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1 mai 2025
Santé
DES INTERVENTIONS MENÉES POUR LA DÉTECTION DES CAS MANQUANTS DE TUBERCULOSE
Le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT) n’a pu dépister que 12 808 cas en 2020, laissant en rade 34 % des cas attendus, a indiqué la responsable du bureau suivi évaluation dudit programme, Docteur Tacko Aly Ba.
Dakar, 15 oct (APS) - Le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT) n’a pu dépister que 12 808 cas en 2020, laissant en rade 34 % des cas attendus, a indiqué la responsable du bureau suivi évaluation dudit programme, Docteur Tacko Aly Ba, qui signale que des interventions sont en cours pour détecter les cas manquants.
‘’Nous sommes en train de mener des interventions axées sur la détection des cas manquants, qui sont actuellement autour de 34 % au Sénégal comme le fait de mener des enquêtes autour des cas contacts’’, a-t-elle dit lors d’une présentation sur la situation de la tuberculose, à l’occasion d’un atelier de mise à niveau des journalistes sur les stratégies de lutte contre cette maladie.
Selon elle, en 2020, le PNT a dépisté 12 808 cas de tuberculose, alors qu’il s’attendait à réaliser des diagnostics pour 19 746 cas.
Elle signale que pour les cas de tuberculose multirésistante, 75 cas ont été recensés sur une prévision de 126 au total.
’’Tous ces cas dépistés ont été traités et guéris à 91 %, même si nous avons enregistré 1 % de décès, 2 % de perdus de vue et 5 % d’association tuberculose, VIH dont 12 % au sud du pays’’, a-t-elle révélé.
Elle estime que l’accent doit être mis sur ‘’les six 6 régions à forte charge de tuberculose, que sont Saint-Louis, Louga, Thiès, Dakar, Kaolack, Ziguinchor avec 80 % de cas notifiés, dont 44 % pour la région de Dakar’’.
Parmi les interventions stratégiques, elle déclare que ‘’des campagnes de dépistage actif ciblant les groupes vulnérables, comme les détenus, les personnes vivant avec le VIH sont aussi menées’’.
’’Les diabétiques, les drépanocytaires, les personnes vivant avec un Vih et même les personnes qui ont une faible grippe ou un stress ont plus de risque d’attraper la tuberculose’’, a prévenu Dr Tacko Aly Ba.
Revenant sur la prise en charge de la tuberculose au Sénégal, Dr Madou Kane, responsable du bureau formation et recherche du PNT, révèle que ’’’il y a actuellement 98 centres de traitement avec 152 unités de microscopie et 47 machines Genexpert (machine de diagnostic de la tuberculose)’’.
Pour la région de Dakar seulement, il existe 25 centres de traitement et 22 machines Genexpert.
Le PNT a adopté depuis 2016 la stratégie ‘’End TB (mettre fin à la Tuberculose) d’ici 2035, lancée par l’Organisation mondiale de la santé.
Dans cette stratégie, souligne le Dr Kane, il s’agit de ‘’réduire le nombre de décès de 95% par rapport à 2015 d’une part et de réduire de 90 % le nombre de nouveaux cas’’, pour ‘’avoir moins d’un cas pour 100 mille habitants’.
Pour atteindre cet objectif, ‘’il faut réduire de 75 % le nombre de décès et réduire de 50 % le nombre de nouveaux cas’’ à l’horizon 2025.
LE COUT DU DIAGNOSTIC MEDICAL, UN OBSTACLE POUR ACCEDER A LA GRATUITE DE LA CHIMIOTHERAPIE !
Le Gouvernement a rendu gratuite la chimiothérapie pour les malades du cancer. Sauf que beaucoup de malades peinent encore à bénéficier de cette gratuité à cause des obstacles liées à la pose diagnostic
Le Gouvernement a rendu gratuite la chimiothérapie pour les malades du cancer. Sauf que beaucoup de malades peinent encore à bénéficier de cette gratuité à cause des obstacles liées à la pose diagnostic. D’où le cri du coeur de la présidente de l’Association Cancer du Sein Sénégal (AC2S), Mme Mame Diarra Guèye Kébé, qui invite le chef de l’Etat à rendre cette pause aussi gratuite.
