SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
6 mai 2025
Société
LE BOULEVARD GÉNÉRAL DE GAULLE REBAPTISÉ EN HOMMAGE À MAMADOU DIA
Cette décision marque la réhabilitation officielle d'une figure fondamentale de l'indépendance sénégalaise, longtemps marginalisée dans la mémoire nationale
À l’occasion de la célébration de la fête de l’Indépendance, le président de la République a pris une décision historique : rebaptiser le Boulevard Général De Gaulle en Boulevard Mamadou Dia. Ce choix symbolique marque une reconnaissance nationale envers l’un des principaux artisans de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.
Ce geste, qui inscrit davantage Mamadou Dia dans la mémoire collective, revêt une signification particulière. Anciennement appelé Allées Coursins, cet axe emblématique de Dakar fut le théâtre du deuxième défilé de l’Indépendance le 4 avril 1962, une initiative prise par Mamadou Dia lui-même alors qu’il occupait la fonction de Président du Conseil.
Homme d’État visionnaire, Mamadou Dia a joué un rôle central dans le processus qui a mené à l’indépendance du Sénégal. Il fut, avec son homologue malien Modibo Keïta, cosignataire des accords de Transfert de compétences du 4 avril 1960 avec le Président français Charles De Gaulle. Ces accords ont marqué la naissance de la Fédération du Mali, première tentative d’union entre le Sénégal et le Soudan français (actuel Mali).
Cependant, l’éclatement de cette fédération en août 1960 marqua une rupture politique entre Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor, aboutissant quelques années plus tard à son éviction du pouvoir et à son incarcération en 1962. Malgré ces épreuves, son engagement en faveur d’un développement économique et social axé sur l’autosuffisance et la souveraineté reste une référence dans l’histoire politique du Sénégal.
En donnant le nom de Mamadou Dia à cet axe majeur de la capitale, l’État sénégalais réhabilite une figure essentielle du nationalisme sénégalais et panafricain. Ce geste s’inscrit dans une dynamique de valorisation des pères fondateurs de l’Indépendance et de transmission de l’histoire aux générations futures.
Dakar, ville chargée d’histoire, voit ainsi l’un de ses plus prestigieux boulevards porter le nom d’un homme dont la contribution à la construction du Sénégal moderne est indéniable. Ce changement intervient à un moment où le pays aspire à réaffirmer son identité et à reconnaître l’héritage de ceux qui ont œuvré pour sa souveraineté.
En ce 4 avril, jour de fête et de mémoire, le nom de Mamadou Dia reprend toute sa place dans l’espace public sénégalais, rappelant son combat pour un Sénégal fort et indépendant.
VIDEO
MARIE ANGÉLIQUE SELBÉ DIOUF RÉCLAME L'EXTRADITION DE MACKY SALL
Pour la parlementaire proche du Pastef, l'ancien président, qu'elle qualifie de "commanditaire", doit rendre des comptes à la justice sénégalaise pour les exactions présumées commises sous son régime
La séance plénière consacrée à l’examen du projet de loi portant interprétation de la loi d’amnistie a été marquée par une intervention particulièrement virulente de la députée Marie Angélique Selbé Diouf.
Dans un discours, la parlementaire a vivement interpellé les élus de l’opposition, les exhortant à reconnaître leurs responsabilités passées. « Capitulez, faites amende honorable parce que vous n’avez pas droit à la parole. C’est pourquoi vous êtes derrière aujourd’hui en écoutant ceux qui représentent le peuple vous rappeler vos actes », a-t-elle lancé, ajoutant : « Venez ici et ayez le courage et l’humilité de demander pardon aux Sénégalais. »
Poursuivant son intervention, Mme Diouf a accusé l’opposition d’avoir plongé le pays dans une décennie sombre, marquée selon elle par « l’immunité, les tortures et les massacres ». Elle a appelé à l’établissement de la justice, en ciblant directement l’ancien président Macky Sall, actuellement en séjour au Maroc. « Monsieur le Ministre de la Justice, il faut commencer par le commanditaire Macky Sall qui s’est terré au Maroc. Il ne devait même pas quitter le pays. Allez le prendre », a-t-elle lancé, interpellant le Garde des Sceaux.
