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29 avril 2025
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QATAR, LES TRAVAILLEURS DE L'OMBRE
Ils ont tout quitté pour une vie meilleure mais ont souvent connu sur place l'exploitation : salaires impayés, passeports confisqués, conditions de travail extrêmes qui ont entraîné, selon différentes ONG, plusieurs milliers de morts. Témoignages...
L'organisation du Mondial-2022 au Qatar a suscité la venue de milliers de travailleurs migrants pour construire stades et infrastructures. Ils ont tout quitté pour une vie meilleure mais ont souvent connu sur place l'exploitation : salaires impayés, passeports confisqués, conditions de travail extrêmes qui ont entraîné, selon différentes ONG, plusieurs milliers de morts...
Des travailleuses et des travailleurs se sont confiés à Chloé Domat et Rammohan Pateriya. Ils racontent comment le rêve s’est transformé en cauchemar, même si Doha offre aussi à certains des opportunités d’ascension sociale.
PAR Georges Dougueli
CLARA CLETUS LUVANGA, TROP MASCULINE POUR ÊTRE UNE FEMME ?
Auteure de trois buts lors d’un match contre le Cameroun, la footballeuse tanzanienne aux performances jugées phénoménales est soupçonnée d’être d’un homme
Jeune Afrique |
Georges Dougueli |
Publication 29/10/2022
Auteure de trois buts lors d’un match contre le Cameroun, la footballeuse tanzanienne aux performances jugées phénoménales est soupçonnée d’être d’un homme. Son cas, qui rappelle celui de la Sud-Africaine Caster Semenya, relance le débat sur la binarité des sexes dans le sport.
Elle leur en a fait voir de toutes les couleurs. En deux rencontres de football, en mai et en juin, Clara Cletus Luvanga a enquillé trois buts lors du match aller contre les Camerounaises des Lionnes indomptables U17, avant – hélas – de provoquer une bagarre et d’écoper d’un carton rouge au retour. De quoi écœurer ses adversaires, incapables de répondre au défi physique que l’athlète tanzanienne leur a imposé.
Éliminées de la Coupe du monde de cette catégorie des moins de 17 ans (qui se déroule du 6 au 28 octobre en Inde) par une équipe trop forte pour elles, les Camerounaises ont porté une réserve sur le dossard numéro 7, revêtu par cette joueuse à la morphologie particulièrement androgyne : à y regarder de plus près, ce garçon manqué n’est-elle pas tout simplement un… garçon ?
Patate chaude
Les responsables de la Confédération africaine de football (CAF) ont eux aussi voulu savoir. Ils ont accueilli favorablement la réclamation des vaincues, ont tout de suite commandé une expertise de genre dans un pays « neutre », l’Afrique du Sud. Rendez-vous a été pris dans une clinique de Johannesburg. Une délégation médicale camerounaise a même été invitée à y assister – sans y participer. Sauf que, le jour dit, la joueuse ne s’est pas présentée.
Interrogée, la CAF déclare alors que la footballeuse aurait été impliquée dans un accident de la circulation entre l’aéroport et la clinique. Vérité ou subterfuge ? La suite de l’affaire suscite le doute, d’autant que, depuis ce rendez-vous manqué, les parents de la joueuse ne veulent plus entendre parler d’expertise. On apprendra plus tard, un malheur n’arrivant jamais seul, que la patate chaude est passée du Caire à Zurich. Ce qui équivaut à un enterrement de première classe. La vérité attendra.
Les Camerounais, eux, ne lâchent pas le morceau. À la mi-octobre, ils écrivent à la Fifa pour réitérer leur demande d’expertise de genre, en vertu d’une « suspicion légitime ». Comme chacun sait, dans les compétitions sportives, l’apparence est souvent le premier indice de la tricherie. C’est elle qui déclenche les examens d’âge apparent, et, bien sûr, les expertises de genre.