Franchement alarmants ! Selon des chiffres de 2018 du Centre international de Recherche des cancers donnés par Dr Tambo Bathily, cancérologue médical en région parisienne, au cours d’une émission sur Tv5 monde, dans le continent africain, 168 00 nouveaux cas de cancer du sein ont été diagnostiqués cette année-là parmi lesquels 74 000 décès.
Dans le même temps, au niveau mondial, 2 millions de cancers du sein étaient enregistrés dont plus de 600 000 décès. La mortalité de cette maladie reste très élevée. Au Sénégal, le cancer du sein est le plus fréquent au niveau des femmes avec environ 1700 cas par an. Mais depuis deux ans maintenant, le Gouvernement a instauré la gratuité de la chimiothérapie pour les femmes souffrant des cancers du sein ou du col de l’utérus. Malheureusement, le retard pris souvent dans la pose diagnostic donne le temps aux tumeurs cancéreuses d’évoluer.
D’où cet appel du secrétaire général de la Ligue sénégalaise contre le cancer, Mansour Niang. «Les femmes ne doivent pas attendre d’avoir des signes pour aller se faire consulter. Il faut, dès l’âge de 20 ans, commencer l’auto examen des seins pour qu’en cas de changement du sein avec des rougeurs, une masse ou des ganglions, pouvoir aller voir son médecin». Une recommandation qui en dit long sur l’importance de prévenir les cancers qui plongent les malades dans des situations hyper stressantes avant, pendant et même après la pose de diagnostic. Une sorte d’inspection, pour ne pas dire d’examen, qui constitue aujourd’hui le noeud de la guerre des patientes cancéreuses et leurs familles contre ce terrible mal tueur. «Quand on soupçonne le cancer dans une personne, on lui demande d’aller faire une mammographie à 30 000 francs.
Après confirmation, elle va devoir faire le scanner à 140 000 francs, puis la biopsie à 25 000 francs et un bilan sanguin qui coûte pas moins de 100 000 francs avant de faire une échographie du coeur». Un montant exorbitant qui frôle les 400 000 francs et qui, selon la présidente de l’Association Cancer du Sein Sénégal, Mme Mame Diarra Guèye Kébé, demeure une barrière pour une meilleure prise en charge des malades du cancer. Or, comme elle le dit, il faut un passage, une sorte de porte d’entrée pour accéder à cette gratuité. C’est ce diagnostic médical pour trouver la maladie que beaucoup de malades du cancer, notamment les femmes pour ce qui est du cancer du sein, n’arrivent pas à franchir. «La bonne dame dont le mari est ouvrier ou mareyeur ou elle qui vend sur une petite table des fruits et légumes, vous pensez qu’elle a 400 000 pour payer cette pose de diagnostic ?
Evidemment, elle n’a pas cette somme et elle ne peut pas se payer ce diagnostic. Le traitement c’est gratuit, d’accord. Mais au début, si la malade n’a rien en poche, mais elle ne pourra jamais y accéder. C’est un gros problème !» soupire la présidente d’AC2S. D’où son cri du coeur à l’endroit des autorités, notamment du président de la République du Sénégal pour que le diagnostic aussi soit gratuit. Or, selon Dr Bathily, ce diagnostic est d’autant plus important dans la prise en charge du cancer du sein qu’»il ne faut pas louper le code. Il faut un diagnostic rapide, tout de suite détecter la maladie et la traiter très tôt. Parce que si on traite très tôt, 9 femmes sur 10 vont être guéries de leur cancer». C’est pour dire que la détection précoce de la maladie peut donner des chances de guérir 90 % des patients (9 malades sur 10).
