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28 avril 2025
Politique
Par CALAME
TERRE MEURTRIE
Le chef de l’Etat semble adopter la politique de l’autruche, réfugié derrière ses incantations, dans une attitude de « laisser faire, laisser dire » interprétée par son entourage comme une caution, un permis de prédation. Jusqu’à quand ?
C’est le tout nouveau quotidien « l’INFO » lancé , il y a juste une dizaine de jours, le 2 juin dernier par notre excellent et chevronné confrère Mamadou Thierno Talla qui nous l’apprend par un titre barrant la Une du Journal. Mame Boye Dialo, directeur des domaines offre un terrain d’une contenance de 5000 mètres carrés, c’est à dire un demi hectare à un ministre.. Sud quotidien a rebondi sur l’information pour enquêter sur l’identité de l’heureux bénéficiaire de cette largesse du prodigue directeur des domaines. Résultat des courses, un nom revient comme un leitmotiv, celui d’un certain Abdoulaye Daouda Diallo. Sauf homonymie trompeuse, le plus connu reste celui qu’une certaine presse snobinarde désigne par ses initiales ADD, par ailleurs ministre de l’Economie et des finances de la République du Sénégal.
S’il se confirme qu’il est le véritable bénéficiaire de cette « attribution « dans la zone des filaos de Guédiawaye, cela voudra dire que le directeur des domaines a vraiment refilé à son patron et néanmoins rival un cadeau empoisonné, scellant des retrouvailles après une brouille arbitrée au sommet. D’abord, ce geste illustre à suffisance l’irresponsabilité, le mépris des gouvernants de la préservation du cadre de vie et du patrimoine des gouvernés, la frénésie dans la course à l’accumulation et l’accaparement de biens quels que soient le moyen et le mode d’acquisition .S’il y a erreur sur la personne, un démenti catégorique est opportunément attendu comme la publication de la liste des attributaires des terres arrachées à la bande des Niayes et aux populations serait une manifestation de transparence pouvant ouvrir la voie à des recours de la part des citoyens soucieux de défendre l’environnement. L’agression et le pillage systématique des terres du littoral, notamment, sur cette bande des Niayes s’étend de la région naturelle du Cap-Vert ( Dakar, banlieues et agglomérations) à Saint Louis interpellent à la fois l’Etat et les populations.
En effet, la bande côtière des Niayes large d’une trentaine de kilomètres est constituée de dunes fixant la mer et de dépressions inter dunaires propices au maraîchage sur près de 300 km, Jusqu’à la frontière Nord-ouest entre le Sénégal et la Mauritanie. Le régime socialiste ayant souscrit aux 26 principes de la déclaration de Stockholm, au plan d’action de 109 recommandations ,dont la volonté d’implémentation a été concrétisée par la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement, s’est doté d’un ministre de la Protection de la Nature dès cette époque, connu actuellement sous la dénomination de Ministère de l’Environnement .Dans son approche multisectorielle et pluridisciplinaire, le Sénégal a prôné une politique hardie et avant-gardiste de veille écologique ( Centre de suivi écologique, établissements classés, étude d’impact environnementale avant toute implantation)de reboisement à grande échelle, de protection des forêts et du littoral.
C’est fort de cette orientation qui, il faut le souligner, a connu des fortunes diverses et des manquements criants, qu’un programme de boisements et de fixation des dunes par la plantation d’une bande de filaos pour lutter contre l’érosion côtière et la préservation du cadre de vie et des activités économiques des populations riveraines de cette façade atlantique nord-ouest .les objectifs de ce rideau de filaos consistant à fixer les dunes, lutter contre l’avancée de la mer, protéger contre les vents( brise vents) tout en améliorant la qualité de l’air sont ainsi annihilés par ceux-là qui ont la charge de consolider et de développer les acquis. Ces agissements constituent la négation et le reniement des engagements du Président de la République qui a instruit à plusieurs occasions son gouvernement de veiller à la préservation de la bande de filaos et de lui en faire rapport ( conseil des ministres,20 janvier 2016, ) , »de veiller à la préservation stratégique du littoral national, notamment de la bande des filaos et des cordons dunaires » ( conseil des ministres du 20 juillet 2016).