JOEL EMBIID, LE TALENT CAMEROUNAIS LORGNÉ PAR LA FRANCE ET LES ÉTATS-UNIS
Le natif de Yaoundé dispose désormais de la double-nationalité française et américaine. L’une des plus grandes stars de la NBA voit ainsi ses options s’élargir en perspective d’une carrière internationale
Joel Embiid, qui compte parmi les meilleurs joueurs de la planète, n’a toujours pas la moindre sélection au compteur au plan international. Mais cette situation risque de changer sous peu.
En dehors de sa nationalité camerounaise de naissance, le pivot de 28 ans est également naturalisé américain. Un choix logique selon l’intéressé vivant aux États-Unis depuis plus d’une décennie. C’est en effet au pays de l’Oncle Sam, loin de son Yaoundé natal, qu’Embiid a fait la rencontre du basket-ball de haut niveau après avoir tapé dans l’œil des recruteurs lors d’un tournoi de détection de talents au Cameroun en 2011.
Bataille France-USA
"Je suis ici depuis longtemps. Mon fils est Américain. J’avais l’impression de vivre ici. Alors j’ai dit pourquoi pas ?", a-t-il déclaré fin septembre dans un entretien avec l’agence de presse américaine AP à propos de sa citoyenneté américaine.
Le meilleur marqueur de la NBA lors de la saison écoulée, et par ailleurs, le premier non-Américain de l’histoire à réaliser une telle performance, pourrait donc prochainement fouler les parquets avec la team USA, l’équipe nationale de basket des États-Unis.
Mais ce choix n’est pas encore acté. Puisque la vedette des Sixers jouit aussi de la citoyenneté française. Après en avoir exprimé depuis plusieurs années son
désir d’être français, il a finalement obtenu la nationalité tricolore début juillet 2022.
Joueur courtisé
La star des Sixers de Philadelphie n’a pas encore annoncé son choix entre les États-Unis et la France, préférant travailler pour l’heure à retrouver une bonne forme physique après sa blessure de fin de saison dernière. Ceci dit, l’heure du choix ne saurait tarder du fait des échéances internationales qui pointent à l’horizon. D’abord le Mondial de basket en 2023 et ensuite les JO de Paris un an plus tard.
" Je pense qu’il devrait jouer pour nous", a déclaré récemment à la presse, l’entraîneur des Bleus Vincent Collet. Un appel du pied semblable à celui déjà lancé par plusieurs joueurs de l’équipe de France ces derniers mois.
Dans tous les cas, la perspective de voir Joel Embiid évoluer sous un autre maillot que celui des Lions n’enchante pas tout le monde au Cameroun. Plusieurs internautes avaient fait exprimé avec véhémence leur mécontentement au moment de l’annonce de sa naturalisation comme français. Quant au sélectionneur national Sacha Giffa, il a évoqué un acte "triste pour le continent africain".
AL SEYNI NDIAYE DANS L'HISTOIRE DU BEACH SOCCER
En plus d’un 7e titre, il termine encore une fois meilleur gardien de la compétition.
Le portier des Lions, Al Seyni Ndiaye, est encore entré dans l’histoire du beach soccer africain.
En plus d’un 7e titre, il termine encore une fois meilleur gardien de la compétition. C’est le recordman de cette distinction individuelle qu’il a remportée en 2008, 2009, 2011, 2013, 2016, 2021 et aujourd’hui, en 2022.
Il est auteur d’un arrêt décisif lors de la séance des tirs au but, qui hisse son équipe encore une fois sur le toit de l’Afrique.
LIGUE 1, TEUNGEUTH FC-GENERATION FOOT EN VEDETTE
Seule équipe à avoir gagné ses deux matchs, Teungueth FC (1er, 6 pts) accueille au stade Ngalandou Diouf, l’équipe de Génération Foot (2e, 4) dans le match phare de cette troisième journée.
Entamée hier, vendredi 28 octobre avec l’affiche entre Guédiawaye FC et Sonacos, soldée par un match nul et vierge (0-0), la troisième journée de la Ligue 1 se poursuit demain dimanche 30 octobre avec les six autres matchs du championnat.
Seule équipe à avoir gagné ses deux matchs, Teungueth FC (1er, 6 pts) accueille au stade Ngalandou Diouf, l’équipe de Génération Foot (2e, 4) dans le match phare de cette troisième journée.
