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25 avril 2025
Société
MACKY SALL AU ROYAUME-UNI PUIS AUX ÉTATS-UNIS
Le chef de l'État quitte Dakar ce dimanche 18 septembre au lendemain de la formation du nouveau gouvernement, pour se rendre à Londres, puis à New York. Son retour à Dakar est prévu samedi 24 septembre, selon la présidence de la République
Macky Sall quitte Dakar, dimanche 18 septembre, pour se rendre à Londres, puis à New York, a-t-on appris le même jour de la présidence de la République.
A Londres, il prendra part, lundi 19 septembre, aux obsèques de la reine Elisabeth II.
Le chef de l’Etat va ensuite participer, du mardi 20 au vendredi 23 septembre, à New York, à la 77e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, selon un communiqué de la présidence de la République.
Macky Sall va participer à d’autres rencontres prévues en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, dont un sommet sur l’éducation.
Son retour à Dakar est prévu samedi 24 septembre, selon le communiqué.
PAR Jean-Baptiste Placca
PETIT RECUL DE LA PRÉSIDENCE À VIE
Un nouveau président au Kenya, à la suite d'un autre qui s'en va au terme de ses deux mandats, et d'un processus qui n'est certes pas irréprochable, mais conforte les espoirs que beaucoup placent dans une des Un nouveau les moins discréditée du continent
RFI : Devant une foule immense, William Ruto a prêté serment, mardi 13 septembre, dans un stade de Nairobi, en présence d’une vingtaine de chefs d’Etat africains. « Le petit villageois d’origine modeste », comme il aime à se définir, est donc président. Àpropos de cette victoire, validée, à l’unanimité, par les juges de la Cour suprême, peut-on parler de revanche sur l’establishment ?
Il s’agit, surtout, d’une victoire des institutions électorales et judiciaires du Kenya, dont la fiabilité a été éprouvée et confortée, tout au long de ce processus. Au fur et à mesure du dépouillement, les résultats ont été affichés sur les écrans de télévision, qui donnaient Ruto avec une avance qui s’est resserrée au fil des jours, sans que jamais le perdant ne le devance. La victoire de William Ruto a d’ailleurs été jugée vraisemblable par la société civile, qui a fait un travail que d’aucuns ont jugé sérieux et rigoureux.
Les Kényans ont même pu suivre, en direct à la télévision, les plaidoiries et autres argumentations des conseils des candidats qui contestaient les résultats devant la Cour suprême. Sans être parfaite, cette transparence démocratique est de celles dont on rêverait pour toute l’Afrique. À commencer par le respect de la Constitution par Uhuru Kenyatta, qui s’est éclipsé, au terme de son second mandat.
Faut-il donc le féliciter pour avoir suivi ce que prescrivait la Constitution ?
Non, évidemment ! Mais si l’on continue de se féliciter d’une telle attitude, c’est parce que d’autres s’évertuent à modifier la Constitution, pour toujours plus de mandats, jusqu’à ce que coup d’Etat s’en suive. L’on est peiné devant la frénésie de certains à vouloir mourir au pouvoir. Et la plupart, souvent, n’ont rien apporté à leur peuple durant leurs deux mandats. Ils tentent de faire croire que leur seul objectif est de moderniser les institutions, alors que leur dessein est souvent, de confisquer le pouvoir ad vitam aeternam.
Certains dirigeants africains ont même osé, par le passé, citer l’exemple d’Angela Merkel, pour dire qu’il est de grands pays démocratiques sans limitation de mandats. Mais Madame Merkel a travaillé pour le peuple allemand comme peu de dirigeants occidentaux l’ont fait pour leur peuple. Et l’on aimerait tant voir une Merkel au service de quelques-uns des peuples africains confrontés aux présidences à vie ! En plus, si la chancelière avait trouvé en Allemagne une Constitution limitant les mandats, jamais elle ne l’aurait modifiée, pour s’incruster. C’est une question de loyauté.
QUAND AÏCHA KONÉ SE FAIT LA GRIOTTE D'ASSIMI GOÏTA
Alors que les tensions entre Abidjan et Bamako s’aggravent, la chanteuse ivoirienne dédie une chanson au chef de la junte malienne. Les réseaux sociaux sont divisés
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 18/09/2022
Zèle et mauvais timing ? Si l’on sait que la musique d’inspiration mandingue est volontiers saupoudrée d’un zeste de griotisme, les artistes doivent-il franchir le pas qui sépare le simple name-dropping du culte de la personnalité, voire du « mabanga » à la congolaise ?
Alors que le directeur de cabinet d’Alassane Ouattara accusait, mercredi, la junte malienne d’avoir pris en « otages » 46 soldats ivoiriens détenus depuis le 10 juillet, Aïcha Koné faisait déjà la promotion d’une chanson dédiée au chef de ladite junte. En malinké, sur une introduction militaire puis un rythme dansant, la diva ivoirienne déroule ses éloges envers Assimi Goïta qu’elle qualifie de « vrai homme » et d’« enfant prodige ». Pendant ce temps, ses compatriotes Yodé & Siro, stars de la musique zouglou, réservent leurs notes aux militaires détenus et non à leur « geôlier ». Et la chanteuse de se justifier en exhumant son arbre généalogique : « le père de ma mère vient de Sikasso au Mali. »
« Super Goïta »
Défaut de patriotisme ou mauvais hasard de calendrier ? Sur le continent où les productions musicales semblent naître instantanément, Aïcha Koné aurait eu tout le loisir de reporter le lancement de son titre « Digne fils d’Afrique ». Tandis que les Maliens boivent du petit lait, les Ivoiriens se déchirent dans les forums de discussion de la presse en ligne. Un internaute s’étonne qu’on glorifie un « Super Goïta caché sur le mont Koulouba » et dénonce une « provocation » de la part d’une chanteuse qui « est en sécurité, contrairement à de nombreux Maliens ». À ceux qui accusent le chef de la junte malienne d’avoir piétiné la démocratie, un twitto établit la liste de putschistes qu’il admire, comme Thomas Sankara et John Jerry Rawlings. Et de conclure : « Entre Alassane Dramane Ouattara et Assimi Goïta, y a pas photo ! »
LE PREMIER SAMOURAÏ NOIR DU JAPON BIENTÔT À L'ÉCRAN AVEC OMAR SY
L’acteur français d’origine sénégalo-mauritanienne sera à l’affiche du prochain biopic consacré par Netflix à Yasuke, premier guerrier étranger de l’histoire nipponne. Une nouvelle consécration pour cet acteur qui ne cesse de crever l’écran
À en croire le magazine cinématographique américain The Hollywood Reporter, Netflix a choisi Omar Sy pour incarner Yasuke, le personnage principal de sa prochaine biographie dédiée au premier samouraï noir et étranger du Japon.
