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5 mai 2025
Société
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MACKY-NIASSE, LE COUP DE FIL QUI FAIT LE BUZZ
Le chef de l’Etat et candidat qui appelle, en pleine réunion d’informations sur le parrainage, le délégué régional de sa coalition à Kaolack et président du parlement, le tout retransmis en direct grâce à un micro baladeur, cela fait forcément jaser
IGFM |
Marie Bernadette Sène |
Publication 01/10/2018
Le chef de l’Etat et candidat de BBY qui appelle, en pleine réunion d’informations sur le parrainage, le délégué régional de sa coalition à Kaolack et président de l’Assemblée nationale, le tout retransmis en direct, grâce à un micro baladeur, ça crée forcément le buzz. Surtout que le second, Niasse, a juré au premier, Macky, qu’il sera réélu en 2019. Compte-rendu.
Le parrainage est pris au sérieux par les responsables de la coalition Benno bokk yaakaar de la région de Kaolack. Ce week-end, ils s’étaient tous donné rendez-vous dans un réceptif de la place pour coordonner leurs actions en vue de recueillir plus de signatures pour le candidat Macky Sall. Une séance riche en émotions, puisque que le président de la République va, séance tenante, appeler le délégué régional, Moustapha Niass, pour prendre la température. Un coup de fil qui va certainement entrer dans l’histoire politique du Saloum. Eu égard à son caractère assez insolite.
Le téléphone scotché à l’oreille, Moustapha Niasse, tout enthousiaste de communiquer avec son patron politique depuis 2012, a garanti au Président Sall un second mandat. Une promesse basée sur les résultats d’un très dynamique travail de terrain.«Ne vous inquiétez pas Monsieur le Président. Si Dieu le veut, vous allez gagner les élections à Kaolack. Tous les responsables sont là, vous pouvez dormir tranquille, puisque Kaolack, à elle seule, peut vous parrainer. J’y crois fermement. Inchallah, votre candidature est assurée. Nous avons oublié nos différends et travaillé en synergie pour votre réélection et ce que j’ai vu ce matin me rassure. Jeunes, adultes, femmes se sont donné la main pour garantir une victoire éclatante. Nous sommes à 80,49% de parrains, alors qu’il nous reste 3 mois de campagne de collecte. Si vous étiez là aujourd’hui, vous verrez que Kaolack a fait un pas dans votre réélection. Les responsables qui se rassemblent ici, aucun autre candidat ne peut les rassembler. Vous allez avoir un second mandat, vous pouvez être tranquille», rassure Niasse. Qui a ensuite passé le téléphone à l’ex-Premier ministre Aminata Mimi Touré. L’Envoyée spéciale du chef de l’Etat a, à son tour, transmis les messages de félicitations du président de la République à Moustapha Niasse et à tous les responsables de Kaolack pour le travail accompli sur le terrain. Seulement, juste après avoir écouté le chef de l’Etat, les responsables ont tous ou presque quitté la salle.
Mais avant ce drôle de charivari, les responsables de BBY avaient plongé sur la campagne de collecte de signatures. Une campagne aux allures d’un premier tour de l’élection présidentielle, pour positionner définitivement le candidat de BBY dans le Saloum. Et les responsables ont déposé sur le bureau du délégué régional, 61 465 parrains pour le candidat Macky Sall. «Ce qui équivaut à 80,49% de l’objectif maximum de 1% du fichier, qui est de 68 680 parrains», a laissé entendre Amadou Lamine Dieng, adjoint du délégué régional et maire de Wack Ngouna. Un chiffre régional record établi comme suit : 35 997 signatures pour Kaolack, contre 16 360 pour Nioro et 9 608 pour Guinguinéo. Cette rencontre qui a débuté dans une ambiance électrique, a été aussi un moment fort pour les responsables de l’APR de Kaolack de se retrouver, grâce à Moustapha Niasse, autour de l’essentiel : la réélection du président Sall.
GADIO À LA BARRE JEUDI PROCHAIN
L'ancien patron de la diplomatie sénégalaise devrait fournir les preuves de la culpabilité de son coprévenu, le chinois Patrick Ho
Cheikh Tidiane Gadio fera face à un tribunal américain jeudi. Non pas en tant que prévenu, mais en tant que témoin à charge du département d’État américain de la justice. Il compte donner les preuves de la culpabilité de son coprévenu, le chinois Patrick Ho.
Selon «Libération», Geoffrey Berman Berman du département d’Etat américain de la Justice a indiqué dans une correspondance que l’ancien ministre des Affaires étrangères fournirait, lors de son procès, jeudi prochain, des preuves substantielles de la culpabilité de l’homme d’affaires chinois.
Ho est accusé de huit chefs d’accusation dont trois pour blanchiment d’argent et corruption. Gadio a accepté coopérer avec la justice pour obtenir en contrepartie l’abandon des poursuites qui lui ont valu une arrestation puis une résidence surveillée.
PAR LA CHRONIQUEUSE DE SENEPLUS, SALLA DIENG
PAR DEVOIR ET PAR AMITIÉ, (IN) CERTITUDES
EXCLUSIF SENEPLUS - Par devoir de lectrice, et par amitié féministe, je souhaite continuer à vous penser féministe - Voici donc, Ndèye Fatou, mes supputations et mes questions
De toutes les notes de lecture que j’ai eues à faire, celle-ci est de loin l’une des plus déplaisantes. Ndèye Fatou Kane et moi nous sommes connues il y a quelques quatre ou cinq années sur Facebook lorsque nous commentions un post sur… le féminisme au Sénégal. Bien que n’ayant jamais eu l’occasion de nous rencontrer, nous avons échangé quelques messages sur ledit réseau. Y compris à propos du malheur de vivre que j’ai eu grand plaisir à lire. Puis l’annonce quelques mois plus tard de la publication de « Vous avez dit féministe ?» , j’étais si impatiente de lire (enfin) un ouvrage sur le féminisme par une jeune contemporaine que j’ai tout fait pour me le procurer rapidement.
Après la constatation de la brièveté de l’ouvrage qui fait 102 pages hors bibliographie, je me suis délectée de la lecture de votre avant-propos et principalement la mise en contexte historique. Par la suite, je me réjouissais de cette promesse de l’avant-propos très alléchant: « Vous avez dit féministe ? se veut donc une modeste contribution à la cause féministe telle que je la conçois. En ma quadruple identité de Hal-Pulaar, Sénégalaise, Africaine et jeune femmes de la génération »Y ». Comment les luttes féministes portées par des femmes de par le monde, en Afrique, et enfin dans mon pays le Sénégal, ont elles eu et continuent d’avoir une incidence dans ma façon d’appréhender le monde qui m’entoure ? Est-ce que ma perception desdits événements peut être altérée par le fait que je sois une femme ? Comment déconstruire la notion de « genre » qui a quelque peu empiété sur les luttes féministes d’antan, et quelles solutions proposer ? Voilà autant de questions auxquelles j’essaie de répondre tout le long de Vous avez dit féministe ? » (13)
Je me suis rapidement laissée emporter par le brio de vos résumés des quelques ouvrages et extraits biographiques marquants des quatre auteures choisies : Simone de Beauvoir (Le Deuxième Sexe), Hawa Thiam (Parole aux Négresses), Mariama Bâ (Un chant écarlate, et Une si Longue lettre), et Chimamanda Ngozi Adichie (ses ouvrages : Autour de ton cou, L’hibiscus pourpre, et Americanah ; ainsi que ses vidéos : Le danger d’une histoire unique et Nous sommes tous des féministes). Puis au terme du chapitre au titre éponyme de six pages tant attendu de Vous avez dit féministe ? (59-65)…mon excitation s’était éteinte . Mon regard sombre s’est alors promené sur Propos sur le féminisme contemporain (67-77) par… Jean-Aimé DIBAKANA, sociologue et romancier, mais qui est-ce donc ? Pourquoi n’est-il pas co-auteur de l’ouvrage? À la fin de ma lecture de ces 10 pages que j’ai interrompu 1000 fois pour soit réfléchir, taper son nom sur Google, ou essayer de comprendre, j’avais perdu le fil…Je refermai l’ouvrage. (In)certitudes (79-102), la nouvelle qui clôturait l’ouvrage allait devoir attendre! Le lendemain, je relus encore les chapitres précédents avant de me plonger dans (in)certitudes. Puis je refermai l’ouvrage avant de me plonger dans la lecture d’un autre recueil de poésie acheté en même temps et qui me fit beaucoup de bien : « À nos humanités révoltées » de Kiyémis.
Plusieurs mois passèrent, entre la tentation du silence complice mais combien confortable et celle du devoir de réponse, par fidélité à cette cause si personnelle qu’est le féminisme qui m’ a fait vous connaître. Brimant à plusieurs reprises ma franchise spontanée, refrénant mon trop-plein d’entrain contre une nouvelle sagesse, réprimant les mots qui jouaient à saute-mouton pour forcer la barrière de mes lèvres, je préférai le silence. Je trouvai des justifications, des excuses, des opportunités de continuer à me taire : « cet ouvrage est salutaire car il permet le débat sur le féminisme parmi les jeunes générations » ; ou encore « entre féministes, il faut se soutenir ». De plus, il y avait cette note de lecture de Aminata Thior qui résumait déjà assez bien mon sentiment.
L’anglais a cette expression que j’aime car elle me porte : « in my heart of hearts » qui veut dire : « au plus profond de moi ». Au plus profond de moi donc, je savais qu’il me fallait rompre cette tyrannie qui fait que trop souvent, nous hésitons à critiquer, surtout constructivement, car la critique est confondue pour être portée sur une personne et non sur une chose. Et cette chose est ici un ouvrage qui cimente une pensée toujours insaisissable pour moi et censée être articulée dans : Vous avez dit féministe ? Voilà, à moi les incertitudes : Ndèye Fatou Kane, êtes-vous une féministe ? Si oui, de quel féminisme vous réclamez-vous qui nourrit votre « modeste contribution à la cause féministe telle que vous la concevez» dans cet ouvrage? À la fin de sa lecture, je n’ai toujours pas de réponse à ces deux questions. Cet ouvrage veut-il dire : « Vous avez dit féministe ? Mon œil ! » ou « Vous avez dit féministe ? J’en suis une ! »?