Enfin, le Président, réitérait ses instructions en demandant au Premier ministre de « lui faire un rapport circonstancié sur la situation foncière et immobilière le long de la bande des filaos qui fait l’objet d’une grande convoitise, suite à la réalisation de la nouvelle voie de dégagement nord (VDN) Conseil des ministres 30 novembre 2016 ».
Trois injonctions du Président de la République à son gouvernement dans la même année ! < Il a fallu des alertes répétées y compris des bailleurs de fonds pour que le chef de l’Etat étale ses préoccupations sur les crimes écologiques et environnementaux perpétrés contre les populations et leurs cadres de vie par des pseudos industriels, des promoteurs et spéculateurs immobiliers adoubés par la haute administration et ses démarcheurs.
Effets d’annonce destinés à calmer les esprits ou incapacité de faire respecter ses décisions par les (i) responsables qu’il a lui-même Indûment promus à des fonctions qui dépassent leurs compétences et leur engagement à servir ? En tout état de cause, ce dernier coup de canif révélé par le quotidien l’Info n’est qu’un écran de fumée qui cache mal la destruction et la spoliation systématiques de cette « zone stratégique nationale « dont parlait le Président . Dans le cas d’espèce, comme dans d’autres, des ministres ont aliéné le patrimoine et les ressources de la collectivité sans conséquences, autre qu’une promotion dans des fonctions plus valorisantes et plus « juteuses ». La caste des inspecteurs des impôts ,des docteurs « es titeurs » des MBA (MasterCard of Business Administration,)ayant remplacé du jour au lendemain de la première alternance, les administrateurs civils qui alternent au ministère de l’Economie et des Finances et de ces grandes directions pourvoyeuses de ressources et de prébendes accentuent leur mise en coupe réglée du pays .Le Chef cependant, semble adopter la politique de l’autruche, ne rien voir, réfugié derrière ses incantations, dans une attitude de « laisser faire, laisser dire »interprétée par des membres de son gouvernement et de la haute administration comme une caution, un permis de prédation. Jusqu’à quand ?
UNE ÉMISSION DE LIKA SIDIBÉ
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L'ADMNISTRATION SÉNÉGALAISE GANGRÉNÉE
EXCLUSIF SENEPLUS : Les cadres sont rétifs à la reddition des comptes - Tout est fait dans la nébulosité et sous le modèle colonial - Les corps de contrôle restent amorphes et l'Etat excessivement politisé - AU FOND DES CHOSES AVEC CHEIKH FAYE
Selon Cheikh Faye, professeur au département des sciences économiques et administratives de l’Université Chicoutimi au Québec, le débat sur l’honorariat des anciens présidents du CESE est illustratif de la déliquescence de l’Etat. Cela se caractérise entre autres, par la non publication au journal officiel d’actes réglementaires, la récompense d’une clientèle politique, une gestion clanique et familiale du pouvoir et un président de la République qui viole constamment la constitution.
L'invité de Lika Sidibé, auteur d'un article publié sur SenePlus et intitulé le Sénégal malade de son élite politico-administrative, propose une moralisation de l’Etat à travers un schéma où l’éthique, la transparence et la reddition des comptes occuperont une place centrale. Il propose aussi de dépolitiser l’administration et de déconstruire le modèle français toujours en vigueur 60 ans après les indépendances.
Le professeur Cheikh Faye est l’invité de Lika Sidibé dans l’émission Au fond des choses.
