LE CHEF DE L’ETAT INTERPELLÉ SUR LES DÉTENTIONS CARCÉRALES
Sur 37 prisons du pays, les 33 ont déjà largement dépassé leur capacité d’accueil, ASRED alerte l’Etat du Sénégal sur la situation

Sur 37 prisons du pays, les 33 ont déjà largement dépassé leur capacité d’accueil, ASRED alerte l’Etat du Sénégal sur la situation.
La situation carcérale du pays inquiète l’Association pour le Soutien et la Réinsertion sociale des Détenus (ASRED).
Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, le président de ladite Association, Ibrahima Sall a attiré l’attention des autorités en faisant savoir que sur les 37 prisons du Sénégal, les 33 ont déjà largement dépassé leur capacité d’accueil. Ibrahima Sall a attiré l’attention sur la situation carcérale du pays. «Les établissements pénitentiaires du Sénégal sont surpeuplés.
Sur les 37 prisons du Sénégal, les 33 ont déjà largement dépassé leur capacité d’accueil», a écrit M. Sall, qui cite la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Rebeuss, qui date de 1929 avec une capacité d’accueil de 600 détenus et qui se retrouve aujourd’hui avec 2800 pensionnaires qui vivent dans des conditions cruelles, inhumaines et dégradantes. Ils s’entassent comme des sardines», tonne-t-il.
Pour le Président d’ASRED, il ajoute que «certains restent des jours sans dormir. La chambre 09, dont les dimensions sont de 11 m sur 7, abrite 245 détenus. A la maison d’arrêt et de correction de Mbour, on a au moins 500 détenus, ce qui fait que certains peuvent passer même la nuit dans les toilettes pour manquer d’espace». Et de faire savoir qu’il y a une insuffisance très faible du personnel des tribunaux «le personnel dans les tribunaux paraît très insuffisant pour une instruction rapide des dossiers, afin d’éviter certaines longues détentions sans jugement et l’aggravation du surpeuplement dans les lieux de privation de liberté».
Par ailleurs, l’ASRED révèle que «le déficit de magistrats, (525 selon leur source), ne facilite pas la prise en charge des dossiers devant la justice. Un seul juge d’instruction pour tout le département de Mbour, c’est assez révélateur du manque de personnel».
Poursuivant, M. Sall renseigne : «à la MAC de Thiès 15 dossiers concernant des appelants sont introuvables. Dans certains départements, un seul magistrat fait office de président du tribunal d’instance, de juge d’instruction, de délégué du procureur et de juge de l’application des peines».
Pour ce qui est des tribunaux, l’Association a souligné que «des efforts doivent être faits pour augmenter l’effectif du personnel et pour adapter les constructions aux nouvelles exigences du monde moderne».
Evoquant la question de l’intégration des détenus, l’Association propose «l’intégration d’un volet de formation professionnelle pour les détenus». «Car, ajoute-t-elle, les 3/5 des détenus n’ont aucune formation professionnelle».
Avant de justifier que «dans une telle situation, avec les longues détentions préventives, beaucoup de détenus voient leur avenir disparaître, leur vie sacrifiée, car le volet de la réinsertion sociale progressive n’a malheureusement pas été pris en compte dans le budget alloué aux prisons. Cela explique, en partie, la montée en puissance du taux de récidive».
Aussi, M. Sall a constaté que les mandats ne cessent d’augmenter malgré la situation déjà préoccupante. «Les mandats de dépôt ne cessent d’augmenter. A Rebeuss, si on libère 5 détenus le matin, 30 à 60 personnes sont placée sous mandats de dépôt le soir», regrette-t-il.
Avant d’ajouter «cela n’est-il pas inquiétant Monsieur le Président de la République ? Ne peut-il pas y avoir d’autres alternatives à la place de ces mandats de dépôt systématiques qui deviennent de plus en plus nombreux et fréquents ?»
Enfin, pour le Président de ladite association alerter pour «attirer l’attention des autorités sur les difficultés rencontrées au niveau des établissements pénitentiaires du Sénégal. Nous avons envoyé des rapports qui ne vous sont peut-être pas parvenus ou qui ne sont pas encore été exploités convenablement».