N’en sachant toujours rien, je vais vous poser la question directement là où cette conversation a commencé. Sur Twitter. Mais avant tout, ce serait vous manquer de respect que de ne pas me donner la peine de chercher moi-même la réponse dans votre ouvrage que vous vous êtes donnée la peine de produire.
Par devoir de lectrice, et par amitié féministe, je souhaite continuer à vous penser féministe. Malgré tout. Voici donc, Ndèye Fatou, mes supputations et mes questions. Basées sur vos propres mots : Vous avez dit féministe ? (59-65) et je suis tentée aussi de faire une lecture critique des Propos du sieur Dibakana, sociologue et romancier, sur le féminisme contemporain vu que son « analyse » fait quand même 10 pages (67-77) ! Au fil de la lecture de ces 6 pages dans lequel vous articulez votre pensée, j’essaie de vous expliquer Ndèye Fatou, pourquoi j’ai du mal à vous suivre et à vous situer, surtout, et partage avec vous mes questions.
Après la synthèse des quatre chapitres précédents (59-60), vous évoquez la bibliographie qui vous a servie de source (principalement les ouvrages des 4 auteures), ainsi que des liens externes vers des articles ou des vidéos consultés, et un article sur les FEMEN (dont il manque le lien dans la bibliographie) qui vous sert de prélude. Les FEMEN seraient difficilement classifiables et illustreraient par cela même à quel point « le féminisme est travesti » et « n’est pas fédérateur » ? (61) Qu’est-ce à dire ? Pourriez-vous s’il vous plaît préciser votre pensée ?
Puis vous retournez à la raison qui a motivé la rédaction de cet ouvrage : « Une discussion un peu houleuse, un trop-plein d’arguments et une voix grimpant dans les aigus, et on est une féministe ! Dans une époque où compartimenter les individus est une activité fort en vogue, j’ai l’impression que nous assistons à un duel Féministes VS Le reste du monde. » (61) Trouvez-vous péjoratif de vous faire traiter de féministe ? Etes-vous féministe Ndèye Fatou Kane?
Puis vous faites un détour au verset 1 sourate IV intitulée An-Nisa (les femmes) du Coran : « Entendons-nous bien : loin de moi l’idée de me mettre dans une logique de prôner l’égalité homme/femme de manière utopique et de la réclamer à hue et à dia. Mais ne pourrions-nous pas réfléchir à partir de la notion d’individus avant toute chose ? (61) ou encore : « Beaucoup de femmes, qu’elles aient mon âge ou pas, se réclament féministes à tort et à travers. Le débat est faussé à mon sens, car se dire féministe, équivaut à renforcer encore plus la stigmatisation du genre féminin »(62). Donc il ne faudrait plus se réclamer féministe ? Juste se réclamer un individu ? Et renier sa liberté à qui le souhaite de se réclamer féministe en se faisant tribunal du féminisme ?
« Il faudrait s’atteler à une entreprise de déconstruction, en abandonnant toute forme d’affaiblissement. Soyons des femmes, conscientes de notre féminité mais refusons que l’on nous réduisent à cette seule identité. Soyons avant toute chose des individus… » (62) Est-ce cela le changement de paradigme que vous proposez Ndèye Fatou ?
« Beaucoup d’ONG ont instauré une série de programmes axés autour du woman empowerment sous couverts de la thématique du genre,ceci afin de permettre aux femmes d ‘être plus «fortes» en substance. Le débat est faussé selon moi, car il ne faut pas que nous nous placions sur un ring prêtes à en découdre avec les hommes. » (63) Mais que voulez-vous dire ? « Genre », Ndèye Fatou, n’est pas synonyme de « femmes ». De la même manière trouveriez-vous, si vous le souhaitez, des programmes qui s’adressent à promouvoir davantage l’inclusion des hommes, ou des communautés toutes entières, qui sont labellisés sous l’étiquette « genre » je pense qu’il s’agit là d’un détail. De plus, le genre est une notion qui a été contestée et continue de l’être par beaucoup de féministes africaines déjà car ce ne serait pas le principe organisateur de toutes les sociétés.
Après avoir évoqué les années 70-80, vous demandez « Aujourd’hui plus que jamais, qu’a-t-on fait du combat mené par la première vague de féministes sénégalaises ? Quel héritage nous ont-elles laissé ? (…) Il me semble important de nous appuyer sur le parcours de ces femmes de valeur pour prendre nos marque dans la société. » (64) D’accord, cet ouvrage que vous venez d’écrire est important en ce qu’il contribue à mettre en lumière de travail de quatre féministe, mais ce serait bien de citer aussi ces féministes africaines de la 2e , 3e et 4e vague, il y a eu continuité. Donc il faut résumer leur action, à défaut de les détailler. Mais heureusement, nous n’avons pas besoin d’inventer la roue, leur travail a déjà été résumé par ailleurs (comme dans le magazine AWA qui est digitalisé ici ou le site d’African Feminist Forum, à défaut de lire la prolifique production littéraire ou académique sur le sujet ), et nous devons faire l’effort de citer ce travail dans nos références bibliographiques. Par exemple, Mouvements sociaux de femmes de feue Ndèye Sokhna Guèye disponible gratuitement sur le site du CODESRIA : https://www.codesria.org/spip.php?article2397&lang=en ou le féminisme de Fatou Sow par exemple)
« De plus en plus de femmes de ma génération ont fait des études, parcourent le monde et s’intéressent à quantité de sujets ; en somme s’accomplissent personnellement. Donc il nous faut changer de paradigme et sortir de tous ces procédés affaiblissants pour les femmes. » D’accord : Comment ? Que proposez-vous ?
« De plus, j’ai remarqué un désintéressement en ce qui concerne les luttes des femmes. Il est vrai qu’il y a une poignée de femmes de ma génération portant les combats de nos aînées, mais force est de reconnaître que ceux-ci ne sont plus une priorité…une continuité aurait dû être établie, de sorte qu’à l’heure actuelle, l’on s’approprie les luttes de nos illustres aînées, de sorte que jamais, au plus grand jamais, la flamme du féminisme ne s’éteigne ! » (64-65) Mais il y a eu continuité ! Et le passage du flambeau ne se fera pas de gaieté de cœur ou de manière incantatoire sur les réseaux sociaux (seulement), il faut arracher et s’approprier notre part de ce combat, activement (The revolution won’t be televised !).
« L’inclusion des hommes à qui le négativisme entourant le terme féminisme est à imputer. » D’accord pour l’inclusion des hommes, mais le souhaitent-ils tous? Que se proposent-ils d’apporter en tant qu’alliés? Je trouve le terme d’”inclusion” galvaudé car qui le souhaite (homme ou femme) trouvera le moyen d’être utile à une cause. Pas parce qu’un carton d’invitation lui est envoyé pour venir à la table, mais parce que l’ultime objectif du féminisme n’est pas la seule cause féminine, car il est juste utopique de vouloir remplacer une oppression par une autre. La finalité est que toutes les personnes “opprimées” ou “discriminées” en société du fait qu’elles soient nées hommes, ou femmes, qui se réclament comme tels, ou autre, cesse de subir une discrimination basée sur cette identité socialement assignée ou personnellement revendiquée.
« Les enjeux du XXIe siècle autour du féminisme devraient tourner autour d’un changement de paradigme, de façon à ce que chaque fois que le vocable féminisme est prononcé, l’on ne détourne pas la tête… Tel devrait être notre combat, nous jeunes femmes de la génération Y ! » (65) D’accord, encore une fois, comment ? Que préconisez-vous ?
« Tout est question de contexte » je suis d’accord avec ces propos de votre mère, qui font écho aux propos de la mienne et c’est sur cette base que je me permets de ne pas être d’accord avec le sieur Dibakana. Car si l’on suit son raisonnement : « parce que tout est question de contexte », nous africaines, ne méritons pas le féminisme (qu’il définit comme anti-africain) à moins qu’il ne s’agisse parfois du contraire : le féminisme ne nous mériterait pas car nous n’avons pas de problème « de genre » dans nos sociétés.
67-77 : Propos sur le féminisme contemporain : Jean-Aimé DIBAKANA, sociologue et romancier.
Que l’article de Dibakana basé sur idées reçues, accusations sexistes gratuites et clichés figure dans un ouvrage qui traite de la pensée de quatre féministes soulève des questions sur votre motivation. L’article de Dibakana, comme le vôtre choisit de commencer sélectivement par un cliché et un extrême : les FEMEN. Pourquoi choisir de diaboliser le féminisme ? Cet article dès son propos liminaire résout la question à laquelle elle prétend répondre : « Pourtant né au XVIIIe siècle, le féminisme en tant que discours sur les rapports sociaux de sexe en faveur de celui dit « faible » interroge encore sur la structuration et le fonctionnement de nos sociétés. Et ses récentes formes d’expression, telle citée plus haut, sont le signe que les objectifs qu’il s’assigne sont loin d’être atteints, quel que soit le lieu de la planète où l’on se trouve. Dès lors, l’on peut se poser quelques questions : le féminisme sert-il (encore) à quelque chose ? (MAIS OUI monsieur, vu que comme vous le dites dans la phrase précédente, ses objectifs sont loin d’être atteints !) Les valeurs qu’il défend sont-elles universelles ? Aujourd’hui, ses discours ne desservent-ils pas (parfois) les femmes ? » (68)
Pareil dans la section : le féminisme sert-il (encore) à quelque chose ? vous évoquez les droits acquis par les femmes sans pouvoir totalement en jouir ainsi que l’apparition de nouvelles questions sociales… qui vous’amènent à la conclusion p.70 qu’« il semble néanmoins clair que le féminisme en tant que doctrine préconisant l’expression des droits et du rôle des femmes dans la société reste nécessaire ». Mais cela, monsieur vous y avez déjà répondu, donc exercice de style (raté) ?
p.71 Les valeurs qu’il défend sont-elles universelles ?