La même source indique que l’acteur français de père sénégalais et de mère mauritanienne sera à la coproduction de cette série de cinq épisodes en compagnie de Nick Jones Jr, un des scénaristes de la version animée disponible sur la plateforme de streaming américain depuis avril 2021.
Une légende célébrée
Mais contrairement à la série d’animation de genre fantastique, Netflix entend reproduire aussi fidèlement que possible, avec Omar Sy, la vie du personnage à la fois mystérieux, légendaire et fascinant que fut Yasuke.
Il s’agit, en effet, d’un homme passé de la condition d’esclave à celle d’honorable guerrier au pays du Soleil-Levant, loin de sa terre natale de Makua, dans la région Est de l’Afrique. Plus précisément au Mozambique, affirme le journaliste franco-ivoirien Serge Bilé qui lui a notamment consacré « Yasuke, le samouraï noir » aux éditions Owen Publishing en 2018.
La trajectoire singulière de Yasuke est celle d’un personnage qui aura su se faire un nom grâce à la bravoure, dans le contexte peu favorable du Japon féodal. Des siècles plus tard, son histoire suscite, de ce point de vue, bien des fantasmes.
Notoriété croissante
Le film représente une nouvelle occasion pour Omar Sy de démontrer ses talents d’acteur, lui qui a débuté à la télévision française en qualité d’humoriste au début des années 2000. Sa notoriété a, par la suite, traversé les frontières françaises pour s’installer sur les rives américaines. Aujourd’hui, de nombreuses firmes de production cinématographique semblent se l’arracher.
Depuis octobre 2021, Omar Sy est en collaboration avec Netflix pour « la production de contenus exclusifs », fort de sa performance dans Lupin, une adaptation du célèbre roman éponyme de Maurice Leblanc. La série, qui prépare sa troisième saison, compte parmi les plus regardées de l’histoire du géant du streaming.
L’acteur Sy s’est également allié à HBO Max, concurrent de Netflix, en mai dernier. « Il faut du cran pour raconter l’histoire du samouraï noir. Je suis extrêmement chanceux d’être de ce voyage avec Omar Sy », a notamment réagi le scénariste Nick Jones Jr, le 8 septembre 2022 à propos de Yasuke.
PAR Farid Bathily
L'ÉCRIVAINE CHIMAMANDA ADICHIE APPELLE LES NIGÉRIANS À L'ÉVEIL SOCIAL
La célèbre écrivaine nigériane a fait une sortie remarquée contre l’état de la société de son pays décrit comme sans espoir, en perte de repères et tyrannique
C’est un véritable plaidoyer pour l’éveil des consciences, une ode à la mobilisation générale que Chimamanda Ngozi Adichie a lancé le 29 août 2022 dans l’enceinte d’Eko hôtel à Lagos. Invitée de la cérémonie inaugurale de la réunion annuelle de l’association du barreau du Nigeria, la romancière connue pour ses prises de position sans concession, s’est insurgée contre le contexte social préoccupant dans ce pays, le plus peuplé du continent africain.
"Nous devons sauver l’âme de notre nation", a-t-elle lancé sous les acclamations, dans un discours-diagnostic de tous les pans de la société nigériane. La romancière a notamment décrit un pays en plein désarroi et en proie à la tyrannie dans chacune de ses composantes.
Faillite de l’État de droit
"L’État n’a pas le monopole de la tyrannie. Les forces de sécurité qui traînent des journalistes en prison, comme c’est toujours le cas dans ce pays, reflète la tyrannie. Le journaliste qui maltraite son employé de maison est un exemple de tyrannie. L’utilisation de la loi par les riches pour assujettir les pauvres est également tyrannique", estime-t-elle, appelant à une vision plus large du concept de tyrannie.
À en croire l’auteure de plusieurs ouvrages à succès, dont "Americanah" et "nous sommes tous des féministes", entre autres, une telle situation témoigne de la faillite de l’État de droit. Elle invite à rompre cette spirale en agissant pour l’intérêt général. "Ce n’est pas parce que les choses paraissent difficiles qu’elles sont impossibles", indique la militante féministe qui exclut de renoncer à l’action pour le changement.
Manque de figure de proue
Chimamanda Ngozi Adichie estime notamment avoir souvent été assimilée par certains à "une provocatrice", un "fauteur de troubles" à cause de son engagement contre l’injustice, à l’image de tant d’autres personnes. L’essayiste cite à cet effet la défunte spécialiste en pharmacologie Dora Nkem Akunyili réputée pour sa lutte implacable contre les faux médicaments.
"Elle était aussi considérée comme une empêcheuse de tourner en rond. Mais l’important n’est pas d’être traité de fauteur de troubles. Ce qui importe, c’est la raison pour laquelle nous sommes perçus comme tels", a insisté Chimamanda pour qui le Nigeria est en manque cruel de héros susceptibles d’inspirer la jeunesse.
Le discours prononcé en présence de plusieurs personnalités politiques dont le candidat de l’opposition à la prochaine présidentielle Atiku Abubakar, a été repris avec abondamment dans la presse nationale et sur les réseaux sociaux.