L’importance de la détection précoce réitérée !
Chaque année, durant tout le mois d’octobre, il y a des campagnes de dépistage du cancer du sein dans le cadre d’une campagne dénommée « Octobre rose » durant laquelle des équipes médicales sont mobilisées. Mais le plus simple, c’est la détection précoce de la maladie par le biais de l’autopalpation du sein pour trouver un nodule, une boule. «Mais attention, toutes les boules ne sont pas des cancers. Ce n’est donc pas la peine de s’alarmer si on en trouve une. Il y a beaucoup de boules qui ne sont pas cancéreuses. Par contre quand celle qu’on trouve est dure, douloureuse et que le sein coule, il faut consulter son médecin», a insisté le médecin selon qui, si on commence par la détection précoce, on fera un grand pas en avant dans la prise en charge des cancers. Cette détection précoce constitue donc la première phase avant la mammographie, le dépistage donc pour détecter «les cancers qui sont indolents, qui ne sont pas visibles» pour qu’ils puissent être diagnostiqués précocement et traités très tôt.
D’après les explications du Dr Bathily, avec les différentes possibilités thérapeutiques, «tout dépend du stade du cancer, et plus la taille du cancer est petite, plus on fait un accès à la chirurgie. Auparavant, on faisait l’ablation totale des seins mais actuellement, avec la radiothérapie, on conserve le sein et on retire juste la boule infectée. Il y a par contre les cancers inflammatoires de plus de 5 centimètres. Avec ces types de cancer, on préfère refroidir le cancer, diminuer l’inflammation avec la chimiothérapie avant de faire l’opération. Mais au stade 4 de la maladie où malheureusement le cancer s’est généralisé, on fait des traiments de confort pour réduire la charge tumorale». Dans tous les cas, il faut noter que la règle principale après une autopalpation des seins, c’est d’ «aller se faire consulter chez un chirurgien gynécologue».
Avec le cancer, d’après le cancérologue médical, «on peut être traité correctement, mais tout est centré dans les grandes villes comme au Sénégal où il y a des centres, mais il reste beaucoup à faire. Il en va de même pour les ressources humaines de qualité qu’il s’agisse des infirmiers, des oncologues, des chirurgiens spécialistes...» explique le cancérologue. Selon Dr Bathily, le cancer est une maladie dont on ne connait pas encore les causes mais qui a des facteurs favorisants qui peuvent être liés à la survenue des règles précocement, à une ménopause tardive chez des femmes qui n’ont jamais accouché, à l’alcool, à l’obésité...
L’HOPITAL ALBERT ROYER ALERTE
Les cas de grippe chez les enfants prennent de l’ampleur dans les structures de santé
Les cas de grippe chez les enfants prennent de l’ampleur dans les structures de santé. Au niveau de l’hôpital Albert Royer de Fann, ils sont nombreux qui y arrivent dans une situation de détresse respiratoire qui nécessite un branchement à oxygène. Un phénomène qui indispose des parents et accompagnants de certains patients qui doivent attendre très longtemps avant de se prendre en charge. En point de presse hier, mercredi 13 octobre, les médecins ont tiré la sonnette d’alarme
Les cas de paludisme sont en baisse dans les consultations au même la grippe prend du terrain. Au niveau de l’hôpital d’enfants Albert Royer, plus d’une dizaine arrivent dans les lieux en situation de détresse respiratoire par jour. Ils ont besoin d’être pris en charge dans l’immédiat. Selon le professeur Idrissa Demba Ba, ce phénomène touche les enfants de moins de deux ans. «Depuis une à deux semaines, nous avons beaucoup de cas de grippe chez les enfants mais surtout des cas graves. Ces malades sont prioritaires dans le traitement et ils doivent être pris en charge dans les 10 à 30 minutes» a-til laissé entendre.