Au même moment, Casa Sports, le champion en titre (4e) accueille au stade Aline Sitoé Diatta, l’US Gorée (11e).
Après un démarrage timide, le Jaraaf (11e) tentera de relancer sa machine lors de la réception des Thiéssois du CNEPS excellence.
Pour les autres affiches, les débats opposeront au stade Caroline Faye, les promus du Stade de Mbour (4e) à l’AS Douanes (7e).
L’As Pikine et Diambars au stade et Diambars à Alassane Djigo.
Pour le dernier match au programme, les Académiciens de Dakar Sacré-Cœur (3e) feront le déplacement pour le duel qui les opposera au stade Mawade Wade, à la Linguère de Saint Louis (10e).
UN TOURNANT POUR LES LIONCEAUX
Le Sénégal amorce ce samedi 28 octobre au stade Abdoulaye Wade un tournant important avec le duel qui l'oppose au Burkina Faso pour le compte de la manche retour des éliminatoires de la CAN de la catégorie prévue en 2023 au Maroc
Le Sénégal U23 affronte ce samedi 26 octobre à partir de 19 heures, au stade Abdoulaye Wade, le Burkina Faso pour la manche retour du deuxième tour des qualifications pour la CAN U23 prévue au Maroc. Après avoir tenu en échec les Étalons (0-0), les Lionceaux vont livrer la dernière bataille pour le rendez-vous qualificative pour les prochains jeux olympiques de Paris 2024.
Le Sénégal amorce ce samedi 28 octobre au stade Abdoulaye Wade un tournant important avec le duel qui l'oppose au Burkina Faso pour le compte de la manche retour des éliminatoires de la CAN de la catégorie prévue en 2023 au Maroc. Cette CAN est aussi qualificative pour les prochains Jeux olympiques de “Paris 2024“.
Après avoir neutralisé les Etalons (0-0) lors de la première manche, les Lionceaux devront jouer crânement leur chance. Cette double confrontation avec les Etalons a des allures de combat pour l'entraîneur Demba Mbaye. Lors de sa visite effectuée au centre de Guereo, le président de la Fédération sénégalaise de football, Me Augustin Senghor a rappelé l'enjeu du match mais aussi l'objectif du Sénégal à long terme.
«Nous souhaitons accompagner cette génération avec le coach Demba Mbaye et l’ensemble de la direction technique pour en faire la génération après coupe du monde 2022. Je pense que nous avons eu un cycle important avec cette génération qui nous a valu le premier titre continental sénégalais et deux Coupes du Monde d’affilée", soutient-il avant d’ajouter: «nous savons que la performance se bâtie sur les résultats occasionnels mais l’excellence se bâtie sur les résultats durables. Notre objectif est de construire quelque chose de durable qui permet au Sénégal de perpétuer cette mainmise sur le football africain depuis 4 ans, non seulement avec l’équipe A mais aussi avec toutes les autres équipes".
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LE SENEGAL TRONE SUR L’AFRIQUE
Le Sénégal est monté une nouvelle fois sur le toit de l’Afrique en remportant hier, vendredi 28 octobre au Mozambique, la finale de la 11ème édition de la Coupe d’Afrique de Beach soccer.
Le Sénégal est monté une nouvelle fois sur le toit de l’Afrique en remportant hier, vendredi 28 octobre au Mozambique, la finale de la 11ème édition de la Coupe d’Afrique de Beach soccer. C’était aux dépens de l’Egypte qu’il a battu aux tirs au buts après un match âprement disputé et indécis d’un bout à l’autre. Avec cette 7e couronne, la quatrième d’affilée, les coéquipiers de Alseiny Ndiaye maintiennent un peu plus leur hégémonie en Afrique.
