Invité de Mamadou Ibra Kane, Ousseynou Nar Gueye prone une gestion fédéralste du Mali à l'image du Nigéria.
Ousmane B. Diop, François H. de Saint-Chamaran & Issa Wachill
LE COVID-19, L’AFRIQUE ET LE NOUVEAU TEMPS DU MONDE
En 2050, l'Afrique abritera 1/4 de la population mondiale et devra trouver ses propres moyens pour se nourrir, se soigner. A quelles conditions cela serait-il possible dans l'actuel modèle de société mondialisée de marché ?
Ousmane B. Diop, François H. de Saint-Chamaran & Issa Wachill |
Publication 15/06/2020
Alors que la mobilisation contre le Covid-19 s'intensifie à l'échelle planétaire, force est de constater que, même si ce virus n'épargne aucune région ni aucune économie du monde, en revanche, les moyens d'y faire face révèlent de fortes inégalités entre pays, et au sein même des pays touchés, entre régions, cités, villages et catégories sociales.
Cette situation ne peut amener qu’à s’interroger sur cette relative impuissance, qu'il s'agisse des moyens de riposte sanitaire autant que d'atténuation des nombreux impacts économiques et sociaux de cette pandémie. Ainsi mise à mal, la presque totalité des systèmes de santé du monde, les économies des pays riches, émergents et sous-développés sont, à des degrés divers, menacés ou frappés par une augmentation de la pauvreté, du chômage, et des clivages sociaux ; bref le Covid-19 a révélé une véritable vulnérabilité créant un fort impact qui remet en cause le mythe du progrès illimité.
Cet événement inédit par sa soudaineté et la rapidité de son expansion fait craindre, au-delà des pertes en vies humaines, des troubles sociaux, une crise de confiance des peuples à l'endroit de leurs dirigeants, mais surtout une montée des populismes dont les stigmatisations ethniques constituent un signe avant-coureur inquiétant.
Une profonde angoisse a gagné le monde qui venait d'entrer en fanfare dans le XXIème siècle en embouchant la trompette triomphante de ses succès accumulés tout au long du siècle précédent. Brutalement mis à l'arrêt, comme pétrifié, ce même monde se retrouve désorienté !
A l'ivresse succède l'interrogation face à l’injonction soudaine que nous adresse ce virus et qui vaut pour tous et pour chacun à travers le monde, quelle que soit le contexte local de la pandémie. Ceci est-il une simple expérience, une parenthèse, ou au contraire une confrontation pleine de sens ?
Pour le savoir, il nous faut adapter notre regard et le porter loin au-delà de nos certitudes traditionnelles. C'est, semble-t-il et par défaut, la seule manière pour l’humanité de surmonter ce choc de questionnement et d’incertitude qui caractérise les premiers effets appréhendables de cette crise du Covid-19.
Il semble bien que partout où l’humain a enfreint les lois de la Nature et du Vivant, ceux-ci nous rappellent cruellement que les transgressions éthiques accumulées finissent par se payer « cash »…
L'Afrique offre un exemple de cette difficulté à trouver un sens à cette crise dans laquelle beaucoup voient, (à tort ou à raison ?), « la main cachée de Dieu venue punir l'humanité de ses fautes ». Mais, comme l'expiation n'est pas de la compétence des blouses blanches, on leur a préféré les divinités, les marabouts et autres rites anciens hérités de la coutume. Encore une fois, logique d'État et logiques traditionnelles croisent le fer en contexte d’une « modernité » fondée sur un optimisme aveugle !
Mais, ce violent assaut contre nos certitudes ne deviendrait-il pas salutaire, malgré tout, en raison de l'immense potentiel d'interrogations et de remise en question, que cette crise multiforme soulève, en ouvrant ainsi pour notre époque nombre d'avenues nouvelles aux perspectives élargies, porteuses de visions recadrées afin d’être compatible avec le respect de la planète qui nous accueille.
La sagesse antique, plus que jamais, nous montre sa pertinente actualité, simplement parce qu’elle repose sur un socle de réflexion fondée sur « ê physikê » (c’est-à-dire : la nature, d’où la physique)[1]la connaissance de la Nature rendant sa démarche humble et dénuée d’emphase :
« La santé de l’homme est le reflet de la santé de la terre. » (Héraclite)
Aussi, plutôt que de mutations hâtives dans des directions incertaines, le monde
n’aurait-il pas simplement besoin de faire une pause ?
Afin de prendre du recul, de la hauteur pour sortir de l’immédiateté en tout qui empêche d’établir de grands desseins, de se resituer dans un temps long, afin de réfléchir à la pertinence de maintenir le cap de cette modernité autoproclamée, caractérisée par l'obsession du rendement, du productivisme, de la rapidité de l’information et par l'accélération d’un prétendu progrès à sens unique, au point de laisser craindre, légitimement, le remplacement des humains par des robots issus de l’Intelligence Artificielle.
Car, il importe de rappeler que les derniers mois de l'année 2019 ont été marqués par des mouvements populaires significatifs de contestation dont le point commun était en filigrane, le désenchantement vis-à-vis de la mondialisation en cours et la volonté de construire un nouveau modèle grâce à l’action de dirigeants soucieux d’apporter protection et mieux-être à leurs peuples (cf. Liban, Algérie, Hong-Kong, Irak, Chili, Soudan, France-Gilets Jaunes).
Un autre fait marque malheureusement cette époque, c'est l'étendue croissante des pays frappés par le terrorisme qui implique de relever un défi majeur pour nombre de pays africains. Ce contexte d'instabilité et d'insécurité constitue un frein risquant de devenir systémique et rendant irréaliste toute tentative de prévision de sortie de la pauvreté pour les pays concernés, tant en terme de calendrier, qu’en terme de performance économique.
Alors, pour relever tant de défis, le monde et tout particulièrement l'Afrique, ont besoin d'oser ! Oser se réinventer, oser changer les grilles d’analyse, oser modifier des paradigmes obsolètes, et ce, afin de construire des prospectives réalistes dans l'unique objectif de se projeter dans un avenir maîtrisé, afin de ne pas laisser à d'autres le soin de lui désigner sa place future dans le monde d'après le Covid-19, car il risque fort de ressembler à celui d’avant, mais en bien pire.
Dans cet esprit, l'Afrique pourrait prendre une initiative, parrainée par des États, des ONG indépendantes, de grandes Institutions, qui consisterait, notamment, à :
Renoncer à l'abandon de la dette. En effet, le risque à terme, pourrait conduire à une restriction des capacités de négociation des mêmes Etats lorsqu'il s'agira de redéfinir les conditions d'exploitation de leurs matières premières.
Or, dans un tel contexte, l'abandon de la dette n'est pas nécessairement la meilleure solution.
En contrepartie, il conviendrait d’œuvrer avec le reste du monde à la création d'un organisme indépendant, titulaire d'une incontestable légitimité, qui pourrait dans le domaine particulier de la santé humaine gérer l'après-crise pandémique, dont les effets ne se tasseront probablement qu'après mise au point des traitements préventifs et curatifs, c'est à dire pas avant un laps de temps, à ce jour, indéterminable ; cet organisme formalisant, dès lors, les modèles informels des Club de Paris et Club de Londres.
Cet organisme pourrait comprendre, dans des proportions à définir, des représentants de l'OMS, de la banque Mondiale, du FMI, de l'OMC, de la BRI pour la gestion des DTS[2], mais aussi d'organisations régionales telles que l'UA, la BAD, et des représentants des diverses branches des industries pharmaceutiques ainsi que de hautes personnalités, notamment scientifiques, dotées d'une incontestable autorité morale, à l’aune de leur compétence avérée.
Cet organisme pourrait ainsi gérer un fonds spécialement dédié au financement de la politique nationale de santé des pays membres et qui serait alimenté par :
le remboursement des dettes sous forme de cotisations ;
un abondement paritaire émanant des Institutions mentionnées et d’un Club de donateurs publics et privés ;
un prélèvement sur les ventes d'armes, mais payé, pour être dissuasif, par les pays acheteurs et les pays exportateurs, s'inspirant ainsi de l'ancienne taxe Delors ;
un apport en nature de brevets pharmaceutiques tombés dans le domaine public.