Et de poursuivre : «l’hôpital est débordé par les cas grave. Il arrive que deux patients partagent le même lit. Il faut agir vite pour stabiliser l’enfant». Revenant sur la prévention de ces cas, le professeur Ba a recommandé, le lavage des mains avec de l’eau coulante et au savon, le port de masque, mais aussi l’hygiène nasale. Toutefois, il a rassuré que «le taux de mortalité est stable. Avec la flambée des cas, nous n’avons pas encore enregistré de décès. Les pathologies qui sont à l’origine de la grippe virale sont les infections virales, la bronchiolite, diarrhée ou vomissement».
Pour le professeur Aliou Thiongane chef de service d’accueil des urgences (Sau) de l’hôpital Albert Royer, la hausse des cas de grippe ces derniers jours a créé des tensions au sein des accompagnants des malades. «Il y en a certains parents qui ne comprennent pas le fait que les médecins les font attendre pour prendre en charge des malades qui viennent d’arriver. Les interventions peuvent prendre du temps pour les urgences et certains accompagnants s’impatientent». Pour le Pr Thiongane, il y a trois catégories de malades qui sont prises en charge au sein de son service. Les malades urgent dont l’attente ne doit pas dépasser une heure, ceux qui sont non urgent dont le délai d’attente reste indéterminé. Ces derniers peuvent patienter trois heures, une journée et même plus. Et entre les deux, il y a les malades prioritaires.
LE SENEGAL MANQUE DE SPECIALISTE EN OPHTAMOLIGIE
Le Sénégal ne compte que 67 médecins ophtalmologistes. Un déficit en ressources humaines constaté au moment où 27 000 patients attendent d’être pris en charge, au niveau national. Des chiffres révélés, ce mercredi 13 octobre
Le Sénégal ne compte que 67 médecins ophtalmologistes. Un déficit en ressources humaines constaté au moment où 27 000 patients attendent d’être pris en charge, au niveau national. Des chiffres révélés, ce mercredi 13 octobre, marquant la célébration de la journée mondiale de la vue.
A l’occasion, le coordonnateur du programme national de promotion de la santé oculaire, Dr Mouctar Dieng Badiane, a plaidé pour l’accès à la chirurgie.
Le spécialiste de souligner que, cette année, ils ont "axé (leur) communication, sur le trachome (conjonctivite contagieuse pouvant entraîner la cécité). Nous attendons à peu près 27 000 cas. Ils doivent être opérés dans les 35 districts d’ici 2024. En ce moment, nos équipes sont à Nioro. Après, il y aura Kaolack, district Ndoffane, cette année".
"Aimer vos yeux" est le thème retenu, cette année.
EPIDEMIE DE LA GRIPPE, LE CENTRE PÉDIATRIQUE ALBERT ROYER ALERTE
Emedia attirait récemment l’attention des parents sur une épidémie de grippe touchant sévèrement les enfants. C’est toujours le rush au service d’accueil de l’hôpital d’enfants Albert Royer. Débordés, les médecins ont interpellé la tutelle.
Emedia attirait récemment l’attention des parents sur une épidémie de grippe touchant sévèrement les enfants. C’est toujours le rush au service d’accueil de l’hôpital d’enfants Albert Royer. Débordés, les médecins ont interpellé la tutelle.
"Nous avons tous constaté que depuis une à deux semaines, nous avons une affluence de patients, et c’est lié à ce qu’on appelle des phénomènes de poussées. Il y a eu beaucoup de cas d’infections virales. La grippe fait partie des infections virales. Les diarrhées et les vomissements que présentent les enfants en font partie, (de même que) les bronchiolites, les rhinites, et les rhinobronchites. Il y a même des cas de pneumonies virales, qui font que nous avons eu beaucoup plus de patients qui viennent pour de la fièvre, de la toux, des vomissements", alerte Dr Idrissa Demba BA, chef du service de pneumologie de la structure sanitaire.
Il ajoute que la même affluence est notée dans toutes les structures prenant en charge les enfants.