Le Sénégal reste encore haut perchés dans le Beach soccer continental. Les Lions l’ont encore démontré hier, vendredi 28 octobre en s’offrant un septième trophée africain lors de la finale de 11ème édition. Comme lors de la finale de la CAN de 2022 au Cameroun, les Lionceaux ont attendu trois minutes de temps additionnel et la fatidique séance des tirs au but pour dicter leur loi à une teigneuse équipe d’Egypte. Pour cette troisième confrontation contre les Pharaons, en moins de quelques semaines, les Lions étaient tombés sur une farouche opposition.
Après un début assez équilibré, les Lions s’ouvrent une brèche dés la 7ème minute de jeu. Seydina Mandione Laye Diagne, désigné, meilleur buteur et meilleur joueur de la compétition, met le Sénégal en orbite en marquant le premier but (1-0). Il relance son équipe en lui permettant d’attaquer le deuxième acte avec plus de confiance. Mais l’Egypte ne lâche rien et parvient dans le troisième quart temps à égaliser. Le Sénégal sera cueilli à froid quelques secondes après un deuxième but marqué sur un tir puissant de Hassan.
Acculés, les Lionceaux vont puiser dans leurs ressources pour différer cette défaite qui leur pendait. Sur un coup de génie, Raoul Mendy va toutefois délivrer son équipe après un contrôle de la poitrine suivi d’une retournée acrobatique qui loge le ballon au fond des filets.
Après 3 minutes de prolongation, le score restera inchangé avec une égalité parfaite (2-2). Lions et Pharaons seront finalement départagés par la séance de tir aux buts. Dans cet exercice, Mamadou Sylla, Babacar Fall, Mamour Diagne, Raoul Mendy, Mandione Diagne répondent aux tireurs Abdel Monen, Hassan et autre Capitaine Ahmed. Alseiny Ndiaye aura toutefois les mains assez fermes pour stopper le pénalty de Loha. Mais aussi d’ouvrir la voie du succès au Sénégal. Jean Ninou Diatta ne tremble pas et marque le dernier essai qui permet au Sénégal de décrocher sa 7ème couronne africaine. Pour le classement de cette 11ème CAN, le Maroc du coach sénégalais Ngalla Sylla, termine à la 3ème place après sa victoire lors de la petite finale qui l’a opposé au Mozambique, pays hôte (6-4).
DIENG EST UNE OPTION SÉRIEUSE
L’entraineur de l’OM Igor Tudor parle des changements qu’il va effectuer samedi à Strasbourg dans son onze de départ. Bamba Dieng a des chances d’être concerné par cette rotation.
L’entraineur de l’OM Igor Tudor parle des changements qu’il va effectuer samedi à Strasbourg dans son onze de départ. Bamba Dieng a des chances d’être concerné par cette rotation.
En conférence de presse d’avant-match, Igor Tudor a annoncé un turn-over pour le match à Strasbourg ce samedi. "On est à peu près sur ces chiffres (cinq-six changements dans le onze) pour demain" a reconnu le coach de l’OM repris par Le phocéen. Interrogé sur la possibilité de voir Bamba Dieng débuter la rencontre, Tudor a confirmé que l’attaquant sénégalais était "une option sérieuse". "Il fait un bon travail, on est en train encore d’évaluer sa situation (pour qu’il débute). L’important est d’avoir une belle équipe pour réussir à l’emporter demain."
Tudor n’a en revanche pas voulu s’étendre sur le cas de Gerson qui aurait arrêté son échauffement mercredi à Francfort : "Si on commence avec cette question c’est une erreur, a balayé le Croate. Il faut qu’on se concentre sur le match de demain, qu’on parle de ce match important dans lequel on veut tout donner. Il y aura quelques changements par rapport au dernier match, mais on veut essayer de bien faire. L’équipe est vraiment en forme, il y a une bonne atmosphère, il y a beaucoup de positivité. C’est important de l’emporter demain, car pour l’instant on a eu de bonnes prestations, mais sans les résultats qui suivent derrière." À noter qu’Éric Bailly et Pape Gueye devraient pouvoir faire le retour dans le groupe pour le match contre Tottenham. "On espère les récupérer pour mardi prochain" a confirmé Tudor.
