LA PAIX SOCIALE, UNE TRÊVE PRÉCAIRE
Si l'année scolaire 2024-2025 connaît peu de mouvements de grève, le front syndical reste vigilant. Les enseignants attendent toujours la digitalisation des actes administratifs, l'amélioration du portail e-carrière et la signature de décrets cruciaux

À l’occasion de la Journée internationale du travail, célébrée demain, jeudi 1er mai, les syndicats sénégalais s’apprêtent à faire front commun pour porter leurs revendications auprès des autorités. Fidèle à la tradition, cette journée sera marquée par le dépôt de cahiers de doléances dans tous les secteurs d’activité. Dans celui de l’éducation et de la formation, les attentes restent nombreuses, malgré les avancées enregistrées ces dernières années. Enseignants, formateurs et agents du système éducatif continuent de réclamer de meilleures conditions de travail, une revalorisation salariale et l’application effective des accords signés avec l’État. Si des efforts ont été consentis, ils sont jugés insuffisants par une bonne partie des acteurs qui souhaitent que cette journée soit un nouveau point de départ vers un dialogue social plus sincère et plus structurant.
Si l’année scolaire 2024- 2025 se déroule dans un climat relativement apaisé, avec peu de mots d’ordre de grève, le front syndical de l’éducation reste en alerte. Les revendications portées par les enseignants sont loin d’être épuisées. Parmi les principales doléances figurent l’achèvement de la digitalisation des actes administratifs, l’optimisation du portail e-carrière du ministère de la Fonction publique, ou encore la signature attendue des décrets n° 2006-392 du 27 avril 2006 et n° 74-347 du 12 avril 1974, nécessaires à la régularisation définitive du statut des enseignants dits « décisionnaires ».
Les syndicats réclament également la finalisation de la réforme du système de rémunération, au nom de l’équité salariale entre les différents corps de l’éducation et de la formation. Autre point central : la généralisation de la formation diplômante pour tous les enseignants, perçue comme un levier crucial pour la qualité de l’enseignement .
Intervenant à la suite du discours du Président de la République prononcé le 3 avril dernier, le secrétaire général du Saemss, El Hadj Malick Youm, a tenu à rappeler les responsabilités du gouvernement dans le malaise social persistant. « Le surchauffement du front social est la conséquence d’actes posés depuis l’arrivée au pouvoir de la troisième alternance », a-t-il déclaré, dénonçant la rupture du dialogue social et des « manœuvres dilatoires » dans le traitement des préoccupations syndicales. Il a également pointé « des licenciements tous azimuts, notamment dans le secteur public, une pratique peu courante jusque-là ».
Face à ces tensions, le ministère de l’Éducation nationale tente de rassurer. Le jeudi 18 avril dernier, le ministre Moustapha Guirassy a signé 21 arrêtés entérinant l’admission de 2 432 enseignants aux examens professionnels du CAP et du CEAP. Dans la foulée, il a annoncé la mise en place d’une plateforme numérique baptisée XPV. Objectif : dématérialiser les procès-verbaux des examens professionnels, dans le cadre plus global de la digitalisation de la gestion des examens et concours. Un pas dans la bonne direction, estiment certains, mais qui ne saurait faire oublier l’ampleur des attentes encore en suspens.