Seraient financés en priorité :
les projets nationaux articulés à des stratégies régionales ou sous-régionales, afin d'éviter les doublons et les concurrences contre-productives ;
les pôles de recherche par grandes branches de disciplines, de traitements cliniques, de production pharmaceutique ;
des infrastructures d'accompagnement tels que toilettes publiques, équipements d'hygiène publique, de préservation environnementale, etc.
en fonction de critères à définir, chaque pays disposerait d’un « droit de tirage », équivalent à l’apport de sa dette, lui permettant d'investir massivement dans une politique de santé planifiée et réaliste.
En 2050, l'Afrique sera un continent qui abritera 1/4 de la population mondiale qui devra trouver ses propres moyens pour se nourrir, pour travailler à son autosuffisance en tous domaines, et pour se soigner.
A quelles conditions cela serait-il possible dans l'actuel modèle de société mondialisée de marché prédominant qui a fait consensus depuis la chute du Mur de Berlin ?
D'aucuns voudront poursuivre le chemin tracé vers un rattrapage de l'Occident, par l'application systématique de ses méthodes de production. Mais, elles sont, elles-mêmes, en pleine évolution.
D'autres, à l'inverse, seront les partisans farouches d'une rupture radicale d'avec le modèle occidental pour lui préférer la résurgence de valeurs endogènes et la supériorité de la foi sur les droits de la personne.
Enfin resterait un troisième groupe qui lui, modestement, s'interrogerait, scruterait l'avenir tel Diogène avec sa lanterne, pour identifier la place faite à l'humain afin de pouvoir habiter autrement la planète. C’est en choisissant cette voie que l’Afrique pourra faire valoir son génie propre et rappeler que la finalité de toute civilisation est et demeure d’instaurer un rapport humain au monde !
Ce texte a été préalablement publié dans Le Soleil du 8 juin.
Signataires
Ousmane Blondin Diop est ancien Ministre-Conseiller du Sénégal auprès de l’Unesco et président de l’Alliance des Forums pour une Autre Afrique (ALFAA).
François Henri de Saint-Chamaran est ancien professeur associé à l’Université Panthéon-Sorbonne, membre de jurys des classes préparatoires des Grandes Écoles de Commerce, membre-fondateur de Alfaa.
Issa Wachill est originaire de l’Ile Maurice, ancien Conseiller Culturel à la Délégation Palestinienne de l’Unesco, membre-fondateur de Alfaa.
[1] En alphabet grec : η φυσικη ; transcription en alphabet latin : ê physikê.
[2] Les « Droits de Tirage Spéciaux », constituent, initialement, un actif de réserve international, créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres, dans l’attente d’une refonte des accords de Bretton Woods.
«MACKY SALL TENTERA DE SE PRESENTER A LA PRESIDENTIELLE DE 2024»
Hier, devant le Grand jury de la Rfm, Jean-Paul Dias a prêté des intentions au président de la République sur sa propre succession.
Selon Jean-Paul Dias, le président de la République tentera de briguer un troisième mandat. Le leader du Bcg, «théoriquement» encore membre de la mouvance présidentielle, a défendu le maire de Mermoz-Sacré Cœur sur le dossier du littoral.
C’est une déclaration qui risque de créer une nouvelle polémique sur une éventuelle candidature du Président Macky Sall à la Présidentielle de 2024. Hier, devant le Grand jury de la Rfm, le leader du Bloc des centristes gaindé (Bcg) a prêté des intentions au président de la République sur sa propre succession. «Il a l’intention de se présenter et il tentera de se présenter. Il n’aura pas de difficultés au niveau du Conseil constitutionnel. Le reste, il n’a pas de considérations particulières sur ce que peuvent penser les Sénégalais au plan moral avec tout ce qu’il a dit. Il tentera, sauf si intervient quelque chose d’extraordinaire qui l’empêche d’y aller», a insisté M. Dias. Il demande d’ailleurs aux Apéristes d’avoir le «courage» de dire qu’ils ne sont pas d’accord et que «ceux qui ont l’ambition de se présenter de dire carrément qu’ils sont prêts à se présenter».
«Des gens du pouvoir cherchent des poux dans la tête chauve de Barth»
Relativement à la polémique sur le bradage du littoral, Dias-père a pris fait et cause pour son fils, qui est par ailleurs le maire de Mermoz-Sacré Cœur. Il dit : «La polémique ne date pas d’aujourd’hui. Elle a pris aujourd’hui un autre aspect, un aspect plus politique provoqué par des gens du pouvoir ou affiliés au pouvoir qui, voyant que Barthélémy Dias, notre maire, a réussi à traverser la période du Coronavirus avec succès, avec beaucoup de popularité, se sont dit : «Malgré sa tête chauve, il faut lui chercher des poux dans la tête et ils ont inventé cette affaire.».» En outre, Jean-Paul Dias a répondu au ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, Abdou Karim Fofana, selon qui le régime actuel n’a attribué aucun terrain sur ce périmètre de la capitale. «L’Etat c’est une continuité. Donc, dans ce dossier, la responsabilité de l’ancien régime, tout comme l’actuel, est engagée. Les textes disent que lorsque vous êtes attributaires d’un terrain, vous avez deux ans pour construire ; si au bout de deux ans, vous ne construisez pas, on doit vous retirer le terrain. Ils ne font pas ça», a-t-il expliqué. D’ailleurs, pour une meilleure gestion du foncier, il suggère l’intégration des maires dans les comités d’attribution des terres mais aussi qu’ils y siègent.
«On dirait que (les responsables) de Macky 2012 sont anesthésiés»
Jean-Paul Dias a également donné son point de vue sur les récentes nominations des transhumants Abdou Fall et Moussa Sy, respectivement au Conseil d’administration de l’Apix et celui du Port autonome de Dakar. «Macky Sall a montré qu’il n’a pas des amis d’hier, il n’a que des amis d’aujourd’hui ou qu’il estime être ceux de demain. Donc, il peut continuer à faire ce qu’il fait. Je rends hommage à l’Apr qui a réagi. Macky 2012 n’a même pas réagi, on dirait qu’ils sont anesthésiés.» Sur ses relations avec la mouvance présidentielle, il soutient qu’«en théorie», il est toujours membre en attendant de prendre une décision. Mais déjà, pour les Locales, il annonce que son parti y ira sous sa propre bannière.
Par Madiambal Diagne,
MON PACTE DE CONFIANCE AVEC MACKY SALL ET LE PEUPLE
Rien n’est publié de ma plume sans une connaissance avérée des faits. Aucun individu ne pourrait me faire plier parce que connaissant la vérité, on est bien peu impressionné par tout le vacarme que l’on pourrait préparer pour éloigner de l’essentiel
Il est des choses bien symboliques dans une vie. Les dernières chroniques publiées dans ce journal, sous ma plume, ont bougé des lignes, secoué des baobabs et éclairé sur différents sujets («Akilee-Senelec : Qui doit crier au voleur ?» 18 mai 2020 ; «Le gouvernement est nu», 3 juin 2020 et «Finalement, ils ont fait pire que les Wade avec nos terres», 6 juin 2020). Les colonnes de ce journal sont le reflet d’une entreprise courageuse de liberté d’expression, de transparence dans le traitement de l’information, d’objectivité dans la présentation des faits et d’exposition au public des différents enjeux dans notre cher Sénégal. Je me suis lancé dans cette aventure avec un seul défi, faire tout savoir au lecteur pour une marche apaisée et viable de notre République. Cette exigence de transparence, de fidélité à la réalité et de souci de l’intérêt public, a toujours été la marque de fabrique de ce titre. Nos adversaires, tout comme nos sympathisants, nous le reconnaissent. Rien n’est publié dans ces colonnes ou de ma plume sans une connaissance avérée des faits, sans leur analyse lucide. Ne se dit-il pas dans ce pays que si Le Quotidien le dit, c’est sûrement vrai ! Le président Abdoulaye Wade avait sorti cette maxime en plein Conseil des ministres !
