En 2008, le quartier Ngagne Diaw, situé à Thiaroye Sur Mer, dans le département de Pikine (Dakar) a été infecté au plomb. D’importantes conséquences environnementales et des morts d’enfants ont été comptabilisées. Des années plus tard, les habitants de Ndiakhaté, dans la commune de Keur Moussa, région de Thiès, craignent vivre la même situation. Appuyés par le Centre de recherches et d’actions sur les droits économiques sociaux et culturels (Cradesc), ils ont rencontré la presse, dans la journée du jeudi 5 décembre, pour étaler leurs griefs.
En face de l’usine, il a ses champs qu’il est obligé de céder. «A cette période de l’année, nous étions en pleine activité champêtre. Mais, tous ceux qui ont des terres ici, ont opté de céder leurs parcelles pour aller ailleurs. On a constaté une perte de nos rendements», dit Mamadou Léye, coordonnateur du Collectif des habitants de Ndiakhaté demandant aux autorités de prendre des mesures pour l’arrêt de la production ou la délocalisation de l’usine.
Mouhamadou Mansour Ciss, membre dudit collectif abonde dans le même sens. «Depuis l'installation de l'usine, nous avons constaté que les avortements sont devenus très fréquents dans la localité. Ensuite, des cas de tuberculose sont enregistrés, les enfants qui tombent malades très souvent», affirme-t-il.
Les activités agricoles et avicoles sont à l’arrêt. «Depuis 2019, pratiquement, il n'y a plus d'activité agricole parce que les effets commencent à se manifester dans la production. On faisait aussi de l’aviculture, mais on a constaté que les poussins ne vivent pas plus de 20 jours. Ils sont contaminés et meurent». Selon les habitants de Ndiakhaté, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, a été saisi. Il a promis de procéder à l’évaluation nécessaire pour déterminer si les ennuis et autres nuisances décrites par les riverains de l’usine sont imputables au recyclage du plomb.
La position du ministère de l’Environnement sur la question est mitigée. Une Attestation de conformité délivrée à l’entreprise, à la date du 5 février 2020, l’autorise à exercer ses activités. Une copie de ce document mise à notre dispositions, nous renseigne que : «le comité technique s'est réuni les jeudis 22 août et 31 octobre 2019, à Thiès pour l'examen du rapport d'Etude d'impact environnemental et social (EIES) du projet de mise en place d'une unité de recyclage de métaux non ferreux dans la commune de Keur Moussa. Suite à ces rencontres, une séance d'audience publique s'est tenue, le jeudi 28 novembre 2019, à Keur Moussa. Au terme de cette procédure et de la prise en compte des observations issues des rencontres précitées dans le rapport final, j'atteste que le projet de mise en place d'une unité de recyclage de métaux non ferreux dans la commune de Keur Moussa est conforme aux dispositions du Code de l'Environnement relatives aux études d'impact».
Suspendue en décembre 2022, puis autorisée à épuiser ses stocks en trois mois, «l'usine continue de plus belle ses activités»
Mais, à la suite d'une mission d'évaluation du ministère en charge de l’Environnement, le 12 décembre 2022, l'usine a été suspendue après le constat fait du que le décor de la zone de production qui n’était pas conforme à la situation analysée et décrite dans l’Etude d’impact environnemental.
Cependant, quelques mois plus tard, une autorisation de trois mois pour épuisement de stock avait été accordée à l’entreprise, selon Mamadou Salif Sané, responsable du programme au Centre de recherches et d’actions sur les droits économiques sociaux et culturels (Cradesc). Et depuis lors, «l'usine continue de plus belle ses activités», déplore-t-il. Donc l’autorisation de trois mois pour épuiser les stocks perdure encore, deux ans après la décision de suspension de toutes activités de l’usine.
Il dénonce des irrégularités dans l’octroi du permis d’exploitation. «On a constaté beaucoup d'irrégularités dans l'autorisation qui avait été donnée à l'usine. La distanciation de 500 mètres entre l’usine et le cours d’eau n’est pas respectée, il y a la zone des Niayes». Pis, selon Mamadou Salif Sané, concernant la gestion des déchets, «aucune mesure n'a été respectée par l'entrepreneur».