Cette partie constitue à mon avis, la plus grande insulte aux féministes non-occidentales qui étaient féministes bien avant l’apparition du terme « féminisme » car vous leur reniez par votre complexe d’infériorité puant, le droit et le choix de se revendiquer comme telles parce que soi-disant trop sous-développées (y compris intellectuellement) pour être à même d’articuler une pensée féministe. Vous leur refusez, à ces femmes, et aux alliés qui ont soutenu ce combat en Afrique ou en Asie, leur part d’histoire, leur legs et leur futur. Vous insultez les générations de féministes africaines, musulmanes ou laïques, ou autres qui m’ont inspirée à en être une. Selon vous, « bien qu’ayant également puisé à d’autres sources, le discours féministe est sans conteste un discours européanocentré » ou encore « Concernant leur terrain de revendication, les valeurs féministes ne peuvent s’exprimer que sur des terrains où règne la démocratie, que dans des espaces qui autorisent la liberté de penser et d’agir. On peut difficilement imaginer des femmes s’organisant pour revendiquer des droits à la façon de leurs consœurs européennes en Chine, ou en Corée du Nord par exemple. De la même façon, le féminisme (forcément aussi « activiste », « militant ») suppose une certaine autonomie que permettent notamment des moyens matériels, financiers et bien sûr intellectuels. Est-il possible pour des femmes sans emploi, sans qualification, à la charge totale des hommes de se revendiquer des idées féministes ? C’est le cas de beaucoup de femmes à travers le monde, notamment en Afrique et en Asie. (71)»
De plus, vous postulez que les valeurs féministes véhiculent des valeurs purement européennes sinon occidentales (qu’est-ce que cela veut dire ?), donc incompatibles avec les valeurs de certaines cultures. Par exemple, vous citez le droit à l’avortement, ou le droit de refuser d’être mère qui sont des idées rattachées aux premières vagues de féminisme de la génération de De Beauvoir, (mais aussi par certaines féministes contemporaines), qui a théorisé ses idées dans le contexte d’avant-guerre français dans lequel carrière professionnelle et famille étaient difficilement conciliables. De Beauvoir pouvait-elle de son temps penser qu’il serait possible à Ségolène Royal, mère de quatre enfants de se présenter aux présidentielles ? Pouvait-elle imaginer que quelque années plus tard, le journal AWA parlerait à d’autres femmes, africaines, du sens des responsabilités en milieu professionnel après qu’elles se soient battues pour avoir accès à un emploi salarié ? en 1972(26), Kampoti, la femme sans homme en 1964 (9) ou du choix du mari). Monsieur Dibakana, en sortant ces arguments obsolètes, vous voulez refuser aux femmes comme moi le droit de me revendiquer féministe et d’avoir un ou des enfants parce que je le souhaite. Mais de toute façon, nous n’avons pas attendu des réactionnaires comme vous pour trouver des voies pour concilier nos convictions profondes (idéologiques, religieuses , ou autres) et nos ambitions professionnelles et familiales (pour celles qui en ont). De la même manière (et vous serez étonné, il se trouve des femmes africaines aujourd’hui qui ne souhaitent pas être mères, qui revendiquent le droit de disposer de leur corps et qui ne le seront pas, ne vous en déplaise !). Donc gardez pour vous vos considérations infondées sur le « droit au travail salarié qui n’existe pas « en zone rurale africaine » (72), vos considérations sur le droit à l’éducation scolaire (73) ou au risque des femmes (même non-féministes) qui souhaitent la répartition équitable des tâches de ne pas trouver d’époux (73). Votre discours est englobant et dangereux, c’est le type même « d’histoire unique » contre lequel Chimamanda Adichie met en garde (du moins la Chimamanda d’avant la polémique sur la transsexualité).
« Si lutter pour l’extension du droit des femmes est une démarche louable parce qu’humaniste tout simplement, les moyens et les théories mis en œuvres restent discutables. Déjà, appuyer cette lutte sur l’ambition de gommer les différences « naturelles » entre les hommes et les femmes, de soutenir que les hommes et les femmes sont identiques, est-elle judicieuse ? (74) Mais de quel féminisme parlez-vous ? Comme vous le reconnaissez (enfin) en page 75 : il y a différents courants au sein du féminisme, et au sein d’un même courant, différentes théories, par conséquent, en faisant fi de ce facteur depuis le début de votre analyse car cela risquait de desservir votre analyse pour brusquement vous en rappeler à la presque-clôture de votre propos, vous faîtes preuve d’une malhonnêteté intellectuelle flagrante.
Vos propos tels « l’avortement et la contraception ont libéré l’homme et non la femme, ils fragilisent le mariage ou le couple car il sécurise les relations sexuelles extra-conjugales » (76) ou « De même, encourager les femmes à l’ambition de la réussite professionnelle au détriment de leur rôle de mère, n’est-ce pas participer au renforcement de cette course effrénée vers le profit, vers l’intérêt personnel, n’est-ce pas encourager à cette « machinisation » du monde tant décriée à laquelle pousse le capitalisme ambiant ? D’ailleurs, l’on peut aisément imaginer qui, au sein de la famille, en paie le prix fort : les enfants qui n’ont alors aucun des deux parents suffisamment présent pour eux. » (77) sont regrettables et empreints d’une accusation ignominieuse à peine voilée contre la femme coupable d’aspirer à une identité autre que celles d’épouse et de mère.
Enfin, vous tombez plus bas en remettant en cause le bien-fondé du lien entre le féminisme et d’autres causes autres que celles clairement identifiées comme étant celles liées aux femmes (l’écologie par exemple) et questionner l’utilité du féminisme. Pour ma part, en tant que féministe (ne vous en déplaise, je me revendique une conscience politique et me reconnais de la lignée d’autres féministes), j’ai choisi d’allaiter mon enfant pendant 15 mois car cela était ma préférence pour elle, et me permettait de limiter son exposition aux produits chimiques dans les premiers mois de sa vie tout en étant mobile avec elle. Donc oui, j’ai des sensibilités écologiques car je me soucie de cette planète que nous avons en partage, et politiques y compris en tant que féministe panafricaine car je reconnais le travail réalisé par d’autres hommes et femmes africains ou de la diaspora pour que je puisse jouir des droits dont je jouis aujourd’hui.
Nous ne nous tairons pas Dibakana ! Et vous ne nous ferez pas taire !
Puis (in)certitudes ! À la fin de la lecture de cette nouvelle, j’avais des sentiments partagés. Je prends le parti de reposer mon vieux cœur en me rappelant vos propos page 79 : ce n’est que pure fiction.
Merci de nous avoir offert l’opportunité, à moi et à d’autres, de discuter de féminisme en terre africaine du Sénégal, et bien plus encore. Et comme vous l’auguriez dans votre prélude, oui, votre livre n’échappe pas à la polémique. J’attends avec impatience de lire votre réponse (si vous la jugez nécessaire).
PAR LA CHRONIQUEUSE DE SENEPLUS, SALLA DIENG
PAR DEVOIR ET PAR AMITIÉ, (IN) CERTITUDES
EXCLUSIF SENEPLUS - Par devoir de lectrice, et par amitié féministe, je souhaite continuer à vous penser féministe - Voici donc, Ndèye Fatou, mes supputations et mes questions
De toutes les notes de lecture que j’ai eues à faire, celle-ci est de loin l’une des plus déplaisantes. Ndèye Fatou Kane et moi nous sommes connues il y a quelques quatre ou cinq années sur Facebook lorsque nous commentions un post sur… le féminisme au Sénégal. Bien que n’ayant jamais eu l’occasion de nous rencontrer, nous avons échangé quelques messages sur ledit réseau. Y compris à propos du malheur de vivre que j’ai eu grand plaisir à lire. Puis l’annonce quelques mois plus tard de la publication de « Vous avez dit féministe ?» , j’étais si impatiente de lire (enfin) un ouvrage sur le féminisme par une jeune contemporaine que j’ai tout fait pour me le procurer rapidement.
Après la constatation de la brièveté de l’ouvrage qui fait 102 pages hors bibliographie, je me suis délectée de la lecture de votre avant-propos et principalement la mise en contexte historique. Par la suite, je me réjouissais de cette promesse de l’avant-propos très alléchant: « Vous avez dit féministe ? se veut donc une modeste contribution à la cause féministe telle que je la conçois. En ma quadruple identité de Hal-Pulaar, Sénégalaise, Africaine et jeune femmes de la génération »Y ». Comment les luttes féministes portées par des femmes de par le monde, en Afrique, et enfin dans mon pays le Sénégal, ont elles eu et continuent d’avoir une incidence dans ma façon d’appréhender le monde qui m’entoure ? Est-ce que ma perception desdits événements peut être altérée par le fait que je sois une femme ? Comment déconstruire la notion de « genre » qui a quelque peu empiété sur les luttes féministes d’antan, et quelles solutions proposer ? Voilà autant de questions auxquelles j’essaie de répondre tout le long de Vous avez dit féministe ? » (13)
Je me suis rapidement laissée emporter par le brio de vos résumés des quelques ouvrages et extraits biographiques marquants des quatre auteures choisies : Simone de Beauvoir (Le Deuxième Sexe), Hawa Thiam (Parole aux Négresses), Mariama Bâ (Un chant écarlate, et Une si Longue lettre), et Chimamanda Ngozi Adichie (ses ouvrages : Autour de ton cou, L’hibiscus pourpre, et Americanah ; ainsi que ses vidéos : Le danger d’une histoire unique et Nous sommes tous des féministes). Puis au terme du chapitre au titre éponyme de six pages tant attendu de Vous avez dit féministe ? (59-65)…mon excitation s’était éteinte . Mon regard sombre s’est alors promené sur Propos sur le féminisme contemporain (67-77) par… Jean-Aimé DIBAKANA, sociologue et romancier, mais qui est-ce donc ? Pourquoi n’est-il pas co-auteur de l’ouvrage? À la fin de ma lecture de ces 10 pages que j’ai interrompu 1000 fois pour soit réfléchir, taper son nom sur Google, ou essayer de comprendre, j’avais perdu le fil…Je refermai l’ouvrage. (In)certitudes (79-102), la nouvelle qui clôturait l’ouvrage allait devoir attendre! Le lendemain, je relus encore les chapitres précédents avant de me plonger dans (in)certitudes. Puis je refermai l’ouvrage avant de me plonger dans la lecture d’un autre recueil de poésie acheté en même temps et qui me fit beaucoup de bien : « À nos humanités révoltées » de Kiyémis.