À Albert Royer, entre 200 et 300 malades sont consultés par jour, estime Dr Alioune Thiogane, chef du service d’accueil des urgences de la structure. "C’est énorme, c’est trois ou quatre fois que dans les autres structures pédiatriques. C’est une charge de travail qui est très importante. La consultation se fait non-stop ici. De 08 heures, le matin, à (la même heure), le lendemain, les gens sont debout, médecins comme infirmiers, on fait plus que ce que l’on devait faire. Albert Royer fait le maximum de ce qu’il peut faire".
Le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, est appelé à contrôler le rush.
GAMOU 2021, THIENABA ALIMENTE EN EAU
Les trois forages de Thiénaba (ouest) fonctionnent tous et peuvent satisfaire les besoins en eau des fidèles, lors du gamou prévu mardi prochain dans cette localité, a assuré mercredi le directeur général de l’Office des forages ruraux (OFOR)
Thiénaba, 13 oct (APS) - Les trois forages de Thiénaba (ouest) fonctionnent tous et peuvent satisfaire les besoins en eau des fidèles, lors du gamou prévu mardi prochain dans cette localité, a assuré mercredi le directeur général de l’Office des forages ruraux (OFOR), Alpha Baïla Guèye.
‘’Aujourd’hui, tous les trois forages fonctionnent’’, a-t-il dit lors d’une visite effectuée dans cette cité religieuse où il a été reçu par le khalife, Serigne Assane Seck.
L’OFOR a réussi à pallier les difficultés liées au stockage de l’eau et à l’entretien des ouvrages hydrauliques à l’aide d’un dispositif d’appoint constitué de bâches à eau et de citernes, selon M. Guèye.
Le forage de la SDE, l’une des trois infrastructures hydrauliques de Thiénaba, était en panne, ce qui engendrait une pénurie d’eau dans cette localité, a rappelé le président du comité d’organisation du gamou, Elhadji Diop.
Selon M. Diop, des équipements dont le coût est estimé à 9 millions de francs CFA ont été achetés pour la réparation des ouvrages.
Le directeur général de l’OFOR dit espérer que les fidèles vont célébrer le gamou dans de bonnes conditions, à l’abri des pénuries d’eau surtout.
Il a annoncé la construction, avant la fin de l’année, d’un quatrième forage, pour satisfaire la demande des habitants de la cité religieuse en expansion et de leurs milliers d’hôtes lors de cet événement annuel commémorant la naissance du prophète Mohamed.
En un an, le nombre de quartiers de Thiénaba est passé de quatre à 12, ce qui augmente fortement ses besoins en eau, selon Alpha Baïla Guèye.
Le khalife s’est réjoui du respect des engagements de l’OFOR, concernant l’approvisionnement en eau de Thiénaba et de la ‘’détermination’’ avec laquelle les ouvrages hydrauliques ont été remis en service.
Alpha Baïla Guèye a profité de sa visite pour offrir des packs de bouteilles d’eau au guide religieux.
LE SÉNÉGAL EN QUÊTE DE SOUVERAINETÉ PHARMACEUTIQUE
Le pays compte sept unités de production de médicaments, dont une est en cours de relance. Mais les obstacles au développement sont nombreux
Le Monde Afrique |
Théa Ollivier |
Publication 13/10/2021
Devant les bâtiments abandonnés de l’usine Médis, une douzaine d’anciens salariés se protègent de la chaleur à l’ombre d’un grand arbre. Ils partagent le thé, lisent le journal, discutent. Faute de mieux. A Thiaroye, en banlieue de Dakar, la seule usine pharmaceutique du Sénégal est à l’arrêt depuis le 15 janvier 2020. L’Etat s’est engagé à investir 5,5 milliards de francs CFA (8,4 millions d’euros) pour relancer le site et entrer au capital de Médis. Mais les discussions piétinent et les ouvriers se languissent.