La députée, proche du parti Pastef, a également critiqué avec sévérité la ministre de la Justice, Aissata Tall Sall. Étonnée par son positionnement, elle s’est interrogée sur les valeurs défendues par cette dernière. « Comment une mère, un juriste, avocate, ministre de la Justice peut-elle descendre aussi bas ? », a-t-elle déclaré avec indignation.
Cette sortie musclée de Marie Angélique Selbé Diouf illustre la tension politique toujours palpable au sein de l’hémicycle, dans un contexte post-électoral où la question de la justice transitionnelle demeure au cœur des débats.
LA NOUVELLE DOCTRINE DE TRUMP FRAPPE L'AFRIQUE DE PLEIN FOUET
Plusieurs pays africains se retrouvent piégés dans un arsenal de tarifs douaniers punitifs. Le Lesotho et Madagascar, avec des taux respectifs de 50% et 47%, figurent parmi les nations les plus lourdement taxées au monde
(SenePlus) - Donald Trump a instauré ce mercredi 2 avril 2025, un régime tarifaire fondamentalement nouveau, imposant un tarif de base de 10% sur toutes les marchandises importées aux États-Unis, quelle que soit leur provenance. Cette mesure de base est complétée par des "tarifs réciproques" plus élevés pour environ 60 pays que l'administration Trump considère comme traitant injustement les États-Unis.
Selon une clarification ultérieure de la Maison Blanche rapportée par le New York Times, les pourcentages présentés dans les tableaux incluent à la fois le tarif de base de 10% et le tarif réciproque additionnel. Par exemple, l'Union européenne fera face à un tarif total de 20%, composé du tarif de base de 10% plus un tarif réciproque de 10%. Pour la Chine, le tarif total de 34% comprend le tarif de base de 10% plus un tarif réciproque de 24%.
Ces tarifs réciproques, entrés en vigueur le 9 avril, sont calculés selon une formule spécifique : l'administration prend le taux tarifaire global qu'elle estime être appliqué par chaque pays (incluant les barrières non tarifaires comme la manipulation monétaire), puis applique la moitié de ce taux sur tous les produits importés de ce pays.
Seuls le Canada et le Mexique sont exemptés de ces nouvelles mesures pour le moment, bien qu'ils soient encore soumis à des tarifs antérieurs de 25%.
Le New York Times souligne que la majorité des nations visées par ces tarifs réciproques sont des économies pauvres et en développement. Le document de huit pages distribué aux journalistes par l'administration révèle que certaines des nations les plus pauvres du monde - comme le Soudan du Sud, le Burundi et la République centrafricaine - ainsi que des pays en pleine guerre, notamment le Soudan, figurent sur cette liste.
Dans ce nouveau contexte commercial, plusieurs pays africains se retrouvent particulièrement affectés:
Le Lesotho fait face à l'un des taux les plus élevés au monde avec un tarif réciproque de 50%, résultant de l'estimation par l'administration Trump que ce pays applique l'équivalent de 99% de tarifs et autres barrières commerciales contre les États-Unis.
Madagascar suit de près avec des tarifs américains de 47%, en réponse aux 93% de barrières estimées. Ces chiffres placent ces deux pays parmi les plus pénalisés globalement, aux côtés de Saint-Pierre-et-Miquelon (50%) et du Laos (48%).
D'autres pays africains font également face à des tarifs réciproques substantiels:
Myanmar (Birmanie): 44% en réponse à des barrières estimées à 88%
Sri Lanka: également 44% pour le même niveau de barrières
Mauritanie: 40% contre des barrières évaluées à 80%
Falkland Islands: 41% suite à une estimation de 82% de barrières
Syrie: 41% en réponse à 81% de barrières estimées
Iraq: 39% contre 78% de barrières
En revanche, de nombreux pays africains maintiennent des relations commerciales plus équilibrées avec les États-Unis et ne feront face qu'au tarif de base de 10%:
De nombreux petits États insulaires africains sont également dans cette catégorie
Comme le rapporte le New York Times, ces mesures tarifaires ont stupéfié de nombreux observateurs par leur ampleur. Bien que des tarifs élevés étaient attendus, le niveau annoncé dépasse les prévisions. Ces mesures vont probablement forcer certaines productions à revenir aux États-Unis, mais également augmenter les coûts pour les consommateurs et fabricants américains, tout en déclenchant des guerres commerciales sur de multiples fronts.