Plusieurs mois passèrent, entre la tentation du silence complice mais combien confortable et celle du devoir de réponse, par fidélité à cette cause si personnelle qu’est le féminisme qui m’ a fait vous connaître. Brimant à plusieurs reprises ma franchise spontanée, refrénant mon trop-plein d’entrain contre une nouvelle sagesse, réprimant les mots qui jouaient à saute-mouton pour forcer la barrière de mes lèvres, je préférai le silence. Je trouvai des justifications, des excuses, des opportunités de continuer à me taire : « cet ouvrage est salutaire car il permet le débat sur le féminisme parmi les jeunes générations » ; ou encore « entre féministes, il faut se soutenir ». De plus, il y avait cette note de lecture de Aminata Thior qui résumait déjà assez bien mon sentiment.
L’anglais a cette expression que j’aime car elle me porte : « in my heart of hearts » qui veut dire : « au plus profond de moi ». Au plus profond de moi donc, je savais qu’il me fallait rompre cette tyrannie qui fait que trop souvent, nous hésitons à critiquer, surtout constructivement, car la critique est confondue pour être portée sur une personne et non sur une chose. Et cette chose est ici un ouvrage qui cimente une pensée toujours insaisissable pour moi et censée être articulée dans : Vous avez dit féministe ? Voilà, à moi les incertitudes : Ndèye Fatou Kane, êtes-vous une féministe ? Si oui, de quel féminisme vous réclamez-vous qui nourrit votre « modeste contribution à la cause féministe telle que vous la concevez» dans cet ouvrage? À la fin de sa lecture, je n’ai toujours pas de réponse à ces deux questions. Cet ouvrage veut-il dire : « Vous avez dit féministe ? Mon œil ! » ou « Vous avez dit féministe ? J’en suis une ! »?
N’en sachant toujours rien, je vais vous poser la question directement là où cette conversation a commencé. Sur Twitter. Mais avant tout, ce serait vous manquer de respect que de ne pas me donner la peine de chercher moi-même la réponse dans votre ouvrage que vous vous êtes donnée la peine de produire.
Par devoir de lectrice, et par amitié féministe, je souhaite continuer à vous penser féministe. Malgré tout. Voici donc, Ndèye Fatou, mes supputations et mes questions. Basées sur vos propres mots : Vous avez dit féministe ? (59-65) et je suis tentée aussi de faire une lecture critique des Propos du sieur Dibakana, sociologue et romancier, sur le féminisme contemporain vu que son « analyse » fait quand même 10 pages (67-77) ! Au fil de la lecture de ces 6 pages dans lequel vous articulez votre pensée, j’essaie de vous expliquer Ndèye Fatou, pourquoi j’ai du mal à vous suivre et à vous situer, surtout, et partage avec vous mes questions.
Après la synthèse des quatre chapitres précédents (59-60), vous évoquez la bibliographie qui vous a servie de source (principalement les ouvrages des 4 auteures), ainsi que des liens externes vers des articles ou des vidéos consultés, et un article sur les FEMEN (dont il manque le lien dans la bibliographie) qui vous sert de prélude. Les FEMEN seraient difficilement classifiables et illustreraient par cela même à quel point « le féminisme est travesti » et « n’est pas fédérateur » ? (61) Qu’est-ce à dire ? Pourriez-vous s’il vous plaît préciser votre pensée ?
Puis vous retournez à la raison qui a motivé la rédaction de cet ouvrage : « Une discussion un peu houleuse, un trop-plein d’arguments et une voix grimpant dans les aigus, et on est une féministe ! Dans une époque où compartimenter les individus est une activité fort en vogue, j’ai l’impression que nous assistons à un duel Féministes VS Le reste du monde. » (61) Trouvez-vous péjoratif de vous faire traiter de féministe ? Etes-vous féministe Ndèye Fatou Kane?
Puis vous faites un détour au verset 1 sourate IV intitulée An-Nisa (les femmes) du Coran : « Entendons-nous bien : loin de moi l’idée de me mettre dans une logique de prôner l’égalité homme/femme de manière utopique et de la réclamer à hue et à dia. Mais ne pourrions-nous pas réfléchir à partir de la notion d’individus avant toute chose ? (61) ou encore : « Beaucoup de femmes, qu’elles aient mon âge ou pas, se réclament féministes à tort et à travers. Le débat est faussé à mon sens, car se dire féministe, équivaut à renforcer encore plus la stigmatisation du genre féminin »(62). Donc il ne faudrait plus se réclamer féministe ? Juste se réclamer un individu ? Et renier sa liberté à qui le souhaite de se réclamer féministe en se faisant tribunal du féminisme ?
« Il faudrait s’atteler à une entreprise de déconstruction, en abandonnant toute forme d’affaiblissement. Soyons des femmes, conscientes de notre féminité mais refusons que l’on nous réduisent à cette seule identité. Soyons avant toute chose des individus… » (62) Est-ce cela le changement de paradigme que vous proposez Ndèye Fatou ?
« Beaucoup d’ONG ont instauré une série de programmes axés autour du woman empowerment sous couverts de la thématique du genre,ceci afin de permettre aux femmes d ‘être plus «fortes» en substance. Le débat est faussé selon moi, car il ne faut pas que nous nous placions sur un ring prêtes à en découdre avec les hommes. » (63) Mais que voulez-vous dire ? « Genre », Ndèye Fatou, n’est pas synonyme de « femmes ». De la même manière trouveriez-vous, si vous le souhaitez, des programmes qui s’adressent à promouvoir davantage l’inclusion des hommes, ou des communautés toutes entières, qui sont labellisés sous l’étiquette « genre » je pense qu’il s’agit là d’un détail. De plus, le genre est une notion qui a été contestée et continue de l’être par beaucoup de féministes africaines déjà car ce ne serait pas le principe organisateur de toutes les sociétés.
Après avoir évoqué les années 70-80, vous demandez « Aujourd’hui plus que jamais, qu’a-t-on fait du combat mené par la première vague de féministes sénégalaises ? Quel héritage nous ont-elles laissé ? (…) Il me semble important de nous appuyer sur le parcours de ces femmes de valeur pour prendre nos marque dans la société. » (64) D’accord, cet ouvrage que vous venez d’écrire est important en ce qu’il contribue à mettre en lumière de travail de quatre féministe, mais ce serait bien de citer aussi ces féministes africaines de la 2e , 3e et 4e vague, il y a eu continuité. Donc il faut résumer leur action, à défaut de les détailler. Mais heureusement, nous n’avons pas besoin d’inventer la roue, leur travail a déjà été résumé par ailleurs (comme dans le magazine AWA qui est digitalisé ici ou le site d’African Feminist Forum, à défaut de lire la prolifique production littéraire ou académique sur le sujet ), et nous devons faire l’effort de citer ce travail dans nos références bibliographiques. Par exemple, Mouvements sociaux de femmes de feue Ndèye Sokhna Guèye disponible gratuitement sur le site du CODESRIA : https://www.codesria.org/spip.php?article2397&lang=en ou le féminisme de Fatou Sow par exemple)
« De plus en plus de femmes de ma génération ont fait des études, parcourent le monde et s’intéressent à quantité de sujets ; en somme s’accomplissent personnellement. Donc il nous faut changer de paradigme et sortir de tous ces procédés affaiblissants pour les femmes. » D’accord : Comment ? Que proposez-vous ?
« De plus, j’ai remarqué un désintéressement en ce qui concerne les luttes des femmes. Il est vrai qu’il y a une poignée de femmes de ma génération portant les combats de nos aînées, mais force est de reconnaître que ceux-ci ne sont plus une priorité…une continuité aurait dû être établie, de sorte qu’à l’heure actuelle, l’on s’approprie les luttes de nos illustres aînées, de sorte que jamais, au plus grand jamais, la flamme du féminisme ne s’éteigne ! » (64-65) Mais il y a eu continuité ! Et le passage du flambeau ne se fera pas de gaieté de cœur ou de manière incantatoire sur les réseaux sociaux (seulement), il faut arracher et s’approprier notre part de ce combat, activement (The revolution won’t be televised !).
« L’inclusion des hommes à qui le négativisme entourant le terme féminisme est à imputer. » D’accord pour l’inclusion des hommes, mais le souhaitent-ils tous? Que se proposent-ils d’apporter en tant qu’alliés? Je trouve le terme d’”inclusion” galvaudé car qui le souhaite (homme ou femme) trouvera le moyen d’être utile à une cause. Pas parce qu’un carton d’invitation lui est envoyé pour venir à la table, mais parce que l’ultime objectif du féminisme n’est pas la seule cause féminine, car il est juste utopique de vouloir remplacer une oppression par une autre. La finalité est que toutes les personnes “opprimées” ou “discriminées” en société du fait qu’elles soient nées hommes, ou femmes, qui se réclament comme tels, ou autre, cesse de subir une discrimination basée sur cette identité socialement assignée ou personnellement revendiquée.
