VIDEOLA MAJORITÉ PARLEMENTAIRE SUR LE GRILL
Des pratiques "dignes d'un surveillant de camp" plutôt que de la deuxième personnalité de l'État. Dans une conférence de presse au vitriol, Thierno Alassane Sall a détaillé les entorses au règlement ayant conduit l'opposition à boycotter la venue de Sonko

(SenePlus) - Ce mercredi 9 avril, l'opposition parlementaire a annoncé sa décision de boycotter la séance prévue initialement demain à l'Assemblée nationale. Lors d'une conférence de presse, le député Thierno Alassane Sall a exposé les raisons de cette décision inédite dans l'histoire parlementaire sénégalaise.
"Par respect pour nos électeurs et pour l'opinion nationale, nous avons décidé de cette séance d'information afin que nul n'ignore le sens et le bien-fondé de notre démarche", a déclaré le leader de la République des Valeurs, entouré de ses collègues députés de l'opposition.
Selon lui, deux raisons principales motivent ce boycott. La première concerne "des violations répétées et délibérées du règlement intérieur" par la majorité sous l'impulsion du président de l'Assemblée nationale, qui agirait "comme le président du groupe parlementaire Pastef". L'opposition dénonce notamment le non-respect de la loi sur la parité dans la composition du bureau de l'Assemblée nationale.
Le député accuse également le président de l'institution de refuser "quasi systématiquement" la parole aux députés d'opposition lorsqu'ils font appel au règlement intérieur. "Le président de l'Assemblée nationale manque de la plus élémentaire courtoisie et se prend pour un surveillant de camp plutôt que pour la deuxième personnalité de l'État", a-t-il affirmé.
La seconde raison du boycott concerne l'attitude du Premier ministre lors des séances de questions d'actualité. D'après Thierno Alassane Sall, ces séances, au lieu d'être "de grands moments d'échange d'idées", se transforment en "séances d'invectives, de jurons et de menaces" contre les députés d'opposition.
L'opposition dénonce par ailleurs un déséquilibre dans le temps de parole, avec 8 minutes accordées au Premier ministre contre seulement 4 minutes pour les députés, et la suppression du "deuxième tour" qui permettait traditionnellement aux parlementaires de répliquer. "Cela constitue non seulement un recul par rapport à la tradition de l'Assemblée nationale mais une atteinte délibérée à l'équilibre des pouvoirs", a souligné le député.
Thierno Alassane Sall a conclu en affirmant que les députés de l'opposition restent "absolument disponibles à poursuivre l'exercice" à condition que "le Premier ministre respecte les règles du jeu et prenne en considération l'ensemble des députés, y compris de son propre camp, en tant qu'élus représentants du peuple sénégalais".
Cette crise parlementaire intervient dans un climat de tensions politiques croissantes au Sénégal, alors que la majorité Pastef, dirigée par le Premier ministre Ousmane Sonko, fait face à une opposition qui, bien que minoritaire, entend faire entendre sa voix.