Le pays est en effet étreint par de sérieux problèmes de sécurité et une situation économique chancelante, à six mois d’un scrutin présidentiel pour lequel l’actuel chef de l’État Muhammadu Buhari ne peut pas se représenter.
LES NOUVEAUX MINISTRES ET LES REVENANTS
Dans le nouvel attelage gouvernemental, plusieurs nouveaux ministres ont été enregistrés. Certains ex-ministres ont aussi fait leur come-back
Dans le tout nouveau gouvernement de 38 membres, plusieurs personnes font leur première entrée dans un attelage gouvernemental. Pape Malick Ndour en fait partie. Il sera au Ministère de la Jeunesse et de l’Emploi.
Il y a aussi Fatou Diané qui était coordonnatrice de Promise, qui devient ministre de la Femme de la Famille et de la protection des enfants.
Gallo Bâ, qui était à la Sogip, devient ministre pour la première fois, de même que Dr Annette Seck qui était à la Pna et Doudou Kâ (Devenu ministre des Transports aériens).
Oulimata Sarr d’Onu Femme, nouveau ministre de l’Économie et Amadou Moustapha Bâ, nouvel argentier de l’Etat font aussi leur première entrée dans le gouvernement de même que Pape Sagna Mbaye de l’Afp.
Plusieurs come-backs ont aussi été enregistrés. Aly Ngouille Nidaye, par exemple, revient dans le gouvernement au poste de ministre de l’Agriculture. Idem pour Abdou Karim Fofana qui remplace Aminata Assome Diatta au ministère du Commerce.
Birame Faye est nommé ministre auprès du ministre de l’intérieur chargé de la sécurité de proximité et de la protection civile, tandis que Aliou Sow a hérité du ministère de la Culture. Moussa Bokar Thiam est, lui, nommé ministre de la Communication.
CES QUINZE MINISTRES NON RECONDUITS PAR MACKY SALL
Ils sont au nombre de 15 à ne pas faire partie du nouvel attelage gouvernemental dirigé par le Premier ministre Amadou Ba
Ils ne seront pas de l’actuel gouvernement. Ils s’appellent Matar Bâ, qui était au ministère des Sports. Alioune Sarr qui était au ministère des Transports aériens. Abdoulaye Daouda Diallo qui occupait le portefeuille des Finances sera désormais au palais présidentiel où il est ministre d'Etat Directeur de Cabinet du président de la République.
Amadou Hot aussi, qui était ministre de l’Économie et du Plan est sorti du gouvernement. Malick Sall qui était Ministre de la Justice, a perdu son fauteuil, de même que Néné Fatoumata Tall, Zahra Iyane Thiam, Moïse Sarr, Mayacine Camara, Mme Ndèye Saly Diop Dieng, Oumar Guèye, Abdou Karim Sall, Aminata Assome Diatta, Abdoulaye Diop et Dame Diop.
VIDEO
AMADOU BA DÉVOILE SON ÉQUIPE
Le nouveau gouvernement comprend 38 ministres dont 8 femmes. Ismaïla Madior Fall fait son retour à la Justice, Abdou Karim Fofana est au Commerce, Matar Bâ remplace Yankhoba Diattara au Sport. Yoro Dia est nommé porte-parole
La liste des 38 ministres du gouvernement d’Amadou Ba, qui a été nommé Premier ministre, ce samedi 17 septembre.
- Monsieur Sidiki Kaba, ministre des Forces armées
- Monsieur Ismaïla Madior Fall, garde des Sceaux, ministre de la Justice
- Madame Aïssata Tall, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur
- Monsieur Félix Antoine Diome, ministre de l’Intérieur
- Monsieur Amadou Moustapha Bâ, ministre des Finances et du Budget
- Monsieur Amadou Mansour Faye, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement
- Monsieur Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire
- Madame Oulimata Sarr, ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération
- Monsieur Cheikh Oumar Anne, ministre de l’Education nationale
- Monsieur Moussa Baldé, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
- Madame Mariama Sarr, ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion
- Monsieur Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’Assainissement
- Madame Fatou Diané, ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants
- Madame Marie Khémesse Ngom Ndiaye, ministre de la Santé et de l’Action sociale
- Monsieur Oumar Sarr, ministre des Mines et de la Géologie
- Madame Sophie Gladyma, ministre du Pétrole et des Energies
- Monsieur Doudou Kâ, ministre des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires
- Monsieur Alioune Ndoye, ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique
- Monsieur Papa Sagna Mbaye, ministre des Pêches et de l’Économie maritime
- Monsieur Samba Sy, ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions
- Monsieur Abdoulaye Saydou Sow, ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique
- Monsieur Abdou Karim Fofana, ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes entreprises, porte-parole du gouvernement
- Monsieur Moustapha Diop, ministre du Développement industriel et des Petites et moyennes industries
- Monsieur Samba Ndiobène Kâ, ministre du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Equipé sociale et territoriale
- Madame Victorine Ndèye, ministre de la Microfinance, de l’Economie sociale et solidaire
- Monsieur Mamadou Talla, ministre des Collectivités territoriales, de l’Aménagement et du Développement des territoires
- Monsieur Pape Malick Ndour, ministre de la Jeunesse, de l’Entrepreneuriat et de l’Emploi
- Monsieur Yankhoba Diattara, ministre des Sports
- Monsieur Mame Mbaye Ka Niang, ministre du Tourisme et des Loisirs
- Monsieur Alioune Sow, ministre de la Culture et du Patrimoine historique
- Monsieur Moussa Bocar Thiam, ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique
- Monsieur Gallo Bâ, ministre de la Fonction publique et de la Transformation du secteur public
- Monsieur Pape Amadou Ndiaye, ministre de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel
- Monsieur Aly Saleh Diop, ministre de l’Elevage et des Productions animales
- Madame Annette Seck, ministre auprès du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, chargée des Sénégalais de l’extérieur
- Monsieur Mamadou Saliou Sow, ministre auprès du garde des Sceaux, ministre de la Justice, chargé de la Bonne gouvernance de la Promotion des droits humains
- Monsieur Birame Faye, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, chargé de la Sécurité de proximité et de la Protection civile
- Monsieur Yankhoba Issa Diop, ministre auprès du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, chargé de la Prévention et de la Gestion des inondations.