Il se trouve qu’à cet exercice essentiel de la vie démocratique, il y a un tribut à payer et un lot d’ingratitudes. Ce tribut, il n’a jamais été question pour moi de ne pas y sacrifier. En effet, quand je jette un regard dans le rétroviseur, plus rien ne m’impressionne. Il n’est guère de logique de tireurs embusqués, les combats qui me tiennent à cœur pour ce pays, je les porte de toutes mes forces. Aucune pression ou menace ne peut me détourner de cette voie. Aucun individu ne pourrait me faire plier parce qu’en connaissant la vérité, on est bien peu impressionné par tout le vacarme et tous les contre-feux que l’on pourrait préparer pour éloigner de l’essentiel.
Les procès d’intention ont pu être nombreux. Il m’est prêté d’un côté d’être en intelligence avec le président de la République Macky Sall pour dénoncer les failles de sa gouvernance et de lui donner un souffle nouveau. D’un autre, on suppose que je serais en mal avec le pouvoir politique (et/ou avec son «ami» disent certains), pour chercher à le charger de toute force. Il y a même le schéma d’un rapprochement avec l’opposition et certains milieux d’affaires pour tout discréditer de l’action publique. J’oubliais aussi l’argument selon lequel on préparerait un retour de Karim Wade au bercail et d’une voie toute tracée pour lui. On ne peut être que renversé par autant de fertilité d’esprit, mais dans l’impasse on peut comprendre que le sauve-qui-peut contraigne certains à faire feu de tout bois. Rien de ce jeu ne surprend, la première vague est de me prêter des mots et arguments qui ne sont pas les miens. Il arrive même d’identifier des personnes confinées dans l’anonymat, avec le dessein de les jeter en pâture mais en prétextant que ce serait Madiambal Diagne qui chercherait à leur nuire. La deuxième est de jouer avec un terrorisme intellectuel en orchestrant un tapage avec un agenda que j’aurais contre les religieux. La troisième est celle des coups de bélier avec une horde de cavaliers dont la fougue de leur course en dit suffisamment sur les motivations.
J’en irais à dire que rien n’est nouveau sous le soleil. En deux décennies, au gré des humeurs et colères des différents milieux avec les informations traitées, ma personne et ce journal ont été considérés comme armes de lobbys économiques, d’une intelligentsia mouride, d’adversaires politiques du président Wade, de cercles maçonniques ou de quelques autres obédiences, d’intérêts étrangers, de gradés des forces de défense et de sécurité. On finit par se perdre dans ce labyrinthe de connexions et d’explications des plus farfelues. Il est néanmoins rassurant qu’avec toutes ces obédiences qui nous sont prêtées, nos amis d’aujourd’hui sont nos ennemis du lendemain. Nos adversaires d’hier se muent en fervents sympathisants aujourd’hui. Tout cela au gré des publications et révélations de ce journal.
Le travail du journaliste est de soulever des lièvres, au peuple et aux autorités publiques de décider de les attraper ou pas. La succession des événements suite aux différentes révélations conforte sur le fait que des lignes ont pu être bougées et des postures revues. L’agitation et le tollé qui en ont découlé, montrent qu’un intérêt certain est prêté à ce qui est dit dans ces colonnes. Libre à chacun d’interpréter et d’en faire l’usage qui lui semble bon. Il n’est recherché à tirer aucune gloire ou de souhaiter à qui que ce soit une chute aux enfers. Il n’est pas non plus recherché de jeter qui que ce soit en pâture. Ce sont des faits qui ont été exposés et s’ils impliquent des chaînes, l’opinion aura au moins gagné à voir clair dans tout ce qui se joue en son nom. De la même manière que nous avions poussé à faire changer beaucoup de choses dans la gouvernance du président Abdoulaye Wade, nous pouvons affirmer avoir obtenu que le président Macky Sall soit assez interpellé sur la gestion du Plan de riposte contre le Covid-19, ou sur l’affaire du contrat controversé entre Senelec et Akilee ou sur la gestion des domaines fonciers de l’Etat. L’idée qu’une exigence du président de la République sur une clarté de tous les faits, allant jusqu’à demander une identification des différentes personnes impliquées dans les différentes affaires a secoué bien des baobabs. Les tirs tous azimuts se comprennent.
Il n’y a aucun mal à être seul dans un combat et de se voir adversaire de gens dont les intérêts propres ont pu être mis à mal. Le temps reste le meilleur des juges et rétablira chacun dans la vérité. Le Sénégal saura reconnaître ses fils.
Mon pacte avec Macky Sall
Mes relations avec le président Macky Sall nourrissent des commentaires et continueront d’alimenter les parlottes. Il doit être clair que je m’honore de son amitié et j’ai pour lui de l’affection qu’il me témoigne en retour. Cette relation est aussi fondée sur du respect et un pacte moral indéfectible pour moi. Je n’avais pas de relations suivies avec le président Macky Sall avant ses déboires avec le régime de Abdoulaye Wade. C’est en juin 2008, que j’ai eu à m’asseoir pour la première fois avec l’homme qui était alors président de l’Assemblée nationale. Notre ami commun Alioune Fall, journaliste, avait arrangé le rendez-vous au domicile du président de l’Assemblée nationale. Nous avions eu une discussion franche. Macky Sall n’avait pas cherché à se débiner le moins du monde. Il avait assumé toute sa part de responsabilité dans les actions menées par le pouvoir Wade contre ma personne et contre le journal Le Quotidien. Macky Sall avait été à la tête d’un gouvernement qui se voulait intraitable avec Madiambal. J’avais salué son courage et son honnêteté pour admettre le rôle qu’il aurait pu avoir joué. Il disait avoir compris le sens et la portée de mon combat et m’avait alors invité à me joindre à lui, «dans le combat qu’il menait pour la démocratie et pour protéger la République et restaurer ses valeurs». Il savait que sa rupture d’avec Wade était inscrite comme une fatalité. Je lui avais alors donné une poignée de mains pour lui dire «qu’il pouvait désormais compter sur moi». Le lendemain, j’avais rassemblé mes collaborateurs pour les informer de cette situation.
J’ai ainsi entretenu des relations régulières avec Macky Sall et je m’autorisais à lui faire des suggestions et des remarques, durant tout le déploiement de son action politique. A son arrivée au pouvoir en 2012, il a tenu à raffermir de telles relations et a fait de moi un interlocuteur assez privilégié pour discuter de questions majeures. Je me suis fait le serment de lui dire strictement la vérité, considérant que je ne pourrais lui être utile et être utile à la République que dans une posture de vérité et de franchise. En de nombreuses occasions, l’un et l’autre, nous avons pu éprouver notre amitié. Ce n’est pas pour autant que mon pacte avec le Sénégal en souffrirait d’une quelconque manière.
SONKO PROMET LA DESTRUCTION DE TOUS LES EDIFICES
Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral.
Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral. Après le maire de Mermoz Sacré-Cœur Barthélémy Dias et le collectif du SOS littoral, c’est au tour du président de Pastef Ousmane Sonko de descendre hier sur les lieux pour manifester son amertume et sa consternation. Le ton ferme et sans appel, il a promis la destruction de tous les édifices en question, dès son accession au pouvoir.
Le leader du Pastef est formel. Ousmane Sonko juge illégale la construction sur le littoral. Raison pour laquelle hier, dans un live sur la plage de Mermoz, il a averti les propriétaires des bâtiments et menacé de démolir tous les édifices. «Je viens à cette plage depuis plusieurs années. Ils nous ont fait un escalier qui ne vaut même pas 200.000 FCFA pour accéder à la plage dans le but de nous consoler. Je tenais à avertir les occupants de ne pas mettre leurs milliards, parce que nous ferons détruire toutes ces constructions illégales sur le littoral», avertit-il.
A l’en croire, «toutes les autorités dont les responsabilités sont engagées dans cette affaire devront rendre compte devant la justice». Ousmane Sonko indique par ailleurs que le combat pour la sauvegarde du littoral ne doit pas être mené par un seul Sénégalais. «Il n’est pas celui de Barthélémy Dias ni celui de Guy Marius Sagna, encore moins celui de Pastef, mais c’est plutôt un combat de tous les Sénégalais.»
Malheureusement, se désole-t-il, beaucoup de Sénégalais semblent ignorer les priorités. «Aujourd’hui, la mobilisation faite contre l’augmentation des horaires du couvre-feu, si les Sénégalais la font sur la question du pétrole ou sur le bradage du littoral, le problème va se régler», tranche le patriote en chef avant de se désoler : «Cependant si on appelle les Sénégalais à se mobiliser sur ces différentes questions, on risque de se retrouver avec moins de 200 personnes».