"ON PEUT RETROUVER LE CAS GEORGE FLOYD PARTOUT, MÊME EN AFRIQUE"
Pour le sociologue Mahamadou Lamine Sagna, « beaucoup d’Etats se servent de la police pour contrôler des populations qui ne sont pas du même groupe ethnique ou religieux »
Le Monde Afrique |
Séverine Kodjo-Grandvaux |
Publication 14/06/2020
Ancien enseignant à Princeton, actuellement en poste à l’American University of Nigeria à Yola, le sociologue sénégalais Mahamadou Lamine Sagna est spécialiste des Etats-Unis. Il est l’auteur notamment de Violences, Racisme et Religions en Amérique. Cornel West, une pensée rebelle (éd. Karan, 2016). Pour Le Monde Afrique, il revient sur les réactions engendrées par la mort de George Floyd, tué le 25 mai par un policier blanc à Minneapolis, et sur le racisme systémique américain.
Les manifestations liées à la mort de George Floyd apparaissent nouvelles dans leur composante multiraciale et jeune. Y a-t-il un changement sociologique dans la lutte contre le racisme ?
Dans les années 1920, ce phénomène existait déjà avec le parti progressiste de Woodrow Wilson, le syndicalisme d’Eugene Debs ou le parti populaire de Thomas Watson. Ces mouvements ont constitué leurs luttes avec les populations noires, avant, malheureusement, de les abandonner. Thomas Watson a même fini proche du Ku Klux Klan. Cela est resté dans les mémoires, ce qui fait que pendant de longues années, les Noirs sont descendus seuls dans la rue.
Aujourd’hui, la situation est inédite. Les jeunes connaissent mal cette histoire et n’ont pas subi la ségrégation, abolie en 1964. C’est seulement la deuxième génération d’Africains-Américains à vivre la liberté. Et qu’il s’agisse des Noirs, des Blancs, des Asiatiques ou des Latino-Américains qui manifestent ces jours-ci, tous savent désormais que le racisme est structurel et ils sont déterminés à ce que les choses changent.
Ces manifestations interviennent en pleine pandémie de Covid-19, dont les Afro-Américains sont les principales victimes d’un point de vue sanitaire et économique. Cela a-t-il exacerbé la situation ?
La symbolique de la respiration est très importante en cette période de pandémie de Covid-19. On a vu George Floyd mourir asphyxié. Assister en direct à cette agonie nous a touchés dans notre humanité. Cette pandémie révèle par ailleurs, de manière criante, le lien entre l’économique, la santé et la question raciale. Les Africains-Américains sont 2,5 à 3 fois plus nombreux à mourir du Covid-19 et sont proportionnellement en surnombre parmi les 40 millions d’Américains mis au chômage du fait de cette pandémie.
Cela n’est pas étonnant et s’explique par le système américain, qui, comme l’a montré Cornel West, lie intrinsèquement ce qu’il appelle l’intégrisme de l’économie de marché – qui exige que l’économique passe avant tout autre chose –, le militarisme – même la police est militarisée – et l’autoritarisme. La mort de George Floyd relève de cette connexion économique, militaire et politique avec l’autoritarisme de Trump.
Les policiers inculpés dans différentes affaires de violence raciste jouissent souvent d’une impunité. Comment l’expliquer ?
Le système américain protège les policiers notamment grâce à une loi, la « qualified immunity », qui rend presque impossibles les poursuites contre les pratiques discriminatoires des agents. Le racisme est dans toutes les sphères de la société et de l’Etat, à un point tel qu’il peut être spontané, inconscient, tandis que certains individus en font même une sorte de contrat social, comme on peut le supposer chez Trump.
LES PAYS AFRICAINS DEMANDENT UN DÉBAT SUR LE RACISME À L'ONU
La lettre, adressée à la présidente du Conseil des droits de l’homme, l’Autrichienne Elisabeth Tichy-Fisslberger, demande que ce débat ait lieu la semaine prochaine, à la reprise de la 43e session du Conseil, interrompue en mars en raison du covid-19
Les pays africains ont appelé vendredi le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à organiser un débat urgent sur le racisme et les violences policières, dans le contexte de la mobilisation mondiale après la mort de George Floyd.