« Les enjeux du XXIe siècle autour du féminisme devraient tourner autour d’un changement de paradigme, de façon à ce que chaque fois que le vocable féminisme est prononcé, l’on ne détourne pas la tête… Tel devrait être notre combat, nous jeunes femmes de la génération Y ! » (65) D’accord, encore une fois, comment ? Que préconisez-vous ?
« Tout est question de contexte » je suis d’accord avec ces propos de votre mère, qui font écho aux propos de la mienne et c’est sur cette base que je me permets de ne pas être d’accord avec le sieur Dibakana. Car si l’on suit son raisonnement : « parce que tout est question de contexte », nous africaines, ne méritons pas le féminisme (qu’il définit comme anti-africain) à moins qu’il ne s’agisse parfois du contraire : le féminisme ne nous mériterait pas car nous n’avons pas de problème « de genre » dans nos sociétés.
67-77 : Propos sur le féminisme contemporain : Jean-Aimé DIBAKANA, sociologue et romancier.
Que l’article de Dibakana basé sur idées reçues, accusations sexistes gratuites et clichés figure dans un ouvrage qui traite de la pensée de quatre féministes soulève des questions sur votre motivation. L’article de Dibakana, comme le vôtre choisit de commencer sélectivement par un cliché et un extrême : les FEMEN. Pourquoi choisir de diaboliser le féminisme ? Cet article dès son propos liminaire résout la question à laquelle elle prétend répondre : « Pourtant né au XVIIIe siècle, le féminisme en tant que discours sur les rapports sociaux de sexe en faveur de celui dit « faible » interroge encore sur la structuration et le fonctionnement de nos sociétés. Et ses récentes formes d’expression, telle citée plus haut, sont le signe que les objectifs qu’il s’assigne sont loin d’être atteints, quel que soit le lieu de la planète où l’on se trouve. Dès lors, l’on peut se poser quelques questions : le féminisme sert-il (encore) à quelque chose ? (MAIS OUI monsieur, vu que comme vous le dites dans la phrase précédente, ses objectifs sont loin d’être atteints !) Les valeurs qu’il défend sont-elles universelles ? Aujourd’hui, ses discours ne desservent-ils pas (parfois) les femmes ? » (68)
Pareil dans la section : le féminisme sert-il (encore) à quelque chose ? vous évoquez les droits acquis par les femmes sans pouvoir totalement en jouir ainsi que l’apparition de nouvelles questions sociales… qui vous’amènent à la conclusion p.70 qu’« il semble néanmoins clair que le féminisme en tant que doctrine préconisant l’expression des droits et du rôle des femmes dans la société reste nécessaire ». Mais cela, monsieur vous y avez déjà répondu, donc exercice de style (raté) ?
p.71 Les valeurs qu’il défend sont-elles universelles ?
Cette partie constitue à mon avis, la plus grande insulte aux féministes non-occidentales qui étaient féministes bien avant l’apparition du terme « féminisme » car vous leur reniez par votre complexe d’infériorité puant, le droit et le choix de se revendiquer comme telles parce que soi-disant trop sous-développées (y compris intellectuellement) pour être à même d’articuler une pensée féministe. Vous leur refusez, à ces femmes, et aux alliés qui ont soutenu ce combat en Afrique ou en Asie, leur part d’histoire, leur legs et leur futur. Vous insultez les générations de féministes africaines, musulmanes ou laïques, ou autres qui m’ont inspirée à en être une. Selon vous, « bien qu’ayant également puisé à d’autres sources, le discours féministe est sans conteste un discours européanocentré » ou encore « Concernant leur terrain de revendication, les valeurs féministes ne peuvent s’exprimer que sur des terrains où règne la démocratie, que dans des espaces qui autorisent la liberté de penser et d’agir. On peut difficilement imaginer des femmes s’organisant pour revendiquer des droits à la façon de leurs consœurs européennes en Chine, ou en Corée du Nord par exemple. De la même façon, le féminisme (forcément aussi « activiste », « militant ») suppose une certaine autonomie que permettent notamment des moyens matériels, financiers et bien sûr intellectuels. Est-il possible pour des femmes sans emploi, sans qualification, à la charge totale des hommes de se revendiquer des idées féministes ? C’est le cas de beaucoup de femmes à travers le monde, notamment en Afrique et en Asie. (71)»
De plus, vous postulez que les valeurs féministes véhiculent des valeurs purement européennes sinon occidentales (qu’est-ce que cela veut dire ?), donc incompatibles avec les valeurs de certaines cultures. Par exemple, vous citez le droit à l’avortement, ou le droit de refuser d’être mère qui sont des idées rattachées aux premières vagues de féminisme de la génération de De Beauvoir, (mais aussi par certaines féministes contemporaines), qui a théorisé ses idées dans le contexte d’avant-guerre français dans lequel carrière professionnelle et famille étaient difficilement conciliables. De Beauvoir pouvait-elle de son temps penser qu’il serait possible à Ségolène Royal, mère de quatre enfants de se présenter aux présidentielles ? Pouvait-elle imaginer que quelque années plus tard, le journal AWA parlerait à d’autres femmes, africaines, du sens des responsabilités en milieu professionnel après qu’elles se soient battues pour avoir accès à un emploi salarié ? en 1972(26), Kampoti, la femme sans homme en 1964 (9) ou du choix du mari). Monsieur Dibakana, en sortant ces arguments obsolètes, vous voulez refuser aux femmes comme moi le droit de me revendiquer féministe et d’avoir un ou des enfants parce que je le souhaite. Mais de toute façon, nous n’avons pas attendu des réactionnaires comme vous pour trouver des voies pour concilier nos convictions profondes (idéologiques, religieuses , ou autres) et nos ambitions professionnelles et familiales (pour celles qui en ont). De la même manière (et vous serez étonné, il se trouve des femmes africaines aujourd’hui qui ne souhaitent pas être mères, qui revendiquent le droit de disposer de leur corps et qui ne le seront pas, ne vous en déplaise !). Donc gardez pour vous vos considérations infondées sur le « droit au travail salarié qui n’existe pas « en zone rurale africaine » (72), vos considérations sur le droit à l’éducation scolaire (73) ou au risque des femmes (même non-féministes) qui souhaitent la répartition équitable des tâches de ne pas trouver d’époux (73). Votre discours est englobant et dangereux, c’est le type même « d’histoire unique » contre lequel Chimamanda Adichie met en garde (du moins la Chimamanda d’avant la polémique sur la transsexualité).
« Si lutter pour l’extension du droit des femmes est une démarche louable parce qu’humaniste tout simplement, les moyens et les théories mis en œuvres restent discutables. Déjà, appuyer cette lutte sur l’ambition de gommer les différences « naturelles » entre les hommes et les femmes, de soutenir que les hommes et les femmes sont identiques, est-elle judicieuse ? (74) Mais de quel féminisme parlez-vous ? Comme vous le reconnaissez (enfin) en page 75 : il y a différents courants au sein du féminisme, et au sein d’un même courant, différentes théories, par conséquent, en faisant fi de ce facteur depuis le début de votre analyse car cela risquait de desservir votre analyse pour brusquement vous en rappeler à la presque-clôture de votre propos, vous faîtes preuve d’une malhonnêteté intellectuelle flagrante.
Vos propos tels « l’avortement et la contraception ont libéré l’homme et non la femme, ils fragilisent le mariage ou le couple car il sécurise les relations sexuelles extra-conjugales » (76) ou « De même, encourager les femmes à l’ambition de la réussite professionnelle au détriment de leur rôle de mère, n’est-ce pas participer au renforcement de cette course effrénée vers le profit, vers l’intérêt personnel, n’est-ce pas encourager à cette « machinisation » du monde tant décriée à laquelle pousse le capitalisme ambiant ? D’ailleurs, l’on peut aisément imaginer qui, au sein de la famille, en paie le prix fort : les enfants qui n’ont alors aucun des deux parents suffisamment présent pour eux. » (77) sont regrettables et empreints d’une accusation ignominieuse à peine voilée contre la femme coupable d’aspirer à une identité autre que celles d’épouse et de mère.
Enfin, vous tombez plus bas en remettant en cause le bien-fondé du lien entre le féminisme et d’autres causes autres que celles clairement identifiées comme étant celles liées aux femmes (l’écologie par exemple) et questionner l’utilité du féminisme. Pour ma part, en tant que féministe (ne vous en déplaise, je me revendique une conscience politique et me reconnais de la lignée d’autres féministes), j’ai choisi d’allaiter mon enfant pendant 15 mois car cela était ma préférence pour elle, et me permettait de limiter son exposition aux produits chimiques dans les premiers mois de sa vie tout en étant mobile avec elle. Donc oui, j’ai des sensibilités écologiques car je me soucie de cette planète que nous avons en partage, et politiques y compris en tant que féministe panafricaine car je reconnais le travail réalisé par d’autres hommes et femmes africains ou de la diaspora pour que je puisse jouir des droits dont je jouis aujourd’hui.
Nous ne nous tairons pas Dibakana ! Et vous ne nous ferez pas taire !
Puis (in)certitudes ! À la fin de la lecture de cette nouvelle, j’avais des sentiments partagés. Je prends le parti de reposer mon vieux cœur en me rappelant vos propos page 79 : ce n’est que pure fiction.
Merci de nous avoir offert l’opportunité, à moi et à d’autres, de discuter de féminisme en terre africaine du Sénégal, et bien plus encore. Et comme vous l’auguriez dans votre prélude, oui, votre livre n’échappe pas à la polémique. J’attends avec impatience de lire votre réponse (si vous la jugez nécessaire).