DÉLIVRANCE DES AUTORISATIONS PAR LES AUTORITÉS ADMINISTRATIVES
Il a paru nécessaire pour le gouvernement de procéder à la modification de l’article R207 du décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme
A la demande du requérant, le représentant de l’Etat territorialement compétent signe et délivre, sous huitaine, l’arrêté portant autorisation de construire. C’est la nouveauté apportée par le chef de l’Etat dans le décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme. Mais elle n’est pas sans conséquence dans la mesure où les maires voient leur pouvoir réduit.
Face aux lenteurs constatées dans la procédure de délivrance d’autorisation de construire, il a paru nécessaire pour le gouvernement de procéder à la modification de l’article R207 du décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme.
Ainsi, à en croire le rapport de présentation du décret signé le 10 juin dernier par le président de la République, en cas de silence de l’autorité compétente, le représentant de l’Etat peut signer et délivrer l’autorisation de construire. Cette modification règlementaire a pour objectif de garantir l’effectivité de l’autorisation de construire réputée accordée dans ces conditions ainsi que de la célérité de la procédure de délivrance du permis de construire par les communes, conformément aux directives du président de la République.
CHEIKH DIENG ATTEND LA REACTION DE L’AMS
Le maire de Djiddah Thiaroye Kaw, Cheikh Dieng, estime que c’est parce que le gouvernement se trouve dans une impasse par rapport à l’accaparement et à la prédation des terres du littoral qu’il se fraye une porte de sortie. «Face au réveil citoyen inattendu du peuple sénégalais, l’Etat procède à une diversion en soulevant un problème qui n’est pas à l’ordre du jour», déclare Monsieur Dieng. Ensuite, il relève une atteinte à l’Acte 3 de la décentralisation qui consacre une plus grande responsabilité aux maires élus démocratiquement et dépositaires de la légitimité au même titre que le président de la République. Ce qui est tout le contraire des autorités administratives qui sont assujetties au commandement, signale le maire libéral. Il est convaincu que le fait de retirer les prérogatives des maires élus démocratiquement au profit de personnes simplement nommées constitue un recul démocratique historique dont le Président Macky Sall porte la responsabilité. Ce qui, d’après lui, va à l’encontre de la marche du monde et de la démocratie au moment où l’on consacre de plus en plus des responsabilités et des transferts de compétence aux entités décentralisées. Cheikh Dieng attend la réaction de l’Association des Maires du Sénégal(AMS) qui est l’instance censée défendre les intérêts moraux des élus locaux. Selon lui, c’est parce que les maires jouent leur rôle de vigie démocratique en refusant de signer des actes illégaux d’autorisation de construire que cette mesure a été prise.
A l’en croire, l’Etat crée des voies de contournement pour mettre en avant une administration qui a souvent plus des préoccupations «clientélistes» que le souci de respecter les règles de construction. «La loi de 1976 sur la protection du domaine public maritime, le Code de l’environnement qui exige des études d’impact préalable pour ces types d’aménagement, entre autres textes, ont été allègrement violées par les autorités administratives en délivrant des papiers de bail, de titre foncier qui ne peuvent être attribués au titre individuel sauf en cas d’intérêt public», explique Cheikh Dieng.
UN ACTE ILLEGAL !
Par ailleurs, selon Cheikh Sadibou Sèye, chercheur en gouvernance publique, contacté par Seneweb, cet acte du chef de l’Etat est illégal dans la mesure où sur les termes de l’article 319 de la loi portant Code général des collectivités territoriales, les communes ont la compétence de délivrer «des autorisations de construire à l’exception de celles délivrées par le ministre chargé de l’Urbanisme».
Or, il indique que le décret pris par le Président Macky Sall confère au représentant de l’Etat la latitude de délivrer des autorisations de construire sans base légale». En effet, toujours selon le chercheur rapporté par Seneweb, la loi n°2008-43 du 20 août 2008 portant code de la construction dispose en son article L4 que «nul ne peut élever une habitation, restaurer ou augmenter un bâtiment existant ou encore creuser un puits distant de moins de 100 mètres des nouveaux cimetières transférés hors des communes sans obtenir préalablement une autorisation délivrée par le maire». Et l’article 68 de la loi portant Code de l’urbanisme dispose également que «l’autorisation de construire est délivrée au propriétaire ou à son mandataire, après instruction par les services chargés de l’urbanisme, par le maire dans les conditions définies dans la partie règlementaire du présent code».
DR ADAMA DIOUF, PRESIDENT DE L’UNION DES ASSOCIATIONS D’ELUS LOCAUX (UAEL) : «C’est parce que dans les collectivités locales, il n’y a pas souvent le personnel qualifié»
«Je voudrais rappeler deux principes. Le premier, c’est que la collectivité locale est un démembrement de l’Etat. Et cela signifie que les compétences sont partagées en l’espèce. Le deuxième principe est celui de la subsidiarité. Cela signifie que l’action publique doit être exercée par l’acteur le plus proche et au lieu le plus approprié. C’est cela qui fonde la responsabilité qui a été donnée aux maires de donner l’autorisation de construire. Parce que c’est le maire qui vit la réalité au quotidien.(…) Cependant, il a été constaté des lenteurs de la part de certains collègues maires. C’est parce que dans les collectivités locales, il n’y a pas souvent le personnel qualifié nécessaire et suffisant pour s’acquitter de ces questions administratives dans le délai requis. Donc, au regard de la prégnance de la question, des revendications multiples qui atterrissent auprès des plus hautes autorités, il est tout à fait fondé que l’Etat prenne une décision comme celle-ci consistant à ce que l’autorité administrative territorialement compétente puisse signer l’autorisation de construire etla délivrer au citoyen. C’est cela la diligence, la célérité et l’efficience de l’action publique. Je rappelle que la collectivité locale est un démembrement de l’Etat. Donc, il est normal que ce dernier trouve des solutions s’il y a des difficultés quelque part dans l’échelon comme c’est le cas aujourd’hui au niveau d’un maire. Donc, je n’ai pas de problème par rapport à ça. Il faut, à chaque fois qu’il y a défaillance c’est-à-dire une lenteur, trouver une solution. Cela ne signifie pas que l’Exécutif local est dessaisi. C’est juste une mesure alternative, au cas où il y a des difficultés pour délivrer une autorisation de construire. A cet égard, je pense que le chef de l’Etat a tout le droit de le faire par le biais de son ministre en charge des questions de l’Urbanisme. Ici les compétences sont partagées. Et l’autorité centrale peut prendre une décision pertinente et alternative pour faire face à la défaillance de l’autorité qui est le maire ou le Président du Conseil départemental. Il faut dire également que nous n’avons pas le droit en tant que collectivité locale de bloquer les actions publiques et les actions de développement par une lenteur qui ne se justifie pas.»
‘’NOS MAGISTRATS SONT TOTALEMENT INDÉPENDANTS DU POUVOIR EXÉCUTIF’’
Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
Dakar, 15 juin (APS) - Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
‘’Ils (les magistrats) ont toutes les garanties constitutionnelles. Je vous assure qu’ils prennent cette garantie. Ce sont des juristes comme moi. Je n’ai pas besoin de leur demander de prendre des décisions (…). Ils connaissent la Constitution comme moi. Ils disent la justice mieux que moi, [...] ils sont totalement indépendants’’, a soutenu M. Sall.
L’avocat nommé à la tête du ministère de la Justice depuis avril 2019 était l’invité dimanche de l’émission ‘’Jury du dimanche’’, diffusée par Iradio et iTV (privées). Il soutient n’avoir jamais cherché à influencer un magistrat.
‘’Depuis un an et quelques mois que je suis là, aucun juge ne peut dire que je l’ai appelé dans un dossier civil, commercial ou pénal pour lui dire : +Voilà ce que le pouvoir politique veut, ou ce que le chef de l’Etat veut+’’, a juré Malick Sall.
‘’Je vous l’assure, le président de la République ne peut pas mettre un visage sur 95% des magistrats. Il ne les connaît pas’’, a-t-il ajouté, soutenant que ‘’c’est la Constitution du Sénégal qui donne une garantie d’indépendance à la justice’’.