L'administration Trump a également présenté un plan permettant aux Américains de déduire les paiements d'intérêts sur les prêts automobiles de leurs impôts, mais uniquement si la voiture est fabriquée aux États-Unis. Cette mesure est présentée comme une compensation pour les prix plus élevés des automobiles résultant des tarifs, bien qu'il ne soit pas clair combien d'Américains pourront réellement bénéficier de cette déduction fiscale, de nombreux Américains à faible revenu ne payant déjà pas beaucoup d'impôts sur le revenu.
Cette nouvelle structure tarifaire risque d'exacerber les difficultés économiques de certains pays africains déjà fragiles. Les experts en commerce international soulignent que ces mesures pourraient entraver les efforts de diversification économique du continent et compromettre les tentatives d'amélioration des infrastructures commerciales.
Selon certains analystes, la méthode de calcul des "autres formes de tricherie" par l'administration Trump, notamment la manipulation monétaire et les autres barrières commerciales, est particulièrement problématique pour les économies africaines. Ces pays disposent souvent de moins de ressources pour contester ces évaluations dans les forums internationaux comme l'Organisation mondiale du commerce.
Les pays comme le Lesotho, dont l'économie dépend fortement des exportations textiles vers les États-Unis, pourraient être particulièrement vulnérables à ces nouvelles mesures. Madagascar, avec son secteur émergent d'exportation de vanille et d'autres produits agricoles, pourrait également voir ses perspectives de croissance considérablement réduites.
Il est particulièrement préoccupant, comme le souligne le New York Times, que des pays parmi les plus pauvres du monde ou en proie à des conflits armés figurent sur cette liste, ce qui pourrait aggraver des situations humanitaires déjà précaires.
DAKAR DEM DIK DÉVOILE SA NOUVELLE IDENTITÉ VISUELLE
Avec un design épuré, des couleurs vibrantes et une digitalisation accrue, cette transformation vise à améliorer l’expérience des usagers et à renforcer l’engagement de la société de transport envers un service public plus accessible et performant.
Dans le souci de moderniser le transport public tout en restant ancré dans le patrimoine national, Dakar Dem Dik vient de dévoiler sa nouvelle identité, à la veille de la célébration du 65e anniversaire de l’indépendance du Sénégal.
Avec des couleurs nationales vibrantes et des bus en blanc pur, cette identité, dévoilée en octobre 2024 aux États généraux du transport et à la FIDAK 2024, a été approuvée par 90 % des Sénégalais, suite à un sondage réalisé en décembre 2024, indique le communiqué dont nous avons reçu copie. « Le nouveau logotype, épuré et dynamique, symbolise la connexion qui nous unit, la mobilité qui nous anime et notre élan vers la digitalisation », ajoute le document.
Au-delà des images et des couleurs, cette nouvelle identité renferme des ambitions de titan. « Notre slogan changera et véhiculera mieux notre nouveau positionnement dans le domaine du transport public. Cette nouvelle signature institutionnelle « Encore plus proche de vous » traduit notre engagement collectif à replacer l’usager au centre de nos préoccupations et de nos actions quotidiennes », a rappelé la source.
Cette promesse renouvelée, ajoute-t-elle, exprime notre détermination à améliorer l’expérience de transport de tous les Sénégalais et grâce à la digitalisation, offrir un service plus accessible et efficace. Par ailleurs, cette identité s’accompagne d’une évolution numérique avec la montée en puissance du centre de contacts et d’appels, le système de réservation simplifiée et la prochaine mise en ligne de la nouvelle version de l’application Dem Dikk pour une expérience améliorée.