Certains, comme « M. Diagne », ont travaillé plus de vingt ans entre ces murs désormais rongés par les herbes. Privé de salaire et de couverture maladie, l’ancien opérateur de production aligne « dix-neuf mois d’arriérés de loyer et ne [peut] plus payer l’école de [ses] trois enfants ». Ali*, qui a exercé comme conducteur de machine pendant vingt-deux ans, en est à peu près au même point. « Un huissier est venu chez moi pour m’expulser car je n’ai pas versé mon loyer depuis des mois. Mais je n’ai même pas de quoi payer un transporteur pour sortir mes bagages », lance-t-il, le regard anxieux.
Pourtant, la relance de l’usine pharmaceutique a été plusieurs fois discutée en conseil des ministres. Le site, a souligné le président Macky Sall, est indispensable pour atteindre une « souveraineté durable du Sénégal sur certains médicaments, produits et équipements de première nécessité ». Une liste de molécules considérées comme prioritaires – comme le paracétamol, le fer ou les produits utilisés dans la lutte contre le Covid-19 – est en train d’être validée par le gouvernement. Avec un objectif : satisfaire, grâce à la production locale, 50 % des besoins nationaux en médicaments d’ici à 2035.
« Mauvaise gouvernance »
Mais le pays en est encore très loin. Depuis l’arrêt de l’usine Médis, 96 % des médicaments et traitements sont importés, contre 90 % avant la fermeture du site, selon le docteur Abdoulakhat Mangane, conseiller auprès du ministère de la santé. Une dépendance vis-à-vis de l’étranger qui s’est fait particulièrement sentir au plus fort de la crise sanitaire du Covid-19. Quelques produits ont connu des ruptures de stocks épisodiques, comme le phénobarbital (antiépileptique) ou les antidiarrhéiques. Pour les produits de lutte contre le Covid-19, le Sénégal a pu compter sur une solidarité internationale sans laquelle d’autres ruptures auraient pu s’ajouter.
Créée en 1973 sous le premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, le site, d’abord public, a été tour à tour racheté par Rhône-Poulenc, Aventis, Sanofi et dernièrement Médis Tunisie. Après trois ans d’activité, il a fermé ses portes pour « difficultés financières », selon les maigres explications fournies par Médis à ses employés. « Nous avons fustigé une mauvaise gestion et une mauvaise gouvernance. Nous avons négocié, quitte à perdre des avantages. Mais la direction a refusé et a cessé l’activité sans respecter la procédure », regrette Médoune Diop, porte-parole des délégués du personnel.
LE DOCTEUR LY CERNE LES FAITS, LA TUTELLE SE NOIE DANS LE MUTISME
L’affaire des bébés calcinés de Linguère a sonné comme un signal à l’endroit des autorités étatiques mais aussi aux gestionnaires des structures privées.
L’affaire des bébés calcinés de Linguère a sonné comme un signal à l’endroit des autorités étatiques mais aussi aux gestionnaires des structures privées. Si dans les structures de soins, c’est la sécurité sanitaire, qui est souvent au premier plan, en relation avec les dispositifs et gestes médicaux, les accidents en soins d’urgence se répètent. La clinique de Madeleine est au cœur du scandale pour des faits presque similaires à ceux de Linguère.
Selon le docteur Mohamed Lamine Ly, membre de la société civile et gestionnaire d’une clinique privé, dans les hôpitaux sénégalais, il est prévu la mise en place de commissions qualité, hygiène, sécurité qui devraient prendre en charge, entre autres, la prévention des incendies, et il serait instructif de connaître le niveau de réalisation de cette directive. Même si dans le cas de la clinique Madeleine, il n’est pas question d’incendie, la gestion du personnel est ici décriée. Selon le spécialiste en santé publique : «les endroits comme des couveuses ou autres en soin intensif doivent disposer de personnel continue. Ils ne doivent pas y avoir de rupture dans la surveillance car, à tout moment l’horreur pourrait se produire».
