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28 avril 2025
Politique
L'ENFER DES PÈLERINS D'AIR SÉNÉGAL
Alors que de nombreux pèlerins attendaient déjà un vol retardé, la compagnie nationale a de nouveau déçu en annulant un vol prévu ce weekend. Depuis, près de 300 personnes sont bloquées à l'aéroport, sans informations fiables
Décidément, Air Sénégal est en train de devenir un fleuron à problèmes. Alors que sa responsabilité est engagée dans le retard d’un jour du vol A 1B devant transporter 290 pèlerins, la compagnie nationale a récidivé. En effet, les passagers du vol HC7023 de Air Sénégal dont le départ était prévu le samedi 1er juin à 06 40 à l’Aéroportinternational Blaise Diagne (Aibd) sont toujours cloués à Dakar.
Convoqués le vendredi 31 mai à 23 heures, les pèlerins ont déjà fait les enregistrements. Sauf qu’à l’heure de l’embarquement, Air Sénégal leur a dit qu’il n’y a pas de vol. Ils sont restés désemparés à l’aéroport. Non seulement, ils n’ont pas pu voyager à l’heure indiquée mais Air Sénégal les a fait attendre toute la journée au sein de l’aéroport, sans aucune information. C’est finalement vers 17 heures qu’Air Sénégal les a acheminés dans trois hôtels différents à Dakar notamment à Pullman, Novotel et Onomo. Jusqu’à hier, dans la soirée, les pèlerins étaient dans ces hôtels à attendre leur vol alors qu’ils ont payé leurs billets d’avion et fait leurs réservations d’hôtel à Médine.
Parmi les pèlerins de vol toujours cloués à Dakar à cause de Air Sénégal, il y en a qui sont pris en compte par les voyagistes privés. Le voyagiste privé Unacois Yoonu Maka dont au moins 98 pèlerins sont concernés attendent dans des hôtels de Dakar alors que l’Agence a payé les billets et rempli toutes les formalités du pèlerinage à La Mecque.
Il faut rappeler que ce vol annulé ce samedi faute d’avion est différent de celui du jeudi qui devait transporter 290 pèlerins. Finalement, après un retard d’un jour, ils ont pu trouver un vol dans la journée du samedi. Cheikh Bamba Dièye, directeur général de Aibd : «nous reconnaissons le tort qu’Air Sénégal vous a causé».
Malgré la polémique, il faut noter qu’Air Sénégal n’a fait aucune communication pour s’expliquer. Mais dans une vidéo disponible sur les réseaux sociaux, le Directeur général de l’AIBD s’est expliqué devant des pèlerins sur la situation. Sans donner les raisons de ces retards de vol enregistrés, Cheikh Bamba Dièye s’est contenté de reconnaître le désagrément causé par la compagnie nationale aux pèlerins. «Nous reconnaissons le tort et le désagrément qu’Air Sénégal vous a causé. Nous reconnaissons et assumons nos responsabilités dans ce retard. Nous allons prendre toutes nos responsabilités pour vous chercher un avion. Nous n’allons pas vous donner de fausses informations», a reconnu le Directeur de l’Aibd S.A non sans ajouter : «Il n’y a pas de solution possible. On ne peut pas vous mettre sur d’autres vols, c’est pourquoi on vous prie d’attendre, ne serait-ce qu’un jour, le temps de nous permettre de nous organiser et de vous convoyer.»
LA PREMIÈRE INFRASTRUCTURE À BÂTIR, C'EST LE NOUVEAU SÉNÉGALAIS
Grande figure de la poésie sénégalaise, Amadou Lamine Sall ne mâche pas ses mots lorsqu'il s'agit de l'avenir du pays. Invité de À contre-courant, il appelle à rebâtir les fondations mêmes de la société sénégalaise avant tout projet économique
Pour Amadou Lamine Sall, le nouveau projet du Sénégal, ce n'est pas de bâtir des usines et des industries. Le poète qui était l'invité de À contre-courant sur l'As tv pense que la première infrastructure du ''Projet'' devrait être de bâtir un nouveau Sénégalais.
Pour Amadou Lamine Sall, l'œuvre de Senghor est une œuvre de paix. Pour le poète, l'œuvre de son maître est une œuvre de symbiose et de synthèse qui réconcilie et non qui divise. Elle apporte une réponse aux folies de notre temps. Mais force est de dire aussi que par la puissance de son verbe, Amadou Lamine Sall «apporte une réponse aux folies de notre temps». Brillant comme il l'a toujours été en tant que poète, le lauréat des Grands prix de l'académie française a livré «sa part d'homme» par rapport aux mutations du Sénégal. «Il nous faut des ruptures, parce que les ruptures sont des dynamiques de transformation de nos sociétés», soutient-il. Toutefois, le fondateur de la Maison africaine de la poésie internationale note que le nouveau projet du Sénégal, ce n'est pas de bâtir des usines, des industries, de construire des bateaux ou des avions. La première infrastructure à bâtir, d'après lui, c'est le nouveau Sénégalais. «Et cette première infrastructure dont nous avons besoin, pour la bâtir, il ne faudra pas 5 ans. Il faudra 10, 20, 30 ans», avertit Amadou Lamine Sall non insister toutefois que c'est la première infrastructure avant l'AIBD et avant Diamniadio. Dans le même ordre d'idées, le poète héritier de Senghor trouve qu'il faudra dire la vérité au peuple sénégalais. «Il faudra du temps au Président Diomaye. Il est vrai que les promesses ont été grandioses mais il faut dire la vérité. Nous devons développer ce pays et nous ne pouvons pas développer ce pays en 5 ans ou en 10 ans», renseigne l'auteur du livre Le Prophète ou le cœur aux mains de pain.
