer et wolof ont coexisté avec desFulbé et des Soosé, dans le royaume de Nammandiru, à l’époque des Diaoogo.
Quant aux Subalbé (les pécheurs), le Professeur Omar Kane dans son ouvrage la première Hégémonie peule..indique L’analyse anthroponymique révèle que les subalbé sont formés à partir d’anciennes communautés wolof, séreer et soninké.. ….. L’antériorité du fond sereer n’est pas contestable. On peut le voir en recensant les noms des pêcheurs. La majeure partie des subalbé ont des noms typiquement séreer : Saar, Thioub, Faye, Diouf, Dieye, Mboodj, Ndiaye, Mangaan. Les Saar sont les doyens de tous les subalbe. Ils ont préséance sur les autres pêcheurs.
A côté des subalbe d’origine sereer, les plus nombreux sont d’origine wolof et portent des patronymes Faal, Béye, Diéye, Gaye, Niang, Wade ou Waddu, Diaw,Diop,Boye. A ces groupes initiaux se sont agrégés les pêcheurs d’origine soninké ou mande, qui portent les noms de Diaako, Konté, Kebbe, Koné, Baccli de Pire.
Voila l’ethnogénése du peuple foutanké d’après un universitaire Toucouleur le Professeur Omar Kane.
-Les peuls n’auraient humé l’air de la liberté et du bonheur qu’à partir de 1776, année de triomphe de leur Révolution sous l’égide de Ceerno Sileymaani Baal et ses condisciples Fulɓe de l’Université de Pir Sañoxor, qui devraient leur apprentissage islamique et leur formation religieuse à des Wolofs ;
Nous n’avons jamais tenu des propos pareils par contre permettez-moi de citer encore le professeur Omar Kane qui démontrait la place primordiale de l’université de Pire dans l’avènement de la révolution Toorodo.
« Tous les condisciplines de Pire étaient d’accord sur la nécessité d’un changement de regime au Fouta Tooro. Pour eux le pouvoir Deeniyabkoobe ne correspond plus à la réalité sociale et religieuse du pays. Une réforme profonde s’impose en matière religieuse et en matière politique…. Ainsi s’est formé, à partir de Pire, un véritable parti toorodo qui se fixe pour objectif de faire de l’islam , devenu la religion de la quasi-totalité d’un peuple Fuutanké, le principe du pouvoir politique et du droit ».
Pour Cheikh Moussa Kamara Au xixe siècle, l’appartenance d’un ancêtre de son lignage au groupe des condisciples de Pire témoignera retrospectivement de l’ancienneté de la conversion à l’islam, qui conditionne l’entrée dans celui des tooroɓɓe. Il s’agit là d’un topos analogue à celui des copèlerins de la Mecque qu’on rencontre parmi d’autres.
- les Peuls auraient pactisé en 1820 avec les Maures pour attaquer des femmes à Ndeer, incitant ces « dignes résistantes » à s’immoler par le feu plutôt que de subir le joug de l’esclavage.
Encore une affirmation erronée, en 1819 l’Almamy du Fouta Birame Ibra Wane déclara que la construction d’un fort militaire au village de Dagana serait un casus belli. De cette place forte de Dagana, les Français avaient la possibilité d’attaquer le Fouta.
L’Almamy envoya une correspondance au Brack lui demandant de rompre le Traité avec les infidèles français sous peine de lui déclarer la guerre et lui rappelant que le village de Dagana était une possession du Fouta depuis le règne de l’Almamy Abdou Khadr Kane.
Devant le refus du Brack, l’Almamy Birame Ibra Wane s’allia avec l’Emir du Trarza Amar-Ould-Mokhtar et en juillet 1819, leurs armées réunies traversèrent le fleuve pour envahir le Walo.
Le Brack Amar Fatim Borso Mbodj mobilisa son armée à la tête de laquelle, il nomma le Prince héritier le Briok Yérim Mbagnick Tégue Rélla qui marcha à leur rencontre et infligea une lourde défaite aux coalisés à la bataille du village de Téméye situé entre Thiago et Ndombo.
Un an plus tard Yoro Boly Diaw dans ses célèbres cahiers relate cette tragédie en ces termes : « en l'absence du Brack toujours à Saint-Louis, les Trarzas détruisirent N'der, la capitale du Oualo, sous la conduite d'Ahmar- Ould-El-Mokhtar, avec l'aide de leurs alliés les Toucouleurs de l'Almamy. Beaucoup de guerriers furent tués par les vainqueurs. A la honte de tomber aux mains des Maures et des Toucouleurs, un grand nombre des femmes de la Linguère-Aouo Fahty-Yamar préférèrent se brûler vives dans une grande case, sur la proposition de l'une d'elles, M'Barka, favorite de la princesse ».
Amadou Bakhaw Diaw est devenu une véritable calamité nationale ! Chaque fois que cet homme aux idées sataniques ouvre la bouche, c’est pour débiter des sottises ; C’est pour tenter de ruer dans les brancards les Fulɓe et le Pulaagu.
Ces propos sont excessifs et insultants à mon égard, on est plus dans le domaine des idées mais de l’invective et des injures à l’égard de ma personne. Je vais vous répondre dans la même veine.
J’ai plus d’origine Fulɓe que vous. Parmi mes ascendants directs, il y a beaucoup d’ardo Mbantou, Ardo Kiraye et Ardo Décolé. Ma famille a contracté beaucoup d’alliances matrimoniales avec les familles foutanké suivantes :
La famille d’Almamy Abdou Khadr Kane à Kobillo et à Maghama avec son épouse Aram Bakar Mbodj Fara.
La famille d’Elimane Boubakar Kane avec son épouse Diao Diop Fatim Yamar, mère de Demba Elimane.
La famille de Lam Toro de Guédé avec les descendants de Oumouhané Aram Bakar Diaw dont l’actuel Lam Toro Mahmoudou Sall.
La famille Wane de Mboumba avec les descendants de Gagnsiry Diop, épouse de Alammy Ibra Almamy Wane
Quant à vous Sanghotte, avec tout votre Pulaaga, votre famille cohabite depuis des siècles avec cette classe dirigeante foutanké qui refuse toute alliance matrimoniale avec elle.
Les Wane Ly Kane Sall Ba préfèrent se marier avec nous les wolof Diaw Mbodj du Walo Ndiaye du Diolof, Fall et Diop du Cayor qu’avec vous avec qui ils partagent le pulaagu.
On peut comprendre cette discrimination si on fait connaissance avec la méchante légende que rapporte ici par le Séybobé Siré-Abbâs Sow dans son ouvrage Chroniques du Fouta Sénégalais intitulé …. Comment les Mâbo pluriel Mâboubé {tisserands) ont acquis leurs 09 yettôdé (Nom de famille) actuels :
Les Màbube : Koumé, Guissé, Kïde, Dionne, Kassé Sarré Kundur, Guissé, Kénémè, Sanghott avaient capturé une hyène pour le manger.
Quand l'hyène fut cuite, les neuf camarades enlevèrent le diaphragme (bîwol et le mirent de côté. Celui que l’on avait nommé Sangott déclara qu'il ne mangerait pas d’hyène, viande impure. La nuit venue, il se cacha et mangea, à lui seul, tout le diaphragme.
Les autres s'en aperçurent et lui dirent : « Si tu n'avais pas mangé d’hyène, nous aurions fait de toi notre chef ; mais, puisque tu en as mangé, rien ne te distingue plus de nous » ;