AMADOU BA, UN TECHNOCRATE ET POLITIQUE DE PREMIER PLAN
Le nouveau chef du gouvernement a piloté le centre des grandes entreprises de la direction des impôts,, puis la direction générale des impôts et des domaines. Il est présenté comme l’artisan du Code général des impôts
Amadou Ba, le nouveau Premier ministre du Sénégal, est un haut fonctionnaire de l’administration fiscale doublé d’un militant politique de premier plan au sein du parti de Macky Sall.
Trois ans après la suppression du poste de Premier ministre, Macky Sall a choisi ce cadre de la haute administration des impôts et domaines pour matérialiser sa restauration.
Les relations entre le chef de l’Etat et l’homme sur lequel il a porté son choix pour les commandes du gouvernement seraient plus vieilles que l’arrivée de M. Sall à la présidence de la République.
Amadou Ba, devenu directeur général des impôts et des domaines en 2006, a publiquement attribué sa nomination à ce poste à l’actuel chef de l’Etat, Premier ministre de cette époque-là.
Titulaire d’une maîtrise de sciences économiques (1980) et d’un brevet de l’ex-Ecole nationale d’administration et de magistrature (1988), il intègre les impôts et domaines et en gravit les échelons jusqu’au dernier.
Après sa formation professionnelle initiale au Sénégal, le jeune fonctionnaire jette son dévolu sur l’Institut international d’administration publique de Paris pour se perfectionner. Il se rend jusqu’à la lointaine ville américaine de Baltimore pour étancher sa soif de savoir-faire. L’Ecole nationale des impôts de Clermont-Ferrand, en France, l’a également accueilli pour un stage de formation.
Chef d’inspection à Dakar-Plateau I (1990-1992), il exerce ensuite les fonctions de commissaire contrôleur des assurances à la direction des assurances jusqu’au milieu des années 90 et accède au poste d’inspecteur vérificateur des enquêtes fiscales.
L’actuel chef du gouvernement, âgé de 61 ans, a piloté le centre des grandes entreprises de la direction des impôts, la direction des impôts (2004) ensuite, puis la direction générale des impôts et des domaines (2006). Il est présenté par certains fonctionnaires de l’administration fiscale comme l’artisan du Code général des impôts en vigueur depuis janvier 2013, près d’un an après l’accession de Macky Sall à la présidence de la République.
Nommé ministre de l’Economie et des Finances, le 2 septembre 2013, dans le gouvernement d’Aminata Touré, Amadou Ba entame alors une importante carrière ministérielle en ne prenant en main que des ministères dits de souveraineté : l’Economie, les Finances, le Plan, puis les Affaires étrangères.
Mais en novembre 2020, il est écarté du gouvernement en même temps que d’autres poids lourds, dont Amadou Makhtar Cissé (Energie) et Aly Ngouille Ndiaye (Intérieur) : il se murmure que les ex-ministres sont victimes de leurs ambitions présidentielles.
Mais les liens étant quelquefois très forts en politique, le haut fonctionnaire doublé d’un militant de l’Alliance pour la République (APR) et ancien militant du Parti socialiste garde un pied dans l’entourage présidentiel et se fait la coqueluche des médias, même s’il ne siège plus au Conseil des ministres pendant presque deux ans.
L’homme de belle allure, à la tenue vestimentaire irréprochable, né le 17 mai 1961 à Dakar, prend part aux batailles politiques de l’APR, le parti du chef de l’Etat. Aux élections municipales du 23 janvier et au scrutin législatif du 31 juillet 2022, lors duquel il s’est fait élire député.
Marié et père de trois enfants, le quatrième Premier ministre de Macky Sall est décrit dans son entourage comme un féru de sport, de lecture et de jeux de l’esprit.
Le chef de l’Etat l’a choisi en raison de sa ‘’compétence’’, de son ‘’dévouement’’, de son ‘’pragmatisme’’ et de son ‘’efficacité’’ dans le traitement des urgences, a déclaré le secrétaire général de la présidence de la République, Oumar Samba Bâ.
par René Massiga Diouf
RÉFLEXION SUR LES MÉCANISMES DE GESTION DES CONFLITS
Pour faire face à la nouvelle conjoncture internationale, faite de tensions, de crises à toutes les échelles, et de conflits les plus rares et complexes, il faut réinventer les moyens de prévention et gestion des crises
La création de mécanismes de prévention et de gestion des conflits, répond à un besoin pressant de trouver des leviers adaptés aux questions de sécurité et de paix dans le monde. Le défi de la paix a été le facteur le plus important des relations internationales après la 2nde guerre mondiale. La création de l’ONU (Organisation des Nations Unies) en 1945, au lendemain de ce conflit mondial, cherchait à adapter le niveau de riposte, à la hauteur de l’enjeu[1].
Sa charte, matrice d’action et d’organisation de cette riposte contre les conflits, et les guerres, mettait, à sa création, en relief deux défis majeurs, face aux dangers de rupture de paix : « Préserver les générations futures du fléau de la guerre » et « prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix »[2]. Il s’agissait d’un ton grave, utilisé pour engager toutes les nations à s’aligner derrière les idéaux de paix, et à traduire en actes de foi, l’engagement sans concession à œuvrer à la sécurité de tous.