Dans une lettre écrite au nom des 54 pays du Groupe africain dont il est coordonateur pour les questions des droits humains, l’ambassadeur du Burkina Faso auprès des Nations Unies à Genève (Suisse), Dieudonné Désiré Sougouri, a demandé à l’organe de l’ONU d’organiser un « débat urgent sur les violations actuelles des droits de l’homme d’inspiration raciale, le racisme systémique, la brutalité policière contre les personnes d’ascendance africaine et la violence contre les manifestations pacifiques. »
« Les événements tragiques du 25 mai 2020 à Minneapolis aux États-Unis, qui ont entraîné la mort de George Floyd, ont déclenché des protestations dans le monde entier contre l’injustice et la brutalité auxquelles les personnes d’ascendance africaine sont confrontées quotidiennement dans de nombreuses régions du monde », écrit l’ambassadeur.
Racisme et impunité
« La mort de George Floyd n’est malheureusement pas un incident isolé », ajoute-t-il, précisant s’exprimer au nom des représentants et ambassadeurs du Groupe africain.
Au total, 94 nouveaux cas positifs de coronavirus ont été déclarés dimanche au Sénégal, portant à 5 090 le nombre de personnes ayant été infectées par le virus depuis son apparition dans le pays, le 2 mars.
Dakar, 14 juin (APS) – Au total, 94 nouveaux cas positifs de coronavirus ont été déclarés dimanche au Sénégal, portant à 5 090 le nombre de personnes ayant été infectées par le virus depuis son apparition dans le pays, le 2 mars.
Ces nouvelles infections ont été détectées à partir de tests virologiques réalisés sur des échantillons de 1 223 sujets, représentant un taux de positivité de 7, 68 %, a fait savoir le porte-parole du ministère de la Santé.
Intervenant lors du point quotidien sur l’épidémie, Aloyse Waly Diouf a souligné que ces nouvelles contaminations concernaient 79 personnes qui étaient suivies par les services sanitaires, 14 autres dont ignore l’origine de la contamination et un individu revenu de l’étranger.
Les cas communautaires ont été identifiés à Mbao (3), Rufsique (2), Bargny (2), Dieupeul (1), Dakar Plateau (1), Pikine (1), Parcelles Assainies (1), Keur Massar (1), des quartiers et localités de la région de Dakar et 2 à Touba, dans le centre du pays, a détaillé le docteur Diouf.
Il a par ailleurs fait état de la guérison supplémentaire de 116 patients du Covid-19 dans le pays.
Le Sénégal a ainsi dénombré officiellement 5 090 cas de positifs de Covid-19 depuis l’apparition de la maladie dans le pays. 3344 patients ont recouvré la santé et 60 autres ont succombé du fait de la maladie.
Il est à noter qu’un malade a eu être évacué à la demande de sa famille à son pays d’origine.
Le directeur de cabinet du ministre de la Santé et par ailleurs indiqué que 22 cas graves et 1 685 patients étaient encore en observation dans les différents centres de traitement dédiés à la maladie.
ME WADE REDIGE SES MEMOIRES
D’après des capteurs de «L’As», l’ancien président de la République meuble son temps libre en se lançant dans des activités intellectuelles.
Retranché dans sa villa loin des regards et des oreilles indiscrets depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19 au Sénégal, Me Abdoulaye Wade, qui cultive depuis une certaine discrétion, n’en passe pas pour autant ses journées à se tourner les pouces et à compter les étoiles.
D’après des capteurs de «L’As», l’ancien président de la République meuble son temps libre en se lançant dans des activités intellectuelles. Après avoir libéré tout le personnel qui était à son service à l’exception de Bro et d’un certain Gningue, le pape du Sopi consacre actuellement son temps dans la collecte d’informations et autres données en vue de rédiger ses mémoires.
Eh oui, l’ancien chef de l’Etat entend écrire ses mémoires. Et il a décidé de mettre à contribution certains de ses anciens proches collaborateurs triés sur le volet à qui il a demandé de lui collecter toutes les informations relatives aux plus grandes étapes de sa riche trajectoire. A cet effet, certains de ses proches ont la mission particulière de lui rassembler les infos sur ses différents voyages à travers les quatre coins du globe.