Saisi par la Rédaction de Sud Quotidien, le Centre antipoison du Centre hospitalier national universitaire de Fann (Chu-Fann), dit avoir reçu des plaintes des populations concernant d’éventuels impacts/contaminations qui seraient inhérents aux activés de l’usine. Mais l’hôpital dit n’avoir pas encore réalisé des enquêtes sur la question. Car pour cela, « il faut une autorisation des autorités ».
50% DES BEBES SOUFFRENT DE MALADIES ORL
Le 32e congrès de la société sénégalaise d’ORL et de chirurgie qui se tient à Saly a été une occasion pour les spécialistes de révéler les ravages de ces maladies.
Au 32e congrès général de la société sénégalaise d'ORL et de chirurgie cervico faciale, le vice-président de la structure, le Professeur Malick Ndiaye, a révélé que plus de 50% des consultations de pédiatrie montrent que les enfants présentent des pathologies ORL. Lors de cette rencontre qui se tient à Saly, les spécialistes ont révélé que ces maladies constituent une véritable préoccupation de santé publique.
Le 32e congrès de la société sénégalaise d’ORL et de chirurgie qui se tient à Saly a été une occasion pour les spécialistes de révéler les ravages de ces maladies. En effet, ce n’est pas seulement les personnes d’âge mûr qui souffrent de ces pathologies, les bébés sont aussi affectés (Ndlr : oreilles, nez, Gorge, cou et face). Non seulement les maladies sont fréquentes mais le problème est que les soins pour diverses raisons dont le facteur financier, ne sont pas accessibles à tous les Sénégalais.
Pour le vice-président de la société sénégalaise d’ORL, professeur Malick Ndiaye, il y a des problèmes dans la prise en charge des patients. «Car si on prend l’exemple de la charge auditive, on sait qu’elle est onéreuse. Ce n’est pas seulement la chirurgie qui est coûteuse mais les appareils coûtent eux aussi très cher, que ce soit un appareil conventionnel comme les autres appareils dont le coût varie entre 10 et 12 millions, ce qui n’est pas à la portée des Sénégalais», a déclaré Pr Ndiaye.
A l’en croire, la réhabilitation en laryngologie pose également un problème dans nos contextes de travail parce que souvent, les patients présentent des «hysté loses du larynx» et la prise en charge est chère. «Ce sont des patients qui restent plusieurs mois à l’hôpital et parfois qui sont porteurs des stigmates qui peuvent rester à vie. Concernant la cavité buccale, c’est des cancers qui deviennent de plus en plus fréquents. Nous avons l’habitude d’avoir des cancers du larynx, le cancer de l'hypopharynx, mais les cancers de la cavité buccale deviennent de plus en plus importants et la prise en charge peut être facile quand le patient vient tôt, mais malheureusement, ce n'est pas le cas souvent», a soutenu le vice-président de la société sénégalaise d'ORL. «Nous avons des patients qui viennent tardivement et vous-même vous constatez que le cancer de la cavité buccale est un cancer qui est accessible, il suffit d’ouvrir la bouche pour voir les effets. Donc il faut sensibiliser», a lancé le Pr Ndiaye.
«LES CANCERS DE LA CAVITE BUCCALE DEVIENNENT DE PLUS EN PLUS IMPORTANTS»
D'ailleurs, il est fréquent de constater dans les structures de santé des pathologies ORL à savoir les pathologies infectieuses, inflammatoires, tumorales et malformatives. Dans certaines villes, il a été constaté une recrudescence de la maladie cancéreuse même si les populations sont de plus en plus regardantes. A Touba qui est la deuxième ville la plus peuplée du Sénégal, il y a une forte demande, une forte augmentation par rapport à ces malades parmi ceux qui viennent se faire consulter. Pour prendre en charge les patients, l’Etat y a affecté 5 ORL. Selon Dr Mame Coumba Sarr Niane servant à l’hôpital Matlaboul Fawzeyni, le goitre et la sinusite font partie des maladies les plus fréquentes. Malgré la fréquence des maladies, le Sénégal ne compte que 100 médecins en ORL pour 18 millions d’habitants alors que l’OMS préconise un ORL pour 10 000 personnes. Certaines régions comme Tamba et Matam sont dépourvues de médecins spécialistes en ORL.
