CET ARTICLE DU FIGARO, C’EST DU SABOTAGE
Retard sur les objectifs financiers, guerre entre la Sncf et l’Etat du Sénégal, déficit de paiement, une série d'accusation auxquelles le directeur général de la Société nationale de gestion du patrimoine du Train express régional réagit. Entretien

Comme une météorite, l’enquête du Figaro parue vendredi est venue percuter de façon violente l’actualité sénégalaise. Retard sur les objectifs financiers, guerre entre la Sncf et l’Etat du Sénégal, déficit de paiement… Bés bi a échangé avec le directeur général de la Société nationale de gestion du patrimoine du Train express régional (Senter). Dans cet entretien réalisé dimanche, Abdou Ndéné Sall qualifie de « sabotage » l’article du journal français et remet le train sur les rails.
Pourquoi la Société d’exploitation du Train express régional (Seter) est en retard dans ses objectifs financiers comme l’indique l’enquête du Figaro ?
Cette enquête relève de l’intoxication. Dans le monde entier, les transports de masse ne sont pas financièrement rentables parce que pour que le prix soit accessible, il faut le rabaisser. Si on veut des rentabilités, on va mettre des prix forts. Dans le monde entier, les trafics couvrent à peine 30% des dépenses. Ce sont les régions, à savoir les municipalités et les entreprises qui compensent à 75%. Au Sénégal, pour la première fois, les prix compensent à hauteur de 60%. Lorsqu’on va augmenter le nombre de trains, on aura 100 000 voyageurs transportés par jour et cela nous permettra de prendre l’ensemble des charges. Mais pour tout transport ferroviaire, il faut que l’Etat compense. C’est normal. Pour le Ter, on ne peut pas parler de rentabilité financière parce que c’est un transport de masse. On parle de rentabilité économique et sociale. Cet article du Figaro, c’est du sabotage. Ça ne vient pas de la France, ni au gouvernement français. C’est une certaine partie de la France qui attaque le Sénégal.
Pourquoi c’est l’Etat du Sénégal qui fait fonctionner le Ter ?
Si on paie un billet au niveau du Ter, c’est l’Etat du Sénégal qui récupère cet argent directement. L’Etat paie les charges d’exploitation et rémunère le service fait. Le Ter appartient à 100% à l’Etat du Sénégal. Il n’y a aucun privé, ni Sénégalais si étranger qui possède la moindre action sur le Ter. La gestion de ce patrimoine a été confiée à la société publique Senter. Maintenant, la Senter a signé un contrat de gérance avec la Seter qui s’occupe de la maintenance et l’entretien du Ter. C’est une sous-traitance et elle reçoit chaque fin du mois un paiement de la part de l’Etat du Sénégal. La Seter est une société de prestation de services. Je rappelle qu’il y a 984 Sénégalais sur les 1000 personnes qui travaillent dans l’exploitation du Ter. En dehors de ça, le président de la République a exigé de rentrer dans le capital de la Seter à hauteur de 34% des actions tout en nommant le président du Conseil d’administration pour qu’on sache ce qui se fait dans cette société parce que les grandes décisions se prennent dans le cadre du Conseil d’administration. La Seter pouvait refuser parce que c’est une société privée mais on leur a imposé nos conditions. Nous avons signé un petit contrat de 3 ans en attendant un transfert complet des compétences.
« On a parlé de directeur qui loge à l’hôtel Pullman, ce n’est pas à la charge de l’Etat du Sénégal »
Y a-t-il une guerre entre l’Etat et la Snfc ?