Interrogé sur la liberté provisoire accordée au député Seydina Fall dit Bougazelli, inculpé pour ‘’association de malfaiteurs, contrefaçon de billets de banque ayant cours légal, blanchiment de capitaux et tentative de corruption’’, M. Sall a dit que ce militant du parti au pouvoir n’avait pas bénéficié d’une ‘’protection judiciaire’’.
M. Fall a bénéficié d’une liberté provisoire après que l’un de ses avocats, Me Clédor Ciré Ly, a invoqué la dégradation de son état de santé.
‘’Objectivement, si Bougazelli avait une protection judiciaire ou politique, il ne serait pas en prison‘’, a argué le ministre de la Justice.
Selon lui, le député de Guédiawaye (banlieue de Dakar) a présenté plus d’une vingtaine de demandes de liberté provisoire.
‘’Toutes les demandes ont été rejetées avant qu’il n’obtienne cette liberté provisoire’’, a-t-il précisé.
Par Abdou Karim FOFANA
LE LITTORAL, L’HUMAIN ET L’ACTION PUBLIQUE
Si nous voulons un développement harmonieux et durable de notre pays, nous devons éviter de nous émouvoir de manière populiste à propos de l’investissement étranger et accepter d’accueillir les porteurs de projets d’où qu’ils puissent venir
La gestion du littoral de notre pays et, plus particulièrement, de la corniche de Dakar occupent depuis quelques jours le devant de l’actualité. Dans une époque dominée de plus en plus par le futile, l’éphémère, l’instantané, la recherche de sensationnel, je me réjouis qu’un sujet aussi important occupe une telle place dans le débat public. Il faut cependant constater que la discussion de fond entre personnes engagées dans la seule bataille qui vaille dans notre démocratie: celle des idées, se trouve néanmoins pollué par des gens dont l’unique motivation est de substituer à la pensée mère de l’action, les petites querelles politiciennes. Afin de contribuer à remettre au centre des préoccupations la réflexion fécondante, je propose un retour à la sérénité et un recours aux faits. Pour cela, il me semble important de convoquer l’histoire.
LA REGLEMENTATION A TRAVERS L’HISTOIRE
L’Etat du Sénégal a aujourd’hui soixante ans d’existence et les tentatives d’organisation de l’occupation de son littoral sont plus vieilles que son accession à la souveraineté internationale. Le transfert de la capitale de l’Afrique Occidentale Française de Saint-Louis à Dakar, en 1902, a permis l’élaboration du premier Plan Directeur d’Urbanisme (PDU) pour Dakar en 1946, par Lopez, Gutton et Lambert, qui sera modifié en 1957 puis remplacé par celui de 1967 dénommé Plan Ecochard. Sur cette base un Plan d’Urbanisme de Détails (PUD) a été élaboré pour la corniche de Dakar et approuvé par décret. Ses principales orientations étaient l’interdiction de prise de possession d’assiettes et l’autorisation d’installations précaires et révocables ou de constructions légères et démontables. Vingt ans après le Plan Ecochard - durée de vie d’un PDU - une révision a été entamée dans les années quatre-vingt. Le PDU de Dakar horizon 2001 reprenait dans ses grandes lignes celui de 1967 surtout pour ce qui concernait les zones de la commune de Dakar dont le bâti était déjà dense et la morphologie quasi définitive. Ce plan n’a pas été approuvé par décret. Durant cette période, a été construite dans le périmètre de la future commune de Dakar Plateau, sur la corniche ouest, la première maison qui surplombait l’atlantique marquant le début de l’agression de cette zone dont la convoitise introduisit rapidement une forme de compétition.
En 2000, le PDU de Dakar de 2001 est remplacé par celui fixé à l’horizon 2025, suite logique des plans successifs qui ont défini, selon les époques, les grandes lignes du développement physique de l’agglomération dakaroise. Deux ans plus tard, le ministre de l’Urbanisme etde l’Aménagement du territoire mettait en place, par arrêté ministériel n°529 en date du 22 janvier 2002, la Haute Autorité pour l’aménagement de la corniche de Dakar.
AUTORISATIONS DELIVREES PAR DES OPPOSANTS
Entre 2002 à 2012, des aménagements sur la route de la corniche ont été réalisés décuplant l’intérêt pour une zone déjà très convoitée. De nouveaux hôtels sont construits, ceux déjà existants sont rénovés voire agrandis et des maisons sortent de terre suite au déclassement de certaines parties et malgré l’élaboration d’un PUD, certes non approuvé par décret, ainsi que la révision de plusieurs règlements particuliers d’urbanisme en rapport avec la corniche. On peut citer les règlements particuliers de la zone des Almadies, de Dakar-Plateau et du Point E qui bénéficiaient d’un décret d’approbation. Les baux, durant cette décennie, ont été octroyés et les autorisations de construire délivrées par des autorités gouvernementales et des maires membres d’organisations politiques aujourd’hui adversaires de notre majorité. En effet, la procédure en la matière obéit aux étapes suivantes : un décret de déclassement pris par le président de la République sur avis favorable d’une commission dirigée par le gouverneur territorialement compétent, un avis favorable de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD), la délivrance d’un bail par les services des domaines, un examen des plans de construction par les services d’urbanisme, une autorisation de construire par le maire de la commune concernée. L’action du président Macky Sall En 2012, à la faveur de l’élection du président Macky Sall, une procédure de révision a permis la production du PDU de Dakar et ses environs, horizon 2035, caractérisé par une approche inclusive tenant compte des aspects liés aux concepts de villes durables et résilientes. Faisant preuve d’exemplarité, le chef de l’Etat a rendu une parcelle qui lui avait été attribuée sur la corniche, a retiré un titre délivré à un pays ami pour la construction d’une résidence diplomatique, s’est rendu sur la corniche pour constater la situation et a demandé à l’Ordre des architectes de lui proposer un projet d’aménagement qui est attendu depuis 2014. Sa détermination à apporter une solution définitive s’est parfois heurtée à la multiplicité des acteurs et à leurs difficultés à travailler en synergie. Au-delà du littoral, le président Sall est sensible aux défis environnementaux tels que la pollution marine - le vote de la loi sur l’interdiction du plastique est aussi lié à cette préoccupation -, la dépollution de la Baie de Hann dont le financement est ficelé ainsi que la reforestation.
ORGANISER L’OCCUPATION
Il faut rappeler que nous avons, à travers l’histoire, toujours eu des populations habituées à vivre en bord de mer : les pêcheurs tioubalo peulh, niominka sérère, lébou, certains habitants historiques de zones côtières etc. Il y a aussi des occupations d’ordre économique, d’utilité publique et d’intérêt général. La réalisation de réceptifs hôteliers est, par exemple, importante pour le tourisme, secteur qui contribue de manière significative au PIB national et dont l’apport sera encore plus déterminant en cette période de relance économique liée à la Covid19. Le problème réside surtout dans les affectations privées concédées, parfois au mépris de la loi, qui sont à dénoncer et à combattre. Se lancer, aujourd’hui dans des actions punitives ne relève pas du bon sens. Nous avons assez d’espace pour rendre accessible la corniche. Il est impossible de ne pas l’occuper. Il faut organiser, aménager les parties non occupées. Il y a une occupation égoïste et une occupation d’intérêt public équitable quant à l’accès des populations à la mer. Des centres commerciaux de Copa Cabana, par exemple, aux hôtels de La Rochelle en passant par les aménagements payants de la corniche d’Abu Dhabi, tous les pays disposant d’un atout littoral l’exploitent selon des ratio hôtels - accès public - plages de pêcheurs - aménagements etc. L’enjeu réside dans l’optimisation de cette exploitation.