VERS LA TENUE D’UN CONSEIL INTERMINISTÉRIEL SUR LA SOUVERAINETÉ PHARMACEUTIQUE
Ce cadre stratégique vise à résoudre les défis liés à la couverture sanitaire universelle et à relancer l’industrie pharmaceutique nationale.
Le gouvernement prépare la tenue d’un conseil interministériel sur la souveraineté pharmaceutique afin de plancher sur tous les problèmes y afférents, a annoncé le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Serigne Mbaye.
‘’(…) Ce conseil sera l’occasion de profiter de la présence du Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement, pour que tous les problèmes soient posés, tous les problèmes du secteur pour l’atteinte de la couverture sanitaire universelle, mais également et surtout, les problèmes du secteur pharmaceutique, la relance de l’industrie pharmaceutique’’, a déclaré M. Mbaye.
Le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale prenait part, jeudi, à un dîner-débat sur la souveraineté pharmaceutique. La rencontre était axée sur le thème ‘’Place de la souveraineté pharmaceutique dans l’agenda 2050 ».
‘’Tous nos textes sont en train d’être alignés, que ce soit la lettre de politique sectorielle de développement, que ce soit notre plan national de développement sanitaire et social, que ce soit notre carte sanitaire’’, a-t-il signalé.
Il a précisé que ce sont ‘’tous ces textes qui gouvernent le secteur de la santé qui sont en train d’être révisés, alignés, mis en ordre, mis à jour’’.
Dès que ce travail sera terminé, le conseil interministériel pourra se tenir, a-t-il indiqué.
Il a rappelé que le rôle du ministère de la Santé et de l’Action sociale consiste à réunir l’ensemble des mesures et recommandations et d’en faire un bon usage.
‘’Il s’agit de faire en sorte que les Sénégalais aient accès aux médicaments et qu’on puisse faire en sorte que ça soit sécurisé et contribue à une bonne politique de santé’’, a-t-il dit.
Dans cette perspective, il faut promouvoir ‘’un environnement des affaires favorable’’, a-t-il déclaré, estimant qu’il faudra pour cela que ‘’les autres acteurs’’ contribuent à ‘’amener la profession pharmaceutique à se mettre sur les rails de la souveraineté’’. Il a également suggéré ‘’une fiscalité allégée’’.
Une fois toutes ces dispositions prises, les acteurs de l’industrie pharmaceutique devront assurer un approvisionnement correct des produits.
‘’Quand les Sénégalais s’affirment, il faudrait aussi qu’ils s’assument, que les acteurs sénégalais s’assument. Il faudrait qu’ils s’engagent à ne pas faire en sorte qu’on soit dans des pénuries en interdisant des importations’’, a-t-il dit.
Selon lui, »toutes ces mesures mises ensemble devraient permettre de trouver peut-être un terrain fertile pour avancer’’.
Mouhamadou Sow, le directeur de Téranga pharma, a souligné l’importance de définir une nouvelle stratégie et des actions prioritaires dans le cadre du Plan quinquennal 2025-2029.
‘’Il est important pour nous de faire une recommandation essentielle, qui est de nommer un secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé exclusivement de la souveraineté pharmaceutique’’, a-t-il dit.
NDIAKHATE, L’USINE DE RECYCLAGE DE BATTERIES AU PLOMB DANS LE VISEUR DES AUTORITÉS
Lors d’une rencontre de restitution, jeudi, Oumar Diallo, coordinateur des programmes et du plaidoyer au CRADESC, a souligné l’urgence de la situation et insisté sur la responsabilité de l’État dans ce dossier.