OUSMANE SONKO, UN AN APRÈS
Le chef de Pastef fête son premier anniversaire à la primature en gardant la posture combative qui l'a propulsé au pouvoir. Portrait d'un Premier ministre clivant, entre accusations d'autoritarisme et dévotion quasi-religieuse de ses partisans
(SenePlus) - Cela fait tout juste un an qu'Ousmane Sonko occupe le poste de Premier ministre du Sénégal. Selon Jeune Afrique, qui dresse son portrait à l'occasion de cet anniversaire, l'ancien opposant n'a rien perdu de son intransigeance et continue de former "un duo efficace" avec le président Bassirou Diomaye Faye.
Le 24 mars 2024 restera gravé dans l'histoire politique du Sénégal. Ce soir-là, comme le rapporte Jeune Afrique, Ousmane Sonko découvre sur l'écran de son ordinateur que son protégé Bassirou Diomaye Faye vient d'être élu président de la République. "Bon. C'est plié", lâche-t-il simplement avant de l'appeler pour le féliciter.
Le magazine nous plonge dans l'atmosphère de cette soirée historique : "Rentré de Ziguinchor, où il a voté, Ousmane Sonko n'a pas encore rejoint le QG de la coalition 'Diomaye président', à l'hôtel Azalaï. C'est depuis son domicile de Keur Gorgui qu'il apprend la nouvelle." Malgré l'euphorie ambiante, l'ambiance est teintée d'une certaine gravité. Un proche confie au journal : "C'est difficile d'extérioriser cette joie. Comme lorsqu'on franchit la ligne d'arrivée après une longue course. Le bonheur de la victoire est atténué par la douleur et l'épuisement. Beaucoup de gens sont morts avant d'en arriver là."
Dix jours plus tard, Bassirou Diomaye Faye prend ses fonctions et nomme immédiatement Ousmane Sonko Premier ministre. "Ce sera la toute première décision du nouveau président, mais elle a été actée entre les deux hommes bien avant leur victoire", précise JA.
Un an après, le Premier ministre a imposé son style à la tête du gouvernement. D'après le magazine, "dans un pays autrefois marqué par l'hyper-présidentialisme, le chef des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) n'est pas venu faire de la figuration."
Son bureau situé "au neuvième étage du building administratif Mamadou Dia, situé en face du palais présidentiel", est toujours le dernier éclairé tard dans la nuit. Jeune Afrique décrit un chef de gouvernement qui centralise tous les dossiers : "Au sein du gouvernement, tout passe par lui. Tous les audits, lancés depuis avril 2024 arrivent sur son bureau. Idem pour les projets prioritaires des ministères, dont les budgets sont systématiquement réévalués à la primature par une task force dédiée."
Sonko a également imposé une politique de rigueur dans l'administration. "Dans les ministères et dans l'administration, le Premier ministre veut aussi une rationalisation des dépenses : véhicules, carburants, avantages...", rapporte le journal, qui cite l'un de ses conseillers : "On parle de rationalisation, mais à la primature, c'est l'austérité." Cette politique se traduit concrètement : "Ousmane Sonko n'hésite pas à annuler les déplacements de ministres lorsqu'il les juge superflus, et à limiter la taille des délégations à 3 ou 4 personnes."
Si le tandem Sonko-Diomaye continue de fonctionner harmonieusement, c'est grâce à une répartition des rôles bien établie. Selon Jeune Afrique, Ousmane Sonko est "omniprésent sur la scène nationale" et "de toutes les batailles", qu'il s'agisse de "fustiger la présence militaire française dans le pays" ou d'"accuser l'administration précédente d'avoir maquillé les comptes publics et dissimulé une dette de 7 milliards de dollars."
"D'une actualité à l'autre, c'est lui qui prend les coups et la lumière des projecteurs", observe le magazine, qui cite Ousmane Barro, conseiller spécial du président : "Jamais un Premier ministre n'a mis un président de la République aussi à l'aise."
Cette complémentarité n'empêche pas Ousmane Sonko de conserver son caractère bien trempé. Jeune Afrique rapporte que "là où ses adversaires et certains observateurs le disent 'têtu', 'immature', 'incapable d'écouter ses conseillers', ses proches décrivent un Premier ministre 'fonceur', voire 'bagarreur'." Il reste "tranchant" selon ses proches, "même avec nous !", précise un cadre du Pastef. Pour le conseiller du président, "il est comme ça, on ne va pas le changer", tandis qu'Ayib Daffé, président du groupe parlementaire Pastef, défend : "Ce n'est pas parce qu'il est devenu Premier ministre qu'il doit s'embourgeoiser ou diluer son discours."