CES «HOMMES DE DIEU» SOUS DES HABITS DE MALADES MENTAUX
On les appelle des fous ! Pourtant ce ne sont pas tous des fous ! Parmi ces déficients mentaux qui errent dans les rues, il y a des « hommes de Dieu ». Seulement on ne prend jamais le temps de les approcher, encore moins leur prêter attention ou oreille attentive pour, à travers de bonnes actions sincères et sérieuses, essayer de « réveiller » le pouvoir mystique qui sommeille en eux. Le Témoin a essayé de percer le secret.
Dans une vidéo qui circule sur la toile, l’acte est plus que louable. Il est à la limite fascinant. De bonnes gens portées volontaires sillonnent les rues de la capitale Kenyane pour recueillir des malades mentaux. Ils les ramassent de gré ou de force pour s’occuper d’eux. C’est une opération de retrait de personnes atteintes d’une déficience mentale. Comme des « aides-soignants », ils lavent le corps de ces malheureux, leur rasent la tête, coupent leurs ongles, changent leurs habits en haillons en leur mettant sur leur trente et-un avant de leur donner à boire et à manger. Après ces moments de « toilettage », ils deviennent des « humains ».
Une « bonne » douche qui leur fait se sentir dans leur peau. Du coup, on est fasciné par leur charisme. Ils participent également à la mise en place de leur traitement. On prend bien soin d’eux ! Pendant ce temps, ils errent encore tranquillement dans tout le Sénégal, notamment dans Dakar. Ici, personne ne s’occupe de ces créatures. Personne ne se sent réellement concerné de leur sort. Ils crèvent dans l’indifférence générale. Et vivent dans des conditions souvent épouvantables. Tant qu’ils ne dérangent personne, ils sont en liberté totale. On « s’occupe » de ces personnes qui ont perdu leurs facultés mentales que lorsqu’elles sont agitées ou agressives. C’est seulement pendant leurs moments d’agitation qu’on trouve les moyens de les enchainer dans des conditions souvent atroces. Si on ne les jette pas dans une cave. Pourtant, bon nombre de ces malades mentaux ont un raisonnement « humain ». Des « hommes de Dieu » qui ne parlent jamais. Et qui, malgré qu’ils soient en haillon, ne déambulent jamais nus. Jamais !
A l’image de cet homme chargé d’années. Il avance lentement. C’est un vieillard avec un début de paralysie qui fait trembloter ses membres supérieurs et inférieurs et ses gestes. Peiné, il s’appuie sur son bâton, un bonnet protégeant sa tête contre le soleil. De dessous ce bonnet, pend une maigre frange de cheveux blancs, sales et souillés. Une paire de lunettes protège ses yeux des rayons du soleil. Regard baissé sous cette paire de lunettes, ses yeux suivent le mouvement de ses pieds. Barbe touffue, tout emmêlée jusqu’au cou, les cheveux d’une blancheur de lait. Lesquels cheveux, couleur blanc de lait, témoignent d’une grande négligence et d’une grande misère. Taille svelte, un caftan impropre traîne de sa poitrine et de ses épaules. Ses bras et jambes décharnés, sa peau flétrie, témoignent de ses berges. Les cicatrices qui couvrent le ton noirci de son épiderme indiquent que depuis très longtemps, l’homme était exposé aux heurts de la nature et des évènements. Ses narines dilatées palpitent. Son ouïe parait subtile. Son oreille perce les sons les plus légers.
Arrivé à côté des deux voies de Liberté 6, chaussures poussiéreuses, il s’allonge sur toute sa longueur. Tout d’un coup, il se lève et se met debout. Il sent instinctivement que quelque chose va se produire . Quelques instants après, deux véhicules entrent en collision. Debout sur ses deux jambes, l’inconnu épie le danger. Et suit la scène. Les deux chauffards, l’un en face de l’autre, se chamaillent. Chacun prend son vis-à-vis en partie pour responsable de l’accident. Comme les choses se corsent et deviennent plus chaudes, il convient pour lui de laisser la route « libre ». Il s’écarte et se met de l’autre côté. Un peu loin du lieu où se passent les évènements. Et où des klaxons de voitures retentissent ! Il attend jusqu’à ce que ces chauffeurs indisciplinés « débloquent » la route, pour qu’il revienne occuper « sa loge » en secouant tristement la tête. Avant de « tendre la main » à des passants à qui il demande une charité. « Koumay sarakh 50 francs », répète-il sans cesse.
A la question de savoir ce qu’il ferait de cette pièce de 50 francs, il dit avec la plus grande précision. « Je veux juste une tasse de café. Une tasse de café. Pas plus ». L’apparence est souvent trompeuse, dit-on. Mais, avec cet homme, on se croit en face d’un grand intellectuel gagné par le poids de l’âge et de la fatigue. Intellectuel fatigué, il l’est ! L’homme a toujours rêvé d’être « quelqu’un » dans ce pays. Polyglotte, il parle l’anglais, le français, l’espagnol, l’italien, l’allemand et même le chinois. « Il a fait beaucoup de pays. Et a eu à travailler dans une grande entreprise de la place. Mais juste un an de fonction. C’était en 1992. Il venait de débarquer dans le pays en provenance de Paris. Nous sommes des camarades de promotion. Il était très brillant et ne sortait jamais des cinq premiers », a confié un ami d’enfance et de classe de l’homme. Qui nous a murmuré ceci à l’oreille. « Si tout allait comme il l’avait toujours souhaité, vous pourriez même faire son portrait comme homme modèle dans son domaine. Seulement il fait aujourd’hui face à un destin. Voilà.... Il ne jouit plus de ses facultés mentales. Un ancien cadre réduit à vivre dans la rue. Ce qu’il faut préciser c’est qu’il n’était pas complètement fou. Il s’agitait dès fois tout en tenant des propos lucides», a-t-il narré avec un pincement au cœur tout en faisant une confidence de taille. « C’est un homme de Dieu. Il ne rate jamais l’heure de la prière. Ça a toujours été comme ça. Quid à recevoir une sanction. Il nous disait toujours que Dieu a donné des heures précises. On doit toujours s’arranger et respecter cette recommandation divine. Quand il prédisait quelque chose sur quelqu’un, cela arrivait. Il a toujours été correct. On disait que c’était l’islamologue du groupe. Il peut rester parfois des mois loin de sa famille. Entre amis, on se dit, douggatina kheulwa », a tenté de caricaturer cet ami parlant du pouvoir mystique qu’il possède et des actes qu’il pose. « Surtout quand il tente de rappeler les gens à l’ordre, dit-il ».
Au marché Dior des Parcelles, à côté du Sélect de la grande essencerie installée sur les lieux, il reste toujours assis sur une chaise. Encombré de ses habits et d’autres éléments étrangers comme des cordes et autres bracelets, il croise ses deux jambes et observe les scènes. Il ne parle jamais. Comme quelqu’un qui n’a aucun besoin. Son regard frappe. Et a quelque chose de vraiment terrible. Les gens se « méfient » de cette créature. Du moins, ils ne disent jamais du mal de lui. Pour eux, « il a un pouvoir. C’est un homme de Dieu et personne ne doit mal se comporter envers lui », ont raconté de façon unanime des commerçants du marché. Ne devrait donc pas le prendre pour dire ? Que parmi les malades mentaux, y figure un lot de « fous corrects », des « hommes de Dieu ».
Oustaz Ibrahima Fall indique ceci. « Il y a des hommes de Dieu qui vivent comme un fou. On dit des fous qui s’habillent toujours correctement tout en étant sales, qu il faut faire attention à eux. Parfois ils parlent comme des hommes de Dieu. Ce qui fait que les gens se demandent s’ils sont réellement des fous. Ce qu’il faut retenir c’est qu’il en existe des hommes de Dieu parmi ces fous »
AFRIQUE DE L’OUEST, UN TERRITOIRE DE PLUS EN PLUS PRISE PAR LES TERRORISTES ISLAMISTES
Après leurs déconvenues dans plusieurs zones du monde où ils ont essayé par divers moyens de construire un état ou de capturer des otages ou de s’attaquer principalement aux intérêts des Occidentaux, les terroristes semblent trouver en Afrique de l’Ouest un terrain fertile, propice pour mener leurs actions de recrutement, d’organisation et la mise en œuvre de leur stratégie
En effet les djihadistes trouvent intérêt de s’y implanter avec facilité grâce aux avantages que leur offrent la nature avec de grands espaces faiblement peuplés et sécurisés, la situation socio-économique et politique fragile de la zone caractérisée par la pauvreté et l’instabilité politique dans la majorité des états. Tout s’est accéléré avec le démantèlement en 2011 de la Libye par les occidentaux, malgré l’opposition de l’uA, entrainant la prolifération des armes dans les pays limitrophes, facilitée par le retour de combattants fuyant les exactions des groupes armés aux intérêts divergents, qui se sont partagé le pays. Au paravent le théâtre du djihadiste était l’Afrique du Nord et la Mauritanie où des attentats avaient déjà eu lieu. Ce fut le tour du Nigeria et du Niger en 2011, du Mali à partir de 2012, du Cameroun en 2013, du Tchad en 2015, du Burkina Faso et de la Cote d’Ivoire en 2016. Aujourd’hui aucun pays de l’Afrique de l’Ouest abritant des ambassades, des organisations internationales, des entreprises multinationales d’origine occidentale n’est à l’abri de menace. Le Sénégal et la Guinée qui ont envoyé des contingents au Mali sous la bannière de l’ONu, sont particulièrement visés. Ainsi, depuis 2015, on assiste à une vague d’arrestations de terroristes en Guinée, Guinée Bissau et au Sénégal, un des pays les plus stables en Afrique de l’Ouest, dont la Justice vient d’en condamner une quinzaine qui étaient soupçonnés d’appartenir à une cellule djihadiste avec des ramifications en Gambie, en Guinée et en Guinée-Bissau, avec pour but d’établir un califat ouest-africain.