Toutefois, la blouse blanche reste prudente : «je ne pense pas que cet incident vient de la non compétence du personnel. Cette clinique a un personnel qualifié et le plus souvent ce sont des anciens qui ont fait leur preuve dans les structures hospitalières publiques. Cependant, il faut travailler à respecter les normes dans les établissements de santé en général qui sont en sous effectifs pour éviter tout désagrément». Au-delà du caractère tragique de ces incidents avec des bébés calcinés ou mort brûlé, Dr Ly, a avancé que c’est juste une face de l’Iceberg. «Il y a bel et bien des dysfonctionnements notables des services. De fait, pareils incidents sont fréquents dans les structures de soins et sont souvent étouffés, passés par pertes et profits par des bureaucrates se couvrant du manteau pudique de l’autonomie hospitalière ou de protection par la hiérarchie ».
Toutefois, il a estimé : « il y a également lieu d’évaluer le niveau de mise en œuvre des réglementations de prévention des incendies dans les structures sanitaires de notre pays et de scruter les normes et procédures en matière de sécurité incendie». Au niveau du ministère de la santé et de l’action sociale, c’est le mutisme total. Depuis l’affaire de l’incident de la clinique des madeleines, aucune sortie de l’autorité, ni de la directrice des établissements de santé privée n’a été notée. Un silence qui en dit long sur des «dérives» dans le domaine des soins. Selon une source de la tutelle, le ministre attend d’avoir tous les éléments pour se prononcer. L’enquête étant ouverte, le dossier sera sûrement transmis au juge.
LES STRUCTURES DE SANTE MAL EN POINT
Entre manque de personnel qualifié ou spécialisé et d’équipements, les établissements sanitaires souffrent de plusieurs maux. Ce qui, de facto, se ressent sur la qualité des soins
Le phénomène commence à gagner du terrain. Après la mort de quatre bébés à l’hôpital de Linguère, un autre nouveau-né a perdu la vie à la clinique de la Madeleine par «négligence médicale». Ce qui en dit long sur l’état des structures sanitaires au Sénégal, publiques comme privées. Entre manque de personnel qualifié ou spécialisé et d’équipements, les établissements sanitaires souffrent de plusieurs maux. Ce qui, de facto, se ressent sur la qualité des soins.
Samedi dernier, un nouveau né a perdu la vie à la clinique de la Madeleine à Dakar suite à des brûlures. Né avec une jaunisse, lé bébé de trois jours devrait subir une photothérapie. Et c’est de là, selon son père Réda Saleh, qu’il s’est retrouvé «carbonisé» et «asphyxié». Les parents de la victime pointent du doigt la «négligence» des agents de santé. «Ils ne sont pas capables de me dire ce qui s’est passé. Ils ne m’ont servi aucune explication de ce qui a engendré la mort de mon enfant», a déclaré M.Saleh dans les journaux et autres sites en ligne. Il ajoute : «ce que j’ai vu, c’est une catastrophe».
A la suite de la plainte déposée au Commissariat de Plateau, l’autopsie révèle que le nourrisson est mort d’une «asphyxie doublée de plusieurs brûlures au niveau du corps». Sur ce, le responsable et quatre autres agents de la clinique ont été placés en garde à vue. On se rappelle également, au mois d’avril dernier, de l’incendie à l’unité de néonatologie de l’hôpital Maguette Lo de Linguère qui avait causé la mort de quatre bébés et fait deux autres blessés. L’affaire avait provoqué une vague d’indignation. Même le Chef de l’Etat n’était en reste. Il avait ainsi demandé au ministre de la Santé et de l’Action sociale de veiller à ce que «toute la lumière» soit faite sur cet incendie.