« Cette jeunesse d'aujourd'hui, il faut l'affronter car elle est l'avenir de ce pays »
Poursuivant ses «vers» pour un Sénégal prospère, Amadou Lamine Sall a interpellé la jeunesse sénégalaise. «La jeunesse d'aujourd'hui, on a besoin de lui parler, de lui parler. On a même besoin d'aller plus loin. Cette jeunesse d'aujourd'hui, il faut l'affronter». À l'en croire, en effet, il faut l'affronter parce qu'elle est l'avenir du pays. Il souligne dans la foulée qu'elle doit apprendre à mieux connaître ceux qui ont donné à ce pays son indépendance. «Il faut que la jeunesse d'aujourd'hui apprenne à connaître qui est Cheikh Anta Diop», renchérit-il.
« La ville est cruelle »
Néanmoins, le poète refuse d'accepter que leur génération a péché sur la transmission. «Nous avons fait ce qu'il fallait faire. Et je ne suis pas de ceux qui pensent que notre génération a échoué dans la transmission. Nous n'avons pas échoué dans la transmission , expliquet-il. Selon lui, l'une des causes de l'effritement des valeurs est la forte démographie. «Nous sommes près de 18 millions. Moi quand je naissais, on était à peine 6 millions d'habitants. C'est-à-dire, la civilisation dans les villes a pratiquement tué toutes nos valeurs. La ville est cruelle», se désole-t-il non sans faire savoir que le relâchement familial et l'effritement du système éducatif sont aussi des facteurs de délitement de la société.
« Diomaye, c'est le saint, Sonko le héros »
Jetant un regard en outre sur le tandem Diomaye-Sonko à la tête du pouvoir, Amadou Lamine Sall affirme : «Senghor avait dit que pour être Président au Sénégal, il faut être un saint ou un héros. Et je me suis amusé à faire la comparaison. J'ai dit que le président Diomaye, au regard de ce qu'il est, de la manière dont il est apparu, nous avons un garçon merveilleux, tranquille, apaisé, poli et qui écoute. C'est véritablement un saint, et avec sa barbiche et sa moustache, c'est presque un marabout. Et puis il y a Sonko ; lui, c'est le rebelle, lui, c'est l'orage et l'ouragan. Et c'est lui le héros». Le Sénégal peut s'enorgueillir, d'après lui, d'avoir à la fois un héros et un saint à la tête de l'Etat. Par ailleurs, le poète Amadou Lamine Sall a estimé que le meilleur ambassadeur du Sénégal, c'est la culture. «Aujourd'hui et dans 50 ans, notre meilleur ambassadeur sera toujours la culture. Son rayonnement intérieur, ce n'est ni le gaz, ni l'économie, ni le pétrole, c'est la culture», déclare-t-il avec véhémence avant d'ajouter : «La culture, ce sont les valeurs fondamentales d'une société. Et ce sont ces valeurs-là que nous avons perdues». Il note aussi que le Président poète reste le visa du Sénégal.
L’OPÉRATRICE ÉCONOMIQUE QUI GÈRE LES FEMMES DU PDS
Au parti libéral, le choix de Fatou Sow comme présidente des femmes passe mal. Entre incompréhension, révolte et départ de Woré Sarr, sa désignation soulève de nombreuses interrogations. Portrait d'une discrète quadragénaire tout juste sortie de l'ombre
Woré Sarr a claqué la porte après la nomination de Fatou Sow comme présidente des femmes du Pds. Qui est donc cette inconnue du grand public qui entre dans la short-list des égéries de Wade comme Coumba Ba, Awa Diop et Aminata Tall ?
«Qui l’a choisie ?» Au Parti démocratique sénégalais (Pds), la question est sur toutes les lèvres depuis vendredi. Fatou Sow a été nommée présidente de la Fédération nationale des femmes du Pds par le secrétaire général national Abdoulaye Wade, signataire du communiqué confirmant en même temps Lamine Ba, secrétaire général des cadres libéraux. Et Woré Sarr a annoncé avoir quitté définitivement le Pds. «Très sérieusement, Woré Sarr a raison de se rebeller. Cette dame est une fabrication de Karim Wade», soupire un député libéral qui est aussi dans tous ses états. «Faux», rétorque la chargée de communication du Pds, Nafissatou Diallo. «Fatou Sow est née dans le parti, et comme on le dit dans notre jargon, c’est une fille du parti. C’est le Président Wade qui a bien nommé Fatou Sow. Il a nommé Karim Wade chargé de la stratégie, de l’orientation du parti. C’est le numéro 2», a-t-elle martelé. Inconnue ? Pas forcément. Discrète ? Oui, puisque Fatou Sow est actuellement députée et ce n’est pas sa première législature. En effet, la responsable de Keur Massar avait déjà siégé à la 11ème législature à l’issue des Législatives de juin 2007. Elle totalise quarante années de militantisme au sein de la formation libérale. La candidate malheureuse au poste de président du Conseil départemental de Keur Massar a été nourrie à la source du parti dirigé par Abdoulaye Wade.