Dans ses mémoires qui vont paraître prochainement, confient nos sources, le leader emblématique du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) reviendra avec force détails sur l’affaire Me Babacar Sèye, du nom du vice-président du Conseil Constitutionnel assassiné le 15 Mai 1993 à la suite de contestations électorales, mais aussi sur tout son long parcours d’opposant et son exercice du pouvoir. Considérée comme l’un des douloureux épisodes de l’histoire politique sénégalaise, l’affaire Me Sèye avait éclaboussé, à l’époque, Me Abdoulaye Wade, son épouse Viviane et quelques-uns de ses partisans du Pds dont Abdoulaye Faye, Samuel Sarr, Mody Sy etc…
Même si Clédor Sène et sa bande (Ibrahima Diakhaté et Assane Diop) ont été reconnus coupables de l’assassinat du juge constitutionnel, il n’en demeure pas moins que cette affaire a toujours entaché l’image de Me Abdoulaye Wade qui s’est empressé, dès son accession au pouvoir en 2000, d’indemniser la famille de Me Sèye avant de gracier les assassins et de voter la fameuse loi Ezzan qui amnistie ce tragique dossier.
A souligner par ailleurs que c’est l’une des très rares fois que Me Wade reste aussi longtemps au Sénégal sans voyager.
Revenu à Dakar à la veille de la dernière élection présidentielle (24 février 2019), le chantre du Sopi se trouve depuis lors dans le pays.
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RENCONTRE AVEC FELWINE SARR
L'économiste évoque entre autres, son enfance, son rapport aux langues, aux arts martiaux, à la spiritualité, aux identités assignées, ses affinités électives, le rapport de l'écrivain au langage
"De l'homme de la rencontre à l'œuvre de la rencontre" est le thème que Mariama Samba Baldé propose à ses invités sur la chaîne Vibramonde à retrouver sur www.vibramonde.com.
Il reçoit pour cette émission l'économiste, écrivain et enseignant à l'université, Felwine Sarr.
par Achille Mbembe
SUR LA PERMANENCE DES MÉCANISMES D'ÉTRANGLEMENT
Si la “question raciale” n’est pas automatiquement soluble dans la “question sociale”, c’est parce qu’avec le racisme, l’on a affaire à une classe de la population prise dans les rets d’un déshonneur aussi bien construit que rémanent
L’exécution publique de George Floyd en plein milieu d’une pandémie mortelle ne relève pas d’une simple coïncidence.
Certes, la mort d’un homme noir en conséquence de l’action d’un virus n’est pas exactement la même chose que son trépas, l’échine courbée et la nuque brisée par un policier blanc sur le trottoir d’une grande ville occidentale.
Des personnes de toutes les couleurs
Il ne s’agit cependant de deux phénomènes distincts qu’en apparence. Car en dépit de tout ce qui les sépare, le racisme anti-nègre a toujours eu une dimension virale, et tout virus a, comme par définition, une dimension éruptive.
Mis en relation, ces phénomènes sont deux manifestations du caractère quasi-pathogène du moment actuel, et c’est peut-être cette dimension pathogénique de notre temps qui explique la colère, mais aussi le sentiment de deuil et de perte suscité à peu près partout dans le monde par cet événement.
Les conséquences politiques et culturelles des mobilisations qui l’ont suivi restent à mesurer. Mais qu’un si grand nombre de “personnes de toutes les couleurs” se soient souciés de ce qui, il n’y a pas longtemps, ne concernait que les communautés racisées n’est pas sans intérêt.
Parmi les jeunes générations en particulier, nombreux sont ceux et celles qui, progressivement, sont convaincus qu’en dépit de toutes les dénégations, le racisme existe.
Il n’est pas un accident, mais un écosystème concret.
Il enserre des corps, des imaginations et des vies, et il ne suffit pas d’enlever le mot “race” de la constitution pour que le racisme disparaisse comme par miracle.