Derrière cette première année marquée par les audits et la dénonciation de la gestion précédente, Ousmane Sonko doit désormais faire face à d'importants défis économiques. Dans ce contexte difficile, le magazine observe que "la multiplication des audits a rendu les investisseurs frileux et ralenti l'économie." Un constat partagé par l'opposition, notamment par le député Thierno Alassane Sall, qui déclare à Jeune Afrique : "Vu l'euphorie qui a suivi leur élection, ils auraient dû adopter ces mesures dès le début. Les Sénégalais auraient pu y adhérer. À présent, il est trop tard. Ils sont devenus otages de leur démagogie."
Mais comme le souligne Jeune Afrique, "accuser l'ancien chef de l'État ne suffit plus : il faudra désormais que le Premier ministre prouve aux Sénégalais que la souveraineté nationale et la transparence, dont il a fait la colonne vertébrale de son programme, peuvent leur permettre de vivre mieux."
Malgré ces défis, l'entourage du Premier ministre reste confiant. Ousmane Barro, conseiller du président, confie : "Il y a encore beaucoup d'audits en cours. Quand ce sera terminé, on aura une idée de l'ampleur du problème. Le Sénégal a créé des riches sans pour autant créer de la richesse. Nous voulons mettre fin à cette économie de rente et au banditisme d'État."
Et pour expliquer la popularité intacte d'Ousmane Sonko auprès de ses partisans, un proche livre à Jeune Afrique cette confidence révélatrice : "Les gens pensent qu'on est des fanatiques, parce qu'ils ne comprennent pas : il n'est pas un leader politique comme les autres. Ce qu'il fait, ce n'est pas pour le pays, c'est un acte de dévotion envers Dieu. C'est pour ça que ses partisans l'appellent Mou sell mi [le saint, en wolof]."
VIDEO
ABDOU MBOW ACCUSE PASTEF D'ILLÉGALITÉ
Le député de l'opposition s'est insurgé ce mercredi contre la proposition d'Amadou Ba, invoquant une double illégitimité : celle d'un député cherchant à interpréter une loi qu'il n'a pas votée et utilisant un amendement comme contre-projet
Ce mercredi 2 avril, le député Abdou Mbow a vivement critiqué la proposition de loi interprétative de l'amnistie présentée par Amadou Ba du Pastef lors d'une séance plénière à l'Assemblée nationale.
Invoquant l'article 74 du règlement intérieur, Mbow a demandé l'ajournement du débat, estimant que son collègue n'avait pas la légitimité nécessaire pour interpréter une loi qu'il n'avait pas votée. "Quand on n'est pas législateur, on ne peut pas interpréter une loi qu'on n'a pas votée", a-t-il déclaré.
Le député a également dénoncé ce qu'il considère comme une manœuvre politique, affirmant que la proposition d'amendement présentée par Amadou Ba constitue en réalité un contre-projet illégal. Selon lui, cette initiative ne viserait qu'à "bloquer l'initiative du député Thierno Alassane Sall".
Ancien président de groupe lors du vote de la loi d'amnistie initiale, Abdou Mbow a rappelé que celle-ci avait été conçue dans un esprit d'apaisement politique, défiant le président de groupe actuel de prouver le contraire.
La tension est palpable dans l'hémicycle, où les débats promettent de se poursuivre toute la journée sur cette question controversée.
VIDEO
THIERNO ALASSANE SALL MET PASTEF FACE À SES CONTRADICTIONS
Le leader de la République des Valeurs qualifie la proposition de loi interprétative de l'amnistie de "camouflage juridique honteux", estimant qu'elle "protège ouvertement des criminels au détriment de leurs victimes"
Dans une intervention remarquée ce mercredi 2 avril à l'Assemblée nationale, le député Thierno Alassane Sall a vivement critiqué la majorité présidentielle lors de l'examen en plénière de la proposition de loi interprétative de l'amnistie.