Fille d’un compagnon de Wade
Un héritage. Son père est un compagnon des premières heures du Pape du Sopi. Bés bi a contacté Mme Sow mais elle n’a pas répondu à nos sollicitations. Dans une émission diffusée en direct sur sa page Facebook, à la veille des élections municipales et départementales du 31 janvier 2022, Fatou Sow racontait son parcours politique. «Je suis opératrice économique. C’est au mois de mars de l’année 1984 que j’ai adhéré pour la première fois au Pds. Depuis, lors, je suis restée dans ce parti. J’ai été la première femme adjointe au maire de Keur Massar et première femme élue dans cette localité», disait-elle. Elue députée lors des législatives de 2007, elle retrouve l’hémicycle en 2022 à la faveur de l’intercoalition Yewwi-Wallu. Réagissant au micro du site web Infos15 avant même la publication définitive des résultats, elle disait : «Nous allons exercer pleinement notre rôle de députés. Les électeurs de Keur Massar doivent savoir que mon collègue Bara Gaye et moi, nous n’allons pas siéger à l’hémicycle pour faire de la figuration, nous allons nous battre pour que les doléances des populations sénégalaises trouvent enfin des solutions définitives et durables.»
Nafi Diallo : «Woré Sarr n’était pas la présidente des femmes du Pds»
Fatou Sow, la cinquantaine passée, le teint clair, la taille imposante, est décrite comme «une femme pieuse, très maternelle». La chargée de communication du Pds la présente comme «une personne très gentille, très aimable». Nafissatou Diallo ajoute : «Son seul défaut, c’est qu’elle est trop franche. Elle dit ce qu’elle pense.» Elle précise que contrairement à ce qui est véhiculé, «Fatou Sow n’a pas remplacé Woré Sarr. Cette dernière n’était pas présidente des femmes du Pds. C’est un abus que beaucoup font. Elle n’a jamais été présidente des femmes. La présidente, c’était feue Awa Diop, la secrétaire générale, c’était Aminata Tall. Et depuis que ces deux sont parties, ces postes n’ont jamais été pourvus. Quand Awa Diop avait dit qu’elle se retire et qu’elle laisse la place aux plus jeunes, le Président Wade a donné le poste de secrétaire générale adjointe des femmes à Woré Sarr». Nafi Diallo est convaincue d’une chose : «Maman Woré Sarr va revenir, elle est juste fâchée.» Fatou Sow entre dans l’histoire du Pds, en rejoignant les «dames de fer» Coumba Ba, Awa Diop et Aminata Tall.
SONKO PROMET UN COUP DE BALAI
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a profité de la journée dédiée au nettoiement, ce samedi, pour replonger dans les évènements politiques douloureux de 2021. Il soutient, en effet, que ces événements douloureux ne devraient plus se reproduire au Sénégal
Le Pm Ousmane Sonko a profité de la journée de nettoiement de samedi, initiée par le Président Bassirou Diomaye Faye, pour donner un coup de balai aux derniers événements politiques avec leurs lots de morts. Le Pm déclare que ces événements ne devraient plus se reproduire. Il promet aussi de balayer le palais de la République, ainsi que la Justice.
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a profité de la journée dédiée au nettoiement, ce samedi, pour replonger dans les évènements politiques douloureux de 2021. Il soutient, en effet, que ces événements douloureux ne devraient plus se reproduire au Sénégal. «Les Sénégalais doivent garder à l’esprit que Dieu nous a sauvés, mais également que nous avons été sauvés grâce aux prières de nos très respectées personnalités du pays. Je suis persuadé que sans cela, nous aurions pu tomber dans une situation semblable à celle de la plupart des pays qui nous entourent, en 2023. Tout cela a été provoqué par le fait que nous avons confié le pays à des personnes qui, au lieu de travailler pour le bien de la population, ont agi autrement. Qu’il s’agisse du Président, du ministre, d’un magistrat, etc.», déclare-t-il d’emblée. Indiquant que le nettoyage doit inclure un changement des comportements, le Pm de s’en expliquer. «Quand on parle de balayer, on ne parle pas seulement de balayer les rues, mais également de balayer l’ensemble des comportements. Si vous vous souvenez, il y a exactement un an, le 1er juin 2023, à cette heure-ci, les Sénégalais n’avaient pas la tête à balayer quoi que ce soit. Il y avait partout dans le pays des lacrymogènes, des pneus brûlés et l’internet coupé. Tout cela à cause de gens qui devaient s’occuper des préoccupations des populations mais qui ont passé leur temps à organiser des règlements de comptes et des complots», surligne le Pm.
Ce nettoyage doit être étendu aux institutions, selon Sonko. «C’est pourquoi je dis que le balai doit être beaucoup plus large. Je vous promets que, lorsque nous aurons fini de balayer, vous verrez réellement qui a fait quoi. Si c’est moi, Ousmane Sonko, qui ai fait quelque chose, vous le saurez. Si c’est quelqu’un d’autre, vous le saurez également. Mais avant de pouvoir faire cela, il nous faut absolument balayer les institutions. Nous allons d’abord balayer la Justice, car il me semble très difficile de laisser les mêmes personnes, qui ont provoqué tout cela, continuer à agir comme avant», concède-t-il.
Enfin, le Pm croit dur comme fer que pour restaurer la paix et la stabilité dans le pays, il faudra étendre le nettoyage à toutes les sphères du gouvernement. «Nous allons balayer le palais de la République et le gouvernement. Le nettoyage sera étendu partout, car notre priorité est de remettre le pays sur la bonne voie. Cela permettra non seulement aux Sénégalais de se retrouver, mais aussi d’arrêter de s’insulter et de se chamailler. Car quoi qu’il arrive, le Sénégal n’avait jamais connu cela auparavant. Nous avons tous des points de vue très différents, mais cela doit se faire dans une adversité saine, et non dans la méchanceté», admet-il.