Nombreux sont également ceux et celles qui, petit à petit, s’éveillent à la conscience sourde qu’une “communauté de risques” pourrait les lier à tous les racisés, structurellement exposés qu’ils sont, eux aussi, a la perspective de lendemains sans futur objectif.
La fin du doute concernant la réalité du racisme et son caractère structurel, ainsi que la conviction selon laquelle le racisme représente une menace bien au-delà de ses cibles immédiates constituent un déplacement virtuel aussi bien sur le plan imaginaire, culturel que politique. Il reste à voir si ce déplacement ouvrira véritablement la voie a de nouvelles possibilités d’action et de réflexion et sur quoi celles-ci sont susceptibles de déboucher.
Le devenir-nègre du monde
Mais le racisme n’est pas seulement animé par la volonté de discrimination, l’érection de murs infranchissables entre différentes espèces supposées de l’humanité, bref le désir obstiné de sécession ou de confinement des “races avilies”, de tous les “intouchables” et autres communautés frappées d’ignominie.
La fonction ultime du racisme est de priver certaines catégories de l’humanité de la vie elle-même, dans son acception la plus élémentaire, à commencer par le droit à la respiration et la capacité de se mouvoir librement.
Cette redistribution inégalitaire des possibilités de respiration et de libre mouvement, et la privation de souffle qui en résulte, tendent désormais à être le lot de tous.
C’est ce que nous appelions, il y a plusieurs années déjà, l’universalisation tendancielle de la condition nègre.
L'AFRIQUE ET SES DÉPLACÉS, TRISTES CHAMPIONS DU MONDE DES DRAMES OUBLIÉS
Les tragédies mériteraient moins d’attention quand elles ont lieu en Afrique ? Difficile de conclure autrement l’analyse des crises oubliées par le Conseil norvégien pour les réfugiés
Le Monde Afrique |
Maryline Baumard |
Publication 14/06/2020
Les tragédies mériteraient moins d’attention quand elles se déroulent en Afrique ? Difficile de conclure autrement l’analyse annuelle des crises les plus négligées de la planète, alors que pour la cinquième année consécutive, le continent arrive en tête de ce palmarès publié par le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). C’est même de pire en pire, puisque l’Afrique occupe neuf des dix premières places pour l’année 2019, contre sept en 2018 et six en 2017.
Tous les ans, à la veille de la journée des réfugiés, le 20 juin, le NRC passe au crible les crises qui ont entraîné le déplacement de plus de 200 000 personnes en s’arrêtant sur trois critères : le manque d’avancées vers la paix, le peu d’intérêt des médias et le défaut d’aide financière aux populations (calculé en fonction du taux de couverture des appels de fonds lancés par les Nations unies et leurs partenaires). C’est ainsi que l’ONG constitue sa liste des drames oubliés, ces zones où l’on meurt dans l’oubli général, au cœur d’un monde pourtant accro à la communication.
En RDC, « la plus grande crise de la faim après le Yémen »
Pour la deuxième année consécutive, « le Cameroun arrive en tête de la liste des pays les plus négligés de la planète », rappellele NRC, qui observe dans cet Etat « une exacerbation des attaques de Boko Haram dans le nord, un conflit violent dans l’ouest anglophone et une crise des réfugiés de Centrafrique ». S’ajoutent à ce tableau une résolution inefficace du conflit, le silence des médias et un manque d’aide financière.
La mort, le 3 juin, d’un jeune journaliste, Samuel Wazizi, après dix mois de prison en dehors de toute procédure légale, illustre tragiquement combien il est difficile de couvrir l’information au Cameroun, classé 134e sur 180 pays dans le classement annuel de Reporters sans frontières (RSF). En dépit de ce contexte, c’est l’un des pays où les appels humanitaires internationaux ont été les moins bien financés au monde, les donateurs se montrant peu enclins à aider ses habitants alors que 1,4 million de personnes y sont en insécurité alimentaire. En 2019, seuls 44 % des besoins en aide de ce pays ont été financés.