Le combat contre l'usine de recyclage de plomb Ganesha à Ndiakhate, dans la commune de Pout (Thiès), est loin d’être terminé. Depuis son installation, l’usine a causé de graves préjudices à l’environnement et à la santé des populations locales, selon les témoignages des habitants. Jeudi 5 décembre, lors d’une rencontre de restitution à Pout, Oumar Diallo, coordinateur des programmes et du plaidoyer au Centre de recherche et d’action pour les droits économiques, sociaux et culturels (CRADESC), a insisté sur l’importance de la responsabilité de l’État dans cette affaire, soulignant que l’urgence de la situation impose des actions immédiates.
Depuis plusieurs mois, le collectif des agriculteurs de Diender et de Pout, soutenu par le CRADESC, se bat pour la délocalisation ou la fermeture de l’usine. Ils ont rencontré le ministre de l’Environnement, Daouda Ngom, qui a fait des promesses importantes, notamment celle de se rendre sur place pour évaluer la situation. Les populations de Ndiakhate et des environs souffrent de nombreux maux. Selon Diallo, l’exploitation du plomb a des conséquences graves sur la santé publique, particulièrement pour les enfants, les femmes et les animaux, affectés par des maladies pulmonaires et d'autres pathologies graves. « Le plomb a des effets meurtriers, et l'État a l’obligation d’agir pour protéger ses citoyens », a-t-il affirmé.
Les habitants de Ndiakhate et des villages voisins dénoncent la dégradation de leurs conditions de vie. Des maladies rares, telles que des cas fréquents d'avortements spontanés et de tuberculose, se multiplient. Les enfants sont particulièrement vulnérables, avec une augmentation des maladies respiratoires et des cancers. L’environnement agricole, « traditionnellement florissant dans cette zone, est désormais gravement touché », selon Ibrahima Ngom, chargé de recherche en contentieux et justiciabilité au CRADESC.
Depuis 2019, la production agricole a chuté, et les élevages, en particulier ceux de volailles, souffrent des effets de la pollution. Mouhamadou Mansour Ciss, membre du collectif pour la fermeture de l’usine de recyclage de batteries, détaille les impacts environnementaux, précisant que les poulaillers « ne survivent pas plus de 20 jours en raison de la contamination par le plomb ».
Malgré ces constats alarmants, les autorités sénégalaises, à travers le ministère de l’Environnement, ont pris des mesures, mais la situation reste insatisfaisante pour les populations locales. Une mission d’évaluation avait initialement suspendu l’activité de l’usine, mais une autorisation de trois mois avait ensuite été accordée, permettant à l'usine de poursuivre ses activités. Mamadou Salif Sané, enseignant-chercheur et chargé de programme au CRADESC, dénonce les irrégularités dans l’autorisation donnée à l’usine, qui « n’a pas respecté les normes environnementales de base ». Il rappelle que l’usine est implantée à seulement quelques mètres des habitations et cours d’eau ce qui constitue un danger pour l’écosystème local, notamment pour l’agriculture et la biodiversité.
Les défenseurs de la cause des populations de Ndiakhaté continuent de lutter, avec l'espoir que l'engagement pris par le ministre lors de leur rencontre d’octobre dernier soit tenu. Le ministre avait promis de visiter le site et d'entendre les plaintes des habitants. Selon Mouhamadou Mansour Ciss, cette rencontre avec le ministre à Dakar a marqué un tournant, car il n’avait pas été facile d’obtenir une audience avec les autorités sous l’ancien régime. Le ministre s’est engagé à prendre des « mesures concrètes » après son inspection, bien que l'attente des populations soit désormais longue.
Le CRADESC, dans sa stratégie de plaidoyer, continue de sensibiliser l’opinion publique et les autorités pour accélérer la prise de décision. « Les journalistes jouent un rôle essentiel dans ce combat », a insisté Oumar Diallo. L'objectif est de maintenir la pression, de relayer l'information et de faire en sorte que cette situation ne se répète pas ailleurs au Sénégal. « Nous avons bon espoir que la souffrance des populations sera entendue et que des solutions seront mises en œuvre rapidement », conclut-il.