Par Alioune TINE
FAIRE DU SÉNÉGAL UN PAYS DE RÉFÉRENCE EN MATIÈRE JUDICIAIRE
Il ne faut pas céder à leur pression, il faut bien comprendre que nous avons affaire à des acteurs pour la plupart conservateurs et d'une excessive prudence. C'est l'audace qui mènera à la rupture systémique.
Le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, engagé dans une rupture systémique par rapport à un vieux système politique, démocratique et social en fin de cycle, doit absolument être vigilant et éviter de se laisser entraîner dans des débats sans objet et sans intérêt qui risquent d'enliser ses magnifiques projets de refondation de la République et de la Société.
Ceux qui agitent la menace d'une République des juges agitent un vieil épouvantail ressassé pratiquement par tous les présidents sénégalais et bien avant eux certains présidents français. C'est un vieux fantasme, car la République des juges n'existe nulle part dans le monde.
Les forces de résistance au changement et les forces d'inertie seraient bien en peine de vous citer un exemple de pays où il existe une République des juges. Les forces d'inertie, il faut toujours compter avec, dans la révolution citoyenne et voir comment les contourner pour éviter qu'elles ne vous plongent dans la routine. Le pays africain qui dispose d'une des meilleures institutions judiciaires au monde, c'est assurément le pays de Nelson Mandela, l'Afrique du Sud. Il n'y a pas de République des juges en Afrique du Sud. Depuis 1981, la France a fait d'énormes efforts avec l'arrivée de Mitterrand pour émanciper l'Autorité judiciaire en France. Il n'y a pas de République des juges en France. Quid des États-Unis, du Brésil ou de l'Italie.
Les Assises de la justice au Sénégal sont une initiative fabuleuse, j'y assiste avec enthousiasme et suis ravi de constater son caractère inclusif avec la diversité des acteurs, je salue son management par une équipe compétente et ouverte, les débats sont d'une infinie richesse du fait de la motivation des participants. Pour moi, c'est déjà un grand succès. Reste ses enjeux politiques énormes et les attentes des citoyens concernant la rupture, sa dimension et son ampleur pour une rupture systémique. Notamment le pari de l'indépendance structurelle du pouvoir judiciaire, qui doit bien être perçu par les citoyens, car la perception est fondamentale d'un changement systémique doit être sans équivoque.
Beaucoup de juges, vous le savez et probablement certains professeurs d'université pourraient être réticents à voir le Président de la République quitter la Présidence du Conseil Supérieur de la magistrature. Il ne faut pas céder à leur pression, il faut bien comprendre que nous avons affaire à des acteurs pour la plupart conservateurs et d'une excessive prudence. C'est l'audace qui mènera à la rupture systémique. La justice ce n'est pas seulement les magistrats et les juristes, c'est toute la société qui est intéressée. Libérer le procureur en lui restituant sa liberté d'appréciation, en coupant le lien qui l'assujettit à l'exécutif.
Après ce qui s'est passé avec les élections et l'action de juges courageux, indépendants et compétents, il faut sortir des Assises en posant les jalons d'un Sénégal de référence en matière judiciaire.
Enfin, décoloniser la justice, changer sa représentation de soi, sa langue, décoloniser les politiques pénales peu respectueuses de la dignité humaine des Africains. Ça coûte cher dans tous les sens. Mais, le début est bon et prometteur.
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UNE NÉCESSAIRE REFONDATION MORALE
Rompre avec le passé, punir les fautes, réformer et rassembler : l'universitaire Mamadou Diouf détaille les chantiers titanesques qui attendent le nouveau pouvoir afin de transformer durablement le pays
Pour l'éminent historien et professeur à Columbia University, Mamadou Diouf, l'avènement du duo Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko à la tête du Sénégal représente une formidable opportunité de "transformer en profondeur le système politique et institutionnel hérité depuis l'indépendance". C'est le message fort qu'il a livré dans l'émission "Objection" de Sud FM.
Analysant la rupture induite par cette nouvelle équipe dirigeante, le Professeur Diouf a relevé "leur organisation politique novatrice, leur capacité à se constituer en force autonome sans passer par les réseaux confrériques traditionnels". Un vent de fraîcheur et d'indépendance pour "permettre une véritable déconstruction du système clientéliste et néo-patrimonial".
Selon lui, les défis à relever sont immenses pour ces nouveaux leaders: "Non seulement rompre avec les pratiques antérieures, réformer en profondeur, mais aussi punir les fautes, tout en portant un projet rassembleur de reconstruction nationale et morale". Un chantier titanesque pour "recréer une citoyenneté dynamique" et "restaurer le rêve et le bonheur des jeunes sénégalais".
Pour y parvenir, Diouf a conseillé de puiser dans l'héritage de Senghor, "en s'appuyant sur le modèle des 'petites patries', où s'enracinent les solidarités communautaires". Un projet d'"enraciner le nouveau dans l'ancien" pour asseoir une véritable légitimité populaire.
Cependant, l'universitaire a également insisté sur le rôle crucial d'une opposition forte, entretenant "un dialogue permanent avec le peuple, seul détenteur légitime du pouvoir". Contrôler, mais aussi contribuer dans un esprit de "construction citoyenne".
Face aux immenses attentes, l'invité de Baye Omar Gueye a rappelé qu'"ils ne pourront relever les défis qu'avec les Sénégalais et en accord avec eux". Un chemin semé d'embûches, mais une perspective historique de changement véritable pour ce pays qui, selon lui, a urgemment besoin d'une "refondation morale globale".