ACCUEILLIR L’INVESTISSEMENT EXTERIEUR
Si nous voulons un développement harmonieux et durable de notre pays, nous devons éviter de nous émouvoir de manière populiste à propos de l’investissement étranger et accepter d’accueillir les porteurs de projets d’où qu’ils puissent venir. Cela, quitte à exiger légalement une participation, jusqu’à un certain niveau, de privés nationaux dans tout investissement venu de l’extérieur. A défaut, le Sénégal sera une terre d’opportunités non exploitées et un terrain de chasse pour les spéculateurs. Dans les années 2000, on a beaucoup parlé de scandales fonciers supposés. Celui lié à des investissements à Mbane avait, par exemple, connu un grand retentissement. Aujourd’hui, malgré les supposés déséquilibres évoqués dans les modalités de concession à certains privés, cette commune est devenue une grande plateforme où des opérateurs venus d’autres parties du monde réalisent une production agricole de qualité. Les populations travaillent avec eux dans une harmonie parfaite et un développement économique local inspirant. A côté de l’agriculture familiale et vivrière, un tel modèle est à promouvoir, dans le respect strict des règles garantissant l’intérêt national et sans se soucier de la propagation de fake news et de faits alternatifs inhérents à notre époque.
ESQUISSE D’UN FUTUR HARMONIEUX
Après avoir convoqué l’histoire, il nous faut ainsi esquisser le futur, faire une projection sur l’avenir de notre corniche et de notre littoral. Ma conviction est que la prise en charge de cette question nécessite, après l’état des lieux physiques déjà effectué et la concertation ouverte avec les acteurs, l’adoption de mesures prioritaires que sont : la signature d’un décret déclarant d’utilité publique l’aménagement etla restructuration de la corniche, prescrivant les mesures de sauvegarde et autorisant l’élaboration d’un nouveau Plan d’Urbanisme de Détails, l’élaboration du Plan participatif d’aménagement et de développement durable de la corniche ouest, la mise en œuvre du projet d’aménagement et de restructuration de la corniche ouest. Ces mesures nécessaires rentrent dans une vision voulant que la corniche de Dakar et, de manière générale, nos 760 kilomètres de littoral soient préservés afin de confirmer le constat de l’architecte allemand Jochen Brandi qui, rapporte mon ami Moctar Ba, président de la Plateforme pour l'Environnement et la Réappropriation du Littoral, ébloui par ses formes remarquables, estime que le potentiel de la corniche de Dakar va bien au-delà de Central Park à New York, du Bois de Boulogne à Paris ou des 3000 parcs pour les trois millions d'habitants de la ville de Vienne.
RENFORCER L’ACTION PUBLIQUE
Sans une action publique forte, sans détermination politique, il sera impossible d’exploiter efficacement ce potentiel. L’action de la société civile et des lanceurs d’alerte est utile. Cependant entre les manipulations et, parfois, les tergiversations politiques, nous risquons de tuer l’action publique. Si nous laissons la responsabilité de cette action à des lanceurs d’alerte souvent peu ou mal informés des tenants et aboutissants et en proie, de bonne foi, aux manipulations, nous la tuons. Les hommes politiques n’auront plus d’utilité puisque la dictature de l’opinion sans preuves et de l’émotion facile leur fera fuir la responsabilité de rétablir les faits et de poser des actes pour le mieux-être de tous. Il s’agit là d’un défi générationnel. Nous avons été élus pour mettre en œuvre des politiques publiques. Nous devons avoir le courage de dire aux populations la vérité, de les informer sur l’intérêt véritable de notre pays. L’Etat a le devoir d’être transparent, organisé, méthodique mais l’Etat ne doit pas manquer de volonté pour réaliser des projets utiles à l’en commun. Ma vision est qu’il nous faut bâtir des villes où l’humanité fait sens, des villes qui se soucient de l’humain dans l’urbain. Cela passe par la valorisation de nos meilleurs atouts. Il nous faut planifier la ville en concevant les espaces publics et les usages comme lieux de créativité et d’inclusion, la construire dans une continuité de temps et d’espace en agissant sur la forme urbaine et en anticipant sur les extensions urbaines, la définir comme un bien commun.
par Mody Niang
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, LE SÉNÉGAL TRAÎNE LOURDEMENT LES PIEDS
Dans ce pays, la corruption est nourrie au sommet de l’État - Le décret nommant Mansour Faye et le ‘’vrai-faux’’ qui a créé ‘’l’honorariat’’ pour les anciens présidents du CESE se disputent l’indécence et l’absence d’éthique
Par notre comportement de tous les jours, nous Sénégalaises et Sénégalais, donnons raison au vieux président-politicien qui, fort d’une certaine conviction, nous a gouvernés à sa guise et souvent avec mépris pendant douze longues années. Cette conviction était fondée sur la certitude que nos mémoires étaient courtes. Il disait exactement ceci, au cours d’un bureau politique ou son équivalent : « Senegale, boo ko laaje lu mu réere biig du la ko wax, te gëmul ludul nguur ak xaalis. » En français, il le dirait ainsi : « Le Sénégalais a la mémoire courte et ne croit qu’à l’argent et aux honneurs. » Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il a parfaitement raison. Dans toute grande démocratie, dans seulement tout pays sérieux, les graves forfaitures qui ont jalonné sa longue et infecte gouvernance lui auraient valu les pires déboires judiciaires[1]. Au lieu de cela, les foules continuent de courir derrière lui et nombre de journaux lui réservent encore leurs ‘’Une’’.
Voilà huit ans qu’il a quitté le pouvoir et son digne successeur se fait la même conception de nous et mène exactement la même nauséabonde gouvernance. Nous constatons que, depuis le 2 avril 2012, son installation officielle, les scandales succèdent aux scandales, aussi graves les uns que les autres, sans susciter la moindre indignation du peuple. Les plus récents crèvent nos yeux et nous percent les tympans. Ce sont, naturellement, la gestion des milliards destinés à l’aide des populations démunies laissée à son beau-frère, le très contesté contrat liant la Senelec à Akilee, les dizaines de licences de pêche accordées en dehors de toute réglementation à des bateaux chinois qui pillent sans état d’âme nos maigres ressources halieutiques, ce vrai-faux décret qui accorde de façon indécente des privilèges exorbitants aux anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Il y a eu une période où les partenaires dits techniques considéraient le Sénégal comme un exemple de bonne gouvernance et de démocratie. C’était très mal connaître nos réalités. Á supposer qu’ils aient eu raison, le Sénégal marque le pas et se fait distancer par nombre d’autres pays. Parmi eux, je ne citerai pas le Botswana et la République des Îles du Cap-Vert qui sont loin, très loin devant nous. Je prendrai plutôt des exemples encourageants de pays considérés jusqu’ici comme corrompus ou très corrompus.
Je partirai du Burkina Faso, qui n’est pas considéré d’ailleurs comme un pays très corrompu, peut-être même pas corrompu, mais l’exemple est fort intéressant. Un ex-ministre de la Défense, Jean-Claude Bouda, a été arrêté et écroué à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou. C’était le mardi 26 mai dernier. Selon Yaya Boudani, correspondant de RFI à Ouagadougou, tout est parti d’une plainte du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) pour « délit d’apparence et enrichissement illicite ». Suite à cette plainte, l’ex-ministre a été auditionné puis directement transféré à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou.
Les déboires de l’ex-ministre ont commencé, en décembre 2018, par des photos d’une luxueuse villa qui font le tour de la Toile et qui serait la propriété de l’ex-ministre de la Défense. Après quelques mois d’enquêtes, le REN-LAC dépose une plainte pour des faits de « délit d'apparence, d’enrichissement illicite, de fausses déclarations d'intérêts et de patrimoine », entre autres. La luxueuse villa, dont le coût est estimé à près de 500 millions de francs CFA, n'apparaissait nulle part dans la déclaration des biens de l’ex-ministre à sa nomination au sein du gouvernement. Et le REN-LAC estime, qu’en tous les cas, « les ressources qu’il avait déclarées ne pouvaient non plus lui permettre une telle acquisition ». De source judiciaire, il est poursuivi pour « faux et usage de faux, blanchiment de capitaux et délit d'apparence ». Pas seulement. Son nom est également cité dans d’autres dossiers pour lesquels aucune plainte n’est pour le moment déposée.