Cette nouvelle identité, déclinée à travers les composantes de l’institution naissante, trouvera un écho favorable auprès de plusieurs institutions internationales, continentales ou régionales dont la création est une manière de chercher à prolonger l’action en faveur de la sécurité et de la paix internationales. Elle entraînera la mise en œuvre de plusieurs mécanismes. Ceux-ci n’étant rien d’autre qu’un cadre programmatique, défini pour assoir un contexte de riposte contre une situation de rupture de la paix ou qui peut constituer une menace.
En effet, le mot mécanisme peut avoir plusieurs significations. Selon Le Petit Larousse[3], il peut signifier « combinaison, agencement de pièces, d’organes, montés en vue d’un fonctionnement », ou « fonctionnement de ce qu’on assimile à une machine ». On parle alors, d’après toujours le Larousse, de « mécanismes biologiques ».
La Philosophie matérialiste le définit comme « une conception (…) qui aborde l’ensemble des phénomènes suivant le modèle des liens de cause à effet »[4]. André Comte-Sponville dans son ouvrage, intitulé Traité du désespoir et de la Béatitude[5], après avoir cité Engels à propos de Feuerbach, en donne une définition simple, à savoir que «la philosophie matérialiste n’est rien d’autre que la théorie normative de cette élévation ».
En relations internationales, la notion, pas toujours clarifiée dans ses différentes acceptions, peut raisonnablement se définir, en langage classique, comme une instance dotée de missions et de décisions, et orientée vers une fin précise. Aujourd’hui, on parlerait de cadre ou de plateforme.
Dans le système international par conséquent, le mécanisme est une déclinaison de l’idée de paix et de sécurité collective dans un sous-thème, par rapport à un problème principal qui pourrait entraîner des troubles, des conflits, ou des situations déstabilisatrices.
C’est à ce titre que certaines entités onusiennes, peuvent être considérées comme des mécanismes : la cour Internationale de Justice, principal organe judiciaire des Nations-Unies, les tribunaux spéciaux[6] ou les tribunaux hybrides, entre autres, et des mécanismes africains comme le Conseil paix et Sécurité de l’Union Africaine, le Mécanisme d’Evaluation par les Pairs (MEP) de la même institution, ou encore la Force Africaine d’Intervention Rapide (FAR), pour ne citer que ceux-là.
D’autres mécanismes sont créés par les Organisations Non gouvernementales, les associations, les sociétés civiles ou des groupes professionnels.
A mon avis, il faut distinguer ce que j’appellerai les mécanismes de formation et de renforcement des capacités, des mécanismes d’action et des mécanismes mixtes.
Les premiers interviennent dans la formulation et la mise en place d’une masse critique capable de porter un projet de paix, de le traduire en acte et en assurer une mise en œuvre, les mécanismes d’actions sont des organes d’exécution d’une feuille de route arrêtée, ou de sensibilisation afin d’éradiquer un problème auquel s’attaque le mécanisme, et les derniers sont des organes de formation et d’action à la fois.
Dans les trois cas, l’existence de mécanismes est un signal fort dans la réponse à apporter aux nombreuses situations de conflits auxquelles le monde, et particulièrement l’Afrique est confrontée. Ils contribuent à assoir une culture de la paix, à rassurer sur le souci de ces institutions à la préservation de cette dernière, à tendre vers une garantie d’une sécurité globale dans les différents espaces, à créer les conditions pour la pacification des écosystèmes sociaux.
Ainsi, la diversité des mécanismes est un indicateur, non seulement de la taille des défis, de la mesure et l’ampleur de l’objectif, mais aussi un désir ardent de ne pas laisser les espaces vitaux à la merci de l’insécurité.
Néanmoins, assurent-t-ils une efficacité certaine face aux défis d’ampleur sur les menaces et les situations de crises ? Y-a-t-il un intérêt qui pourrait être tiré de cette abondance de leviers de lutte pour la paix (A), qui par ailleurs, contribuent à la difficulté à lire les succès de ces derniers (B) ?
L’intérêt de l’abondance des mécanismes
La floraison d’outils de prévention, et de gestion des conflits, avec pour ultime fin contribuer aux efforts de paix, prenant parfois des noms de fora[7], d’organisations d’ordre associatif[8], d’organes exécutif, d’institutions nationales, bilatérales, multilatérales[9], d’instituts de recherche[10], ou de personnalités de haut niveau[11] met en avant une abondance de mécanismes à l’intérêt certain pour assoir la paix.
La création et la mise en place de ces mécanismes répond à des objectifs clairs, spécifiques parfois, souvent partagés avec d’autres Organisations, et couramment sans actions concluantes[12], comme dans des missions onusiennes de plus de 20 ans[13]. L’objectif de paix qu’elles partagent est englué dans un schéma organisationnel, adossé à des actions, aux réalisations assorties d’investissements dans les ressources.
Faire cesser les belligérances, se projeter dans le futur et contribuer à bâtir des communautés de paix est, à des niveaux d’intervention différents, la fin poursuivie par chacun d’eux.
Autant leur mise sur pied peut créer des redondances, autant leurs spécificités prennent en compte un facteur de paix.
Dans leur grande majorité, l’action préventive, chère à l’ONU[14], est l’épine dorsale des missions qui leur sont dévolu.
L’intérêt de cette multiplicité de mécanismes réside surtout dans la complémentarité souvent notée des visées, par rapport à l’objectif d’atteindre la paix. Le renforcement des capacités sur la prévention et la gestion des crises est une donnée non-négligeable. Il s’agit d’un travail de sensibilisation mené à travers différentes activités comme les séminaires, les conférences, les colloques, les ateliers, entre autres.
Même si l’impact de l’action n’est pas souvent vérifiable sur le travail de terrain, ces actions de sensibilisation donnent des outils certains aux acteurs pour intervenir. Qui plus est, elles les initient à la compréhension des concepts, et les préparent par rapport à ce qui doit être leurs responsabilités.
L’ONU, de même que la CEDEAO[15], dépositoire par excellence de cette mission de paix en a fait la caisse de résonnance de ses actions de paix, en dehors des opérations de maintien de la paix, pour lesquelles des soldats de la paix sont déployés[16].