LE SAHEL, UN ENFER POUR LES VOIX DISSIDENTES
Au Mali, au Burkina et au Niger, les juntes ont instauré un régime de terreur. Exils forcés, enlèvements, emprisonnements arbitraires... Telle est la cruelle réalité pour ceux qui osent s'élever contre la férule des nouveaux maîtres de la région
(SenePlus) - Depuis les coups d'État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger entre 2020 et 2023, les juntes au pouvoir ont muselé toute opposition, traquant sans relâche les voix critiques. Hommes politiques, acteurs de la société civile et militaires sortis du rang se voient contraints à l'exil, au silence forcé ou à la prison, comme le rapporte une analyse du journal Le Monde.
L'avocat Guy Hervé Kam, figure de la contestation burkinabè, en a fait l'amère expérience fin mai. Brièvement libéré après son enlèvement en janvier, il a été de nouveau kidnappé le soir même par des hommes armés. Même traitement pour le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, ex-chef des redoutables "Mambas verts", incarcéré à plusieurs reprises depuis 2022.
Au Burkina, le régime du capitaine Traoré s'est "transformé en machine répressive infernale". L'ancien ministre Ablassé Ouedraogo, 70 ans, arrêté en décembre, a été envoyé 3 mois au front avant d'être libéré et de s'exiler au Canada. La junte a récemment prolongé son pouvoir de 5 ans sans ses opposants.
Au Mali voisin, Boubacar Karamoko Traoré, critique de la junte, a été arrêté lundi pour "atteinte au crédit de l'État". Oumar Mariko, vétéran de l'opposition, en exil à Paris, raconte sa fuite en mai 2022 pour "échapper à la traque des putschistes" après avoir dénoncé un massacre de civils imputé à l'armée et aux mercenaires russes de Wagner.
"A partir de ce moment-là, je ne suis plus retourné chez moi et suis entré en clandestinité", confie-t-il, fuyant d'abord vers la Côte d'Ivoire avant de rejoindre la France, d'où il organise des réunions en ligne avec ses militants.
Face à l'horizon démocratique bouché, des exilés ont formé samedi un "gouvernement civil de transition symbolique" pour diriger le Mali, appelant à manifester le 7 juin contre la vie chère. Mais seuls les pro-juntes peuvent désormais manifester librement à Bamako, Ouagadougou et Niamey.
"La vie politique s'est repliée sur les réseaux sociaux car il est désormais interdit d'exprimer des opinions contraires", déplore Chékaraou Barou Ange, ex-conseiller du président nigérien déchu, Mohamed Bazoum, détenu avec son épouse.
Un ancien ministre en exil estime que "le changement ne viendra pas des politiques mais de l'armée" face à la répression des juntes. "Il faut attendre que des militaires plus raisonnables viennent mettre un terme à leur pouvoir", espère-t-il, dans une région où la démocratie semble aujourd'hui une chimère.
par Patrick Chamoiseau
IL N'Y A PAS D'ULTRAMARINS, IL N'Y A QUE DES PEUPLES-NATIONS ENCORE SANS ÉTAT
La Kanaky (convulsive sous le mépris, la violence et la mort) offre à la vieille République française une occasion de se moderniser. Sa revendication exige une autre vision du monde. Elle demande un réexamen de ce qui se « crie » tristement « Outre-mer »
La Kanaky (maintenant convulsive sous le mépris, la violence et la mort) offre à la vieille République française une occasion de se moderniser. Sa juste revendication exige une autre vision du monde. Elle demande aussi un réexamen de ce qui se « crie » tristement « Outre-mer ». Cette estampille ténébreuse camoufle ensemble un système et un syndrome.
Système, parce que, depuis des décennies (déjouant les mannes européennes et les paternalistes plans de développement), tous les indicateurs mortifères attestent d'une évidence : ces situations humaines demeurent largement en dessous du niveau de bienêtre humain que l'on pourrait attendre de terres dites « françaises ». Syndrome, parce que dans ces pays-là, les signes pathologiques d'assistanat, de dépendance ou de déresponsabilisation sont les mêmes et sévissent de concert.
La mondialité
Via la Kanaky, ces pays méprisés par la France offrent à la compréhension du monde une réalité encore inaperçue. Celle-ci ne peut se percevoir par l'unique prisme du « colonial », comme le pensent encore les activistes décoloniaux. Le fait (ou mé-fait) colonial n'est qu'une donnée parmi d'autres. Il nous faut sortir de la prégnance occidentale (seule aujourd'hui à raconter le monde), et entreprendre d'inventorier, une à une, toutes les forces visibles et invisibles qui ont œuvré à l'accouchement de notre époque. En attendant, commençons par ouvrir notre focale à la mondialité.
Le poète Édouard Glissant appelait ainsi la résultante d'un tourbillon complexe. On y trouve enchevêtrées, les évolutions impénétrables du Vivant, les emmêlées des peuples, cultures et civilisations, résultant des chocs coloniaux, du broiement des empires, puis du capitalisme protéiforme. Une des résultantes cruciales de ce chaosmos : l'individuation. Cette force a éjecté des millions d'individus des vieux corsets communautaires pour précipiter leurs combats, leurs rêves, leurs idéaux, vers des accomplissements imprévisibles dans la matière du monde. Les individus les plus accomplis (ceux qui, de par leurs divers engagements, habitent sinon des communautés mais des multitudes de « Nous ») forment aujourd'hui une matière noire du monde bien plus décisive que celle des communautés archaïques ou des vieux États-nations. Dès lors, si la mondialisation économique est un standard barbare, la mondialité est une matrice vivante ; un en-commun infra-planétaire où les « Nous » s'entremêlent et relient par des agentivités créatives tout ce qui se trouvait séparé. C'est de cette matrice encore invisible à nos yeux que va surgir, tôt ou tard, un autre monde, encore imprédictible.