Une villa de 500 millions de francs CFA considérée comme très luxueuse et ne figurant pas dans la déclaration de ses biens au moment où il entrait dans le gouvernement ! Une telle villa, c’est mille fois rien au Sénégal. Dans les quartiers comme l’ancienne Zone de captage et l’ancienne réserve foncière de la Foire de Dakar, l’ancienne Bande verte qui longeait la Voie de Dégagement Nord (VDN), la Cité Kër Góor gi (qui porte bien son nom), la Cité des Mamelles et des quartiers alentours, le Domaine public maritime de plus en plus privatisé, on trouve des milliers de villas et d’immeubles devant lesquels la luxueuse villa de l’ex-ministre burkinabè est une case. Parmi ces villas et ces immeubles, il y en a – et ils sont nombreux –, dont des observateurs avertis estiment les coûts à un, deux, trois, quatre milliards de francs CFA ou plus. Ce qui est insoutenable, c’est que ces villas et immeubles appartiennent à des fonctionnaires qui ne comptent pas parfois plus de dix ans d’ancienneté, et à des Sénégalaises et Sénégalais qui, avant le 1er avril 2000 et le 2 avril 2012, auraient bien du mal à se construire une maison de deux millions de francs. Et encore ! On imagine donc aisément le fossé qui existe entre la gouvernance au Burkina Faso et celle qui prévaut chez nous surtout depuis le 1er avril 2000.
L’autre exemple aussi encourageant, me vient du Bénin où un procureur, celui de Kandi, est mis en examen pour «intelligence avec un groupe terroriste». Il n’était pas seul d’ailleurs : le procureur de la République, le premier substitut et le commissaire par intérim de la même ville, ont été placés sous mandat de dépôt, pour « intelligence avec un groupe de terroriste, abus de fonction et corruption ». Tout est parti, selon RFI, de l'arrestation d'un suspect présenté comme un agent de renseignement d'un groupe de terroristes dans le Parc W, partagé par le Niger et le Burkina Faso. Le procureur de Kandi reçoit le dossier, le traite et le classe sans suite. Ce qui suscite l’indignation de ceux qui ont interpellé le suspect. Ils informent leur hiérarchie et les choses vont vite : les magistrats sont alors soupçonnés d'intelligence avec les terroristes, notamment de corruption, inculpés et placés sous mandat de dépôt. Une telle fermeté, une telle objectivité dans le traitement d’un dossier judiciaire de ce niveau, nous éloigne de notre pays.
Un autre exemple, vraiment inimaginable dans ce Sénégal de Macky Sall celui-là, avec les deux précédents d’ailleurs, me vient de la République démocratique du Congo (RDC). Oui, de la RDC. Il s’agit d’un procès inédit dans ce pays, celui du Directeur de cabinet du chef de l’État Félix Tshisekedi. Il s’agit de Vital Kamerhe, son principal allié, qui s’était désisté avant l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 en sa faveur, élection qu’il a remportée, même avec beaucoup de contestations, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Vital Kamerhe n’est pas seulement l’allié, le Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, mais il était au cœur du landerneau politique depuis vingt ans. Malgré tout, son procès anticorruption s’est ouvert le 11 mai 2020, après une détention préventive depuis le 8 avril 2020. Il était poursuivi, avec deux autres personnes, pour le détournement présumé de 50 millions de dollars, soit l’équivalent d’environ 46 millions d’euros. Cet argent était destiné, selon les observateurs, à la construction de maisons sociales préfabriquées, donc à l’intention des Congolais les plus modestes. On retiendra aussi, que lors de l’audience retransmise par la chaîne d’État RTNC, M. Vital Kamerhe « est apparu les traits tirés, barbe grisonnante, vêtu de la tunique jaune et bleue propre aux détenus de la prison centrale de Makala où se tient le procès ». Il n’est pas au bout de ses peines car, dans son réquisitoire, le procureur de la République réclame vingt (20) ans de travaux forcés pour détournements de deniers publics et quinze (15) de prison pour corruption. La délibération du juge est attendue le 20 juin 2020 (RFI, journal parlé de 6 heures 30 du vendredi 12 juin dernier).
Ce procès n’était pas passé inaperçu. Il était couvert notamment par Le Monde, l’AFP, l’Agence Reuters. Les experts du Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’université de New York le résument ainsi : « Jamais dans l’histoire politique congolaise de ces deux dernières décennies, un acteur aussi important de la scène politique ne s’est retrouvé derrière les barreaux ». Un tel procès ne verra jamais le jour au Sénégal, tant que Macky Sall y sera président de la République. Au contraire, les plus gros pilleurs de deniers publics y sont promus à des postes stratégiques où ils continuent tranquillement leurs forfaitures.
Le dernier exemple extérieur que je propose aux lecteurs, serait considéré chez nous comme sensible parce que touchant à la sécurité nationale, comme « secret défense », quelle que soit sa gravité. L’exemple se passe au Niger, en guerre contre des djihadistes. Dans cette perspective, l’armée a passé de gros marchés d’armes dans des conditions peu orthodoxes. L’affaire, qui touche directement le ministère de la Défense nationale (MDN), fait état de graves malversations qui mettent les réseaux sociaux dans tous leurs états. D’énormes sommes d’argent – on avance jusqu’à 1700 milliards de francs CFA –, auraient pris d’autres destinations, allant nourrir peut-être les comptes en banque de quelques personnels politiques et militaires ou ont servi à construire de villas de haut standing. Pour en avoir le cœur net, le nouveau ministre de la Défense nationale, M. Issoufou Katambé, ordonne une enquête. Les inspections et les audits qu’il a diligentés révèlent de pratiques malsaines qui sont à la base de l’évaporation de tous ces milliards dont on ne trouve aucune trace sur le terrain. Le rapport d’audit, même provisoire, a permis au ministre Katambé de découvrir, entre autres forfaits, qu’une commande d’entretien d’avions a été faite pour le compte d’une entreprise qui n’existe que dans l’imagination de ses auteurs pour un coût de 1,9 milliard, alors que la commande, reprise, ne devait coûter à l’État que 900 millions, avec des entreprises réelles et justifiant d’une expérience avérée. Pire, avant que la prestation ne soit faite, le 1,9 milliard FCFA a été sorti du Trésor national. C’est également le cas de deux hélicoptères de transport de troupes, commandés paraît-il sous Kalla Moutari (ancien ministre), mais jamais livrés.
Ces deux hélicoptères d’un coût de 30 millions de dollars ont été surfacturés à 47 millions de dollars. Le manque à gagner pour l’État s’élèverait à près de 100 milliards de francs CFA. L’audit a mis en cause plusieurs personnes pour surfacturation et non-livraison de matériel militaire. De lourds soupçons pèsent ainsi sur certains gradés de l’armée nigérienne comme sur des hommes politiques, membres influents du Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS), parti au pouvoir, ainsi que des hommes d’affaires. Ces derniers ont voulu d’ailleurs trouver un arrangement et payer en douce les milliards illicites qu’ils ont encaissés. Les magistrats ont alors tapé sur la table et l’affaire suit son cours.
Ce qui est remarquable, le président de la République Issoufou Mahamadou n’a pas encore levé le plus petit doigt et laisse faire. Que nous sommes loin du Sénégal de Macky Sall où le gouvernement a acheté et déployé un nouveau matériel militaire, notamment des chars de combat et des hélicoptères probablement pour des centaines de milliards de francs CFA, et peut-être bien plus. Dans quelles conditions ? Nous ne le saurons jamais, en tout cas tant que le président-politicien régnera sur le pays. Notre ministre des Forces Armées ne s’aventurerait jamais, comme son homologue nigérien, à s’intéresser aux conditions dans lesquelles nos différents armements sont achetés, depuis le 2 avril 2012. Ni lui, ni la Cour des Comptes, ni aucun autre organe de contrôle. Pourtant, le candidat Macky Sall nous avait promis fermement que la Cour des Comptes vérifierait la gestion de toutes les institutions en les citant : présidence de la République, Assemblée nationale, Cours et tribunaux, Armée nationale, etc. En tout cas, quand on lit les deux tomes du livre du Colonel Abdoul Aziz Ndao, on peut se poser légitiment des questions sur l’achat de différents matériels par nos armées. Nous n’aurons jamais, malheureusement, de réponses à ces questions, avec un Macky Sall à la tête de notre pays.
Je pouvais continuer de donner d’autres exemples de pays qui font des efforts dans le sens d’une meilleure gouvernance, notamment en luttant efficacement contre la corruption et en promouvant la transparence dans la gestion des affaires publiques. Dans ce pays de Macky Sall, au contraire, la corruption est nourrie et entretenue au niveau le plus élevé de l’État. Ce qui se traduit, au quotidien, par une succession de scandales aussi graves les uns que les autres.