BEACH SOCCER, LE SENEGAL CHAMPION D'AFRIQUE
Le Sénégal a remporté, vendredi, à Vilankulos (Maputo) la Coupe d’Afrique des nations de beach soccer, en battant l’Egypte lors de la séance de tirs au but (6-5). C'est le septième titre continental de l'équipe dans cette discipline
Le Sénégal a remporté, vendredi, à Vilankulos (Maputo) la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de beach soccer, en battant l’Egypte lors de la séance de tirs au but (6-5).
A la fin du temps réglementaire les deux équipes étaient à égalité 2-2.
Les Lions du Sénégal ont remporté 7 éditions de la CAN de beach soccer.
Par Abdoulaye SAKHO
LE PRIX SOCRATES DÉCERNÉ À MANÉ POUR BOOSTER LA PROTECTION SOCIALE ?
Les Sénégalais ont du cœur ! Pour plusieurs raisons fondées sur diverses convictions, il s’est développé, dans notre pays, une forte culture d’aide et d’assistance. De manière générale, chacun d’entre nous, dans la mesure de ses possibilités, essaie de contribuer. A mon avis, le prix Socratès remis par France Football à notre icone nationale Sadio Mané peut être considéré comme une sorte de reconnaissance de niveau mondial de cette « attitude-valeur », un des ciments de la société sénégalaise. Ce jeune footballeur est effectivement, à lui seul, un condensé de solidarité et d’humilité. Il conforte l’idée qu’il ne faut surtout pas perdre foi en l’humanité « à l’époque où le tissu social paraît s’effilocher de plus en plus vite, où l’égoïsme, la violence et le manque de cœur semblent miner la vie de nos communautés » (Goleman, L’intelligence émotionnelle, 2014). J’aimerais saisir l’occasion de cette récompense à un sportif, certainement l’un des meilleurs d’entre nous, pour exhorter les pouvoirs publics à mieux asseoir l’assistance et la solidarité, ici et maintenant corroborant en même temps l’idée que le sport irradie toutes les sphères de la société !
En ce sens, nous disposons, sur le plan juridique, d’une solide base incitant au social. La Constitution de notre pays, dès la première phrase de son article premier, dit : « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. » Ce qui autorise à dire que notre République n’est pas que Démocratique et Laïque, elle est aussi sociale.
En réalité, « faire du social » relève quelque part de notre culture, de notre « way of life » bref, de notre quotidien. Certains nous le reprochent. Ils considèrent qu’il s’agit d’un véritable frein à l’épanouissement individuel et au développement parce qu’ici, la solidarité et l’assistance reposant généralement sur la proximité familiale, confessionnelle, amicale voire même géographique, génère, à rebours, une confortable « culture d’assistés » pour des gens qui ne feront aucun effort pour s’en sortir. Pourtant d’autres, plus nombreux à mon avis, considèrent qu’il s’agit d’une valeur forte, porteuse d’un véritable avantage comparatif face aux civilisations occidentales supposées, à tort ou à raison, plus individualistes. En conséquence, et pour moi, la République sociale, celle dont parle la Constitution, ne devrait pas être très difficile à mettre en œuvre via une politique adaptée de protection sociale.
On sait qu’il existe, dans notre pays, un système achevé de protection sociale avec son cadre institutionnel (IPRES, Caisse de sécurité sociale, Délégation à la Protection Sociale, Agence de la CMU…), ses normes (Code du travail et de la sécurité sociale, Textes sur la CMU, Loi d’orientation sociale n° 2010-15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées.…), ses ressources humaines (de réelles compétences et une véritable expertise existent ici) et financières (importantes ressources publiques). Malgré tout, on a toujours l’impression que la protection sociale est beaucoup plus le fait des individus et des familles que celui des institutions dédiées.