La relation
Cette mondialité peut nous aider à comprendre la Kanaky, et à mesurer combien la Constitution française est maintenant obsolète. Surtout inacceptable. Elle verrouille (sous une fiction absurde de « départements », « régions », « collectivités » ou « territoires » d'Outre-mer) des complexités territoriales, historiques et humaines qui lui sont étrangères. Ce ne sont pas des choses « ultramarines ». Ce sont des peuples-nations, encore dépourvus de structures étatiques ! Ils ont surgi d'une alchimie que les anthropologues reconnaissent maintenant comme étant une « créolisation ». Ce terme souligne ce qui se produit quand, de manière immédiate, massive et brutale, des peuples, des civilisations, des individus (mais aussi des interactions amplifiées entre les écosystèmes, biotopes et biocénoses) imposent aux existences une entité globale de référence : celle de Gaïa qu'aimait Bruno Latour, de cette Mère-patrie dont parle Edgar Morin, ou de ce chaosmos poétique que Glissant nomme Tout-monde.
Cet entremêlement inextricable du Vivant et des Hommes se serait inévitablement produit car notre planète est ronde et parce que le vivant est avant tout une mobilité. Prenons, la traite des Africains, l'esclavage de type américain, le système des plantations et des extractions massives. Ajoutons-y, la colonisation, le capitalisme, la prolifération urbaine et les systémies technoscientifiques, on aura alors à peine esquissé le plus visible d'un processus insondable : celui de la Relation. Cette notion du tout relié à tout dans des fluidités inter-rétro-actives constitue le principe actif de la créolisation. C'est d'elle qu'ont surgi ces peuples-nations que la Constitution française ne comprend pas. Elle les verrouille sous un effarouchement « indivisible » et fonde sa cinquième République sur un aussi fictif que monolithique « peuple français ». Elle réduit ainsi à de simples « populations » les entités humaines formidables que son bond colonial et son histoire relationnelle ont rendu solidaires de sa présence au monde.
Peuples ataviques et peuples composites
Mais le plus important, c'est ceci : dans la Relation, dessous le couvercle « Outre-mer », il y a aujourd'hui deux types de peuples : les peuples ataviques et les peuples composites. Les peuples ataviques (mélanésiens de Kanaky ; polynésiens ; mahorais ; peuples originels de Guyane…) disposent d'une antériorité multimillénaire sur l'emprise du mé-fait colonial.
Les peuples composites (Martinique, Guadeloupe, Réunion...) sont des surgissements (des créolités) de la créolisation. Complètement nouveaux, ils sont les derniers peuples de l'aventure humaine à être apparus sur cette terre. Ils n'ont pas d'antériorité qui se perd dans la nuit des temps. Ils sont nés dans le vortex relationnel où se retrouvent les communautés fracassées et les individuations. Ils mélangent presque toutes les présences anthropiques planétaires. La conscience qu'ils ont désormais d'eux-mêmes en fait de véritables nations qui attendent d'être reconnues comme telles — ce que ne nul ne sait faire, à commencer par les politiciens français qui distinguent encore à peine les peuples ataviques et rechignent à comprendre leur revendication d'une existence au monde.
La Martinique, la Guadeloupe ont vécu la « désapparition »2 de leurs peuples ataviques. En Kanaky, le peuple atavique des Kanaks a traversé héroïquement les exterminations. Il constitue une part déterminante du peuplement actuel qui, avec les diverses migrations et le choc colonial, est dorénavant une entité post-atavique. Car le mé-fait colonial et ses fluidités migrantes collatérales ont installé des complexités anthropologiques désormais inextricables. Elles obligent les peuples ataviques à composer avec des implantations nées de la colonisation et des mouvements relationnels du vivant. C'est la beauté de Nelson Mandela d'avoir su admettre la présence blanche dans le devenir de l'Afrique du Sud alors qu'il avait le pouvoir de la frapper. C'est la beauté de Mahmoud Darwich et des grands politiques palestiniens confrontés à l'irréversible implantation des Juifs. C'est surtout la beauté de Jean-Marie Tjibaou d'avoir accepté l'hybridation caldoche alors que cette dernière avait (conserve encore) de son sang sur les mains… L'agentivité de ces hommes ne s'est pas laissée enfermer dans un imaginaire communautaire ancien ou dans les frappes et contres-frappes coloniales : elles les ont dépassés pour deviner la mondialité et pour donner une âme fraternelle à la Relation. Ces hommes ont maintenu ainsi — pour tous, au nom de tous — une espérance.
L'éthique d'un nouveau vivre-ensemble
Dès lors, une éthique de la Relation s'impose. Quand le peuple atavique subsiste dans une sédimentation composite, la bienséance du nouveau vivre-ensemble exige de lui remettre la prééminence sur le devenir de son pays : nul ne saurait démanteler ce qui l'unit à sa terre, laquelle est toujours faite (comme le disait Jean Guiart) du sang noble de ses morts.