Le cerveau Matar Diokhané aurait ainsi rencontré Abubakar Shekau, chef du mouvement djihadiste nigérian Boko Haram et celui-ci lui aurait remis 12 000 euros afin de poursuivre le projet de califat. Il a écopée de 20ans de travaux forcés le 19 Juillet. La Guinée Bissau reste un pays où l’on peut facilement entrer et séjourner pendant longtemps sans être inquiété car le pays n’a pas les moyens de surveiller les personnes même si elles sont suspectées d’avoir des liens avec des terroristes. Le chef du gouvernement Aristide Gomes reconnait dans une interview du Washington Post que le pays devrait avoir une stratégie dans ce sens mais l’état est affaibli par sa fragilité sur le plan politique. Cependant les Etats africains s’organisent pour lutter contre ce fléau. C’est dans cette optique que le G5 Sahel, un cadre institutionnel de coopération regroupant cinq pays (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad), a été créé en 2014. Il a pour but de créer les conditions de sécurité et de développement de la zone sahélienne afin de faire face au défi terroriste et à la croissance démographique de la zone.
Appuyé par les américains et européens, il peine à jouer son rôle à cause du scepticisme, des réticences de la communauté internationale, des freins politiques dus à la guerre de leadership entre les pays membres et les déficiences opérationnelles du dispositif. Mais selon Pierre Lapaque, Chef du bureau Drogues et Crimes de l’ONu pour l’Afrique de l’Ouest, les interventions belliqueuses mèneront à l’explosion des menaces dans la sous-région car les djihadistes qui ont assailli le Mali depuis 2012 se sont dispersés dans d’autres régions et restent des ex-membres sympathisants que les groupes armés peuvent solliciter pour des actions. L’inquiétude face aux menaces terroristes en Afrique de l’Ouest d’ordre électorale et économique. Les politiciens évitent d’aborder le sujet de l’Islam radical car ils courtisent les voix des musulmans. Bakary Samb, le Directeur de l’institut Timbuktu et coordonnateur de l’observatoire sur le radicalisme religieux et les conflits en Afrique affirme que le Sénégal évite la lutte contre le terrorisme pour ne pas alarmer les touristes et investisseurs étrangers et les faire fuir. Le procès équitable des terroristes pourrait servir de leçon et contribuer à décourager les nouveaux aspirants en les empêchant de rejoindre les groupes djihadistes. Vincent Foucher, chercheur au Centre National pour la recherche scientifique de France, qui étudie le Sahel affirme que souvent les tortures et tueries extrajudiciaires poussent les gens à rejoindre le terrorisme. Pour cela le procès équitable sénégalais salué par tous les acteurs est à encourager.
LES JEUNES AFRO-ARABES «CLASHENT» PAPE GORGUI NDONG
Ils lui reprochent son absence lors du panel qu’ils organisaient hier sur la «Restauration des valeurs», animé par Bamba Ndiaye
La Fédération nationale des jeunes Afro-arabes (Fnjaas) est très remontée contre le ministre de la Jeunesse, Pape Gorgui Ndong. Ils lui reprochent son absence lors du panel qu’ils organisaient hier sur la «Restauration des valeurs», animé par Bamba Ndiaye. Bassirou Sow, coordonnateur national de la Fédération, s’en est pris à l’adjoint au sous-préfet de Dakar-Plateau qu’il a prié «de quitter gentiment» les lieux. Alors qu’il devait représenter l’autorité. «Avec tout le respect que je vous dois, je vous supplie de disposer si vous avez des choses à faire. C’est le ministre de la Jeunesse qu’on attendait pour venir présider la manifestation, mais pas l’adjoint au sous-préfet. Nous considérons cela comme un manque de considération à notre égard», a souligné avec force et conviction Bassirou Sow, poussant ainsi l’adjoint au sous-préfet de Dakar-Plateau à quitter les lieux.
Face aux journalistes, Bassirou Sow avait du mal à accepter la situation. «Nous sommes vraiment déçus par le ministre Gorgui Ndong. Un partenariat nous lie avec le ministre de la Jeunesse depuis trois ans, mais le ministre Pape Gorgui Ndong n’a respecté aucun des engagements pris à notre endroit. C’est au dernier moment qu’il m’a fait part de son indisponibilité pour prendre part à la manifestation. Il n’a aucune contrainte», s’indique M. Sow. Amer, il poursuit : «L’activité que nous menons aujourd’hui (hier) en est à sa 4e édition. Le ministre de la Jeunesse n’a donné aucun kopeck pour le budget relatif à l’organisation de l’évènement. Il a fui ses responsabilités. Nous n’avons pas l’argent pour convoyer nos 500 membres en provenance de l’intérieur du Sénégal. Nous demandons au président de la République de réagir. Nous n’avons pas encore payé la location des cars et de la salle du Grand Théâtre.» Il ajoute : «Le ministre Pape Gorgui Ndong se limite à donner un appui de 100 à 200 mille francs. Qu’est-ce qu’on va faire avec cette modique somme», s’étrangle de colère le coordonnateur national de la Fédération nationale des jeunes Afro-arabes qui a laissé entendre que le ministre de la Jeunesse «a foulé au pied les recommandations du président de la République disant que les jeunes Afro-arabes doivent être associés aux vacances citoyennes».
LE COURS MAGISTRAL DE MAÏMOUNA NDOYE SECK
Le ministre des Transports aériens a livré samedi, devant les auditeurs du Master en Droit économique, un cours magistral sur la régulation des marchés
C’est dans des habits de professeur que Maimouna Ndoye seck s’est présentée devant une assistance composée d’intellectuels, de consuméristes et d’étudiants pour animer une conférence sur le thème : «La régulation économique des marchés : Enjeux et portées». Le ministre des Transports Aériens a expliqué les raisons qui ont poussé certains Etats à installer des mécanismes de régulation, ses enjeux. Elle est également revenue sur les défaillances que peuvent rencontrer les régulateurs ainsi que les externalités
Le ministre des Transports aériens a livré samedi, devant les auditeurs du Master en Droit économique, un cours magistral sur la régulation des marchés. Pendant près d’une heure, Maimouna Ndoye Seck a expliqué les enjeux et la portée économique de la régulation des marchés au Sénégal. A ses yeux, «la régulation peut être définie comme un ensemble de méthodes et de moyens d’actions dont dispose un Etat ou une institution internationale, et qui ont pour objectif la régulation globale d’un Etat ou d’une société afin de permettre à une économie de tenir». Elle considère que les enjeux de la régulation sont économiques, sociaux et technologiques. «L’enjeu premier de la régulation est économique, car il faut que le régulateur puisse garantir à l’investisseur un bénéfice qui le pousse à continuer à évoluer dans un métier donné», explique Maimouna Ndoye Seck. L’enjeu est d’ordre social, explique la conférencière, parce que tout ce que l’Etat fait dans le domaine politique est au profit des populations. «Si ces dernières n’arrivent pas accéder à des biens et services, tout ce que les autorités font devient caduc, pour ne pas dire nul. «L’enjeu social est encore important quand on fait de la régulation», lance-t-elle.
A côté de l’économie et du social, la technologie constitue le troisième enjeu. Pour expliquer l’importance de cet enjeu, Maimouna Ndoye Seck se fonde sur les prix des biens et services. «Si le prix n’est pas à un niveau suffisant pour que les investissements soient renouvelés, on perd des possibilités dans le domaine de l’innovation et de la technologie. «Il est important dans la formulation d’un prix qu’on tienne compte également du besoin de renouvellement des secteurs surtout ceux qui avancent très vite comme les télécommunications et autres dans lesquels on peut investir et se retrouver dans une situation où les produits seront dépassés en peu de temps», renseigne Mme Seck. Quand un marché présente des risques de distorsion, indique-telle, il faut impérativement un régulateur.
DUMPING, SITUATION DE PENURIE
«Il y avait des moyens d’investir dans des secteurs publics. Alors que les ressources financières ont commencé à se tarir, les Etats ont fait appel à des investisseurs privés pour prendre la gestion des services publics», dit-elle. Maimouna Ndoye Seck se rappelle que c’est à ce moment précis que des dérives ont commencé à être notées. C’est sont ces dernières qui ont poussé les autorités à mettre en place des mécanismes de régulation. Selon le ministre des Transports aériens, la régulation peut aussi connaître des défaillances. Elle cite l’exemple des vendeurs qui achètent des produits tels que l’oignon ou les pommes de terres et les mettent en stock afin de créer une situation de pénurie. Le dumping, selon elle, fait aussi partie des défaillances. C’est le cas de gens assez puissants qui mettent leurs prix à des niveaux inférieurs au prix de revient afin de renverser ceux qui n’ont pas les reins solides. «C’est de cette manière qu’ils vont faire appliquer leurs prix pour devenir seuls et occuper l’espace», ditelle. Par ailleurs, Maimouna Ndoye Seck estime que la fabrication de voitures Diesel peut être considérée comme une défaillance de la régulation. «Car, cela crée de la pollution. Il en est de même pour l’autorisation donnée aux charrettes de circuler. Elles créent un encombrement, même si elles règlent plusieurs problèmes», soutient le ministre des Transports Aériens.
Sur le site de la Médiature de la République du Sénégal, il est posté que, conscients de son utilité dans le renforcement de l’État de droit, à l’image des pays anglo-saxons puis scandinaves en 1960, (c’est la Suède en 1809 face au despotisme du Roi, qui a institué en premier un Ombudsman dont le rôle était de contrôler l’Administration) en Europe, et à la suite des pays anglophones d’Afrique, le gouvernement sénégalais a décidé d’instituer un médiateur de la République en 1991. C’est dans le cadre du programme de modernisation de l’État, dans un souci de veiller au bon fonctionnement de l’Administration. Le médiateur, appelé aussi «Ombudsman» ou défenseur des droits autre part, est un entremetteur. En d’autres termes, c’est quelqu’un qui permet de mettre en accord (faciliter le dialogue entre) deux ou plusieurs parties ayant un différend afin de trouver une solution à l’amiable.
