LE PAPIER, MENACÉ DE PÉNURIE DANS LE MONDE ?
Bientôt, trouver du papier deviendra un vrai challenge, tel est l’avis commun de certains éditeurs et imprimeurs pour qui l’angoisse de ne plus pouvoir produire s’accroit.

La pandémie de Covid-19 doublée, du conflit en Europe (Ukraine) n’a pas fini d’éprouver les secteurs d’activités. Après avoir occasionné une inflation au niveau mondial, ramené des économies en récession, raréfié les ressources et réduit le pouvoir d’achat des populations, c’est au tour de l’industrie du papier de prendre son coup. La hausse du coût de l’énergie (pétrolegaz) intensifié par le conflit entre la Russie et l’Ukraine continue d’engendrer des difficultés dans la production de papier, qui risque de gravement affecter l’industrie du livre, du journal, des bandes dessinées et des jeux, etc.
Bientôt, trouver du papier deviendra un vrai challenge, tel est l’avis commun de certains éditeurs et imprimeurs pour qui l’angoisse de ne plus pouvoir produire s’accroit. En effet, l’offensive russe contre l’Ukraine et la panoplie de conséquences que cela à engendré notamment dans les importations et la tarification des matières premières énergétiques a foncièrement menacé l’industrie du papier, de la production à l’impression. Les entreprises qui reposent sur le papier craignent d’être, à plus ou moins brève échéance, au bord du gouffre. Littéralement, les volumes de papiers produits se sont contractés depuis quinze ans, réduisant le nombre de papetiers. Ceux qui restent réservent l’essentiel de leur production aux fabricants de carton d’emballage, renseigne une source.
En conséquence, après une baisse ponctuelle due à la pandémie, les prix devrait prendre l’ascenseur dans les mois à venir. De plus, il y a un autre élément d’impression dont le prix augmente également ; il s’agit de l’encre. Selon certaines statistiques, l’encre aurait pris entre 12 et 15 % d’augmentation, les problèmes liés aux transports se sont accentués et l’aluminium constitue un enjeu de taille dans cette histoire. La cause, les anciens alliés soviétiques en conflit actuellement jouent une partition importante dans l’impression du papier.
La Russie est l’un des plus gros fournisseurs en aluminium, tandis que c’est en Ukraine qu’est transformé l’aluminium en plaque pour imprimer. Il s’y ajoute une pression dans l’approvisionnement en pate de papier qui augmente le risque de pénurie et donc des coûts. Ceci étant dit, la pulpe de bois, qui sert à fabriquer du papier, est un autre coup dur pour la consommation ; avec des prix qui haussent graduellement.
Etant donné que la Russie est une source importante de bois, la guerre avec son voisin a concourut à lui faire perdre des certifications mondiales. Et cela signifie, pour les producteurs de pate, un ralentissement drastique de la capacité de production, sans parler des problèmes dans la logistique maritime et les perturbations sur le transport. C’est d’ailleurs en se basant sur ces effets combinés que Baba Tandian, PDG de l’Imprimerie Tandian, avait prédit «la mort de certains quotidiens», au Sénégal. Il disait, à ce propos, que les répercussions de cette potentielle pénurie à l’échelle nationale se matérialiseront d’abord par la raréfaction du papier induisant à la réduction dans la fabrication de journal, de tabloïds ou les manuels scolaires. Mais aussi, avec les élections législatives en lice, on assistera à une pénurie de bulletins, si les principaux fournisseurs de l’Etat n’ont pas pris les devants, indiquait-il. «Avant, c’était les producteurs qui nous forçaient à acheter leurs papiers. Maintenant, c’est nous qui leur prions de respecter les délais de livraison qui vont de deux à trois mois. La tonne est passée de145 euros à 840 euros. Il s’agit d’une augmentation de 50 à 60%», expliquait-il.
Cependant, ce risque de pénurie de papier qui plane fortement et les tensions sur le marché mettent en mal tout le secteur de l’édition, dans le pays comme dans le reste du monde. Les domaines d’activité (presse, livre…) dans lesquels l’usage du papier est requis risquent d’être fragilisés par ces augmentations incessantes des prix, sans compter l’approvisionnement erratique.