Par ailleurs, l’arrivée des médiateurs de la CEDEAO, de la SADC, ou encore les envoyés spéciaux ou pas du secrétaire général de l’ONU permet d’entendre plusieurs sons de cloches, dans les processus de pacification à main nue, et de gestion des conflits. Ce mécanisme fait partie des plus utilisés, et des plus courants de nos jours. Il permet d’avoir une personnalité neutre[17], sorte de relais entre deux camps qui se regardent en chiens de faïences, qui puisse jouer le rôle d’interface.
Il est à noter que ce procédé est souvent utilisé, lorsque la crise s’est installée et qu’elle empêche une paix durable[18], soit parce que les armes crépitent, soit parce qu’il y a un refus catégorique des acteurs à aller autour de la table du dialogue.
Il a le mérite à chaque fois, de faire dialoguer les parties au conflit, même par personnes interposées[19].
Dans de nombreux cas, la rigidité des positions rend compliquée l’issue de la médiation au cours de laquelle, certains facilitateurs finissent par jeter l’éponge[20]. Si la nature du problème, des revendications, et des positions est connue, il n’en est pas pour autant des vraies intentions des acteurs. Autrement, est-ce que les parties au conflit ont réellement une intention affirmée à aller à la paix ?
Les difficultés à répondre à cette question, montre l’équation de la fragilité de ce mécanisme, car plusieurs parties à des conflits peuvent participer sans intention manifeste d’aller vers la paix. Cette situation est due à trois facteurs au moins : le gain obtenu en termes de pouvoir, l’importance de son poids dans cette position par rapport à celle proposée, l’aura engrangée à rester dans le statut quo et le fait de rester au cœur du jeu politique.
Cependant son terrain de chasse demeure la mise à nu des causes d’un conflit, le rôle joué par chaque acteur dans l’alimentation de la crise, les moyens nécessaires pour arriver à la paix ainsi que les sacrifices à consentir.
L’agenda de la paix de 1992, au plus fort des tragédies liées à un défaut de paix, publié par l’ancien secrétaire général de l’ONU, Boutros-Boutros Ghali[21] parlait, au sujet de ce document stratégique, de lutte et de prévention des crises, de « diplomatie préventive », contre cette situation. Et de nombreuses entités onusiennes ont apporté leur pierre à l’édifice dans l’effort de mise en place d’une paix durable.
De nombreux organismes onusiens se sont mis à créer des mécanismes pour prendre à bras le corps cette question de la paix, à des niveaux différenciés.
A l’échelle africaine, la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) en 1963, répondait, entre autres, au-delà de l’option fondamentale et nécessaire d’union du continent pour mieux faire face aux questions stratégiques, à ce besoin de traduire les préoccupations de paix de l’ONU au continent.
Parler de la paix, dans un continent en trouble, qui capitalise les 2/3 des conflits mondiaux à l’époque, était une vraie stratégie de conquête et de représailles face aux évènements troubles qui y avaient cours. C’est la raison pour laquelle, beaucoup de stratégies étaient tournées vers cette donne, jusqu’aujourd’hui avec la naissance de l’Union Africaine (UA) en 2003 dont le processus a été lancé déjà en 1999.
Pour répandre cette perspective, cette dernière a multiplié les mécanismes de prévention, mais aussi de gestion. Parmi ces mécanismes, on peut citer l’Architecture Africaine de la paix et de la sécurité (APSA) qui intervient sur le renforcement des capacités et dont les communautés économiques régionales comme la CEDEAO et la CEMAC[22] ou encore la SADC[23] ont contribué à la mise en place, qui s’adosse à la Commission Paix et Sécurité.
Il y a aussi la Force Africaine en Attente (FAA), qui est le socle de l’APSA, le mécanisme d’Alerte Rapide (MAR), les opérations africaines de maintien de la paix dont l’AMISOM (Mission de l’Union Africaine en Somalie), la Mission Internationale de Soutien à la République Centrafricaine, entre autres. Ces mécanismes sont complémentaires à la commission Paix et sécurité de l’Union africaine.
A l’échelle communautaire régionale, c’est vers les années 90 que la réactivation des processus de mise en place des mécanismes a été le plus accentuée, en raison de la guerre civile au Libéria qui en fût «la cause essentielle »[24]. Le CEDEAO a, à cette occasion, pris une vingtaine de décisions, pour sa résolution, avant de s’attaquer à d’autres fronts, comme la crise de Sierra Léone en 1992-93, et le soulèvement d’une partie de l’armée en Guinée Bissau[25] en 1998. Ainsi, la sous-région devenait de plus en plus « coutumière »[26] de la mise en œuvre de mécanismes pour « sauvegarder la sécurité »[27] avec de nombreux instruments dont la force de déploiement Rapide de l’institution régionale et la charte sur la bonne gouvernance et les élections qui abordent la question de la paix dans une perspective électorale.
Comme a pu le constater le professeur Alioune Sall[28], « l’affermissement d’une doctrine de maintien de la paix n’a toutefois pas été simple. C’est au prix d’hésitations, de doutes, et quelque fois d’errements, que l’organisation internationale, dont l’objet était d’abord économique, a pu intégrer, dans ses préoccupations, des questions sécuritaires »[29].
En définitive, la multiplicité des mécanismes rend service à l’effort de paix. Loin d’être un handicap, elle offre des grilles de lecture différenciées aux défis de la paix, et répond à la nécessité d’action. Elle pousse loin, dans un horizon, l’incapacité à prendre la mesure des problèmes et à leur assurer une solution pérenne.
L’immensité des tragédies liées[30] à l’absence de paix sonne comme une démission collective[31], lorsque face à l’innommable, aucune voix ne s’est fait entendre, et en ce sens, l’intérêt est qu’une étincelle puisse jaillir, pour crier gare. Un cri de cœur est aussi, un cri qui touche le cœur, et s’offusquer des raisons qui l’ont fait naître est une manière de penser et de dissuader quant à la répétition. Ce qui est une manière de lutter contre l’indifférence.