L'ancien ministre a dénoncé ce qu'il considère comme des manœuvres orchestrées par le parti au pouvoir pour contrer sa propre proposition de loi déposée le 18 février dernier. Selon lui, les réactions de Pastef ont "frisé l'hystérie", allant jusqu'à tenter de lui nier le droit de déposer une telle proposition.
"Le régime Pastef a opté pour ce qu'il croit être de la ruse bien cousue mais qui n'est rien d'autre qu'un flagrant coup de force parlementaire", a déclaré Thierno Alassane Sall, accusant la majorité d'avoir "usé de la loi du plus grand nombre" pour rejeter sa proposition sous le "prétexte fallacieux d'une aggravation des charges financières".
Pour le député, cette manœuvre ne visait qu'à permettre au parti présidentiel "d'aménager la loi d'amnistie à sa convenance", l'abrogation totale étant selon lui "inacceptable pour le régime actuel dont les chefs ont négocié les termes de l'amnistie".
Particulièrement virulent, le leader de la République des Valeurs a qualifié la proposition de Pastef de "camouflage juridique honteux" et de "monstruosité juridique", estimant qu'elle "protège ouvertement des criminels au détriment de leurs victimes" sous couvert d'exercice de libertés publiques.
Le député a également rappelé que pendant un an, "Pastef, ses juristes sans frontières, son gouvernement promettaient d'abroger la loi d'amnistie sans jamais avoir commencé à y réfléchir", pointant les incohérences et la précipitation du parti au pouvoir sur ce dossier sensible.
DAKAR SOUS HAUTE SURVEILLANCE
Les forces de l'ordre ont mis en place un dispositif sécuritaire massif autour de l'Assemblée et dans le centre-ville de la capitale ce mercredi, alors que des manifestations étaient prévues contre la proposition de loi interprétative de l'amnistie
La police a déployé un imposant dispositif sécuritaire aux alentours de l’Assemblée nationale et sur les principales artères du centre-ville de Dakar alors que des appels à manifester ont été lancés ce mercredi pour protester contre le vote d’une loi portant interprétation de la loi d’amnistie des faits ayant trait aux manifestations politiques qui avaient secoué le pays entre 2021 et 2024, a constaté l’APS.
Les policiers ont quadrillé toutes les voies menant à la place Soweto, siège de l’Assemblée nationale. Les entrées et sorties sont minutieusement filtrées.
Le même décor est noté sur le boulevard de la République, à la place de l’Indépendance, sur l’avenue Georges Pompidou et aux alentours du marché Sandaga..
Un calme plat règne sur les différents endroits visités par l’APS.
La proposition de loi porté par le député Amadou Ba n°2, membre du groupe parlementaire du parti au pouvoir PASTEF, vise à “clarifier le champ d’application de la loi d’amnistie pour y exclure notamment toutes les infractions criminelles ou correctionnelles qui seront qualifiées de tortures, d’actes de barbarie, de meurtre, d’assassinat, de disparition forcée de personnes et d’utilisation de nervis armés”, a précisé le groupe PASTEF lors d’une conférence de presse.
Selon l’auteur de cette proposition de loi, “tous les auteurs d’actes d’assassinat, d’actes de tortures et de meurtres, quel que soit le bord politique auquel ils appartiennent, ne seront jamais couverts par l’amnistie”.
Il a laissé entendre que le Sénégal a l’obligation de se conformer à plusieurs conventions internationales que le pays a ratifiées en matière de droits humains, dont la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international des droits civils et politiques, la Convention contre la torture.
Seulement, une partie de l’opposition et de la société civile voit dans cette proposition de loi d’interprétation une manière de “protéger” des manifestants pouvant appartenir ou avoir des liens avec le parti au pouvoir.
Le député Amadou Ba a semblé réagir aux critiques, en proposant des amendements à sa proposition de loi, sans faire cesser les critiques contre son texte qui continue de susciter la polémique.
AUGUSTIN SIMMEL NDIAYE NOMMÉ ÉVÊQUE DE SAINT-LOUIS
Canoniste reconnu, il apporte une solide expérience pastorale et universitaire à ce diocèse du nord du Sénégal.