UNE MALADIE MYSTÉRIEUSE FAIT DES DIZAINES DE MORTS EN RDC
Le phénomène décrit par les autorités sanitaires comme "un événement de santé publique inconnu" est pour l'instant localisé dans la région de Panzi, à quelque 700 km au sud-est de Kinshasa. Les premiers cas ont été détectés fin octobre.
La République démocratique du Congo (RDC) est en "alerte maximale" après la détection d'une mystérieuse maladie qui a déjà fait des dizaines de morts en un peu plus d'un mois selon les dernières estimations, a déclaré jeudi le ministre de la Santé.
"Nous sommes en alerte maximale, nous considérons que c'est un niveau d'épidémie que nous devons surveiller", a souligné le ministre de la Santé Samuel-Roger Kamba lors d'une conférence de presse dans la capitale Kinshasa. Le phénomène décrit par les autorités sanitaires comme "un événement de santé publique inconnu" est pour l'instant localisé dans la région de Panzi, à quelque 700 km au sud-est de Kinshasa. Les premiers cas ont été détectés fin octobre.
"Dans les centres de santé, on a comptabilisé 27 décès. Et avec l'évaluation menée par le médecin chef de zone dans la communauté, on signale aussi 44 décès", a précisé le ministre, ajoutant toutefois que sur ces derniers, "nous ne pouvons pas dire que c'est d'emblée lié au phénomène car il y a d'autres causes possibles".
Dans la région reculée difficilement accessible par une route peu praticable et où les infrastructures sanitaires sont quasi inexistantes, la population vit dans une précarité généralisée, souffrant d'un manque d'accès à l'eau potable et aux médicaments. Le taux de malnutrition de 61%, notamment des enfants, est parmi les plus élevés du pays, a souligné M. Kamba, rappelant que la région a déjà connu il y a deux ans une grave épidémie de fièvre typhoïde.
Selon les premières données disponibles, la mystérieuse maladie touche particulièrement les plus jeunes, 40% des cas concernant des enfants de moins de cinq ans. Les symptômes sont proches de ceux d'une grippe: fièvre, toux et maux de tête. Est-ce une grippe saisonnière qui frappe plus durement une population fragile ? S'agit-il d'un nouveau virus ? Les spécialistes ont déjà écarté l'hypothèse du covid mais ont déjà conclu qu'il s'agit d'une maladie affectant le système respiratoire. Des épidémiologistes ont été envoyés sur place pour réaliser des prélèvements.
Parmi les 27 décès survenus en centres de soins, 17 personnes ont succombé après être tombées en détresse respiratoire, a précisé le ministre. Dix sont mortes par manque de transfusion en état d'anémie sévère. La RDC a déjà été frappée de plein fouet au cours des derniers mois par le virus du mpox avec plus de 1.000 décès. Le pays parmi les plus pauvres de la planète a récemment vu le nombre de cas de cette maladie – anciennement appelée la variole du singe – légèrement diminuer.
PLANIFICATION FAMILIALE, LE SÉNÉGAL MAUVAIS ÉLÈVE
Le Sénégal n’a pas atteint ses objectifs en matière de planification familiale pour l’année 2024, malgré une augmentation du taux de prévalence contraceptive, a indiqué la directrice de l’unité de coordination du Partenariat de Ouagadougou, Marie Ba.
Le Sénégal n’a pas atteint ses objectifs en matière de planification familiale pour l’année 2024, malgré une augmentation du taux de prévalence contraceptive, a indiqué la directrice de l’unité de coordination du Partenariat de Ouagadougou, Marie Ba.
‘’Le Sénégal n’a pas atteint ses objectifs fixés en 2024. Les tendances du taux de prévalence contraceptive ont augmenté d’environ 9% passant à 18% entre les Enquêtes de santé (EDS) de 2010-2011 et de 2023. Bien qu’aucune région n’ait connu de baisse du taux de prévalence, la plus forte croissance a été observée à Kaffrine et à Saint Louis’’, a déclaré Marie Ba.