Oui, la protection sociale officielle fondée sur le mécanisme de l’assurance, copiée du système de l’ancienne puissance coloniale, ne s’intéresse qu’à ceux qui disposent de revenus et peuvent ainsi contribuer à leur propre prise en charge. Cela pose problème surtout lorsqu’on a une population plus perméable à la culture de la cigale qu’à celle de la fourmi. Je crois, en tout état de cause, qu’il y a lieu de se demander si ce modèle n’est pas en train de s’essouffler. En effet, mettre de côté pour sa propre protection puis essayer de prendre en charge la protection des autres devient une gageure, un vrai exploit de superman que nos compatriotes assument de plus en plus difficilement. En conséquence, les formes de protection sociale fondées sur l’assistance ont gagné énormément de terrain ces dernières années. L’effort mérite d’être soutenu et encouragé.
Mais, très sincèrement, je crois que, pour une meilleure efficacité, la protection sociale doit aujourd’hui être renforcée par une base juridique beaucoup plus solide que le cadre légal actuel (théorie du « droit structurant » par opposition à celle du « droit-reflet ») C’est la raison de mon appel à la mise en œuvre de ce concept de République sociale : c’est peut-être le moment idéal pour faire de la Constitution sociale, une réalité
Aujourd’hui, les populations africaines sont essentiellement préoccupées par des questions liées au droit à la sécurité dans un environnement respectueux de la santé. C’est ce qui fait du droit à la protection sociale un défi majeur chez nous voire même, plus largement, dans ce monde contemporain où, ceux qui possèdent sont de moins en moins nombreux alors que la grande masse des non possédants s’accroit au jour le jour (Rosanvallon, La société des égaux, 2011). Pour nous, l’urgence demeure ce qu’on appelle pudiquement « lutte contre la pauvreté ». A ce propos, je ne crois pas en l’existence d’une solution miracle immédiate, il faudra du temps pour complètement inverser cette tendance et l’éradiquer. Mais en attendant :
- d’une part, d’ores et déjà insupportable pour l’être humain, on pourrait commencer à le combattre par l’empathie, « cette capacité à lire dans le cœur d’autrui, à être sensible aux besoins et au désespoir de l’autre », attitude morale qu’exige notre époque. Sadio Mané incarne cette attitude ;
- d’autre part, au plan du droit, j’estime que poursuivre l’objectif de permettre aux citoyens de vivre décemment devrait pouvoir relever du « domaine réservé du Chef de l’Etat » au sens du droit constitutionnel, concept souvent utilisé pour désigner les champs de la souveraineté dans lesquels on trouve certains ministères et des hommes de confiance du président de la République, élu au suffrage universel.
Loin d’être inconnue dans notre droit positif, c’est à l’occasion d’une révision constitutionnelle en 1969 que la notion de « domaine réservé » a été précisée en ces termes : « … il est des domaines où le Président de la République, débarrassé de l’exécution des petites tâches quotidiennes, doit conserver une responsabilité directe et totale…
De par leur importance et de par la célérité de l’action qu’ils requièrent, ces secteurs doivent constituer un domaine réservé au président de la République. Les actes que celui-ci y accomplit seront donc dispensés de contreseing. Il en est ainsi de la politique étrangère, de la défense, de l’armée et de certaines questions touchant la Justice ». Cette révision constitutionnelle de 1969 était un copier-coller de la Constitution Gaullienne de 1958 en France inspirée par un contexte qui n’est pas le nôtre aujourd’hui. Chez nous, je le répète, le contexte est marqué par les urgences sur le social, alors agissons sur le social et consolidons la logique de fonctionnement de notre société avec un fondement social qui repose sur l’empathie tandis que le fondement juridique serait la Constitution du Sénégal. Une ère nouvelle devrait s’ouvrir pour la protection sociale dans notre pays. EDGE y contribuera.
C’est vrai qu’ici on préfère les débats passionnés et passionnants sur les modes de dévolution et de conservation du pouvoir politique, de temps en temps sur les questions de laïcité. C’est bien, mais tout n’est pas que politique pour les populations, il y a de la place pour les « bons cœurs » qui, à la dimension de leurs avoirs, aident et assistent leurs congénères dans le besoin. N’est-ce pas que dans une période de vaches maigres pour notre pays, le Président Diouf parlait de « Dimension sociale de l’ajustement structurel » ?
Professeur Abdoulaye Sakho est Chercheur au CRES, Directeur de l’Institut EDGE.