Le président français, Emmanuel Macron, a demandé aux présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental (qui n’a rien à voir avec le nôtre), de lui proposer des priorités d’actions pour la suite du quinquennat. Il a aussi annoncé la création prochaine d’une commission indépendante chargée d’évaluer la gestion de la crise du Coronavirus par l’Exécutif (CNews du 5 juin 2020). Cette commission ne verra jamais le jour au Sénégal. Mansour Faye en est tellement convaincu qu’il se moque de nous en déclarant qu’ « il a le devoir, l’obligation de rendre compte ». La nomination de cet homme à la tête de son ministère (du ciel, de la terre, des eaux et de l’air que nous respirons) est l’un des plus gros scandales de l’infecte gouvernance du président-politicien. Le décret qui l’a nommé et le ‘’vrai-faux’’ qui a créé ‘’l’honorariat’’ pour les anciens présidents du CESE se disputent âprement l’indécence et l’absence totale d’éthique.
En particulier, la nomination de cette dame comme ‘’présidente honoraire’’ du CESE et les avantages exorbitants y afférents est une honte, un crime, un acte immoral. Nous savons quand même qui est cette dame et par où elle est passée. Je n’insiste pas sur les quarante-deux milliards de francs CFA qu’elle a gérés à sa convenance pendant les six ans qu’elle est restée présidente du CESE. Pour se faire une idée de son pillage présumé de nos maigres deniers à ce niveau, je renvoie le lecteur intéressé à la vidéo que ‘‘Xalaat TV’’ lui a consacrée. Ce ne sera pas tout d’ailleurs. Des compatriotes sont en train de fouiller dans son odyssée politique pour mettre éventuellement en évidence les fautes de gestion parfois lourdes qui auraient jalonné ce long parcours. Je crois que je jouerai ma modeste partition dans cette initiative citoyenne, dont les résultats devraient amener le président-politicien à renoncer à son ‘’vrai-faux’’ décret, si toutefois il est à la hauteur de la fonction qu’il est censé incarner.
[1] Sa seule boulimie foncière à nulle autre pareille y suffirait largement.
Par CALAME
TERRE MEURTRIE
Le chef de l’Etat semble adopter la politique de l’autruche, réfugié derrière ses incantations, dans une attitude de « laisser faire, laisser dire » interprétée par son entourage comme une caution, un permis de prédation. Jusqu’à quand ?
C’est le tout nouveau quotidien « l’INFO » lancé , il y a juste une dizaine de jours, le 2 juin dernier par notre excellent et chevronné confrère Mamadou Thierno Talla qui nous l’apprend par un titre barrant la Une du Journal. Mame Boye Dialo, directeur des domaines offre un terrain d’une contenance de 5000 mètres carrés, c’est à dire un demi hectare à un ministre.. Sud quotidien a rebondi sur l’information pour enquêter sur l’identité de l’heureux bénéficiaire de cette largesse du prodigue directeur des domaines. Résultat des courses, un nom revient comme un leitmotiv, celui d’un certain Abdoulaye Daouda Diallo. Sauf homonymie trompeuse, le plus connu reste celui qu’une certaine presse snobinarde désigne par ses initiales ADD, par ailleurs ministre de l’Economie et des finances de la République du Sénégal.
S’il se confirme qu’il est le véritable bénéficiaire de cette « attribution « dans la zone des filaos de Guédiawaye, cela voudra dire que le directeur des domaines a vraiment refilé à son patron et néanmoins rival un cadeau empoisonné, scellant des retrouvailles après une brouille arbitrée au sommet. D’abord, ce geste illustre à suffisance l’irresponsabilité, le mépris des gouvernants de la préservation du cadre de vie et du patrimoine des gouvernés, la frénésie dans la course à l’accumulation et l’accaparement de biens quels que soient le moyen et le mode d’acquisition .S’il y a erreur sur la personne, un démenti catégorique est opportunément attendu comme la publication de la liste des attributaires des terres arrachées à la bande des Niayes et aux populations serait une manifestation de transparence pouvant ouvrir la voie à des recours de la part des citoyens soucieux de défendre l’environnement. L’agression et le pillage systématique des terres du littoral, notamment, sur cette bande des Niayes s’étend de la région naturelle du Cap-Vert ( Dakar, banlieues et agglomérations) à Saint Louis interpellent à la fois l’Etat et les populations.
En effet, la bande côtière des Niayes large d’une trentaine de kilomètres est constituée de dunes fixant la mer et de dépressions inter dunaires propices au maraîchage sur près de 300 km, Jusqu’à la frontière Nord-ouest entre le Sénégal et la Mauritanie. Le régime socialiste ayant souscrit aux 26 principes de la déclaration de Stockholm, au plan d’action de 109 recommandations ,dont la volonté d’implémentation a été concrétisée par la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement, s’est doté d’un ministre de la Protection de la Nature dès cette époque, connu actuellement sous la dénomination de Ministère de l’Environnement .Dans son approche multisectorielle et pluridisciplinaire, le Sénégal a prôné une politique hardie et avant-gardiste de veille écologique ( Centre de suivi écologique, établissements classés, étude d’impact environnementale avant toute implantation)de reboisement à grande échelle, de protection des forêts et du littoral.
C’est fort de cette orientation qui, il faut le souligner, a connu des fortunes diverses et des manquements criants, qu’un programme de boisements et de fixation des dunes par la plantation d’une bande de filaos pour lutter contre l’érosion côtière et la préservation du cadre de vie et des activités économiques des populations riveraines de cette façade atlantique nord-ouest .les objectifs de ce rideau de filaos consistant à fixer les dunes, lutter contre l’avancée de la mer, protéger contre les vents( brise vents) tout en améliorant la qualité de l’air sont ainsi annihilés par ceux-là qui ont la charge de consolider et de développer les acquis. Ces agissements constituent la négation et le reniement des engagements du Président de la République qui a instruit à plusieurs occasions son gouvernement de veiller à la préservation de la bande de filaos et de lui en faire rapport ( conseil des ministres,20 janvier 2016, ) , »de veiller à la préservation stratégique du littoral national, notamment de la bande des filaos et des cordons dunaires » ( conseil des ministres du 20 juillet 2016).
Enfin, le Président, réitérait ses instructions en demandant au Premier ministre de « lui faire un rapport circonstancié sur la situation foncière et immobilière le long de la bande des filaos qui fait l’objet d’une grande convoitise, suite à la réalisation de la nouvelle voie de dégagement nord (VDN) Conseil des ministres 30 novembre 2016 ».
Trois injonctions du Président de la République à son gouvernement dans la même année ! < Il a fallu des alertes répétées y compris des bailleurs de fonds pour que le chef de l’Etat étale ses préoccupations sur les crimes écologiques et environnementaux perpétrés contre les populations et leurs cadres de vie par des pseudos industriels, des promoteurs et spéculateurs immobiliers adoubés par la haute administration et ses démarcheurs.
Effets d’annonce destinés à calmer les esprits ou incapacité de faire respecter ses décisions par les (i) responsables qu’il a lui-même Indûment promus à des fonctions qui dépassent leurs compétences et leur engagement à servir ? En tout état de cause, ce dernier coup de canif révélé par le quotidien l’Info n’est qu’un écran de fumée qui cache mal la destruction et la spoliation systématiques de cette « zone stratégique nationale « dont parlait le Président . Dans le cas d’espèce, comme dans d’autres, des ministres ont aliéné le patrimoine et les ressources de la collectivité sans conséquences, autre qu’une promotion dans des fonctions plus valorisantes et plus « juteuses ». La caste des inspecteurs des impôts ,des docteurs « es titeurs » des MBA (MasterCard of Business Administration,)ayant remplacé du jour au lendemain de la première alternance, les administrateurs civils qui alternent au ministère de l’Economie et des Finances et de ces grandes directions pourvoyeuses de ressources et de prébendes accentuent leur mise en coupe réglée du pays .Le Chef cependant, semble adopter la politique de l’autruche, ne rien voir, réfugié derrière ses incantations, dans une attitude de « laisser faire, laisser dire »interprétée par des membres de son gouvernement et de la haute administration comme une caution, un permis de prédation. Jusqu’à quand ?