La directrice de l’unité de coordination du Partenariat de Ouagadougou intervenait à l’ouverture de la 13 ère réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou qui se tient du 3 au 5 décembre à Dakar.
L’engagement des 9 Etats membres du Partenariat de Ouagadougou (Bénin, Burkina, Cote d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo), consiste à assurer l’accès aux services de planification familiale de qualité, une stratégie prioritaire pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD).
‘’Pour le cas du Sénégal, il y a eu une période de flottement entre l’ancien plan d’actions national budgétisé et le nouveau [prévu] pour la période de 2024 à 2028. C’est le manque de suivi de ces plans d’actions nationaux budgétisés qui sont très ciblés, qui se basent sur les données pour prendre des décisions sur quelles régions se focaliser », a expliqué Mme Ba.
Elle a souligné aussi que ‘’le Sénégal a connu une forte croissance de taux de prévalence contraceptive de plus de 8,7% de points, principalement grâce aux implants. La croissance des injectables +1% point a été récompensée par une baisse de l’utilisation de la pilule ».
‘’Le Sénégal fait partie du groupe des pays qui ont eu à faire des investissements soutenus dans les contraceptifs au moins deux fois depuis 2021 et la valeur des dépenses a augmenté ou est restée constante. Parmi ce groupe de pays, il y a le Bénin, la Cote d’Ivoire, le Niger et le Togo’’, a signalé la directrice de l’unité de coordination du partenariat de Ouagadougou.
La cheffe de la division planification familiale au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale, docteur Ndèye Awa Diagne, a expliqué le faible taux d’utilisatrices en planification familiale par plusieurs facteurs.
‘’La rétention des données sanitaires depuis le deuxième semestre 2022 à nos jours, la non implication des hommes dans la planification familiale, le déficit de communication sur la planification familiale à tous les niveaux et l’insuffisance dans l’offre de services adaptés aux adolescentes et jeunes’’ sont autant de facteurs qui justifient que le Sénégal n’a pas atteint ses objectifs, a listé Mme Diagne.
LES TECHNICIENS SUPÉRIEURS DE SANTÉ EN GRÈVE DE 48 HEURES
Ils demandent leur intégration dans leurs nouveaux corps d’accueil, le portage et la revalorisation des indemnités et le prolongement de l’âge de la retraite à 65 ans.
Après l’Association des Internes et Anciens internes des Hôpitaux du Sénégal (AIAHS) et les Médecins en Spécialisation (DES), les Techniciens supérieurs de santé ont décidé d’observer un mouvement d’humeur.
Affiliés au Syndicat Autonome des Techniciens Supérieurs de Santé (SATSUS), les techniciens demandent leur intégration dans leurs nouveaux corps d’accueil, le portage et la revalorisation des indemnités et le prolongement de l’âge de la retraite à 65 ans.
Face à l’omerta du ministre de Santé et de l’Action sociale, ils ont décidé de dérouler 48 heures de grève le mercredi 4 et jeudi 5 décembre 2024 sur toute l’étendue du territoire.
PLANIFICATION FAMILIALE, 433 000 NOUVELLES UTILISATRICES ENREGISTRÉES ENTRE 2023 ET 2024
La 13e Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou (RAPO) qui a débuté ce 3 décembre à Dakar, met en lumière les avancées et défis en matière de planification familiale en Afrique de l’Ouest.
La 13e Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou (RAPO) a débuté ce mardi 3 décembre 2024 à Dakar, réunissant plus d'une centaine de participants, en présentiel et en format hybride. Cet événement vise à évaluer les progrès accomplis en matière de planification familiale, partager des expériences et renforcer la coopération régionale pour atteindre les objectifs ambitieux fixés à l'horizon 2030.
Le Partenariat de Ouagadougou, lancé en 2011, regroupe neuf pays francophones d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo) engagés à accroître l’accès aux services de planification familiale. En Afrique de l’ouest, 225 femmes meurent tous les jours en donnant la vie, selon la RAPO. Ces taux de morbidité et de mortalité entraînent dans la sous-région près de 5 milliards de dollars de perte de productivité, renseigne la même source.