Les échecs à promouvoir la paix
Malgré le nombre illimité de mécanismes, dont l’ardente mission est de promouvoir la paix, les situations de conflits[32] persistent dans des zones où la logique de tensions est la règle[33]. Les conflits inter-états[34] dictent toujours une trajectoire au vécu quotidien dans certaines parties du monde.
Ils sont liés à la nature des régimes[35], au terrorisme[36], à l’irrédentisme causé par des mouvements sécessionnistes, aux soulèvements populaires parfois violemment réprimés comme les Printemps arabes[37] qui ont contribué à des changements de régime là où on s’y attendait le moins, même si en Syrie, malgré le décompte macabre faisant état de plus de 500 000 morts depuis le début de la crise en 2014, le régime survit à toutes les épreuves, aidé par son allié russe.
En Afrique, les conflits majeurs qui ont accompagné les épisodes de la décolonisation[38] ont été tragiques et peuvent être imputés à ce que Bertrand Badié appelle l’Etat importé[39]. Face à l’impréparation des nations-africaines à cette évolution importante dans leurs cheminements vers la construction des Etats, des obstacles ont mis en casse, l’idéal républicain en gestation. Les crises s’enchaînaient, avec pour principal socle des différends liés aux frontières. « C’est à peine s’il existe un seul Etat qui n’ait pas de problèmes de frontière avec les États limitrophes »[40], avait dit, l’ancien président du Ghana Asagyesfo Kwame Nkrumah, en 1963 lors d’une intervention à l’occasion d’un sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine.
Ce sont des années d’exception que le précédent auteur et spécialiste des relations internationales, a appelé aussi « l’avènement d’une territorialité à géométrie variable »[41].
Il faut dire que depuis la fin des années 2000, peu de conflits sont liés au traçage traditionnel des frontières.
La question de la gestion de la paix, dictée par des conflits territoriaux a connu un retentissement international, faisant entrer l’enjeu des outils modernes perfectionnés qui résultent d’un engagement solennel à dépasser «la voie de fait et l’effet terrier ». La mise en place d’institutions habilitées à juger des recours qui satisfont toutes les parties a été une bonne nouvelle pour les Etats. Elle n’a pas totalement résolu le fléau, mais l’a fait opérer un glissement vers d’autres acteurs, des forces de paix repositionnées par des instances internationales, dans un large partage des responsabilités.
Selon le professeur Lat Soucabé Mbow[42], «laconflictualité n’a plus aujourd’hui pour enjeux, la modification des frontières terrestres désormais considérés dans le droit international comme relevant du principe de l’intangibilité »[43]. Cette réduction des conflits à cette donnée est liée au fait que pendant longtemps, dans les années 1970-1990, c’est l’une des rares causes de violence entre Etats. Il y a l’Ethiopie et l’Erythrée dont la fin du conflit a été aussi marquée par la restitution par le premier de la Ville de Badmé, qui est le « symbole du conflit frontalier»[44].
Néanmoins, en vertu de l’existence du droit international, mécanisme supra-par excellence, créé pour arbitrer ce genre conflits, les différends sont atténués par l’existence de cour Internationale, sans sonner le glas de la récurrence de ces brouilles.
Les tensions en mer de Chine[45] sont là pour nous rappeler, que seules sont évitées les revendications violentes, mais que la nature du problème traine toujours ses avatars, comme un boulet capable d’exploser n’importe quand, et sujet à conflit international ouvert entre grande puissance. Même si les experts en relations internationales estiment moindres les chances que deux superpuissances nucléaires, à l’image des Etats-Unis et la Chine, entrent dans une guerre ouverte, comme il a été connu dans le passé, les tensions, souvent atténuées, pourrissent les relations de bonne coopération.
Il faut toutefois constater, avec beaucoup de spécialistes, que dans la deuxième décennie de ce XXIème siècle, il y a un démenti formel et catégorique des prédictions sur l’impossibilité d’une guerre entre puissances ou nations développées[46]. Deux auteurs : Henry Noel Brailsford, qualifié par des géopolitologues comme l’un des plus influents de son époque, et Herbert Georges Wells, ont documenté l’improbabilité de la survenue d’un potentiel conflit entre deux puissances dotées de l’arme nucléaire.
Le premier dans son livre TheWar of Steel and Gold, avait écrit en 1914 : «Il n’y aura plus de guerre entre les 6 grandes puissances»[47]. L’éclatement de la première guerre mondiale deux ans après, puis la deuxième, a douché l’ardeur virile des plus pacifistes.
Et le second écrivit : « A l’aube de ce XXème siècle, rien n’aurait pu être plus évident que la rapidité avec laquelle, la guerre devenait impossible »[48].
L’erreur des occidentaux a été de croire en l’impossibilité de nouveaux foyers de conflits, même après la 2ème guerre mondiale. « Les occidentaux ont pensé que le spectre de la guerre était définitivement éloigné. C’était une double erreur »[49], nous dit Pascal Boniface. Qui ajoute : « C’était bien à tort que l’on qualifiait la période postérieure à 1945, d’après-guerre. Si l’Europe a été épargné par les conflits, à l’exception d’une guerre entre la Turquie et la Grèce, deux membres de l’OTAN en 1974, les autres continents ont été secoués entre 1945 et 1990, par près de 160 conflits qui ont fait plus de 40 000 millions de morts. Et la guerre a repris pied au début des années 1990 dans l’Europe balkanique »[50].
En Afrique, la charte Africaine de la Démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union africaine, adoptée en Janvier 2007 et entrée en vigueur en 2012, demeure l’un des meilleurs mécanismes en matière d’élections, de promotion et de protection de l’indépendance de la justice, et de renforcement de la bonne gouvernance, entre autres. Il demeure à ce jour un document de référence qui change les paradigmes, et cernent les faits qu’elle tente d’endiguer.