En effet, la protection des citoyens/usagers du Service Public étant longtemps confiée aux recours juridictionnels nationaux jugés inaccessibles et peu efficaces par les usagers, l’institution du médiateur a été créée par une loi n°91-14 du 11 février 1991 chargée d’améliorer les relations des citoyens avec l’Administration. Cette loi a été abrogée et remplacée plus tard par une loi n°99-04 du 29 janvier 1999 dotant le médiateur d’un statut lui permettant d’exercer sa mission dans de meilleures conditions. Ainsi, cette loi de 1999 dans son article 2, a doté le médiateur de la République, d’une «mission générale de contribution de l’environnement institutionnel et économique de l’entreprise, notamment dans ses relations avec les administrations publiques ou les organismes investis d’une mission de service public».
Entre autres, il a une mission d’apaisement du climat social et aussi un rôle de promotion de droits de l’Homme. A ce propos, les Nations Unies le considèrent comme un instrument de protection des droits de l’homme. C’est à ce titre que le médiateur de la République est partenaire de nombreuses institutions de promotions de droits de l’homme (membre du Comité Sénégalais des droits de l’homme,...)
SON INDEPENDANCE RENFORCEE ET SA REVOCATION QUASI-IMPOSSIBLE
Le médiateur de la République a été créé dans le but de recevoir les «réclamations concernant le fonctionnement des administrations de l’État, des Collectivités locales, Établissement Publics et tout autre organisme investi d’une mission de service public» (article 1er de la loi n° 99-04 du 29 Janvier 1999 abrogeant et remplaçant la loi n°91-14 du 11 février 1991 chargée d’améliorer les relations des citoyens avec l’administration).
Dans le cadre sa mission, son indépendance s’est aussi vue renforcée par cette même loi qui rend sa révocation quasi-impossible. En effet, le médiateur de la République, qui est nommé pour une période de six (6) ans non renouvelable, ne peut être révoqué avant l’expiration de son mandat, qu’en cas d’empêchement constaté. La loi de 1991 prévoyait que ce constat devait être fait par le président de la Cour Suprême. Dans la loi de 1999, le constat doit être fait par un collège présidé par le président du Conseil constitutionnel et comprenant en outre, le président du Conseil d’État et le Premier président de la Cour de Cassation, saisi à cet effet, par le président de la République (art. 5 de la loi 1999).
LES POUVOIRS… D’ABC
En outre, cette même loi de 1999 lui confère un pouvoir d’auto-saisine (article 9 de la loi de 1999). Ce pouvoir est souvent utilisé dans les situations de crises pouvant aboutir ou ayant abouti à l’interruption du Service public. Ainsi, aux termes de l’article 9, «s’il l’estime utile, le médiateur de la République, peut également entreprendre, de sa propre initiative toute démarche entrant dans le cadre de sa mission. Il en tient le président de la République informé». Il renforce ainsi, son indépendance et son autonomie dans le cadre de sa mission.
Le médiateur dispose aussi d’autres pouvoirs. Il a un pouvoir de recommandations (dans la recherche de l’esprit des lois dans l’application des textes par les services publics, la recherche d’équité, art. 4); un pouvoir de proposition (modification de textes législatifs et réglementaires, art. 11). Il est doté aussi d’un pouvoir de suggestion, à l’autorité compétente d’engager des sanctions disciplinaire, ou saisir la juridiction répressive compétente, à l’encontre d’un agent manquement grave à ces obligations professionnelles (art. 14); d’un pouvoir de mener une enquête ou investigation pour l’étude de réclamation ou de dossier. L’article 16 al. 1 instruit les ministres et toutes autorités publiques à faciliter la tâche du médiateur de la République. Les alinéas 2 et 3 de l’article 16 et l’article 17 détaillent cette facilitation au médiateur, à qui le caractère secret ou confidentiel des pièces de ne peut opposer. La seule limite est dans le cadre du secret dans l’instruction judiciaire, défense nationale, la sureté de l’État et la politique étrangère, informe la source.
PAR MAME BIRAME WATHIE
LE "NDIGUËL" DES MORTS
Les morts que la République honore, Macky les choisit en fonction de ses intentions politiques - Ceux qui s’attendaient à entendre deux mots de lui après le rappel à Dieu de Mamadou Diop, ancien maire de Dakar, se sont rendus à l’évidence
L’actualité politique de ces deux dernières semaines aurait dû essentiellement tourner autour de l’officialisation de l’évincement de Khalifa Sall. De l’illégitimité du décret qui a relevé ce dernier de ses fonctions électives, à la désignation de son remplaçant, ce samedi, en passant par l’empressement à convoquer le conseil municipal de Dakar, la presse avait suffisamment matière à disserter. Mais, c’était sans compter sur le leader de l’APR qui s’est encore servi d’un mort pour, avec la bénédiction des média, asséner un coup politique.
Bruno Diatta a eu droit à un hommage étatique. La République s’est arrêtée, les institutions se sont inclinées, l’armée nationale s’est déployée, la fanfare a raisonné, l’hymne national a retenti et Macky Sall a lu l’oraison funèbre sous le regard bienveillant des journalistes. Pourtant, à part que c’est avec lui que s’est éteint celui qui a directement servi quatre présidents de la République, le chef de l’Etat n’a rien indiqué qui puisse justifier un tel engouement, autant d’égards. Car, à part cette caractéristique, certes rare, mais dont pouvait se targuer feu Djibo Leyti Kâ, il n’y a rien qui atteste que l’illustre disparu mérite plus les honneurs de la Nation que les Khalifes généraux rappelés récemment à Dieu. Et la question de qui mérite un Hommage national se pose forcément. Dire que c’est parce qu’il a rendu l’âme en plein exercice de ses fonctions ouvrirait la boite de pandore et, de nombreuses familles dont les fils sont morts en portant le drapeau national pourraient se faire entendre. Il n’est pas question de dénier à Bruno Diatta le professionnalisme que, à part Abdou Diouf qui a pourtant fait plus de temps avec lui que Me Wade et Macky Sall réunis, tous les hommes politiques ont chanté. Le défunt chef du Protocole de la présidence mérite sans doute que l’hymne national retentisse pour lui rendre hommage mais l’envergure que la cérémonie a prise, Macky Sall l’a décidée pour également se soustraire des cris de « au vol et au viol » que ses derniers actes ont suscités. Car, au-delà des considérations protocolaires (sic) qui montrent aussi qu’il n’a rien fait pour que cela soit un hommage national, les opposants et les guides religieux qui n’ont pas été snobés, ont reçu leur carton d’invitation pendant que la cérémonie se déroulait, sa relation avec les morts témoigne qu’il est souvent dans la manœuvre. Les morts que la République honore, il les choisit en fonction de ses intentions politiques.
Ceux qui s’attendaient à entendre deux mots de Macky Sall après le rappel à Dieu de Mamadou Diop, ancien maire de Dakar, se sont rendus à l’évidence. Le témoignage au tribunal en faveur de Khalifa Sall, a totalement sorti l’illustre disparu des registres de l’Etat qui n’a pas senti la disparition d’un de ses serviteurs pendant plus d’une vingtaine d’années. S’il n’a pas pu manquer les levées du corps de feu Djibo Leyti Kâ, décédé en étant à la tête de la Commission du dialogue des territoires (CNDT) et de Cheikh Mbengue rappelé à Dieu alors qu’il était directeur général de l’Agence de la couverture maladie universelle (CMU), personne n’a entendu Macky Sall s’épancher sur leur mémoire. Tout comme il n’a pas jugé utile de se rendre à Mbour après le drame du stade Demba Diop encore moins à Ziguinchor après la tuerie de Boffa. Mais quand Me Ousmane Ngom a perdu son frère ; Samuel Sarr, sa mère ; Oumou Salamata Tall, son fils, le président Sall, lui-même, s’est déplacé pour, disait-il, présenter les condoléances de la Nation. Et, à chaque fois, il ne quittait la cérémonie funéraire qu’après avoir tendu la main à un futur transhumant.
En décrétant qu’un hommage national allait être rendu à Bruno Diatta, le président Sall donne du grain à moudre aux journalistes moins préoccupés à relayer les complaintes des partisans de Khalifa Sall qui ne sont pas suffisamment insurgés contre le décret présidentiel relevant leur mentor de ses fonctions de maire de Dakar et de l’empressement à lui trouver un remplaçant. Comme anesthésiés, aussi impuissants que Khalifa Sall derrière les barreaux, les partisans de celui que Macky Sall a donné le nom d’ex maire de Dakar se sont pliés et ont avalisé la décision dès lors qu’ils se sont préparés à élire un autre maire. Ce que l’ancien Premier ministre, Aminata Touré, envoyé au casse-pipe pour évincer Khalifa Sall, n’a pu réussir, une simple signature de Macky Sall l’a fait. La volonté des Dakarois, c’est comme l’espoir de ceux qui attendaient que le leader de l’APR gouverne dans la sobriété et la virtuosité. Le leader de l’APR n’en a rien à faire. Les manœuvres qui ont abouti à l’éclatement de la coalition Taxawu Dakar dont trois candidats issus de ses flancs se sont présentés pour remplacer Khalifa Sall, la presse n’en a presque pas fait état. Sans tambour ni trompette, Macky a torpillé un choix populaire issu des urnes.
Pour ces deux semaines, tout a été pour Bruno Diatta. Sauf que, dans l’engouement général, personne ne se demande pourquoi à son âge, 69 ans, au lieu d’aller se reposer comme tout bon fonctionnaire après une carrière bien remplie, il continuait à suivre Macky SALL dont l’avion est plus mobile qu’un pigeon voyageur ?