Face aux défis de mortalité maternelle et infantile élevée, de prévalence contraceptive faible et de financement insuffisant, l’initiative de la RAPO agit comme un catalyseur pour sauver des vies et promouvoir un développement durable.
Des progrès salués et des défis persistants
Marie Ba, directrice de l’Unité de Coordination du Partenariat, a présenté les chiffres sur l’évolution du Taux de Prévalence Contraceptive Moderne (TPCM). Celui-ci a progressé de manière constante entre 2011 et 2024, avec une augmentation moyenne de 0,6 point par an, atteignant 19,5 % en 2024. Cette évolution reflète les efforts déployés pour élargir l’accès aux méthodes contraceptives modernes, bien que des disparités subsistent entre les pays membres.
Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire comptent le plus grand nombre d’utilisatrices, tandis que le Burkina Faso et le Togo affichent les taux les plus élevés. Cependant, certains pays comme le Niger stagnent, tandis que des avancées plus marquées ont été enregistrées au Burkina Faso, avec une progression d’un point par an.
En termes d’objectifs, la Guinée, le Mali et le Burkina Faso ont dépassé leurs cibles pour 2024, atteignant des taux supérieurs à 120 %. À l’inverse, des retards ont été observés au Bénin, en Mauritanie et au Sénégal, où des lacunes dans le suivi des plans d’action budgétisés ont été identifiées comme obstacles majeurs. La Côte d’Ivoire et le Togo se rapprochent de leurs objectifs avec plus de 90 % de réalisation, explique Marie Ba.
Un défi à l’horizon 2030
Avec l’ambition d’atteindre 13 millions d’utilisatrices de méthodes contraceptives modernes d’ici 2030, les projections actuelles indiquent que 10,2 millions pourraient être atteintes, laissant un écart de près de 3 millions d’utilisatrices. Entre 2023 et 2024, environ 433 000 nouvelles utilisatrices ont été ajoutées, une progression qui, bien qu’encourageante, demeure insuffisante pour atteindre la cible fixée.
En parallèle, d’autres avancées notables ont été enregistrées. Les besoins non satisfaits en contraception ont lentement diminué, passant de 24 % en 2011 à 18 % en 2024, tandis que la demande satisfaite avec des méthodes modernes dépasse désormais les 50 %.
Pour Marie Ba, il est essentiel de maintenir le cap en renforçant les mécanismes de suivi et en mutualisant les ressources. "Nous souhaitons que le financement domestique, qui reflète la souveraineté des pays dans le financement de la planification familiale, puisse augmenter. Il s'agit de financer les contraceptifs et les produits contraceptifs, C'est un point clé que les participants ont souligné lors de la réunion : investir dans la communication pour le changement de comportement afin que les femmes soient informées de la disponibilité des services de planification familiale et de leurs avantages", a plaidé la directrice de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou.
Cette 13e RAPO qui se tient sur 3 jours à Dakar (du 3 au 5 décembre 2024) marque une étape décisive pour consolider les acquis et redéfinir les stratégies nécessaires. Pour Perri Sutton de la Fondation Bill & Melinda Gates et Dr Fadima Kaba, directrice de la santé familiale et de la nutrition en Guinée, la collaboration régionale, soutenue par un financement accru et une volonté politique renforcée, reste la clé pour relever les défis et réaliser la vision d’une Afrique de l’ouest où chaque femme peut accéder à des services de planification familiale de qualité.
MATAM, DES CAS DE DENGUE ET DE PALUDISME DÉCOUVERTS DANS LES ZONES INONDÉES
Intervenant mardi à l’occasion d’une cérémonie de réception d’un lot de matériel médical destiné aux sinistrés, Dr Faye a signalé que d’autres maladies à transmission vectorielle ont été aussi découvertes dans la région.