Le pape François a nommé Mgr Augustin Simmel Ndiaye comme nouvel évêque du diocèse de Saint-Louis. Cette nomination fait suite à l’acceptation par le Saint-Père de la démission pour raison d’âge de Mgr Ernest Sambou, qui dirigeait jusqu’à présent ce diocèse du nord du pays.
Un canoniste expérimenté à la tête du diocèse
Âgé de 64 ans, Mgr Augustin Simmel Ndiaye est une figure bien connue de l’Église sénégalaise. Né le 2 janvier 1959 à Fadiouth, une localité de la région de Thiès réputée pour sa communauté chrétienne dynamique, il a été ordonné prêtre le 9 avril 1983 après des études de philosophie et de théologie au Grand Séminaire Interdiocésain François Libermann de Sébikhotane, près de Dakar.
Docteur en droit canonique de l’Université Pontificale Urbanienne de Rome, Mgr Ndiaye a occupé plusieurs postes d’importance au sein de l’Église sénégalaise et ouest-africaine. Avant sa nomination comme évêque, il exerçait depuis 2020 la fonction de recteur de l’Université Catholique d’Afrique de l’Ouest (UCAO) à Ouagadougou, au Burkina Faso.
Un parcours riche au service de l’Église
Le parcours ecclésiastique de Mgr Ndiaye est marqué par une grande diversité de responsabilités. Il a notamment été vicaire à la Cathédrale Notre-Dame des Victoires de Dakar (1983-1988), puis curé de cette même cathédrale (2005-2014). Son engagement dans la formation des futurs prêtres s’est manifesté à travers ses fonctions de professeur de droit canonique (1992-2014) puis de recteur (1998-2005) au Grand Séminaire François Libermann.
Sa présidence de l’Union du Clergé Sénégalais (1996-1999) et son rôle au sein du tribunal interdiocésain de Thiès attestent également de ses compétences juridiques et de sa connaissance approfondie des réalités ecclésiales locales.
Le diocèse de Saint-Louis, érigé en 1966, est l’un des sept diocèses du Sénégal. Situé dans le nord du pays, il couvre les régions administratives de Saint-Louis, Louga et une partie de Matam. Ancien comptoir colonial français et première capitale du Sénégal, Saint-Louis possède un important patrimoine religieux, dont la cathédrale construite en 1828. Mgr Ernest Sambou, qui dirigeait jusqu’à présent ce diocèse, avait été nommé en 2003.
Fort de son expérience universitaire et pastorale, Mgr Augustin Simmel Ndiaye apporte sûrement avec lui une vision à la fois ancrée dans la tradition catholique et ouverte aux enjeux contemporains.
La date de son installation canonique comme évêque de Saint-Louis sera communiquée ultérieurement, rapporte l’union du clergé sénégalais.
L'APR CONTRE-ATTAQUE AUPRÈS DU FMI
L'ancien parti au pouvoir a formellement saisi le Fonds pour contester ce qu'il qualifie "d'allégations mensongères" du gouvernement actuel concernant une prétendue dette cachée. Il n'exclut pas de poursuivre sa démarche jusqu'à Washington si nécessaire
Le Fonds monétaire international (Fmi) a accusé réception de la lettre de l’Alliance pour la République relative à la dette cachée dont fait cas le rapport de la Cour des comptes et contestée par le régime sortant. L’information est de Hamidou Anne, membre du Secrétariat exécutif national de l’Apr, qui renseigne que son parti est dans l’attente d’une réaction du Fmi au sujet d’une rencontre avec les responsables de l’institution financière pour démonter les arguments avancés par le régime actuel, avec des preuves à l’appui selon lui.