S’agissant d’autres mécanismes, on peut évoquer les mouvements qui existent sur la lutte contre la circulation des armes légères, sur celle contre la drogue et les crimes avec l’existence de l’ONUDC (Organisation des nations-Unies contre la Drogue et les Crimes)
Un mécanisme comme le GIABA (Groupe Interafricain Contre le Blanchiment d’Argent), créé par la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) s’attache à lutter contre le blanchiment, ce mal qui ronge nos économies. Néanmoins, les énormes efforts déployés et les résultats obtenus font comprendre qu’il s’agit d’une lutte de longue haleine.
Pour faire face à la nouvelle conjoncture internationale, faite de tensions, de crises à toutes les échelles, et de conflits les plus rares et complexes, il faut réinventer les moyens de prévention et gestion des crises, et éviter des solutions toutes faites.
Avec les changements relatifs aux transformations sociales et structurelles des sociétés africaines, les cartographies des écueils à la paix ont connu des constantes qui n’ont pas suivi les mutations.
Le centralisme de l’action de paix, dans une perspective étatique, est loin de continuer à pouvoir constituer l’aube d’une solution efficace, et les mécanismes trouvent de plus en plus des réticences sur le terrain à pouvoir appliquer leur feuille de route. Ils se heurtent, dans bien des cas, à des résistances dues à la peur d’intégrer l’inconnu dans les interactions[51], du fait d’un impossible accommodement de ces solutions, parfois jugées irréconciliables avec les mœurs locales, et même à cause de stéréotypes[52] les ayant précédés, et qui sont fondés sur les croyances locales.
Multiplier les mécanismes du fait de résultats mitigés dus à ces situations, revient à engorger leurs actions ; lesquelles finissent par devenir illisibles à cause de leurs nombreuses interventions, et l’ONU l’a reconnu et a cherché à rectifier en coordonnant les actions de ses agences à l’échelle nationale, ou régionale africaine pour plus d’intelligibilité en termes de portée, pour les populations.
Aujourd’hui, la réalité a montré des limites objectives sur les résultats enregistrés par les mécanismes après leurs interventions, sur les questions sous-jacentes de la paix et la sécurité internationale.
René Massiga Diouf est Docteur en Science politique et journaliste à la RTS.
[1] Préambule de la Charte des Nations-Unies qui introduit cette problématique avec une grande solennité de ton : «Nous, peuples des nations-unies … »
[2] Sont énoncés dans le point « Résolus» du Préambule
[5] Presse Universitaire de France, Quadrige, P. 133
[6] Le Tribunal Spécial sur la Sierra Léone, ou le Rwanda
[7] Forum sur la paix et la Sécurité en Afrique qui se tient chaque année au Sénégal, et d’autres du même nom qui se tiennent notamment en France, entre autres.
[8] Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (Sénégal), l’association Sant ’Egidio, etc.
[9] Conseil Paix et sécurité de l’Union africaine, par exemple.
[10] ISS (Institute for Securities Studies) par exemple
[11] Les représentants du secrétaire général de l’ONU dans des pays ou zones de conflits, ou celle d’autres nations comme la France dans la Sahel, les Etats-Unis, etc.
[12] Jeune Afrique N°3024 du 23 Décembre 2019 au 12 janvier 2020, intitulé «Mali : Chemin chaotique vers la paix»
[13] On peut citer la Monuc (Mission de stabilisations des Nations Unies au Congo) qui est considérée comme la plus ancienne mission de paix sur le continent africain.
[15] Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui compte 14 Etats
[16] Ces missions sont de plus en plus critiquées du fait que la menace a changé de nature avec la montée du terrorisme et la lutte contre ce fléau objet de leur présence dans plusieurs Etats comme le Mali.
[17] On peut noter qu’actuellement que la personnalité choisie pour la Lybie est Salamé.
[18] Au sens du chapitre VII de la Charte des nations-Unies et à ce propos, voire aussi Mbow Lat Soucabé, Géopolitique. Une grammaire pour comprendre les crises et les conflits, 2017, Dakar, Presses Universitaires de Dakar.
[19] On peut citer le dialogue sur une feuille de route pour la paix en Lybie entre le général Haftar et le gouvernement de Tripoli reconnu par la communauté Internationale à Allemagne.
[20] Sur la Syrie, au moins trois médiateurs ont démissionné à savoir Kofi Annan ancien secrétaire général des Nations-Unies, Brahimi, entre autres.
[21] Décédé, il a été vice-ministre des affaires étrangères de l’Egypte, puis secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
[22] Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale
[35] Au sens de Montesquieu et de sa Spécification d’une typologie de régimes.
[36] Le Sahel est en passe de devenir une zone de non-droit à cause de l’activité débordante des mouvements terroristes nécessitant la création de plusieurs mécanismes comme le G5 Sahel, ou l’opération Barkhane et l’envoi de troupes onusiennes.
[37] C’est une vague de soulèvements partis de la Tunisie et qui a touché certains pays du Magreb comme la Libye, l’Egypte, et dans la plupart des cas, a abouti à un changement de régime.
[38] Badié (B.), De l’Etat-nation au post-colonialisme, in Les nouvelles Relations Internationales : Pratiques et Théories, Presses de Sciences Pô, 1998, sous la direction de M. CL. Smouts
[46] Boniface (P.), La Géopolitique, 42 fiches thématiques et documentées pour comprendre l’actualité, nouvelle édition augmentée et mise à jour, Eyrolles, 2016
[52] Par exemple, a cause de précédents dangereux, les communautés nationales se mobilisent congre tout essai de vaccin sur la covid 19 dans nos pays, alors qu’il pourrait être bénéfique. Mais des initiatives connues dans le passé et qui ont laissées de séquelles ont fait que tout est objet de rejet par les communautés locales qui s’apparentent à ces épisodes.