A propos de ce drame aussi, les enquêteurs avaient conclu à une «négligence médicale» après l’ouverture d’une information judiciaire. «Le rapport provisoire mis à notre disposition par les responsables de l’enquête nous a permis de noter une négligence par rapport au service de néonatologie», avait révélé le ministre de la Santé et de l’Action Sociale. Le docteur Abdou Sarr, ex-directeur de l’hôpital, Khady Seck aide infirmière, et le docteur Fatou Sy, chef de service de la pédiatrie, sont inculpés pour «imprudence» et «négligence» dans cette affaire. Ces morts dans les établissements sanitaires relancent le débat sur les conditions de prise en charge des patients au Sénégal.
De nombreuses défaillances sont décriées de partout. Les structures sanitaires sont confrontées à un manque d’équipements et de personnel qualifié et spécialisé. Ce problème est ressenti d’abord par les professionnels de santé qui sont contraints dans bien des situations de faire face à une grande charge de travail, qui éreinte les plus résistants et décourage les plus faibles. Il y a quelques mois, au sortir d’une rencontre avec les agents de l’hôpital de Ziguinchor, l’activiste Guy Marius Sagna déclarait : «nous sommes sortis de cette rencontre déçus, scandalisés. Ces braves hommes et femmes, membres de l’intersyndical des travailleurs de l’- Hôpital régional de Ziguinchor nous ont expliqué que cet hôpital régional n’est que de nom. Il n’y a pas suffisamment de personnel. Cet hôpital manque de tout. Il n’y a pas de cardiologue, pas de néphrologue, il n’y a pas de pneumologue».
A l’hôpital régional de Kolda, les travailleurs, à l’occasion d’une marche stoppée par les forces l’ordre, les agents listaient plusieurs maux comme un «manque de scanner, d’échographie, de longues pannes récurrentes des équipements, un déficit en ressources humaines qualifiées, des ruptures sans cesse des consommables et le non-paiement des rappels et primes». Ces manquements justifient ainsi la raison du nombre grandissant d’incidents et d’accidents à survenir dans le réseau de santé. En effet, lors de l’incendie survenu à l’hôpital de Linguère, le Chef de l’Etat, Macky Sall avait invité «le ministre de la Santé et de l’Action sociale, à engager sans délai, en relation avec les ministres en charge des constructions et de la protection civile, un audit général des infrastructures sanitaires, notamment, les constructions et installations abritant les services et équipements de santé sur l’ensemble du territoire national».
COVID-19, LE SÉNÉGAL CLASSÉ SUR LA LISTE DES PAYS "VERTS"
Les voyageurs en provenance ou à destination du Sénégal ne sont plus soumis aux motifs impérieux qu’ils soient vaccinés ou non.
IGFM- Les voyageurs en provenance ou à destination du Sénégal ne sont plus soumis aux motifs impérieux qu’ils soient vaccinés ou non.
Selon un document officiel publié sur le site du Quai D’Orsay, le Sénégal est maintenant sur la carte actualisée des pays « verts ». Sont considérés comme pays « verts », les pays dans lesquels aucune circulation active du virus n’est observée et aucun variant préoccupant n’est recensé.
Désormais, les voyageurs en provenance ou à destination d’un pays « vert » comme le Sénégal, qu’ils soient vaccinés ou non, ne sont pas soumis aux mesures contraignantes pour entrer ou sortir du territoire Français. Sont considérés comme pays « verts », les pays dans lesquels aucune circulation active du virus n’est observée et aucun variant préoccupant n’est recensé.
S’agissant, des autres pays sur la liste des pays « verts », il y a des pays de l’espace européen ainsi que Andorre, l'Islande, le Liechtenstein, Monaco, la Norvège, Saint-Marin, la Suisse et le Vatican. A cette liste viennent s’ajouter, l'Australie, l'Arabie Saoudite, le Bahreïn, Brunei, le Canada, le Chili, le Sénégal, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis, Hong-Kong, le Japon, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Nouvelle-Zélande, le Qatar, le Rwanda, Singapour, Taïwan, l’Union des Comores, l’Uruguay et le Vanuatu.
Néanmoins, il reste un certains nombres de mesures à respecter,