La lettre de l’Alliance pour la République (Apr) adressée au Fonds monétaire international (Fmi) relative à la dette cachée sous l’ancien régime a fait l’objet d’un accusé de réception de la part du Fmi. C’est Hamidou Anne de l’Apr qui donne l’information au sujet de cette lettre envoyée au Fmi pour «contredire» les allégations contenues dans le rapport de la Cour des comptes faisant état de «dette cachée». «Il y a eu d’abord des premiers contacts qui ont été très positifs et rassurants. Et puis la lettre a été bien envoyée et bien reçue par le Fonds monétaire international. Nous sommes en contact et nous sommes en attente d’une réponse définitive afin, avec nos experts économiques et techniciens, de nous rendre au bureau du Fonds monétaire international à Dakar avec 150 kg de documents et rapports divers à notre disposition pour tenir cette séance de travail avec des responsables du Fonds», a fait savoir, hier sur la Rfm, Hamidou Anne. Ce dernier revient sur le processus ayant trait à l’envoi de cette lettre au Fmi et les motivations qui expliquent la nécessité de l’adresser à l’institution financière.
«Nous avons, en toute responsabilité, saisi le Fmi, par lettre, le 26 mars dernier, pour présenter des débuts de preuves sur les allégations mensongères du gouvernement. Et nous avons sollicité une réunion de travail avec les responsables du Fonds à Dakar afin de présenter nos preuves factuelles qui contredisent les allégations du gouvernement», mentionne Hamidou Anne. Des documents publics comme aussi des documents confidentiels à l’attention du Fonds monétaire international figurent parmi ces données-là, selon M. Anne.
«Mais dans le cadre d’une séance de travail sereine, sérieuse et responsable», a-t-il précisé.
Le membre du Secrétariat exécutif national de l’Apr affirme que les responsables de l’Apr n’excluent pas d’aller à la rencontre des responsables du Fmi à l’étranger. «S’il le faut, nous ne nous arrêtons pas seulement au représentant résident du Fonds à Dakar. Nous sommes aussi disposés à organiser une mission à Washington pour rencontrer les dirigeants du Fonds», indique-t-il. Déjà, une liste de cette délégation devant se rendre à Washington est établie, si l’on suit les explications de Hamidou Anne. «Au-delà de la lettre, nous avons aussi envoyé aux responsables du Fonds, la liste de la délégation déjà disponible, avec un partage équitable et respectable des responsabilités afin d’organiser et tenir cette séance de travail là», a dit le responsable de l’Apr.
L’Alliance pour la République reste suspendue à la réponse du Fmi
«Le Fmi a accusé réception de la lettre de l’Alliance pour la République et de la liste de la délégation que nous avons soumise, et nous sommes en attente de la réponse définitive du Fonds pour tenir la séance de travail», souligne M. Anne, qui vient d’intégrer les instances de l’Apr. Il avait auparavant réagi par rapport à la polémique de la dette dite cachée par le précédent régime. Le néo-apériste réfute cette thèse et accable le Premier ministre Ousmane Sonko qui, selon lui, a «sciemment mis en danger la souveraineté nationale de par ses accusations grossières».
«Dans une entreprise constante visant à salir l’ancien régime et à nuire à la réputation du Sénégal, le gouvernement sort de son chapeau une nouvelle accusation ridicule de «dette cachée»», disait-il, avant de poser une question : «Comment peut-on cacher une dette de 7 milliards de dollars dont les créanciers existent, dont le remboursement est effectif et dont les montants sont traçables dans des comptes à la disposition de tous les corps de contrôle ?» «Dans cette polémique», le Fmi, «qui n’a aucun moyen de confirmer ou d’infirmer l’encours de la dette du Sénégal, ne valide rien et contribue à établir un constat en pointant «l’incompétence» des tenants du pouvoir en leur imputant «la responsabilité de la dégradation de la note du Sénégal». «Le Sénégal est désormais l’otage du Fmi, avec des conséquences sociales graves pour nos concitoyens, notamment les plus précaires. Avec l’abaissement de la note souveraine, la suppression annoncée des subventions et la cure d’austérité en cours, le Sénégal voit sa crédibilité et sa signature ruinées par des incompétents dont la seule volonté est de justifier leur immobilisme par une diffusion de la haine et du ressentiment vis-à-vis du président Macky Sall et son régime», releve t-il.
Intellectuel et écrivain, Hamidou Anne, qui vient de rejoindre tout dernièrement l’Apr, a animé des chroniques dans le journal Le quotidien, entre autres.