Quand le composite est entièrement fondateur d'un nouveau peuple, il faut — non pas ignorer son existence (comme cela se fait actuellement en France pour la Guadeloupe ou pour la Martinique), mais considérer qu'il y a là une entité nouvelle, qui n'est réductible à aucune de ses composantes, qu'elle soit dominée, qu'elle soit dominante, et qui détient une autorité légitime sur le devenir de sa terre.
Le devenir des peuples ataviques est d'être post-atavique, et progressivement composite, dans l'énergie relationnelle du vivant. Celui des peuples d'emblée composites, est d'aller de la manière la plus haute, la plus humaine, la plus poétiquement ouverte et fraternelle, aux fastes de la Relation.
C'est cet imaginaire de la Relation qui nous donnera le goût de la diversité qui est au principe du vivant, d'en percevoir la profonde unité qui n'a rien à voir avec l'Universel occidental, et d'en goûter l'inépuisable diversité dont le trésor est cette insaisissable unité qui ne vit, ne s'accomplit, que dans son évolutive diversité.
Une Kanaky Kanak
Cette éthique oblige donc que le corps électoral de Kanaky n'autorise aux votes déterminants que les Kanaks. Que s'y adjoignent ceux qui, venus d'ailleurs, ont été identifiés par les accords de Nouméa (1988,1998). C'est l'autorité à venir, à prépondérance kanake, qui seule pourra décider des évolutions de son système électoral.
Kanaka signifiait : être humain. Kanak signifie pour nous, pour tous, l'espérance possible d'un nouvel humanisme. Restituée à son imaginaire kanak, la Kanaky disposera de toutes les chances pour trouver un nouvel espace-temps, échapper à la gravité morbide du trou noir capitaliste, réenchanter notre rapport au vivant, et habiter enfin poétiquement la terre selon le vœu de ce cher Hölderlin.
Quant à la modernisation relationnelle de la Constitution française, elle est très simple : il suffit de proclamer une sixième République ; de la rendre capable d'accueillir en pleine autorité tous les peuples-nations (peuples nouveaux de la Relation) qui le voudraient ; d'inaugurer ainsi le pacte républicain ouvert qu'exige la nouvelle réalité (post-coloniale, postcapitaliste, post-occidentale) qu'annonce notre mondialité.
L'exploitation du nickel, le domaine maritime, la biodiversité, l'activité spatiale ou le souci géostratégique doivent désormais s'inscrire dans le respect des peuples concernés. Nous avons rendez-vous là où les océans se rencontrent, disait mystérieusement Glissant. Que disparaisse dans cette rencontre l'Outre-mer de la France !
Patrick Chamoiseau, poète, romancier, essayiste, a construit une œuvre protéiforme couronnée de nombreuses distinctions (Prix Carbet de la Caraïbe, Prix Goncourt, Gallimard,1992, Prix marguerite Yourcenar en 2023…) et traduite dans le monde entier. Son esthétique explore la créolisation et les poétiques relationnelles du monde contemporain. Il est aujourd’hui une des présences littéraires les plus importantes de la Caraïbe.
Ce texte a paru en version réduite dans le Libération du 24 mai.
par Nioxor Tine
DES AUTOROUTES DE LA DÉMOCRATIE ET UN TRAIN EXPRESS DU RENOUVEAU
L’Etat hyper-présidentialiste et directif, en vigueur jusque-là, reposant sur le triptyque : « police politique – justice instrumentalisée – assemblée aux ordres » ne peut servir à construire le nouvel ordre décolonial
Ce serait faire preuve de mauvaise foi, que de tenter de sous-estimer le rôle capital que le Pastef et ses dirigeants ont joué dans l’avènement de ce que beaucoup d’observateurs qualifient volontiers de la révolution du 24 mars 2024, différente, à tous points de vue, de l’alternance survenue, douze ans auparavant, presque jour pour, un certain 25 mars 2012.
Pour ce qui est du président Macky Sall, il s’agissait de la rébellion d’un cadre politique "docile" et loyal, ayant occupé de prestigieuses fonctions étatiques, contre son tout-puissant mentor, Me Wade, désireux de procéder à une dévolution monarchique du pouvoir au profit de son fils biologique. Cela allait, lui ouvrir, accidentellement, la voie à la magistrature suprême, surtout après la dislocation de Benno Siggil Sénégal, regroupant des hommes politiques expérimentés issus de la gauche socio-démocrate et marxiste.
Quant à Ousmane Sonko, son activité politique s’est toujours déroulée sous le sceau de la collégialité, reposant sur un solide socle programmatique, centrée sur la rupture avec l’ordre néocolonial obsolète, ainsi que sur la promotion des valeurs de bonne gouvernance, de justice sociale, de souverainisme et de panafricanisme.
Autant dire, que la démarche politique du Pastef présentait beaucoup de similitudes avec celle des partis de gauche ou nationalistes de la période post-indépendance, je veux parler du PAI historique, du RND, du MSU et d’AND-JEF, ainsi que des nombreuses formations politiques, qui en sont issues. C’est pourquoi, on retrouve dans sa direction des hommes politiques bien connus, qui ont osé tenter l’aventure avec les jeunesses patriotiques.
A contrario, d’autres partis, dont la contribution aux avancées démocratiques de notre pays est remarquable, ont fait montre d’une hostilité incompréhensible à l’endroit du Pastef, qui ne faisait que parachever, à sa manière, le combat, qu’ils avaient entamé, sans pouvoir le terminer, n’ayant peut-être plus la force ou les convictions d’antan. C’est ce qui les a conduits à devenir des défenseurs inconditionnels, voire des flagorneurs zélés du régime de régression démocratique et sociale de Benno Bokk Yakaar, frôlant le despotisme, qu’ils voulaient même pérenniser, en s’alliant avec une personnalité emblématique de cette tristement célèbre bourgeoisie bureaucratique, qui pille notre pays depuis plus de 60 ans.