Le Cameroun est suivi par la République démocratique du Congo (RDC). Malgré l’accalmie politique, des opérations militaires, des attaques de groupes armés et des combats intercommunautaires ont encore forcé des centaines de milliers de Congolais à fuir les provinces orientales de l’Ituri, du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.
THIÈS, LA SECTION DÉPARTEMENTALE DE PASTEF DONNE 164 POCHES À LA BANQUE DE SANG
Par cette opération, la section départementale de PASTEF a répondu à l’appel de son leader Ousmane Sonko, qui a récemment invité ses partisans à aller donner de leur sang, a expliqué son coordonnateur départemental Birame Soulèye Diop.
Cent soixante-quatre poches de sang ont été collectées samedi et mises à la disposition de la banque de sang de l’hôpital régional El Hadji Amadou Sakhir Ndéiguène de Thiès, lors d’une opération de don de sang organisée par la section départementale de PASTEF, un parti de l’opposition).
Ce don de sang a été organisé en partenariat avec le bureau régional de l’association nationale des donneurs volontaires de sang.
Par cette opération, la section départementale de PASTEF a répondu à l’appel de son leader Ousmane Sonko, qui a récemment invité ses partisans à aller donner de leur sang, a expliqué son coordonnateur départemental Birame Soulèye Diop.
Cela fait suite aux préoccupations exprimées par le directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), relatives au manque criant de sang dont souffrent les banques de sang du pays, en cette période de pandémie.
‘’A partir d’aujourd’hui, nous choisirons une période durant laquelle nous allons les approvisionner (régulièrement) ’’, a annoncé M. Diop.
Un calendrier sera établi pour la tenue de ces dons, en relation avec l’assistant social de la banque de sang, a pour sa part assuré Abdourahmane Guissé, président de l’Association régionale des donneurs de sang.
La banque de sang de l’hôpital régional est ‘’déficitaire’’, au point que les soignants recourent le plus souvent au don parental, consistant à faire appel aux parents d’un patient pour qu’ils donnent de leur sang, a indiqué M. Guissé.
Ibrahima Seck, surveillant de service de cette banque de sang a noté que ce don de PASTEF est une ‘’action qui vient à son heure’’, en ces temps de pandémie où ‘’les donneurs ont tendance à fuir les banques de sang’’.
Il estime que cette quantité sera utilisée dans les délais de péremption du produit, à savoir un mois.
Le don de sang n’est pas ancré dans les habitudes des Sénégalais, déplore M. Guissé. Il estime qu’une mobilisation des partis politiques, dahira (associations religieuses), entre autres regroupements, à l’image de PASTEF, pourrait aider à résorber ce déficit ‘’périodique’’.
Selon Ibrahima Seck, surveillant de service de cette banque de sang, ‘’la demande est (largement) supérieure à l’offre’’ dans cette structure qui approvisionne toute la région de Thiès. La structure est obligée de déplacer souvent une équipe pour collecter du sang à travers la région.
‘’Chaque mois, nous collectons au minimum 200 poches, quelle que soit la situation. Ce qui est loin de satisfaire la demande’’, a-t-il déploré.
A Thiès, la banque de sang de l’hôpital régional est la seule ‘’qui fonctionne normalement’’, a-t-il soutenu. Celle de l’Hôpital Saint-Jean de Dieu, un établissement privé, ne peut pas passer certaines commandes, a-t-il ajouté.
La consommation mensuelle de la région était estimée en 2019 en moyenne à 500 poches. Cela correspond dans l’année à ‘’6.000 poches testées et consommées’’, a-t-il noté, précisant que toutes les poches ne sont pas utilisables.
Pour satisfaire la consommation annuelle, la banque table sur ‘’6.000 à 7000’’ donneurs, note-t-il relevant qu’elle avait atteint l’année dernière, et ‘’difficilement’’, le chiffre ‘’record’’ de 5.000 poches.