Des cas dengue, de paludisme et d’autres maladies vectorielles ont été détectées dans les zones de la région de Matam (nord) inondées à la suite du débordement du fleuve Sénégal, a indiqué le directeur régional de la santé de Matam, Dr Moustapha Faye,
« Les inondations ont entraîné des difficultés liées notamment à l’accès aux structures de santé. Elles ont aussi créé une prolifération vectorielle, entraînant une hausse des malades du paludisme par rapport à l’année dernière et de la dengue », a-t-il expliqué.
Intervenant mardi à l’occasion d’une cérémonie de réception d’un lot de matériel médical destiné aux sinistrés, Dr Faye a signalé que d’autres maladies à transmission vectorielle ont été aussi découvertes dans la région de Matam.
Il informe que des mesures ont été prises dans ce cadre pour pallier les difficultés avec l’organisation des stratégies déplacées de l’offre de service.
« Il a été aussi constaté, dans le cadre de la surveillance épidémiologique, l’augmentation de la fréquentation par les populations des structures en rapport avec les motifs de consultations, comme les diarrhées chez les enfants et des infections respiratoires aiguës » a informé Moustapha Faye.
En réponse à cette situation, le médecin précise que l’Agence régionale de la santé de Matam s’est bien préparée à la riposte, avec la tenue de plusieurs activités de sensibilisation de la communauté par rapport aux risques sanitaires.
« C’est à cet effet que les structures sanitaires ont été renforcées en termes de médicaments et de moustiquaires imprégnées pour lutter contre ces maladies transmises par les vecteurs. Beaucoup de prestations de service en stratégies avancées ont été faites au niveau de ces zones », a détaillé Dr Faye.
Il a souligné que ces actions ont atténué les effets attendus sur les problèmes de santé en rapport avec les inondations.
LANCEMENT DE LA CAMPAGNE NATIONALE DE VACCINATION CONTRE LA ROUGEOLE ET LA RUBÉOLE
Cette campagne va cibler tous les enfants de neuf mois à 14 ans durant la période du 2 au 11 décembre 2024, avec un objectif d’atteinte d’une couverture vaccinale d’au moins 80 % au niveau national.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, a lancé, lundi à Yeumbeul, dans le département de Keur Massar (banlieue de Dakar), la campagne nationale de vaccination de masse contre la rougeole et la rubéole, qui cible les enfants de neuf mois à 14 ans, durant la période du 2 au 11 décembre 2024.
‘’Cette campagne va cibler tous les enfants de neuf mois à 14 ans durant la période du 2 au 11 décembre 2024, avec un objectif d’atteinte d’une couverture vaccinale d’au moins 80 % au niveau national. L’atteinte de cet objectif est réalisable’’, a-t-il indiqué.
S’exprimant lors du lancement de cette campagne nationale de vaccination, Ibrahima Sy a souligné que celle-ci ‘’trouve sa justification dans l’évaluation récente faite sur les données sanitaires des quatre dernières années’’.
Il a signalé que ‘’cette évaluation a montré que les risques de rougeole sont devenus très importants dans notre pays avec une probable épidémie de grande envergure dans les deux prochaines années’’. ‘’La même évaluation révèle que la maladie s’est déplacée vers les âges extrêmes, c’est-à-dire les moins d’un an et ceux âgés de plus de dix ans’’.
Il a rendu un hommage appuyé aux acteurs de la santé et des organisations communautaires de base, ainsi qu’à l’administration territoriale locale et aux élus territoriaux pour leurs contributions visant à favoriser davantage de résultats dans le secteur de la santé.
M. Sy a réitéré son appel au gouvernement afin qu’il renforcer sa politique de prévention qui ‘’reste l’intervention la plus efficace pour éviter la maladie et préserver la santé’’.
Il a rappelé que ‘’l’ambition du Gouvernement du Sénégal est d’offrir aux enfants sénégalais, la chance de naître, de vivre et de se développer à l’abris des maladies évitables par la vaccination’’.
Des acteurs de la santé, des représentants des partenaires techniques et financiers, des élus territoriaux, de la société civile, des organisations communautaires de base, des membres de mouvements associatifs, des guides religieux et coutumiers et des délégués de quartiers ont pris part à cette activité.