C’était sous-estimer le niveau de conscience politique du vaillant peuple sénégalais, qui a résolu, de manière magistrale, cette équation politique simple (rupture ou continuité), que plusieurs opérateurs politiques bien ou malintentionnés n’ont eu de cesse de vouloir, complexifier.
Il s’en est donc suivi la victoire éclatante de la « Coalition Diomaye Président » au premier tour, qu’on doit se garder d'assimiler, trop rapidement, à un blanc-seing en faveur du Pastef et ses alliés, mais qui semble plutôt relever d’un ras-le-bol populaire contre le régime de Macky Sall et ceux qui l’ont précédé depuis plus de 60 ans, tous auxiliaires du système néocolonial.
Les masses populaires sénégalaises, à l’instar de celles des pays voisins frères, ont choisi de rompre d’avec la domination impérialiste, mère de la confiscation de nos souverainetés, de la prédation de nos ressources, de l’atteinte à nos droits et libertés et de l’injustice sociale.
Il s’agit, maintenant, pour le camp patriotique, de matérialiser cette profonde aspiration populaire pour un véritable changement, dont le premier chantier doit être celui de la reddition des comptes, qui devra, dorénavant, devenir systématique.
A observer le nouveau régime, qui s’apprête à boucler ses soixante jours et avant la fin de la période de grâce des cent jours, on ne peut manquer de se dire, qu’il est impossible d’accomplir l‘exaltante œuvre de « transformation systémique » sans refondation institutionnelle, c’est-à-dire un démantèlement radical de l’ancienne armature institutionnelle. Il faudra également garantir la préservation pleine et entière des espaces politiques et civiques, c’est-à-dire le respect des droits et libertés des opposants politiques, des travailleurs ou des professionnels de la presse…etc.
Il s’agit, avant tout, de construire des autoroutes de la démocratie et un Train Express du Renouveau, en s’inspirant de l’héritage des Assises nationales.
L’Etat hyper-présidentialiste et directif, en vigueur jusque-là, reposant sur le triptyque : « police politique – justice instrumentalisée – assemblée aux ordres » ne peut servir à construire le nouvel ordre "décolonial", qui ne peut émerger, que sous l’action volontaire et combinée des diverses classes et couches sociales intéressées à son avènement.
ISLANDE: UNE FEMME D'AFFAIRES DEVRAIT ÊTRE LA PROCHAINE PRÉSIDENTE
Pays de 380.000 habitants, les candidats se présentent traditionnellement en indépendants à cette élection, sans affiliation à un parti. Tout citoyen rassemblant 1.500 signatures peut se présenter.
La femme d'affaires Halla Tomasdottir est bien placée dimanche pour devenir la prochaine présidente de l'Islande, selon des résultats officiels, supplantant l'ancienne Première ministre Katrin Jakobsdottir qui a dû se défendre de critiques la jugeant trop politique pour ce poste.
Mme Jakobsdottir, 48 ans, a concédé sa défaite tôt dimanche, félicitant Mme Tomasdottir, 55 ans.
Fondatrice d'Audur Capital, une société d'investissement créée en 2007 pour promouvoir les valeurs féminines dans le secteur financier, Mme Tomasdottir est la directrice générale de The B Team, une organisation à but non lucratif fondée par le milliardaire britannique Richard Branson pour promouvoir dans les affaires des pratiques respectueuses des valeurs humanitaires et du climat.
Elle sera la deuxième femme à occuper la fonction de présidente en Islande. En 1980, Vigdis Finnbogadottir est devenue la première femme élue démocratiquement dans le monde au poste de cheffe d'Etat.
Le président occupe une fonction largement honorifique en Islande, république parlementaire, mais il est le garant du respect de la Constitution et de l'unité nationale.
Il ou elle a un droit de veto sur les textes parlementaires et peut les soumettre à un référendum.
Mme Tomasdottir se voyait créditée de 34,6% des votes dimanche, avec 71,6% des bulletins dépouillés, contre 25% pour Mme Jakobsdottir qui avait démissionné en avril de son poste de Premier ministre d'un gouvernement gauche-droite pour se présenter au scrutin présidentiel.
Ces résultats dotent Mme Tomasdottir d'un soutien plus fort que prévu par les sondages qui donnaient les deux candidates coude à coude.
"Il me semble que Halla Tomasdottir va devenir la prochaine présidente de l'Islande", a déclaré Mme Jakobsdottir à la télévision nationale RUV. "Je la félicite et je sais qu'elle sera une bonne présidente".
Mme Tomasdottir a pour sa part déclaré au quotidien Morgunbladid qu'elle "essayait juste de respirer", ajoutant: "je me sens incroyablement bien. Je sais que ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini. Donc j'essaie juste de rester calme et de respirer".
Aucune thématique n'a percé lors de la campagne. En Islande, pays de 380.000 habitants, les candidats se présentent traditionnellement en indépendants à cette élection, sans affiliation à un parti. Tout citoyen rassemblant 1.500 signatures peut se présenter.
Mme Jakobsdottir a été perçue un temps comme la favorite parmi les 13 candidats à l'élection de samedi.
Mme Tomasdottir succèdera au très populaire Gudni Johannesson, en poste depuis 2016, qui ne se représentait pas.