Il n’y en a pas. On n’avait quand même des problèmes à cause de 4 contraintes. La Sncf ne voulait pas donner de garantie mère. On voulait que la Seter qui n’a pas d’expériences, en de problèmes, que l’Etat se substitue à la Seter pour continuer l’exploitation du Ter parce que, ce qu’on gagne, c’est que le service soit assuré pour les populations. Mais la Sncf avait refusé. Nous avons dit que par force, l’Etat du Sénégal devait rentrer dans le capital et nous prenons la présidence du Conseil d’administration. Ils avaient refusé. Mais le directeur général de la Snfc a été convoqué par le Président Macky Sall, la Sncf sentant qu’il allait perdre le marché, est revenue à de meilleurs sentiments pour accepter les conditions de l’Etat du Sénégal. C’est cela la réalité. Il faut saluer le courage et la fermeté du Président Macky Sall devant les responsables de la Sncf qui a refusé pendant 1 an nos conditions. En contrepartie, ils exigeaient une garantie bancaire qui disait que si l’Etat n’a pas d’argent que les banques leur paient. On a refusé. Malgré le risque d’avoir un arrêt de l’exploitation du Ter, le président de la République a été inflexible. Actuellement, nous avons signé le contrat. On a parlé de directeur qui loge à l’hôtel Pullman, ce n’est pas à la charge de l’Etat du Sénégal, c’est un agent de la Seter. Une société qui est payée par mois par l’Etat du Sénégal. C’est un montant fixe.
Vous payez combien ?
On attend que le contrat soit sorti pour rendre public tout cela.
Où en êtes-vous avec le nouveau contrat après l’expiration du contrat de pré-exploitation ?
On a déjà signé et il reste des procédures de validation par les autorités de régulation des marchés publics.
Pourquoi contractuellement, le déficit de la Seter est à la charge de l’Etat du Sénégal ?
En réalité, il n’y a même pas de déficit. C’est l’Etat qui a décidé de la tarification et je peux vous dire que les Sénégalais qui prennent le Ter ne paient pas le vrai prix. L’Etat a rabaissé grâce à une compensation tarifaire pour que le prix soit accessible à tous. L’argent n’est pas donné à la Seter mais aux Sénégalais. Il n’y a pas de déficit à payer. Le montant qu’on paie à la Seter est déterminé à l’avance et ne dépend pas de l’exploitation.
Mais l’Etat est en difficulté de paiement…
Tous les Etats ont des problèmes de trésorerie à cause de la guerre en Ukraine, du Covid… C’est une conjoncture mondiale et les Etats ont des problèmes à mobiliser les ressources financières. Les produits de première nécessité sont devenus plus chers à cause de facteurs exogènes. Mais il faut reconnaitre que l’économie sénégalaise est solide. Le Sénégal est très résilient et nous maintenons des taux de croissance exceptionnels dans cette partie de l’Afrique. Le Sénégal n’a jamais été en défaut de remboursement de la dette et sur le paiement des salaires depuis 2012 malgré les contraintes. Comme tous les autres pays, nous avons des problèmes mais nous arrivons à mobiliser des ressources. On a des dettes dans le transport, l’énergie… mais on est capable de supporter nos charges.
« Des saboteurs étrangers sont derrière cette enquête du Figaro. »
Est-ce que vous devez 25,78 milliards de F Cfa à la Seter comme le révèle Le Figaro ?
C’est archi faux ! On leur doit de l’argent mais pas à ce niveau. Il y a des retards de paiement. Ce n’est même pas la moitié du montant avancé par Le Figaro. On doit de l’argent à la Seter comme à d’autres entreprises. La Seter est un fournisseur comme d’autres. Les priorités sont les salaires et le remboursement de la dette. Après, on paie par priorité. Les secteurs de l’énergie ou de l’eau sont plus prioritaires que le transport. L’Etat est debout. Personne ne peut exercer la pression sur l’Etat. Le chantage et la pression ne passeront pas parce que j’ai vu un Macky Sall intraitable devant les responsables de la Seter pour privilégier les intérêts du Sénégal. Macky Sall ne va jamais privilégier les intérêts des Français au détriment de ceux des Sénégalais. Des saboteurs étrangers sont derrière cette enquête du Figaro. Mais nous n’avons aucun problème avec la France qui est avec nous.